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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 00:02

Il est rare qu’un livre me salisse les mains parce que celui qui l’écrit touille la plume de ses écrits – dans son propos liminaire surtout – dans les idées troubles de la France des culottes de peau, bien croupie, ceux qui alternaient morgue et suffisance, ceux qui savaient si bien envoyer nos paysans de grands-pères se faire couper en rondelles ou gazer sur le front de la Marne. Je plains mes amis Marc Parcé, Patrick Beaudouin et Pascal Frissant de voir tripoter leurs écrits ou leurs déclarations par les pognes pas très nettes de ce délirant. Même les bons combats pour des causes justes ne peuvent être partagés avec des Savonarole au petit pied comme lui. Par bonheur ce Rougé pas frais ne m’a pas abordé, comme le lui avaient conseillé de le faire certains de mes amis cités ci-dessus, sans doute parce que je suis un stipendié du vin industriel, un technocrate inféodé aux lobbies alcooliers, un socialo-communiste, un bobo parisien, et autres joyeusetés dont raffole le Rougé pas frais, donc tout ce que déteste ce plumitif sans envergure. Lapaque qui me hérisse aussi le poil lui au moins a du talent.

Piégé, je regrette mes 18 euros 90 centimes que j’aurais préféré consacrer à un beau flacon. Mais comme je respecte les livres je ne jetterai pas le sien à la décharge ni le mettrai dans mes chiottes – j’adore lire au cabinet – non, je me contenterai de le ranger tout en bas de ma bibliothèque entre Rebatet et Drieu la Rochelle pour qu’il s’y trouve en compagnie amie.

Tout n’est pas à jeter dans le déballage pétaradant du Rougé pas frais mais le voisinage de bons arguments avec certains propos outrés gâte sa sauce déjà un peu lourdingue. À trop vouloir prouver, à n’accumuler que des charges, à se contenter d’approximations, à déverser ses phantasmes, notre petit journaleux nous fait le coup de Me Collard bien connu pour faisander la plupart des dossiers qu’il plaide.

D’ordinaire je m’abstiens de tout commentaire sur cet espace de liberté à propos d’un livre qui me déplaît mais, cette fois-ci, je refuse de taire mon dégoût pour des propos qui desservent ceux que le Rougé pas frais dit vouloir défendre. Comme tous les prêcheurs, avec ses outrances, ses saillies, il donne des armes aux adversaires du vin. D’ailleurs, cet « illustre inconnu » qui s’autoproclame journaliste indépendant nous ne l’avons guère vu monter aux créneaux, face aux hygiénistes de toutes obédiences, lors des récentes batailles. Il devait être en train de suer sang et eau sur sa pauvre copie sans doute.

Bien évident s’il venait à l’esprit du susdit de répondre à ma charge par une bordée de vents odoriférants dont il semble avoir le secret je me ferais un plaisir de les jeter illico à la poubelle. Lui me doit les 18 euros 90 que j’ai indument dépensés plus le préjudice de voir mon nom imprimé une fois sur son torchon. Moi je ne lui dois rien, si ce n’est mon plus profond dédain.

Vous vous doutez bien que je ne vais pas vous offrir quelques « bonnes feuilles » de ce machin qui m’est tombé des mains et m’a sali les pieds. Certes il y en a mais elles ne sont pas de la main du Rougé pas frais (100 PAGES d’Annexes sur 239, très pique-assiette notre gars), et les siennes : 29 pages de propos liminaires délirants et rien que 90 pages sur le fond ce qui n’est pas très lourd en dépit d’un style très Chassepot inspiré de l’agité du bocage, même avec des pincettes je ne me risquerais pas à les transcrire. Que voulez-vous tout le monde n’a pas le génie de pouvoir se glisser dans la peau d’un immonde de talent comme Louis-Ferdinand Céline...

Je laisse le dernier mot à Coluche « De tous ceux qui n’ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent. »

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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 00:08

Dans le monde du vin il est des patronymes urticants dont le plus « célèbre » claque comme une provocation : ÉVIN qui partage le même prénom : Claude avec celui qui fut, bien plus que lui, l’inspirateur de la fameuse loi : le professeur GOT : La stratégie du Go de Claude GOT http://www.berthomeau.com/article--18021256.html  . À cette doublette j’ajoute, notre « Sot d’eau » national, l’innomé Hervé, qui aime tant les feux de la rampe, auquel il ne reste plus qu’à écrire une adaptation théâtrale de son livre et pourquoi pas un slam, qu’il pourrait facilement interpréter, ou un rap pour les blacks américains, tel Puff Daddy, grands amateurs de yak (Yak is black : le Cognac a la gnac...http://www.berthomeau.com/article--17241525.html )

Mais comme le disait la célèbre pancarte de la SNCF : « un GOT peut en cacher un autre » et quel ne fut pas mon bonheur de recevoir le 2 octobre dans ma messagerie électronique une missive signée Jean-Pierre GOT m’annonçant que : L'exposition "Affiches de vin", déjà présentée à Adélaïde, San Francisco et Athènes, se tiendra du 22 octobre au 22 novembre prochain au Musée du vin et du négoce de Bordeaux, 41 rue Borie.

« C'est à l'occasion de l'inauguration du Musée du vin par M. Alain Juppé, Maire de Bordeaux, que j'exposerai cinquante affiches publicitaires  parmi les plus de quatre-vingts que j'ai peintes, commandes de grandes marques françaises du vin et de vignobles de plusieurs pays.  

Nos grands affichistes, de Jules Chéret à Villemot, de Capiello à Savignac, et les styles de l'Art nouveau et de l'Art déco m'ont fourni l'inspiration de ces "pastiches d'affiches anciennes", réclames joyeuses ou poétiques...

Les œuvres originales sont peintes à la gouache rehaussée aux pastel et fusain et les affiches sont imprimées à Bordeaux en tirages limités à 500 exemplaires signés et numérotés, au format 50 X 70 cm.    

 

Jean-Pierre Got

Toutes mes affiches sont sur : http://jeanpierregot.online.fr/

Pour plus d'informations, appelez-moi au 05 57 87 17 29

 

L'affiche de l'exposition, "Retour des Indes", évoque ces grands crus de Bordeaux qui ont fait le tour du monde, au bénéfice de leur vieillissement.

Elle annonce aussi la variété des affiches exposées imaginées pour des vins d'Australie, d'Asie ou d'Amérique. (Vous pouvez aussi vous reporter à ma chronique du  26/04/2008 " Le Vin de Bordeaux "retour des Indes" http://www.berthomeau.com/article--14988793.html  

La biographie d'un affichiste

Jean-Pierre Got est né à Bergerac, dans le Sud-Ouest de la France, en 1951. Agent Commercial en vins à l'exportation, c'est par amusement qu'il crée une première affiche en 1992, en dessinant pour une maison de négoce de Bordeaux l'affiche de ses cent ans d'existence.
D'autres pastiches, dans le style Belle Epoque ou Art Deco, lui sont bientôt demandés.

