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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 00:00

Il est de bon ton dans les milieux œnophiles de notre doulce France d’ironiser sur le Top 100 du Wine Spectator, considéré au mieux comme le summum du n’importe quoi : forme moderne du mélange des torchons et des serviettes, au pire comme l’un des instruments de la volonté de domination impérialiste sur le monde du vin des Yankees. Qu’il y ai dans cette vision une part de vérité c’est incontestable mais pour autant ceux qui ne prennent pas la peine d’ausculter ce classement du Wine Spectator ont tort car il est révélateur lorsqu’on l’examine année après année d’un étrange mélange de versatilité et de continuité, surtout cette année où le brutal désamour vis-à-vis des vins français couplé avec un rebond exceptionnel des vins italiens et un retour à l’isolationnisme traditionnel des américains en période de crise qui se traduit par un retour en force de leurs vins. Cependant, l’information principale de ce Top 100 est le dégonflement vertigineux du coût du panier (prix unitaire x les 100 vins). C’est plus que spectaculaire ça avoisine la pure dépression.
- Un matin de la semaine dernière je me suis éveillé en me disant : " Tiens je m'achèterais bien un Van Gogh ! " Et puis finalement j'ai acheté un footballeur.

En 2008 : 5191 $, en 2009 : 3980 $ soit un différentiel de 1211 $ soit 23,33% donc pratiquement 1/4 soit un chiffre se rapprochant de 2007 : 4049 $.

Les gros prix ont fondus au soleil :

-         en 2007 : 7 vins à 100 $ et plus dont 1 à plus de 200 $ soit 157 $ la bouteille en moyenne.

-         en 2008 : 11 vins à 100 $ et plus dont 2 à plus de 200 $ soit 110 $ la bouteille en moyenne.

-         en 2009 : 7 vins à 100 $ et plus et aucun à plus de 200 $ soit 130 $ la bouteille en moyenne.

Les plus de 200 $ étant français.

L’isolationnisme américain joue à plein en 2009 puisque 35 vins US entrent dans le Top 10 chiffre jamais atteint ces trois dernières années par aucun pays : en 2008 la France trustait 31 places. La déprime des prix s’exprime bien dans le prix moyen des bouteilles US classées dans le Top 10 : 36,50 $ et 17 sur 35 coûtent moins de 30 $. Pour la première fois un vin à moins de 10 $ entre dans le classement à la 66ième place : Barnard Griffin Riesling Columbia Valley 2008 8 $.

Le principal bénéficiaire du « déclin français » 24 vins en 2007, 31 en 2008 et 17 en 2009 est l’Italie qui passe de 13 vins en 2007 à 16 en 2008 et 19 en 2009. Le prix moyen de la bouteille italienne est de 44,30 $.

Le podium place un vin US en tête : Columbia Crest Cabernet Sauvignon Columbia Valley Reserve 2005 27 $, puis un vin Espagnol : Numanthia-Termes Toro Termes 2005 27 $ et enfin le Châteauneuf du Pape de service : Domaine du Vieux Télégraphe la Crau 2007 70 $. Un podium somme toute modeste, la bouteille moyenne à 41 $ bien dans le ton de la déprime de nos goûteurs étasuniens. À titre de comparaison en 2007 la bouteille moyenne du podium était à 71 $ et en 2008 à 54,6 $ et ce sont toujours les vins français qui font augmenter la moyenne.

Pour en revenir à notre beau pays, outre notre déclin numérique, nos vins en dehors de celui du podium sont relégués dans les ténèbres extérieures :

31ième Domaine St. Préfert Châteauneuf-du-Pape collection Charles Giraud 2007 75 $

40ième Château Haut-Bages-Libéral Pauillac 2006 39 $

42ième Clos des Papes Châteauneuf-du-Pape 2007 115 $

55ième Trimbach Riesling Alsace 2007 18 $

64ième Château Léoville Barton St Julien 2006 75 $

75ième M.Chapoutier Côtes du Roussillon-Villages Les Vignes de Bila-Haut 2008 14 $

76ième Clos La Coutaie Cahors 2007 14 $

84ième Château Malmaison Moulis 2006 18 $

85ième Domaine de Montvac Vacqueyras 2007 21 $

86ième Mas du Soleilla Coteaux du Languedoc La Clape Les Bartelles 2007 35$

89ième Perrin&fils Vinsobres les Cornuds 2007 22 $

94ième JF Gonon Pouilly-Fuissé Veilles Vignes 2007 30 $

95ième Louis Roederer Brut Champagne Premier NV 43 $

96ième Château Ducru-Beaucaillou St Julien 2006 145 $

98ième Bonneau du Martray Corton-Charlemagne 2006 150 $

100ième Les Vins de Vienne Vin de Pays des Collines Rhodaniennes Sotatum 2007 66 $

La vallée du Rhône reste l’enfant chérie du Wine Spectator : 3  Châteauneuf-du-Pape, 1 Vacqueyras, 1 Vinsobres et 1 Vin de Pays des Collines Rhodaniennes. Le grand Sud avec le Roussillon-Villages et le La Clape à un prix qui n’est pas de « piétaille » tirent bien leur épingle du jeu. Malgré les deux plus hauts prix la Bourgogne et Bordeaux sont les grands perdants du classement. À noter le très joli prix du Vin de Pays qui occupe une place très visible : la dernière. Les prix sont aussi pour la plupart des vins dans la tonalité de ce Top 100 post crise. Petite curiosité à la 50ième place : Tablas Creek Esprit de Beaucastel Paso Robles 2006 fruit de l’alliance des Perrin et de Robert Haas Vineyards. Brands

En résumé :

USA : 35 vins dont 23 dans les 50 premiers, 4 dans les 10 et 9 dans les 20

Italie : 19 vins dont 14 dans les 50 premiers, 4 dans les 10 et 8 dans les 20.

France : 17 vins dont 4 dans les 50 premiers, 1 dans les 10 et 1 dans les 20.

Australie : 8 vins dont 2 dans les 50 premiers.

Espagne : 6 vins dont 1 dans les 50 premiers et 1 dans les 10.

Nouvelle-Zélande : 3 vins dont 2 dans les 50 premiers

Autriche : 3 vins dont 1 dans les 50 premiers

Argentine : 2 vins dont 1 dans les 50 premiers.

