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12 octobre 2008 7 12 /10 /octobre /2008 00:05

Lorsque nous partîmes en Corse sur un ferry de la SNCM, le Pascal Paoli je crois, notre nouveau président, en guise de retraite postélectorale, voguait sur les mêmes eaux sur le yacht d’un de ses amis. L’équipage raillait sur la séquence : sauterie au Fouquet’s, nuit dans un palace des Champs, croisière au soleil, en concentrant ses lazzis sur les atermoiements de l’épouse. Celle qui avait volé la place de la fille du pharmacien de Vico en quittant le lit de Jacques Martin en prenait pour son grade dans le plus pur style macho méditerranéen. Son plus grand crime, hormis la répudiation de l’enfant du pays, était d’avoir snobé le « peuple corse ». La solidarité masculine jouait à plein, l’escapade newyorkaise, la photo de Paris-Match, le retour triomphant, l’abstention au deuxième tour, conférait au nouveau locataire de l’Elysée une auréole de martyr victime de la traîtrise des femmes modernes. La mère, pivot inamovible, roc indestructible, noyau dur de la cellule familiale, ne pouvait se comporter comme un mec, s’afficher, afficher sa liberté, prendre son homme en otage, l’humilier, le mener par le bout du nez. Insupportable outrage que, tôt ou tard, elle allait payer cash. Au bar, où je m’enfilais des bières, ma gueule d’ancien flic dévoyé devait leur inspirer confiance car très vite ils m’associèrent à leur entreprise de démolition. Bien évidemment, je ne privais pas du plaisir d’apporter de l’eau à leur moulin en leur distillant des infos de première main. Mes bons vieux réseaux chez les fouilles-merde, même pendant ma période de réclusion pour cause d’écriture, via les nouveaux tuyaux de l’Internet, m’alimentaient en rumeurs plus vérolées les unes que les autres. Mon auditoire, scotché, se délectait de mes révélations faisandées.

 

Cette courte traversée prenait vraiment l’allure d’une césure, d’un sas de décompression. Les 12 années du palefrenier gominé de la Corrèze, ultime rejeton dévoyé de la maison aux variations en R, cette République révérée par les piliers du SAC, les porteurs du toast fameux : « à nos femmes, à nos chevaux et à ceux qui les montent… » m’avaient dégoûté de la politique. Il faut dire que la fin des années Mitterrand, putrides, préfiguraient l’embourbement de notre vieux pays. L’irruption sur le devant de la scène de deux vraies bêtes de scènes relookées en chevau-légers, paradoxalement, me réinsufflait l’envie. Ils semblaient vivants. Je n’étais pas dupe mais je voulais y croire. Les arcanes de la rue de Solferino ne recélaient pour moi aucun secret. Ancien « Transcourant », sans être homme d’appareil, je décryptais sans peine la nébuleuse du Premier Secrétaire. Sa compagne, toute en angles, si peu amène, coincée, qui avait entamée sa mue lors de son irruption dans Paris-Match pour exhiber son accouchement, m’intriguait. La nouveauté c’est qu’elle faisait fantasmer les mecs. En dépit de sa démarche de dinde, de sa voie de crécelle, sa nouvelle allure de vierge effarouchée la propulsait au zénith des sondages. Méfiant, la sachant avide de reconnaissance, je m’étais replongé dans la marmite socialiste. Le plus chaud lapin des éléphants, l’inconnu de Yasmina Reza, inquiet de l’envolée de la gazelle, un jour de grande déprime, autour d’un verre, me confiait : « le cul est son point faible, elle n’a jamais connu les feux de l’amour et les désordres de l’extase. Elle va faire le hold-up parfait en jouant les madones et nous conduire au trou lorsque, poussé dans ses derniers retranchements, elle montrera son vrai visage… »

 

L’ambiance délétère me plaisait assez mais ce qui me fit lâcher prise fut une rencontre inopinée, chez Thoumieux, un soir, de la fine fleur de la garde rapprochée de la candidate. Je retrouvais de vieux amis. Nous devisions gaiement en picolant sans aucune espèce de modération lorsque déboula, flanqué de jeunes porte-flingues, une vieille raclure de socalio-sectaire, une caricature du molletisme, homme de tous les râteliers. Parmi nous, au milieu de nous devrais-je écrire, un sémillant homme de pouvoir attirait son regard. Il fondait sur lui tel un taon sur la rondelle humide d’une jument, en piqué, nous ignorant comme si nous n’étions que des étrons desséchés. Confus, pitoyable, excité, il déversa sa bouillie pour chat comme du vomi, émaillant ses propos d’étranges considérations sur ce qu’il qualifiait de désordre créatif, forme d’interactivité régénératrice de la démocratie directe, énumérant, pour convaincre son interlocuteur, la liste des experts qui travaillaient avec lui. Dans le lot, deux noms me plongèrent dans l’affliction. Pas eux, pas ce bouffi d’orgueil, champion du monde des rubans à la boutonnière, gras et rougissant, pétochard et lécheur de cul ; pas elle, une adepte de la méchanceté gratuite, moche et sèche, pointue, vipérine, version française des punaises grises de la Stasi. J’exagère un peu, mon taux d’alcoolémie aidant, las d’entendre le déluge d’insanités de celui qui se voyait déjà rouler carrosse de Ministre, à haute voix, je le frappais au-dessous de la ceinture. Quelques mots sur la charmante et nouvelle compagne du premier secrétaire stoppaient net sa diarrhée verbale. S’il avait pu m’étrangler de ses blanches mains de technocrate, sans hésitation il l’aurait fait. Amicalement je lui rivais le clou en ajoutant « si ça te chante camarade je peux te faire une copie de la note blanche qui circule… »

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11 octobre 2008 6 11 /10 /octobre /2008 00:01

Quand vient l’automne, et cette année les dieux du ciel nous ont offerts des amuses-bouches pour ce qui est des turbulences, le corps éprouve un besoin de cocon douillet, de belles flambées et de nourritures roboratives. La ligne, préoccupation balnéaire, peut se glisser sous d’amples vêtements. Alors, c’est le temps béni du pot-au-feu, plat simple et généreux. L’art d’accommoder les bas-morceaux : paleron, gîte, culotte, queue, plat de côtes, jarret, macreuse, n’en déplaise aux génies des têtes de gondole, est sans contestation une bonne façon d’augmenter son pouvoir d’achat. Ce matin je ne vais pas vous donner la recette du pot-au-feu, ce qui serait une forme de soufflet (pas de soufflé) à mes chers lecteurs qui sont tous cordon bleu patenté. Non je vais vous livrer un grand classique : l’art d’accommoder les restes. J’accommode beaucoup ce matin, qui a dit que je n’étais pas accommodant !

