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21 février 2008 4 21 /02 /février /2008 00:01


C'est le titre d'un petit opus (99 pages format 14x18) qui a été élu par le magazine Lire MEILLEUR ESSAI 2007, il est sous-titré : "Comment le modèle social français s'autodétruit" il est signé par Yann Algan et Pierre Cahuc du Centre Pour La Recherche et ses Applications dirigé par un économiste dont j'apprécie les analyses Daniel Cohen. Même si je ne suis pas très amateur de grandes enquêtes internationales menées par des officines spécialisées, les grandes tendances qu'elles dégagent sont significatives et donnent une grille d'analyse intéressante. Pour avoir vécu en direct, les mains dans le cambouis, le blocage des routes par les camionneurs, le "siège" de Paris par les tracteurs de la "Coordination Rurale", les exactions en tout genre des CAV, des producteurs de pomme de terre bretons, des éleveurs de moutons contre les camions anglais... Je partage largement le diagnostic avancé par les auteurs dans la seconde partie de l'ouvrage. Comme à l'accoutumé je vous livre des extraits de l'introduction pour vous inciter à lire l'ensemble.

"Depuis plus de vingt ans, des enquêtes menées dans tous les pays développés montrent que les Français, plus souvent que les habitants des autres pays, se méfient de leurs concitoyens, des pouvoirs publics et du marché (...)


Comment expliquer un tel déficit de confiance en France ? Quelles en sont les conséquences ?


La première partie de cet opuscule montre que les Français ne se méfient pas seulement des riches et des institutions censées représenter leurs intérêts (...) Cette défiance va de pair avec un incivisme plus fréquent dans de nombreux domaines essentiels au bon fonctionnement de l'économie et de l'Etat-providence. Ainsi, les Français considèrent plus fréquemment que les habitants de la plupart des pays riches qu'il peut être acceptable de resquiller dans les transports publics, de ne pas payer les impôts ou de demander indûment des aides publiques. Des expériences montrent qu'un portefeuille égaré à Paris a moins de chance d'être rapporté à son propriétaire que dans la plupart des autres capitales des pays industrialisés. Les entreprises françaises installées à l'étranger recourent plus souvent que nombre de leurs concurrents à des tentatives de corruption pour obtenir des parts de marché (...)


Ces attitudes ne sont pas nouvelles : défiance mutuelle et incivisme persistent depuis plusieurs décennies. Néanmoins, nous montrons dans cette partie que ces attitudes ne constituent pas un trait immuable. L'étude de l'évolution des attitudes sociales sur une longue période révèle que le civisme et la confiance mutuelle se sont dégradés après la Seconde Guerre mondiale.

 

Pour quelles raisons la société mise en place après la guerre nous a-t-elle amenés à nous défier les uns des autres ?


Dans la seconde partie, nous soutenons que le déficit de confiance des Français est intimement lié au fonctionnement de leur Etat et de leur modèle social.

 

Après la Seconde Guerre mondiale, le modèle social français s'est construit sur des bases corporatiste et étatiste.

 

Le corporatisme, qui consiste à octroyer des droits sociaux associés au statut et à la profession de chacun, segmente la société et opacifie les relations sociales, ce qui favorise la recherche de la rente, entretien la suspicion mutuelle et mine les mécanismes de solidarité. L'étatisme, qui consiste à réglementer l'ensemble des domaines de la société civile dans leurs moindres détails, vide le dialogue social de son contenu, entrave la concurrence et favorise la corruption. Le mélange de corporatisme et d'étatisme est au coeur de la défiance actuelle et des dysfonctionnements du modèle social.

 

La faiblesse du dialogue social et le manque de confiance envers le marché rendent nécessaire l'intervention de l'Etat. Mais selon une logique dirigiste et corporatiste bien établie, l'intervention de ce dernier consiste généralement à accorder des avantages particuliers aux groupes qui en font la demande, souvent au détriment du dialogue social, du respect des règles de la concurrence et de la transparence des mécanismes de solidarité. Ce type d'intervention ne peut qu'entretenir la défiance mutuelle et favoriser, en retour, l'expansion du corporatisme et de l'étatisme.


Ce cercle vicieux mine l'efficacité et l'équité du fonctionnement de notre économie. En effet, parce que la confiance mutuelle et le civisme sont essentiels au bon fonctionnement des échanges marchands, le déficit de confiance des Français est logiquement associé à la peur de la concurrence. Cette peur suscite des demandes de restriction de la concurrence aboutissant à l'institution de barrières à l'entrée règlementaires qui créent des rentes de situation favorisant la corruption et, en retour, la défiance mutuelle (...)


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20 février 2008 3 20 /02 /février /2008 00:05


La taxe ADAR *, comme toutes les taxes, est éminemment "populaire" auprès de ceux qui la paient mais bien moins qu'auprès de ceux qui bénéficient de ses retombées en pluie fine. Les limiers de la Cour des Comptes adorent, dans leur style incomparable, débusquer dans les liasses sur lesquelles ils se penchent, sous la lumière jaunasse d'une vieille lampe, dans le petit bureau minable qu'on leur a alloué, à leur demande expresse - ils sont ainsi les BC de la CC, des faut pas gâcher - au fond d'un couloir lugubre, le détail qui tue. La dernière livraison du Rapport Annuel ne déroge pas à la règle : page 353 ils se payent, sans modération, les JA. Sur ces questions, je ne jette la pierre à personne dans la mesure où moi aussi j'ai pratiqué ce sport et que le risque serait grand, par un effet boomerang, que je prenne la dite pierre sur le coin de ma gueule enfarinée... 

* pour les viticulteurs, en gros, elle est composée d'une part forfaitaire 90 euros/exploitation (celles soumises à la TVA, les autres sont exonérées) et d'une part variable assise sur le CA 0,19% jusqu'à 370 000 euros et 0,05% au-delà.
Les sommes collectées 85% vont au CASDAR pour financer des actions de dévelopement, 10% vont au syndicalisme à vocation générale et 5 dernier % sont pompés par le Ministère pour frais de gestion.
2 - Les subventions accordées aux syndicats
 
Si les syndicats d’exploitants reçoivent désormais, en fonction de leurs résultats aux élections consulaires, des subventions inscrites au budget de l’Etat (programme « gestion durable de l’agriculture »), ils peuvent aussi recevoir des aides du CASDAR pour des projets de développement.
C’est ainsi que le Centre National des Jeunes Agriculteurs a déposé un dossier en réponse à l’appel à projets pour 2006, mais qu'il a été classé au dernier rang par le jury. Le ministre de l’agriculture a néanmoins agréé ce projet, en sus des trois autres évoqués ci-dessus, et lui a attribué une subvention de 260 000 € par un arrêté spécifique du 11 décembre 2006, en dehors de la procédure des appels à projets et sans autre avis technique que celui, négatif, du jury de l’appel à projet.
 
