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19 novembre 2008 3 19 /11 /novembre /2008 00:06

Il est un grand principe du commerce : « le client à toujours raison» que devraient méditer certains de nos « experts » es-défense du vin avant de pousser des hauts cris, de vilipender celles et ceux qui ne font que rapporter une information publiée. Au point de départ, que ça leur plaise ou non, faire état qu’une étude, conduite par des chercheurs de l’Université de Kingston, révélant la présence de métaux lourds dans le vin, et que les  Français figurent parmi les mauvais élèves, vient d’être diffusée par une publication scientifique Journal Chemistry Central, c’est de l’information comme faire état d’une déclaration de Le Pen « qualifiant de détail… ». L’information existe, la nature de son contenu n’engage pas le journaliste qui la rapporte. Cette révélation est d’autant plus nécessaire que cette information a été reprise dans le Washington Post « La contamination des vins par des métaux lourds pourrait transformer les effets bénéfiques du vin sur la santé en risque », dans le Wine Spectator : « Une étude sur la présence de métaux lourds dans le vin sème le doute dans la communauté des experts », dans Decanter qui a interrogé le professeur Declan Naughton, co-auteur de l’étude. Ce dernier estime « que les consommateurs devraient être informés des risques ».  Révéler cet ensemble d’informations, avec une pointe d’humour et d’ironie légère, c’est aussi informer et non participer à une entreprise de déstabilisation de la France du vin, ni mettre en cause la mission de ceux qui s’échinent à « médicaliser » la consommation du vin. Les médias cités s’adressent à nos clients et se contenter de répondre, en jetant l’opprobre, en déclarant que la revue scientifique est une revue minable, de seconde zone, que les chercheurs ne sont que de pauvres chimistes, que ce ne sont que des accusations grossières, c’est le degré zéro de ce qu’il faut dire face à ce type d’information.

 

Pour nos experts « autruches », qui en général n’ont jamais vendu une goutte de vin, il fallait bien sûr ne rien publier, attendre que ça se passe, faire le dos rond. Lorsque l’étude contesté et contestable de PAN-Europe a été connue j’ai commis sitôt une chronique le 1er avril 2008, baptisée, car c’était l’info donné en boucle par les grands médias « Bourré de pesticides » http://www.berthomeau.com/article-18312616.html où j'exposais, arguments à l’appui, ce je pensais d’elle. Je n’ai pas la prétention de croire que ma réponse était parfaite mais elle avait au moins le mérite d’argumenter sur la base de constatations non contestables. Qu’aujourd’hui l’étude des chercheurs anglais soit scientifiquement contestable sur le plan de sa méthodologie, de la validité de ses conclusions, je n’en sais fichtre rien mais je persiste à écrire que l’exaltation, le discours outré en défense des « défenseurs patentés du vin » ne font que renforcer la mauvaise impression qu’ont de nous beaucoup de nos amis « anglo-saxons ». Ça relève à la fois de l’improvisation et du prêche et c’est totalement contre-productif. De plus, la pure dénégation donne le sentiment que nous refusons de regarder certaines réalités en face. Dans mes récentes chroniques sur les vins « dit naturels », je me suis longuement expliqué et je demande à nos experts « autruches » de réfléchir à ce qu’est une demande sociale, qui bien sûr n’a rien à voir avec leurs obsessions ou le combat de leur vie. Le monde change. Les consommateurs de vin changent. De grâce écoutez-les ! Cessez de nous gonfler avec vos vieilles lunes ! Nous ne sommes pas dans un camp retranché, bombardés par ces « salauds » de rosbifs, par des « écolos » membres d’ONG apatrides,  qui nous veulent du mal. Nous sommes un grand pays du vin qui ne peut pas faire l’économie d’une réflexion et de plans d’action pour adopter des pratiques plus respectueuses du fameux terroir dont d’aucuns se gargarisent. La consommation du vin progresse partout dans le monde alors vos petites guéguerres franco-françaises ne sont que des combats d’arrière-garde.

 

Dans le même temps le Monde titre : « Les viticulteurs du Cap font leur révolution verte » : 135 producteurs se sont engagés pour engager la biodiversité de leurs terres.

http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2008/11/15/les-viticulteurs-du-cap-font-leur-revolution-verte_1119059_3244.html#ens_id=1119138 . Quelques morceaux choisis : « La biodiversité devient le moteur d’un secteur viticole sud-africain qui amorce sa révolution verte en ordre dispersé. Avec un intérêt économique bien compris : le logo BWI (Biodiversity and Wine Initiative) se veut « un outil de marketing qui donne un avantage compétitif à l’Afrique du Sud sur le marché mondial du vin ». […] « Nous utilisons l’argument de la biodiversité car cela fait sens. Ce sont les mêmes terroirs qui font la richesse de notre flore et celle de nos vins », justifie André Morgenthal, porte-parole de l’organisme Wines of South Africa. »[…] « Les méthodes conventionnelles ne fonctionnent plus, ni techniquement ni commercialement » estime Jonathan Grieve. Le propriétaire d’Avondale ne pulvérise plus une goutte de pesticide ou de fongicide sur ses 300 hectares. » La solution, c’est de restaurer la vie dans le sol au lieu de mettre celui-ci sous perfusion chimique, dit-il. Conserver toutes sortes de végétaux et d’insectes entre les vignes, cela remplace les fertilisants, cela aide à équilibrer la terre en oligo-éléments, à la rafraîchir, à rendre le milieu naturel autosuffisant ». C’est ce qu’attendent nos consommateurs et non qu’on leur serine que notre produit est un quasi-médicament – ils en bouffent déjà trop – car cette prescription vient se heurter à la toute puissance des lobbies médicaux. Le vin est bon pour la convivialité et il n’y a pas beaucoup de produits de substitution dans ce domaine. Alors de grâce arrêtez de le transformer en posologie pour vieillards cacochymes !

Enfin, puisque je m’exprime sur un espace de liberté ouvert à tous, avec impertinence souvent, parfois avec pertinence, je me permets de dire que j’abhorre autant les censeurs que j’aime railler les hygiénistes. La liberté de plume et de ton, surtout pour des gens qui chantent le bon plaisir et la convivialité de leur produit, est essentielle à notre civilisation du bien vivre ensemble. Oui j’affirme qu’on peut aborder avec un brin de légèreté des sujets sérieux. Charrier gentiment ceux qui ont choisi comme fond de commerce la défense du vin. Chaque jour, avec mes mots, je ne défends pas le vin, je l’aime, alors que tous les grincheux, les atrabilaires, les pisse-vinaigre, ne viennent pas me chercher des poux dans la tête parce que je défends la liberté de l’information, même lorsque le contenu de cette information nous déplaît. Que sur certains sujets d’intérêt commun, « l’industrie du vin » français, comme disent les canadiens de Radio Canada qui veulent m’interviewer dans le cadre d’un documentaire de 5 heures sur la France, parle d’une même voix, exprime auprès des chercheurs des demandes correspondant à la demande sociale, me paraît une urgence absolue. Enfin, pour conclure cette chronique d’humeur, je me permets de dire merci à Vitisphère http://www.vitisphere.com/breve.php?id_breve=54714 d’avoir joué son rôle d’agence d’informations.  