  Jean-Pierre Got dans son bureau

Avec des sujets gais, où des personnages attendrissants toujours en mouvement expriment une certaine "joie de vivre", les affiches commerciales de Jean-Pierre Got visent à donner au produit une image d'antériorité qui le hausse et évoquent chez le spectateur une rassurante nostalgie.

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7 octobre 2009 3 07 /10 /octobre /2009 00:01

« Une somme de subjectivités est un début d’objectivité » la formule, qui sonne comme une équation à multiples inconnues, est belle et séduisante à défaut d’être un jour démontrée dans la mesure où chaque dégustateur est à lui seul une entité irréductible à toute autre. Qu’importe, dans l’univers des notations, les membres du Grand Jury Européen de François Mauss me semblent être placés dans les conditions optimales pour délivrer leurs notes dans la mesure où la dégustation se fait à l’aveugle neutralisant de l’élément le plus déterminant du résultat d’une dégustation : la vue. C’est du sérieux, avec des garde-fous, l’amateur dispose ainsi d’informations fiables pour guider ses choix car comme le souligne la charte du GJE « 15 dégustateurs de haut niveau, dégustant à l’aveugle, ne peuvent pas se tromper ensemble, au même moment, au même endroit, sur un même vin ».

Moi qui ne suis qu’un modeste scribe du vin, sans expérience de l’art du long nez et du bec fin, j’adhère pleinement à la pétition de principes inscrite sur les tablettes des membres du GJE  « Jamais nous ne perdons de vue qu’avant toute chose, il faut respecter le travail du vigneron, de celui qui prend un soin jaloux à peaufiner ses ceps, à respecter le fruit, à ne pas le triturer en cave par des manipulations hardies, sinon douteuses. Démolir en quelques secondes un produit, même imparfait, n’est pas notre rôle. La critique, qu’elle soit cinématographique, culinaire, littéraire ou “vineuse” doit savoir associer humilité, compétence et rigueur en n’oubliant jamais que ce sont des hommes qui jugent d’autres hommes, avec, comme eux, leurs défauts et leurs qualités. »

Mais pour moi, grand adepte des fenêtres qu’ouvre le hasard, ce sont les circonstances de ma rencontre avec François Mauss qui me plaisent par-dessus tout. Le lien, mot magique sur le Net, fut Etienne Klein, le physicien qui fait aimer la science, http://www.berthomeau.com/article--31584483.html . Je n’entre pas dans les détails mais ainsi, un soir, nous nous retrouvâmes, un verre en main bien sûr, du côté d’une grande école scientifique tout près du parc des expositions de la porte de Versailles, suite à une brillante table ronde sur « écrire la science » avec Etienne Klein et Jean-Claude Ameisen – le frère d’Olivier l’homme du baclofène – président du comité d’éthique de l’INSERM dont le merveilleux livre La sculpture du vivant le suicide cellulaire ou la mort créatrice a fait faire à ma connaissance un bond énorme. Après ce fut après, de la conversation autour d’une table sur la belle terrasse du Laurent. Philippe Bourguignon hôte exquis et prévenant. La vie quoi, merci François de te plier à mes 3 Questions sur ton dernier enfant : le 1ier Davos du vin.



photo ©Peter Knaup‏

Question n°1 : François Mauss lorsque tu m’as sollicité pour être l’un des intervenants d’un Davos du Vin, j’ai trouvé de suite l’idée pertinente et bien sûr mon ego en a été flatté mais je dois avouer que j’ai eu aussi, dans le mesure où ne nous étions jamais rencontrés, mon côté « méfie té » de fils de paysan vendéen qui me disait « est-ce que ça ne va pas être un truc que pour des grands amateurs, des initiés... ». Tu m’as convaincu et, après tout, puisque tu prenais le risque d’inviter un trublion, je ne pouvais qu’adhérer à l’idée d’un Davos du Vin. Comment t’est-elle venue cette idée ?

 

Réponse de François Mauss : L’idée a mûri pendant 3 ans, en suivant l’évènement de Davos, le « World Economic Forum ». Je me suis bêtement dit : pourquoi pas une telle manifestation dans le monde du vin qui est si particulier, à la fois économique et culturel, avec un côté mondial en expansion évident.

Bien sûr pour que l’idée prenne forme il me fallait trouver l’endroit, les partenaires, les intervenants et surtout m’inscrire dans la durée car, de même que la création de Monsieur Hayek n’a pas atteint sa notoriété mondiale dès la première édition, de même ce World Wine Symposium, particulièrement dans les circonstances économiques incertaines actuelles, prendra sans doute du temps pour s’installer, pour acquérir la notoriété qui devrait être la sienne.

Comme le Grand Jury Européen allait annuellement à la Villa d’Este sur le Lac de Côme pour sa session de fin d’année, tout naturellement cette idée d’un forum du vin a enthousiasmé les propriétaires et dirigeants de cet établissement de grand prestige, particulièrement outillé pour l’organisation de telles réunions.

 

Question N°2 : D’accord François mais pourquoi les gens du Vin auraient-ils besoin de se réunir dans ce lieu de rêve pour cogiter, s’agiter les neurones, refaire le monde, le vin est-il si spécifique pour justifier l’organisation d’un Davos du Vin ?

 

Réponse de François Mauss : Aucun salon actuel, aucune réunion fut-elle internationale n’existe actuellement avec une vision à la fois culturelle, historique, économique et « futurible ». Nous sommes engagés dans une phase critique de l’évolution du monde du vin, où l’économique, porté par le système capitaliste tel qu’il est pratiqué dans le Nouveau Monde, semble vouloir « effacer » la partie culturelle si fondamentale et si importante pour nous européens. Il y a là une urgence à confronter ces notions, à en voir les avantages et les inconvénients, et surtout mettre en place les réflexions sur l’harmonie ardemment requise entre économie et culture. Un vin uniquement porté par son économie sera fatalement un vin sans âme. Ce serait peut-être un « plus » financier, mais aussi un abandon de 2000 ans d’une symbiose unique entre la terre, les hommes, leur environnement et l’animation des campagnes contrepoids à sauvegarder par rapport aux mégapoles qui seront la dominante du futur.

Un Davos est donc nécessaire pour confronter ces idées, ces concepts, en écoutant des maîtres, en discutant leurs idées, en apportant les expériences des uns et des autres.

 

Question N°3 : La première édition a donc lieu du vendredi 30 octobre au soir jusqu'au lundi matin du 2 novembre. En quelques mots François, les têtes d’affiches, les grands thèmes de cette manifestation, comment la réflexion va-t-elle être menée ?

