Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 00:03

Raymond pêchait à la ligne. De temps en temps, le samedi, je l’accompagnais sur les berges de la Marne. Nous restions souvent silencieux car jamais Raymond ne me posait de questions. C’est moi, à l’heure du casse-croûte, qui me laissait aller aux confidences. Le vin me déliait la langue. Raymond carburait au Pommard. « Tu sais, bougre de petit vendéen, les vignerons bourguignons ce sont des gars qui n’ont jamais eu l’échine souple, des fortes têtes, des malins aussi, c’est pour cela que j’aime leur vin. Il ne fait pas de chichis. Que veux-tu, moi je suis de la vieille école, dans la vie y’a que le vin et les filles qui te donnent du plaisir, faut pas en abuser bien sûr, surtout pour le vin, les filles c’est différent y’a pas de limite sauf que je préfère le vin car avec lui y'a pas d’après sauf si tu te cuite. Moi ce que j’aime avec les filles c’est l’avant et le pendant, pas qu’on s’occupe de mes chaussettes et de mon frichti… »  me dit-il un jour que nous déjeunions dans son pavillon de Nogent et que je le complimentais sur la qualité de sa cuisine et de son Pommard. Parole d’expert, Raymond, sans pour autant être un collectionneur, au temps de sa verdeur ne pouvait vivre sans une jeune femme dans son lit. Dans une boîte à chaussures leurs photos en vrac, qu’il me tendait une à une, en mettant toujours dessus, un prénom, le lieu de leur rencontre, le temps qu’ils avaient passé ensemble « Ce n’était pas pour la bagatelle, ça c’est de la mécanique mon garçon, mais pour la douceur de leur peau, leurs odeurs de chattes en chaleur, leurs rondeurs fermes, leurs cuisses ouvertes, leurs pieds glacés et leurs soudaines envies qui te donnent des gaules monstrueuses… C’est pour ça que la vieillesse est un naufrage. T’es condamné au lit froid en solitaire, alors y te reste plus que ce putain de nectar pour te donner du vrai plaisir… » Ses jeunettes il les trouvait dans le ruisseau, des petites putes encore fraîches qui ne demandaient pas mieux que de se retrouver dans la chaleur des bras de ce gros nounours tendre. Nous étions donc en parfaite osmose.

Très vite j’avais mis Raymond au parfum de ma situation. Il n’avait fait aucun commentaire mais simplement lâché « si t’as des emmerdes rapplique ici, on avisera… » Nous étions devenus inséparables, hors du boulot bien sûr, mais une forme de gêne m’empêchait de lui parler de Sylvie. Pour Marie c’était fait depuis notre premier dîner bien arrosé. Raymond, après le dessert, en me servant un marc de Bourgogne, pour une fois m’avait questionné « qu’est-ce qu’un type intelligent et fin comme toi fout dans la police ? Surtout dans ce putain d’atelier plein de ramiers… » Là encore, après mon long récit, il n’avait rien dit se contentant de me confier, sur le coup des trois heures du matin, alors que nous discutions ferme sur l’attitude des cocos en Espagne et au temps du pacte germano-soviétique, « c’est un peu bête de te dire ça mon garçon mais je te comprends et, plus encore, je t’envie. S’aimer comme ça ce n’est pas à la portée des premiers venus. T’as eu beaucoup de chance de vivre un tel amour. C’est beau. Tu vois, dans une vie, la pièce unique y’a que ça qui compte. Tout ce que tu vis maintenant c’est du rab alors t’as bien raison de le foutre à la poubelle. T’es un héros à ta façon et moi, petit gars, j’aime l’héroïsme… » C’est la seule fois où nous nous sommes murgés au point de nous endormir sur nos chaises. Au lever du jour Raymond nous avait fait une bassinée de café noir puis nous étions partis à mobylette rejoindre les berges de la Marne. Le piquant du petit matin achevait de nous remettre d’aplomb
Partager cet article
Repost0
15 décembre 2007 6 15 /12 /décembre /2007 00:09


Ce matin, à la radio, signe d'un temps d'insatisfaits, le présentateur indiquait, en référence à un énième sondage, qu'une majorité de Français souhaitaient recevoir de l'argent comme cadeau de Noël. J'avoue que ça m'attriste. Pourquoi pas un virement automatique le 24 décembre au soir sur le compte de ses enfants. Moi j'en suis resté à l'orange dans les sabots. Offrir c'est chercher à faire plaisir à ceux qu'on aime et peu importe si le présent est modeste l'important c'est l'attention. Alors, comme j'ai toujours envie de vous faire plaisir, chers lecteurs, d'ici la Noël, au fil de ces chroniques je me permettrais de vous faire des suggestions de cadeaux.



Comme vous le savez j'adore les fenêtres ouvertes par le hasard. Cet été, sur le marché aux puces d'Ajaccio, j'ai acheté "Le Jardin des Finzi-Contini" de Giorgio Bassani Gallimard puis, quelques jours plus tard, je suis tombé en arrêt sur la dernière de couverture du journal Libération : L'inoubliée, le portrait de Dominique Sanda.

