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5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 00:03

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AMBITION :

" Les femmes qui veulent être l'égale des hommes manquent sérieusement d'ambition."

Jean-Marc Reiser

L'EXPERIENCE :

" L'expérience est un peigne que vous donne la vie quand vous êtes devenu chauve. "

Bertrand Blier

SEUL adj.:

" En mauvaise compagnie. "

Ambrose Bierce " dictionnaire du diable"

L'HOMME :

" Je crois parfois que Dieu en créant l'homme à quelque peu surestimé ses capacités. "

Oscar Wilde

LE RIRE :

" Le rire désarme, ne l'oublions pas. "

Pierre Dac 

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4 janvier 2008 5 04 /01 /janvier /2008 00:03


Je livre à votre réflexion matinale ce texte de Gilles Lipovetsky extrait des Nouvelles Mythologies sous la direction de Jérôme Garcin publié au Seuil en référence au recueil de 53 chroniques de Roland Barthes parues au Seuil en février 1957 sous le titre Mythologies. 
Il apporte une contribution intéressante dans nos débats actuels sur le retour des vins d'AOC à leur socle identitaire. Bonne lecture.
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"La société d'hyperconsommation est paradoxale : tandis que triomphent le culte du nouveau et la logique généralisée de la mode (image, spectacle, séduction médiatique, jeux et loisirs), on voit se développer, à rebours de cette espèce de frivolité structurelle, tout un imaginaire social de l'authentique. On en constate chaque jour les effets : c'est la quête des "racines" et la prolifération des musées et des écomusées (pas une petite ville qui n'ait son écomusée, comme ce musée de la Crêpe de Bretagne). C'est le culte du patrimoine, avec ses quartiers réhabilités, ses immeubles ravalés, ses hangars reconvertis ; sans parler du succès des brocantes, un des loisirs les plus prisés des Français. C'est, aussi, la mode du vintage. La logique de l'authentique innerve de nombreux secteurs, y compris alimentaires avec ses appellations d'origine protégée qui assurent le consommateur de l'authenticité des produits. On n'en finirait pas, à vrai dire, de recenser toutes les manifestations de cette soif d'authenticité. Il faudrait parler également du développement touristique des voyages dans des contrées "sauvages" ou de l'intrusion du "parler vrai" dans le politique, ainsi que du succès des discours et référenciels identitaires. Le retour du religieux y participe, en ce qu'il fait signe aux "vraies" valeurs contre la société frelatée, gouvernée par l'éphémère, le superficiel et l'artifice. L'immémorial contre l'impermanence : les deux mouvements, bien sûr, se nourrissent, la poussée du frivole favorisant celle de l'authentique.
Cet imaginaire naît de l'anxiété liée à la modernisation effrénée de nos sociétés, à l'escalade technico-scientifique, aux nouveaux périls pesant sur la planète. Il traduit une nostalgie du passé qu'on idéalise, d'un temps qui ne se dévorait pas lui-même, mais où l'on savait mieux vivre. une illusion, sans doute, qui s'accompagne d'un regard critique sur notre univers insipide, stéréotypé, où sont éradiqués la sociabilité et les sens et où règne en revanche la dictature du marché et des marques. L'authentique compense par sa chaleur, ce défaut de racines et d'humanité. C'est un imaginaire protecteur qui évoque un monde à l'abri de ces désastres.
Cette soif d'authenticité traduit-elle une pensée rétrograde, une revitalisation de l'esprit de tradirion ? Nullement : elle correspond à l'épuisement de l'idéal du bien-être tel qu'il s'est construit au cours des Trente Glorieuses en même temps qu'une nouvelle exigence de mieux-être à l'heure où la voiture, la télé, la salle de bains sont diffusées dans toutes les couches sociales. L'authentique n'est pas l'autre de l'hypermodernité : il n'est que l'une de ses faces, l'une des manifestations du nouveau visage du bien-être, le bien-être émotionnel chargé d'attentes sensitives et de résonnances culturelles et psychologiques. Un bien-être au carré, non plus simplement fonctionnel, mais mémoriel et écologique, qualitatif et esthétique au service de l'affirmation de l'individualité. Ironie des choses : le culte de l'authentique qui remonte à Rousseau, et qui a nourri la contre-culture, via Heidegger, s'est développé dans les années 1960-1970 contre le bourgeoisisme et les conventions "oppressives". Nous n'en sommes plus là : délesté de toute portée protestataire, le culte de l'authenticité apparaît comme la nouvelle manière de rêver et d'acheter de l'Homa consumericus contemporain."