Supposons donc que, recevant belle-maman dimanche à déjeuner, pour faire monter votre cote de femme très occupée, vous avez préparé de vos blanches mains un pot-au-feu des familles. Votre moitié masculine étant préposé aux pluches. Croulant sous les félicitations vous avez rosit de plaisir. Le soir venu, pensant à la semaine des enfants, plutôt que de leur proposer des filets de merlans panés vous vous êtes dit que sur votre lancée vous alliez leur concocter un truc qui allait les étonner. Comme chacun sait, nos gamins et gamines adorent les pâtes. Les satisfaire en les surprenant est assurément un bon plan. Donc, avec les restes de viande, surtout les morceaux aux fibres longues, vous les effilochez pour les faire revenir dans du beurre mousseux avec des petits oignons frais tranchés. Lorsque le tout a blondi pendant que vous faisiez cuire des nouilles, des vraies, toutes les grandes marques en font, al dente, vous beurrez un plat allant au four. Puis vous étendez une couche de nouilles, puis une couche de viande, pour terminer par une couche de nouilles. La particularité de ce gratin est de ne pas utiliser d’emmenthal râpé mais si ça fait plaisir à vos mouflons vous pouvez modérément recouvrir la préparation. Passage à four modéré pour que l’ensemble soit craquant. Je signale à mes chers lecteurs que le meilleur gratin de nouilles que je n’ai jamais mangé c’est chez Philippine de Rothschild.

 

 

 

Bien évidemment il n’est pas interdit aux grands de déguster mon gratin de nouilles à l’émincé de pot au feu. Dans ce cas, si ça vous chante, vous pouvez faire couler la miette avec Les Silex du domaine de la Barbinière 2007 www.domainedelabarbiniere.com c’est un assemblage de Cabernet Franc, de Cabernet Sauvignon, de Pinot noir et de Gamay ou avec L’Anjou Villages du sémillant Patrick Beaudouin www.patrick-beaudouin-layon.com ou la cuvée Zoé de Marc Parcé  www.la-rectorie.com/ ou des vins choisis dans ma foire aux vins
http://www.berthomeau.com/article-22881267.html http://www.berthomeau.com/article-22881498.html


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10 octobre 2008 5 10 /10 /octobre /2008 00:07

Nous allons entrer dans le temps des beaux livres pour les petits souliers. L’album  « Une cuisine contemporaine » d’Olivier Roellinger est un enfant de Nicolas de Staël, lignes épurées d’une goélette prenant le vent, palette de couleurs originelles, simplicité érigée au rang de canon de la beauté, tout pour satisfaire mon goût immodéré pour les choses rares. Mais, comme si ce coup de cœur ne suffisait pas, ce corsaire m’a éperonné par le tribord, page 154, en me surprenant avec une arme fatale : le Calva coffee. Pour ceux d’entre vous qui me suivent depuis les origines, le 4 janvier 2007 j’ai commis une chronique « Normandy coffee what’s this ? » à l’adresse de mes anciens mandants des Calvados réunis (je fus président de l’interprofession de toutes les AOC issues de la pomme et de la poire en Normandie&Bretagne)  mais comme je n’ai pas le talent d’Olivier Roellinger je m’en remet à lui pour promouvoir ce délice.

 

Le cap d’abord « Dans tous les bistrots bretons et normands ouverts de bon matin, les hommes de la terre et ceux de la mer puisaient souvent leur courage avec, au fond de leur tasse à café, une eau-de-vie de pomme rude et bien corsée. Cette odeur de café-calva, que, pour une raison qui m’échappe, on appelle ici mic, reste gravée au fond de ma mémoire, tout imprégnée de celle, plus âcre et râpeuse du tabac gris à rouler. Quels récits, quels voyages, quelles aventures partageaient-ils ?

 

J’ai tenté de comprendre dans mes rêves à quel moment cette rencontre entre le café du lointain port de Moka et l’eau-de-vie de pomme du pays a pu se faire. Cette histoire est probablement proche de l’Irish coffee… »

 

Ne pinaillons pas, la petite eau-de-vie de pays des souvenirs d’Olivier Roellinger est une belle AOC répondant au nom de Calvados, Calvados Pays d’Auge, Calvados Domfrontais, qui s’est adoucie avec l’âge et le savoir-faire des producteurs.

 

Ce Calva coffee : boisson du 29 juin 2004. Vent de sud, Force 2. Bonne visibilité, mer calme, dans la terminologie maritime d’Olivier Roellinger c’est :

 

Equipage : 4 personnes

 

Accastillage : 8 verres  à digestif / Petit mixeur plongeant/Machine à glace pilée/Bocal à stériliser/4 carrés de gaze.

 

Route : 24 heures

 

Vivres : Cale_1 et Cale_2 (détails se reporter à l’ouvrage page 154 et 155)

 

Premier Bord, Deuxième Bord, Troisième Bord : c’est le mode de préparation voir page 155)

 

Destination : c’est le service, l’envoi, toujours page 155.

 

La photo qui suit, pages 156&157  est superbe. C’est chez Flammarion 45 euros.

Pour conclure ce bel estoc je dis à mon cher successeur et ami à l’IDAC  www.idac-aoc.fr/  et si nous allions un jour  au Relais Gourmand d’Olivier Roellinger 1, rue Duguesclin, 


35260 CANCALE  Tél : 02 99 89 64 76 déguster un Calva coffee à la suite d'un beau repas… J'en profite pour donner un grand bonjour amical à Anne et à la petite équipe de l’IDAC.