Portugal : 2 vins dont un dans les 50 premiers

Hongrie : 1 vin dans les 50 premiers

Allemagne : 2 vins dans le Top 100

Chili : 1 vin dans le Top 100

Afrique du Sud : 1 vin dans le Top 100

Pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient faire des comparaisons avec le Top 100 de 2007 et de 2008 vous pouvez consulter :

-          « Petites notations sur les notes du Top 100 de Wine Spectator's » http://www.berthomeau.com/article-14382998.html

-         « Cocorico ! Le Clos des Papes number one du Top 100 de Wine Spectator's » http://www.berthomeau.com/article-14371516.html

« Le Top de Wine Spectator's 2008 in Technicolor : la France tient son rang » http://www.berthomeau.com/article-25042080.html

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5 décembre 2009 6 05 /12 /décembre /2009 00:00

Rio, Kyoto et la semaine prochaine Copenhague, les tambours médiatiques roulent et tonnent. Les images grandiloquentes fleurissent : « Je pense aux traités de Westphalie au XVIIe siècle » proclame Benoît Faraco de la Fondation Hulot. Les news magasines se verdissent, tel le Nouvel Obs. jamais en manque d’un ripolinage à bon compte, confie à Cohn-Bendit le poste de rédacteur en chef. Greenpeace, après avoir dépoilé dans les vignes se rue dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale. Bref tout le monde glose, tribunelibrise, le débat fait rage entre les experts du GIEC et les climato-sceptiques. Bien évidemment sur cet espace de liberté je ne vais pas rajouter au barouf mais dire que tout est possible si chacun y met du sien. Bien sûr certains me rétorqueront que ce n'est pas l’addition de petits riens qui contribuera significativement à réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique. J'en conviens mais il est si facile de signer des pétitions, de manifester, de protester, tout en continuant à vivre si je puis m'exprimer ainsi, salement, c'est-à-dire sans s'appliquer à soi-même ce que l'on demande aux fameux autres. 

Je vis depuis 1975 dans le Petit Paris enserré par un double périphérique et cerné par de mornes ou de luxueuses banlieues. Très vite j’ai fait le choix du vélo car les transports publics aux heures de pointe sont des bétaillères nauséabondes et inconfortables. Pour autant je ne suis pas un écologiste. Je n’ai jamais voté vert. Pour autant aussi j’estime que les villes ne sont pas faites pour être engorgées par des véhicules à moteur à explosion. Depuis fort longtemps tous les véhicules publics : poste, EDF-GDF, Ordures ménagères, bus, ambulances, police, voitures officielles etc. parcourant de courtes distances en ville et en capacité de recharger des batteries en des points de stationnement devraient être électriques ou au moins mixte. Même tarif pour les véhicules de livraisons et une bonne part des taxis. L’effet de masse, réduisant les coûts de production et permettant la recherche-développement, le permettait. De même le tout transport routier au détriment de l’approche ferroviaire participe à l’horreur des litanies de camions venant contourner Paris au plus près. La SNCF, même avec ses pesanteurs, lorsqu’un vrai défi lui est lancé, tel celui du TGV, aurait pu le relever. Bien au contraire, la paresse intellectuelle, le choix de la facilité nous ont conduit à l’absurdité de l’engorgement des grandes métropoles urbaines. Dieu que Paris est agréable après 21 heures. Il m’arrive parfois, lorsque je me rends dans un lieu mal desservi dans Paris ou en banlieue, avec ma Twingo (si la petite voiture électrique existait j’en aurais une)  de prendre un réel plaisir à conduire. À l’origine la voiture individuelle symbolisait la liberté. Quand je vois toutes ces bagnoles, culs à culs, emplies de gus et de nénettes surexcités, je ne peux m’empêcher de penser que beaucoup d’entre eux, en dehors des éternelles fausses bonnes raisons invoquées pour se justifier, pourraient aller et venir autrement dans Paris.

Tout ça pour vous offrir en ce premier samedi de décembre quelques minutes de poésie un brin nostalgique avec la chanson de Nino Ferrer : « La Maison près de la fontaine » et pour ceux qui aimait Nino Ferrer allez sur son site www.nino-ferrer.com 

La maison près de la fontaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est le progrès.Et c'est normalCe n'est pas si malL'essence, la guerre, la sociétéMais ça sent l'hydrogène sulfuréLes arbres ont disparuA fait place à l'usine et au supermarchéLa maison près des H.L.MAvec les petites filles et les canards.On se baignait tout nu, tout noirOn allait à la pêche aux écrivisses avec monsieur le curéLes guêpes et les nids des oiseauxAutour il y avait le silenceL'automne, l'enfance, l'éternitéEt le désordre et l'obscuritéSentait la confitureCouverte de vigne vierge et de toiles d'araignée
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4 décembre 2009 5 04 /12 /décembre /2009 00:03

 

Certes je suis irrévérent mais je n’en reste pas moins toujours soucieux de politesse à l’égard de ceux sur qui ma plume se laisse aller à quelques facilités. Frédéric Rouvillois dans son Histoire de la politesse de 1789 à nos jours publié Champs histoire Flammarion, dans l’un de ses chapitres intitulé : les sanctuaires de la politesse, en cite un : la noblesse, l’authentique bien sûr, qu’il définit en citant un passage du Code éthique de la noblesse européenne : « La noblesse, constitue un ensemble de familles plutôt que d’individus. Sa spécificité est d’inscrire l’accomplissement personnel de ses membres dans une continuité familiale. Elle voit dans la famille la cellule de base de la société, le milieu idéal pour l’épanouissement des personnes et le véhicule par lequel se transmettent les valeurs qui lui sont propres. » Nous sommes loin des strictes et pures convenances, nous touchons à un état d’esprit, à un mode de vie qui peuvent apparaître à certains hors du temps mais qui pour moi, qui suis un fieffé mécréant, nous ramènent, chez les Lorgeril du moins, aux racines de l’authenticité.


  





L’Esprit de Pennautier
est le nom du grand vin des Lorgeril et cet esprit, par delà l’excellence du vin expression de son terroir et du savoir-faire de ceux qui l’ont fait, est bien celui du lieu, d’un château empreint d’Histoire, d’une demeure berceau d’une famille depuis des générations. Loin des images léchées des plaquettes touristiques, d’enluminures de pacotille, des superlatifs ronflants me voilà, ici, face à la rigueur un peu austère de la façade du château, en prise directe avec de l’authenticité, du vrai, de l’immuable revisité par les nécessités du temps.

 

 

En effet, une fois gravies les marches du perron tout est majesté mais aussi sobriété, rigueur et grandeur, seigneurial et familial, traces de l’Histoire, comme si Bernard et Pierre Louis de Rech de Pennautier venaient de convoquer pour moi Louis XIII qui y couchât, Molière qui y jouât, et me voilà exfiltré de mon quotidien, emplit du sentiment que cette patine du temps sur les murs, les meubles, les tapisseries, les tableaux vont marquer mon séjour ici, lui imprimer une trace unique loin de la décoration froide, formatée des grands hôtels modernes. Je suis à Pennautier, au château, non en touriste, mais en résident au sens de la villa Médicis et ce matin je me glisse dans la peau de John Malkovitch – c’est une figure de style facile mais je la trouve expressive – et je m’imagine, comme lui, en créateur d’une ligne de vêtements alliant la simplicité rustique du velours et du tweed à une touche de chic urbain, l’impossible mariage entre le discret et la couleur vive, le je ne sais quoi qui fait la différence pour que vous fussiez remarqué sans pour autant en jeter plein la vue à votre fiancée. Tout est prêt, il ne manque aucun bouton à la collection : action !