Gilles Lipovetsky

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3 janvier 2008 4 03 /01 /janvier /2008 00:03

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Tout d'abord merci à mon ami Joseph Bonnemaire, aveyronnais élégant et raffiné, réfugié à Dijon, d'avoir été le maître de Jocelyne Porcher* - c'est elle qui le dit et t'en remercie d'ailleurs cher Joseph - qui, tout comme toi, aime nos bêtes, celles des prés et des cours de fermes, vaches et cochons.

 

Dans un petit opus Être Bête, co-écrit avec Vinciane Despret, que j'ai acheté à ma sortie de la magnifique et instructive exposition Bêtes et Hommes à la Grande Halle de la Villette, elle m'a fait prendre conscience que le fait d'avoir gardé dans ma jeunesse les vaches du pépé Louis, Normandes aux yeux tendres, Parthenaises efflanquées et courageuses, et bien sûr ma préférée : la vieille Fidèle, aveugle, qui cheminait à mes côtés, le mufle collé à mes flancs, doucement, le pis lourd, heureuse de rentrer dans la tiède chaleur de l'étable du pépé. Chemin faisant nous devisions. Elle m'a donné le respect de la différence, le goût des choses simples, l'art de perdre son temps à écouter, à comprendre. Compagne de mes jours heureux de sauvageon, ma Fidèle méritait bien que des " "filles" savantes rendent hommage à sa sensibilité. Merci donc ; l'opus est publié par Actes Sud, 106 petites pages, à lire au même rythme que les pas de ma Fidèle, paisible et lent. C'est conceptuel en diable mais bougrement revigorant. Paroles est donnée à ceux qui élèvent les bêtes, je vous en livre quelques extraits...

* certains patronymes sont prédestinés. J'en profite pour rappeler à Joseph que notre cher Ministre soutenait que certains professionnels avaient la tête de leur emploi : tel le président de la CGB Georges Garinois...

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Parmi les vaches de Bruno Greindl, " il y a les petites moches débrouillardes qui sont dans leur coin, qui mènent leur vie de leur côté sans se faire remarquer". Il y a aussi  les "grandes gueules, toujours les premières" et "les vieilles qui connaissent la chanson, qui ne se précipitent pas parce qu'elles savent"
Elle (la meneuse) remplit plusieurs rôles. Elle prend en charge de conduire le groupe et décide des déplacements. Les éleveurs disent d'elle qu'elle assure le calme et qu'elle peut tempérer l'inquiétude de ses congénères quand il y a lieu. La meneuse a généralement la confiance du groupe ; elle émerge du troupeau de manière consensuelle, notamment à cause de ses qualités particulières. Elle a de l'expérience, c'est souvent la vache la plus âgée. Souvent gourmande, toujours curieuse et avide d'explorer, c'est une vache "prête à faire des expériences", une vache "qui prend des risques". C'est surtout une vache indépendante et qui a du tempérament.

"On rit parfois, raconte André Louvigny, du regard bovin de certaines personnes. Mais lorsqu'un groupe de bovins, en hiver, est dans des conditions de bien-être alimentaire et paillé et tout ça, et que tu entends qu'il pleut dehors, ça repose de les voir là. Tu dirais, en les voyant regarder par la porte alors qu'il pleut, qu'elles te remercient."