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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 00:05

« Face au terroir, plus l'homme se fait discret, meilleur est le vin » Stéphane Derenoncourt


Lundi, veille du 11 novembre, dans ma quête des réalités du terroir profond, j’ai pris matinalement le TGV pour Beaune afin d’aller à la rencontre de vignerons qui travaillent autrement. Des atypiques comme les vins qu’ils produisent. Mais, comme dans notre beau pays on adore cataloguer, classer, réduire les choix au binaire, pimenter le tout d’un bon zeste d’engagement, bâtir des chapelles, je dois vous prévenir que je n’appartiens à aucune coterie, mouvement et que je ne souhaite pas être annexé par qui que ce soit. Afin de bien être compris, les mots sont si commodes que certains prennent un malin plaisir à cacher sous eux des acceptions simplificatrices – je vous dois des explications à la fois sur mon intérêt pour tous ces vignerons qui revisitent leur métier et sur ma relative allergie vis-à-vis de la notion, très à la mode, de vin dit naturel. Pour les urbains, coupés du cycle des saisons, consommant de la nature en WE ou maison de campagne, ça signifie des vins qui se font tout seul, en toute liberté, des sauvageons, des vins libres. Ce n’est pas tout à fait faux mais ce n’est pas exact : la main de l’homme y est bien plus présente, constante, qu’il n’y paraît, même si elle se veut peu intrusive, plus accompagnatrice que directive. C’est sur cette geste attentionnée, ce « non interventionnisme » que je souhaite chroniquer ce matin après mes visites chez Alain Hasard à Luze. Mais avant d’en arriver là parlons de la Nature.

 

La nature, l’originelle, ce sont les forêts primaires, intactes, jamais exploitées ni fragmentées, indemnes de la main de l’homme, qui représentent le plus haut degré de naturalité. Même les prairies naturelles de mon bocage natal, chères à mon cœur d’ancien gardien de vaches, reste bien éloignée de la naturalité. Mais comme la nature est « tendance », l’appropriation du naturel par les défenseurs de la nature est une tentation de tous les instants. François Morel, dans son dernier opus « le vin au naturel » pressentant l’objection, s’en explique « On n’a peut-être jamais autant parlé de la nature que depuis aujourd’hui : depuis que, dans son complexe rapport à l’homme, elle apparaît menacée, voire en voie de destruction. Que l’homme soit partie intégrante de la nature, et en tant que tel agent essentiel de sa perpétuelle transformation, personne ne peut le nier. Au même titre que la dérive des continents ou la respiration des plantes. Mais l’homme est seul à avoir un pouvoir de choix ou de décision. Le sens des choix et des décisions est donc d’une importance fondamentale. Autrement dit, la nature n’existe pas en tant que donnée figée, définitive et immuable, elle est perpétuellement en train de se faire et l’homme en est indissociable. Elle est tout à la fois ce qui est donné et ce qu’on en fait.

 

[…] Pour les vignerons, dans l’immense majorité de ceux qui sont concernés, la référence à une conception « naturelle » du vin n’émane pas d’une théorie de « la Nature », bien hasardeuse. Elle résulte du choix d’une agriculture qui s’adapte aux écosystèmes, à l’opposé d’une industrie agro-alimentaire qui veut adapter les écosystèmes. Concrètement : une volonté de se démarquer de méthode de viticulture et de vinification qui multiplient les interventions et les traitements à tous les stades du travail de la vigne et de l’élaboration du vin et viennent modifier – dénaturer, donc – la subtile et complexe biochimie des constituants du vin par des intrants et des « produits chimiques » de plus en plus sophistiqués. Á l’opposé de la conception industrielle qui préconise engrais, pesticides, levures et bactéries « sélectionnées », sucre de chaptalisation, soufre, acidifiants et autres, il s’agit donc de la prise en compte de cette matière vivante qu’est le vin. Travailler à la qualité de la matière première plutôt que s’en remettre aux techniques correctives, s’attacher à des vins vivants. »

 

Tout ça m’irait fort bien sauf que je ne supporte pas que Morel force le trait en jetant dans la même cuve industrielle tous les vignerons qui n’empruntent pas les voies des vins au naturel qui sont tous, d’après lui, des stakhanovistes de la chimie, des dénatureurs, des insoucieux de la nature. C’est faux ! La réalité n’est pas aussi tranchée. Par bonheur la frontière est bien plus floue. Les pratiques pas aussi tranchées entre ceux qui « respectent les écosystèmes » et ceux qui voudraient soi-disant les adapter. Nous qui nous plaignons tant de l’ostracisme des hygiénistes à notre égard gardons-nous de faire comme eux des amalgames, de stigmatiser tout ceux qui ne sont pas de la même chapelle que nous. Ce n’est pas en se drapant dans une sorte de pureté doctrinale que l’on fera évoluer les mentalités.

 

Bref, je revendique le droit d’aller à la rencontre de tous les vignerons, d’établir des passerelles entre eux, de discuter sans arrogance avec les uns avec les autres. Le club « Sans Interdit » a été créé sur la base de cette philosophie. En me positionnant ainsi, pour les uns je suis le stipendié des vins industriels, pour les autres un bobo parisien qui défend les bio-bons et, pour ceux qui me lisent, je l’espère, une plume libre qui s’essaie à l’impertinence avec un peu de pertinence. Pour tout vous avouer, les qui me taillent des costards, je m’en tamponne la coquillette. L’important pour moi n’est pas de se contenter d’écrire des livres pour faire plaisir à ses adorateurs, c’est si facile, mais d’affronter le poids des conservatismes, de prendre en compte la complexité du réel, pour que notre grand vignoble généraliste retrouve ses équilibres en privilégiant, bien évidemment, la viticulture durable et le respect du terroir.

 

Ceci étant écrit, j’espère qu’on me fera crédit – François Morel, je le sais, ne m’en accorde aucun – de bien connaître les rapports de force qui existent dans notre viticulture, d’en cerner les contours, d’apprécier le poids spécifique des uns et des autres et d’être celui qui a cristallisé sur son analyse toutes les contradictions de ceux pour qui le terroir n’est qu’un fond de commerce commode mais sans réel contenu. Cette longue mais nécessaire mise au point étant faites j’en reviens à mon périple bourguignon qui m’amène aux confins sud de la Côte de Beaune, à Aluze,  au 9 rue des Roches Pendantes – j’aime trop pour me priver de le mentionner -  chez Alain & Isabelle HASARD. Nous sommes en Saône-et-Loire, à l’angle droit des vignobles de Rully et de Mercurey, en Côte Chalonnaise. B&D by Floch’ écrivent dans leur Guide 2008 : «  Alain Hasard est un « jeune » vigneron, puisqu'il n'est installé que depuis 1997. Faute de moyens au début, il s'est établi dans les méconnues Côtes du Couchois,  mais il se recentre depuis 2006 sur les Côtes Chalonnaises. Il travaille en biodynamie depuis 1999, et érafle ses rouges à 100%. »

 

« Voilà un vigneron qu'il faut suivre de tout près! » affirment nos 2 duettistes, dont l’un : Michel Bettane n’est pas toujours très tendre avec les bios, pour ma part j’ajouterais qu’Alain Hasard fait parti de ces hommes tranquilles aux fortes convictions mais qui ne vous les assène pas comme des vérités premières. Souriant, simple, précis, sans esbroufe il aborde son parcours d’ « étranger », ardennais, de famille génétiquement voyageuse, qui débute en  1997 dans le vignoble du Couchois qui écrit « l’Amateur de Cigares » de juin 2008 : «  est le plus mal connu et aimé de Bourgogne : il se situe dans un quartier vraiment perdu du nord de la Saône-et-Loire, à la limite de terres riches et grasses, faites pour les céréales ou la betterave. Alain Hasard s'y est installé, il y a une dizaine d'années, et a surpris le monde des amateurs par la vigueur et la netteté d'expression de ses vins rouges. Colorés, généreux, ils font regretter qu'il soit bien le seul dans le secteur à faire preuve d'idéalisme et de compétence » Dit comme ça, connaissant le peu d’appétence des gens du cru pour ceux qui viennent d’ailleurs et, qui plus est, ceux qui se permettent de faire autrement et de réussir, c’est-à-dire de vendre des bouteilles 20 euros, là où eux vendent en vrac au cours du tonneau, la vie des Hasard n’a pas du être simple tous les jours.

