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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 00:04


« Le vin sans perdre ce qui fait son originalité dans ce monde uniformisé doit pour amener ces nouveaux consommateurs dans son univers utiliser ses codes, surfer sur les tendances, faire de la wine attitude un standard. Comme dans le monde de la mode où les frontières entre haute couture et prêt-à-porter implosent pour laisser la place à des fashion victim, c’est-à-dire des consommatrices capables de se trimballer avec des tongs dont les prix varient entre celui de l’hypermarché et celui de Prada, soit de 30 à 2000 F… » En août 2001, lorsque ces lignes furent mises en ligne sur le site du vénérable Ministère de l’Agriculture, l’auteur, votre serviteur en l’occurrence, fut étiqueté par les grands prêtres du vin : nuisible. Tous, à l’exception notable de Jacques Dupont du Point et de Thierry Desseauve qui participa avec pertinence aux travaux des experts de Cap 2010. Alors vous comprendrez mon extrême plaisir lorsque, le 30 septembre au soir, je découvrais lors du petit pince fesses organisé à la Cave Estève 15, rue de Longchamp dans le 16ième
www.cavestève, par Lagardère publicité, le Spécial Vin du magazine ELLE à table www.elleatable.fr réalisé par le couple Bettane&Desseauve
 
http://www.berthomeau.com/article-22808007.html

 

Quel plaisir de découvrir qu’il y a dans ce Spécial Vin une catégorie fashion victim : des vins glamour et dans l’air du temps, de lire sous la plume de B&D : « Un rosé fringant, un chardonnay rond et suave ou un gewurztraminer aromatique seront tout indiqués avec les sushis ou les recettes pour « filles canon » d’Elle à table.fr » Quand je pense qu’il y a quelques années les vins de cépage étaient frappés du sceau de l’infamie, marqués au fer rouge, voués à l’enfer des wine table. Aujourd’hui, tous les vignerons stars jouent dans la cour des wine table. Normal, c’est le seul espace de liberté où, ceux qui en ont, peuvent laisser libre court à leur talent. Donc, à la cave Estève, dirigée par Jérôme Moreau, ancien sommelier du Ritz, en dehors du plaisir d’être reçu par les dames d’ELLE, j’ai pu déguster le « Côte Rôtie » Saint Cosme : une vraie petite merveille et acheter son Côtes-du-rhône « Saint Cosme » que j’avais découvert sur la carte du restaurant LAN de Pékin  millésime 2005

http://www.berthomeau.com/article-21298637.html à 44 euros la bouteille. À la Cave Estève le 2006 affiché à 8,50 euros m’a couté avec la réduction accordé aux invités de la soirée : 6,30 euros. Pour ceux qui l’ignoreraient, Louis Barruol est un vigneron-négociant (modèle économique que je défends

http://www.berthomeau.com/article-22975905.html basé à Gigondas (Château Saint Cosme) considéré par les aficionados (dont Parker) comme l’un des meilleurs. J’ai découvert sur un site un mot de Louis Barruol « C'est en s'appuyant sur ce savoir-faire de vigneron que j’ai créé en 1997 une activité de négoce que l'on peut appeler "Négoce-Vigneron". En effet, lors de mes différentes pérégrinations dans le Rhône, il m’a semblé que de grands terroirs n’étaient pas exploités. Certains endroits me plaisaient beaucoup,  m’ont donné envie d’essayer. J’ai donc souhaité être un négociant « à l’ancienne », c'est-à-dire exercer ce métier dans un esprit vigneron.
Exiger du rêve dans chacun de nos achats, me maintenir à une toute petite taille, être suivi par des vignerons qui avaient la même ambition, transporter mes vins en fûts pour ne pas les soutirer et ne pas les abîmer, essayer de mettre du beau dans tout ce que nous faisons.

À Saint Cosme, nous réalisons le maximum de travaux  à la main. Je souhaite vinifier des vins qui expriment leur terroir avec pureté, qui ont de la personnalité et de l’équilibre. Je veux qu’ils soient aptes à vieillir. »

Quand à Parker il écrit : « Le jeune et talentueux Louis Barruol a superbement relancé cette propriété magnifiquement située de Gigondas, qui s’impose désormais comme l’une des étoiles montantes de son appellation. Le Château de Saint-Cosme est, à l’évidence, un nom que les amateurs doivent retenir. Il produit depuis peu une gamme impressionnante de vins de négoce. »

 

Pour finir ma soirée j’ai dégusté un Viognier 2006 de Jean-Michel Gérin, un vin de pays des collines rhodaniennes 11 euros la bouteille (pour moi avec ma petite réduction : 8,25 euros) remarquable. En rentrant, perché sur mes canes anglaises (genou défaillant), sous un petit crachin londonien, je ne pouvais m’empêcher de penser au combat stupide des tenants de l’ordre moral qui en sont à vouloir bâtir une ligne Maginot sur l’Internet pour protéger la jeunesse « des méchants pourvoyeurs de drogue légale que nous sommes à leurs yeux ». Dans quel monde vivent-ils ? La Toile n’a pas de frontières, tout mécanisme de cantonnement national est illusoire, inefficace et hypocrite. La seule réponse, pour une politique de santé publique préventive qui touche les populations à risque, c’est la construction avec les acteurs : ces vignerons adulés par les médias, d’un contrat sur le contenu des messages, la non intrusion, la non incitation. Quand comprendront-ils que l’alcoolisme est pour nous, gens du vin, qui sommes comme eux des parents, des citoyens responsables, la pire des contre-publicités. Ne leur en déplaise, le n’y touchez jamais est une bêtise absolue, l’apprentissage reste la base de toute éducation. La prohibition, l’interdit, sont au contraire des incitations à la transgression la plus débridée et la plus incontrôlée. Sortez de vos casemates, de vos discours formatés, de vos à priori, de vos fonds de commerce associatifs, pour vous colleter au monde tel qu’il est.

 

Un dernier mot sur ELLE, une baby-boomeuse puisque le magazine fondé par Hélène Lazareff et Marcelle Auclair est né en 1945, pour évoquer la première rédactrice en chef : Françoise Giroud. Cette femme m’a toujours fasciné par son élégance morale et physique, son humour, et ses engagements. Le temps qui passe, les belles figures restent dans les mémoires.

 

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1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 00:09

 

En septembre, dans le terroir profond, le ban des vendanges et l’ouverture de la chasse m’ont inspiré cette chronique ironique. Primo, je ne suis pas chasseur. Deuxio, j’ai beaucoup d’amis chasseurs. Pour la petite histoire, j’ai géré pendant 5 ans les chasses de la rue de Varenne : Chambord, Auberive et Rambouillet et j’ai fait l’objet d’une cour effrénée de la part de mes amis chasseurs, que des gens du vin bien sûr (je ne donnerais pas de noms). Enfin, pour souligner « l’importance » de la chasse dans les milieux d’affaires j’ai eu la surprise de découvrir dans le profil du poste de direction d’une grande fédération agro-alimentaire, qui m’avait « chassé », parmi les compétences requises : être chasseur ; d’ailleurs j’ai croisé des hauts-fonctionnaires qui se sont mis à la chasse rien que pour alourdir leurs chances de bien pantoufler. Bien évidemment je ne vous donnerais pas mon sentiment sur la chasse et les chasseurs car vous n’en avez rien à cirer. J’en viens aux faits.