Quand la fille de l'éleveur Philippe Roucan s'installe à Toulouse pour y poursuivre ses études, il accroche au mur de son appartement une photo des Salers."Je lui ai dit : c'est pour te rappeler premièrement d'où tu viens et, deuxièmement, que si tu es là, c'est aussi grâce à elles. Et que si on peut te permettre de faire des études, c'est elles qui vont en payer une bonne partie."

Je me reconnais dans tout ce qui est dit. Et sachez, chers amis du vin, comme le disent les filles savantes  "on ne connaît que ce qu'on aime." alors peut-être comprendrez-vous que, grâce aux vaches de pépé Louis, j'ai beaucoup appris même à vous comprendre chers amis. 

Vaches.jpg Labour dans l'Aubrac pour toi cher Joseph en souvenir de l'aligot partagé chez Germaine en compagnie d'André Valadier...

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2 janvier 2008 3 02 /01 /janvier /2008 00:07


Avant de m'attaquer à la lecture d'un ouvrage de chercheurs j'ai pour habitude de le parcourir en diagonale, de picorer par ci par là des phrases, des notes en bas de page, des titres et je jette aussi un oeil sur les tableaux de chiffres. Tel a été mon approche d'un opus très sérieux : Vin et Politique Bordeaux, la France, la mondialisation publié par les presses Sciences Po, ayant pour auteurs Andy Smith, Jacques de Maillard et Olivier Costa. Du sérieux donc...

Dans ma lecture rapide de la courte introduction, une note de bas de page attire mon attention " Dire que l'on travaille sur le vin, surtout quand deux d'entre nous résident à Bordeaux et que le troisième en est originaire, suscite des sourires complices. Disons-le d'emblée, le choix de ce "terrain" n'est pas anodin. Travailler sur le vin, c'était pour chacun d'entre nous l'occasion d'aborder sur un mode scientifique un domaine qu'il connaît bien à d'autres titres. Il nous semble cependant qu'il y a une véritable plus-value à porter un regard de science politique sur la question des politiques vitivinicoles, volontairement croisée ici avec la représentation professionnelle des intérêts." Fort bien, me dis-je, quelle chance nous avons de pouvoir compter sur ces gens sérieux du sérail qui se meuvent avec aisance, tels des poissons dans l'eau du bocal de l'establishment de Bordeaux. Nous allons enfin comprendre ce qui se passe dans cette belle région !

Je continue donc mon butinage et, page 241, je tombe sur le tableau 22 : Les principales maisons du négoce bordelais et là je suis à deux doigts de tomber de ma chaise. Que lis-je ?
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- que Castel est la propriété d'Unicoop ;
- que CVBG est la propriété de Bols ;
- que Cordier-Mestrezat est la propriété de Remy-Cointreau ;
- qu'Yvon Mau est la propriété d'Yvon Mau SA.

Très bien documenté nos amis de Sciences-Po ! Leur source, bien ancienne, 2003, tiré de Réjalot et des sites internet des entreprises, est fausse et obsolète. Sans vouloir les offenser je leur signale :

- que Castel est la propriété de Pierre Castel ;
- que CVBG était contrôlée par la holding Modus et dont la majorité vient d'être cédée par ses actionnaires, emmenés par JM Chadronnier, au groupe champenois Thiénot ;
- que Cordier-Mestrezat est depuis un petit bout de temps entre les mains du groupe coopératif Val d'Orbieu associé à TAG ;
- qu'Yvon Mau est contrôlé par le groupe espagnol Freixenet et que JF Mau lui-même a quitté la direction de la société.
- que Philippe de Rothschild SA est la propriété de Philippine de Rotchschild.

J'ajoute pour faire bon poids, qu'il eut été intéressant de signaler que LGCF, le groupe alsacien de Joseph Helfrich, à la suite de ses dernières acquisitions : Dulong et Calvet, est l'un des premiers opérateurs de vin de Bordeaux avec Castel...