 

 

Qui se souvient de Dominique Sanda ? Moi, nous avons dîné côte à côte lors d'un festival d'Avoriaz et je dois reconnaître que son portrait ciselé par Anne Diatkine est saisissant de finesse et justesse. Et, c'est là où le hasard est merveilleux, alors que Dominique Sanda, qui vit maintenant en Patagonie, déclare : "Je n'ai pas disparu, ce sont les autres qui ne sont pas où je suis" sa réapparition médiatique était liée à la ressortie du film de Victorrio de Sica le "Jardin des Fizzi-Contini" sur les écrans parisiens. J'ai lu le livre pendant mes vacances et, à mon retour à Paris, je suis allé voir le film où, Dominique Sanda, toute jeune, joue le rôle de Micol, le personnage autour duquel tout se noue. Le roman est envoûtant, tout y est en suspens, insaisissable, énigmatique dans le micocosme de Ferrarre où la majorité des juifs pensent, comme le père du narrateur, que Mussolini est meilleur qu'Hitler. Le film est plus réaliste, plus politique et, si j'ai conseil à vous donner, voyez le film avant de lire le livre.



Pour vous convaincre je vous livre le dernier paragraphe du livre. Je le peux car, comme l'écrit le narrateur, à propos de Micol : "j'ai déjà dit, au début de ce livre, quelle a été sa fin et celles des siens"... 



" Quant à Manalte*, qui avait été rappelé à Milan dès novembre 39(en septembre, il avait vraiment cherché à me joindre par téléphone ; il m'avait même écrit une lettre...), lui non plus, depuis le mois d'août de cette même année, je ne l'ai jamais revu. Pauvre Giampi. Lui, il y croyait - ça oui ! - à l'honnête avenir lombard et communiste qui lui souriat alors que par-delà la nuit de la guerre imminente : un avenir lointain, admettait-il, et pourtant sûr, infaillible. Mais, à la vérité, que sait le coeur ? Quand je pense à lui parti pour le front russe avec le C.S.I.R. * en 41 et qui n'en ai jamais revenu, j'ai toujours présente à l'esprit la façon dont réagissait Micol toutes les fois où, entre une partie de tennis et l'autre, il recommençait à nous "catéchiser". Il parlait de sa voix calme, basse et sonore ; mais Micol, à la différence de moi-même, ne l'écoutait jamais beaucoup. elle ne cessait pas de ricaner, de l'asticoter, de se moquer de lui.



- Mais toi, pour qui es-tu, à la fin ? Pour les fascistes ? lui demanda-t-il un jour, je me le rappelle, en secouant sa grosse tête en sueur : il ne comprenait pas.



Qu'y a-t-il eu entre eux deux ? Rien ? Qui sait !



Il est certain que, comme présageant sa mort prochaine et celle de ses parents, Micol répétait continuellement également à Manalte que son avenir démocratique et social la laissait totalement indifférente, qu'elle abhorrait l'avenir en soi, lui préférant de beaucoup "le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui" et plus encore le passé, le cher, le doux, le charitable passé.
Et comme ce n'étaient là, je le sais, que des mots, les habituels mots trompeurs et désespérés que seul un véritable baiser eût pu l'empêcher de proférer, que justement de ces mots et non d'autres soit scellé ici le peu de chose que le coeur a été capable de se rappeler. "



* Giampi Manalte est un jeune ingénieur communiste qui fréquente le Jardin des Finzi-Contini. Le C.S.I.R. est le premier corps expéditionnaire italien en Russie.

51ZXV4NR30L.-AA240-.jpg19734-copie-1.jpg

Et pour compléter votre petit cadeau offrez à votre chéri(e) une place de ciné pour ensemble voir le superbe film italien " Mon frère est fils unique" qui est dans le droit fil des déchirements de l'Italie d'après-guerre.
  

p15748.jpg

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2007 5 14 /12 /décembre /2007 00:04

 

C’est lors du 3e plénum du XIe comité central du Parti communiste chinois en décembre 1978, avec le retour au pouvoir de Deng Xiaoping, qu’est officiellement adoptée la politique de « réformes et d’ouverture ». Les trente années qui vont suivre vont être celles de bouleversements profonds des structures économiques et sociales de la Chine qui l’ont recomposé spatialement pour l’amener à devenir une puissance mondialisée admise en 2001 à l’OMC. Cependant cette mise en mouvement  n’a pas été immédiatement perceptible car au cours de la première période (1978-1992) le gouvernement central a du d’abord assurer la transition post-maoïste. Ce n’est donc qu’à l’orée des années 90 que s’est effectué le tournant déterminant.

 

Cette mutation commence avec la décollectivisation des terres qu’accompagne une responsabilisation familiale de la production agricole. Dans le même temps le gouvernement central décentralise les pouvoirs de décision économique au profit des provinces, municipalités, districts et bourgs. Le mouvement part du sud de la Chine dans les provinces du Guangdong et le Fujian grâce à l’impulsion de la diaspora chinoise. Jusqu’au milieu des années 90 le Sud accumule une forte avance du fait de sa relative autonomie économique qui le rend attractif pour les investissements étrangers et lui permet des taux de croissance élevés. Les étapes de cette ouverture (voir cartes ci-dessous les différentes couleurs correpondent aux phases) : 
Dindon-004-copie-2.jpg
Dindon-003-copie-1.jpgDindon-005-copie-1.jpg

-         1980 : création de 4 zones économiques spéciales : trois dans le Guangdong et une dans le Fujian.