Ce projet, très imprécis selon ce jury, a pour objet de financer la création d’un observatoire national de la création et de la transmission des exploitations agricoles, ce qui devrait relever de la politique de développement rural. De plus, si une base de données sur l’installation des agriculteurs peut présenter en elle-même un intérêt, il n’est pas pour autant souhaitable d’en confier la réalisation à une organisation syndicale,
surtout dans des conditions aussi peu transparentes.
 
RÉPONSE DU PRÉSIDENT DE « JEUNES AGRICULTEURS »
 
La Cour des Comptes déclare que le dossier du CNJA (dont la dénomination nouvelle est Jeunes agriculteurs depuis 2002) a été classé au dernier rang par le jury de l’appel à projets, or, jamais ce point n’a été porté à notre connaissance. Jeunes Agriculteurs s’étonne donc de voir apparaître une telle mention qu’il juge négative et de nature à porter préjudice à son image, surtout dans un document destiné à être rendu public. Je vous saurai gré de bien vouloir retirer cette observation.
 
Vous considérez que le dossier relève du développement rural, or le sujet porte exactement sur les enjeux d’avenir de l’agriculture (l’installation et la transmission). Il est donc justifié que le financement provienne du développement agricole et rural. L’attribution de cette subvention me semble être faite de façon transparente puisque l’ensemble des acteurs impliqués dans les politiques publiques liées à l’installation et à la transmission des exploitations agricoles (CLPA des ADASEA, ministère de l’agriculture et de la pêche, APCA, MSA, FNSAFER, GIE des ADASEA, CNASEA), membres du comité de pilotage du projet, avaient connaissance du dépôt de ce dossier et se réunissent dans le cadre des comités de pilotage.
Je tiens en outre à vous démontrer l’intérêt de ce dossier, dont la mise en œuvre très rapide me semble à cet égard exemplaire. En effet, plus l’intérêt de ce dossier, dont la mise en œuvre très rapide me semble à cet égard exemplaire. En effet, plus de 80 structures départementales techniques assurent la mobilisation de l’ensemble
des données. Il s’agit d’un dossier qui s’intègre parfaitement dans les objectifs du Programme National de Développement Agricole et Rural qui mentionnent de manière sans équivoque dans ses « Enjeux et Priorités »,« l’accompagnement à la transmission » et « l’accompagnement de l’installation ».
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19 février 2008 2 19 /02 /février /2008 00:00


C'est un extrait du "Manuel de survie dans les dîners en ville" tiré du chapitre : In vino veritas, pages 112-113, à déguster sans modération.

" Inutile toutefois de plomber l'ambiance en décrivant minutieusement cette face-là * de notre Janus vinicole. Restez côté banquet platonicien, sur lequel vous pourrez vous exprimer avec l'aisance qu'autorise un usage bien-fondé de la boisson. Sauf si vous êts du genre nietzschéen, à détester le vin ("Chez moi, l'esprit plane au-dessus de l'eau") ; mais bon, in aqua veritas, ça marche moins bien...
Rappelez que, lors d'un symposion dans l'Athènes de Platon, l'idée générale était de boire une quantité telle que les convives (masculins et aristocrates) soient gais, mais aussi véloces du neurone pour la conversation, la poésie, le chant, sans compter diverses activités sensuelles postérieures. Précisez, pour les amateurs de calcul, que la quantité de vin (par convive) consommée au long d'une de ces soirées pouvait atteindre un niveau d'alcool équivalent à un litre ou un litre et demi de bière, car il était coupé d'eau pour moitié ou aux deux tiers. D'ailleurs, pour rappelerles convives à leurs devoirs, leurs coupes étaient parfois illustrées, sur la face interne, de scènes de vomissements qui se révélaient aux buveurs lorsqu'elles se vidaient (oui, comme la pin-up se révélant au fond des burettes d'un restaurant chinois).
Concluez sur l'essence du banquet, à savoir l'amour, la beauté ou un sujet connexe, qui sera abordé avec l'exigence de vérité qui caractérise la philosophie. L'amour du vin ne tachera certes pas dans ce paysage. Mais ne faites pas comme ces échansons de salon qui gonflent telles des outres lorsqu'ils entonnent un péan à la gloire du cru qui est sur la table, ou, pire encore, de celui qui n'y est pas. Ils vous dézinguent les bordeaux - "ils sont sur la pente descendante" - pour mieux vanter des piquettes invraisemblables avec un lyrisme dégoulinant (et les coteaux gorgés de soleil par-ci, et des notes de framboises, d'épices ou de violettes par-là). Il n'y a rien de plus saoulant que la pédanterie pinardière et, tant qu'à être éméché, comme rapporte Diogène Laërce, "il vaut mieux faire un faux pas avec les pieds qu'avec la langue".

21W1XGFFJHL._AA115_.jpg* les auteurs  décrivent les effets déstabilisateurs et gerbatoires du binge drinking et d'el botellón...

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18 février 2008 1 18 /02 /février /2008 00:01

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Bernard Devic m'avait invité au conclave de Lastours, en 1999 le climat gardait une touche d'euphorie, tous pensaient que les temps difficiles jamais plus ne reviendraient. Moi je terminais ma médiation sur les VDN, j'en entamais une autre à Cognac et déjà je commençais à me poser les questions qui allaient déboucher sur l'écriture de mon rapport. Ce jour-là, comme toujours, il eut du grand jeu, du spectacle et je ne pouvais m'empêcher de penser que cette belle et grande région, avec son goût immodéré pour les discours, ses divisions fondées sur l'histoire, si elle ne prenait pas très vite conscience de la mutation qui s'entamait, ne pourrait toucher les dividendes de la reconversion de son vignoble. Même si ça peu vous étonner, ce jour-là, je me tus. A l'heure des conclusions concoctées par Ernest Young je me permis une seule question : "y-a-t-il un pilote dans l'avion ?" qui tomba dans un silence goguenard.

Ce matin, à l'heure où Vinisud ouvre ses portes, il m'est apparu tout naturel de tendre le micro de Vin&Cie au pilote de l'Airbus commun, Inter Sud, Bernard Devic, pour qu'il fasse le point sur les avancées du dossier. Je l'en remercie chaleureusement.
 