Bref, pour des bordelais qui disent bien connaître le marigot il me semble tout de même un peu léger de publier un tel tissu d'erreurs. Sans préjuger, bien sûr, de la qualité de leurs travaux, dont je rendrai compte après lecture approfondie de l'ouvrage, de telles approximations laissent à penser qu'ils ne sont pas allés vraiment se frotter au réel, qu'ils se sont contentés d'une approche très universitaire privilégiant les sources papiers sur le contact avec les vrais décideurs. Détails me rétorquera-t-on, sans réels effets sur le sérieux de l'étude. Je peux en convenir mais quand on traite de gouvernance d'une grande industrie comme celle du vin, à Bordeaux qui plus est, quand les résultats de recherche appellent à une réflexion sur le rôle de l'action collective et des pouvoirs publics dans la régulation du secteur, on se doit de mettre des visages sur le nom des acteurs et, si possible, de les rencontrer pour donner un peu de chair et de sang à une démarche qui se veut scientifique. Alors, Pierre Castel, Joseph Helfrich, JM Chadronnier, JL Vallet et quelques autres autres auraient pu éclairer les auteurs et leur éviter de donner le sentiment de ne pas bien connaître la pâte humaine du négoce bordelais...   

  

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1 janvier 2008 2 01 /01 /janvier /2008 00:06

 

2008


année des mots bleus,


les mots des jours heureux,


les mots qu'on dit avec les yeux...


Christophe

 

Offrez-vous 4 minutes 10 de bonheur avec lui

 

 

Bonne et heureuse année 2008 


chers lecteurs, 


abordez-là avec des yeux d'enfant. 


Peignez-là de bleu d'outre-mer ! 


Faites qu'elle soit un bouquet de jours heureux, de retrouvailles autour d'une grande et belle tablée d'amitié un verre à la main...

 

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31 décembre 2007 1 31 /12 /décembre /2007 00:05


Rin, j'adore ce mot bref, définitif, si expressif qu'utilisait ma grand-mère à propos de ceux qui se  tournaient les pouces : " ils font rin, rin de rin...". Mot universel pour traduire le dialecte sicilien de Camilleri dans un livre savoureux sur un "bordel" : la pension Eva. Mot que Jean Tardieu, le poète, a immortalisé dans un texte d'une pure beauté : la môme néant.


Wine-kado.jpg
 
La môme néant
 
Quoi qu’a dit ?
-         À dit rin.
 
Quoi qu’a fait ?
-         À fait rin.
 
À quoi qu’a pense ?
- À pense à rin. Pourquoi qu’a dit rin ?
Pourquoi qu’a fait rin ?
Pourquoi qu’à pense à rin ?
 
-         À `xiste pas.
 
Jean Tardieu, extrait du « Fleuve caché »
 
 
Nenè onze ans et sa cousine Angela treize ans
 
« A la première halte qu’ils firent, assis sur le divan l’un à côté de l’autre, Nenè pensa que c’était le bon moment et il demanda :

-         Tu le sais ce que ça veut dire, forniquer ?

Angela éclata d’un grand rire.

-         Qu’est-ce qui te prend ? demanda, ébahi, Nenè.

-         C’te mot, forniquer, il me donne envie de rire. C’est un mot qu’utilisent les curés ou qu’on trouve écrit dans les commandements, mais les grands disent pas comme ça.

-         Comment ils disent ?

-         C’est un gros mot.

-         C’est quoi, c’te mot des grands ?

-         Baiser. Mais il faut pas le dire à la maison, passque sinon ta mère te flanque une mornifle. Et si ça t’échappe, dis pas que c’est moi qui te l’ai dit.

Baiser lui parut vraiment un gros mot, un truc vilain et surtout très très cochon.

-         Ça peut pas s’appeler autrement ?

-         On peut dire aussi faire l’amour.

Faire l’amour lui sembla ce qu’il y avait de mieux, dans tous ces mots.

-         Et comment on fait pour faire l’amour ? Tu le sais ?

Angela le regarda d’un air ennuyé.

-Je le sais, mais j’ai pas envie de te le dire. Demande-le à un de tes copains.

- Tu es ma meilleure copine.

Du doigt, Angela montra l’entrejambe de Nenè et puis du même doigt son entrejambe à elle.

