Notre temps, qui se dit si soucieux de la nature, des petits oiseaux, des gentils insectes, des lapins folâtres et des abeilles butineuses, par un étrange oukase de la cohorte des biens pensants, des pédagogues gris, des gardiens de la santé publique, tient nos enfants à distance de la vigne comme si celle-ci, liane infernale, allait avant même que leurs dents de lait soient tombées les enlacer, les séduire, pervertir leurs jeunes esprits, noircir leur âme pure, leur ouvrir le chemin qui les mènera tout droit l’âge aidant, vers l’enfer des adorateurs de son jus fermenté. Alors, au lieu de débiter à longueur de contre-étiquette des banalités sur l’accord parfait d’un Gigot d’agneau avec une Première Cote de Bordeaux ou sur l’incomparable royaume des schistes et des grès de Saint Chinian ou chanter la gloire du Petit verdot et du Gros Manseng, donner aux mamans, soucieuses d’éveiller l’imagination de leurs mouflons et mouflonnes, des textes tel que celui qui suit.
« À Cabara, en bord ‘eaux de la rivière, et à Saint-Aubin de Branne, en sol majeur de roc et d’argile, les terres de mes vignes sont travaillées à la charrue pour préserver la vie de la nature.
Perché au faîte des vignes, chaque jour, le merle voit couler l’eau douce de la rivière vers la mer.
Et chaque jour, également, au rythme des marées, il voit la rivière remonter inlassablement vers sa source et donc vers la mémoire de ses origines.
Le merle inspiré par ce rituel quotidien, offre alors ses chants au seul agrément des &amateurs en se tenant volontairement à l’écart du savoir étrange de prétendus experts et de soi-disant notables concentrés sur la typicité des sélections officielles et des standards en chaîne.
Par son propre chant, à sa manière, il exprime sa fierté d’être libre sans jamais imiter le chant du rossignol.
À la vie dure des honneurs et aux cours magistraux des hommes le merle aux noirs reflets préfère le cours de la rivière.
Des écoles il ne connaît que les cours de récréation : là au moins les règles y sont sincères et véritables...
Permettez-moi simplement d’être sensible, par la Nature des choses, à tout ce que le merle et la rivière me racontent...
Chaque oiseau, de ses propres plumes, signe son chant. »
L’ami François des Ligneris auteur de ce beau texte écrit pour les Grands qui ont gardé un cœur d’enfant mais je ne doute pas qu’il existât encore des mamans capables de broder, sur la trame de cette histoire de merle juché sur le faîte des vignes regardant aller et venir la rivière, avec des mots d’enfant un conte qui leur fasse aimer les chemins de la simplicité, de la liberté et de l’altérité. Le titre : Le Prince Sarment leur mettra déjà l’eau à la bouche et comme le dit François leur permettra peut-être de comprendre que ce modeste petit bout de bois qui part dans tous les sens est un indispensable trait d’union entre le cep et le raisin « sans les sarments de la vigne, il n’y aurait pas de raisins, donc pas de vin... Gloire soit rendue aux sarments, princes du vin à venir et de nos rêves secrets ! »
Le Prince Sarment est un Vin de Table de France titrant 13,5° issu des vignes de François des Ligneris vigneron à Cabara et Saint-Aubin de Branne en Gironde www.UADF.COM et l’étiquette est une aquarelle de Marc Couturier. Je viens de le boire ce soir alors que le thermomètre de ce début de mars vient de faire une rechute. Il m’a réconforté tel un ami solide et chaleureux. Et puis, pour ne rien vous cacher j’adore les merles car ils ne pas bégueules, toujours en mouvement ils sont démonstratifs, insolents, rieurs et persiffleurs. Des bons vivants quoi !