1ère question : Bernard Devic, l'organisateur du conclave de Lastours que tu as été en 1999, pense-t-il maintenant qu'il est aux manettes d'Intersud qu'en 10 ans les choses ont vraiment changé dans la belle région South of France ?

Réponse de Bernard Devic :
 
Effectivement, dans le cadre de mes anciennes responsabilités de Directeur Général du CIVL, une dizaine de responsables professionnels de la filière viticole régionale m’avait chargé d’organiser un « conclave » qui s’est déroulé à Lastours fin décembre 1999.
 
Cette journée avait permis d’analyser avec précision ce qu’était la région viticole, ses forces et faiblesses, et il apparaissait évident, déjà, qu’il fallait « fédérer » si on ne voulait pas connaître beaucoup de désillusions avec l’accélération de la mondialisation des vins.
 
Les décisions d’orientations prises ce jour là n’ont pas abouti et je me suis lassé !
 
Il y a maintenant 4 ans, j’ai changé d’orientation : Directeur Général dans le Groupe Val d’Orbieu et je suis revenu avec plaisir dans le « milieu » qui a initié Inter Sud avec la même conviction et les mêmes postulats que ceux qui avaient été présentés à la fin du siècle dernier.
 
Malheureusement depuis nous gérons une crise dont l’amplitude est plus forte qu’ailleurs. Ce qui va laisser des traces profondes dans notre Région.
 
Ce qu’il y a d’intéressant, mais qui est dramatique et triste, c’est de regarder la « cassette » des débats de ce conclave, parce que tout ce qui avait été prévu s’est réalisé….. puisque nous n’avons pas fait !
 
Maintenant, on m’a confié la Présidence d’Inter Sud qui est pour le moment le seul outil fédérateur du CIVL, CIVR, Inter Oc et Anivit régionale ; et je constate que les choses sont très difficiles à changer, même si l’outil Inter Sud a déjà résisté à beaucoup de péripéties.
 
Ce qui a, par contre, radicalement changé et qui semble irréversible, c’est la mise en place des Bassins et cette donnée nouvelle devrait nous aider à évoluer positivement dans cette belle région Sud de France.
 
 
 
2 ième question : Si ça coince encore, pourquoi ? Qui bloque ? Vous faut-il un médiateur pour que vous vous livriez à une psychanalyse collective ? Dans ce domaine j'ai un peu d'expérience, je suis toujours partant pour les causes désespérées...
 
 
Réponse de Bernard Devic :

Ce qui bloque et qui malheureusement peut aussi être utilisé comme alibi :
 
Ø      La position de l’ANIVIT qui reste une interprofession nationale. Comme tout le monde le sait, une bonne partie du budget de cette structure a son origine dans le Languedoc Roussillon et ce budget est géré au niveau national dans le cadre d’actions de communication pas faciles à fédérer avec la stratégie Sud de France. Et enfin, il n’est pas évident d’expliquer la cohérence entre une gestion par bassin et le maintien d’une ANIVIT nationale.
 
 
Ø      La mise en place de l’OCM qui segmente les produits avec origine ou sans origine.
 
Ø      « L’humaine condition » : il est difficile de fédérer des acteurs reconnus dont il faut saluer le professionnalisme et la forte mobilisation pour des causes collectives. Là nous rentrons dans un schéma beaucoup plus psychologique et cela demandera du temps ! en rappelant que tout le monde est d’accord pour faire, mais se pose des questions quand réellement on avance et que les étapes se franchisent.
 
Toutes les structures qui se fédèrent, où qu’elles soient, connaissent les mêmes problématiques. A-t-on besoin d’un psychanalyste ?
 
 
3 ième question : Pourquoi les grands metteurs en marché de la région, les nationaux comme les locaux, donnent-ils le sentiment de refuser de prendre leurs responsabilités pour que l'économique prime sur le politique ?
 
 
Réponse de Bernard Devic :

Les metteurs en marché de notre Région sont globalement d’accord sur 3 éléments :
  1. l’économie prime sur la politique
  2. qu’il n’y ait qu’un seul système fédérateur avec une gouvernance unique
  3. ils n’ont pas le temps de participer au quotidien aux trop nombreuses réunions nécessaires à la vie de 3 ou 4 structures.
 
Devant cet état de fait, ils souhaitent aller vite sans prendre peut être toutes leurs responsabilités. Et je pense qu’on peut porter la même réflexion pour des metteurs en marché d’origine régionale ou nationale.
 
Il va de soi que le maintien d’une ANIVIT nationale perturberait irrémédiablement le schéma de construction des Bassins. Et si cette situation de mise en place tardait trop, l’impatience prendrait le dessus. On pourrait assister à un « rapport de force » comme l’arrêt des paiements des cotisations, au moins dans leur montant actuel.

 

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17 février 2008 7 17 /02 /février /2008 00:10

Bien évidemment, dans mes déclarations consignées par le besogneux pandore Gendron de la gendarmerie de Coye-la-Forêt, nulle trace des digressions sur les ébats de mon commissaire avec Marie-Louise et de moi-même avec Marie-Jo. C’eut été rajouter une couche supplémentaire, bien inutile, à son désarroi grandissant. L’irruption dans sa vie pépère et graillonneuse – sa chemise était constellée de taches et d’auréoles –  d’une pute de luxe, d’un OP quasi-souteneur flanqué de son commissaire qui ne semblait guère en prendre ombrage, d’un grossium marchand d’armes créchant dans une bâtisse de leur circonscription dont il ignorait jusqu’à l’existence, et un tombereau de macchabés aux origines douteuses, bouleversait sa courte vision du monde. Plus je progressais dans mes révélations plus il m’apparaissait au bord de la rupture. Son collègue, plus distancié, ou plus con, je ne saurais trancher, adoptait une forme de pose lointaine, se contentant de ponctuer mes dires de « sa tombe sous le sens » qui enfonçaient plus encore le gendarme Gendron dans la déréliction. Son système lymphatique carburait à plein régime couvrant ses joues de plaques rosacées. Tout était allé si vite pour lui comme pour son collègue alors qu’ils patrouillaient dans leur Renault 4 du côté des étangs de Commelles, leur chef de brigade, alerté lui-même par le directeur de cabinet du Ministre des Armées, bredouillait dans leur radio de bord crachotante, qu’ils devaient se rendre dare-dare au château du Mont-Royal pour récupérer des membres de la Police Nationale.
 