-         Quand ça, là, entre dans ça, ici, ça veut dire qu’on fait l’amour, dit-elle à toute vitesse en avalant les mots.

Nenè la contempla, abasourdi. C’était quoi, ça, un jeu pour se dégourdir la langue ? Une devinette ? Ça là, ça ici… Il y avait rin compris.
 
Extrait de la Pension Eva d’Andrea Camilleri éditions Métailié
 
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30 décembre 2007 7 30 /12 /décembre /2007 00:07
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Au Blanc-Mesnil, parfois, quand le vent tournait, le centre-ville sentait le bouillon Kub. Ça me changeait des effluves sucrés du Petit LU qui donnaient à nos soirées nantaises un goût d’enfance. De la zone de la Molette, coincée entre la gare de triage et les pistes du Bourget, au 192 de l’avenue Charles Floquet, les deux grandes cheminées de l’usine Maggi crachaient encore, plus pour longtemps d’ailleurs, des vapeurs chargées d’arôme de pot-au-feu et de poule au pot. Les vieux ouvriers parlaient du temps où en galoches de bois ils travaillaient dans la vapeur des énormes marmites de 1300 litres pour verser les sacs de farine végétale dans l’eau bouillante. La plupart d’entre eux, des algériens venus du même village ou issus de la même famille, terminaient leur vie, murés dans le silence et l’oubli, au sein de foyers délabrés. Ceux qui jouaient aux cartes, des cartes d’aluette, m’avaient pris en sympathie, et ils me rappelaient, avec un sourire désabusé, que lorsqu’ils étaient arrivés au Blanc-Mesnil ils étaient français et que maintenant, loin d’une Algérie qu’ils ne connaissaient pas, ils n’étaient plus rien. Je passais de longs moments à les regarder   jouer en sirotant avec eux du thé à la menthe. Depuis que le géant suisse Nestlé avait bouffé Maggi l’usine fabriquait aussi des petits pots pour bébé et tout le monde ici, mes compères algériens en premier, sentaient bien que les jours de la SAM, la société alimentaire moderne, étaient comptés. En 1969, Findus absorbé par Nestlé se met à y faire faire des crêpes fourrées et du poisson pané avant de se délocaliser à Beauvais quatre ans plus tard. Mes vieux, j’en suis sûr, ne sont pas allés voir leur usine et ses deux grandes cheminées imploser et choir dans l’herbe de la zone. Si je vous parle longuement de cette histoire c’est qu’au Blanc-Mesnil j’ai découvert le petit monde ouvrier de la Ceinture rouge de Paris et le militant de base du Parti Communiste qui veillait sur lui comme le curé de mon pays sur ses ouailles.

 