-         1984 : quatorze villes côtières, dont Canton, Wenzhou et Shangai sont autorisées à créer leur propre zone de développement ouverte aux investisseurs étrangers.

-         1985 : trois régions littorales sont ouvertes. C’est le début du développement des entreprises industrielles rurales tournées vers la production de biens de consommation destinés à l’exportation et de l’insertion massive de la Chine dans l’économie mondiale.

-         1988 : toutes les villes littorales sont ouvertes.

-         1992 : la grande majorité des capitales provinciales, les ports fluviaux le long du Yangzi et beaucoup de villes frontalières sont ouverts.

 

Le tournant déterminant est pris dans les années 90, l’Etat central et les grandes villes reprennent l’initiative. La construction d’une « économie socialiste de marché » à partir des réformes des entreprises d’Etat en 1992 qui s’accompagne d’une politique économique de privatisation suivant les règles du marché va s’accélérer grâce à une diversification des types d’entreprises et d’une décollectivisation urbaine. La ville est le pôle de l’activité économique, le lieu de commandement, elle implose. L’extension des surfaces bâties se fait à marche forcée sur la base d’une spécialisation des espaces qui expulse une large part des populations en périphérie. Les centres-villes se recomposent : artères piétonnières, centres commerciaux, tours de bureaux et immeubles de logement à haut-standing. Les périphéries urbaines s’étendent à perte de vue mélangeant des zones résidentielles à des aires d’activités de production. La Chine de la bicyclette laisse la place à celle de l’automobile individuelle. Les mégapoles, comme Shangai, se veulent internationales.   

 

La mutation du mode de vie du citadin chinois plonge ses racines dans deux réformes capitales : celle du travail et celle de l’accession à la propriété. Dans l’ancien système la vie du citadin était encadrée à partir du travail. Tout était décidé à ce niveau : salaire, emploi, mobilité mais aussi vie privée par l’autorisation ou non du mariage et des naissances. En contrepartie l’employeur garantissait l’emploi à vie, l’accès au magasin d’Etat, le logement et les allocations sociales. Les réformes ont créé un véritable marché du travail, avec un système contractuel, des offres indiquant nature du travail, salaire et qualifications. Les sécurités sociales ont disparu. Le chômage est apparu et s’aggrave. Dans les années 90, le logement est passé du statut de bien géré par l’Etat à celui de produit de consommation régi par le marché. Les promoteurs immobiliers sont les acteurs majeurs, avec les autorités locales, de la construction. Les citadins sont propriétaires de leur logement mais le sol reste propriété d’Etat. Les nouveaux ensembles sont gérés à l’occidentale : association de propriétaires et société de gérance spécialisée. Dans la périphérie, une nouvelle forme d’habitat apparaît : la villa familiale.

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2007 4 13 /12 /décembre /2007 12:08


C'est le coup de coeur de Jérôme Garcin dans le Nouvel Observateur de cette semaine. Je vous l'expédie en urgence pour que vous puissiez le mettre dans votre liste pour le Père Noël. Bonne journée...

Un humaniste

" Ancien régisseur d'un domaine de Meursault et négociant à Beaune, Pierre Poupon vient d'avoir 90 ans. Avec "le bouquet de vendanges", il publie son dernier livre. Il prétend qu'il n'ira pas au-delà. On lit avec d'autant plus d'émotion cet ultime carnet d'un Bourguignon qui, avec la même ferveur, a cultivé la vigne, célébré la littérature et monté les chevaux.
A l'hiver de sa vie, tandis qu'il sent "la mort mûrir en soi " et que sa femme, Claude, se bat contre une incurable maladie, l'auteur du "Cavalier de Saint-Point" rassemble ses souvenirs et se tourne vers ses amis fidèles : les livres de sa bibliothèque, qu'il connaît par coeur mais redécouvre avec l'ivresse du premier jour. Poupon semble ici dialoguer avec le Montaigne des "Essais", le Flaubert de la "Correspondance", le Sainte-Beuve de "Port-Royal", le Claude Simon de "la Route des Flandres", le Julien Green du "Journal", mais aussi avec ses compagnons disparus, tels Claude Roy et Raymond Dumay. Humaniste d'un autre temps, spectateur émerveillé de ses roses trémières, dégustateur éclairé d'avant la mode de l'oenologie ("aujourd'hui, le vin ne séduit plus, il racole"), prosateur qui croît encore à la présence de Dieu, Pierre Poupon est un diariste enthousiaste : il n'écrit pas pour se louer d'exister, de respirer, d'aimer. C'est contagieux."
Jérôme Garcin

" Le Bouquet des vendanges", par Pierre Poupon, chez l'auteur, 496 pages, 29 euros www.bourgogne-autour-du-vin.fr
Partager cet article
Repost0
13 décembre 2007 4 13 /12 /décembre /2007 00:01

Pintade-010.jpg
 

 

 

