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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 00:00

Me voilà bien, le cul entre deux chaises, juge et partie, puis-je chroniquer sur Autrement Vin sans que certains beaux ou mauvais esprit me soupçonnassent de parti pris ? Pour ne rien vous cacher j’ai trouvé ça bien. Créer l’évènement, trouver son public dans notre beau Paris, pourtant si petit, gavé de dégustations, le jour du Bojolo Nuovo, et dans le 19ième, relevait de la traversée de l’Atlantique à la rame. J’exagère bien sûr, mais Sophie Pallas a su mener sa barque aussi bien que d’Abboville.

Dès 14 heures, aux portes du 104, les premiers visiteurs se pressaient et le flux s’est maintenu tout au long de la journée et en fin de soirée jusque 23 H 30.  Même si je n’ai pas l’expérience du Préfet de Police de Paris ce sont plus de 400 personnes qui ont défilé à Autrement Vin. Honnêtement ceux qui ne sont pas venus – j’en connais qui m’avaient promis et qui ne sont pas venus : pas très élégant mais que voulez-vous c’est ainsi que la politesse se meurt – ont eu tort. Sous la haute halle du 104, comme le souligne mon confrère du site  www.sowine.typepad.fr «  lieu atypique en soi, c’est  une façon originale et décalée de présenter ces flacons sous un angle différent. Personnellement, j'ai trouvé particulièrement rafraîchissants le concept de présentation des vins par îlots, où les visiteurs pouvaient se servir eux-mêmes et échanger avec les producteurs qui arpentaient les lieux, ainsi que la démarche d'exposition participative, a contrario des salons normalisés avec tables et nappes blanches tels qu’on a l’habitude de les voir. » Un détail d’importance pour moi pauvre dégustateur amateur : les crachoirs étaient beaux et confortables à 100 lieux des « misères traditionnelles », bien mieux qu’aux GCC à la Porte Maillot, un luxe merveilleux. Pour l'ensemble des photos voir en Wine News N° 65. Toutes les photos présentées, hormis celle d'Armand Borland, sont des photos Vinifera/Bertrand Celce.















Le buffet basque
, loin des éternels canapés, était gouteux : Ibayonna et Tomme de Brebis entre autres bons produits du terroir, avec du bon pain, servi avec gentillesse et attention. Dans notre monde du vin où certains chantent la convivialité c’est si rare dans ce genre de pince-fesse de pouvoir bien manger en conversant comme au café ou sur la place du village, car au 104 il y avait aussi des bancs pour s’asseoir. Manquaient plus que les tilleuls. Hormis la belle fête des Vignerons de « Terres de Gaillac » au Mauzac en avril je n’ai pas trouvé mieux sur la place de Paris.

La petite déception, je l’avoue, fut le débat Bettane/Richaud mené pourtant de main de maître par Laurent Bazin qui tenta, en vain, de pousser certains dans leurs retranchements. Il fut à mon goût trop lisse, non que je souhaitasse qu’il tournât au crêpage de chignon,  pas suffisamment pointu pour crever certains abcès. Michel Bettane joua très justement sa partition. L’ami Richaud se plaçant sur son terrain favori : celui de la défense de ceux qui veulent jouer librement leurs partitions. La déception vint de la salle, des opposants, de ceux qui d’ordinaire dégainent plus vite que l’éclair. Nous aurions pu chanter comme les supporters « mais ils sont où, mais ils sont où ? » Repli tactique, absence diplomatique, le guide du Pous coincé dans les embouteillages, optimiste je me dis : ce n’est que partie remise.   Reste le plat de résistance de la manifestation : le Cercle des Dégustateurs avec au pupitre notre Sophie Pallas avec un beau plateau les journalistes Michel Bettane, Bernard Burtschy, Pierre Guigui, les œnologues Patrick Léon, Myriam Huet, les acheteurs Frédéric Brochet, Sébastien Garnier, les professionnels européens Bernard Kreis, Angela Mount et l’amateur Bernard Gradadam. Ce moment fort fera l’objet d’une chronique dans les jours prochains sur Vin&Cie.   Dernier détail sur l’ambiance, avant la cerise sur le gâteau d’anniversaire d’Autrement Vin : la chronique de Lincoln Siliakus, nos jeunes pousses, juste après la Tombola, réclamaient de la ZIK et Margot se portait candidate aux platines pour l’an prochain. Autrement Vin c’était la fête du Vin ! 
 