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9 octobre 2008 4 09 /10 /octobre /2008 00:08

Ceux d’entre vous élevés comme moi à la table de multiplication par cœur et à la déclinaison des départements avec chef-lieu et sous-préfectures, gouteront pleinement le titre de ma chronique du jour. Pour les autres, je rappelle que le chef-lieu du beau département de l’Ariège est la ville de Foix et les 2 sous-préfectures sont Pamiers et Saint-Girons. Bastion des socialistes : 2 députés (un homme&une femme) et 20 conseillers généraux sur 22, tous des mecs, ce beau département n’est pas très connu pour être un département viticole et pourtant !

Le guide Hachette des vins 2009 attribue son Coup de cœur pour la deuxième année consécutive » aux Coteaux d’Engraviès. L’an dernier c’était la cuvée Roc des Maillols  2005 (50% Syrah, 35% Merlot, 15% Cabernet Sauvignon) qui était coup de cœurisé. Moi je l’ai découvert à la foire des vins bio de Montreuil. Cette année c’est la cuvée Fount Cassat 2006 (70% Cabernet Sauvignon, 30% Merlot) qui reçoit le compliment suivant : « Cette cuvée (…) se démarque d’emblée par sa robe profonde cerise burlat. Le nez affirme une présence très fruitée (guignolet, pruneau), bien épicée et accompagnée de quelques volutes de fumée. La bouche est généreuse, douce et dense, soutenue par des tanins fermes et de qualité. Un vin parfaitement maîtrisé. À déguster sur un aligot ou un pot-au-feu ».

 

Pour vous parler de l’aventure des vignerons ariégeois je vous propose de lire un document d’Ariège News TV intitulé : Philippe Babin fait renaître le vignoble ariégeois qui date d’août 2006  http://www.ariegenews.com/news/news-1-17-1235.html c’est très intéressant. Vous pouvez aussi auditionner la vidéo de Philippe Babin l’animateur des Coteaux d’Engraviès. Passionnant ! Pour ceux qui ne prendront pas le temps d’aller sur ce site je vous propose quelques extraits :

 

« Au XIXe siècle sous l’impulsion de Napoléon III qui veut promouvoir l’agriculture, est crée dans chaque département une Ferme-Ecole  où l’on apprend aux «jeunes cultivateurs» entrés sur concours, les progrès techniques de l’agriculture moderne: emploi d’engrais, de matériel, de techniques qui révolutionnent les idées reçues.
En 1848 la ferme de Royat près de Montaut ouvre ses portes et restera dans l’histoire de la viticulture pour avoir inventé une technique de taille de la vigne employée encore aujourd’hui partout dans le monde par 80% des techniciens viticoles: le fameux «cordon Royat» ou «taille de Royat».
La ferme de Royat s’oriente dès le départ vers la viticulture: 60 hectares de vignes plantées, un cépage identifié par parcelle (alors qu’auparavant on plantait plusieurs qualités de raisins), fabrication de palissage, déploiement des vignes et taille particulière pour éviter au maximum le pourrissement des raisins sur le pied. Tout est étudié de manière rationnelle. C’est également à Royat que l’on invente la «vinification bordelaise» (ou vinification par gravité, inventée en Ariège et développée dans le bordelais car après la guerre de 14-18 le vignoble ariégeois disparaît à cause d’un exode rural massif). »

« Passionné par l’Ariège et son histoire, Philippe Babin, installé depuis trente ans dans le département pense lui aussi que la viticulture fait partie intégrante de patrimoine ariégeois et il décide en 1995 après s’être formé à Carcassonne à la viticulture et à l’œnologie, de se consacrer à la vigne et de faire revivre ce patrimoine disparu.

Mais les contraintes financières de son  projet sont lourdes… son ami Jean-Louis Vigneau, directeur des services au Conseil Général, secrétaire général de l’APAJH fait réaliser une étude pour connaître la viabilité de ce séduisant projet.

Dans le même temps, il rencontre Christian Gerber, viticulteur à Beaumont/Lèze, responsable de l’exploitation du Domaine de Ribonnet, soit 50 hectares de vignes et qui lui propose de lui apporter un coup de main technique et ses compétences.

L’ONIVIN (office National, interprofessionnel du vin) est plutôt favorable à la réintroduction des cépages ariégeois même si le syndicat interprofessionnel des viticulteurs du sud-ouest  (SIVSO) regroupant tous les A.O.C (Fronton, Madiran, Gaillac, Jurançon….) est plus nuancé face à une telle initiative alors que se profile déjà la crise viticole  avec la mévente du vin français.

Cependant, en 1998, face à la détermination de Christian Gerber et Philippe Babin, la vigne sera replantée en Ariège.

Au final ce sont 4 viticulteurs confirmés qui la relancent en différents sites créant ainsi 4 domaines distincts, liés par un Groupement d’Intérêts Economique (GIE des Vignerons Ariégeois). »

 

Comme vous pouvez le constater après cette lecture le titre de ma chronique n’était pas qu’un petit jeu de mots, il correspondait à une réalité. À toutes fins utiles je conseille à tous les « hygiénistes » de réfléchir sur le parcours des vignerons d’Engraviès. C’est tout petit mais ça réchauffe plus le cœur que leurs philippiques et leurs oukases. Pour ceux que ça intéresse

Contact: Domaine des Coteaux d’Engraviès

Philippe Babin

«Le Village »

09120 Vira

Tél : 05 61 68  68   68

Fax : 05 61 68 73 97

Mail: earldembayourt@wanadoo.fr
le site Internet de Philippe Babin www.coteauxdengravies.com

  • La conclusion je la laisse à Philippe Babin qui dans la vidéo déclare avec humour : « on a bien réussi à replanter des vignes en Ariège je ne vois pas pourquoi nous ne vendrions pas du vin à New-York. » Ce ne sont pas des paroles en l’air car ils sont une poignée de restaurateurs originaires d’Ercé ou de Saint-Girons à faire un tabac à Manhattan. Le plus célèbre étant le restaurant René Pujol Prix moyen * : 37 € (50 $)
  • Quartier: Times Square/Theater District
  • Adresse: 321 W 51st St, New York 10019
  • Téléphone: (212) 246-3023
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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 00:05

 

Le tonneau, la barrique, le foudre, le fût, le muid,la feuillette, la queue...Ce matin hymne aux "Entonnailles" qui dans le vignoble du Cher était la fête pour la mise en tonneau du vin nouveau.