 

En écoutant Alain Hasard me décrire son approche peu interventionniste sur ses vignes, ses 6ha en fermage, je repensais au temps où je passais la décavaillonneuse dans les vignes du pépé Louis avec Nénette la jument un peu feignasse. Nous ne respections pas la nature mais nous faisions en sorte de l’amener à ce que la vigne produise les meilleures baies possibles. Nous faisions ce qu’il fallait faire sans plus. Et d’associer l’image de nos médecins modernes qui ne sont plus que des débiteurs d’ordonnances bourrées de médicaments.On bombarde au plus large sans se soucier des dégâts collatéraux. Bref,  nous étions comme monsieur Jourdain, nous étions bio sans le savoir ni le vouloir. Pour revenir à Alain Hasard, je crois que ce qui caractérise le mieux l’esprit de son travail c’est « en douceur ». Il observe ses îlots, une vingtaine, les travaille en fonction de leur profil, cherche les équilibres, personnalise ses gestes culturaux. Quel bonheur de l’entendre parler de son petit chenillard à guidon qui actionne les 2 moteurs, prototype d’un champenois, qui crabote, ménage les sols car il n’équivaut qu’au poids d’un homme de 80kg. Tri méticuleux effectué à la vigne par les vendangeurs, pour n’entrer qu’une vendange parfaitement mûre et saine. Fort de cette matière à haut potentiel qualitatif, les fermentations se déroulent selon le profil propre à chaque millésime, sans ajout ni manipulation. Des temps de cuvaison compris entre 6 et 10 jours permettent d’exprimer le meilleur du Pinot noir, finesse et d’élégance. Á noter, pour les rouges, l’utilisation d’un petit pressoir vertical manuel qui permet à Alain Hasard de travailler à sa main. Même précaution pour l’utilisation des fûts de chêne - chêne au grain fin en provenance de la forêt de Jupille dans la Sarthe – afin que laisser vivre les cuvées dans leur état nature.

 

Il ne nous restait plus, si je puis l’écrire, à constater les résultats du « principe de discrétion » en allant déguster les vins d’Alain&Isabelle Hasard. Je ne vais pas vous infliger mon point de vue car j’ai déjà été encore un peu longuet ce matin, mais je puis vous assurer que les vins sont élégants, raffinés, et à l’image de celui qui les a fait naître « en douceur » ils sont bien en phase avec leur terroir. Alain Hasard exporte 80% de ses vins si vous voulez y accéder allez le voir (cf. coordonnées ci-dessous) Nous avons aussi beaucoup discuté, Alain est un vigneron engagé à la Conf - salut Pascal - mais ça ne regarde que nous. Bien sûr quand le vin est bon et que la discussion roule, le temps ne compte pas et nous avons pris du retard avec notre horaire. Cap sur le nord de la Côte de Beaune pour d’autres aventures. Affaire à suivre…. pour une autre chronique sur mes riches heures en Bourgogne.

Nom du domaine

Les Champs de l'Abbaye

Adresse

9 rue des Roches Pendantes

Commune

Aluze carte

Département

Saône-et-Loire

Vigneron

Alain & Isabelle HASARD

Téléphone

03 85 45 59 32

Fax

03 85 45 59 32

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17 novembre 2008 1 17 /11 /novembre /2008 14:42

Ce dimanche 16 novembre est celui de la 148ième Vente des Vins des Hospices de Beaune et comme toujours le centre historique est bouclé. Le temps est grisailleux, l’air humide, mais ça ne rebute pas les visiteurs qui arrivent en grappes J pour être de la fête. Moi je me hâte pour me rendre à la conférence de presse. Quel bonheur que de traverser la splendide cour pavée de l’Hôtel Dieu de Beaune bruissant de curieux avec en arrière-fond une fanfare qui joue bizarrement : « Téquila, téquila… » et d’arriver enfin dans l’imposante salle des Pôvres, inaugurée en 1542, aux dimensions majestueuses (46,30 m de long et 16 de haut), avec sa superbe  voûte en carène de navire. Elle abrite les couches des malades, toutes couvertes de rouge, et orientées vers la chapelle afin que les pensionnaires puissent suivre les offices dans les meilleures conditions possibles. C’est  un bijou d’architecture, comme l’ensemble, dû à Nicolas Rolin où tout y est « Plus beau, plus grand, l'Hôtel-Dieu de Beaune sera achevé en neuf ans, mobilisant les artistes les plus prestigieux du pays des Flandres, associés à ceux du vieux cœur de la Bourgogne. Loin d'être passive, la population prêta son concours à l'édification de ce chef-d'œuvre de l'architecture gothique. »

Aujourd’hui, c’est une première pour Vin&Cie, je suis www.berthomeau.com sur mon badge d’accréditation. Sagement je vais prendre place sur une chaise dans les premiers rangs. Mon statut tout neuf de « journaliste » d’un nouveau type : bloggeur, m’incite à me contenter de prendre des notes. Pas de question, je laisse ce soin à mes collègues officiels même si sur le rapprochement entre la Bourgogne et le Beaujolais j’aurais aimé que l’on pousse les intervenants, qui ont affiché une belle unanimité unitaire, dans l’explicitation de l’intérêt d’une grande Bourgogne source permettant au fils putatif du vieux BGO de retrouver de l’ampleur. J’ai déjà écrit sur le sujet  « BGO : tempête sur les tonneaux… » Le 11 avril 2008 www.berthomeau.com/article-18610677.html  Mon ami François, en bon politique, lui, n’est pas très chaud mais, en vrai Bourguignon qu’il est, mes histoires de sourcing pour les produits d’entrée de gamme lui ont toujours paru n’être bonnes que pour les Languedociens. Et pourtant, le Chardonnay Grand Ardèche de Louis Latour a précédé de beaucoup de longueurs les vins de cépage du pays d’OC. Bonne transition car, de la Conférence de presse, je vais essentiellement retenir l’analyse de Louis-Fabrice Latour sur les perspectives du marché des vins de Bourgogne.

Louis-Fabrice Latour s’exprimait en tant que président des négociants-éleveurs de Bourgogne, et sur certains points un peu plus délicats, comme les perspectives de formation des prix à la propriété, comme il l’a souligné « à titre personnel ». Dans une vie antérieure ayant été négociant – à la SVF – il me reste quelques souvenirs des précautions oratoires qu’il faut prendre dans ce domaine hautement risqué, surtout dans une conjoncture internationale difficile, afin de ne pas être taxé d’être à l’origine d’un mouvement baissier qui ne dépendra en définitive que des anticipations ou de l’attentisme des distributeurs.