 

 

C’est dans la galerie Louis XIV que se fera mon défilé. C’est l’ancienne salle de bal du château, 200 m2 sous 6 mètres de plafonds peints. Elle est située au rez-de-chaussée dans l’aile Ouest du château. Atmosphère florentine où je déclinerai sur fond de la « Mama Morta » d’Andrea Chénier opéra d’Umberto Giordano les modèles de ma collectionCe choix musical est le fruit à la fois de mon amour infini pour le talent de Maria Callas et de l’émotion intense provoqué par l’audition de cet extrait dans le très beau film de Jonathan Demme Philadelphia (1993) avec un grand Tom Hanks et non du destin du poète André Chénier qui, au moment des massacres de septembre, arrivé au Havre refusa de s’embarquer et revint à Paris pour tenter d’arracher Louis XVI à l’échafaud et qui fut lui-même guillotiné le 7 thermidor deux jours avant l’arrestation de Robespierre.  


   

 

Sitôt le défilé terminé, les portes s’ouvriront et les invités pourront investir le salon Madame avec ses boiseries du XVIIIe siècle, le salon Choiseul avec au mur un grand tableau du dit Etienne-François de Choiseul ambassadeur puis secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères à la Guerre et à la Marine de Louis XV, pour se détendre autour d’un verre. Certains se réfugieront dans l’écrin de la bibliothèque pour converser ; d’autres s’attarderont dans le salon des porcelaines ; d’autres enfin s’égailleront dans le parc qui est de plain pied avec l’ensemble de ces prestigieux  salons. Ensuite je tiendrai une conférence de presse à l’Orangerie située à l’aile Est du château. Pour le déjeuner, autour des vins de Pennautier, nous sortirons de la cour du château par la grille qui donne accès au village et, tout en papotant nous nous rendrons à pied jusqu’au Restaurant du Château situé à 150 mètres. Simple et de bon goût, comme ma collection, nous nous attarderons et puis nous retournerons au château prendre le café dans le Salon d’Honneur du premier étage. Ensuite, quartier libre : certains gagneront leurs chambres, le château en dispose de 20, alliant confort et esprit du lieu, c’est la touche de Miren, chacune d’elle a sa personnalité, son âme et donne envie de s’y attarder. Quand viendra le soir nous dînerons dans la salle à manger du rez-de-chaussée, avec un feu de bois dans la cheminée. Nous converserons et laisserons l’Esprit de Pennautier nous habiter.
   

 

 

Sans tomber dans le dépliant touristique, ni l’hagiographie, force est tout de même de constater que loin des emballements récents pour l’oenotourisme et bien avant cet engouement, au château de Pennautier et autour du château, Miren de Lorgeril a décliné depuis quelques années avec beaucoup de talent, de professionnalisme et de ténacité, autour de ses vins, de ses terroirs, une palette d’offres d’une grande diversité : ses gîtes de charme, son restaurant-bar à vins simple et de bon goût, et plus récemment, la mise à disposition du château lui-même et de son parc pour de grands évènements : séminaires, réceptions, mariages avec, cerise sur le gâteau, 20 chambres restaurées avec un goût raffiné respectant l’esprit de Pennautier. (voir très belles photos en Wine New N°66 ) et www.chateaupennautier.com Sabine JACOBS tel +33 (0)4 68 72 76 96 port +33 (0)6 19 86 34 64 pour plus de renseignements.

 

 

 

 

 

À ce propos, permettez-moi de souligner qu’en notre beau pays, les défricheurs, ceux qui sans rien demander à personne vont de l’avant, sauf de rares exceptions, sont rarement mis en avant, comme si leur sens de l’anticipation, leur réussite aussi, donnait mauvaise conscience aux ouvriers de la 25ième heure. Redonner vie à un bâtiment historique, loin du pur luxe et de l’ostentation, mais en réponse à une demande, où le vin à sa place mais rien que sa place, participe à l’attractivité de nos territoires par la mise en place d’une offre adaptée à une nouvelle clientèle vecteur de notoriété pour la région. Plus clairement c'est montrer à tous ceux qui regardent le Languedoc avec hauteur, commisération, parfois comme SC avec dédain : la piétaille, que les vrais châteaux, sont bien plus que ceux du Bordelais porteurs d'Histoire. L'un des enjeux de ce nouveau joujou qu'est l'oenotourisme se situe dans cette capacité d'ajouter, d'élargir, de compléter l'offre et non de tomber dans le travers bien français de reproduire des schémas étroits forme de copié-collé d'une vision centrée exclusivement sur le vin.

 

 

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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 00:00

Comme notre Bojolo Nuovo l’a encore cette année une petite mine y faut lui donner un bon coup de main pour lui éviter le coup de pompe. Alors moi, comme je suis plutôt un bon zig, n’en déplaise à Beaujolyonnais, ce jeudi de premier anniversaire, quinze petits jours, de sa récente libération je m’amène avec un renfort de poids pour lui souffler dans les bronches. Que du lourd, des as de la lichette, des champions hors catégorie de la descente, des gars pas avares de bons et de gros mots, de droite à gauche sur la photo : le Grand Georges Brassens, l’icône du Beaujolais René Fallet « comment fais-tu l’amour cerise ? », l’inoubliable  Jean Carmet et l’unique Michel Audiard « faut pas parler aux cons ça les instruits ». Belle photo, non, avec au dos une dédicace de René Fallet à un certain Jacques Péchon : « La mouche est la plus belle conquête du papier collant » (Le triporteur). Mais Photo censurables par les hygiénistes : Audiard et Fallet cloppent et nos 4 larrons exhibent leur penchant pour la boisson.  













Proposition honnête
: si l’acquisition de cette photo intéresse un collectionneur je la mets aux enchères comme sur eBay : prière de me communiquer votre enchère via mon adresse e-mail
berthomeau@gmail.com Je ne lâcherai la photo si le prix proposé se rapproche de celui que j’ai déboursé pour l’acquérir.