Ce fut dans les années 30 une grande marque d'apéritif. Son étrange patronyme est lié au souvenir qu'avaient de leur ancien métier - marchand ambulant de coupons d'étoffe - les créateurs de cet ABV : Simon et Pallade Viollet. En effet, leurs coupons de tissus étaient traditionnellement référencés avec des lettres : ils tombent donc sur les lettres B.Y.R.R.H et décident de les adopter pour donner un nom à leur apéritif au quinquina. C'était sans doute évocateur pour des catalans mais pour les oreilles habituées à la langue de Shakespeare ça sonnait très beer : dur dur à l'export. La saga de la famille Viollet, liée au succès du Byrrh, se traduira par de fortes dissensions entre héritiers à propos de la stratégie à adopter. C'est la ligne de Simon qui triomphera : on va construire de nouveaux chais pharaoniques qui seront terminés en 1892. Le hall central, oeuvre de Gustave Eiffel : long de 81 mètres et large de 20, permet d'effectuer toutes les opérations de chargement et de déchargement. Grandiose ! A partir de 1930, la construction des fameuses cuves en chêne va être entreprise : une de 4205 hl en 1934, puis l'installation de 70 cuves de plus de 2000hl chacune et, enfin en 1950 la réalisation de la plus grande cuve du monde en bois de chêne : 10 002hl. L'entreprise dispose d'une capacité de stockage de 40.000hl. C'est à Thuir, une ville dans la ville, avec ses 7 ha d'installations, sa gare aujourd'hui désaffectée, un hôpital, un stade... C'est un des sites industriels les plus visité de notre pays: 300 000 visiteurs/an.

 
Pintade-011.jpg

 

 

Et pourtant au lendemain du 2d conflit mondial l'entreprise va entamer, via sa marque phare, un lent et inexorable déclin. Concurencée à la fois par les VDN qui bénéficiaient - et qui bénéficient toujours pour le premier - d'un privilège fiscal exorbitant et d'un Comité Interprofessionnel issu des lois de Vichy organisant une véritable entente ; et par un autre entreprise, la Compagnie Cinzano-Dubonnet (CDC) qui a su mieux s'adapter au marché qui préfère les vermouths avec les marques Cinzano en France et Dubonnet à l'export, la société va s'endormir sur ses acquis. Elle cesse d'investir et le résultat c'est qu'en 1960 elle ne gagne plus d'argent alors qu'elle s'appuie encore sur un bilan fastueux : des stocks énormes, des disponibilités épaisses et un patrimoine immobilier d'une grande valeur. La CDC absorbe alors la société Violet, liquide le patrimoine immobilier, sauf Thuir et Gennevilliers, et agrège Byrrh à son portefeuille de marque. Bref après de nouvelles fusions, en 1977, la holding Pernod-Ricard se trouve majoritaire au sein de la CDC. Enfin, c'est en 1978, que l'établissement de Thuir est annexé à Cusenier qui est, si mes souvenirs sont bons, maintenant dans l'escarcelle de marques de Pernod. La messe est dite.

 


Pintade-012-copie-1.jpgPintade-013-copie-1.jpg

 

 

Si ce matin je chronique sur la marque Byrrh c'est parce que, au hasard de mes pas de chineur, j'ai retrouvé un petit opus des établissements Violet Frères, datant de l'entre-deux guerres, au titre choc : Quelques Vérités. Outre ces quelques vérités, consistant à démontrer que les apéritifs à base de vin étaient meilleurs pour la santé que ceux à base d'alcool et que les ABV rouges, comme le Byrrh, étaient de meilleure qualité que les blancs, la maison de Thuir après avoir répondu à la question : D'où vient le Byrrh et expliqué son élaboration, montre son importance pour la prospérité de la région et du pays, et souligne qu'elle est un élément du rayonnement français. Cependant, la rubrique que je vais reproduire ici : Byrrh au point de vue social est intéressante à plus d'un titre, couplet médicalo-patriotique tout d'abord, mais surtout dans le contexte mondialisé que nous vivons elle pose, avec le beau parfum paternaliste de l'époque, le problème de la pérennité de nos systèmes sociaux avancés. Enfin, moi qui fut médiateur des VDN dans le beau département des Pyrénées-Orientales que n'ai-je alors entendu d'affirmations péremptoires sur le thème : les marques de Porto ont tué les Vins Doux Naturels ! j'ai toujours une certaine tendance à penser que la réalité n'est jamais aussi simpliste. Mais je ne m'aventurerai pas sur ce terrain mouvant car j'ai suffisamment donné lors de mes auditions salle PAMS à Perpignan. 

 

" Byrrh, au point de vue social, est également un précurseur.
 

Pendant la Grande Guerre 1914-1918, il a servi une allocation pécuniaire à chaque famille de son personnel mobilisé, pour lui permettre de vivre en attendant le retour glorieux du soldat.

Puis, il a expédié plus de 100.000 bouteilles directement et gratuitement dans les hôpitaux où étaient soignés les blessés, afin de hâter leur convalescence.

Cette initiative lui a valu les remerciements de centaines et de centaines de médecins qui, dans leurs lettres, vantaient les résultats obtenus grâce au Byrrh.