Les faits : dans son bel album « Anthologie du Petit Gibier » de la bécasse à l’ortolan chez Albin Michel, Jean-Jacques Brochier, en évoquant la Grive – celle qui «  sauve le chasseur de la bredouille ? » écrit : « La meilleure est la grive de vigne, ou musicienne, c’est elle qui chante le mieux. Particulièrement à l’époque des vendanges, quand elle de gorge de raisins bien mûrs, qui la rendent pompette. De là la légende de ces grives soûles qu’on poursuivait entre les rangs de vigne et qu’on prenait à la main, ou d’un revers de casquette, treize à la douzaine. On a lu ça cent fois dans les livres, mais que celui qui a assisté personnellement à la chose me fasse signe. Je promets de le régaler d’une fricassée dont il se souviendra. Dans les mêmes livres, on dit aussi que les grives s’abattaient en si grand nombre sur les ceps qu’il fallait battre le tambour jour et nuit pour sauver la vendange ! C’était, sans doute, du temps que les bêtes parlaient. »


Ma contribution
 : imaginez, chers lecteurs, l’influence néfaste que pourraient avoir sur les enfants des écoles, lors d’une sortie pédagogique dans le terroir profond, la vue d’escadrilles de grives beurrées comme des petits Lu se livrant à des loopings et des piqués au-dessus des rangs de vigne. Grave docteur, face à la joie et la bonne humeur de ces grives musiciennes nos chères têtes blondes s’en trouveraient traumatisées. Bien évidemment dare-dare une cellule de soutien psychologique serait constituée pour les premiers secours. L’info reprise au 20 heures provoquerait l’envoi à l’AFP d’un communiqué de l’ANPAA demandant aux pouvoirs publics de prendre un décret interdisant le survol des vignes par les grives musiciennes et, dans les cas de force majeure, l’arrachage des dites vignes qui, en vertu de la jurisprudence, pourraient être considérée comme des pourvoyeuses passives de drogues illicites. Dans la foulée les écologistes, au nom de la préservation des équilibres naturels imprimeraient, sur papier recyclé, une véhémente protestation. Très vite, une sous-commission d’experts, proposeraient, à titre préventif, l’apposition d’un logo sur les cahiers de correspondance des élèves des écoles primaires : une grive musicienne barrée de noir. Dans l’heure qui suivraient hurlements de la SPA, de Brigitte Bardot, de la LPO. Le lendemain le syndicat des instituteurs des départements dépourvus de vignes s’indignerait de cette intrusion dans leur projet pédagogique, très vite suivi par celui des instituteurs des départements viticoles qui voteraient une motion de soutien aux vignerons… Stop ! J’arrête mes élucubrations que certains esprits étroits pourraient mal interpréter. Mon seul souci ce matin est de plaider pour un retour à l’apprentissage de la responsabilité personnelle qui, bien sûr, commence sur les bancs de l’école.


Grives à la Bacchus :
« Plumez, videz, lardez les grives, placez-les dans une sauteuse foncée d’un peu de beurre, salez-les et faites-les cuire au four assez chaud, vingt minutes environ . Cuites, rangez-les dans une cocotte avec des grains de raisin doré, couvrez et tenez au chaud. Versez dans la sauteuse du vin blanc, ou mieux du porto et réduisez après quelques bouillons. Ajoutez du jus de raisin et du jus de citron ; passez la sauce sur les grives et servez. » R.Villatte des Prugnes Les Chasses au petit gibier Crépin-Leblond 1958.

Boire : Allez donc taper dans ma foire aux vins :

 http://www.berthomeau.com/article-22881267.html http://www.berthomeau.com/article-22881498.html

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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 00:08

 

Le débat sur le rôle de la dégustation dans la cadre de la réforme des AOC n’est pas clos. L’enfant, me dit-on, évolue, il retrouve, grâce à de bonnes fées qui sont venues se pencher sur son berceau, des traits plus sympathiques. Cependant, avant l’emballage final par le CAC, sans vouloir jeter de l’huile sur le feu, bien au contraire puisque le titre de ma chronique « Mets de l’huile » fait référence à un tube d’origine toulousaine du groupe Reg’lyss qui chantait : « Tu n'es pas Jamaïcain, tu chantes le reggae/ Tu es Languedocien, et con, tu chantes en anglais/ Mets de l'huile petit homme dans la vie, il faut que ça glisse… » si ça vous chante écoutez : http://www.youtube.com/watch?v=vbC3gJMmycs

Mais alors, m’objecterez-vous, que viens faire l’huile dans nos histoires de vin ? L’huile, même d’olive, et d’AOC, en dépit d’une longue histoire commune, d’une certaine parenté, n’est pas miscible dans le vin d’AOC. En clair, vouloir lorgner du côté des mécaniques normalisatrices du COI me semble céder à la tentation d’un copié-collé aussi rassurant qu’inadapté. Pour beaucoup d’entre vous ce que je viens d’écrire doit leur paraître d’une grande opacité. Soyez patients, je vais m’expliquer aussi simplement que possible en faisant, comme d’habitude, un petit retour en arrière.

Siéger au COI (prononcer coil), lorsque je présidais la SIDO, entre 93 et 98, et que je gérais la cagnotte européenne des producteurs d’oléagineux, protéagineux, des plantes textiles (colza, tournesol, huile d’olive, pois, chanvre, lin, fourrages déshydratés…), c’était le rêve du responsable du secteur de l’huile d’olive. Eu égard à notre poids spécifique proche de zéro dans cet organisme international, il s’agit du Conseil Oléicole International, dominé par le couple Italo-hispanique (le siège est à Madrid et le directeur exécutif était alors italien, depuis un tunisien puis un marocain assurent la direction), je tempérais ses ardeurs voyageuses. Mais, lorsque le grand Louis le Pensec, qui préférait l’huile d’olive au beurre, me demanda d’aller le représenter à la session annuelle du COI à Florence je m’exécutais de bonne grâce. Mon porte-flingue me bichonna. Beaucoup de vent, beaucoup d’emphase, mais ça avait de la gueule les discours dans le Salone dei Cinquecento du Palazzo Vecchio, et puis dîner chez Pennello, via Dante Alighieri, de Pappardelle aux cèpes arrosé d’un  Vernaccia de San Gimignano de chez Terruzzi&Puthod c’était l’extase. Bref, je revins comblé mais toujours un peu étonné des moyens déployés par les grands zinzins de coopération internationale.

Que fait donc le COI ? Réponse dans un appel de candidature de notre belle Union Européenne « En tant qu'organisation intergouvernementale en charge de gérer l'Accord International de 2005 sur l'huile d'olive et les olives de table, le Conseil Oléicole International (COI) est une organisation multilatérale unique œuvrant pour l'oléiculture mondiale. La Communauté européenne est l'un des 15 membres du COI, où elle représente ses 27 Etats membres. Elle apporte une contribution substantielle aux budgets opérationnels du COI.

Les objectifs généraux du COI touchent à la coopération technique internationale, à la normalisation internationale des produits de l'oléiculture, à l'expansion du commerce international et à la promotion des produits de l'olivier. »

Suite à cette lecture vous comprenez mieux mon intérêt matinal pour ce bel organisme qui pond des textes « concernant les normes relatives aux caractéristiques physiques, chimiques et organoleptiques et les méthodes d’analyse » ou « un guide pour la sélection, l’entraînement et le contrôle des dégustateurs qualifiés d’huile d’olive » ou « analyse sensorielle, vocabulaire général de base » consultables sur le site du COI www.internationaloliveoil.org Bien évidemment, loin de moi d’ironiser sur un travail sérieux et utile pour mieux appréhender les qualités des huiles d’olive. Cependant, la volonté normalisatrice de certains membres du CAC, pourrait y trouver une source de référence pour le vin. À mon sens ce serait s’engager dans une impasse. En effet, sans lui faire injure, l’huile d’olive en dernier ressort, celui du consommateur final, reste un produit d’accompagnement : à froid pour les crudités ou à chaud pour la pasta. On ne consomme pas cette chère huile en petit verre entre amis. On peut la déguster certes mais ce n’est qu’un acte purement professionnel. De plus les mécaniques du COI ne servent pas à rattacher le produit à une famille d’origine en fonction d’un goût commun. Dans le vocabulaire évoqué par le COI aucune trace de la fameuse typicité chère à certains.

Remettre de la rigueur dans les agréments des AOC est une œuvre salutaire mais n’oublions jamais d’où nous venons et où nous voulons aller. Toute procédure, toute directive qui l’oublierait, où qui profiterait de l’occasion pour fourguer subrepticement une forme de normalisation réductrice, via des travaux au contenu scientifique contestable et contesté, dévaluerait notre système. Moi j’ai entière confiance dans l’approche d’Yves Bénard le président du Comité Vins et eau-de-vie de l’INAO sur ce sujet : trions le bon grain de l’ivraie sans aucune concession, mais il ne faudrait pas que les nouveaux venus dans la vieille maison, majoritaires au CAC, se croient investis d’une mission purificatrice. Qu’ils balaient d’abord devant leur propre porte ! Qu’ils veuillent bien se souvenir, en dépit des errements récents de certains vins d’AOC, que ce concept a reçu ses lettres de noblesse grâce au vin. Pour avoir, en 1990, lors de l’élargissement de l’INAO aux autres produits, dont principalement les produits laitiers, constaté leur vision purement normative de la qualité (ce n’est pas l’ami André Valadier qui me démentira)  je leur demande un peu d’humilité, la même que je conseillais à mes « amis » du vin lorsque je m’inquiétais des produits indignes qu’abritaient certaines « grandes ombrelles AOC » Bon travail au CAC, dans un esprit d’ouverture et de sérénité pour que plutôt que de chercher un introuvable dénominateur commun au sein d'une même AOC nous consolidions l’excellence de chacune d'elle en jouant sur la diversité... 