 

Réponse de François Mauss :

Pour cette première édition, je souhaite que les participants abordent, avec la sélection des conférenciers, le maximum de thèmes, allant de l’éthique du journalisme (Michel Bettane) au système monopolistique de la SAQ (avec son Président Philippe Duval), en passant par l’expérience des vins « bio » d’Olivier Humbrecht et l’oenotourisme comme il se développe en Autriche avec Willi Klinger ou les problèmes lancinants des vignerons avec les multiples administrations, séminaire dont tu as la charge J

En fonction de l’intérêt plus ou moins grand qui caractérisera chacun des 12 séminaires prévus (liste ci-dessous), on sera en mesure, pour l’édition de 2010 de donner une importance majeure à un thème particulier.

Chaque séminaire durera 60 minutes, dont 30 minutes de discussion animés par un modérateur qui canalisera les questions que ne manqueront pas de poser les participants aux conférenciers.

En fait,  le but profond de cette première édition est de créer un Club International d’Echanges où se confronteront, sur une base annuelle, des acteurs essentiels du monde du vin, clairement orientés sur une défense ardente du vin dans son contexte culturel et historique.

Dans cette année difficile, je suis particulièrement heureux de compter ainsi un journaliste indien, un producteur de Tasmanie, un Domaine chilien, une journaliste de Bloomberg, un spécialiste du bouchon, la Tonnellerie Taransaud, et plus de 10 personnalités  de Singapore qui seront à l’écoute de Bipin Desaï ou Ivanhoé Johnston.

Nous sommes « sold-out » avec 250 personnes inscrites.

 

Les Conférenciers (ordre alpha)

 

BERTHOMEAU Jacques

BETTANE Michel

DERENONCOURT Stéphane & SABATÉ Patrick

DUVAL Philippe

GAJA Angelo

HAIDU Yair

HUMBRECHT Olivier

JOHNSTON Ivanhoé

KLINGER Willi

PITTE Jean-Robert

PRINZ zu SALM-SALM Michael

ROGER Christian

 Et comme il est important de garder une belle ouverture d’esprit, nous aurons une petite conférence avec 2 scientifiques de renom : Etienne Klein qui nous parlera d’un génie italien, assez méconnu, qui a laissé des traces autour du lac de Côme : Ettore Majorana. Alfred Vidal-Madjar nous racontera le calendrier cosmique dont il est un des spécialistes.

Enfin, Philip Ente (M.D., M.S., P.C., UCLA) nous parlera d’une nouvelle approche de la physiologie du goût : rien que ça !

 

Mais restons sérieux : les producteurs qui seront présents apporteront quelques flacons de leurs domaines, histoire de ne pas oublier les travaux pratiques.


Pour plus de détails : Davos of Wine :
http://www.worldwinesymposium.eu/WWS/Intro.html
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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 00:05

Dans ma jeunesse je gardais les vaches et avant la vendange je grappillais dans les vignes du grand-père. De nos jours nous bucolisons grave dans les mégapoles. Le vert est tendance. C’est beau et je n’ironise absolument pas sur ce grand besoin d’air et de nature mais je m’interroge sur la capacité de beaucoup de nos concitoyens à faire le lien entre leur comportement quotidien de consommateur et leur empathie pour tous ces petits producteurs que les grisouilloux de la Commission Européenne veulent purement et simplement évacuer de nos beaux territoires ruraux. Entre le pack de lait UHT à quelques centimes d’euros et la paisible normande aux yeux tendres paissant dans les verts pâturages du Pays d’Auge c’est la boîte noire. D’où vient-il ce lait ? Combien vaut-il vraiment ? Permet-il au producteur de vivre ou simplement de durer ? Comme je le faisais souvent remarquer à ceux des chercheurs ruralistes qui voulaient « maintenir le plus grand nombre d’agriculteurs dans la France profonde » : devrons-nous les attacher ?

En effet, pour vivre au pays il faut que le pays vous fasse vivre, que les produits qui y sont cultivés, que les animaux qui y sont élevés, dans le cadre d’une économie marchande, procurent des revenus comparables à ceux du reste de la population. Dans les années 60 les lois d’orientation proclamaient l’objectif de parité. Notre agriculture, avec de grandes disparités entre produits, sous la protection des politiques communes, s’est intégrée dans une économie d’échanges intra-communautaire et mondiale. La part de l’alimentation dans les dépenses des ménages a fondue. Le nombre d’agriculteurs lui aussi a fondu sous les effets d’une « modernisation » essentiellement tournée vers la productivité. La France « sans paysans » que prévoyait Mendras n’est pourtant pas au rendez-vous puisque nombre de petits producteurs continuent de s’accrocher aux territoires dit difficiles.

Sont-ils menacés aujourd’hui ? La réponse est oui dans le secteur du lait qui fait la une de l’actualité en ce moment. Pourquoi ? Tout bêtement parce que l’abaissement des protections communautaires conjugué avec un déséquilibre offre/demande a provoqué une chute vertigineuse du prix du lait acheté aux producteurs. De plus, l’allergie de la Commission, soutenue par les pays producteurs du Nord, à toute forme de régulation rajoute au désarroi des producteurs qui ont le sentiment que les lendemains seront plus durs encore. Je ne vais, pour des raisons de devoir de réserve, aller au-delà de ce constat. Cependant, je puis écrire que la régulation est possible à condition de bien vouloir traduire cette volonté en des mécanismes concrets pour mieux lier le prix payé au producteur à la valorisation de son produit. Les très « libéraux » américains pratiquent ce genre de sport sans complexe. Dans notre secteur les champenois l’ont fort bien compris avec le rendement disponible à l’hectare.

Bref, j’en reviens à mes voisins qui veulent voir des vaches dans le pré et des vignerons dans la vigne, pour les interroger sur quelques gestes de leur vie courante :

-         croient-ils qu’un petit producteur du Massif Central dont la coopérative fabrique de la mozzarella pour les pizzas à 2 balles qu’ils achètent est compétitif face aux géants du Nord ?

-         se posent-ils la question de savoir si en achetant du lait UHT en brique au moins cher du moins cher ils participent au déménagement de nos territoires ? En pleine surproduction nous importons du lait en briques !

-         de même pour leur emmenthal à deux balles se doutent-ils que même les producteurs bretons mordent la poussière face aux poids lourds du Nord... Entremont et ses milliers de producteurs sont au bord du gouffre. En pleine surproduction nous importons de l’emmenthal !

Certains me diront qu’y’a faire que le petit producteur du Massif central fasse du bio, du fromage AOC pour s’en tirer. Plus facile à dire qu’à faire car les places sont prises et chères et je pourrais leur retourner le compliment pour les pizzas ou l’emmenthal à 2 balles : vous n’avez qu’à changer vos habitudes de consommation... Nous retrouvons là le sujet que j’avais abordé lorsque Coffe s’affichait pour Leader-Price : Le discount ou comment fabriquer des pauvres : « merci JP Coffe de promouvoir le modèle WAL•MART » http://www.berthomeau.com/article--31535901.html . Et que les bonnes âmes ne viennent pas me chanter que le moins cher du moins cher c’est pour la défense du pouvoir d’achat des plus démunis.