Grands toucheux d'boeufs, siffleux d'marlots,
Vieux gas tortins et valetaille,
Journaliers et galop-fricots,
V'nez tertous fair' les entonnailles !

Appuyez-vous sur vos bâtons,
Vieilles commères berlangueuses,
Laissez vos chieuv's et vos moutons,
Les gentes petites fileuses !

Les vielles, du haut des poinçons,
Ronflent comme un essaim d'abeilles...
V'nez tertous mêler vos chansons
Au choc des brocs et des bouteilles.

Par Saint Vincent notre patron,
Avant l'amour ou la bataille,
Faut que le coeur d'un vigneron
S'réchaudisse au long d'ses fûtailles !

La sté réchauffe nos gosiers,
Et nos gosiers sont des étuves...
Chantons la rose et le rosier,
Dansons la ronde autour des cuves !

Holà ! les belles aux fusiaux,
Maîtres beutiers, nous somm's de taille
A vider toutes les futailles
En l'honneur du pays berriaud !


Hugues LAPAIRE ( Les rimouères d'un paysan)

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7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 00:30

 

L’occasion est trop belle pour que je n’en profitasse point : la semaine du goût s’ouvre le 13 octobre. Née en 1990 sous l’impulsion de Jean-Luc Petitrenaud, avec l’appui d’Henri Nallet et de Jack Lang, et l’intelligente prise en mains de la collective du sucre, c’est un évènement inscrit dans le calendrier de beaucoup de français, surtout les plus jeunes. Si vous vous rendez sur le site officiel
www.legout.com/ vous pourrez noter que des entreprises du vin sont partenaires. C’est une excellente chose dans le plus parfait respect du caractère éducatif affiché de cette opération. Sollicité par l’un des partenaires :   http://semaine-du-gout-2008.champion.fr/ j’ai accepté que mon blog soit, à son petit niveau, associé à la semaine du goût. Bien évidemment, mes chroniques n’ont ni le fumet, ni la saveur des vraies chroniques gastronomiques, même si parfois je me risque dans l’univers des recettes – ce qui me vaut d’être dans le top 100 des blogs gastronomique de Wikio : 82ième seul blog du vin avec celui d’Olif 84ième  à y figurer – mais j’ai estimé qu’ainsi je pourrais toucher un nouveau public.

 

Ceci étant écrit je profite donc de l’occasion pour chroniquer sur le numéro 10 d’artpress « La gastronomie, le vin, l’art ». Dans son éditorial, le concepteur de ce numéro spécial, Richard Leydier, affirme l’ambition de ce numéro spécial : croiser les domaines. Bien sûr, et je partage son point de vue, il affirme d’emblée que « la cuisine et le vin peuvent être un art, ils ne sont pas de l’art ». Sa recherche de convergences, en ce qui concerne le vin surtout, tombe un peu trop facilement dans la dichotomie en vogue, vins traditionnels et vins naturels. L’article « le pouvoir du goût » en est l’illustration la plus significative. Celui de Sylvie Augereau, « Boire plus que du raisin », étant lui la quintessence de la caricature. Ce qui me fait sourire c’est que tous les vignerons cités ont eux, pour la plupart une ouverture d’esprit bien plus large et une appréhension de la réalité vigneronne beaucoup plus ouverte. Passons, l’air du temps souffle en ce sens, loin d’être une avant-garde chère à artpress, c’est plus une tribu, sympathique et ludique.

 

Plus intéressant à mon sens la mise en lumière du mot-clé : le goût, qui « soude véritablement la gastronomie, le vin et l’art…Pris dans sa double acception de saveur des choses et de somme de préférences esthétiques de l’amateur, il innerve ce numéro. Le goût est cette chose mystérieuse, une sorte de horla, de double inconscient qui se construit en même temps que nous et dirige nos choix, qu’il s’agisse d’art, de gastronomie, de musique, de littérature ou d’attrait à la beauté féminine. » Et, Richard Leydier de citer, Alain Chapel et Jean-François Aubert dans l’introduction à leur ouvrage « La cuisine, c’est beaucoup plus que des recettes chez Robert Laffont : « Il nous a toujours semblé que les plaisirs de la table entretenaient des accointances avec les autres plaisirs de la vie, et que l’amitié, le voyage, la musique, la peinture, entre cent autres exemples, exacerbaient assez joliment notre goût pour l’omble chevalier ou le bâtard-montrachet. C’est ainsi, et nous n’avons pas trop envie de nous refaire : nous aimons assez un concert de l’Academy-of-Saint-Martin-in-the-Fields en apéritif à la truite saumonée ou aux aiguillettes de bœuf. À moins que ce soit l’inverse, le repas en prélude au concert, mais peu importe, nous tenons trop à nos plaisirs pour les figer en une quelconque hiérarchie. »

Monument à la découpe des croskillers (oeuvre unique et transgressive dédiée à Marcel Richaud)

Pour ce matin je m’en tiendrai à cette mise en bouche mais dans ce numéro spécial, l’ambition de croiser les domaines n’est véritablement atteinte, à mon avis d’amateur, par la loufoque et jubilatoire « Dégustation de Nicolas Boulard » un artiste dont je vous avais parlé il y a quelques mois dans mes PAGES (en haut à gauche du blog) N°8 : la diagonale du fou. Comme l’écrit Richard Leydier, le jeu entre les plumes de la gastronomie et du vin et celle de l’art contemporain, atteint là « une savoureuse légèreté, favorisant la digestion intellectuelle… » Patience c’est pour bientôt sur mon blog au goût de liberté.