 

(Le Beaujolais Nouveau est né en 1951 et le Triporteur de René Fallet a été publié en 1951 mais la photo est édité par Denoël qui a publié le livre dans sa collection J’ai lu en 1958 et enfin Brassens, né en 1921, semble avoir 50 ans sur la photo ce qui la daterait du début des 70)

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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 00:00


Afin que dans les temps futurs nos chères têtes blondes ne confondent pas Marie Brizard avec Marthe Richard – dite la veuve qui clôt, en référence à la loi du 13 avril 1946 fermant les maisons closes dont elle fut l’instigatrice – j’écris donc ce matin pour l’édification des jeunes générations trop souvent oublieuses des grandes sagas familiales, dans le cas présent l’histoire d’une dynastie marchande féminine. Marie Brizard, née en 1714 à Bordeaux, est la fille de Pierre Brizard, tonnelier de son état et bouilleur de cru. En 1755, elle fonde à 41 ans, avec son neveu Jean-Baptiste Roger, « une petite société d’anisettes et de liqueurs fines dont la production est entraînée par l’essor du commerce portuaire. » La société à l’origine est baptisée Marie Brizard&Roger. La Marie est demoiselle et restera « vieille fille » ce qui ne l’empêchera pas de « fonder une dynastie qui perpétue son nom ». Elle le fera par l’entremise de son frère Martial, « lui aussi artisan liquoriste, avant de s’installer à Bour-sur-Gironde pour se consacrer au négoce » dont la fille Jeanne (1754-1821) et son mari Pierre Dalheu, sitôt leur mariage en 1773 prendra la suite. Veuve à 20 ans  
Les veuves industrieuses : Amiot et Clicquot http://www.berthomeau.com/article-15288559.html -, soit un an après son mariage, « elle devient le deuxième « distillateur-liquoriste » de la famille. Cependant c’est une troisième femme, Anne Brizard, une nièce de Marie, la fille de son deuxième frère, qui « assura la pérennité de l’entreprise : en 1769, Jean-Baptiste Roger – le cofondateur – avait épousé Anne Brizard (1747-1820) resserrant ainsi les liens entre les deux familles. » En 1795, Jean-Baptiste Roger décède et « Marie et Anne se retrouvent propriétaires par moitié de l’entreprise. L’année suivante, Marie se retire des affaires et cède ses intérêts à sa nièce. Marie meurt en en 1801 à l’âge de 86 ans. En 1805, Anne se retire à son tour et cède la société à ses trois fils Jean-Baptiste-Augustin, Basile-Augustin et Théodore-Bernard Roger. L’entreprise familiale passe aux mains des hommes. Elle allait inventer Marie Brizard pour les besoins de la publicité. »

 

En mai 1993, l’Express, alors que Jacques Chaban-Delmas annonçait qu’il quittait la mairie de Bordeaux, posait la question : « Paul Glotin est-il un modèle pour Bordeaux? Ce Bordelais pur jus, représentant la huitième génération, a décidé de sortir l'entreprise familiale de sa léthargie. «Mes ancêtres ne se sont pas vraiment foulés. Marie Brizard devrait être aujourd'hui l'un des géants mondiaux des boissons.» Voilà l'ambition avouée de Paul Glotin. L'autre - devenir maire de Bordeaux - il la réfute. Pour l'instant. Son pari de chef d'entreprise est en passe de réussir: des usines en Espagne, un chiffre d'affaires de 1,8 milliard de francs dans une centaine de pays, et multiplié par trois en cinq ans. » Pour mémoire la branche Glotin entre dans la famille avec la cinquième génération quand Pierre Joseph Glotin épouse en 1856 Marie-Anne Suzanne Legrand arrière petite-fille de Jean-Baptiste Roger. Paul Glotin est entré dans la société en 1962  et, au faîte de sa gloire, il aimait plaisanter sur sa résistible ascension : « ou comment faire mentir le vieux dicton selon lequel une affaire serait ruinée par la troisième génération... » Et plus dure fut la chute. Le journal Sud-Ouest écrivait le 6 novembre de cette année, alors que le tribunal correctionnel de Bordeaux statuait sur l’accusation de « faux, usage de faux et abus de biens sociaux » et qu’il est reproché à Paul Glotin de s'être lui-même licencié de sa société en 1998 avec une fausse lettre de licenciement afin de toucher de confortables indemnités : «  Paul Glotin, c'est Marie Brizard canal historique. Le dernier membre de la dynastie familiale à avoir présidé la vénérable institution. En avril 1998, le conseil d'administration le révoque. Le groupe est endetté à hauteur de 950 millions de francs et ses méthodes autocratiques ne passent plus. Pour la première fois, c'est un homme totalement étranger au sérail qui est nommé pour le remplacer. »

 

La belle saga familiale tournait court et versait dans la chronique judiciaire comme si après de longues années plonplon la Belle au Bois Dormant shootée au Maxiton se retrouvait en bute à une palanquée de mauvaises fées s’acharnant sur elle.  Et puis il eut un répit, tout le monde la croyait sortie de l’ornière la « vieille dame » après le passage du grand sachem Éric Brousse. « En 2002, il prend la présidence du directoire du Groupe Marie Brizard & International, dans le rouge depuis des années. Son choix de diversifier les activités de la société dans le vin et de miser sur les liqueurs modernes, s'avère judicieux. Lorsqu'il quitte Marie Brizard en 2006, le groupe est redressé. Cette carrière, jalonnée de succès, lui vaut aujourd'hui une réputation de redoutable homme d'affaire. » Hélas, le groupe Belvédère qui met alors la main sur la « vieille fille », un groupe bourguignon, basé à Beaune, jusque-là essentiellement spécialisé dans la vente et la fabrication de vodka en Pologne, s’est lourdement endetté en émettant massivement des obligations à taux variable pour faire cette acquisition. La dette atteignant 560 millions, Belvédère a choisi l'an dernier la procédure de protection pour se mettre à l'abri de ses créanciers. Alors que « sur les neuf premiers mois de l’année, le groupe de spiritueux a enregistré une chute de 26,4% de ses ventes à 644,5 millions d’euros. Or, le plan table sur 1,27 milliard d’euros en 2009, soit une hausse de 7% ! De même, Belvédère mise sur un excédent brut d’exploitation de 50 millions d’euros (+113%) cette année, mais n’a dégagé que 6,3 millions au premier semestre. » le tribunal de commerce de Dijon vient d’approuver le plan de sauvegarde présenté par la maison-mère. Gagée par les créanciers, comme la quasi-totalité des autres possessions du groupe, la firme bordelaise est son actif le plus rentable et Marie Brizard devra être cédée avant le 30 juin 2010, au lieu de la fin d’année 2011 prévu originellement. Cette vente, attendue à 300 millions d’euros, devrait dégager un revenu net de 235 millions. Le jugement rappelle que « la réussite du plan «réside sur la capacité qu’aura le groupe à respecter son programme de cession d’actifs et à réaliser les opérations en capital prévues, dans les délais et conditions conformes au plan »

 

Bref, qui rachètera la «vieille fille »de la rue Fondaudège bien malmenée depuis quelques années ? Des noms circulent comme toujours : La Martiniquaise de JP Cayard en tête, alors suite du feuilleton au prochain numéro en espérant que la « vieille fille » requinquée surmonte son retour d’âge sans pour autant pouvoir se prévaloir du titre très recherché de « veuve joyeuse ».