Comme je l’ai écris récemment le déni de réalité ne change pas la réalité et nous ne pouvons pas faire comme si les grandes machines à lait hors sol du Nord n’existaient pas ou comme si le modèle extensif Néo-Zélandais ne dominait pas le marché mondial beurre-poudre. Nous sommes dans l’Union Européenne et, même si la situation est grave et difficile, il faut rappeler que nous avons su générer de grandes entreprises laitières aux marques reconnues : Danone, Président, La Laitière. Yoplait... qui exportent des produits à forte valeur ajoutée. De même des AOC, même si elles n’occupent moins de 10% du marché, comme le Comté, le Beaufort, le Roquefort, participent à la tenue des territoires.

Que nous le voulions ou non, le non-déménagement de certains de nos territoires – c’est-à-dire la non-délocalisation de la production – passe par un partenariat obligé entre les producteurs et les entreprises. Ils ont partie liée et « une chirurgie de champ de bataille » est évitable si le contractuel se substitue à l’administré. Encore faut-il que le citoyen-consommateur toujours prompt à venir au secours, en pensée, des petits producteurs traduisent ses bonnes intentions en actes. Si aucun changement de comportement ne se dessine je ne vois pas pourquoi les distributeurs, les hards-discounteurs, n’iraient pas au moins cher du moins cher, d’où qu’il vienne, et que les transformateurs effectuent le même chemin en réponse en s’approvisionnant auprès des producteurs en capacité de supporter, grâce à des coûts de revient plus faible, des prix d’achat de plus en plus bas. Dans ce paysage, les seules vaches bucoliques qui subsisteront seront celles qui alimenteront les circuits pour consommateurs en mesure de s’offrir les produits à forte valeur ajoutée environnementale : bio ou AOC...

La voie qui s’ouvre à nous est étroite, les virages à prendre sont difficiles à négocier, aucun modèle de production ne peut avoir la prétention d’être unique et substituable à un autre, seule la complémentarité entre un secteur industriel, encadré par une régulation assumée, jouant la carte partenariale, et un secteur artisanal valorisant le lait des zones à handicaps, peut nous permettre de faire vivre des éleveurs dans la majeure partie de notre territoire et de ne pas aboutir à une hyper concentration des élevages.

Croyez-moi nous ne sommes pas très loin des problématiques du secteur du vin sauf que celui-ci est a front renversé par rapport au secteur laitier : il découvre l’univers impitoyable de l’agro-alimentaire... Si nous souhaitons garder un grand vignoble, donc beaucoup de viticulteurs et de vignerons, la même synergie entre un artisanat créateur : le vigneron-commerçant et un négoce internationalisé en capacité de vendre des volumes importants – ce qui ne signifie pas pour autant de la bidouille – doit être voulue et assumée. Loin des oppositions stériles, des anathèmes, des discours qui font tant plaisir à ceux qui ne mettent jamais leurs mocassins dans les vignes, c’est la seule voie qui nous permettra de garder à nos territoires la vitalité qui permet d’y croiser encore des vignerons dans les vignes et des vaches dans les prés... C’est, d’une certaine manière pour le consommateur, étendre la notion de commerce équitable à nos territoires les plus difficiles...

 

Je vous recommande de lire

Le diable se cacherait-il (aussi) dans les proximités ? (billet)

Par Jean-Claude Flamant, Mission Agrobiosciences

Jean-Claude Flamant - 1.5 koJean-Claude Flamant

 

La consommation engagée, tout particulièrement l’approvisionnement en proximité ou encore l’achat de produits issus du commerce équitable, semble avoir le vent en poupe. Portés par des valeurs "citoyennes", ces modes de consommation, visant à aider les petits producteurs, auraient, par ailleurs, bien d’autres qualités. Ainsi, par exemple, s’approvisionner en proximité permettrait de réduire, en limitant les transports, l’émission de gaz à effet à serre, notamment celle de CO2. Qu’en est-il dans le faits ? Et quels freins ces nouveaux modes de consommation rencontrent-ils ? Jean-Claude Flamant mène l’enquête dans ce billet de la Mission Agrobiosciences.

  http://www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=2712

Samedi dernier un homme d'envergure et de pouvoir est mort. Jean Pinchon, éduqué par les Jésuites, ingénieur agronome de l'INA de Paris, Directeur de cabinet d'Edgard Faure Ministre de l'Agriculture, fut l'un des premiers promoteurs de la Sopexa avant de rejoindre la Cie Louis Dreyfus. Président de l'INAO pendant plus de 10 ans lui, le normand, homme des grandes cultures, aima sincèrement et passionnément cette maison. Je lui ai succédé au Bureau du Calvados. Il se voulait mon père spirituel mais j'étais un fils rétif. Nous fûmes de grands amis. Nous ne le fûmes plus. La vie est ainsi faite et la mort ne change rien à ce qu'elle fut. Lorsque Françoise, ses enfants, ses proches, ses voisins, les officiels, tous ceux qui lui étaient chers, le porteront en terre, à Epaignes, dans ce bocage normand qu'il aimait tant, paraphrasant l'évêque d'Ajaccio je penserai «  Ici, ce n’est pas un rassemblement de gens parfaits. Mais que Dieu nous pardonne nos péchés. » J'embrasse affectueusement Françoise ma grande amie.

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5 octobre 2009 1 05 /10 /octobre /2009 00:06

Au risque de vous surprendre Bernard Magrez, sous sa carapace parfois rugueuse d’homme qui s’est fait tout seul, est un grand affectif. Cette sensibilité, bien nichée sous une belle prestance, il la préserve avec un soin jaloux de la suffisance des beaux esprits à la française, des héritiers, de tout ceux qui n’ont rien construit. Lui il fait, car c’est aussi un vrai instinctif qui pressent, qui sait être le premier au bon endroit au bon moment, analyse vite, hume la tendance, sait comme son modèle François Dalle, l’homme qui a fait l’Oréal, que « le lendemain cela se construit hier, et cela se construit le matin à 8 heures aussi »  Comme il va toujours de l’avant, qu’il a toujours une faim primale, qu’il ne remet jamais au lendemain ce qu’il veut faire aujourd’hui, l’homme est exigeant, passionné, dur souvent – c’est lui qui le dit – avec son fils et sa fille, ses collaborateurs.

Dans mon petit bureau du 2ième étage, au 232 rue de Rivoli, Bernard Magrez est venu s’asseoir. Il sort de chez Michel Pons. Nous sommes en 2001, mon rapport fait grand bruit à Bordeaux, les grands chefs m’habillent pour l’hiver, je suis celui par qui le scandale arrive. Ce n’est pas pour déplaire à Bernard Magrez qui n’aime rien tant que bousculer l’establishment. Lui si avare de compliments me dit « que j’ai tout compris. » Moi je sais bien que le petit rapporteur que je suis n’a fait que mettre sous le nez des immobilistes patentés un simple instantané de nos forces et nos faiblesses face aux entreprises du Nouveau Monde. Lui qui, sur le socle de William Pitters, a su faire voisiner  des marques comme Sidi Brahim, Malesan, avec Pape Clément, démontrant ainsi qu’en France tout pouvait être possible si l’on respecte le produit et ceux qui le consomment, l’avait compris depuis fort longtemps. À juste raison il doutait, et de la volonté des décideurs publics de pousser à des choix courageux, et de la capacité des dirigeants professionnels de sortir du déni de réalité.