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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 00:02

Désalcooliser totalement un vin pour moi c’est le castrer, le châtrer, l’émasculer. La castration est une privation. En effet, ainsi mâles ou femelles, par ablation, se voient privés de la faculté de se reproduire. Très tôt, en cette Vendée où le sexe était péché, grâce à mon pépé Louis, grand éleveur de beaux bœufs charollais,
http://www.berthomeau.com/article-6111806.html, j’étais très expert en ce domaine : castration, copulation et vêlage, alors que bien évidemment la moindre allusion à notre sexualité m’aurait valu une quasi-excommunication. Mais, en ce temps-là, j’étais bien loin de me douter que ce qui transformait les bouillants taurillons en paisibles bœufs, se pratiquait en Chine pour les eunuques « gardien de harem » (70 000 sous la dynastie Ming, ils n’étaient plus que 412 lorsque la fonction sera supprimée en 1912 cf. Le dernier empereur le film de Bertolucci) et pour les castrats jusqu’au XIXe siècle dans l’Italie « reine de l’Opéra » toute proche. Je dois avouer que ça aurait pu transformer mes rêves en cauchemars dans la mesure où la nature m’avait doté d’une superbe voix de soprano que j’ai perdu, bien sûr, lors de ma puberté.

Vous comprendrez donc aisément que j’ai fait un coup de sang lorsque passant le long du rayon vins de mon Monoprix mon regard aiguisé tombait sur une étrange bouteille à collerette, noyée dans la masse des vins, affichant toute honte bue : « Tous les plaisirs du vin SANS ALCOOL » www.icone-vins.com . Je m’en empare et je lis la contre-étiquette « Boisson issue de vin désalcoolisé. À déguster tout au long de la journée, bien frais, avec ou sans soif » Je continue ma lecture « Son bouquet enchante les saveurs épicées du Sud » Pourquoi pas, je ne suis pas borné. La suite me braque « Le vin est naturellement riche en antioxydant et vitamines. Cette boisson vous apportera tous les bénéfices du vin sans ses inconvénients. Après ouverture, conserver la bouteille au frais, mais la finir n’est pas un péché ! » C’est quoi ce baratin médicalisé ripoliné à la sauce à l’eau bénite. Pourquoi pas l’obtention d’indulgences plénières ! La suite me fait plutôt rire : « À consommer très frais » ça laisse augurer le goût de sirop… Tiens y disent qu’il y a une DLC mais elle n’est indiquée nulle part. Enfin, la composition : boisson issue de vin désalcoolisé, sucre, antioxydant (vitamine C) contient des sulfites. Reste à « déguster » cet ICÔNE désalcoolisé.


Bouchage à vis. Couleur saumonée. Nez désagréable : odeur de barrique mal lavée. En bouche, le produit est très frais, aucune sensation ni agréable, ni désagréable, une grande platitude avec en fin de bouche une sensation légèrement sucrée (moins que le jus de raisin. Ce n’est pas rafraîchissant car la note finale de sucrosité empâte le palais. Pour ma part je préfère largement ma BRSA.

 http://www.berthomeau.com/article-21565135.html pour me désaltérer et sans vouloir tirer sur une ambulance je ne vois pas l’intérêt qu’il y a à cultiver de la vigne, à vendanger, à vinifier pour aboutir à un tel résultat. C’est un gâchis économique et écologique. Désolé d’être aussi dur mais je ne comprends pas qu’on puisse mettre sur le marché un tel produit qui est de vide de tout ce qui fait le bonheur du vin. Mieux vaut boire de l’eau.

Pour moi une boisson sans alcool qui à l’ambition de rafraîchir est une BRSA ou un jus sucré et elle n’a qu’à aller planter ses choux dans le rayon ad hoc. Le baratin « médicalisé » n’autorise pas à adopter tous les codes du vin : bouteille, étiquette pour tenter une percée chez les consommateurs de vin avec un discours qui dévalue le vin. Il faut cesser de faire accroire que l’ingestion exagérée d’alcool est liée à la teneur en alcool de la boisson. C’est faux. Que certains consommateurs soient à la recherche de vins moins alcoolisés c’est une tendance liée au mode de vie sédentaire de la majorité des urbains mais il me semble qu’il y a une barrière à ne pas franchir : celle qui nous mènerait hors du domaine du vin. La démarche de Listel avec son Pink à 9° me semble intéressante mais quand je lis ce que dit en rigolant Vincent Pugibet, du domaine de la Colombette dans l’Hérault, « avec un vin à 13°, on n’est plus franchement efficace à 13 H 30… » je reste profondément dubitatif car on semble toujours considérer le vin comme l’accompagnant obligé du repas de midi. Les temps et les modes de consommation changent. Est-il efficient économiquement de passer par la vigne pour obtenir une boisson industrielle qui n’aura jamais les moyens de se battre dans la cour des softs drinks. Quand on pense que Pernod-Ricard a vendu Orangina au groupe Cadbury (Schweppes) faute de disposer des moyens de pouvoir en faire une marque mondiale me semble révélateur. Qu’il y ait des niches pour des produits innovants je suis le premier à le reconnaître mais faire accroire que la désalcoolisation totale ou très importante constitue un débouché essentiel pour le vignoble est une erreur.

Vous pouvez écouter en prime ce que disait le professeur Mac Leod sur France Inter à propos du goût, c'est très instructif et en rapport aussi avec ce qui précède
http://www.tv-radio.com/ondemand/france_inter/SEPTNEUFWE/SEPTNEUFWE20080928.ram

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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 00:02

À l'office, assise sur une chaise paillée, égrenant un chapelet aux grains usés, une déjà vieille, vêtue de noir, m'accueillait avec un large sourire édentée. « Mon petit gars, je suis la nounou de Jean-Edern, qu'est-ce-que je peux faire pour ton service ?
- Ne vous dérangez pas je vais me servir un verre d'eau.
- T'es bien le premier que je vois boire de l'eau dans cette maison...
Je lui trouvais un air de famille ce qui m'amenait à lui poser une question que d'ordinaire je me serais bien gardé de poser.
- Vous êtes née où madame ?
- En pays bigouden, à Pouldreuzic, je suis gagée depuis l'âge de 14 ans et y'a ben longtemps qu'on ne m'a pas donné de la madame. Ici, c'est Yvonne par ci, Yvonne par là, y'a que ma grande ficelle qui continue de m'appeler Lolo Bellec. Faut vous dire que je suis une Le Bellec, la douzième, et que je sais plus à quel âge il a arrêté de me téter ma grande ficelle. Quand il est fin saoul, comme l'était si souvent mon père et mon bonhomme, y vient pleurer dans mon giron et y me dit que j'suis bien la seule qui l'aime.
- Vous avez eu beaucoup d'enfants ?
- Non mon petit gars, trois seulement, un par an avant que mon bonhomme se fasse écraser par un wagonnet dans la ligne Maginot. Que des gars, y font des cochons au pays et leurs femmes font leurs commissions en auto. Y viennent jamais me voir. Z'ont honte de moi, j'suis qu'une bonniche pour eux, alors le soir je dis des chapelets pour mes petits enfants.
Je m'étais assis en face d'elle. Le temps passait, hors du temps je l'écoutais dévider ses souvenirs en pensant à ma mémé Marie.