 
Affecté au commissariat de la place Gabriel Péri je coulais des jours paisibles. Mon patron, le gros et débonnaire, Bourrassaud, ne nous menait pas la vie dure et, très vite, il se prit d’une réelle affection pour moi. Ainsi je connus Marie-Jo sa pulpeuse et tendre épouse qui, elle, m’annexa pour assouvir ses fantasmes volcaniques. L’imagination de Marie-Jo ne trouvait aucune limite, avec elle je connus les joies d’une fornication débridée en des lieux incertains : les cages d’escalier, les portes cochères, les parkings d’immeubles, même les arrière-salles de café, où me disait-elle, en se réajustant après nos ébats, je devais m’estimer heureux qu’elle eut réfréné, avec beaucoup de maîtrise, les gémissements et les râles de plaisir que provoquaient mon rut. Je n’étais pas dupe de son baratin, ce qui l’excitait, la faisait jouir en des orgasmes cataclysmiques, ce n’était pas mes talents d’amant mais la crainte permanente qu’on nous surprenne. Les Bourrassaud habitaient rue d’Altricham-Sandwell dans l’une des nombreuses cités qui poussaient comme des champignons. Au Blanc-Mesnil, bien évidemment, avec l’avenue Vladimir Ilitch Lénine, les rues Maurice Audin et Paul Langevin, la rue Gorki encadrée bizarrement par celles du général Giraud et de Victor Hugo, on barbotait majoritairement dans un bouillon à la gloire des héros de la patrie du communisme et du socialisme réel. Pour ceux qui l’ignorent, André Lurçat, qui au salon d’automne de 1923 avait présenté dans la section urbanisme « une architecture simple, franche de forme et dénuée de tout ornement, avec comme technique, le béton armé, comme couverture, une terrasse… » dans les années 60 avait mis, avec un bonheur apprécié par les dirigeants communistes, ses idées en pratique au Blanc-Mesnil. Comme pour Péret au Havre, le geste architectural ne me semblait pas dénué d’intérêt, de recherche et même de respect pour l’habitant, mais l’ensemble suintait d’une gaité très proche de celle du réalisme socialisme : le genre à se flinguer les soirs d’hiver. Mes amis les vieux algériens, l’éruptive Marie-Jo meublaient vaille que faille mon ordinaire au Blanc-Mesnil et, tout aurait été comme dans le meilleur des mondes si, à Paris, ma permissivité coupable à l’endroit de Sylvie n’avait accumulé un paquet d’emmerdements dont, bien évidemment, je me souciais comme de ma première chemise.           
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29 décembre 2007 6 29 /12 /décembre /2007 00:09


Je l'avoue j'adore qu'on me fasse des surprises, des bonnes bien sûr et, les cadeaux de Noël sont une belle occasion pour me satisfaire. Comme je barbote journellement dans le vin ça donne des idées à ceux qui garnissent mes beaux souliers...
   
Christmas present :

Nos amis américains raffolent des nuts, ils ont même élu un Président producteur de cacahuètes - Jimmy Carter - et adorent de plus en plus le vin, alors ça donne ça, exporté chez nos voisins anglais qui, eux aussi, se pament en savourant notre divin nectar. Et nous, les black béret, qu'est-ce qu'on fait ? Rin de rin *(vous aurez droit lundi à une chronique sur rin...)
Wine-kado-001.jpgWine-kado-002.jpg 
Manufactured for Ford's Gourmet Foods 1109 Agriculture Street - Raleigh, NC 27603, 001-919-833-7647

U présent occitan

Pas tout à fait rin du côté des gascons www.adishatz.com qui font dans le tee-shirt humoristique : " AQUEHT HILH DE P... DE BISCUEIT M'A POMPAT TOT LO VIN !! "

Wine-kado-003.jpg Allez " Adishtaz a tots "

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28 décembre 2007 5 28 /12 /décembre /2007 00:07


Ce matin, parodiant le regretté Jean Carmet " la seule arme qui m'intéresse c'est le tire-bouchon", je ne vais pas vous instruire sur cet ustensile - dont on dit qu'il a été inventé dans la première moitié du XVIIIe siècle par des amateurs de vin anglais et qu'il était fabriqué à l'origine par les armuriers des guildes de la City de Londres - mais de Jean Carmet et peut-être du bouchon...

collect14.jpgPour Jean Carmet,  
qui savait être avec la même vérité le b
eauf libidineux et lâche dans Dupont-Lajoie ; un cocu pathétique aux côtés du Grand blond avec une chaussure noire ; un bourgeois riche et avare, à Saumur, inoubliable père Grandet, tyran domestique, dans Eugénie Grandet ; le légat du Pape dans la Controverse de Valladolid qui voit s'affronter le point de vue conservateur du chanoine Juan Ginés de Sepúlveda et celui humaniste du dominicain Bartolomé de Las Casas et montre comment des hommes a priori honnêtes et sincères peuvent arriver à une conclusion qui paraît, au niveau de l'élévation morale de notre siècle, parfaitement abjecte. Le verdict mêle la faiblesse de la conscience morale du XVIe siècle et les enjeux économiques. L’Eglise acceptera l’accession des indiens au statut d’être humain, mais l'issue de cette controverse en forme de procès sera marquée par un coup de théâtre qui aura des conséquences sur des millions d'hommes : il légitimera l'esclavage des noirs, 
je cède la plume à Jean-Michel Ribes : 