Depuis Bernard Magrez a pris un grand virage, sa quête est celle des terroirs d’exception où il applique son perfectionnisme « pour moi on ne fait jamais assez bien ». Il veut ainsi répondre par une offre diversifiée à l’éclectisme de l’amateur de vin. L’étonner aussi. Depuis toujours Bernard Magrez considère le vin comme un objet de satisfaction et de statut. Il assume sans complexe tous les codes de l’univers du luxe. Pour autant, lui qui considère Michel Rolland comme un génie, le seul avec Parker à avoir à ses yeux un goût infaillible, considère que « le génie du vin c’est le terroir ». Moi j’aime les gens qui dérangent, qui ont des angles, et j’avoue que, même si bien des choses nous séparent, j’ai de l’affection pour Bernard Magrez.

Je le remercie donc d’avoir accepté de répondre au questionnaire de Proust. Il le fait, comme vous pourrez le constater, à la Bernard Magrez

Votre vertu préférée : La rigueur

Vos qualités préférées chez l'homme : Vivre debout

Vos qualités préférées chez la femme : La franchise

Votre occupation favorite : Le travail

Votre caractéristique maîtresse : Jamais renoncer

Votre idée du bonheur : Etre libre

Votre idée du malheur : Subir sans ne rien pouvoir faire

Vos couleurs et votre fleur préférées : Le rouge et le vert, le lys

Si vous n'étiez pas vous-même, qui voudriez-vous être ? : Un homme qui réussit tout ce qu’il entreprend

Où aimeriez-vous vivre ? : A Bordeaux

Vos auteurs préférés en prose : Sénèque

Vos poètes préférés : La Fontaine, Verlaine

Vos peintres et compositeurs préférés : Buffet, Mozart

Vos héros préférés dans la vie réelle : François Pinault

Vos héroïnes préférées dans la vie réelle : La Vierge Marie

Vos héros préférés dans la fiction : /

Vos héroïnes préférées dans la fiction : /

Votre mets et votre boisson : Une Côte de bœuf avec du Château Pape Clément qui, grâce à son terroir, produit un vin d’une sublime délicatesse et le Château Haut-Marbuzet car c'est un très grand Médoc.

Vos prénoms préférés : Paul (car Saint Paul)

Votre bête noire : Ceux qui travestissent la vérité

Quels personnages historiques méprisez-vous ? : De Gaulle

Quel est votre état d'esprit présent ? : Indestructible

Pour quelle faute avez-vous le plus d'indulgence ? : Une faiblesse très momentanée

Votre devise préférée : Jamais renoncer

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3 octobre 2009 6 03 /10 /octobre /2009 00:06

Que les âmes prudes se rassurent, nous ne pénétrons ici que le Louvre et le musée d’Orsay introduit par Jean-Manuel Traimond, guide de son état qui, au fil des années a pris « un malin plaisir à souligner les aspects licencieux des œuvres du Louvre et d’Orsay, aspects parfois voulus, parfois involontaires, parfois trompeurs. » De cette expérience il tira d’abord un parcours particulier qu’il baptisa Naughty Louvre à l’attention de ses clients, principalement américains. Puis pour ses clients français « cette visite spéciale s’appelle Le Louvre coquin. Alors, comme en France tout fini par des livres, je puise aujourd’hui, pour mon feuilleton coquin de l’été, à la source du « Guide érotique du Louvre et du Musée d’Orsay » publié et diffusé par ACL www.atelierdelacréationlibertaire.com . Plus précisément page 62, Louvre, Denon, sculptures de l’Europe du Nord XVe-XXe s. salle E.

 

« L’évangile féministe l’enseigne : la taille ne compte pas. La taille pénienne, on aura compris. L’évangile pornographique, au contraire, ne jure que par elle. Quant à l’évangile homosexuel, il ne rêve que d’énorme. Pour les homosexuels, les pornophiles et les curieuses, voici le palmarès pénien.

Révélons le plus suggestif, donc le plus caché. La galerie Thorvaldsen, un très bref couloir qui porte le nom du grand sculpteur danois, ne voit passer que des touristes désorientés sortant de l’ascenseur. Ils y remontent dès qu’ils constatent que cette galerie ne mène pas à la sortie. Ils ont tort, ils manquent le plus beau pénis érigé du musée.

Il faut s’approcher d’une fenêtre. À côté, à hauteur d’œil, un présentoir. Sur le présentoir, une très jolie terre cuite de Sergel. Ce dernier, sculpteur suédois de l’époque de la Révolution, se rendra coupable de bien d’autres œuvres galantes. La terre cuite, dans le style des biscuits de Sèvres, est intitulée Centaure et Bacchante. Oui, mais le centaure a saisi la fesse droite de la bacchante. Et il l’a saisie avec une telle passion que son majeur cache et presse l’anus de la bacchante pendant que son annulaire en cache et en presse la vulve.

Le centaure est allongé sur le sol. Entre ses pattes chevalines on ne saurait manquer un pénis très humain, empli de joie par la proximité de la bacchante. La terre cuite ne mesure pas loin de quarante centimètres de long : l’organe du centaure occupe tant de ces centimètres que je ne doute pas que la Galerie Thorvaldsen devienne bientôt un lieu de rencontres. 

Si nous étendions à Paris le palmarès pénien, le vainqueur haut la main, si l’on ose dire, serait celui, énorme mais inaccessible, du génie de la Bastille. Limitée au Louvre et à Orsay, la compétition pénienne couronne l’Hercule de la salle des Caryatides et l’Adonis de la sculpture italienne. Sculptures géantes, leur pénis sont géants. Ils sont néanmoins au repos. Comme celui du Faune endormi de la cour Puget, Nil charnu déroulé au milieu des jambes grandes ouvertes du faune.