 

Note : les éléments historiques sur Marie Brizard sont tirés de l’ouvrage de Philippe Gardey « Négociants et Marchands de Bordeaux de a guerre d’Amérique à la Restauration (1780-1830)  éditions PUPS pages 75-76 lui-même inspiré du livre de H.Bonin, Marie Brizard, 1775-1995, L’Horizon chimérique, Marie&Brizard&Roger éditeurs 1994

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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 00:00

Me voilà bien, le cul entre deux chaises, juge et partie, puis-je chroniquer sur Autrement Vin sans que certains beaux ou mauvais esprit me soupçonnassent de parti pris ? Pour ne rien vous cacher j’ai trouvé ça bien. Créer l’évènement, trouver son public dans notre beau Paris, pourtant si petit, gavé de dégustations, le jour du Bojolo Nuovo, et dans le 19ième, relevait de la traversée de l’Atlantique à la rame. J’exagère bien sûr, mais Sophie Pallas a su mener sa barque aussi bien que d’Abboville.

Dès 14 heures, aux portes du 104, les premiers visiteurs se pressaient et le flux s’est maintenu tout au long de la journée et en fin de soirée jusque 23 H 30.  Même si je n’ai pas l’expérience du Préfet de Police de Paris ce sont plus de 400 personnes qui ont défilé à Autrement Vin. Honnêtement ceux qui ne sont pas venus – j’en connais qui m’avaient promis et qui ne sont pas venus : pas très élégant mais que voulez-vous c’est ainsi que la politesse se meurt – ont eu tort. Sous la haute halle du 104, comme le souligne mon confrère du site  www.sowine.typepad.fr «  lieu atypique en soi, c’est  une façon originale et décalée de présenter ces flacons sous un angle différent. Personnellement, j'ai trouvé particulièrement rafraîchissants le concept de présentation des vins par îlots, où les visiteurs pouvaient se servir eux-mêmes et échanger avec les producteurs qui arpentaient les lieux, ainsi que la démarche d'exposition participative, a contrario des salons normalisés avec tables et nappes blanches tels qu’on a l’habitude de les voir. » Un détail d’importance pour moi pauvre dégustateur amateur : les crachoirs étaient beaux et confortables à 100 lieux des « misères traditionnelles », bien mieux qu’aux GCC à la Porte Maillot, un luxe merveilleux. Pour l'ensemble des photos voir en Wine News N° 65. Toutes les photos présentées, hormis celle d'Armand Borland, sont des photos Vinifera/Bertrand Celce.















Le buffet basque
, loin des éternels canapés, était gouteux : Ibayonna et Tomme de Brebis entre autres bons produits du terroir, avec du bon pain, servi avec gentillesse et attention. Dans notre monde du vin où certains chantent la convivialité c’est si rare dans ce genre de pince-fesse de pouvoir bien manger en conversant comme au café ou sur la place du village, car au 104 il y avait aussi des bancs pour s’asseoir. Manquaient plus que les tilleuls. Hormis la belle fête des Vignerons de « Terres de Gaillac » au Mauzac en avril je n’ai pas trouvé mieux sur la place de Paris.

La petite déception, je l’avoue, fut le débat Bettane/Richaud mené pourtant de main de maître par Laurent Bazin qui tenta, en vain, de pousser certains dans leurs retranchements. Il fut à mon goût trop lisse, non que je souhaitasse qu’il tournât au crêpage de chignon,  pas suffisamment pointu pour crever certains abcès. Michel Bettane joua très justement sa partition. L’ami Richaud se plaçant sur son terrain favori : celui de la défense de ceux qui veulent jouer librement leurs partitions. La déception vint de la salle, des opposants, de ceux qui d’ordinaire dégainent plus vite que l’éclair. Nous aurions pu chanter comme les supporters « mais ils sont où, mais ils sont où ? » Repli tactique, absence diplomatique, le guide du Pous coincé dans les embouteillages, optimiste je me dis : ce n’est que partie remise.   Reste le plat de résistance de la manifestation : le Cercle des Dégustateurs avec au pupitre notre Sophie Pallas avec un beau plateau les journalistes Michel Bettane, Bernard Burtschy, Pierre Guigui, les œnologues Patrick Léon, Myriam Huet, les acheteurs Frédéric Brochet, Sébastien Garnier, les professionnels européens Bernard Kreis, Angela Mount et l’amateur Bernard Gradadam. Ce moment fort fera l’objet d’une chronique dans les jours prochains sur Vin&Cie.   Dernier détail sur l’ambiance, avant la cerise sur le gâteau d’anniversaire d’Autrement Vin : la chronique de Lincoln Siliakus, nos jeunes pousses, juste après la Tombola, réclamaient de la ZIK et Margot se portait candidate aux platines pour l’an prochain. Autrement Vin c’était la fête du Vin ! 
 

Comme promis, au bout du suspens,  le papier très bonbon anglais de Lincoln Siliakus paru en anglais, sur son blog Vinesolex http://vinesolex.over-blog.com/article-up-in-paris-for-the-other-world-of-wine-39924197.html et traduit en français, à ma demande par l'ami Daniel Berger http://mtonvin.net : «  La faune du vin autrement‏ »

 

Photo Armand Borlant ®

« Comme si le monde du vin français n'était pas assez vivant, un certain nombre de ses people se sont retrouvés le jeudi 19 novembre pour l'inauguration du salon « Autrement Vin » au "104" à Paris.

Les Français ont bien des façons d'exprimer leur créativité -- s'assoir au café en lisant Le Monde Diplo ; déambuler boulevard Saint Germain vêtu autrement qu'en noir ; laisser l'étiquette "Vientiane" ou "Hobart" sur son sac à dos après atterrissage à Paris ; etc. Mais la meilleure façon est quand même l’exercice de manipulation des règles — et les occasions ne manquent pas, car la France en crée en bien plus grand nombre qu'elle a de fromages.

Pour les viticulteurs manipulateurs de règles accourus à Paris pour ce très original salon « Autrement Vin », l’exercice se déroulait sur la base de quatre catégories : les inclassables (29 vins présentés), les innovants (19), les oubliés (15) et les durables (19).


— Les inclassables incluaient les vins refusés à la conformité de typicité de leur appellation, ou issus de cépages non autorisés dans leur zone d’appellation, et donc commercialisés en "vin de table". Cela allait d'un zinfandel du Languedoc à un beaujolais extrait comme un bourgogne; ou encore à un malbec de Bordeaux vinifié lui aussi à la bourguignonne.

— Les innovants comprenaient notamment un champagne sans ajout de liqueur; un rosé de Provence structuré comme un bourgogne blanc et vendu très cher ; ou un St-Emilion (où le merlot est roi) à majorité de cabernets, avec fermentation en barriques de chêne maintenues en rotation lente.