Au-dessus de ma tête une sonnerie à mi-chemin entre le grelot et la clochette d'enfant de chœur me tirait de mes rêves éveillés. Yvonne soupirait « C'est son heure. Avec lui c'est réglé comme du papier à musique. Après ses galipettes c'est, comme y'me dit toujours de sa belle voix, Champagne ! » En l'écoutant je me tordais le cou pour observer le panneau d'où provenait la stridulante injonction ; une petite merveille en loupe de noyer sertie de cuivre avec, sur deux rangées, des ampoules rouges et des sonnettes surmontant des plaques de porcelaine où, en écriture romaine, était indiqué le lieu de provenance. L'ampoule clignotait au-dessus de « Bibliothèque ». Yvonne se relevait pesamment pour aller ouvrir la porte supérieure d'un frigo, façon boucher, encastré dans le mur qui faisait face à la lourde cuisinière de fonte encadré par un grand évier de granit et un plan de travail en bois patiné. « Même s'il a drôle de manières que notre religion réprouve cet homme, mon garçon, est bon et généreux. Lui quand il m'appelle Yvonne je n'ai pas le sentiment qu'y me traite comme un vieux torchon. L'a des yeux qui rient. Y prend, comme toi, le temps de me causer. Et puis, y trouve toujours l'occasion de me donner la pièce. Y m'dis, Yvonne « achetez-vous un beau foulard pour aller avec vos prières ». Le rit avec ses belles dents. Jamais moqueur, un peu taquin, y fait toujours attention à moi... » Les bras chargés du magnum, trainant ses savates, Yvonne Le Bellec, sur le pas de la porte, me lançait, sans même se retourner, « et si vous veniez avec moi je suis sûr que ça lui ferait plaisir... »

Pour nous rendre à la bibliothèque, afin d'éviter les pièces où se tenait la réception, Yvonne nous fit passer par le jardin. Sous la lumière crue de la pleine lune les gravillons blancs des allées, tels des amas de vers luisants, traçaient d'étranges filaments sur la masse sombre des massifs. Nous contournions l'hôtel par la droite et nos pas désaccordés résonnaient dans l'étrange amphithéâtre formé par les immeubles avoisinants qui découpaient dans le ciel blafard d'inquiétantes figures sans relief. Provenant d'une porte-fenêtre ouverte l'écho d'une voix reconnaissable entre mille me faisait sursauter. Coup au plexus solaire, je marquais un temps d'arrêt. Yvonne s'inquiétait « z'êtes où ? » Me tirer ! Fuir. J'hésitais. La voix interpellait Yvonne qui se tenait sur le petit perron donnant accès à la bibliothèque : « Alors sainte femme, j'espère ne pas avoir interrompu votre Rosaire ! Ne restez pas plantée dehors, entrez donc dans ce lieu de perdition... » Yvonne lui répondait qu'elle n'était pas toute seule. Elle me hélait « j'vous ai pas demandé votre petit nom mon garçon alors je ne sais pas comment vous appeler. J'vous aurais pas cru si timide. Allez venez y va pas vous manger... » Un grand éclat de rire accueillait sa déclaration « mais on dirait que notre Yvonne nous amené une petite nouveauté qui fait des manières... » Je ne pouvais plus reculer et, d'un pas mal assuré, je rejoignais Yvonne Le Bellec sur le perron. « Ha, bien merde alors, te voilà enfin Benoît... » Debout, pieds nus, en caleçon, face à moi, le père de Marie n'en croyait pas ses yeux.
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27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 08:02

Dans l’une de mes chroniques du mois de mai : le vin, le terroir et les petits bourgeons je prenais la défense du petit bourgeon de la vigne http://www.berthomeau.com/article-19352528.html contre la toute puissance, que dis-je,  l’impérialisme du seigneur et maître Vin et de son grand suzerain le terroir. Alors, ce matin, poursuivant mon effort  de réhabilitation des sans grades j’ai décidé, sans vous la prendre, de vous parler de la grappe de vigne cette grande méconnue.

 

Dans le langage courant, au moment des vendanges, on parle presque toujours, du raisin. Du raisin mur et sain comme le dirait mieux que moi Michel Rolland. Mais de la brave grappe de raisin, vaillante, discrète, on en parle si peu, sauf pour l’égrapper, terme d’une barbarie éhontée, fonction confiée à une affreuse machine mais, par bonheur, dans les grandes maisons, sur les tables de tri, on la manie, avec soins, et en gants blancs ma chère. Au temps de nos grands-pères la pauvre petiote se voyait fouler aux pieds. Et pourtant, elle vient de loin la grappe, quand la vigne débourre, que les jeunes pousses font leurs feuilles et ensuite leurs grappes de fleurs, elle est déjà là, en miniature. La fleur dure peu de temps, une quinzaine de jour et je ne m’aventurerai pas dans la description de la fécondation des Viti Vinifera qui sont pour la plupart hermaphrodites. Petite grappe deviendra grande ou grosse, toute verte tout un temps pour, dans notre hémisphère, au mois d’août changer de couleur : c’est la véraison. Et puis vient le temps de la maturité qui se termine par la récolte où le vendangeur coupera son pédoncule comme la sage femme le cordon ombilical. Mais pour la grappe c’est la fin de sa vie. Certaines attendront de pourrir pour mourir, mais c’est pour la bonne cause, puisque leur pourriture est dite noble. Voilà j’ai fait mon devoir et je vous offre quelques spécimens de grappe de raisin. Dieu qu’elles sont belles !


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26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 00:01

 

Lors d’un dîner champêtre, alors que nous dégustions en apéritif un excellent Crémant de Limoux, un importateur belge me faisait remarquer, alors que je lui parlais de la croissance du marché des effervescents, que pour ces vins le consommateur considérait que le seul Champagne pouvait tout se permettre en terme de positionnement alors que les autres effervescents, en dépit de leur qualité intrinsèque, devaient se contenter de « jouer » sous le plancher des prix champenois. La conséquence de cette césure radicale est que bien sûr un écrasement de l’échelle des prix, pour les crémants par exemple qui peinent sous la barre des 10 euros. Dur à avaler. De retour à Paris j’ai donc décidé d’aller fouiner dans le rayon vins effervescents de 5 enseignes de la Grande Distribution : Franprix et Monoprix tout près de chez moi, Champion et Hyper Casino à quelques encablures de mon appartement en aval de la Place d’Italie et enfin Le Carrefour de la Porte d’Auteuil qui est connu pour avoir une belle cave. Pour ne pas disperser mes observations j’ai choisi de m’intéresser qu’au brut et j’ai exclu les marques de distributeur qui se contentent de sucer les roues des marques leaders. Dans chaque magasin j’ai repéré le Champagne 1er afin de fixer la référence haute pour les autres effervescents.

CHAMPAGNE
le moins cher : entre 14 euros chez Casino et 11,32 à Franprix, le prix moyen s’établit à 12,50 euros. Ce sont des marques de fantaisies.

1 - Le cul du peloton des champagnes, donc, par ailleurs assez peu représentatif du bas de la gamme des champagnes où beaucoup de produits tournent autour de 20 euros, est donc largement hors de portée des outsiders issus des effervescents AOC.

Le produit le plus proche : Bulle de Blanquette 1 (Casino) est à  8,95 euros soit un ∆ de 3,50 euros. Suivent Louis Bouillot Crémant de Bourgogne (Monoprix) à 7,95 euros et Jaillance cuvée exceptionnelle Clairette de Die (Casino) à 7,40 euros.

À noter que lors d’un passage chez Biocoop j’ai relevé que le Crémant de Bourgogne 11,38 euros, la Clairette de Die 11,34 euros et la Blanquette de Limoux 8,54 euros et que l’écart avec le premier prix des Champagnes 22 euros ne se démarquait guère de ce qui suit.

2- Le peloton des effervescents AOC s’étage entre 7 et 4,50 euros :

Le Crémant de Bourgogne : ses prix tournent autour de 7 euros et sont assez resserrés autour de la marque de JC Boisset Louis Bouillot.

Le Crémant d’Alsace : ses prix tournent autour de 6,50 euros avec une fourchette plus large avec des marques tirant le produit vers le haut Wolfberger, Metz.

La Blanquette de Limoux : essentiellement représentée par la marque Aimery (Sieur d’Arques) ses prix tournent autour de 6 euros mais elle n’est présente que dans 2 enseignes Casino et Carrefour.

La Clairette de Die : elle aussi représentée par une marque Jaillance ses prix sont sur un axe 5,5 euros + mais elle est plus présente (partout sauf Franprix) et un facing plus important assez bien identifiable sur le linéaire du fait d’un étiquetage tranchant sur les codes habituels.

Saumur : fourchette de prix assez large 4,20 à 6,60 l’axe des prix s’établit autour de 5,20 euros.  Une marque Akermann est bien représentée dans le haut de la fourchette.