En incise de ses propos, LF Latour, rappelle qu’à la même époque l’an dernier, alors que tous les indicateurs étaient au vert, c’était face à une « Bourgogne euphorique et sûre d’elle-même » qu’il s’adressait. En 2008, jusqu’à la fin de juillet tout se passait plutôt bien : l’effet Pinot Noir jouait toujours, les bourguignons étaient bien vus de leurs distributeurs, des stocks bas à la propriété (10 mois de récolte : 1,3 Mhl) et même si quelques signes de ralentissement, normaux, eu égard à l’excellence des chiffres 2007 : - 9% en volume et -5% en valeur s’affichaient. « Un vent mauvais s’est mis à souffler fin août » et le décrochage a eu lieu en octobre : -20%. Un débat s’est instauré entre les 2 familles professionnelles pour tenter de savoir si ce sont les grands villages, les 1er crus et les grands crus qui seront le plus affectés par les effets de l’éclatement de la bulle financière, et de la récession de l’économie mondiale, ou le repli de la consommation va-t-il toucher d’abord les régionales et les petits villages ? Il n’est pas tranché. LF Latour rappelle que pour l’heure la campagne d’achat à la propriété n’ayant pas commencé on ne peut répondre à la question : « est-ce que les prix vont baisser ? » Il se déclare inquiet mais pas pessimiste. Pour lui, par rapport à la crise très dure de 1991, la Bourgogne est mieux armée car ses fondamentaux sont bons. Les ventes de Noël tiendront leur rang. Le premier trimestre 2009 sera difficile. L’examen des 3 grands marchés de la Bourgogne est à ce titre instructif.

Pour LF Latour le marché le plus préoccupant est celui de la Grande-Bretagne, premier marché en valeur et en volume de la Bourgogne (31% des exportations) : repli des expéditions sur les 7 premiers mois de -11,5% en volume, -7,5% en valeur, très touchée par les conséquences de l’éclatement de la bulle financière (La City) devrait terminer l’année sur un -20% en valeur. Le décrochage de la £ (taux de change euro/£ pénalisant depuis fin 2007) va rendre difficile les ajustements tarifaires : Chablis vient d’en faire la cruelle expérience.   

Pour le marché des USA, 2d marché en volume et en valeur, LF Latour est plus confiant. Le dollar se raffermit par rapport à l’euro. La consommation domestique même si elle ralentit continue de croître : +1,5% ce qui va faire franchir la vente des vins au détail la barre des 25 milliards de $ et de battre le record absolu en volume : 306 millions de caisse achetées. Les Usa, en 2008, deviennent le 2d marché mondial de vin, devançant l’Italie, en volume écoulés et les marges de progression sont encore importantes : 17% des consommateurs US réguliers consomment 97% du total consommé. En 2007 les exportations de la Bourgogne  ont à ce jour diminuées de 20% en volume mais sont restées stables en valeur (hausse du prix moyen de 5%). LF Latour souligne que cette diminution ne correspond pas à une baisse de la même ampleur sur le terrain mais au fait que les importateurs ont préféré depuis début 2008 puiser dans leurs stocks en attendant la remontée du dollar face à l’euro. Donc optimisme mesuré.

Le marché domestique, la France : 49% des ventes de Bourgogne, se tient. Les ventes en GD repartent à la hausse en 2008, elles dépassent 34 millions de cols, +2,4% en volume dans un contexte difficile : -1,5% sur le ventes d’AOC tranquilles. Les foires aux vins de septembre ont moins bien marché. La restauration vit une période difficile liée à l’inquiétude des Français par rapport à l’évolution du niveau de vie. C’est un segment important pour la Bourgogne qui est présente sur 88% des cartes des restaurants se déclarant gastronomiques. Les évolutions sont contrastées : le haut de gamme garde son statut. Donc en 2008 pas de recul très net. Les perspectives 2009 pourraient prolonger les tendances observées.

 Avant de dire un mot sur la Vente, un petit mot important (c’est moi qui le souligne) LF Latour déclare avec un plaisir non dissimulé que dans cette période difficile « la Bourgogne tient son rang. ». Pour cet après-midi, il souhaite « un atterrissage en douceur » après les +38% sur les rouges et les -6% sur les blancs en 2007. Et d’évoquer le ratio cours des vins des Hospices/cours des vins à la propriété, sur 10 ans calculé par la FNEB : 2,8. Et de souligner que 9 fois sur 10 il y a corrélation entre l’évolution des prix de la Vente et celle des prix à la propriété. Tout est dit. Je referme mon calepin. J’ai été sage comme une image.

Pour plus d’informations je vous signale l’excellent dossier de presse du BIVB sur les données économiques de la Bourgogne que vous pouvez vous procurer auprès de Cécile Mathiaud : cecile.mathiaud@bivb.com

à bientôt chers lecteurs pour une prochaine chronique sur la Vente des vins des Hospices elle-même...

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17 novembre 2008 1 17 /11 /novembre /2008 00:06

 

 


 

Comme vous devez vous en doutez, chers lecteurs, j’ai un goût immodéré pour les gens qui décoiffent, ceux qui bousculent l’establishment, taillent leur route sans trop se soucier des codes en vigueur. Stéphane Derenoncourt est de ceux là et je suis d’autant plus heureux de l’accueillir que le seul des œnologues sollicités pour répondre à mes 3 mêmes Questions, qui n’ait même pas daigné accuser réception, est le Président de l’Union Nationale des Œnologues, Thierry Gasco – c’est la première fois que cela m’arrive.

 

Comme c’est très tendance Stéphane Derenoncourt est un chti qui descend à Bordeaux au début des années 80 pour « entrer » en viticulture. J’emploie à dessein ce verbe car cet autodidacte avoue que « le vin entre dans sa vie par nécessité et par passion ». Ses expériences sur diverses appellations l’amènent à s’intéresser de plus en plus au concept de « terroir » »,il s’inspire du modèle Bourguignon, et se base sur la minéralité et la fraîcheur pour développer ses propres méthodes de travail, plus intuitives et moins systématiques. L’observation et la dégustation des baies, du jus et du vin sous-tendent sa philosophie.

 

En 1999, avec son épouse Christine, Stéphane Derenoncourt acquiert une propriété située en Côtes de Castillon, Le Domaine de l’A. Vigneron et consultant, il intervient aujourd’hui dans une soixantaine de domaines où il propose une démarche globale allant de la vigne au vin. Stéphane Derenoncourt définit son travail « comme étant la recherche de l’expression optimale du terroir. L’enjeu, au travers des méthodes proposées, étant de favoriser l’exploration du sol par les racines afin de l’imprimer dans le fruit. » Il ajoute que « face au terroir, plus l'homme se fait discret, meilleur est le vin » et il met un point d'honneur à ne pas “signer” ses vins. Son but est d’élaborer des vins singuliers, frais, sensuels, des vins de soif comme il se plait  à le dire. Comment voulez-vous, après une telle profession de foi, que je ne sois pas très heureux de l’accueillir sur mon espace de liberté.


Question N°1
 : Supposons que je sois un jeune bachelier passionné par le vin. Je cherche ma voie Sur le site du CIDJ je lis « L’œnologue, grâce à ses connaissances scientifiques et techniques, accompagne et supervise l’élaboration des vins et des produits dérivés du raisin. Sa principale activité concerne la vinification. Il conseille les viticulteurs dans le choix des cépages et la plantation des vignes. Il surveille les fermentations en cave, le traitement des vins et leur conditionnement. Il effectue des analyses et procède à des recherches technologiques visant à l’amélioration des cépages. L’œnologue peut également être chargé de la distillation ou fabrication des alcools à partir des marcs de raisins. Enfin, connaisseur et expert en dégustation, il participe à la commercialisation des vins en France et à l’étranger. En raison de la concurrence rencontrée désormais par la production française de vin sur le marché mondial, l’œnologue remplit une fonction stratégique pour le maintien ou l’amélioration de la qualité des produits de la viticulture française. »

 

 

Présenteriez-vous ainsi votre métier à une jeune pousse Stéphane Derenoncourt?