Depuis 1921, alors que l'Etat ne se préoccupait pas encore du sort des travailleurs, Byrrh a institué pour son personnel, SANS AUCUNE CHARGE POUR CE DERNIER, de nombreuses mesures de bienveillance en plus des augmentations de traitement : INDEMNITE DE VIE CHERE, qui suivit le graphique de la hausse du coût de la vie, SURSALAIRE FAMILIAL pour le personnel marié, ALLOCATION MENSUELLE par enfant, INDEMNITE DE NAISSANCE, INDEMNITE DE DECES (cette dernière est accordée même pour les ascendants), CONGE DE COUCHE PAYE, CONGE ANNUEL PAYE pour tout le personnel employé et OUVRIER ; enfin RETRAITE PAYEE à chaque membre du personnel mis au repos. Cette retraite atteint facilement les 50% DES EMOLUMENTS payés en période d'activité.

Le sommes payées par BYRRH, sous ces différentes rubriques, atteignent PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIONS depuis leur institution."

 

Partager cet article
Repost0
12 décembre 2007 3 12 /12 /décembre /2007 00:05

ill03-copie-1.jpg469.jpg
Ma colère d'avant hier n'était pas feinte. Ce matin, je vous propose une tranche de vie d'une femme politiquement incorrecte : Simone Weil, et de son mentor, l'inclassable Auguste Detoeuf. Le texte ci-dessous est extrait du livre Pages Retrouvées d'Auguste Detoeuf publié aux éditions du Tambourinaire. Il est de la plume de l'éditeur. Pour ceux qui l'ignorent, Detoeuf - voir chroniques en cliquant sur :
http://www.berthomeau.com/article-6448166.html  http://www.berthomeau.com/article-6447987.html
qu'on classerait aujourd'hui dans la caste des hauts dirigeants de l'industrie, était un homme de la Renaissance, un grand "humaniste". Comme l'écrit Guillaume de Tarde "un grand esprit" ouvert et réceptif, une "grande conscience" doté d'une probité intellectuelle et morale rare, un "grand coeur" généreux et un "vrai modeste". Autre temps, autres moeurs, mais que voulez-vous je réserve mon admiration à ces gens extraordinaires qui fuyaient le paraître et je laisse les pintades à leurs crailleries de pouffes en mules avec lunettes Gucci et connerie incorporée... 

" Agrégée de philosophie, licenciée en mathématiques, Simone Weil, entre autres expériences, résolut de tenter celle du travail ouvrier.
    C'est dans l'une des usines de gros matériel de la Société Alsthom dont Auguste Detoeuf fut l'initiateur et l'animateur que, d'accord avec lui, elle fit ses débuts dans la condition ouvrière. L'expérience les intéressait, lui comme elle. N'avaient-ils pas en commun, comme il le lui écrit plus loin, une tendance naturelle "à enseigner aux hommes à se mesurer à leur juste valeur".
     Nous avons pu retrouver M.Gaston Mouquet, l'ancien chef d'atelier de Simone Weil, présentement retraité non loin des bords de la Marne, ce qui lui permet de pêcher à la ligne quand l'envie lui en vient et d'aller, quand le prend la nostalgie de l'usine, retrouver ses anciens compagnons - Dans l'enfer industriel, il n'y a pas que des torturés -.
     Gaston Mouquet, belle tête archaïque de bon artisan, inspire dès l'abord une vraie sympathie. Simone Weil y fut sensible qui, dans la Condition ouvrière, cet ouvrage parfois si dur, le montre mieux qu'égal à sa tâche.
     Nous demandons à l'ancien chef d'atelier qui se la rappelle fort bien, d'évoquer les circonstances de l'expérience qu'elle fit auprès de lui.
     " Cette expérience, nous dit-il, fut tentée, de part et d'autre, dans des conditions de loyauté absolue. J'ignorais entièrement l'identité réelle de cette ouvrière qui resta parmi nous de sept à huit mois, à l'atelier de serrurerie et presses, et au sujet de qui aucune consigne particulière ne m'avait été donnée." - Simone ne se faisait pas recommander au colonel -. 
      " Sans doute le côté à part de l'ouvrière, sa bonne volonté passionnée, sa fragilité, sa maladresse manuelle n'avaient pas échappée à ses compagnons de travail mais les plus perspicace d'entre eux la situaient du côté assistante sociale." " Elle faisait de son mieux sans parvenir toutefois à tenir la cadence. Un jour cependant je dus la gronder pour son insistance à vouloir pénétrer, à des fins d'information dont je ne pouvais soupçonner alors le but ni la portée, dans la zone formellement réservée des outilleurs."

Désolé pour www.soisbelleetparle.blogspot.com mais les Simone, la Weil et la Veil, n'ont pas eu des petites vies bien lisses de nouvelles "connes" - qui sont le pendant des nouveaux beaufs - mais des vies tout court, pour de vrai, rugueuses, dérangeantes ! Elles n'ont pas eu besoin de se muer en vaneuses à deux balles pour lui donner un sens... 