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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 00:05

Le début d’après-midi de ce dimanche, près de l’église d’Auteuil baignait dans une douce atmosphère d’été indien. Enfin ! Affublé de canes anglaises, mon genou gauche de cycliste impénitent ayant rendu l’âme, je progressais clopin-clopant, entre les stands d’une brocante très XVIe arrondissement, lorsque mon regard acéré fut accroché par une affiche à éclipse déroulant son visuel sur un grand panneau Decaux. « Tendez vers la différence… » le slogan m’intriguait. Objurgation au parfum moral, avoir un but, une fin, s’en approcher, tendre vers avec volonté et effort, je croyais entendre un « Bossuet » moderne m’apostropher. Oui mais, dans le cas présent, c’est la différence que je me devais de viser. Voilà bien une cible mouvante, car « se distinguer », sortir du lot, créer un écart entre soi-même et les autres est une entreprise malaisée, surtout en ce monde où l’uniformisation du plus grand nombre est la règle. Bref, je ne vais pas philosopher mais me mettre, un instant, dans la peau d’un pékin du XVIe, sortant le caniche frisé de son épouse permanentée, face à cette invite, et m’interroger : mais qu’est-ce donc ce JP Chenet avec ses 3 petites bouteilles au col incliné ?

 

Le fond de l’affiche, très stylisé, n’éclairait guère ma lanterne. Alors ce nom Chenet qui fleure bon le feu de cheminée allait-il me guider vers le terroir profond ? Est-ce un vigneron ? À la réflexion, alors que le toutou las d’arroser le même tronc d’arbre tire sur la laisse, j’écarte cette hypothèse : les vignerons en France sont tous petits et ils n’ont pas les moyens de s’offrir de la réclame dans les quartiers huppés de la capitale. Quand aux châtelains de Bordeaux ils me disent en ce moment, sur d’autres panneaux, que je peux pour le prix d’une de leur bouteille, m’offrir un château. Et décrypter les initiales du prénom : Jean-Paul, Jean-Pierre, Jean-Philippe, Jean-Pascal… ne m’avançait à rien. Le clébard pomponné de ma digne épouse, au bord de l’asphyxie, me rappelait à mes devoirs. Revenu dans mon 200 m2 je confiais mes soucis à ma petite dernière, Marie-Antoinette, qui me pouffait au nez. Je m’offusquais de cette hilarité. La petite effrontée pour calmer mon courroux me dit de sa jolie voix flutée : « Père, si vous voulez tout savoir sur JP Chenet vous n’avez qu’à aller consulter le blog le mieux informé de la Toile : Vin&Cie l’espace de liberté. » Guidé par mon petit génie de fille qui joue aussi bien du clavier que du piano je me rendis donc sur le site du dénommé Berthomeau.

 

Que lis-je alors chez cet Ostrogoth de la Toile ? Que JP Chenet est la première marque de vin français exporté. Diantre, j’ignorais déjà que notre cher jaja puisse être marqueté. Dans mon souvenir, le Gévéor, le Kiravi, le vin des Rochers étaient le velours des estomacs populaires à jamais disparus. Certes, à quelques encablures de chez moi, survit un Nicolas qui livrait autrefois de bien belles bouteilles. Bref, que ce fusse ce roturier de Chenet qui porta au plus haut la bannière de notre doulce France du vin en terres étrangères me laissait coi. Qui plus est, ajoutant à ma confusion, ce manant logeait ses Grands Chais de France aux confins de l’Est en un lieu au nom imprononçable : Petersbach. Pour moi, seul le négoce bordelais pouvait exporter nos grands vins : le quai des Chartrons, les goélettes, les caisses bois, les lords anglais… Ouf, ce manant à des établissements à Bordeaux : Dulong, Calvet, un grand « centre d’embouteillage (étrange appellation) à Landiras et quelques châteaux. Ces Grands Chais étendent leurs rets dans tous les beaux vignobles de France : Val de Loire, Languedoc, Jura etc. et de cet étrange et mystérieux Chenet ils vendent 95 millions de cols (ça me rappelle les cols durs de mon père). Estomaqué je hèle Marie-Chantal mon épouse légitime pour lui faire part de ce déluge de cols et, que l’entends-je me répondre ? Tout bonnement qu’avec son amie Nicole elles se sont sifflées du Chenet dans un bistro de la place du Marché St Honoré en picorant dans leurs salades. Du Cinsault-Grenache rosé me précise-t-elle en avalant ses sushis. Pour moi c’est la fin d’un monde : si nos femmes se piquent de connaître le vin que nous reste-t-il, à nous, sexe fort ? Mais d’où vient ce fleuve de vin ? Pour le blanc, 20%, de Gascogne, moi qui pensais que le Gers était la patrie de l’Armagnac, pour le rouge, 80%, d’Oc, j‘ignorais cette nouvelle baronnie des vins de pays. Tout change, comme c’est étrange ! Et pour clore mon ébahissement ce Chenet séduit dans 160 pays…

 

Mais alors me dis-je pourquoi ne pas nous l’avoir dit sur sa belle affiche ? Moi j’aurais été fier d’apprendre qu’un challenger français guerroyait avec succès contre les barbares du Nouveau Monde. Un winner frenchie c’est si rare en ces temps difficiles que cette fichue différence vers qui la réclame me dit de tendre elle est dans ce défi relevé. Quand Renault vend beaucoup de Clio il le dit. Il en est fier. Alors, que JP Chenet au col cassé affiche la couleur des vainqueurs. Vous êtes un vin d’un nouveau type, qui bouscule les vieux principes, balaie les idées reçues, un vin qui tire notre Languedoc bougon, lui redonne de l’allant alors, sans rouler des mécaniques, affichez ces différences, ne jouez pas dans la même cour que les autres. Peu connu si vous voulez séduire de nouveaux consommateurs ou détourner certains de leurs habitudes pourquoi ne pas décliner votre pedigree. Que les bouches en cul de poule ne vous aimassent point, peu importe. Pour sortir de votre relatif anonymat ce qui importe c’est d’affirmer votre savoir-faire internationalement reconnu, dire que vous aussi vous avez des racines, que ce vin roturier, bien fait, a aussi sa place dans le quotidien des français. Mais, comme dirait ma concierge, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, alors tout ce que je viens d’écrire ne sont que les élucubrations d’un paisible bourgeois du XVIe arrondissement un peu dépassé par les évènements.

