Aider le Beaujolais à sortir de l’ornière : l’idée fait son chemin. Le débat sur mon « Espace de Liberté » s’est engagé. Vif mais souvent pertinent, il ne peut suffire car trop souvent sur la Toile le soufflé monte aussi vite qu’il ne redescend. Des bonnes volontés venues d’horizon divers m’ont fait savoir qu’elles étaient disposées à me prêter main forte. J’ai pris bonne note en me demandant comment traduire en action cet élan. Et puis, jeudi dernier, j’ai pointé mon nez enfariné en Bourgogne, Nuits Saint Georges puis Beaune pour la 10ième édition des Grands Jours. Un déplacement, très «carbon neutral» dont je vous reparlerai dans les jours à venir, qui m’a permis de croiser des « acteurs » intervenant en Beaujolais. Comme de bien entendu nous en «avons parlé» et, là encore, j’ai apprécié la qualité de l’écoute et une réelle volonté d’agir. J’ai donc couché sur mon cahier Opération Beaujolais « Grand Corps Malade » des noms. Le soir, au dîner de l’Union des Maisons de Vins de Bourgogne, j’ai entendu son Président : Louis-Fabrice Latour évoquer l’accord signé, sous l’égide d’Yves Bénard le Président du Comité National Vins&Eaux-de-vie de l’INAO, entre la Bourgogne et le Beaujolais préfigurant la Grande Bourgogne. Juste avant de partir, un de mes collègues du Conseil Général du Ministère, en me transmettant un travail qu’il avait réalisé dans une autre région viticole, me faisait part aussi de son intérêt pour la démarche. Bref, voici brosser l’ébauche d’un léger frémissement qui me conforte dans mon approche pragmatique.
Reste, et ce n’est pas évident, à trouver le liant ou le lien qui permette de démultiplier les bonnes volontés, d’additionner les compétences, de les aider à contribuer, de faire que cet écheveau se transforme en pelotte. Belle ambition certes mais qui se heurte aux emplois du temps des uns et des autres, aux possibles dissonances, au peu de goût de certains pour les réunions, et enfin au point le plus sensible, puisqu’il s’agit de ma part d’une auto-saisine, le fait de travailler pour du beurre puisque personne parmi les instances officielles du Beaujolais, à l’exception du fils et petit-fils de vigneron qui m’a saisi du problème, ne m’a jamais rien demandé. Alors que faire et surtout comment faire ? Tout d’abord rester dans notre rôle, ne pas nous transformer en missionnaires en charge de « l’évangélisation » des masses, s’en tenir à une approche de proximité, modeste, attentive, indemne de toute exclusive, hors les chapelles et les ayatollahs. Créer le mouvement, instiller de la confiance, sortir des idées reçues, explorer toutes les pistes ouvertes, dire et écrire, mobiliser les énergies pour le renouveau. Tenir un tel discours va me valoir sans doute les lazzis des éternels sceptiques ou les reproches de ceux qui estiment que je m’occupe de ce qui ne me regarde pas. Rassurez-vous, je suis vacciné.
Hasard de l’écriture et de l’instantanéité du Net, ce matin, alors que je ponds cette chronique, un commentaire d’Isabelle, dont j’ai apprécié le Moulin à Vent à Montreuil, tombe : « On est fort en beaujolais: on continue à parler de nous, même quand la crise est au plus fort, quand on dit que plus personne ne veut acheter du beaujolais! Ça fait presque 20 ans que la crise est arrivée dans notre région. On n'a pas voulu la voir faisant une confiance aveugle aux négociants et étant persuadé que le consommateur ne pourrait pas se passer de boire de Beaujolais... Et ça m'énerve aussi un peu quand j'entends les vignerons des crus qui accusent le Nouveau d'être la cause de leur malheur. Ils n'avaient qu'à se bouger un peu...réagir quand le beaujolais avaient encore la cote...au lieu de ça on déclassait des beaujolais villages ou des crus en Nouveau! Et oui, parce qu'en beaujolais, les rendements autorisés étaient supérieurs... » Et de conclure : « Arrêtons de compter sur les autres pour s'en sortir? Il faut que chacun se sente enfin responsable de sa cave et de son vin et prenne le courage de mettre son nom sur la bouteille et d'aller le vendre. Arrêtons de se justifier d'être en beaujolais. Soyons fier de notre région, de nos vins. Jamais je n'ai à m'excuser d'être en beaujolais : c'est à prendre ou à laisser! On y trouve des vins magnifiques de fruit, de fraîcheur et de caractère. Vive le beaujolais! »
Paradoxalement, même si Isabelle en appelle, non à compter sur les autres, mais au sursaut de ses collègues pour sortir le Beaujolais de sa crise, je trouve dans son commentaire un encouragement à venir prêter main forte à celles et ceux qui ne baissent pas pavillon. Démarche amicale, loin des ordonnances des docteurs je sais tout, à cent lieux des conseilleurs qui ne sont pas les payeurs, qui place l’opération « Beaujolais Grand Corps Malade » dans cet esprit de prise en charge par les intéressés. Compter d'abord sur soi-même comme je l’avais déjà écrit dans ma première chronique : « C’est donc à dessein que j’ai titré ma chronique « Grand Corps Malade » en référence à ce grand garçon sympa qui a su, avec ses propres forces, surmonter son handicap lié à son accident pour « réussir ».
Comme je me suis autoproclamé « accoucheur de décisions » je vous sollicite donc, chers lecteurs et lectrices, pour être membres actifs dans mon équipe que j’ai pompeusement baptisée : « Task Force » pour frapper les esprits et bien souligner l’esprit qui l’animera : être de simple relayeurs auprès des gens du Beaujolais !
Pour ceux que ça intéresse c’est simple : vous me faites parvenir sur ma messagerie berthomeau@gmail.com votre adhésion à la « Task Force ». Ça vous engagera à quoi me direz-vous ? À ce que vous souhaiterez, à ce nous souhaiterons ensemble, à ce que nous ferons ensemble. Ainsi soit nous créerons une forme originale de réseau communautaire pour aider, soit mon initiative fera un gros plouf et je continuerai de tracer mon chemin en solitaire.
à bientôt sur mes lignes...