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2007 2 11 /12 /décembre /2007 00:04


Dans une chronique : "A la bonne vôtre !" datée du 6 février de cette année http://www.berthomeau.com/article-5523615.html je pointais le doigt sur les difficultés, présentes et à venir, liées à la rareté de l'eau chez certains de nos concurrents du Nouveau Monde afin de tempérer - sans faire de jeu de mots, la sinistrose de ceux qui pensent et proclament à l'envi que nous ne cumulons que des handicaps face à ces rouleaux compresseurs adeptes d'un libéralisme débridé. La pénurie d'eau qui frappe l'Australie depuis plusieurs mois, confirme que l'avenir de la viticulture de ce pays risque d'être moins radieux que le prévoyaient les plans Marketing de ses experts. La future récolte 2008 risque de se situer au niveau de celle de 2007 déjà amputée d'un tiers par rapport à la moyenne des 5 dernières années, soit 1,3 million de tonnes. Les prévisions les plus pessimistes des producteurs la situent au niveau extrêmement bas de 800 000 tonnes.

Les experts estiment que, du fait des changements climatiques, la sécheresse va devenir la norme. Dans la mesure où 80% des raisins proviennent de Nouvelle-Galles du Sud et de Victoria, régions jusqu'ici irriguées avec de l'eau bon marché de la Murray River, tenir des hauts rendements, à des coûts compétitifs, va s'avérer de plus en plus difficiles. En effet, la raréfaction des réserves hydriques, a fait flamber le prix de l'eau d'irrigation : x par 10 en un an et les perspectives sont à la poursuite de cette hausse. De plus, l'arrivée des Travaillistes au pouvoir et la pression des défenseurs de l'environnement ne simplifieront pas le travail de lobbying de l'Australian Wine and Brandy Corporation. Déjà, l'Association des Producteurs australiens de raisins (WGGA) annonce qu'environ 1000 producteurs sur 7500 allaient disparaître à très court terme. De même, les grandes compagnies, diversifient leur approvisionnement en passant des accords avec des pays producteurs comme le Chili par exemple. Même si on me prend pour un fêlé rien ne s'oppose, à terme, à ce que pour approvionner leurs gros marchés européens les Australiens s'approvisionnent pour partie dans la vieille Europe, en Espagne par exemple.

Comme le dit l'adage " un malheur ne vient jamais seul " , confirmant les propos iconoclastes de ma chronique "Y-a-t-il une vie après Jacob's?" du 19 octobre http://www.berthomeau.com/article-13117844.html, lors de la "Wine Industry Outlook Conference" qui s'est tenue le 27 novembre à Melbourne, Dan Jago, acheteur de Tesco (GB) s'est fait très insistant auprès des professionnels australiens pour qu'ils " remettent du caractère dans leurs vins ". Ce serait un virage à 180° qui, comme le déclare le président de la Winemaker's Federation of Australia, David S. Clarke, obligerait " à revoir le modèle d'entreprise" dominant en Australie. Mon propos n'est pas ici de me réjouir des difficultés de l'un de nos principaux concurrents mais de souligner, qu'en dépit des effets du réchauffement climatique, notre vignoble bénéficiera encore d'un climat tempéré et que, notre ressource en eau, et notre potentiel d'irrigation maîtrisé, nous permettent d'envisager l'avenir avec plus de sérénité. Mais, à mon sens, deux facteurs doivent être immédiatement consolidés : notre potentiel de production de raisins et notre capacité d'adapter nos rendements dans le vignoble non AOC. " Agir plutôt que Réagir " ça vous rappelle quelquechose chers lecteurs ?

Et bien sûr pensez à offrir USB Wine : un cadeau révolutionnaire  http://www.berthomeau.com/article-14379285.html

Partager cet article
Repost0
10 décembre 2007 1 10 /12 /décembre /2007 00:09


Cette chronique est au vitriol. Faché que je suis alors alors je me lache. Les nouvelles "connes" passent à la moulinette... Si le premier paragraphe de la chronique vous gonfle : sautez-le ! Le haché menu commence après.

Dans le désordre : le nouveau roman avec l'inénarrable Robbe-Grillet, l'hermétique Claude Simon, la grande Nathalie Sarraute ; la nouvelle vague au cinéma avec Truffaut, Godard, Rivette, Chabrol, Rhomer et consorts ; la nouvelle cuisine du duo Gault et Millau, les nouveaux philosophes : BHL, Gluksmann, Dollé, Lardreau, Jambet and Co ; les nouveaux pauvres  du père Joseph Wrezinsky et de Geneviève de Gaulle d'ATD Quart Monde ; les nouveaux riches espèce en voie d'explosion ; l'art nouveau ou modern style de Guimard (les bouches de métro) ; la nouvelle star de M6 ; les nouveaux aristocrates et les nouveaux prêtres de Michel de Saint-Pierre ; la pomme de terre nouvelle avec sa star la Bonotte de Noirmoutier ; le Beaujolais Nouveau qu'est toujours arrivé ; les nouveaux médias ; les nouveaux produits ; les nouveaux pays industrialisés NPI ; le Nouveau Monde qui se pique de faire du vin ; les nouveaux beaufs cher à Cabu crane lisse, boucle d'oreille et pantacourt ; bref, dans un monde qui tourne toujours rond mais qui a une certaine tendance à perdre la boule, où les vieux sont de plus en plus nombreux à se prendre pour des jeunes, à la Bourse de la fuite en avant la cote du Nouveau est une valeur sûre.