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5 octobre 2008 7 05 /10 /octobre /2008 00:00

Le père de Marie, le grand homme, la coqueluche des galeristes newyorkais, mon éphémère beau-père, claquait des doigts, sans un mot, pour congédier son petit monde froufroutant. La volaille s’éclipsait alors qu’il se rhabillait tout sourire. Dans mon histoire je me contenterai de le prénommer Paul, utiliser son patronyme dévoierait mon récit, lui donnerait une tournure qui le projetterait dans un univers qui m’est toujours resté étranger. Surprise par la tournure prise par les évènements, Yvonne le Bellec, plantée face à nous deux, le magnum de champagne niché de ses bras, hésitait sur la conduite à tenir. Prévenant je la libérais de son précieux fardeau tout en lui brossant un rapide tableau de la situation. Ma brève histoire lui plaisait et, lorsque Paul resapé me prenait par le bras en me disant : « je t’emmène au Harry’s Bar… », elle nous emboîtait le pas. Gentiment Paul l’éconduisait. Au dehors la place des Vosges baignait dans un halo de ouate rouge tendre. Soudain je me récriais « Chloé ! je ne peux pas la laisser tomber comme une vieille chaussette…

-         La fille de cette vieille maquerelle de Rainieri. Tu as vraiment bon goût mon garçon !

-         Vous la connaissez ?

-         Oui, je l’ai croisée en compagnie de sa mère à un vernissage. Beau brin de fille, pas pétroleuse pour deux sous en dépit de ses liaisons avec les guignols de la Gauche Prolétarienne…

-         Comment êtes-vous au courant de tout ça ?

-         Mes vieux réseaux de la Résistance, tout se sait mon garçon. La Gauche Prolétarienne est un gruyère de fils de bourgeois infiltré par tous les trous…

-         À qui le dites-vous !

 

Au Harry’s bar nous avons beaucoup bu, de la stout bien épaisse, costaud, à mâcher comme de la soupe de pois cassés. J’ai tout raconté à Paul. Chloé dormait sur mon épaule. Paul, frais comme un gardon, m’écoutait avec dans son regard bleu une grande tendresse qui m’encourageait. Qu’allait-il me dire ? Laisser tomber ? Comme le fils prodigue je m’en remettais à sa sagesse. Paul me prenait à contre-pieds « Mon petit Benoît nous allons leur pourrir la vie un maximum. J’adore la grande Claude Pompe, elle a de la classe mais, de Gaulle parti, son gros Georges, en bon banquier louis-philippard, va ouvrir les vannes et les affairistes vont sortir leurs groins du marigot et, crois-moi, ils vont se goinfrer. Marcellin est comme Hoover, c’est un obsédé du complot, une raclure pétainiste, les « enragés » ne sont que des fils de famille qui jettent leur gourme en jouant aux révolutionnaires. Crois-moi Benoît, sans l’épreuve du feu, les combats verbeux ne sont que des discours romantiques. À l’arrivée, les plus mauvais feront de la politique, les plus astucieux du blé et les plus cons finiront sans doute à Clairvaux. Puisque ton choix c’est de flamber ta vie moi je vais te fournir le carburant : mon fric. Nous avons aimé la même personne mon grand et nous allons lui offrir le feu d’artifice du siècle. Avec cette grande seringue tu vas former un couple d’enfer… »

 

Trois mois d’écriture et, enfin, j’en arrivais là où il me fallait arriver. Toute la légèreté insufflée dans ce tronçon de vie que je venais de coucher sur le papier n’en gommait pas pour autant l’ambiance délétère dans laquelle baignait les lendemains de ce qui n’étaient alors que les « évènements de mai ». Le temps des anniversaires, des commémorations, des interprétations, de la réécriture de notre histoire, n’était pas ouvert. Les coutures des oripeaux des années d’après-guerre craquaient, la mue s’opérait, le ventre mou de la classe moyenne s’enflait. Pompidou modernisait la France en déchirant les derniers lambeaux de la France rurale. Rouillan et sa bande de débiles profonds allait réchauffer leur folie meurtrière dans la détestation de cette société où la classe ouvrière allait perdre son âme.  Mes anges gardiens, Jasmine et Raphaël, me pressaient de les accompagner en Corse où ils venaient de dénicher le lieu de leur rêve. Je bougonnais. Je résistais. J’acceptais. Le temps était venu d’affronter l’enchaînement des évènements qui allaient me conduire à Sainte Anne. Osez me replonger dans les cahiers d’écolier que j’avais noirci dans ce havre de paix pour me délester de la part la plus noire de ma vie.

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4 octobre 2008 6 04 /10 /octobre /2008 00:08

Le journal Le Monde du 23 juillet annonçait qu’à la suite d’une expertise collective de l’INSERM (c’est le must des chercheurs en sciences humaines l’expertise collective), la première du genre, sur les jeux de hasard et d’argent, réalisée à la demande de la Direction Générale de la Santé : «  le jeu a été inscrit pour la première fois dans le plan de lutte contre les addictions 2007-2011. Le professeur de psychiatrie, Michel Lejoyeux, en préambule de cette étude pluridisciplinaire écrit : « Le chemin a été long de l’ivrognerie et du mythe du bon vivant à la naissance de l’alcoolo-dépendant. Une démarche comparable s’engage autour du jeu… » On ne saurait être plus clair, tout ça pour constater que chez certains individus le jeu est une pathologie, ce qui n’est pas nouveau mais avec l’explosion du Loto et des jeux de grattage de la Française des Jeux, les machines à sous des Casinos, le poker et les inusables paris hippiques du PMU, et l’irruption des jeux de hasard et d’argent sur Internet s’ajoutant aux jeux vidéo, c’est à une croissance exponentielle à laquelle on assiste ces dernières années. Comme diraient l’autre et les experts le disent « c’est un véritable phénomène de société » Bref, je profite de l’évènement mondial du galop : le Prix de l'Arc de Triomphe qui se courra dimanche 5 octobre à l'hippodrome de Longchamp, non pour gloser sur l’étude, mais pour vous raconter quelques souvenirs à propos de candidatures de hauts fonctionnaires à la direction du PMU.