 

Réponse de Stéphane Derenoncourt : Je ne suis pas le mieux placé pour juger de cette définition, n’étant moi-même pas œnologue. En revanche, pour en avoir recruté et embauché quelques uns, je connais à peu près le niveau technique du jeune diplômé. Cette définition fait rêver, certes, mais elle est très loin de la réalité. Pour exemple, les étudiants doivent passer en tout et pour tout une à deux journée dans les vignes. En faire des experts relève de l’exploit. Je vous encouragerai donc à nourrir votre passion par vos propres moyens, en allant sur le terrain et en rencontrant des producteurs, pas forcément œnologues, et donc avec souvent plus de spiritualité et de sensibilité que ne l’offre la formation purement scientifique.

 

Question N°2 : « Monsieur Seignelet, qui avait assis Bertrand face à lui, donnait à mi voix des leçons d’œnologie, récitait des châteaux, des climats, des millésimes, émettait des jugements, prononçait du vocabulaire : puis il voulut enseigner à son fils aîné le rite grave de la dégustation. » Tony Duvert « L’île Atlantique » éditions de Minuit 2005. Dans le fameux manga « Les Gouttes de Dieu » «  Le héros est présenté comme œnologue alors que manifestement c’est plutôt un œnophile doué et cultivé.

 

Quel est votre sentiment sur ce glissement sémantique Stéphane Derenoncourt ?

 

Réponse de Stéphane Derenoncourt :  Mr Seignelet devrait se méfier afin de ne pas tomber sous les feux de l’union des œnologues. Cela me rappelle farouchement mes débuts. Souvent les critiques de vin ou journalistes me présentaient comme l’œnologue montant. L’union des œnologues s’est donc occupée durant plusieurs mois, de tenir à jour mon dossier de presse accompagné de menace de procès pour avoir usurpé le titre d’œnologue. C’est à partir de ce jour que j’ai décidé d’ajouter sur ma carte de visite la mention ‘’surtout pas œnologue’’. Ils ont finalement bien du mal à défendre leur profession (la défendre de quoi ?). Il est clair qu’on a besoin d’un médecin, et d’un vrai, pour soigner une maladie. Il est tout aussi clair qu’on peut faire du vin sans œnologue.

 

Question N°3 : Moi qui ne suis qu’un pur amateur aussi bien pour le vin, que pour la musique ou la peinture je place ma confiance non dans les critiques mais plutôt dans ma perception au travers de l’œuvre du génie du compositeur ou du peintre. Pour le vin l’affaire est plus complexe entre l’origine, le terroir, le vigneron, le vinificateur, le concepteur du vin, l’exécution est à plusieurs mains. La mise en avant de l’œnologue, une certaine starification, correspondant par ailleurs avec l’esprit du temps, à une forme de marketing du vin, ne risque-t-elle pas de nous priver d’une forme de référence objective, celle de l’homme de l’art, nous aidant à mieux comprendre l’esprit d’un vin ?

 

Réponse de Stéphane Derenoncourt : Bien que très médiatique, la starification des œnologues ou consultants de tous poils reste anecdotique. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Dans le microcosme, la polémique est bien souvent entretenue par ceux qui ne trouvent pas la gloire espérée à travers la qualité des vins qu’ils conseillent ou produisent. Leur frustration les amène à créer des clans, à s’exprimer au moyen des outils modernes, blog ou internet, pour exister. Le monde du vin, et surtout du grand vin, est mystérieux et attire beaucoup les nombrilistes. Mes échanges avec les stars de l’œnologie m’ont souvent laissé penser que leur réussite personnelle tenait d’avantage du chemin philosophique parcouru que de leur connaissance en œnologie.

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16 novembre 2008 7 16 /11 /novembre /2008 00:00

Dans ce haut lieu de la transmission du patrimoine, le terme même de patrimoine, cette accumulation de biens, les terres, les immeubles, les meubles, les bijoux, les actions, les bons du Trésor ou de l'emprunt Pinay qui prolongeait de quelques jours la vie légale de certains morts insoucieux de leur succession, qui se transmet de génération en génération, socle dur et invisible de toutes les inégalités, ne faisait pas parti de mon patrimoine culturel. Avoir du bien, comme le disait mémé Marie, outre que ce fusse la source de beaucoup les discordes familiales, n’avait jamais préoccupé mes parents et, leur côté ni ne sèment ni ne moissonnent m’avait façonné. L’instinct de propriété m’était étranger. Comme eux j’étais très oiseau du ciel. Hériter me semblai, comme au sémillant JJSS, une incongruité. Le clerc entama la lecture de l’acte de sa voix minaudante. Langage abscond, formules alambiquées qui me passaient au-dessus de la tête. Chloé, elle, souriait. De toute évidence, bien plus fine mouche que moi, elle comprenait que le père de Marie voulait lier solidement à Marie en faisant de moi le bénéficiaire de ce qui aurait été sa part d’héritage alors que moi, la monstruosité des sommes annoncées me laissait de marbre. J’étais ailleurs. Indifférent. Tout ça m'effleurait à peine et c’était mieux ainsi. À chaque interrogation de Me Dieulefit je répondais par l’affirmative. Tout ce qui m’importait dans cette affaire c’est que je me retrouvais légataire d’une part de Marie dont j’ignorais tout. C’était comme si, par le biais du geste de son père, elle me prenait en otage. M’arrimait à nouveau à elle sans aucun espoir de libération. À mon corps défendant je me retrouvais à la tête d’une petite fortune dont je ne saurais que faire mais que j’allais devoir préserver. Je n’avais pas le choix. Si notre histoire commune n’avait pas été brisée cet argent, ces biens nous seraient tombés dessus, nous en aurions profités, nous aurions peut-être changés ou, sait-on jamais, cela nous aurait peut-être opposés. Peu m’importait, je me fichais pas mal d’être riche, un jour ou l’autre, lorsque j’en aurais fini avec ma plongée dans les entrailles de la société, viendrait le temps de trouver une destination à tout ça. Pour l’heure, je me contentais d’apposer ma signature ou mes initiales au bas de liasses de documents qui semblaient prêt pour l'éternité des notaires.