— Parmi les oubliés, on trouvait des vins issus de cépages en quasi déshérence comme le mauzac ou le bourboulenc (ou malvoisie) ; et de vignes franc de pied (non greffées).


— La catégorie des durables regroupaient les bouteilles des vignerons particulièrement respectueux de l'environnement y compris ceux pratiquant la biodynamie.

Comme c'était prévisible, un débat entre le critique français le plus en pointe Michel Bettane, et le vigneron de Cairanne (juste à la sortie de Sablet) Marcel Richaud, dès la première question de l'assistance, a dégénéré en un remarquable bavardage à la française. Sur ce coup, les Australiens auraient aussitôt sauté sur l'occasion de faire leur promotion... Mais non, on observe ici une relation pathologique entre les citoyens et les bureaucrates censés les protéger (contre le perfide Anglo-saxon bien sûr, mais aussi depuis quelque temps contre le roublard Chinois) mais dont l'incompétence est inhérente à la fonction, qui les fait se rejoindre pour attaquer ensemble le système. Chacun avait l'air d'accord sur la nécessité des réglementations pour garantir la réputation de chaque vignoble ou appellation, mais aussi que les règles doivent être suffisamment souples pour laisser à chacun une totale liberté de mouvement.

 Si les viticulteurs sont souvent dotés d'un tempérament fort, les manipulateurs de règles sont particulièrement pittoresques, frétillant à l’idée d’un nouveau papotage. Les journalistes de vin old school et la communauté croissante des bloggeurs ressemblaient à ces personnages de films sans public où les couteaux sont plus utilisés pour ponctuer la conversation dans les diners chics que pour régler les batailles dans la rue. 

Le bloggeur culte Jacques Berthomeau (ci-dessus à gauche, en compagnie du vigneron Marcel Richaud (au centre) et du critique Michel Bettane (à droite), l'œnologue-gérante du salon Sophie Pallas, la journaliste Myriam Huet également œnologue, et le chroniqueur de Gault & Millau Pierre Guigui ont su animer le salon avec un panache fort sympathique. Sans oublier notre Daniel Berger aux airs de limier en imperméable moutarde, qui n'en manquait pas une.  

Les 82 vins allaient de bon à excellent, les discussions étaient passionnées et il était réconfortant de voir que la présence de l'intelligentsia française du vin voulait dire quelque chose : nul doute que cette première édition d'Autrement Vin sera suivie d'autres.  

Voir la liste des domaines présents sur:


http://www.autrementvin.com/VINS_ATYPIQUES_2009.pdf

L'événement a été organisé avec professionnalisme par l’Agence Vinifera de Toulouse.

  * pour mieux connaître Lincoln Siliakus lire ma chronique « Le Solex, les ronds points et les vignerons stars : tu seras œnotouriste mon petit-fils ! » http://www.berthomeau.com/article-34622028.html

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 00:00

Loin de ma cave dans la moiteur africaine, confronté à des espèces de bibines sans origines précises mises en bouteilles à Dakar, peu de solutions s’offrent à moi. Alors, je goûte, non sans délectation, une forme d’abstinence vineuse qui m’entraîne vers d’autres boissons. De la bière Gazelle (« à deux pattes ? », me questionne le serveur connu pour son humour « à deux balles »…) en 66 cl à la tisane de citronnelle, du jus de mandarine au pastis en passant par le vin de palme nouveau, et le fameux jus de Bissap, les occasions ne manquent pas. Que les vieux coloniaux ravagés par le whisky et les descendants des Tirailleurs me pardonnent, ainsi que tous mes amis Sénégalais en exil chez nous ou ailleurs, mais je ne leur apprendrai rien de nouveau sur le Bissap. Ils peuvent momentanément vaquer à leurs occupations professionnelles, sauf à me lire pour mieux corriger mes éventuelles erreurs, celles d’un européen naïf qui depuis des décennies cherche à faire couleur locale lors de ses deux mois de retraite de Casamance.

Le Bissap est la boisson d’ici. Elle a la couleur plus ou moins tendre du rosé de Provence ou de Bergerac auquel elle a emprunté sans le vouloir bien des codes. Aromatique à souhait sur un registre classique cassis-fraise-groseille, le Bissap possède une sacrée belle acidité et laisse une bouche agréablement fraîche ce qui est sa principale qualité en ce pays où l’on est souvent tenté de boire plus que de raison.
 

Précision qui a son importance, le jus de Bissap, que tous les habitants de la Casamance (et d’ailleurs en Afrique) fabriquent vers la fin de l’année, est une boisson sans alcool, même si j’ai goûté lors d’un précédent séjour une liqueur de Bissap fabriquée au sud de Dakar par un artisan ne manquant pas de talent. Bissap est le nom d’une fleur assez large et blanche qui ne croît pas très haut dans le jardin, à peine 50 cm, et qui, à maturité, atteint un rouge pourpre plus ou moins profond. Émile, le pharmacien du village de Cap Skirring, m’a avoué qu’hormis une richesse certaine en vitamine C, il ne lui connaissait pas de vertus médicinales.

Pour le Casamançais lambda, il ne fait aucun doute que cette fleur est un hibiscus. Mais les connaisseurs démentent avec fermeté, certains concédants qu’elle appartiendrait tout juste à la même famille. On parle aussi ici d’oseille rouge de Guinée. N’étant point botaniste, je laisse le soin aux lecteurs d’opérer de savantes recherches sur le sujet. Toujours est-il qu’une fois arrivée à maturité, fraîchement cueillie, la fleur-fruit sert d’abord à préparer de délicieuses confitures qui laissent ressortir son goût acidulé. Cependant, la plupart des mères de famille font sécher le Bissap durant quelques jours. Puis, elles en plongent quelques poignées dans une bassine emplie d’eau, disons 80 grammes par litre, et laissent infuser le tout durant une nuit (moins si l’eau est chaude) avant de filtrer sommairement. Un rosé d’une nuit, en quelque sorte. De mon côté, j’ai essayé de mettre une certaine quantité, l’équivalent d’une belle poignée, dans une bouteille d’eau minérale d’un litre et demi et, au bout de deux heures, je disposais déjà d’une boisson désaltérante et fruitée.

Nicole, originaire de Ziguinchor, préfère quant à elle faire bouillir le tout une trentaine de minutes car, dit-elle, « je crains les microbes ». Elle y ajoute un peu de vanille et du sucre « à goût » pour le plus grand bonheur de sa fille de 6 ans, « Petite Simone » et de ses amies d’école. Elle aime aussi associer pour moitié son jus de Bissap à un jus d’ananas. « J’en congèle un peu dans des bacs », ajoute-t-elle, comme il lui arrive, à l’instar de ses concitoyennes, de conserver les fleurs séchées dans un sac dans un endroit sec pour les utiliser au fur et à mesure de ses besoins en attendant la prochaine saison. Nicole ne jette surtout pas les feuilles de Bissap. Elle les fait fondre sur le feu dans un peu d’eau avec des gombos. « Je fouette et je touille jusqu’à que ça devienne purée. Pour nous, ces feuilles-là, en cuisine, c’est comme de l’oseille ».