Vouvray : se situe dans le même niveau de prix que l’appellation précédente mais sans écarts significatifs. Akermann toujours très présent.

Touraine : essentiellement représenté par la marque Blanc Foussy les prix sont sur un axe de 5 euros +

Crémant de Loire : très présents mais avec un grand écart de prix de 4,14 à 6,58 l’axe des prix se situe autour de 4,50 euros.

À noter que dans ce peloton la présence du Cava de Freixenet Cordon Negro qui se situe en terme de prix autour de 5,50 euros.

3- Le petit peloton des marques de Mousseux pédale tranquille en se calant sur des prix tournant autour de 4 euros avec une hiérarchie, parfois troublée par les promos, qui s’établit ainsi : Kriter, Charles Volner et Café de Paris.

4- Le groupe des avant-derniers où l’on retrouve beaucoup de Veuves se cale sur le prix de Muscador qui tourne autour de 2 euros. À noter, pour ceux qui ont fait croire que la mention du cépage était leur propriété que, ce mousseux à deux balles, lui en fait état : cépage Muscat (ça va de soit) en toute légalité et depuis belle lurette.

5- Les proches de la voiture-balai traînent leurs gros culs en bas du rayon avec des prix chatouillant l’euro avec effort suprême chez Carrefour un Sire de Beaupré à 0,99 euro.

Ce qui m’étonne dans tout ça c’est que j’entends partout dire que la Champagne ne produit pas assez de raisins pour satisfaire ses marchés alors moi je me pose la question : pourquoi ne pas faire du « bon » champagne avec les raisins qui font du champagne bas de gamme ? En clair, est-il vraiment nécessaire pour ce beau produit de se vautrer dans des prix indignes de son prestige ? Ça ressemble comme 2 gouttes d’eau aux châteaux de Bordeaux à 1 euros du temps de la crise (quelle crise ?) Bien sûr, on va me rétorquer que c’est la faute à la GD qui veut allécher le gogo avec des champagnes à 12 euros. Mais alors, si je comprends bien, tous ces acheteurs de la GD qui se prennent pour des œnophiles de haute volée ne sont que des faiseurs de miracles qui amusent la galerie. Franchement, face au mur de grosses boutanches à muselet je me disais : qu’est-ce qui font au juste ces gars-là à part terroriser les plus faibles et copier les marques ? Bref, l’épicerie est un métier que ces mecs-là ne savent plus exercer correctement. L’obsession du prix bas si elle conduit à vendre, sommes toute cher, un produit qui est un premier prix, qualitativement médiocre souvent, alors que l’on pourrait proposer au consommateur pour un prix équivalent un beau produit, me semble être la négation de la base du métier d’épicier, en l’occurrence ici de caviste à grande échelle, qui consiste à proposer le meilleur produit au meilleur prix : « madame Michu plutôt que ce petit Champagne prenez-donc cet excellent Crémant de… »

Je sais les consommateurs sont des veaux qui veulent péter plus haut que leur cul mais, convenez-en, chers « amis » de la GD vous ne vous cassez pas beaucoup la nénette pour mettre en avant les « outsiders ». Ceux-ci d’ailleurs pourraient, au lieu de pédaler chacun dans sa petite appellation, s’unir pour un travail de fond visant à élargir le marché et faire gagner de la notoriété à ces produits que beaucoup de français rangent facilement dans la catégorie infâmante des mousseux (sous entendu le truc qu’on gagne au stand de tir à la foire du Trône). Pour ce qui touche l’exportation je vais avancer une « horreur » : pourquoi diable les grandes entreprises champenoises « méprisent-elles l’apport, de haut niveau qualitatif, de ces bulles « roturières » ? Je rêve d’une grande entreprise française « multibulles » occupant tout l’espace offert par le développement des Sparkling sur beaucoup de marchés extérieurs. Si ça donne des idées à certains, je suis preneur ! Reste, pour compléter mon panorama à lancer un appel à nos amis les grands dégustateurs qui passent leur temps à s’extasier sur les « grands champagnes » : à quand une grande dégustation réunissant toutes les strates des effervescents ? Pour le consommateur lambda ce serait faire œuvre utile. Je veux bien exclure du panel les trucs à 1 euro, style Sire de Beaupré, mais je serais curieux de voir où se situeraient les marques du modèle Kriter qui sont un « modèle économique » intéressant ou qui devrait intéresser nos amis producteurs en terme de valorisation de certains de leurs raisins.

Serais-je entendu ?

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25 septembre 2008 4 25 /09 /septembre /2008 00:02

Pour moi Paris-Nice c’était, quand j’étais en culotte courte, une course cycliste de début de saison qui ne partait jamais de Paris mais qui arrivait quand même à Nice. En ce temps-là je suis monté à Paris mais je ne suis jamais descendu à Nice l’idée ne m’a même pas effleuré même si j’aimais bien le maillot de l’Olympique Gymnaste Club de Nice qui ressemblait à ceux des clubs sud-américains. Plus tard j’ai lu la saga de Max Gallo, l’écrivain qui écrit plus vite que les poules en batterie ne pondent, « La Baie des Anges » en 3 volumes puis, en 1981, j’ai croisé Jean-Hughes Colonna député niçois de la vague rose dans les couloirs du Palais Bourbon. Enfin, avec Henri Nallet je suis allé conclure et signer avec Philippo Pandolfi un traité franco-italien sur le vin dans l’ancienne préfecture du vieux Nice. Bref, je n’ai rien contre la ville de Nice et son aéroport gagné sur la mer mais, pour moi, elle est un peu le pendant d’Angoulême : Jacques Médecin et Jean-Michel Boucheron même combat via un petit séjour en Amérique du Sud.