Les pénis érigés sont évidemment rares dans les salles du Louvre. Une légende racontée par un gardien barbu – les gardiens de musées sont une source précieuse pour les amis de la fable – voudrait qu’il y ait dans les réserves, domaine fabuleux s’il en est, une salle réservée aux six mille lampes romaines possédées par le Louvre. Or les lampes romaines, destinées à éclairer la nuit et ses plaisirs, adoptaient le plus souvent la forme d’un phallus enthousiaste. Selon ce gardien, un rituel de bizutage jamais avoué à ses victimes consiste à emmener les gardiennes débutantes dans cette salle, pour le plaisir d’observer leur réaction devant six mille organes engorgés. Se non è vero trovato. »

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2 octobre 2009 5 02 /10 /octobre /2009 00:04

Dans les gazettes spécialisées, les commentaires, les livres, le vin est magnifié et ceux qui le font encensés mais rares sont les journalistes, les experts, les écrivains qui trempent leur plume dans la sueur pour écrire sur le labeur des hommes et des femmes dans la vigne. Avec le retour en force des méthodes ancestrales certains s’intéressent plus aux chevaux qu’à ceux qui les mènent. Bien sûr, certains me feront remarquer que chez beaucoup de vignerons ou de vigneronnes, leurs mains vont du cep au vin, ils font tout ou presque par eux-mêmes mais, là encore, les mots du travail de la vigne, qui sont bien plus précis que ceux dont on emberlificote le vin, sont rarement exprimés. Sans vouloir en revenir à René Bazin ou à Joseph de Pesquidoux pourquoi diable ce non-dit, cette absence d’empathie pour ces gestes du soin de la vigne ? Je ne sais, sauf à croire que les urbains n’ont de la campagne qu’une vision bucolique qui leur fait protester contre le chant du coq ou certaines odeurs – celle du fumier épandu par exemple – lorsqu’ils se retrouvent dans leur costume de résident secondaire.

Sans vouloir jouer à celui qui sait, puisque j’ai les mains blanches, mes origines et mes 3 heures de travaux pratiques par jour à l’école d’agriculture, m’ont toujours rendu sensible à la pénibilité de certains travaux. Paradoxalement, c’est un écrivain, qui vit actuellement dans le Médoc, Éric Holder, qui dans un roman bref – c’est spécialité me dit-on – Bella Ciao, m’a inspiré cette chronique. Son histoire est celle d’un mec qui picole et qui se fait jeter par sa femme. Il veut en finir mais l’océan le dessoûle et le voilà qui se retrouve, passé le rideau de pins devant des vignes. Pour vivre, il trouve un contrat de 100 jours chez Franck Pottier qui « fournit depuis 1968 le prestigieux domaine de M, en carassons, des piquets de vigne. » Les Pottier sont aussi propriétaires du château Cantara un « cru artisan » qui ambitionne à la qualification de « cru bourgeois ». Thérapie par le travail dans les vignes, c’est autre chose que celle de notre « ami » Chabalier. L’homme ne s’attendrit pas sur son sort. Le roman est assez inégal mais le narrateur a manifestement mis les pieds et les mains dans les vignes.

 

Je vous offre quelques extraits de ce livre Bella Ciao publié au Seuil.

 

« Sur les carassons, ou échalas, courent des fils de fer tendus, le maillage sur lequel la vigne va croître. Autrefois en vaillant bois d’acacia, à présent en pin, les piquets doivent être souvent remplacés. C’est par milliers que chaque année, au milieu de l’automne, la vendange achevée, le domaine de M. en commande à Franck. »

 

« Franck me montra la Renault Express qu’il me confiait, un véhicule utilitaire chargé d’une brouette, d’un tas d’outils d’où dépassait le manche d’une pelle, et des centaines de pieds de vigne à complanter.

Complanter, c’est remplacer, dans les allées, les ceps qui, pour une raison ou pour une autre, ont péri. Beaucoup de cabernet sauvignon, un peu de merlot, du petit verdot, voilà un des secrets du château Cantara.

 

« La vigne est constituée d’un réseau de fil de fer à plusieurs niveaux, dans lequel nous enfouissons les mains, le maillage, donc. On a vu la foudre, empruntant ce chemin, griller l’employé comme tranche de lard dans la cheminée »

 

« Les parcelles de vigne, parfois situées à des kilomètres les unes des autres, portent des prénoms de femmes. Laurence, Béatrice, Marlène... »

 

« Une autre fois, il me montre un aste(courson) élevé en arceau. Des feuilles nouveau-nées, rose fuchsia, translucides, le transforment en diadème barbare, scintillant dans l’humidité de l’aurore. »

 

« Franck a trois autres ouvriers. J’entends qu’il leur dicte des ordres, sur son portable. Certains taillent – nous sommes fin février –, un autre acane, c’est-à-dire attache, avec des liens blancs, les astes au maillage. Ce boulot est réservé aux filles, qui ont des doigts plus fins. Je trouve dans les vignes des traces de leur activité, sans les croiser cependant.

-         Moi aussi, j’aimerais bien tailler...

-         Laisse tomber, dit-il avec tant de fermeté que je comprends qu’une partie de la récolte serait compromise »

 

« Dans la vigne est venu le moment d’espourguer, d’épamprer, un travail minutieux qui consiste à ôter des astes les bourgeons prétentieux. Les quelques-uns que nous laissons, à certains emplacements, s’appellent des cots. Ils pousseront en branches »

 

« À l’automne précédent, après la vendange, ont été descendus les deux fils de fer sous lesquels le raisin poussait. . Avec l’apparition du feuillage et de minuscules grappes, il faut les remonter, les tendre entre eux au moyen d’agrafes. L’opération est appelée « relevage »

 

« Nous relevons côte à côte, alternativement à droite et à gauche, chacun s’occupe de deux rangs. Eux finissent toujours les premiers. Quoi que je fasse – tâchant d’imiter leurs gestes sûrs, l’autorité avec laquelle ils ramassent d’un coup le feuillage sur les fils –, je patauge en arrière. Ils terminent chaque fois mes rangs, s’en excuseraient presque »

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1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 00:09

Bernard Pivot, ce grand amoureux du vin, soumettait, à la fin de l'émission Bouillon de culture, ses invités à une version de son cru dérivée du questionnaire de Proust. Il y voyait l’occasion pour un écrivain de dévoiler à la fois des aspects de son œuvre et de sa personnalité. Ce Questionnaire n’est pas l’œuvre de Marcel Proust mais celle d’Antoinette fille du futur Président de la République Félix Faure, une « adolescente aux yeux gris » qui « sortait toujours avec un chapeau à plumes et une ombrelle, et tenait, pour être au goût du jour, une sorte de journal intime consigné dans un petit album plat de cuir rouge constellé d’arabesques, que sa gouvernante lui avait acheté sous les arcades de la rue de Rivoli, à la librairie Galignani spécialisée dans la vente d’ouvrages anglais et américains. Ce genre d’album en provenance de l’Angleterre victorienne était très prisé par les tenants bourgeois d’une France anglophile. » Henry-Jean Servat.

Ce Journal intitulé : Confessions. An album to Record Thoughts, Feelings, présentait sur chacune de ses pages un même questionnaire : 24 Questions « qui étaient censées, par les réponses qu’elles suscitaient, dévoiler l’âme vive des questionnés en révélant leurs sentiments cachés. » Les questions étaient rédigées dans la langue de Shakespeare, les réponses l’étaient en français. Le jeune Marcel Proust s’y soumis mais il fut l’un des rares à ne pas signer et il ne répondit qu’à 20 questions sur 24. L’album d’Antoinette Faure fut découvert par l’un de ses descendants dans une malle poussiéreuse de son grenier. Depuis, ce questionnaire a subi des variations de formes, des coupes ou des digressions, celui que j’ai proposé à des personnalités du vin est l’un des plus proches de celui auquel Marcel Proust s’est soumis.