  

Entre 1988 et 1992, au cabinet du Ministre, je détenais dans mon portefeuille le dossier des Courses. C’était ma danseuse. Nous exercions conjointement avec le Ministère du Budget, la tutelle des courses de chevaux, via le Service des Haras, et bien évidemment nous avions la haute main sur la nomination du Président du PMU. Peu de nos concitoyens savent que le PMU est un GIE, regroupant France-Galop et la SECF le trot, donc un organisme de pur droit privé. Et pourtant, via le pouvoir d’approbation du choix de son président, les tutelles se réservaient le droit d’y placer un de ces hauts serviteurs de l’Etat désireux d’arrondir ses fins de mois. Pendant tout un temps cette présidence purement honorifique, mais avec quelques avantages, fut occupé par un homme de la Cour des Comptes. Un Directeur-Général se tapait le boulot. Pour une raison que j’ai oubliée, à la suite de la réforme des courses, notre président potiche devenait PDG et bien sûr par l’odeur alléchée de brillants candidats se sont présentés.

Avant de vous relater deux de ces candidatures il est bon de rappeler que le PMU participe massivement au financement de la filière hippique (élevage et hippodromes) de notre beau pays. En 2007, le PMU a traité près de 2 Mds d'euros de paris, pour un résultat net de 727 millions d’euros réservés aux sociétés de courses, soit 80% du financement de la filière qui représente 67 000 emplois directs et 130 000 emplois indirects. La France est ainsi, avec l’Angleterre, l’une des grandes nations hippiques. L’Hexagone abrite à lui seul 50% des hippodromes européens. Avec une économie très différente du Royaume-Uni où 13 milliards d’euros sont joués sur les courses (contre 8 milliards en France), mais seulement 140 millions reviennent à la filière hippique. Je ne vais pas vous faire un cours sur les mérites du pari mutualisé par rapport au bookmaking car je ne suis pas sûr que vous y trouviez un grand profit intellectuel mais vous dire qu’au cours de cette période nous avons tenu notre rang sur ce dossier qui était suivi par un polytechnicien IGREF de grande qualité, François Clos. Deux détails un peu rigolos, l’argent des courses finançait entre autre le Fonds d’adduction d’eau des communes rurales et lorsque j’évoquais dans les dîners en ville le dossier des courses je sentais, chez beaucoup de mes interlocuteurs, une certaine gène, le pari sent un peu le soufre dans notre pays de tradition catholique.

Ce fumet soufré, injustifi,é car les paris en France sont sous contrôle, ne rebuta point les candidats issus des grands corps de l’Etat. Je ne vais pas ici vous en dresser la liste mais évoquer un candidat malheureux et un heureux élu. Le premier, connaissait la rue de Varenne, puisqu’il avait été le directeur du cabinet de François Guillaume auquel nous venions de succéder. L’homme par ailleurs avait été avant d’occuper cette fonction directeur-général du grand groupe laitier normand : l’ULN. Son nom, il y a quelques temps n’aurait pas dit grand-chose à beaucoup d’entre vous mais, depuis l’affaire de l’UINM qui a défrayé la chronique, Denis Gautier-Sauvagnac, est une tête d’affiche. Bref, quelques temps après notre arrivée, le cher homme me demandait rendez-vous. La passation de pouvoirs, lors de l’alternance, s’était déroulée dans de bonnes conditions. Je le reçus donc avec plaisir. L’homme portait beau. Il me fit un charmant numéro sur sa quasi-prédestination pour ce poste de président, la plaine de Caen berceau des trotteurs, son passage au SGCI pour les difficiles dossiers européens, son entregent, j’en passe et des meilleures. Je l’écoutai très poliment en l’incitant à solliciter la grande maison de Bercy. Il eut un sourire entendu. Il reprit sa canne et son chapeau – il n’avait ni canne, ni chapeau, mais il m’avait déclaré d’entrée : « j’ai pris ma canne et mon chapeau pour venir solliciter votre appui… » - en me remerciant de mon accueil. Je le reconduisis jusqu’au perron. C’est une tradition entre anciens locataires du poste de directeur du cabinet (je n’étais qu’adjoint) que de le faire. J’appris ensuite que notre grand spécialiste de l’agriculture, des vaches et des chevaux venait d’intégrer une vieille maison où l’on s’occupait de métaux, d’autos et de locos : l’UINM.

 Le second candidat avait l’appui de Bercy. Ancien secrétaire d’Etat à la Sécurité Sociale sous Raymond Barre, ses chers collègues du cabinet du Ministre, inspecteurs des Finances comme lui, souhaitaient le recaser. Nous les péquenots de la rue de Varenne nous n’avions rien contre mais nous souhaitions, avant d’accorder la bénédiction de notre Ministre, le rencontrer. Nous nous y mîmes à deux avec Jean Nestor le directeur. Jean Farge se fit se jour-là humble ce qui du être pour lui un réel supplice. Dans mon souvenir je n’ai retenu que deux choses : il portait des mocassins gris perle ridicules et il faisait référence en permanence à son collègue de l’Inspection Jacques Calvet alors président du groupe automobile PSA. Le premier détail doit vous paraître futile j’en conviens mais ce cher homme, caricature de l’arrogance et de la suffisance de certains hauts fonctionnaires, me parut de suite aussi déplacé que ses grôles dans son exercice de séduction pour nous convaincre que le PMU était sa tasse de thé. Pour la référence à Calvet, ce n’était plus des mocassins mais des gros sabots que ce monsieur utilisait : les émoluments qu’il revendiquait nous laissèrent pantois. L’homme aimait la galette plus que les chevaux. Je ne citerai pas le chiffre car ce serait inélégant mais je puis vous dire que nous nous fendîmes d’une belle lettre au sieur Charasse pour lui demander des explications. Courrier qui ne reçut aucune réponse bien sûr. Jean Farge fut nommé Président du PMU. Nous nous inclinâmes face aux arguments des gens du Budget qui tiennent les cordons de la bourse de l’Etat. L’homme truffa ses discours de citations latines. S’enlisa dans la réforme de l’Informatique du PMU et, je cite son successeur Bertrand Bélinguier : " il y a onze ans, le PMU connaissait des difficultés, les sociétés de courses ont voulu que le PMU soit géré comme une entreprise..." J'ai toujours trouvé le sieur Farge déplacé, prétentieux, suffisant et ridicule mais mon opinion n’a guère d’importance, sauf que je trouve plaisant qu’un ex-secrétaire d’Etat à la Sécurité Sociale, donc sous tutelle du Ministre de la Santé, se voit rétrospectivement rattrapé par une étude de Santé Publique…