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Pour Gendron et son collègue Buchou, comme pour les gens du cru, le château du Mont-Royal était une ruine désossée par les vandales, inhabité bien sûr, et ils comprenaient mal ce que pouvaient bien foutres des flics là-bas. Disciplinés ils s’y rendirent dare-dare et n’y trouvèrent qu’une harde de biches et de faons qui paissaient tranquillement dans les ruines. Rappeler le chef leur apparut une mauvaise idée. Jean Calisson de la Reynardière, un jeune gommeux arrogant tout juste arrivé à la brigade les prenait déjà pour des brêles alors lui avouer qu’eux, en place depuis plus de cinq ans, étaient incapables de localiser les poulets à récupérer, relevait du camouflet. Ils décidèrent d’aller voir le garde-chasse qui créchait dans l’ancien pavillon d’honneur du château. Bouzeron, le garde, Casanova des chaumières, sautait la fine fleur des femmes mariées du canton. Grand, beau gosse, imbu de sa personne, impeccablement mis, botté de cuir, hormis ses dons évidents d’étalon insatiable, trimballait une réputation d’intouchable. Personne ne savait quel était son employeur mais la rumeur véhiculait que c’était un gros bonnet de Paris. Entre la peste et le choléra, Gendron et Buchou préféraient affronter les lazzis de Bouzeron plutôt que le mépris de leur jeune coq de chef. Arrivés aux abords du pavillon de Bouzeron le spectacle qui s’offrait à leurs yeux les stupéfiaient. Les deux molosses du garde, des dogues allemands, ceux qu’il exhibait en permanence, les autres, les chiens de chasse, étaient au chenil, gisaient sur le pavage de la cour dans une mare de sang brunâtre. Gendron, qui conduisait, immobilisa la R4 près de la voiture de Bouzeron dont les pneus étaient crevés. Les deux gendarmes échangeaient un regard qui en disait long sur leur pétoche. Ils descendaient de leur véhicule, un silence étrange pesait sur la bâtisse, en tremblant dans leur froc ils dégainaient leur arme de service. Buchou s’avança vers la porte du pavillon qui était grande ouverte en faisant signe à Gendron de le couvrir. À l’intérieur, toutes les lampes étaient allumées et ils n’eurent aucune difficulté à découvrir, suspendus par les pieds à la rampe de l’escalier, un Bouzeron saucissonné et bâillonné dont on ne voyait que les yeux exorbités.                         
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16 février 2008 6 16 /02 /février /2008 00:03

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Dans les dîners en ville, on boit bien, parfois on boit sec, il me semble donc de la première importance de se pencher sur ce marché à la fois porteur et prescripteur.  J'ai donc acheté le "Manuel de survie dans les dîners en ville" de Sven Ortoli et Michel Eltchaninoff, un petit opus, noir et argent, très chicos.

Le dit Manuel est doté d'une Préface et, comme je déteste les préfaces car, d'ordinaire, le préfacier en fait des tonnes pour paraître intelligent. Sa prose est si lourde, souvent prétentieuse et besogneuse, comme dans certains restos les petits trucs servis pour vous faire patienter, que son office de mise en bouche se révèle contre-productif : au lieu de me donner envie de lire l'ouvrage le côté bourratif me reste sur les neurones, et indisposé j'abandonne le banquet.  

Pourtant, celle-ci, dès la première phrase se réfère à la rencontre aussi étrange qu'improbable des auteurs et du préfacier, lors d'un dîner organisé par une bizarre "Association pour l'amitié entre les philosophies continentales et analytiques", dans une trattoria de Naples jouxtant la Biblioteca del Conventino, qui pourrait bien être une maison de rendez-vous. Le ton est donné, d'infimes détails  jouent dans ma tête une petite musique du "méfie té". Cette préface est légère, enlevée et savoureuse, rare.  En voici un extrait sur ce qu'on peut dire de certains dîners. 

"Quoi de plus juste ? L'histoire de la pensée occidentale est en effet jalonnée de repas mémorables : il y a le banquet de Platon et celui de Kierkegaard, où l'on mange peu mais l'on boit beaucoup - in vino veritas. Il y a le festin de pierre, qui voit Don Juan défier la statue du Commandeur, et le banquet des Cendres où Gordiano Bruno expose à ses hôtes londoniens la théorie copernicienne. Il y a la célébration de la Cène et celle du Seder ; il y a Voltaire qui régale ses invités de Ferney de bons mots autant que de bons mets et, plus près de nous, au cinéma, il y a La Grande Bouffe, Le Festin de Babette ou Festen. D'une manière ou d'une autre, il n'y a pas de grand repas sans construction d'une histoire et, parfois, d'une révélation. Et puis il y a ce qu'on appelle communément les "dîners en ville".

On pourrait juger que les commérages des Verdurin d'aujourd'hui ne valent pas les répliques acérées d'Aristophane aux brocards d'Alcibiade. Grosse erreur. En termes de platitudes ou de vacheries, les libations athéniennes ne cédaient certainement en rien aux dîners en ville contemporains. Autant de petits snobismes, faux paradoxes, affèteries diverses et avariées, contrefaçons conceptuelles et théories définitives qui vous clouent le bec avec la finesse d'un B52 larguant son chapelet de bombes. Pourtant, lorsque Socrate apparaissait dans la salle du festin, il apportait tout le contraire : l'aiguillon du doute, le refus des évidences, la faute de goût et la contradiction. N'importe qui, finalement, peut tenir ce rôle dès lors qu'il refuse de se laisser impressionner par les sophistes d'aujourd'hui, c'est-à-dire tous ceux qui se servent de la philosophie ou des sciences pour asséner un coup de massue dialectique qui masque (douloureusement pour l'agressé) leur absence de sincérité intellectuelle."   

Nos deux auteurs sont donc de joyeux drilles, ils nous donnent des clés pour survivre dans les dîners en ville. J'en cite quelques unes :
- Le rock a des fondements présocratiques,
- Le paradigme des flots bleus, 
- Etes-vous carbon neutral (mademoiselle) ?
- Le principe de Popper est-il aphrodisiaque ?
- In vino veritas (qui fera bien sûr l'objet d'une chronique),
- Je ne prends pas de dessert, je suis épicurien (...)