La seule patte personnelle que je glisse dans ce questionnaire c’est que je demande à mes invités de mettre un focus particulier sur la réponse à la question concernant leur boisson préférée, le vin bien sûr, en parlant de leur bouteille préférée. Pour les propriétaires de vignobles, hommes et femmes du vin j’ajoute un bonus en leur donnant la possibilité de désigner à la fois l'un de leurs vins et le vin d'un autre producteur français ou étranger...

J’ai lancé, auprès de femmes et d’hommes du vin, une dizaine de questionnaires dans la nature, la plupart me reviendront et je soumettrai les réponses au fil des semaines de ce dernier trimestre que nous entamons. Le premier à se soumettre à cet exercice difficile est Gérard Bertrand car il est le premier à m’avoir donné son accord. Normal, Gérard est un homme qui a la vista, le sens de l’anticipation. Toujours en mouvement, il est de ceux qui, dans ce grand Sud dont il dit « que l’histoire reste à écrire », font bouger les lignes. Son ambition affichée d’être « le leader des vins premium pour le Sud de la France » relève d’un beau challenge et non d’un ego surdimentionné. L’homme aime son pays, il en connaît les forces et les faiblesses, il y puise son dynamisme, il s’y ressource, c’est un gagneur dont le Languedoc-Roussillon a bien besoin. En écrivant cela je ne viens pas tresser des lauriers à Gérard Bertrand, qui n’en nul besoin, mais dans la mesure où mon petit écho dans le concert de pessimisme serve à quelque chose, affirmer que le modèle économique qu’il développe est important pour le devenir de cette grande région viticole.

Je vais laisser la parole à Gérard Bertrand www.gerard-bertrand.com/. Pour ceux d’entrevous qui souhaiteraient en savoir un plus je leur conseille de lire l’entretien qu’il a accordé à La RVF du mois de septembre. Heureux que cette dame honorable et respectée sorte de plus en plus de son splendide isolement pour s’intéresser à des défricheurs de notoriété comme Gérard Bertrand. Merci Gérard de venir sur mes lignes...
Votre vertu préférée : le courage

Vos qualités préférées chez l'homme : l’honnêteté et l’enthousiasme

Vos qualités préférées chez la femme : la sensualité et l’intelligence

Votre occupation favorite : méditer

Votre caractéristique maîtresse : la volonté

Votre idée du bonheur : être conscient de la beauté de l’Univers

Votre idée du malheur : le sublimer

Vos couleurs et votre fleur préférées : l’orange et l’oranger

Si vous n'étiez pas vous-même, qui voudriez-vous être ? : mon ombre

Où aimeriez-vous vivre ? : Ici et là-bas

Vos auteurs préférés en prose : Jean-Jacques Rousseau

Vos poètes préférés : Rimbaud

Vos peintres et compositeurs préférés : Leonardo da Vinci et Mozart

Vos héros préférés dans la vie réelle : mon père

Vos héroïnes préférées dans la vie réelle : ma mère

Vos héros préférés dans la fiction : James Bond

Vos héroïnes préférées dans la fiction :

Votre mets et votre boisson : soupe à l’oignon, le Domaine de l'Aigle Pinot noir et les oeuvres complètes du Domaine de la Romanée-Conti.

Vos prénoms préférés : Joseph, Marie et Ingrid

Votre bête noire : Agen et Toulon, qui m’ont barré la route de la Finale du championnat de rugby

Quels personnages historiques méprisez-vous ? : d’après-vous ?

Quel est votre état d'esprit présent ? : serein et heureux ! c’est les vendanges.

Pour quelle faute avez-vous le plus d'indulgence ? : l’ignorance

Votre devise préférée : dans la vie, il faut avoir le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté


LES REPONSES DE MARCEL PROUST SONT EN WINE NEWS N°62

lL
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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 00:07

 

L’image, c’est l’une des toutes premières, d’un type fraîchement sorti du lit, du côté du parc Monceau, tôt le matin, au bord d’un bar tout juste ouvert en face de chez lui, qui descend en un rien de temps deux verres de blanc. Cette image, en plan fixe dans la presse, montre le type – François Cluzet en l’occurrence – le regard fixe, un verre de blanc au bord des lèvres : la messe semble dite, le coupable est tout désigné puisqu’il y a une victime.

 

Et pourtant, si comme moi, vous alliez voir « Le dernier pour la route » film de Philippe Godeau d’après le récit d’Hervé Chabalier, grand succès de librairie (180 000 exemplaires vendus) vous constateriez que le petit verre de blanc n’y est pour rien. Alors pourquoi diable le mettre en avant, puisque le film n’est que la relation au jour le jour de la thérapie de groupe, dans une confortable clinique suisse, où François Cluzet, alias Hervé, tente d’arrêter de se saouler. Tout bêtement parce que c’est commode. Tout simplement parce que c’est l’image-type du pochtron de comptoir véhiculé pendant des années par les communicateurs. Et pourtant, comme le dit dans le film un toubib sinistre, alcoolique devenu abstinent, ça pourrait-être de l’eau de Cologne ou de l’alcool à brûler. Le liquide alcoolisé ingurgité importe peu, on ne se saoule pas par plaisir lorsqu’on se lève en pleine nuit pour descendre une bouteille au goulot, ce qui compte c’est la course éperdue pour combler le manque.

 

Les causes de l’alcoolisme d’Hervé ne tiennent pas à une attirance particulière pour le vin mais à des accidents de la vie : la mort de sa petite sœur en Afrique suite à une vaccination contre la rage à la suite de la morsure d’un chien qu’il avait imposé à ses parents où il se découvre égoïste et coupable ; sa vie de grand reporter qui l’entraîne souvent au bord des bars ; son tempérament impérieux, égotique, de patron d’une grande agence de presse... Bref, oui l’alcoolisme est une maladie qui peut toucher n’importe qui et, tous, autant que nous sommes, ne pouvons rester indifférent au lot de souffrance qu’elle entraîne pour l’alcoolique lui-même et ses proches.

 

Fallait-il pour autant que Chabalier tire un film de son livre ? La réponse des critiques est mitigée. J’en citerai 2 : celle de Télérama et celle du Canard Enchaîné. Avant, sans polémiquer, je suis stupéfait de la surface accordée par le Nouvel Observateur à ce film disons « thérapeutique ». Là nous retrouvons le goût immodéré des journalistes de promouvoir leurs copains journalistes. Phénomène constatable déjà lors du battage fait autour du « rapport Chabalier ». Hervé Chabalier qui aime tant la lumière des spots est un intouchable. Sa parole est d’or. Dans le film, où il découvre enfin l’existence des autres, l’homme apparaît comme un monsieur je tiens tout sous contrôle, sauf lui. Son expérience ne le destinait pas pour autant à endosser, par l’onction d’un copinage ministériel, le costume du monsieur qui délivre la leçon. Cette part d’arrogance, de suffisance, sans doute atténuée par sa thérapie – franchement je comprends encore mieux Olivier Ameisen, le chemin de l’abstinence tel qu’il est tracé dans ces institutions ne peut que conduire 9 fois sur 10 à l’échec – resurgit dès que les feux de la rampe se braquent sur lui.