Comme je me pique d'être un inventeur de tendance, en exclusivité sur mon espace de liberté, je vous propose le dernier arrivage, tout chaud, en paquet cadeau papier cul, un produit in bien typique de notre époque, du toc qui se veut chic et choc, du trash en string et porte-jarretelles, du vinaigre de mauvais vin, du jus de tête de donzelles qui croient en avoir une, du rien qui se baptise troisième degré, la quintescence de l'indécence d'évaporées friquées, des chroniques de corps de louloutes de garde : les nouvelles connes sont arrivées sur la Toile : www.soisbelleetparle.blogspot.com et on me dit que ça marche fort chez les Pintades (appellation d'origine contrôlée made in New -York les pintades à New York éditions Jacob-Duvernet). Je cite Fleur De la Haye (sic) du N.Ob's Paris c'est aussi lourd et gratiné qu'une soupe à l'oignon mais gustativement très purin élevé en fond de bidet. 
Pintade.jpg
" Leurs dadas restent toujours les mêmes : l'air du temps, le look, les sorties, la musique... Mais sur un ton bien différent de leurs aînées. " Notre génération déconne plus, on n'est pas consensuelles, on parle de sexe ou de psychologie féminine, mais en trash !" : la blogueuse Sois belle et parle, 32 ans et responsable financier dans une boîte de prod', annonce la couleur. Pour sortir du lot, elle a choisi de jouer le "poil à gratter". N'hésitant pas dans ses billets à flirter avec la vulgarité et le politiquement incorrect : " Les pauvres sont chiants", "j'ai acheté deux sacs la semaine dernière qui coûtent un smic chacun et je peux pas les blairer" ou "mon esthéticienne a six de QI". Un mépris revendiqué : "je fais la garce parisienne, c'est du troisième degré ! Les gens me lisent au bureau, ils n'ont pas envie de se retrouver avec le copié/collé de leur vie lissée." Son audience ne la contredit pas : en sept mois d'existence, elle dit être passée de 300 lecteurs/jours à 2500, vient de signer une régie pub et figure à la 220e place des 300 blogs les plus référencés selon Wikio. La carte peste rapporte."

Le nouveau poil à gratter des vies lisses et convenues des pintades parisiennes ça ! Non, ça a plutôt l'allure et la fonction de morpions gluants que chopaient au claque du coin les ados boutonneux. Invoquer le politiquement incorrect pour placer ce genre de daube relève du raccolage de la pire espèce très dans la ligne boîte de prod débitant de la connerie au mètre pour téléspectateurs englués sur canapé. Les pintades vont crailler : c'est de l'humour ! C'est ça avant de bloguer crade allez-donc prendre des cours de vulgaire chez Coluche ou Desproges, eux au moins ils méprisaient ceux qui étaient méprisables. Un conseil, les nouvelles connes, allez donc user vos petites griffes carminées sur l'échine des peoples que vous aimez tant et rendez-vous dans quelques années pour votre lifting, le nouveau vieilli si vite et comme le kleneex c'est jetable et biodégradable. 

Bonne journée, chers lecteurs, veuillez tirer la chasse d'eau après usage...      

Partager cet article
Repost0
9 décembre 2007 7 09 /12 /décembre /2007 00:01

 
Selon la version officielle, Gustave Porcheron m’avait connu au garage de mécanique générale Debrouckeere, dans l’ancien quartier des chiffonniers, où il allait faire réparer sa moto, une Terrot à courroie. Il leur expliquerait - ces gogos gobaient tout ce qi'il disait - que s’il m’avait à la bonne c'est que, très vite, il s’était aperçu que j’étais un sale petit fouteur de merde, de la graine de risque tout, et en plus pas con du tout car toujours fourré dans les livres quand il ne semait pas le bordel aux grilles des hauts-fourneaux. Nous militions au Secours Rouge, étrange organisation sans véritable structure ni direction, simple nébuleuse rassemblant des culs bénis de gauche, des militants révolutionnaires, des syndicalistes radicaux, quelques féministes, qui se mobilisaient pour soutenir les victimes de la répression patronale et policière. Alors, comme moi le petit Marc je venais de trouver une place d’OS, chez Citroën, à Javel par un copain de régiment de mon père le Gustave l’avait pensé que ce serait une bonne recrue pour ses amis de la GP. Bien huilée la mécanique de ces messieurs, dans le dossier qu’il m’avait filé, un dossier émanant de personne bien sûr, sans en tête, tous les détails de ma soi-disant vie d’avant se résumaient en deux feuillets dactylographiés. L’opération double chevron, en référence au logo de Citroën, était classifiée « secret défense » et, au cas où elle déraperait, ou si je me faisais cravater par des collègues, bien évidemment je devrais tout prendre sur moi. Je n’aurais aucun officier référent. Mes rapports, en un seul exemplaire, je devrais les déposer dans une boîte aux lettres tout près de chez moi, au 31 de la rue des Cinq Diamants, à la Butte aux Cailles, dans le treizième où la grande maison m’avait trouvé un réduit humide dans un petit immeuble ladre, WC et douche sur le palier, plein d’arabes silencieux. Dans un élan de générosité on m’avait doté d’une Mob bleue d’occasion gonflée, mais munie d’un pot silencieux, qui selon mes chefs me rendrait très mobile. L’avenir leur donnerait raison. Avant de m’immerger dans le sous-prolétariat de Citroën, comme un plongeur respecte des paliers, je dus m’astreindre à toute une série d’épreuves, dont la dernière, au garage central de la PP, pour je m’imprègne du suint des ateliers de mécanique, pour que mes doigts et mes ongles se garnissent de cambouis, et pour que j’acquière le B.A-BA du grouillot de garage en me familiarisant avec la tôlerie des bagnoles. C’est pour cette raison que je me retrouvais, ce matin-là, dans le bureau de l’accueillant Grabowski.