Donc jusqu’à ces derniers jours je vivais fort bien ma vie de parisien privé de TGV terminus Nice lorsqu’on m’est tombé dessus pour me dire que nos grands ingénieurs des Ponts et Chaussées, sans doute lassés de parsemer la France profonde de giratoires aussi nombreux que couteux, avec leurs frères de sang d’un machin dénommé RFF (Réseau Ferré de France) qui est le nouveau gouffre de Padirac de la SNCF, sûrs et dominateurs, tiraient au droit une nouvelle ligne de TGV qui, m’écrit-on, va bousiller un beau paquet d’ha de vignes, défigurer le massif de la Ste Victoire et engendrer toute une série de joyeusetés qui accompagnent partout et en tout lieu le TGV. Très subtilement on me suggère que mon engagement sans faille pour le terroir me fait obligation de soutenir la pétition et que peut-être même qu’une lettre ouverte au PDG de RFF, un X Pont passé par Sciences-Po et ex-patron d’Aéroport de Paris. Pour ça je pourrais peut-être consulter le premier patron de RFF Claude Martinand, ingénieur général des ponts et chaussées qui dénonçait « la dérive technicienne de la SNCF » et qui, à propos du lancement des lignes à grande vitesse, déclarait en 1997 qu’il faudrait lui expliquer pourquoi le prix du kilomètre est passé, en francs constants, de 25 millions (TGV Sud-est) à 75 millions (TGV Méditerranée). Pas simple. Ancien communiste, véritable père de la loi sur les transports intérieurs (la Loti) élaborée alors qu'il était directeur de cabinet de Charles Fiterman, Martinand est un as de la dialectique.
Avant d’aller plus avant je vous dois une mise au point :
-         J’adore le TGV jusqu’à Avignon,
-         Je considère Nice – que les bons Niçois me pardonnent – comme un non-lieu, une sorte de cul-de-sac se jetant  sur une Promenade où y’a même plus d’Anglais,
-         J’ai toujours eu grand plaisir à faire la nique à nos grands ingénieurs des Ponts et Chaussées,
-         Je suis allergique aux pétitions donc vacciné (je m’en expliquerai tout à la fin),
-         Je pense que l’intérêt général doit toujours prévaloir sur les intérêts particuliers mais encore faut-il que celui-ci ne se résume pas dans la seule expression de la caste des Ingénieurs et que les enquêtes publiques soient réalisées dans la transparence et une réelle publicité auprès du grand public,
-         J’ai un goût immodéré pour les combats qui semblent perdus d’avance…
Je commence par les pétitions. C’est un truc très français : on se fait plaisir pour une efficacité très faible. L’Administration sait fort bien laisser du temps au temps, épuiser ses contradicteurs, diviser pour régner, attendre. La seule arme qui dérange ce monstre froid c’est le recours au Droit. Tous les grands projets sont truffés d’abus de droit, de non-respect des lois, de procédures bâclées, etc.
Au temps où j’habitais à La Chapelle-en-Serval, dans une magnifique forêt, j’ai, avec l’aide d’un ami Ingénieur, fait échouer un projet pharaonique de déviation 2x2 voies qui éventrait le massif sur 5km, gaspillait l’argent public, simplement en épluchant le dossier et en mettant en exergue les petits arrangements de la DDE avec le droit forestier. Le dossier est allé jusqu’à Matignon. Le préfet de l’Oise, ex-directeur de cabinet du Ministre de l’Intérieur Jean-Louis Debré, est venu en personne essayer de nous convaincre. L’Elysée nous a dépêché un émissaire car mon propriétaire était un grand collectionneur d’Art Premier. Les élus sont allés voir mon Ministre pour dénoncer mon action. Le puissant directeur des routes, Christian Leyrit (surnommé depuis en Corse le préfet brushing, il a quitté Ajaccio il y a quelques jours juste avant l'affaire) nous vouait aux gémonies. Dix ans après, lorsque je passe à la Chapelle-en-Serval je suis heureux en contemplant ma belle forêt et en constatant que le projet alternatif que nous préconisions par Plailly, dans la plaine, à la sortie de l’A1, est en route si je puis m’exprimer ainsi.
Donc, si j’ai un conseil à donner, moi qui ai pratiqué la haute-administration de l’intérieur et qui connais bien son mode de fonctionnement : les pétitions c’est sympa, les manifs aussi, mais dans la rude bataille rien ne vaut les armes lourdes du Droit. Un bataillon de bons juristes est bien plus efficace à long terme qu’une bordée de signatures et que plusieurs milliers de manifestants (je parle d’efficacité et non d’utilité). Enfin, il faudra qu’on m’explique comment une société comme RFF endettée jusqu’aux oreilles peut encore emprunter de l’argent pour ses projets pharaoniques ? Ne serait-ce pas du fait de la garantie de l’État, un État lui-même pas au mieux de sa forme dans ce domaine ? Ne continuons-nous pas de vivre un peu au-dessus de nos moyens ? Nous ne sommes plus au temps des chemins de fer mais à celui de la concurrence rail-aérien, rail-autoroutes, alors la notion de Bien Public et de l’utilité publique est d’une toute autre nature.
En vrac maintenant :
Avez-vous pensé à alerter cette chère NKM protectrice de l’Environnement qui, est-il utile de le rappeler après l’X a intégré le Corps des IGREF (le Génie Rural et les Eaux et Forêts) qui va fusionner avec celui des Ponts et des Chaussées dans le cadre de la fusion des DDAF et DDE ?
Puisqu’il existe me dit-on un puissant lobby de défense des AOC dénommé CNAOC et présidé par un proche voisin de Tavel, j’espère qu’il sera à vos côtés pour peser de tout son poids dans cette rude bataille ?
En écrivant cela je ne suis pas totalement innocent car dans ce type de bataille les décideurs publics sont à la fois sensibles à la pression de l’opinion publique et au poids de leurs électeurs. Dans le cas présent, il me semble évident que nos grands Ingénieurs de  RFF comme ceux de l’Équipement se soucient comme de leur première chemise des quelques hectares d’AOC sacrifiés, ils préfèrent le béton au terroir mais, qu’en revanche, en alliant un harcèlement juridique pertinent à une sensibilisation du grand public en jouant au-delà du localisme sur ce qui le touche vraiment : la Sainte Victoire par exemple, le projet pourrait subir les inflexions souhaitées. J’ai dans mon souvenir le sourire narquois et l’attitude condescendante du DDE de l’Oise lorsqu’il prit connaissance de notre dossier : combien de divisions ? Et pourtant ce cher homme fut, lui et ses services, battu en rase campagne (il s’en fichait un peu venant d’être nommé à la DRE de Corse). Même si j’adore m’engager dans des batailles incertaines, ce que j’aime par-dessus tout c’est le goût incomparable de la victoire. Alors, même si je suis un peu chiant avec mes conseils, mais c’est mon espace de liberté, je pense avoir répondu à ceux qui sollicitaient mon engagement.

 

Pour terminer cette déjà fort longue chronique quelques mots sur mon allergie vis-à-vis des pétitions. C’est la conséquence de ce que j’ai vécu dans mes jeunes années dominées par la toute puissance des tenants du marxisme : les communistes et leurs compagnons de route. Ne pas signer avec eux c’était être contre eux, et bien sûr être l'allié objectif de leurs adversaires, pur terrorisme intellectuel. La plupart d’entre eux sont aujourd’hui soit des repentis ou soit des renégats qui tiennent toujours le haut du pavé de l’intelligentsia parisienne qui refait le monde sur les bords de la Rive Gauche, la caste des intellectuels piliers du  Flore ou aux 2 Magots, ceux que les gens de droite dénomment dédaigneusement intellectuels « de gauche », gauche caviar ou bobo, rien que de belles âmes, rien que de beaux esprits qui squattent les plateaux télés, qui pondent des points de vue pour Libé ou le Monde, qui sont toujours prompts à se mobiliser pour des causes lointaines ou à signer des pétitions de soutien à X… ou Y…, en cet été c’est pour ou contre le vidage Siné de Charlie-Hebdo. Des circuits bien huilés existent avec des premiers signataires médiatiques, ceux qui sont en gros et en gras, qui attirent le menu fretin genre prof de philo à Romorantin ou psycho-sociologue à Landerneau. Bien évidemment, il s’agit là de l’aristocratie de la pétition, de la crème, qui n’a rien à voir avec les gugusses ou les nénettes qui vous harponnent dans la rue pour que vous apposiez votre signature pour des causes ou des soutiens les plus divers. Voilà pourquoi je ne pétitionne pas ce qui ne m’empêche pas de situer mon soutien sur le terrain que j'ai choisi. Une anecdote : la seule grande pétition que j'ai vu faire reculer le pouvoir c'est celle des happy few de Paris contre la délocalisation par Edith Cresson Premier Ministre de l'Ecole Vétérinaire de Maison-Alfort : les toutous et les chats ont plus d'amis que le Terroir... 


Les liens :
www.lemechanttgvpaca.free.fr
http://www.lapetition.com/sign1.cfm?numero=1865

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24 septembre 2008 3 24 /09 /septembre /2008 00:04

Il y a peu, nous étions à Saragosse, avec des amis, pour visiter la foire Internationale dont le thème porte sur l’eau. En déambulant dans les rues de cette ville magnifique et aérée, nous avons été frappés par son dynamisme, le peu d’embouteillages et par le coût de la vie. Nous avons pu photographier des étals de magasins et observer un fait curieux : les fruits et légumes sont globalement moitié prix qu’en France. Il en va de même de la viande dans les boucheries et charcuteries. Quant au vin, on le retrouve à peu près aux mêmes prix qu’en France.

Toutes proportions gardées, ces écarts sont intéressants, car ils traduisent une démarche permettant de maîtriser les exportations de vin face aux problèmes de change.

Naturellement, dans la discussion, on en vint à se poser des questions sur la manière dont l’Espagne pouvait gérer son économie et aurait su tirer parti des aides de restructuration de l’Europe.

 

On n’oubliait pas qu’au même moment, dans le Sud de la France, avec le vin, nous étions dans une situation critique, malgré le fait que la filière « vin et boissons » soit un contributeur majeur de nos exportations françaises (solde positif de 8 B€ environ). Sans vouloir faire de l’économie comparative, ni se lancer dans des études polémiques, on ne peut s’empêcher de faire quelques rapprochements, avec la lettre parue le mois dernier sur les « Cocus » (lettre de R.Amalric publiée  par J.Berthomeau).

 

Dans ce domaine, avons-nous été réellement ‘trompés’ et sommes nous victimes de notre ‘crédulité’ ?  Que s’est-il passé ? … On peut mettre en lumière quelques points :

 

1 – Le problème de la Négociation

Nous sommes, à un an près, en 2010. 