Pour en finir, le signataire de la Préface est un gus doté d'un prénom italien : Marcello et d'un patronyme Ecosso-Georgien : Yashvili-Mc Gregor (Jr), affublé d'une floppée de titres aussi fantaisistes les uns que les autres : 
- prix Nobel de philosophie (1987), 
- professeur invité au Corleone Collège (Cambridge), 
- professeur associé à la madrasa Michel-Foucault (Qom), 
- titulaire de la chaire de métaphysique quantique au Mexico Institute of Transdiciplinarity (MIT)
- son seul ouvrage : Ontologie du hasard , est publié par  les Presses académiques de Rostov-sous-le Don, 1979.

C'est une joyeuse imposture dans le mesure où le Nobel de Philosophie n'existe pas, ainsi que le Corleone Collège de Cambridge, que Qom, ville sainte du chiisme en Iran, n'a bien évidemment aucune Madrasa Michel-Foucault et, qu'enfin, c'est la physique qui est quantique et non la métaphysique. De plus Rostov n'est pas sous le Don mais sur...
   
J'adore ! 

Je ne suis pas sûr que nos brillants critiques littéraires aient pris le temps de relever la supercherie. Bravo les artistes car si nos philosophes s'adonnent à la légèreté : " l'essence du gruyère, c'est le fait d'être menacé, de l'intérieur, par une néantisation, c'est-à-dire les trous. Comme l'expliquait un amoureux des syllogismes tordus : "Plus il ya de gruyère, plus il y a de trous ; plus il y a des trous, moins il y a de gruyère ; donc plus il y a de gruyère, moins il y a de gruyère." nous allons pouvoir les accueillir à l'ABV. 

 Adhérez à l'A.B.V c'est bon pour la santé...image005-copie-1.gif

 
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15 février 2008 5 15 /02 /février /2008 12:00


Je ne résiste pas au plaisir de publier la lettre qui m'a été adressée, depuis Maury, par Marie Calvet. Elle a été mise en ligne sur le blog de JC Thunevin. http://www.thunevinblog.com/article-16630362.html 
Pour moi, elle est la démonstration que, même dans les situations les plus difficiles, tout reste toujours possible si des hommes et des femmes prennent leur destin en mains. A ma petite échelle, avec le futur président de la cave coopérative, Paul Armingaud, c'était la teneur de mon propos aux viticulteurs de Maury, contre les tenants de l'immobilisme, ce vendredi soir, à la salle Omnisports. J'en garde un souvenir fort et la conviction profonde que le devoir de vérité est du à ceux et celles qui, dans leurs vignes, leurs caves, le quotidien de notre viticulture. Rien n'est jamais acquis, rien n'est jamais perdu. 

Jeudi 14 février 2008

Berthomeau / Marie Calvet et Vinisud !


M. Berthomeau,
 
Nous nous rappelons aussi très bien de votre venue à Maury. Vous avez été reçu, vous l’avez dit par une  assistance nombreuse. Ces hommes et ces femmes étaient à l’époque inquiets de la situation, découragés, las. Pire, ils ne croyaient plus en ce qui avait représenté toute une vie pour certains, l’avenir pour d’autres : leur métier, la vigne.
 
C’est dans ces circonstances que vous avez fait connaissance avec Maury.

Peu après votre venue, une nouvelle équipe dirigeante a pris la tête de la coopérative. Oh, le changement ne s’est pas fait en douceur, bien qu’une grande majorité des coopérateurs aient donné leur confiance à Paul Armingaud et son équipe. Mais peu à peu, grâce à des décisions justes et une ligne de conduite inflexible, la situation s’est améliorée. Mise en place d’un cahier des charges, lignes de rémunérations différentes en fonction de la qualité des apports, meilleur choix des partenaires commerciaux ont été des stratégies qui ont porté leurs fruits en quelques années. Bien sur, il y a aussi eu des licenciements, des sacrifices à faire, tant au niveau du personnel que des coopérateurs. Mais aujourd’hui, la situation financière de la cave est assainie et les rémunérations aux coopérateurs ont recommencé à augmenter.
 
Bien qu’ayant quitté la Cave coopérative en 2004, pour poursuivre notre chemin avec Jean-Luc, nous avons gardé avec elle d’excellentes relations, commerciales comme amicales. 

Il en va de même de nombreuses autres caves particulières. Cette entente entre producteurs est même devenue un atout puisque a été crée en 2007, à l’initiative de la municipalité, La Maison du Terroir et son association regroupant une vingtaine de caves particulières et la Cave Coopérative dans le but de promouvoir les vins de Maury autour d’un bar à vin et d’un restaurant de qualité.

Alors bien sur, aujourd’hui, il y a encore quelques individus (les innommés ..?) qui croyant pouvoir s’exonérer de leurs fautes passées tentent d’enrayer cette mécanique de la réussite qui est en place à Maury et qui n’est pas de leur fait.
 
Mais, le fait est, Monsieur Berthomeau, que si vous reveniez aujourd’hui à Maury (et je souhaite que cela soit possible) vous seriez certainement accueilli par les mêmes personnes qu'il y a quelques années ; la différence, c’est ce que vous trouveriez dans leurs yeux : la fierté ! La fierté de pouvoir faire le métier qu’ils aiment et en vivre. 
Maury, nouvelle St Emilion du Roussillon ? Le Chateauneuf du Sud ? Nous y croyons !  Nous en avons aujourd’hui retrouvé l’ambition! Parce que des hommes comme vous et comme Jean-Luc Thunevin ont commencé à y croire et à nous convaincre que c’était possible.
 
Revenez nous voir, Monsieur Berthomeau, Maury a retrouvé son âme.  

Vinisud  : 18-19-20 février 2008
 
Ce salon des vins qui se tient tous les 2 ans à Montpellier est devenu un incontournable, donc nos vins de la gamme Calvet-Thunevin y seront présents cette année, avec 1760 autres exposants !
Pour nous trouver :  Hall 1 Allée E  Stand 3, nous y seront en compagnie du Domaine Pouderoux de Maury et du Domaine Séguela de Rasigueres.
Pour représenter le Domaine Calvet – Thunevin : Marie et Jean-Roger Calvet ainsi que Catherine Manuaud et Laurent Barbier sauront vous faire goûter nos productions actuellement à la vente et tenteront de trouver de nouveaux clients pour les pays où nos vins ne sont pas encore distribués

 
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15 février 2008 5 15 /02 /février /2008 00:09
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L'homme tranchait dans le paysage languedocien du vin, Robert Skalli parlait d'avenir, le nourrissait d'une approche fondée sur les grandes tendances, sur l'évolution des modes de vie, sur ce qui naissait ailleurs, dans les pays dit du Nouveau Monde. Notre complicité fut immédiate, son goût et sa passion pour l'art contemporain et des artistes dérangeants tels JM Basquiat, Andy Warhol, Soulages... me le rendait très proche. Eclectique, novateur, chaleureux, moderne, entrepreneur du vin - dans la France et le Languedoc des années 80 c'était péché mortel - Robert Skalli, sut, contre vents et marées, défiant les sourires goguenards de ses confrères et l'éternel scepticisme des vignerons, faire triompher les cépages, jeter les bases du partenariat. Les Vins de pays d'Oc lui doivent beaucoup. Je l'avoue, sur mes tablettes du groupe stratégique, ce fut son nom qui s'imposa en premier. A la veille de Vinisud, il me fait l'extrême plaisir de répondre aux 3 Questions de Vin&Cie. Merci Robert.