La note de service m’annonçait comme stagiaire. Grabowski me mit dans les pattes de Stievenard, une grande et assez belle gueule, aux cheveux gominés, qui me tendit une main molle, impeccable. Ce gandin se trimballait, moulé dans une salopette blanche indemne de toute souillure, avec une tablette coincée sous son coude gauche, et il passait la plus grande part de son temps à raconter ses histoires de cul en grillant des Craven A qu’il tenait précieusement entre le pouce et l’index de sa main droite, tout en pointant vers le ciel son petit doigt orné d’une chevalière sertie d’un minuscule diamant. Mon irruption sur son territoire lui déplut. Elle perturbait ses multiples combines. Sans tarder il dressa un cordon sanitaire autour de moi, mes collègues m’ignorèrent. A leurs yeux de fonctionnaires planqués ma soudaine venue dans leur univers bien bordé, codé, les dérangeait, j’étais trop ponctuel et trop soumis pour être honnête. Stievenard leur avait vendu sans peine que je ne pouvais être qu’un mouchard à la solde des bœufs-carotte. Seul, un vieux type préposé aux pièces détachées, terré dans un réduit éclairé a giorno par un tube néon, dès le premier jour, me prit sous son aile. Le bonhomme détonnait dans ce marigot de combinards : adversaire farouche des ligueurs, antifasciste, résistant de la première heure, gaulliste puis plus gaulliste après l’épisode du 13 mai 58, républicain convaincu, et le cul de basse fosse où il moisissait sans se plaindre était bien sûr la juste résultante de son beau CV. Avec Raymond Dubosc, je me sentais en sécurité. Ce fut mon premier ami, celui sur qui je pourrais compter.       
Partager cet article
Repost0
8 décembre 2007 6 08 /12 /décembre /2007 00:14


Ceci est bien sûr un texte de fiction, tiré du prix Goncourt Les Bienveillantes, par rapport au précédent publié dans ma chronique du 16 avril: " âmes sensibles s'abstenir absolument "
http://www.berthomeau.com/article-6371697.html  il est lisible. Le narrateur le sturmbannfhurer Aue, dans la débâcle, réfugié seul dans la maison de son beau-frère, entre ses rêves fous, s'y révèle être un amateur et un connaisseur de Bordeaux. Alors, après avoir un peu hésité, je le propose à votre lecture.


" Pendant qu'elle cuisinait, je descendis chercher du vin dans la longue cave voutée, poussiéreuse, emplie d'une agréable odeur de terre humide. Il y avait là des centaines de bouteilles, parfois très vieilles, je devais souffler la poussière pour lire les étiquettes , dont certaines étaient entièrement moisies. Je choisis les meilleures bouteilles sans la moindre gêne, ce n'était pas la peine de laisser de tels trésors à Ivan, de toute façon il n'appréciait que la vodka, je trouvai un château-margaux 1900 et je pris un ausone de la même année ainsi que, un peu au hasard, un graves, un haut-brion de 1923. Bien plus tard, j'ai compris que c'était une erreur, 1923 ne fut pas vraiment une grande année, j'aurais mieux fait de choisir le 1921, nettement meilleur. J'ouvris le margaux tandis que Käthe servait le repas (...)
" dans cette lumière chaude et vacillante je voyais et entendais parfaitement notre conversation qui occupait mon esprit tandis que je mangeais et achevais la bouteille de ce bordeaux onctueux opulent, fabuleux (...)
" J'avais terminé le margaux, j'étais légèrement gris, je débouchai le saint-émilion, changeai nos verres, et fis goûter le vin à von Üxküll. Il regardait l'étiquette. " Je me souviens de cette bouteille. C'est un cardinal romain qui me l'a envoyée. Nous avions eu une longue discussion sur le rôle des Juifs. Il soutenait la très catholique proposition qu'il faut opprimer les Juifs mais les garder comme témoins de la vérité du Christ, position que j'ai toujours trouvé absurde. Je crois d'ailleurs qu'il la défendait plutôt pour le plaisir de la dispute, c'était un jésuite (...)
" Je goûtai enfin le vin : il sentait la girofle rôtie et un peu le café, je le trouvai plus ample que le margaux, doux, rond et exquis (...) "

 

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Archives

Articles Récents