 

Avant d’entamer la narration de cette tranche de vie calée sur le septennat écourté du président Pompe je vous dois une petite explication afin que vous ne vous perdiez pas dans les méandres de mon récit quelque peu erratique. Au tout début de mon étrange parcours de taupe, commencé sur les chaînes de Citroën, comme vous avez pu le constater, je m’en remettais à l’improvisation. Le tout et n’importe quoi présidait à mon action. Je frisais le nihilisme. L’irruption du père de Marie dans ma vie de patachon, mon installation et ma nouvelle aisance matérielle, ajoutées au sens aigüe de Chloé pour l’organisation, me transformèrent en quasi-chef d’entreprise. Cette reconversion collaient bien à l’esprit de l’ère Pompidou : "les affaires sont les affaires", l’immobilier surtout, et avoir pignon sur rue, dans un beau quartier, fluidifiait la valse des terrains et des permis de construire. Le jour, en semaine, je me vautrais dans les SCPI, fréquentais des margoulins de tout acabit, déjeunais chez Ledoyen, graissais la patte de manieurs de tampons, finançais quelques élus influents. Pour les besoins de la cause je m’étais affublé d’un patronyme à rallonge fleurant bon le terroir de mes origines : de la Mouzinière. Afin de ne pas tomber dans les pattes sales de mes chers collègues des RG mes activités diurnes restaient discrètes et, étant donné mon appartenance à la cellule « Mouvements Révolutionnaires » de l’ambitieux Bertrand Guide, je veillais à dresser des contre-feux. Dans les affaires de l’ombre le cloisonnement absolu entre les activités est la première des sécurités. Pour compléter mes protections je m’habillais chez Arnys, me chaussais chez John Lobb et portais de fine lunettes cerclées d’écaille. Le soir, changement de décor, je retrouvais ma défroque de révolté pour fréquenter mes amis de la GP. Ma très chère Chloé me facilitait le boulot et la vieille enflure de Gustave m’évitait d’aller trop loin dans les délires de mes révolutionnaires d’opérette. Enfin, les week-ends, et certains soirs, je m’infiltrais joyeusement dans les méandres du SAC. Moi qui adore tenir tout sous contrôle je me régalais de gérer un tel embrouillamini.

 

Les chaînes de Javel s’estompaient. Ma petite entreprise prospérait. Alors, me direz-vous, pourquoi ce parcours sans faute vous a-t-il conduit à Sainte Anne – qui était alors un hôpital psychiatrique fermé – dans le 14eme arrondissement de Paris, presqu’en face de la prison de la Santé ? En une réponse volontairement lapidaire je vous répondrai que je m’y suis réfugié, grâce à de hautes complicités, afin d’échapper à un séjour plus déplaisant dans la maison d’en face. Le nouveau Ministre de l’Intérieur, du nouveau Président de la République élu grâce à la trahison de Chirac, Michel Poniatowski, s’était mis en tête, pour déstabiliser la toute puissance de l’UDR – l’ex UNR rebaptisée, suite à la grande manif de défense de la République des Champs Elysées et qui allait de nouveau changer d’appellation pour servir les intérêts du félon qui démissionnerait avec fracas en 1976 avant de prendre d’assaut et de gagner la mairie de Paris – de traquer « les copains et les coquins » c’est-à-dire le terreau de mes activités, alors j’ai préféré opérer une retraite en bon ordre plutôt que de me retrouver pris dans la spirale des trahisons. Ce séjour à Sainte Anne fut pour moi un grand blanc, une retraite au cours de laquelle, simple jardinier, j’ai beaucoup lu et couvert, des petits carnets et des cahiers d’écoliers, d’une écriture soigneuse et précise. Ce sont eux qui sont empilés près de moi sur la belle terrasse, face à la mer et qui vont me servir à tenter de vous faire revivre ce bout de vie, trépidant et jouissif, qui se cale dans ce qui ne fut qu’un quinquennat, le mandat écourté de Georges Pompidou, qui lui-même avait commencé sur le congédiement peu glorieux du fondateur de 5ième République grâce à l'alliance contre nature de tous les conservatismes.      

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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 00:02

Ceci est un nouveau produit de Vin&Cie. Pour le titre, dont vous apprécierez, je l'espère, l'humour torride, merci de bien vouloir rapprocher l'appellation de vinomane impénitent plutôt de celle du mélomane que du pétomane...

Pourquoi diable revendiquer cette appelllation ? Tout simplement parce qu'il est deux lieux d’où je ne ressors que très rarement les mains vides : une librairie et, pour l’autre magasin, je m’aperçois qu’aucun mot équivalent n’existe pour le vin : on ne dit pas je vais à la « vinerie » - qui serait la francisation de winerie – mais chez un caviste, comme si ce lieu de vente, d’origine récente – le vin se consommait à la taverne pour le peuple, lorsqu’il était bouché on le livrait depuis la propriété ou le négoce de place chez les particuliers, Nicolas est fondé en 1822 – n’avait pas su générer une dénomination précise. La cave pouvant, en effet, désigner aussi le chai du producteur, le lieu de stockage au domicile. Bref, même si ce non dit veut dire quelque chose dans notre inconscient collectif, moi j’adore en ces lieux rousiner – flâner sans but précis – découvrir, tripoter, acheter à l’instinct. Même si ça chagrine ceux dont la profession est de conseiller c’est ainsi que j’ai fait mes plus belles découvertes : par exemple, dès sa parution, en 1999, aux éditions Autrement j’ai acheté « Inconnu à cette adresse » de Kressmann Taylor. « Avec une économie extrême, sans complaisance, sans littérature, ces pages abruptes et frémissantes atteignent à la grandeur des œuvres qui ne nous parlent de rien d’autre que de vérité humaine. » Il s’agit de l’histoire de deux amis : Martin Schulse, un Allemand, et Max Eisenstein, un Juif américain qui, depuis des années, sont associés à San Francisco dans une affaire prospère de commerce de tableaux, "La galerie Schulse-Eisenstein", lorsque Martin, au début des années 30, décide de retourner dans son pays. La correspondance entre les deux amis commence le 12 novembre 1932 et s’achèvera le 3 mars 1934. À lire absolument ! Bouleversant.

Pour le vin c’est un peu pareil, sauf que la dimension des boutiques des cavistes n’est pas propice à la flânerie et que beaucoup de ces messieurs, y'a peu de femmes, ont la fâcheuse tendance de vous tomber sur le râble pour tester vos connaissances et vous fourguer leurs découvertes où tout est petit sauf le prix. Les libraires sont plus cools, et eux, ils ne vous toisent pas comme un analphabète si vous vous contentez d'acheter un polard. Alors, pour le vin je rousine essentiellement chez Lavinia et à la Grande Epicerie du Bon Marché car on m’y lâche les baskets. Autre différence d’importance : le poids des acquisitions. En conséquence je ramène toujours plus de livres que de bouteilles mais comme je lis plus que je ne bois, ce qui est heureux car sinon, étant donné que je lis sans modération, je me Chabalieriserais et je ne pourrais ainsi plus lire. Bref, mon nouveau produit, « je suis sous... le niveau de la bonde : notes d’un vinomane impénitent», dont j’espère vous appréciez déjà la somme de sous-entendus qu’il recèle, vous livrera, comme ça, sans emballage particulier, pêle-mêle, mes découvertes, mes pépites, des petits trucs de rien du tout mais qui avec le temps deviennent parfois le miel des faiseurs d’opinion.

Aujourd’hui, deux « découvertes » : le zéro drag et l’effet Veblen ou effet de snobisme. Croyez-moi, je ne m’éloigne pas beaucoup de nos préoccupations habituelles de gens du vin.