 

Revenons au film et aux critiques lues après avoir vu le film :

 

-         celle de Samuel Douhaire dans Télérama qui correspond le mieux à mon ressenti (vous voyez bien les gars de Télérama que je suis même capable de dire du bien de vous) : « Quand je veux faire passer un message, je ne fais pas de cinéma : je l’envoie par la poste », disait John Ford. C’est le gros problème du premier film aussi émouvant que maladroit réalisé par le producteur Philippe Godeau : la lutte contre l’alcoolisme du journaliste Hervé Chabalier (François Cluzet, irréprochable) ressemble souvent à un long message de prévention du ministère de la Santé. Avec cours magistral sur les ravages de la boisson, suivi de cas pratiques édifiants... Entre deux scènes lourdement démonstratives, le Dernier pour la route trouve un peu de mystère grâce à Mélanie Thierry, étonnante dans son incarnation de l’abandon et du dégoût de soi. »

 

-         celle de David Fontaine dans le Canard Enchaîné pour élargir le champ « Le scénario est fluide, la réalisation translucide, et les acteurs impeccables : notamment Michel Vuillermoz en viveur généreux à la Depardieu, Mélanie Thierry en ado à vif, ou Mélanie Canto en thérapeute attentive. Mais un doute vous étreint : s’agit-il d’un film didactique, d’ailleurs fort bien fait, destiné selon le mot de Chabalier à « faire passer un message sur l’alcoolisme » ? Voire une pub à peine déguisée pour telle institution existante ? Ou carrément d’un film de prévention bientôt remboursé par la Sécu ? Allez, un dernier « message » sanitaire pour le doute... »

 

François Cluzet, comme Chabalier, est lui aussi passé par l’alcoolisme « comme lui, j’ai connu les nuits blanches pour éviter le noir. Je comprends donc très bien sa douleur et sa honte lorsqu’il boit au goulot à trois heures du mat’, sans pouvoir s’en empêcher. Je suis passé par là. » Comment s’en est-il sorti ? Nul ne le sait et c’est sans doute mieux ainsi. Alors avec ce film-message j’espère que Chabalier en a terminé avec sa surexposition médiatique. Il ne fait pas avancer d’un centimètre la question de la guérison de l’alcoolisme. Le combat d’Olivier Ameisen, et surtout son beau livre, est bien plus porteur d’espoir que le « message sanitaire » d’un dernier pour la route...


Je n'y suis pour rien, le hasard fait bien les choses, j'ai reçu hier au soir le témoignage de Yannick que vous pouvez lire - je vous le recommade vivement - en cliquant  sur le lien 29/09/2009 21:08:11

« Le Dernier Verre » du Dr Olivier Ameisen : un témoignage qui dérange…

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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 00:08

Je serai bref.

Additionner les « difficultés » que connaissent des grands pays ou de grandes régions viticoles : New-Zélande, Australie, Italie, Espagne, Bordeaux, Languedoc-Roussillon pour « mesurer l’ampleur et l’aggravation de la crise qui touche quasiment tous les pays producteurs de vin » relève d’un calcul de gribouille.

Pourquoi ?

Tout bêtement parce que la viticulture mondiale n’est pas en crise mais connaît une violente et prévisible période d’ajustement dans la mutation engagée depuis l’irruption de nouveaux producteurs sur le marché mondial ou du moins sur les marchés de certains pays, telle la Grande-Bretagne, où ils ont su faire émerger de nouveaux consommateurs.

Nous assistons à un carambolage, à une tectonique des plaques entre les pays qui ont joué l’expansion à tout va, et qui doivent freiner « à mort » pour tenir compte à la fois des limites de leur modèle et de la dépression mondiale et ceux qui ont cru, tel l’Espagne, pouvoir profiter de l’aspiration et qui doivent revoir leur stratégie, ou comme la France, dont les 2 grands vignobles phares ont joué une concurrence mortifère, un immobilisme stupide, et qui subissent la double peine : ils n’ont pas profité de la phase de conquête et ils doivent comme les autres s’ajuster.

La situation n’a rien d’étrange face à des perspectives de reprise du marché mondial, surtout pour la France où nous prenons de plein fouet l’inadaptation d’une part de notre ressource vin aux demandes des marchés émergeants comme de notre marché domestique. Nous avons refusé obstinément de nous voir comme le plus grand pays producteur généraliste de vin. Nous avons continué de rêver au modèle AOC pour tous. Nous avons fait comme si les vins dits « technologiques » n’étaient pas dignes de notre glorieux passé alors que le vignoble pour les faire est sous nos pieds. Nous nous sommes obstinés à croire que la cohabitation de ces 2 modèles, leur gestion par complémentarité nous mettrait en position de faiblesse. Nous touchons les « dividendes », si je puis m’exprimer ainsi, de nos non-choix.

Le déni de réalité ne change pas la réalité.

Que faire ?

Méditer sur le discours de Philippe Vergnes président du Syndicat des Vignerons du Midi, qui à l’invitation de Georges Frèche, président de la Région, a présenté lors de la dernière session du Conseil Régional « la situation dramatique des vignerons régionaux. » 

Mais encore ?

Écouter les docteurs de la 11ième heure, adeptes du pâté d'alouette : 99% d'analyse du passé et un chouïa de vagues propositions, ils sont très nombreux et très pertinents.

Pour ma part je m’en tiendrai là.

Ce n’est pas du Ponce-Pilatisme mais le strict constat du fait que je suis hors-jeu.

Le 27 décembre 2006 j’avais commis une chronique : « Chirurgie de champ de bataille » http://www.berthomeau.com/article-5030131.html le diagnostic reste le même avec un double facteur aggravant : 3 années sont passées et l’économie mondiale n’est pas au mieux de sa forme.

Mon métier – oui j’en ai un – n’a jamais consisté à dire ce que certains veulent s’entendre dire ni à me faire plaisir en m’appuyant sur mes choix personnels.

Enfin, je le rappelle, je n’étais pas seul. « Agir plutôt que réagir » si mon employeur me le demandait remettre sur le métier l’ouvrage ne me fait pas peur... Voir la réponse à la 3ième Question de 3 Questions à Jacques Berthomeau du 4 décembre 2008 par Catherine Bernard http://www.berthomeau.com/article-25264173.html

NB. Les citations entre parenthèses sont extraites du dernier Vitisphère

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