Comme promis, au bout du suspens,  le papier très bonbon anglais de Lincoln Siliakus paru en anglais, sur son blog Vinesolex http://vinesolex.over-blog.com/article-up-in-paris-for-the-other-world-of-wine-39924197.html et traduit en français, à ma demande par l'ami Daniel Berger http://mtonvin.net : «  La faune du vin autrement‏ »

 

Photo Armand Borlant ®

« Comme si le monde du vin français n'était pas assez vivant, un certain nombre de ses people se sont retrouvés le jeudi 19 novembre pour l'inauguration du salon « Autrement Vin » au "104" à Paris.

Les Français ont bien des façons d'exprimer leur créativité -- s'assoir au café en lisant Le Monde Diplo ; déambuler boulevard Saint Germain vêtu autrement qu'en noir ; laisser l'étiquette "Vientiane" ou "Hobart" sur son sac à dos après atterrissage à Paris ; etc. Mais la meilleure façon est quand même l’exercice de manipulation des règles — et les occasions ne manquent pas, car la France en crée en bien plus grand nombre qu'elle a de fromages.

Pour les viticulteurs manipulateurs de règles accourus à Paris pour ce très original salon « Autrement Vin », l’exercice se déroulait sur la base de quatre catégories : les inclassables (29 vins présentés), les innovants (19), les oubliés (15) et les durables (19).


— Les inclassables incluaient les vins refusés à la conformité de typicité de leur appellation, ou issus de cépages non autorisés dans leur zone d’appellation, et donc commercialisés en "vin de table". Cela allait d'un zinfandel du Languedoc à un beaujolais extrait comme un bourgogne; ou encore à un malbec de Bordeaux vinifié lui aussi à la bourguignonne.

— Les innovants comprenaient notamment un champagne sans ajout de liqueur; un rosé de Provence structuré comme un bourgogne blanc et vendu très cher ; ou un St-Emilion (où le merlot est roi) à majorité de cabernets, avec fermentation en barriques de chêne maintenues en rotation lente.

— Parmi les oubliés, on trouvait des vins issus de cépages en quasi déshérence comme le mauzac ou le bourboulenc (ou malvoisie) ; et de vignes franc de pied (non greffées).


— La catégorie des durables regroupaient les bouteilles des vignerons particulièrement respectueux de l'environnement y compris ceux pratiquant la biodynamie.

Comme c'était prévisible, un débat entre le critique français le plus en pointe Michel Bettane, et le vigneron de Cairanne (juste à la sortie de Sablet) Marcel Richaud, dès la première question de l'assistance, a dégénéré en un remarquable bavardage à la française. Sur ce coup, les Australiens auraient aussitôt sauté sur l'occasion de faire leur promotion... Mais non, on observe ici une relation pathologique entre les citoyens et les bureaucrates censés les protéger (contre le perfide Anglo-saxon bien sûr, mais aussi depuis quelque temps contre le roublard Chinois) mais dont l'incompétence est inhérente à la fonction, qui les fait se rejoindre pour attaquer ensemble le système. Chacun avait l'air d'accord sur la nécessité des réglementations pour garantir la réputation de chaque vignoble ou appellation, mais aussi que les règles doivent être suffisamment souples pour laisser à chacun une totale liberté de mouvement.

 Si les viticulteurs sont souvent dotés d'un tempérament fort, les manipulateurs de règles sont particulièrement pittoresques, frétillant à l’idée d’un nouveau papotage. Les journalistes de vin old school et la communauté croissante des bloggeurs ressemblaient à ces personnages de films sans public où les couteaux sont plus utilisés pour ponctuer la conversation dans les diners chics que pour régler les batailles dans la rue. 

Le bloggeur culte Jacques Berthomeau (ci-dessus à gauche, en compagnie du vigneron Marcel Richaud (au centre) et du critique Michel Bettane (à droite), l'œnologue-gérante du salon Sophie Pallas, la journaliste Myriam Huet également œnologue, et le chroniqueur de Gault & Millau Pierre Guigui ont su animer le salon avec un panache fort sympathique. Sans oublier notre Daniel Berger aux airs de limier en imperméable moutarde, qui n'en manquait pas une.  

Les 82 vins allaient de bon à excellent, les discussions étaient passionnées et il était réconfortant de voir que la présence de l'intelligentsia française du vin voulait dire quelque chose : nul doute que cette première édition d'Autrement Vin sera suivie d'autres.  

Voir la liste des domaines présents sur:


http://www.autrementvin.com/VINS_ATYPIQUES_2009.pdf

L'événement a été organisé avec professionnalisme par l’Agence Vinifera de Toulouse.

  * pour mieux connaître Lincoln Siliakus lire ma chronique « Le Solex, les ronds points et les vignerons stars : tu seras œnotouriste mon petit-fils ! » http://www.berthomeau.com/article-34622028.html

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