« Depuis 1997, une nouvelle expression – «  zéro drag » – s’est mise à circuler dans la Silicon Valley, le cœur de la révolution informatique en Amérique. Au départ, cette expression désignait le mouvement dénué de frottements d’un objet physique, telle une planche à roulettes ou une bicyclette. Par la suite, on l’ a appliqué aux employés qui, indifférents aux incitations financières, passaient facilement d’un emploi à l’autre. Plus récemment encore elle a endossé le sens de « sans attaches » ou « sans obligations ». Ainsi dira-t-on qu’un employé est « zéro drag » lorsqu’il est prêt à accepter n’importe quelle attribution supplémentaire, à répondre aux appels d’urgence ou à se faire muter à tout moment. »

« L’employé idéal serait une personne dépourvues de liens, d’engagements ou d’attachements sentimentaux antérieurs, et désireuse d’en éviter de futurs ; une personne prête à accepter la première tâche venue, préparée pour réajuster et redéfinir instantanément ses propres penchants, acceptant ce faisant de nouvelles priorités et abandonnant sans délai les précédentes ; une personne habituée à un environnement dans lequel il est mal venu et imprudent de « s’habituer » - à un emploi, un talent ou une façon de faire ; une personne, surtout, qui quittera l’entreprise lorsque celle-ci n’aura plus besoin d’elle, sans se plaindre ni porter l’affaire devant les tribunaux. Une personne, enfin, pour qui les perspectives à long terme, les plans de carrière gravés dans le marbre et tout type de stabilité sont encore plus effrayants et rebutants que leur absence »

Zygmut Bauman « S’acheter une vie » aux éditions Actes Sud (l’auteur, comme son nom ne l’indique pas car il est d’origine polonaise, est anglais)

L’actualité met en question la rémunération, et surtout sa disjonction d’avec la performance, des dirigeants de grandes entreprises multinationales. Le fameux pouvoir régulateur du marché de l’emploi de ces managers ne semble pas vraiment fonctionner. Pierre-Yves Gomez, directeur de L’Institut Français de gouvernement des entreprises www.ifge-online.eu  apporte une réponse originale dans Le Monde de lundi. C’est l’effet Veblen ou « effet de snobisme »

« Un argument semble avoir été négligé dans ces raisonnements : la plupart des investisseurs financiers n’ont aucune idée du fonctionnement interne des grandes entreprises cotées. Pour eux, les dirigeants les incarnent et garantissent les profits futurs. Mais les investisseurs sont incapables d’établir le lien exact entre le travail du dirigeant et la rémunération juste pour le récompenser. Dans ces conditions, un effet économique décrit dès 1899 par Thorstein Vebben dans Théorie de la classe de loisir, pourrait tout expliquer : lorsqu’on ne peut pas établir la valeur pratique d’un bien, on préfère bizarrement le payer cher, parce que le prix élevé rassure sur son usage. On se dit que si tout le monde est prêt à le payer cher, c’est qu’il doit être important de le posséder. C’est l’effet Veblen, appelé aussi « effet de snobisme », explique que certains biens comme les produits de luxe, ont des prix démesurés par rapport à l’usage pratique. Leur prix élevé joue comme une assurance de leur valeur.

Ce raisonnement peut s’appliquer à la rémunération des dirigeants. Incapables de connaître sa valeur d’usage réelle, les actionnaires préfèrent un dirigeant qui gagne beaucoup à un dirigeant qui gagne peu. Le salaire du premier les rassure quand à ses éventuels talents : il est très bien payé, donc il est sans doute très compétent, pensent-ils. Le second leur paraît suspect : s’il est mal rémunéré c’est que le « marché » n’en veut pas, parce qu’il n’est pas assez doué. Une logique de sur-rémunération des dirigeants est ainsi mise en place par les actionnaires eux-mêmes. À la limite, ils en arrivent à se flatter de recruter les dirigeants les mieux payés du monde, donc supposés être les meilleurs. »

Ainsi va le monde…

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 00:09

Dans le monde de la vigne et du vin on ne présente pas Denis Dubourdieu, son nom sonne comme une référence. Très beau cursus à la française, grande école puis université, Ingénieur Agronome (Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Montpellier) (1972)Maître es Sciences Economiques (Université de Bordeaux 1) (1973) Docteur Ingénieur en Œnologie Ampélologie (Université de Bordeaux 2) (1978) Docteur d’Etat es Sciences (1982) il s'inscrit dans la lignée du père de l'oenologie moderne Emile Peynaud qui, en 1996, répondait à la question : "Pensez-vous que le modèle que vous avez instauré avec J. Ribéreau-Gayon soit appelé à durer ?"
"Je l'ai dit et répété de nombreuses fois : le vin est le reflet du degré de raffinement d'une civilisation. Il dépend de ceux qui le font et de ceux qui le boivent. Les goûts et les méthodes de travail évoluent constamment. Par conséquent, il est probable que dans dix, vingt ou trente ans, avec d'autres vignobles, d'autres installations, avec d'autres œnologues, les vins soient différents des nôtres." 
Propriétaire de plusieurs crus de Bordeaux : Denis Dubourdieu Domaines  www.denisdubourdieu.com) Château Doisy-Daëne, cru classé en 1855, Barsac Sauternes, Château Cantegril, Barsac Sauternes, Clos Floridène, Graves, Château Haura, Graves, Château Reynon, Premières Côtes de Bordeaux ; Œnologue conseil : auprès de nombreux crus et domaines viticoles réputés en France, Espagne, Italie, Grèce Portugal et même au Japon ; Professeur à la Faculté d’œnologie de  l’Université Victor Segalen Bordeaux 2 et Vice-Président de l’Institut Sciences de la Vigne et du Vin  de Bordeaux, Denis Dubourdieu, bien évidemment, constituait pour moi et mes questions une cible de choix. Sa réponse positive et rapide m'a bien évidemment comblé. Que voulez-vous, j'ai l'orgueil de croire que mon petit espace de liberté fait parti de ces lieux rares, car vous êtes des gens de qualité chers lecteurs, où l'on a plaisir à s'exprimer.

Question N°1
 : Supposons que je sois un jeune bachelier passionné par le vin. Je cherche ma voie Sur le site du CIDJ je lis « L’œnologue, grâce à ses connaissances scientifiques et techniques, accompagne et supervise l’élaboration des vins et des produits dérivés du raisin. Sa principale activité concerne la vinification. Il conseille les viticulteurs dans le choix des cépages et la plantation des vignes. Il surveille les fermentations en cave, le traitement des vins et leur conditionnement. Il effectue des analyses et procède à des recherches technologiques visant à l’amélioration des cépages. L’œnologue peut également être chargé de la distillation ou fabrication des alcools à partir des marcs de raisins. Enfin, connaisseur et expert en dégustation, il participe à la commercialisation des vins en France et à l’étranger. En raison de la concurrence rencontrée désormais par la production française de vin sur le marché mondial, l’œnologue remplit une fonction stratégique pour le maintien ou l’amélioration de la qualité des produits de la viticulture française. »

 

Présenteriez-vous ainsi votre métier à une jeune pousse Denis Dubourdieu

Réponse de Denis Dubourdieu :

Oui à peu près.

J’ajouterais que l’œnologue doit d’abord et surtout aider le producteur à définir le style et le goût de son vin de sorte qu’ils soient à la fois attractifs et inimitables, plaisants et typiques.

Grâce à ses connaissances scientifiques et à son savoir faire l’œnologue conseille le producteur sur l’itinéraire technique à suivre, du sol à la bouteille, pour atteindre l’objectif fixé.  Son savoir est puisé dans plusieurs disciplines des sciences de la Terre et de la Vie : sciences des sols, écophysiologie de la vigne, microbiologie des fermentations, chimie et physico-chimie du vin.

Ainsi, l’œnologue est une sorte d’architecte du vin qui doit être à la fois artiste et « savant », intuitif et précis, sensible et rigoureux. Il doit aussi s’intéresser au marketing et à la communication pour capter les attentes conscientes ou latentes des marchés et « raconter » les vins produits.