1ière Question : Robert Skalli, j’en ai été le témoin dans les années 80, tu as été, avant tout le monde, l’homme qui a cru et promu les cépages dans le Languedoc. Tu as été aussi le vecteur privilégié des Vins de Pays d’Oc qui fêtent leur 20 ans. Alors, à la veille de la 8ième édition de Vinisud qu'elle est ton analyse de la situation de South of France ? Cette grande et belle région est-elle le meilleur atout de la France du vin ?
 
Réponse de Robert Skalli :

Skalli présent en Languedoc, à Chateauneuf-du-Pape, en Corse et bientôt en Provence se positionne comme la Famille de référence des vins du Sud de la France.
 
Nos marques vins de cépage et A.O.C. (Fortant, Couleurs du Sud, Caves St Pierre, Terra-Vecchia, …) enregistrent une progression de 23% en 2007. Par ailleurs, nos grands vins se développent de façon significative auprès de la restauration gastronomique et des cavistes.
 
Enfin avec 60% de nos ventes hors France et 29% de nos ventes dans le secteur traditionnel, nous avons les moyens de participer à construire avec ambition la réputation du Sud de la France sur les grandes tables dans de nombreux pays. C’est pourquoi, pour la Famille Skalli, cette grande et belle région du Sud de la France est le meilleur atout de la France du vin.
 
 
2ième Question : « Son vin tient parole » comme toujours Robert Skalli tu t'engages, tu signes tes vins. Parle-nous de tes vins, de tous tes vins, des ambitions de la famille Skalli pour l’avenir.

Réponse de Robert Skalli :
 
A l’origine de tous nos vins : Nos Valeurs.
 
La Famille
Source de chaleur et d’humanité méditerranéenne. Elle est garante de la transmission d’une tradition et d’un savoir faire ancestral.
 
L’esprit pionnier et conquérant
Transmis par trois générations, il anime notre passion pour la découverte de terroirs et la création de vins contemporains à l’exemple des premiers vins de cépage français.
 
L’ancrage profond dans les régions de production
Le respect de l’origine des raisins, de la terre de naissance, de la différence des terroirs, des climats, des cépages pour enfin créer et élever avec patience et passion notre vin.
 
L’écoute permanente des consommateurs
Imaginer des vins authentiques qui conjuguent qualité, accessibilité et modernité.
 
Enfin concernant l’ambition de la Famille Skalli, elle est de découvrir de nouveaux terroirs en priorité dans les grandes régions viticoles des pays méditerranéens mais aussi d’Amériques pour en révéler toute la richesse et la typicité dans des vins séduisants et contemporains.

 3ième Question : Robert Skalli c’est à l’homme de vision que je m’adresse, à l’amateur d’art contemporain, celui qui au sein du groupe stratégique a toujours plaidé pour que le vin français soit, comme ses concurrents du Nouveau Monde, plus à l’écoute de son temps, qu’elle est ton analyse des grandes tendances du marché mondial du vin ?

Réponse de Robert Skalli :

 
De très nombreux pays produisent d’excellents vins. La France est et sera un des grands « Joueurs » dans la compétition mondiale. Mais il faut savoir clairement identifier son terrain de jeu.
 
1.      Les Entreprises
 
Trois catégories existent :
 
·       Les vignobles et les vignerons de luxe : ils sont très connus, rares et prestigieux. Ils produisent des vins souvent hors de prix, mais qui trouvent toujours plus d’acheteurs. La demande est très soutenue en particulier avec les riches nouveaux consommateurs des pays émergeants (Asie, Inde, Russie, Amérique du Sud).
 
·       Les grands groupes internationaux ( entre 10 et 20 ) : ils sont australiens, américains, italiens, mais aussi français. Ils ont souvent un grand contrôle d’un réseau mondial de distribution.
 
·       Les grandes familles du vin  ( entre 100 et 200 ) : elles sont présentes dans les plus grandes régions viticoles du monde., elles associent expertise de leur terroir et excellente connaissance des marchés mondiaux. C’est dans cette dernière catégorie que Skalli se trouve.
 
 
2.      Les vins
 
A chaque catégorie d’entreprises correspond les vins :
 
·        Les vignobles et les vignerons de luxe continueront au 21e siècle à produire des vins de plus en plus rares et de plus en plus chers.
 
·        Les grands groupes internationaux développeront des marques de plus en plus puissantes qui dépasseront souvent les 10 millions de caisses par marque.
 
·        Les grandes familles du vin conjugueront origine, terroir, qualité, mais aussi marque, signature, prix accessible et surtout permanence de la qualité et des prix afin de permettre aux consommateurs de découvrir et mieux comprendre une région de production dans cette vaste compétition mondiale.
 
 
En conclusion, je suis très optimiste pour le drapeau France dans cette dure compétition mondiale si l’on maîtrise la qualité de ses vins, ses réseaux commerciaux et surtout si l’on sait construire ses marques, …. Bref il n’y a définitivement plus de place pour l’amateurisme.
 
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14 février 2008 4 14 /02 /février /2008 00:02

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Le Rapport annuel de la Cour des comptes, pour le grand public, se résume à quelques sujets croustillants aux journaux de 20 heures de la sacro-sainte télé. Ensuite : rideau ! Qui a envie de se taper l'aridité des 941 pages des incorruptibles messieurs-dames de la rue Cambon, les boeufs-carottes de l'argent public ? Pas grand monde bien sûr. Alors moi, bon petit soldat de la République, je m'y colle avec modération. 