Avant qu'on interdise le jeu, je signale aux éventuels parieurs que l'un des grands favoris de l'Arc cette année est la pouliche de 3 ans Zarkava propriété de Karim Aga Khan (chef spirituel de 15 millions de chiites ismaïliens) qui sera montée par Christophe Soumillon. Un conseil aux néophytes : ne jamais jouer un favori, s'il gagne ça ne vous rapporte que des clopinettes. Jouez les grosses cotes, les outsiders... Tiens, mon cher Michel, les dirigeants deFrance Galop devraient se souvenir qu'en des temps héroïques où les sociétés de courses du galop étaient à la ramasse des gis qui avaient bien d'autres choses à faire leur donnaient de leur temps...

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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 00:07

L’un de mes mentors, rue de Varenne, André Lachaux, aujourd’hui disparu, ancien administrateur des colonies, un de ces hauts-fonctionnaires à l’esprit libre et fécond, pragmatique, était fasciné par les belles mécaniques intellectuelles de nos interlocuteurs des Finances, on disait alors de la rue de Rivoli, et parmi eux plus particulièrement : Jean-Claude Trichet l’actuel patron de la Banque Centrale Européenne et Daniel Bouton le patron  de la Société Générale. De beaux esprits certes, je les ai côtoyé, mais aussi, surtout chez le second, l’absolue certitude que leur supériorité intellectuelle était le garant de la justesse de leurs analyses. L’ingénierie financière n’a pas limite. Les plus belles et les plus savantes constructions sont possibles, reste à les vendre aux gogos avides de gains rapides et à deux chiffres. La « magnifique » mécanique des subprimes qui ébranle aujourd’hui la planète financière pousse la logique de nos beaux esprits jusqu’à son point absolu d’absurdité car nos génies de la finance se sont gavés de leur magnifique produit « pourri » à cracher du cash jusqu’à en oublier les risques qu’ils faisaient prendre à leurs entreprises. Même les prudents suisses s’y sont mis : UBS  et chez nous, le bon sens prêt de chez vous, s’est aussi pris les pieds dans le tapis. Pour cette dernière, je n’ironiserais pas sur son exposition insensée, les pères du Mutualisme Agricole doivent tout de même se retourner dans leurs tombes.  Bref, face à une telle débâcle, hormis nous indigner, qu’elle position à l’avenir adopter face à ceux qui, soyez en sûr, l’ouragan passé vont relever la tête et, sans vergogne, nous concocter de nouveaux plats juteux.

 

Permettez-moi ce matin de vous exposer la mienne. Lorsque je bourlinguais au cabinet, dans les réunions « interministérielles » à Matignon, face aux brochettes d’Inspecteurs des Finances, ma stratégie consistait, afin de contrer leurs imparables démonstrations, à faire « la bête », l’âne, genre « Paysan du Danube » - certains diront que ce n’était pas un rôle de composition, mais peu importe – d’attendre leur essoufflement, de leur poser des questions simples sur leurs modèles économétriques, sur leurs certitudes, de m’étonner de leur tranquille assurance, de m’en remettre en définitive aux bons vieux principes des « arbitrages politiques ». Ce n’était guère glorieux mais bougrement efficace et, aussi bizarre que ça puisse vous paraître, j’ai ainsi gagné l’estime et le respect de deux d’entre eux : le très sérieux François Villeroy de Galhau, qui sera ensuite de directeur de cabinet de DSK, et le très provocateur Guillaume Hannezo qui fut ensuite d'abord le génial ingénieur financier » de Jean-Marie Messier avant de sombrer avec lui. Et je reprends à mon compte ce bon vieux La Fontaine de mon enfance et la harangue au Sénat de son Paysan du Danube à propos des prêteurs :

 

« Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour.

Ne transporte chez vous les pleurs et la misère;

Et, mettant en nos mains, par un juste retour,

Les armes dont se sert sa vengeance sévère

Il ne vous fasse, en sa colère,

Nos esclaves à votre tour.

 

Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de Rome

La terre et le travail de l'homme

Font pour les assouvir des efforts superflus

 

Vos prêteurs au malheur nous font joindre le crime.

Retirez-les ils ne nous apprendront

Que la mollesse et que le vice ;

Les Germains comme eux deviendront Gens de rapine et d'avarice. »

 

Comme le dit Antoine Bernheim, le président des Generali, qui n’est pas un perdreau de l’année « quand je ne comprends pas quelque chose, je ne le fais pas. » C’est tout bête mais c’est sain. Ne pas se laisser éblouir par la virtuosité de « survitaminés » de l’intellect, en revenir aux règles simples de l’économie domestique, compter, cesser de ne privilégier que le court terme, retrouver l’esprit de l’économie de la Cité : bâtir avant de jouir… La complexité de nos sociétés, l'interdépendance dans laquelle nous sommes de plus en plus enserrés, l'instantanéité, les "protections" omniprésentes, alors que l'individualisme triomphe, fragilise nos vies. Retrouver de l'autonomie, restaurer la responsabilité individuelle, ôser proner le retour du bien public, dans la tourmente actuelle, bien plus que des slogans électoraux, sont des valeurs civiques modernes.

Pour en finir avec mes élucubrations je vous recommande, dans la même veine, de lire un bijou de science-fiction : Big Brother 2012 paru dans le Nouvel Observateur, cosigné par Michel de Pracontal et Jean-Jacques Chiquelin en cliquant sur ce lien :

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2288/articles/a383178-.html
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