Aux niveaux de l’OCM, de la mise en place des structures opérationnelles (OIV, WWTG, OTC, etc.) et de certains accords sur le vin (Genève, Madrid, etc.) il s’est écoulé environ 20 ans. Depuis l’étude « Cap 2010 » de J.Berthomeau, 10 ans sont passés. Nous avons donc eu le temps de comprendre ce qui allait arriver. Un fait reste important : le vin, si je ne me trompe, est toujours classé, au plan international, dans la catégorie « Agro-industrielle ».

Sur le plan économique, et Européen, on se sent floués, sinon un peu frustrés ! Mais, comment a-t-on fonctionné ? A-t-on pris le bon virage ?

 

Pour défendre nos positions dans la communauté internationale (sur le plan mondial, ou au niveau de l’Europe) qui a mené les débats et les négociations? Nos représentants et nos « leaders » étaient-ils aguerris et rompus à ce genre d’exercice ? Ayant été à Bruxelles comme expert, dans le monde industriel, j'ai toujours constaté que la maîtrise de l'Anglais ainsi qu'un excellent professionnalisme (connaissance des dossiers avec une dizaine de feed-back de toute nature pour parer à la non prévision et l’imprévisible) étaient nécessaires pour ne pas se faire rouler dans la farine. 

 

Dans les négociations internationales, le premier objectif d’un industriel ou d’un groupe d’activités n’est pas de « freiner » le progrès. Il essaie de comprendre le marché, son positionnement concurrentiel, puis il tente de « bétonner » avec des normes, des standards et des  réglementations pour se protéger (dans un premier temps) et permettre sa propre évolution (dans un second temps).

A-t-on agi de la sorte ? De manière unie et cohérente au niveau de la profession ?  N’est il pas un peu tard pour faire valoir certains de nos nouveaux besoins ?

 

2 -  Un problème de Gouvernance

On parle de vin mais... quelle est la stratégie pour notre agriculture ? Existe-t-il encore une agriculture au sens conventionnel du terme ? Quels sont les objectifs globaux à atteindre ? Pour le Vin, quels sont les éléments concurrentiels recherchés, et que l'on veut exploiter, pour quels segments de marché ? Evolution et tendances attendues ?  Place de cette filière dans notre société ? Je fais, bien modestement, de la « veille technologique », mais j'ai un mal fou à collecter quelques informations réalistes et cohérentes.

Je n'ai toujours pas compris la stratégie commerciale et organisationnelle sous-jacente, pour nos vins en France (AOC ? VDP ? AOP ? IGP ? IG ? OI ? Pour quelles définitions, significations et réglementations ?). N’ayant pas fait polytechnique, j’ai du mal à y voir clair ; en ayant discuté avec pas mal de viticulteurs, la seule chose que ces gens retiennent est qu'il va y avoir davantage de contrôles et que cela va coûter plus cher.  

 

3 – Notre Adaptation au Marché

Dans l’Industrie, depuis 20 ans, on ne cesse de répéter que l'Economie de Marché, qui existait déjà du temps des Phéniciens et qui est toujours en vigueur (car c'est la moins mauvaise forme d'économie, malgré des alternances diverses au cours du temps) allait s'exprimer de nouvelle façon. Pour des raisons que les économistes connaissent certainement mieux que moi, on vit maintenant dans le court terme, dans la spéciation, la spécialisation ; ce qui compte est la marge nette... dans une démarche intégrée et globalisée. Notons que pour affronter la concurrence mondiale, la variation du cours des devises est déjà intégrée au niveau des approvisionnements.

L'agro-alimentaire ne peut échapper à ce mouvement : il y a 20 ans, on a mis l’accent sur  l'industrie, on en est aux services (par exemple, la banque) restent l'alimentation, la santé, la formation, etc.  

La priorité d’une filière n’est pas de préserver des emplois ou des avantages acquis, mais de créer des richesses et de nouveaux marchés. Est-ce bien ce que nous faisons ?  

 

Sur un autre plan, compte tenu des contraintes économiques et environnementales, certaines filières agro-industrielles (dont en partie la notre) sont devenues sous compétitives. Pour changer cette situation, il faut des aides, des investissements et de l’Innovation. Mais pas n’importe où !!!

Dans le cas de la chaptalisation, par exemple, on n’est pas dans le « structurel » ; de plus cette mesure n’est pas « équitable » : elle est donc condamnée !

Dans le cas de l’irrigation, intrant indispensable, le sujet, est-il abordé de façon intégrée ? Etc.

On ne peut continuer à ignorer et rejeter certaines tendances, les demandes sociétales, les OGM, etc. Cela est suicidaire et on est contraint d’intégrer de nouvelles pratiques, des technologies innovantes,  puis de s’adapter, de s’adapter encore, … pour ne pas se faire éjecter du panorama.

 

4 – La Diversité et la Cohérence

Les considérations précédentes ne concernent pas un schéma unique ; quels que soient les secteurs considérés, plusieurs systèmes peuvent coexister ; la diversité est un fait de la nature.

Le schéma productiviste globalisé n’est pas le seul modèle de référence. Il y a de la place pour tous !

Pour faire simple, on peut considérer 2 modèles économiques dans notre filière :

Soit on élabore des produits « technologiques » (du volume standardisé, à faible coût, etc.),

Soit on élabore des produits « conceptuels » (du haut de gamme, le cousu main, avec également des produits de niche innovants et/ou ciblés, etc.). Dans cette seconde catégorie, on retrouve l’esprit initial des AOC, dépouillé de contingences compliquées (perception actuelle).

On peut encore rajouter d’autres modèles, mais les principes décrits s’appliquent aussi bien aux innovations technologiques qu’à l’oenotourisme !  Comment en faire bénéficier toute une filière ?

 

Avec la réforme actuelle portant sur le vin, on est un peu perdu et je ne vois pas bien comment se positionner : tout d’abord, notre approche, en termes de « procédures » est trop technique. Ensuite notre outil de production est atomisé et peu structuré. Enfin, comme on sait le faire dans notre beau pays, nous avons des organisations trop complexes…. et on légifère trop (bien que cela soit rassurant). Sur le plan des intentions, on essaie de changer, mais y a-t-il vraiment une rupture ?

 

Résultat : dans le vin, on se retrouve avec un « mix » de plusieurs démarches et cultures existantes et nouvelles, avec des règles variées et un chapeau formel (le contrôle) qui méritent d'être mieux ciblées et décrites.

Pour aller dans le sens de ces observations : dans l'automobile, par exemple, ce n'est pas l'Etat qui organise et effectue les contrôles : il définit simplement des normes et des standards, mais c'est le producteur qui définit, met en place et prend en charge ses propres contrôles pour livrer un produit conforme. La validation, elle, est effectuée par le client ou consommateur.

 

5 – La Recherche

Se pose enfin le problème de la recherche. Par expérience, elle ne peut se passer d’une vision, de l’expérimentation et de la validation. Ceci implique donc une symbiose entre tous les acteurs de toute la chaîne de la valeur. En ce qui concerne le vin, pour des raisons historiques évidentes, et pour corser la difficulté, il n'y a pratiquement pas d'intégration du marketing/négoce, de la recherche et de la production. Chacun a des organisations et des intérêts différents. En général, nous ne proposons pas de « solutions globales » comme savent le faire certains « bassins », l’Espagne ou certains pays de l’hémisphère sud. Ceci, bien sûr, n’est pas facile à entreprendre car la démarche est souvent transdisciplinaire, mais nous ne pouvons ni ne devons laisser la responsabilité d’assurer notre évolution au seul domaine de la recherche : les risques de déviation (involontaires) sont trop grands.

  

A ce jour, faute d’adaptation de certains produits au marché et d’amélioration dans nos démarches, on peut lire dans nombre d’articles de presse consultés, qu’il y a des pertes de marchés pour certains types de vins à l’étranger. Notre outil de « production » qui n'est, en fait, qu'un ensemble de centres de coût, ne peut qu'en pâtir. D’où l’intérêt de ne pas s’isoler et d’attirer l'adhésion de tous les viticulteurs.

 

Je n'irai pas plus loin dans ce débat, ni ne parlerai de l’organisation des marchés.

On peut maintenant se poser à nouveau la question : sommes-nous, malgré nous, des cocus ? Pas forcement, car pour un certain nombre d’entre nous, comme on fait son lit, on se couche !

Sans rechercher à qui en revient la faute (cela ne fera pas avancer le schmilblick), que peut-on faire aujourd'hui ? Il est un peu tard pour s’exciter mais il faudrait peut-être tenter de faire avancer ses pions dans d’autres directions et défendre de nouvelles ambitions.   