Ce matin je me suis arrêté sur les pages 804 à 808, du Rapport Annuel 2008, traitant des CVO des Interprofessions Agricoles. Je vous livre l'information brute et, même si vous la trouvez peu appétante, lisez-là, stockez-là dans vos dossiers, ignorez-là si vous le voulez mais ne venez pas ensuite vous plaindre ou râler sur le thème : on nous cache tout, on nous dit rien. Bonne lecture.

Les cotisations volontaires obligatoires prélevées par les interprofessions agricoles
 
Le contrôle des interprofessions agricoles avait conduit la Cour à constater un manque de rigueur dans l’application de la loi du 10 juillet 1975 qui encadre le fonctionnement de ces organismes regroupant tous les acteurs économiques d’une filière (producteurs, transformateurs, négociants…) autour de missions d’intérêt commun.
Trop souvent, les accords dont l’extension était demandée aux pouvoirs publics - afin notamment de rendre obligatoire pour tous les membres d’une filière le prélèvement de cotisations décidées par l’organisme (d’où l’appellation paradoxale de « cotisations volontaires obligatoires », les CVO) - demeuraient imprécis sur la nature des actions que ces cotisations devaient financer ainsi que sur les hypothèses conduisant à la détermination du taux de prélèvement. Les ministères chargés de l’agriculture et des finances étaient parfois conduits à étendre des accords sans avoir reçu les informations nécessaires à leur juste appréciation. La Cour recommandait donc que l’Etat applique plus strictement le principe interprofessionnel, notamment durant la procédure d’extension des accords.
 
Dans sa réponse, le ministre de l’agriculture et de la pêche avait « pris bonne note des observations de la Cour concernant un contrôle plein et entier de l’utilisation du produit des CVO » et avait indiqué avoir proposé au ministère des finances, qui l’avait accepté, « la rédaction d’un guide commun d’instruction et de suivi des accords interprofessionnels, qui fixerait notamment l’ensemble des éléments du contrôle à opérer dans ce cadre ».
 
Ce guide, qui prend la forme d’une instruction interministérielle signée le 15 mai 2007, contient plusieurs éléments qui répondent aux observations de la Cour et améliorent les procédures de prélèvement des CVO. Néanmoins, certaines questions importantes liées au prélèvement des cotisations volontaires obligatoires demeurent en attente de réponse, notamment celle relative à l’absence de notification de ces cotisations à la Commission européenne et celle relative à la nécessaire harmonisation entre les divers organismes interprofessionnels, regroupements de droit privé, et les offices agricoles, établissements publics, dont les compétences se recouvrent en partie.
 
La Cour avait relevé que certains accords avaient été étendus alors que le flou de leur rédaction ne rendait pas possible la vérification de leur conformité avec les dispositions du code rural.
 
L’instruction indique que les accords dont l’extension est demandée doivent détailler « de manière exhaustive » les actions que viendraient financer les CVO envisagées. Cette description, rappelle l’instruction, « ne doit pas être une simple reprise des missions statutaires de l’interprofession ». La direction générale des politiques économique, européenne et internationale du ministère chargé de l’agriculture ainsi que la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes du ministère chargé de l'économie, conjointement responsables de l’extension des accords, sont donc désormais en mesure de rejeter les accords vagues ou imprécis. La Cour avait relevé que les CVO venaient parfois abonder sans nécessité les réserves financières déjà élevées des interprofessions.
 
L’instruction indique que l’extension d’un accord est subordonnée à la vérification des actions effectivement financées par CVO lors de la précédente campagne, ainsi qu’à l’appréciation par l’administration de la cohérence du taux de cotisation avec la nature des actions envisagées. Si cette procédure est appliquée avec rigueur, elle est de nature à éviter que des CVO soient perçues sans justification.
 
La Cour avait relevé que la représentativité des organisations membres d’une interprofession, condition nécessaire pour que l’extension d’un accord interprofessionnel ne relève pas d’un abus de pouvoir, n’était pas suffisamment vérifiée.
 
L’instruction apporte une amélioration, puisqu’il est désormais prévu de vérifier la représentativité d’une interprofession à chaque fois qu’une de ses organisations professionnelles viendrait à démissionner. Cependant, la question ne se limite pas aux évolutions liées à d’éventuelles démissions ; il peut y avoir modification de la représentativité sans que change la composition de l’interprofession et l’instruction n’apporte pas de réponse sur ce point.
 
La Cour avait relevé qu’une certaine opacité entourait les accords étendus, dont la consultation n’était possible qu’en se rendant au ministère de l’agriculture ou au siège de l’interprofession.
 
L’instruction prévoit de rendre publics, sur le site Internet du ministère de l’agriculture, les accords professionnels étendus. Une fois effective, cette mesure contribuera à lever l’opacité dénoncée par la Cour.
 
La Cour avait relevé que les interprofessions finançaient parfois, sans fondement évident, les organisations professionnelles qui les composent.
 
L’administration exige désormais, en préalable à toute extension, la liste des conventions de service passées par les interprofessions avec des tiers pour la réalisation des actions financées par CVO. Cela devrait permettre un premier contrôle de l’utilisation des fonds, afin d’éviter notamment que les interprofessions n’invoquent des motifs contestables pour justifier le reversement aux organisations professionnelles qui les composent d’une partie des cotisations perçues.
 
RÉPONSE DU MINISTRE DE L’AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE (extrait)
 
La Cour avait constaté une similitude entre les rôles et les rapports entretenus entre ces diverses structures, compte tenu de la composition très similaire de leurs conseils d’administration (les mêmes membres y siègent), qui seraient de nature à entraîner des conflits d’intérêt. Dans la pratique, il est constaté qu’en matière de promotion par exemple, les financements sont assurés essentiellement, et dans des proportions qui peuvent représenter jusqu’à 50 % de leur budget, par les interprofessions elles-mêmes .En tout état de cause, lorsque les offices contribuent à une action menée par des interprofessions, c’est toujours en complément des financements apportés par ces dernières. Il faut ajouter que la logique d’intervention de ces organismes est différente : mise en œuvre de politiques publiques pour ce qui concernent les offices agricoles, libres décisions des organisations professionnelles dans le cas des interprofessions.
 
Enfin, comme l’avait d’ailleurs remarqué la Cour dans son rapport 2006, le champ d’intervention des interprofessions est amené à s’élargir à de nouvelles missions, en raison des évolutions engagées ou prévisibles, tant au plan national (loi d’orientation agricole) que communautaire, alors que celui de l’Etat, et des offices agricoles en particulier, tend à se recentrer. A ce titre, l’évolution des établissements publics agricoles fait actuellement l’objet d’une réflexion approfondie dans le cadre de la révision générale des politiques publiques.
 