Je ne m’étends pas plus longtemps sur le sujet n’ayant qu’une hâte : me laisser tomber de mon hamac pour plonger dans les vagues de l’océan et commander mon verre de Bissap au bar.

Michel Smith membre émérite de l’Amicale du Bien Vivre dite des Bons Vivants

 

Photo Michel Smith. Touty M'Baye, 30 ans, les plus jolie des moissonneuses, est ravie de constater que son riz mûrit bien...

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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 09:25

 

Ici, à Vin&Cie, toujours sur la brèche jour et nuit, nous ne reculons devant aucun défi, aucune provocation aussi, mais aujourd’hui, ce samedi, sans souci de nous faire taxer de malappris nous vous posons une étonnante question : Quel est le lien entre le vin et un roumain ?  Raccourci trop rapide d’un titre qui peut choquer mais qui amène la question que nous voulions vous poser : pourquoi cet homme est-il important pour nous gens du vin ?


Qui est-il ce Dacian Ciolos ? Pourquoi occupe-t-il la Une de l’actualité aux côtés de Michel Barnier ? Pour vous aiguiller vers la bonne voie je vous propose de lire un texte du 17 octobre 2007 tiré du site de l’Institut de Coopération avec l’Europe Orientale. 


« Nous avons connu Dacian en 1998 lorsqu’il venait de terminer ses études à l’Agro Montpellier, où Valérie VILLEMIN et lui se sont rencontrés. Depuis nous avons suivi avec intérêt leurs deux parcours (en partie commun puisqu’ils se sont mariés).


Bien que ce soit Valérie qui ait travaillé pour le compte d’ICEO à une analyse du secteur vitivinicole en Roumanie, Dacian était là quand nous avions besoin d’un coup de main. En particulier, il a été d’une aide précieuse quand ICEO a co-organisé avec l’ONIV (Roumanie) le symposium vitivinicole de Bucarest en juillet 2004, sous le patronage du Ministère de l’Agriculture roumain et de l’Ambassade de France. »



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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 00:07

Ce matin ma chronique, en dépit de son titre, n'est ni un repli stratégique sur mon terroir de Paris après une journée d'hier très agitée par le Grand Q glacé, ni une nouvelle provocation risquant de m'attirer les foudres des petites soeurs et des petits frères des pauvres. Non le « Le Vin de Paris » c’est le titre d’un recueil de nouvelles de Marcel Aymé publié chez Gallimard dans la prestigieuse collection blanche en 1947 (tous droits de traduction, de reproduction réservés dans tous les pays, y compris l’URSS) – j’adore la formule car elle nous rappelle que pendant plus d’un demi-siècle la patrie du socialisme réel a existé pas vrai Marie-George&Jean-Luc les duettistes du toujours à gôche – Je l’ai acquis pour 3 euros chez un bouquiniste. L’ironie de l’histoire c’est que ce n’est pas le titre de cette nouvelle qui va devenir, selon la formule consacrée, un must médiatique, mais une autre : « La traversée de Paris » qui, par la grâce de l’insulte culte de Jean Gabin : « Salauds de pauvres » dans le film de Claude Autant-Lara avec Bourvil et Louis de Funès. Si les petits génies du marketing pouvaient sévir je suis persuadé que Gallimard boosterait les ventes de l’opus en le rebaptisant « Salauds de Pauvres ». Si vous souhaitez lire l’intégralité de la nouvelle vous pouvez acheter le recueil en collection folio 6 euros.

En amuse-bouche je vous propose les deux premiers paragraphes de la nouvelle « Le Vin de Paris » qui est comme toujours avec Marcel Aymé un pied de nez à la bien-pensance... Lisez et vous serez édifiés... 

 

« Il y avait, dans un village du pays d’Arbois, un vigneron nommé Félicien Guérillot qui n’aimait pas le vin. Il était pourtant d’une bonne famille. Son père et son grand-père, également vignerons, avaient été emportés vers la cinquantaine par une cirrhose du foie et, du côté de sa mère, personne n’avait jamais fait injure à une bouteille. Cette étrange disgrâce pesait lourdement sur la vie de Félicien. Il possédait les meilleures vignes de l’endroit comme aussi la meilleure cave. Léontine Guérillot, sa femme, avait un caractère doux et soumis et n’étais ni plus jolie ni mieux tournée qu’il ne faut pour la tranquillité d’un honnête homme. Félicien aurait été le plus heureux des vignerons s’il n’avait eu pour le vin une aversion qui paraissait insurmontable. Vainement s’était-il appliqué de toute sa volonté et de toute sa ferveur à forcer une aussi funeste disposition. Vainement avait-il tâté de tous les crus dans l’espoir d’en découvrir un qui lui eût livré la clé du paradis inconnu. Ayant fait le tour des bourgognes, des bordeaux, des vins de Loire et du Rhône, des champagnes, des vins d’Alsace, des vins de paille, des rouges, des blancs, des rosés, des clairets, des algériens et des piquettes, il n’avait négligé ni les vins du Rhin, ni les tokays, ni les vins d’Espagne, d’Italie, de Chypre et du Portugal. Et chacune de ses tentatives lui avait apporté une nouvelle déception. Il en allait de tous les vins comme de l’Arbois lui-même. Fût-ce à la saison de la plus grande soif, il n’en pouvait avaler seulement une gorgée qu’il ne lui semblât, chose horrible à penser, boire un trait d’huile de foie de morue.

Léontine était seule à connaître le terrible secret de son mari et lui aidait à le dissimuler. Félicien, en effet, n’aurait su avouer qu’il n’aimait pas le vin. C’eût été comme de dire qu’il n’aimait pas ses enfants et pire, car il arrive partout qu’un père en vienne à détester son fils, mais on n’a jamais vu au pays d’Arbois quelqu’un ne pas aimer le vin. C’est une malédiction du ciel et pour quels péchés, un égarement de la nature, une difformité monstrueuse qu’un homme sensé et bien buvant se refuse à imaginer. On peut ne pas aimer les carottes, les salsifis, le rutabaga, la peau du lait cuit. Mais le vin. Autant vaudrait détester l’air qu’on respire, puisque l’un et l’autre sont également indispensables. Ce n’était donc aucunement par un sot orgueil, mais par respect humain sue Félicien Guérillot… »

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 13:33


Ce matin ai-je été, dans mon billet d’humeur, « un peu dur avec Cyril Alonso », je ne le pense pas, j’ai trouvé en effet ses écrits trop intégristes » dans leur formulation et j’ai expliqué pourquoi. Je trouvais qu’ils cadraient mal avec le côté border line annoncé par ses étiquettes. Qu’il ait les idées larges, pourquoi pas, et son air avenant sur la photo semble le confirmer. Partager le pain et le sel avec lui, même après mes écrits, je suis partant. J’aime la diversité, la confrontation des idées, et je n’ai en aucun cas contesté ni son savoir-faire, ni son droit de suivre des chemins de traverse. Mes écrits antérieurs prouvent largement mon goût immodéré pour ceux-ci.