Un projet mal parti reste un projet mal fichu : malheureusement, les petits et les plus démunis sont en première ligne !  Ce sont eux les cocus.  

Maintenant, bien que je sois un défenseur de la notion de terroir, est-il moral, comme on vient de le lire dans la presse, de les empêcher de se diversifier pour vivre en leur interdisant d’installer des centrales photovoltaïques sur leurs anciennes vignes ? Mais, un panneau photovoltaïque ferait-il moins terroir et serait-il plus polluant qu’une éolienne (dont on ne sait encore comment elle sera démantelée et à quel coût !) ? 

 

Pierre Massotte                                                                                         9 Septembre 2008

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23 septembre 2008 2 23 /09 /septembre /2008 00:07

 

Ceux qui suivent régulièrement mes pérégrinations se rappelleront qu’au mois d’août pour faire l’emplette d’un Chinon rosé j’ai du prendre ma petite auto pour me rendre chez un caviste de Cachan sur la N20. Bien évidemment, tout en papotant avec la caviste, je m’intéressais à l’achalandage du magasin lorsque je suis tombé sur un Côtes-du-rhône rosé baptisé Génération élaboré par le Domaine Jaume.  Immédiatement ma boîte à chronique se déclenche, j’écris déjà mon papier sur la famille Jaume et bien sûr j’achète le flacon. Rentré at home, je déballe mes achats et examine le cul de la bouteille et, surprise, j’y lis « à Vinsobres, en Drôme provençale, Pascal et Richard quatrième génération du Domaine Jaume… » Caramba, je m’étais planté et ma belle chronique s’évaporait. Sauf que, comme je suis un obstiné, je tenais un beau titre : celui de ma chronique d’aujourd’hui.
* en arrière-plan c'est une grive pas une Gélinotte

 

Mon Jaume à moi, s’il me permet ce possessif, se prénomme Alain et, j’aurais du me souvenir que son Domaine « historique » était le Grand Veneur. Bref, je me suis dis que l’occasion se représenterait, qu’il me suffisait d’attendre. C’est de David Cobbold et de son site Ecce Vino que la lumière est venue. Face à la baie de Tiuccia, au petit matin, j’ai découvert dans la foire aux vins d’Ecce Vino un Côtes du Ventoux, Les Gélinottes, Alain Jaume 2007 avec une bonne note et un commentaire flatteur : « Flatteur au nez et très gourmand en bouche, voici un excellent vin de fruit, net, juteux et souple qui donne un plaisir immédiat. 14/20 » et il était disponible sur le site de vente www.rouge-blanc.com dont je vous livre

 

Notre avis

 

Portant le nom de cet oiseau voisin de la perdrix, tant ce vin accompagnera magnifiquement les gibiers à plume, ce Côtes du Ventoux élevé sans apport de fût se montre magnifique de fruit et de souplesse, et illustre bien plus que jamais ces bouteilles que l’on aime déboucher lors de repas entre amis pour surprendre et faire plaisir à tous.

 

Dégustation

 

Belle robe grenat aux reflets violacés. Le nez repose sur une gamme aromatique variant des fruits frais (framboise notamment) aux fruits noirs (cassis et mûre). La bouche se montre particulièrement savoureuse et gourmande, elle dispose d’un bon volume et d’une texture aux tannins très doux et souples. Le fruit reste dominant jusqu’en finale. Ce vin aux aromes de fruits très flatteurs sera très agréable à déguster en toutes circonstances.

 

Notes

 

Rouge-Blanc : 5/5

 

C’est du bon pour un prix très doux. D’ailleurs, à l’heure où j’écris cette chronique le site est en réapprovisionnement, preuve du succès de cette cuvée.

 

D’Alain Jaume, sa modestie dut-elle en souffrir, je dirais qu’il est pour moi le bon exemple de l’excellent vigneron qui sait aussi consacrer de son temps à la collectivité vigneronne. Au temps où je trainais mes semelles de crêpe dans les rues de Châteauneuf-du-Pape pour tenter de dénouer les fils d’un étrange écheveau, et qu’il présidait au destinée du Syndicat « d’en face », j’ai de suite apprécié chez lui sa simplicité, son caractère direct, sa volonté d’aboutir, de trouver des solutions laissant de côté les faux-semblants chers à certains habitués de la rue de Varenne. De son passage au CNJA il a gardé, au bon sens du terme, la fibre syndicale, représenter ses pairs, ce qui, n’en déplaise à certains, manque beaucoup dans la mise en place des réformes actuelles. Face aux technostructures publiques et privées, qui savent si bien calcifier les choses, il me semble capital que les représentants des vignerons soient des chefs d’entreprise confrontés à la réalité du marché, responsables, qui puissent tout à la fois amener leurs collègues à évoluer tout en faisant prévaloir des solutions de terrain. Bien sûr, comme l’avoue Alain Jaume « il faut aimer les emm… » mais, comme l’actualité d’un monde saisit par la dictature de l’instantanéité, nous le montre, prendre des responsabilités collectives redevient une ardente obligation. Bref, sans le couvrir de compliments encombrants, avec quelques-uns de ses collègues de Châteauneuf (ils passeront eux aussi à la moulinette de ma chronique), Alain Jaume entre dans mon petit cercle de mes amis vignerons.

 

Les 9 hectares des origines, en 1979, sont devenus 60 et maintenant l’entreprise c’est Alain Jaume&Fils, Sébastien et Christophe sont associés à Odile et Alain Jaume pour assurer, autour du Domaine du Grand Veneur et du « Clos de Sixte » à Lirac, le développement et la pérennité de cette belle entreprise familiale. www.domaine-grand-veneur.com/ Ceux de mes détracteurs qui ne voient en moi que le chantre d’une viticulture dites « industrielle » doivent savoir que je suis un ardent supporter du modèle des Jaume, fait de savoir-faire vigneron conjugué à une approche commerciale fondée sur le modèle artisan mais ne dédaignant pas d’intégrer des sélections d’autres vins dans sa gamme :  Côtes du Ventoux "Les Gélinottes proposé ainsi que le "Côtes du Rhône "Haut de Brun", le Rasteau "Les Valats", le Vacqueyras   "Grande Garrigue", le Gigondas "Terrasses de Montmirail", le Lirac "Roquedon" et le  Châteauneuf du Pape "Vieux Terron". Comme dirait mon ami Jacques Dupont Merveilleux du Vignoble, l’entreprise Jaume c’est tout le contraire du « petisme » cher aux chroniqueurs qui ne jurent que par les petits vignerons suant sang et eau, loin du monde mercanti, sur des lopins de terre. La dynamique des vins français passe aussi par une plus large prise en compte de ce nouveau modèle adapté à la demande d’un certain type de consommateurs.

 

Mais revenons au vin, ceux d’Alain Jaume sont à son image, francs du collier, droit, sans chichis, sincères, d’un caractère bien trempé mais d’un commerce agréable. J’invite donc mes très chers confrères dénicheurs de vins – dit de propriétés – à se rendre au Domaine du Grand Veneur (cf. plan) pour y déguster la palette de ses CHÂTEAUNEUF DU PAPE, LIRAC, COTES DU RHÔNE VILLAGES et CÔTES DU RHÔNE et ses Vins de Sélection comme ce remarquable Côtes du Ventoux Les Gélinottes à qui vous devez cette petite chronique. En effet, on ne peut à la fois se plaindre de nos reculs volumiques à l’exportation, par ailleurs masqués par la valeur des vins de haut de gamme, et s’arque bouter sur un seul modèle relevant d’une vision idyllique du tout petit producteur tirant la quintessence de ses vignes. Ceux qui, comme Alain Jaume, par leur travail patient, ont acquis un savoir-faire reconnu, tant au plan de leurs vins que du commerce, dynamisant ainsi leur environnement, créant de la valeur, doivent être reconnus comme des acteurs majeurs de notre secteur. S’en tenir à une vision d’un autre âge, cultiver les oppositions entre les divers modèles économiques, relève du masochisme national. Si nous voulons rester le plus grand vignoble généraliste du monde, ne pas laisser l’espace grand ouvert à nos collègues espagnols, il nous faut jouer nos atouts sans complexe et surtout ne pas brider le développement de ceux que j’ai qualifié, à propos de Claude Rivier, d’entrepreneur-vigneron.

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