"Trafiquant de fromages de tête, grand amateur de vin et spécialement de "vins de soif" du Pays de Loire dont il était originaire, il fut également un acteur tendre et drôle quand il jouait les textes des autres, mais encore plus quand il disait les siens..." 
Moi qui adore le museau vinaigrette et l'andouillette je rêve qu'on me qualifiât, un jour, de trafiquant de museau vinaigrette... 
Pour faire bonne mesure, je vous livre une saillie rabelaisienne de Jean Carmet " Magnifiques toutes ces statues antiques ! Tous ces costauds avaient de petites bites. Ça rassure !"
60663.jpg

 dans Dupont-Lajoie

Quand au bouchon, pour vous dire le vrai, hormis les grands de ce monde et ceux qui entendent le devenir, les nectars qui coulent des jours heureux afin de devenir des vieux - n'en déplaise à Thomas - plein de sérénité, de rondeur, apaisés et prêts à nous donner toute la mugnifiscence d'une grande année, d'un beau millésime, chacun fait comme il veut , ou peut, mais de grâce épargnez-nous les bouchons qui partent en charpie, des trucs tout pourri qui ne sont même pas jolis, des machins qui pètent plus haut que leurs culs même s'ils sont bouchés à la propriété. Enfin pour les amateurs du petit pet ça m'a toujours fait rigoler : entre l'essentiel et l'accessoire j'ai toujours pris le parti du boire et, en l'occurence, une cuvée Jean Carmet, du Bourgueil sa patrie de naissance.

jeancarmetmax.jpgchez Bouvet-Ladubay  www.bouvet-ladubay.fr/
Genèse :
 

La cuvée "Jean Carmet" a été lancée le 20 avril 2004 avec la complicité de ses deux fils à l'occasion du dixième anniversaire de sa disparition. Voici un extrait du livre "Carmet intime" de Jean François Carmet son fils :

"le 20 avril 2004, il y aura 10 ans que tu es parti et pour ce triste anniversaire, j'ai voulu te rendre hommage. Avec Olivier, nous sortirons ce jour-là un cuvée spéciale "Jean Carmet" un vin sans prétention, léger, un vin de soif, comme tu disais. Je ne sais pas quelle sera la qualité des prochaines récoltes, personne ne le sait, mais cette année la cuvée des vins de Loire a été exceptionnelle comme pour te faire honneur."



 

 
   
 
   
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27 décembre 2007 4 27 /12 /décembre /2007 00:02

 

Espace : dans le langage courant, lieu, plus ou moins bien délimité, où peut se situer quelque chose.

 
Liberté : « c’est un de ces détestables mots qui ont plus de valeur que de sens ; qui chantent plus qu’ils ne parlent ; qui demandent plus qu’ils ne répondent ; de ces mots qui ont faits tous les métiers, et desquels la mémoire est barbouillée de théologie, de Métaphysique, de Morale et de Politique : mots très bons pour la controverse, la dialectique, l’éloquence ; aussi propres aux analyses illusoires et aux subtilités infinies qu’aux fins de phrases qui déchainent le tonnerre. »
Paul Valéry, Fluctuations sur la liberté
 
Comme ce Noël-ci il a fait un vrai temps de Noël la veille au soir de Noël, comme au temps de nos retours de la messe de Minuit, à la Mothe-Achard, où notre réveillon consistait en un grand bol de chocolat chaud accompagné d’une part de brioche vendéenne et qu’ensuite j’allais me coucher dans mon grand lit bien froid, à l’étage juste au-dessus de la souillarde, où la tante Valentine le matin faisait tinter la sonnette de l’écrémeuse, le cœur léger et tout excité par la perspective qu’à mon éveil le petit Jésus aurait déposé des paquets devant la crèche. Certains vont dire : il radote. Peut-être, mais que voulez-vous, ce matin, au terme d’une année de chroniques, j’ai besoin de vous confier ce qui motive mon besoin, têtu et obstiné, d’ouvrir chaque matin mon petit espace de liberté à votre lecture.
 