 

Le commentaire ci-dessous, signé beaujolaislyonnais, donc anonyme, mais c’est si courant sur le Net, m’interroge vraiment car j’y sens sous le beau manteau de la liberté un cocktail d’intolérance et une volonté de censure quand mon interlocuteur me reproche d’avoir « pillé » le site de Cyril Alonso. Ai-je mis en doute son altruisme, sa passion, son honnêteté, son amour du vin, et même son engagement ? En aucun cas, je n’ai jamais parlé de supercherie. Je me suis contenté de dire que je n’appréciais pas l’approche écrite du site. C’est mon droit même si je ne suis que derrière mon clavier. C’est de l’intolérance anti-intello et je ne vais pas étaler mes états de service pour « sauver la viticulture française » ce serait ridicule tout autant que de prétendre que le combat de Cyril Alonso y contribuera. Si la rébellion ne doit susciter que de la révérence et des louanges ça me paraît paradoxal quand même.

 

« Je trouve vos propos injustes, de plus je m'étonne de voir sur votre site la copie du site de Cyril. Quand à la démarche PUR, elle s'inscrit dans une volonté altruiste d'une personne passionnée et foncièrement honnête. Savez-vous que Monsieur Alonso vinifie lui-même, il ne s'agit pas chez d'écrire un mémo à destination d'un vigneron, non il est bel et bien là en période de vendange (pigeage, remontage, pressurés pas de sulfitages c'est vrai), c'est une personne engagée qui connait et aime le vin, les vins , ses trouvailles sont le reflet de sa personnalité, si pur était une supercherie, croyez vous qu'autant de grands noms de la restauration lui accorderaient leur confiance, oui le vin n’est pas qu’une étiquette d’un grand château, il doit être disponible pour tous, oui dans le vin il y a des produits qui sont tout sauf le reflet des terroirs de notre pays..Ce n’est pas derrière un clavier que la viticulture française s’en sortira, mais bien grâce à des personnes passionnées comme Cyril Alonzo, permettant à de jeunes vignerons militant de distribuer le fruit de leur labeur sans être bradés. »


Alors sans clore le débat je propose à votre lecture d’un texte de Jacques Ellul Exégèse des nouveaux lieux communs, « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » (1966) (Paris, éditions de la Table Ronde, 2004, p. 165-168)

 

 

« Liberté n’est pas licence », « la liberté de chacun a pour limites la liberté des autres », « liberté et pain cuit », « sans argent, pas de liberté », « la liberté est toujours sous caution ». Du mélange de ces expressions du XIXème siècle, surgit notre lieu commun au milieu du XXème siècle. Il va de soi que si nous voulons garder la liberté, il ne faut pas la risquer. Il faut la conserver soigneusement à l’abri. Il ne faut pas la livrer à tous les vents, car c’est, hélas ! Une plante fragile, nous ne le savons que trop. Un peu de vent, un coup de soleil, et il n’y a plus de liberté. Il va de soi que, la liberté étant le plus précieux de tous les biens (c’est encore un lieu commun de l’inépuisable Voltaire), il s’agit de ne pas la gaspiller. (...) Comment ne voyez-vous pas que cette pauvre petite fille liberté, on va vous la prostituer, vous la salir, elle sera tripotée par n’importe qui... Non, non, il ne faut pas la livrer ainsi ! Et surtout à des gens qui se proclament ouvertement ses assassins. Il est bien évident qu’il faut les empêcher. Tout le monde sera aisément d’accord : chacun doit profiter d’une liberté raisonnable, mesurée, principalement intérieure, mais il faut supprimer toute liberté à celui qui veut enlever la liberté d’autrui. Comme ces vérités sont reposantes et rassurantes !

 

            Mais si nous avons le malheur de regarder d’un peu trop près, ah ! Quelle déconvenue ! D’abord sont bien rares ceux qui disent tout haut qu’ils sont ennemis de la liberté ! Prenez les nazis par exemple, tout ce qu’ils ont fait, c’était au nom de la liberté. Vous l’avez oublié, déjà ? Reprenez les déclarations et les textes depuis 1933 vous y trouverez tout net notre lieu commun actuel : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », je crois bien que c’est Hitler qui fut l’inventeur de cette belle formule ! Car il s’agissait pour lui, avant tout, de délivrer son peuple des gens qui le réduisaient en esclavage, les banquiers, les Juifs, les intellectuels qui l’infectaient de leurs mensonges. (...) Puis élargissant sa mission, il s’agissait de délivrer les peuples, tous, opprimés par une clique affreuse d’exploiteurs et de menteurs. Et, s’il y avait des camps de concentration, c’était pour les ennemis de la liberté. (...)

 

            (...) Qui sont les ennemis de la liberté, puisqu’en définitive personne n’avoue l’être ? Il faut bien que l’étiquette soit fixée du dehors, rédigée, objective. On ne peut laisser ce soin au premier venu ! En définitive évidemment seul l’État offre des garanties suffisantes pour nous dire ce qu’est la liberté (là-dessus on était d’accord depuis 1789 et les immortels principes), et par conséquent aussi pour établir qui menace cette liberté, qui en est l’ennemi. (...) Et à partir de là, tout marche très bien. Puisque c’est l’État qui est chargé de défendre la liberté, il convient que ce soit lui qui sache contre qui il doit la défendre. (...) Autrement dit, forcément, quelle que soit sa doctrine, l’ennemi de la liberté, c’est l’Autre : celui qui n’est pas d’accord avec cette forme d’État, avec ce type de société ! (...)

 

            Autrement dit, l’ennemi de la liberté, c’est celui qui use de la liberté (après tout, comme nous le disions en commençant, si on en use, elle s’use, et le premier devoir pour conserver la liberté, c’est de la mettre au musée et de nommer un conservateur des libertés publiques), si la logique des choses nous amène au point où nous en sommes arrivés, elle nous amène du même coup à considérer que la liberté, c’est la liberté d’être d’accord avec le gouvernement. (...) »

 

Allez buvons un bon coup en allant chez Baraou www.baraou.fr  qui me propose ce matin au courrier : un Nicolas Testard  (et Cyril Alonso) - Gérard Menbussa 2009 Beaujolais Nouveau 75 cl : 8,50 €.

 

Un peu de légèreté et d’humour nuit jamais à la santé, surtout celle des neurones.

 

Si ça vous dit écoutez PIERRE OVERNOY : ça remet les choses en place avec humilité et honnêteté : 
 

 

 

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