 
RÉPONSE DU MINISTRE DU BUDGET, DES COMPTES PUBLICS ET DE LA FONCTION PUBLIQUE (Extrait)
 
Sur l’articulation entre les interprofessions et les offices agricoles.
 
La clarification des rôles respectifs des interprofessions et des offices agricoles s’avère en effet nécessaire afin d’éviter que leurs compétences ne se recouvrent. Les décisions du premier Conseil de modernisation des politiques publiques le 12 décembre dernier, relatives d’une part à la fusion de l’AUP et du CNASEA et d’autre part au regroupement des offices d’intervention agricoles, devraient être l’occasion de redéfinir les lignes de partage. De façon générale, il serait souhaitable de circonscrire le rôle des structures publiques aux actions qui ne peuvent être menées de manière efficace par les interprofessions. La réflexion sur la gouvernance des filières agricoles engagée dans le cadre des Assises de l’agriculture et les propositions que la France pourrait être année à faire en matière d’adaptation du droit de la concurrence aux spécificités du secteur agricole peuvent aussi être l’occasion d’un réexamen des interventions des offices et des interprofessions.
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13 février 2008 3 13 /02 /février /2008 00:01
image_39245057_144_108.jpgFrançois Cluzet, dans l’excellent film « Les liens du sang » qui vient de sortir sur les écrans, baccantes et cheveux longs, joue un taulard minable, plutôt sympathique, qui pour transformer sa conditionnelle en libération définitive accepte un boulot de manutentionnaire à l’Intermarché du coin. Nous sommes dans les années 70, la préhistoire des grandes surfaces, elles sont bordéliques, sans paillettes ni musique d’ambiance, la clientèle pousse le chariot, mâles y compris, pour se désennuyer en des lieux qui vont devenir les temples de la consommation populaire. Après « le dimanche à Orly » de Gilbert Bécaud c’est le temps où Dutronc, le play-boy décalé débite sur un tempo goguenard   : « le dragueur des supermarchés »

Le chéri des libres-services
Qui libère les prix et les cœurs
D'un petit tour, d'un petit tour, d'un petit tour de tournevis,
L'amoureux des grandes surfaces,
Celui qui, au rayon d'en face,
Vend des attrapes, vend des attrapes,
Vend des attrapes et fait des farces.
Il est sympa et attirant
Mais, méfiez-vous: c'est un truand
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Reste le dernier acte du périple grandsurfacien, en file indienne c’est le passage à la caisse. Le choix de la file, pour la gente masculine, ne doit souvent rien à la rationalité : longueur de la queue, rythme du débit, mais s’apparente aux manœuvres d’un prédateur : jeter son dévolu sur la proie la plus appétissante. Combien d’idylles se sont nouées en ce couloir où, en surplomb les regards masculins cherchaient sous les blouses courtes, on était au temps des mini-jupes, les appâts des belles et girondes caissières qui s’échinaient à déchiffrer les étiquettes. Un sourire, un lieu de rencart griffonné sur un bout de papier, un compliment chuchoté, et comme on le disait avec finesse en ces temps reculés : « emballé c’est pesé… » Cluzet, dans le film, séduit une oie blanche romantique avec le panache des mauvais garçons.
Et puis les supermarchés encore coincés dans le cœur des villes ont été supplanté par les hypermarchés, hors la ville, parkings immenses, galeries marchandes et tout, ou presque, à portée de chariots. L’enfilade des caisses sous le scialytique des néons a un parfum des « Temps Modernes » de Chaplin. Tout pour la productivité et, le code barre aidant, nos caissières, en une rythmique syncopée, forme encore humaine du robot, devenaient transparentes. Tout le monde, où presque, est pressé. Plus de temps à perdre, les canapés attendent les culs posés devant la télé. Sans doute reste-t-il encore quelques vieux briscards de la drague grandesurfacienne mais, tels des Dutronc amortis, Perfecto, Ray Ban et santiags obsolètes, ils traînent leur ennui et leurs souvenirs au rayon lingerie avant d’échouer sur la rive des caisses, frôlés par de jeunes patineurs qui zigzaguent, ignorés par les jeunettes qui n’ont d’yeux que pour leurs idoles de carton-pâte de la Star Academy.
 
George J.Laurer, ingénieur électricien, engagé par IBM, en 1969 se voit attribuer la tâche de créer un code et un symbole d’identification des produits pour l’Uniform Grocery Product Code Council, organisme regroupant des gros épiciers américains. Sa solution, l’Universal Product Code (UPC traduit en français par code universel des produits) bouleverse le monde de la distribution. Il améliore ensuite ce code en lui ajoutant un 13ième caractère, créant ainsi le Code-barres EAN, qui est devenu le standard mondial. Il est connu en France sous le nom de GENCODE, à tort, puisque GENCOD était le nom de l’organisme français chargé de sa régulation nationale. L’EAN est composé de 8 ou 13 chiffres représentés sous forme de séquences de barres noires et blanches formant un code à barres. Les codes EAN 8 sont réservés à l’usage sur des produits de petite taille, les EAN 13 sont utilisés sur tous les autres produits.
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Bref, la cérémonie du 30ième anniversaire a été célébrée en grande pompe devant plus de 700 personnes par les grands prêtres de la consommation : Jérôme Bédier de la FCD et Olivier Desforges président de l’ILEC (organisme regroupant les grands de l’industrie de Consommation) – à noter qu’Olivier Desforges fut au temps où je sévissais à la SVF le directeur du marketing de cette société. Il est aujourd’hui la tête à claques de Michel-Edouard Leclerc – et dans une grande envolée, Pierre Georget, directeur de GS 1 l’organisme qui gère le code à barres, déclarait « avec l’Internet, le code à barres restera probablement l’une des plus grandes inventions du 20ième siècle… »  et moi je pensais, avec tristesse, que ce petit machin tout noir, en réalité, n’était que la page de garde du faire-part de décès de nos caissières chéries. Vive l’Internet des Objets ! Mais c’est une autre histoire que je vous conterais, pour l’heure, délaissant le champagne et les petits fours de la commémoration, je me rends dans le dernier bistrot du coin siroter un vin chaud en rêvant du temps où un simple bonjour pouvait être le premier pas d’un grand amour… 

  
http://caissierenofutur.over-blog.com/

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