Ceux qui me suivent, depuis l’origine de cet espace de liberté, le savent, je suis né dans un pays de chemin creux, un bocage profond, mosaïque de pâtis et de lopins cultivés, que l’on évaluait en boisselées, cernés de haies vives, contraint, tenu sous le boisseau des maîtres et la férule du clergé. J’y ai poussé, sauvageon, en toute liberté, entouré de l’affection des femmes de la maison. Enfance heureuse, rêveuse et vagabonde, sans grand souci de l’avenir qui, je n’en doutais pas serait grand et beau. Mon père me donnait le goût de la chose publique, de la conduite des affaires de la cité et, surtout, l’amour immodéré de la liberté de pensée. Etre soi-même, exercer pleinement sa responsabilité personnelle, vivre en adéquation avec ses aspirations profondes, se bâtir. Je ne me sens pas de racines mais l’armature forgé par l’exemple de cet homme de peu, attentif, chaleureux, bon vivant et aimable, m’a structuré. Grâce à elle j’ai grandi à l’écart des grandes chapelles qui ont fracturé le monde pendant la majeure partie du 20ième siècle, allergique à l’embrigadement, aux catéchismes calcifiés, engagé tout de même, m’efforçant d’assumer mes nombreuses contradictions, de privilégier l’action sans pour autant négliger la réflexion, j’ai cru et je continue de penser que le pur refus débouche sur l’immobilisme et que le déni des rapports de force le conforte. Comprendre, voir, écouter, entendre, analyser, restituer, expliquer, convaincre, s’entendre, combattre aussi, décider, avancer… toujours…
 
Mais alors pourquoi circonscrire mon espace de liberté au vin ? Je pourrais vous répondre : le vin est presqu’aussi vieux que le monde et, comme l’écrit Bernard Clavel parce que « seule la vigne est éternelle » mais ce serait trop facile. Au départ, ce ne fut que pure opportunité : je n’étais qu’un voyageur qui partait, sans bagage et sans destination connue, je cheminais. Chemin faisant, grâce à vous, à votre constance et votre fidélité, même si parfois ça part dans tous les sens, mon espace de liberté s’est étiré, structuré, ouvert. Lieu d’abord intime, un peu trop égotique sans doute, par petites touches, comme les pièces d’un puzzle aux contours indéfinis mes chroniques forment un ensemble plus perceptible. Tout, ou presque, est de moi mais ce n’est pas forcément moi. Mon espace de liberté n’est pas une chaire au sens du prêche, du sermon, mais un lieu ouvert au mouvement des idées avec l’espoir comme l’écrivait Oscar Wilde que nous nous mettions en danger « Une idée qui n’est pas dangereuse ne mérite pas d’être appelée une idée. » Enfin, même si j’ai déjà été trop long, laissez-moi clore ces quelques réflexions par Fernand Braudel.
 
« En fait, le passé de la vigne, compliqué, brillant et dont tous les détails et incidents nous enchantent, ne cesse de poser des problèmes à tous les étages de l’interrogation historique. La vigne est société, pouvoir politique, champ exceptionnel du travail, Civilisation…
Si le pain est le Corps du Christ, le vin est le symbole de son Sang Précieux. Et si le blé est la prose de notre long passé, plus récente, la vigne en est la poésie : elle éclaire, ennoblit nos paysages. Car « ce n’est pas de la terre », comme le dit Georges Durand dans un livre à la gloire du vin, « mais bien du plaisir de bouche et de la joie du cœur que naquit le vin… Sa consommation dépasse… la simple satisfaction d’un besoin biologique, elle tient par mille attaches à tout un art de vivre ». Un art de vivre : autant dire une civilisation. La vigne marque de son sceau tout les pays qui l’accueillent, elle y réussit avec une vigueur toujours étonnante. Et d’ailleurs aucun sol ne la rebute. »
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