Si l’œnologue joue un rôle stratégique pour la défense et le progrès de la viticulture française il peut aussi exercer son métier hors de nos frontières tant l’industrie du vin est aujourd’hui mondialisée et le savoir faire français dans ce domaine prisé sur les cinq continents.

Question N°2 : « Monsieur Seignelet, qui avait assis Bertrand face à lui, donnait à mi voix des leçons d’œnologie, récitait des châteaux, des climats, des millésimes, émettait des jugements, prononçait du vocabulaire : puis il voulut enseigner à son fils aîné le rite grave de la dégustation. » Tony Duvert « L’île Atlantique » éditions de Minuit 2005. Dans le fameux manga « Les Gouttes de Dieu » «  Le héros est présenté comme œnologue alors que manifestement c’est plutôt un œnophile doué et cultivé.

Quel est votre sentiment sur ce glissement sémantique Denis Dubourdieu ?

Réponse de Denis Dubourdieu : En effet, il ne faut pas confondre œnophile et œnologue pas plus que mélomane et musicien ou écrivain et lecteur. L’œnophile apprécie le vin, le commente, le critique. L’œnologue concourt à le produire en utilisant ses  connaissances scientifiques. Le titre d’œnologue est règlementé en France. Celui qui l’utilise doit être titulaire du diplôme national d’œnologue ou de ses équivalents étrangers.

Le glissement sémantique que vous évoquez peut avoir deux causes : l’ignorance du sens exact des mots ou l’utilisation abusive d’un titre tenu pour prestigieux et médiatique.

Question N°3 : Moi qui ne suis qu’un pur amateur aussi bien pour le vin, que pour la musique ou la peinture je place ma confiance non dans les critiques mais plutôt dans ma perception au travers de l’œuvre du génie du compositeur ou du peintre. Pour le vin l’affaire est plus complexe entre l’origine, le terroir, le vigneron, le vinificateur, le concepteur du vin, l’exécution est à plusieurs mains. La mise en avant de l’œnologue, une certaine starification, correspondant par ailleurs avec l’esprit du temps, à une forme de marketing du vin, ne risque-t-elle pas de nous priver d’une forme de référence objective, celle de l’homme de l’art, nous aidant à mieux comprendre l’esprit d’un vin ?

Réponse de Denis Dubourdieu : Cette question est surement la plus délicate. Elle pose le problème des relations entre l’œnologue et la critique et/ou les médias.

La « surmédiatisation »  de l’œnologue peut elle nuire au plaisir du  « pur amateur » ?

Tout dépend dans quel esprit le vin  est conçu et produit.

 Si le travail de l’œnologue consiste à formater les vins des crus qu’il conseille pour d’abord complaire au goût réel ou supposé de tel ou tel critique, alors oui cela peut conduire à des vins standardisés, caricaturaux et souvent sans charme. Mais on aurait tort d’accuser le seul œnologue ou la critique de cette dérive ; c’est souvent le producteur qui pousse aux excès en tous genre : surmaturation, bois, oxygénation intempestive, alcool, sucres résiduels…etc, sacrifiant finesse et complexité sur l’autel de la grosse note que parfois d’ailleurs la presse ne lui attribue pas. Ceci dit, il ne faut pas exagérer les dangers de la médiatisation du vin et de l’œnologie. Je ne pense pas qu’on buvait mieux avant l’avènement de la critique et la starification des œnologues ou des winemakers, ni que les régions sans école d’œnologie influente fassent pour autant de meilleurs vins.

Selon moi, c’est évidemment à l’amateur qu’il faut penser lorsqu’on élabore un vin, à son émotion, à son plaisir, en espérant que la critique s’en soucie également (ce qui est souvent le cas). Le travail de l’œnologue consiste à révéler (s’il existe) le goût typique du lieu où le vin est produit.  La pureté  et la complexité de ce goût doivent toujours être privilégiées. Ce sont les antidotes à la lassitude voire à l’aversion que finissent toujours par susciter les vins trop simples ou défectueux.

Ainsi, je préfère conseiller des producteurs de vins classiques élaborés à partir de cépages situés à la limite nord de leur culture, murissant leurs raisins lentement et parfois difficilement. Ce sont les cabernets ou le petit verdot à Bordeaux, la syrah à l’Hermitage, le pinot noir et le chardonnay en Bourgogne, le riesling en Alsace, le viognier à Condrieu ou à Grillet, le Mourvèdre en Provence, le tempranillo en Rioja, le san giovese en Toscane, l’aglianico en Campanie…etc. Car je suis convaincu que la complexité, l’originalité des vins et donc leur valeur  naissent toujours de difficultés surmontées.

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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 00:02

Ils sont venus, ils sont tous là : Cécile, Cédric et Jack, des moins de 30, pour concélébrer avec nous ce que j’ai osé baptiser le jugement de Paris XIVe - car on se refuse rien à Vin&Cie - : warm up, tour de chauffe en gaulois, du Grand Tasting 2008, en souvenir du titre du recueil de petites histoires érotico-coquines de notre ex-voisine pas très souriante  du 6ième étage, Bénédicte Martin, cliquez sur ce lien www.amazon.fr/Warm-up-Bénédicte-Martin/dp/2080685252  et vous la découvrirez, non dans la tenue où elle descendait promener son vieux chien, un Labrador, mais telle qu’elle s’est exposée sur les rayons de la FNAC.

Le moment est grand puisque Bettane&Desseauve, en éminents dégustateurs qu’ils sont, humant l’air du temps, s’en sont allés solliciter des bloggeurs amateurs de nectar pour qu’ils dégustassent puis classassent – l’imparfait du subjonctif est pour moi l’équivalent du tango, ça me chavire - par ordre de préférence les 5 bouteilles d’une caisse découverte confiée par leurs soins entre les mains d’un collègue du bel Olivier qui ne fait que la ramener depuis que les banquiers se sont pris pour des croupiers. Vous devez penser que, pour capter dans leurs rets mon « espace de liberté », B&D by Floch   http://www.berthomeau.com/article-22808007.html, ont du déployer des trésors de persuasion. Ben non, j’ai dit oui à la première sollicitation car, tout de suite je me suis dit « on va se la jouer Parker, pas Tony les jeunes, le Robert qu’est presqu’un dictionnaire… », les noter sur 100, faire comme des grands se faire un remake du jugement de Paris, XIVème bien sûr. Allez, trêve de plaisanterie mes amis, on s’y colle comme les amateurs de Carquefou en Coupe de France. Croyez-moi nous allons mouiller le maillot.

Bien évidemment pas de cache-sexe sur nos bouteilles, dégustation à visage découvert, nul besoin de jouer à colin-maillard puisque notre groupe de dégustation est, si vous permettez l’expression, « indemne de tout germe », des ignares totaux des notoriétés acquises, des immatures des modes et tendances, mais de réels amateurs et buveurs de vin, ce qui vous en conviendrez est l’essentiel. J’entends déjà certains ricaner « et Berthomeau ce n’est pas un perdreau de l’année… » Exact mes très chers frères, mais en cette circonstance plus muet qu’une carmélite. J’assure le service. Indique les règles de notation. Veille au bon déroulement de la dégustation. Y participe sans ramener ma science qui, comme chacun le sais, en ce domaine tiendrait tout entière sur un timbre-poste à l’effigie de Joseph Capus. Avant de nous jeter à l’eau, un détail d’intendance : notre échantillon se compose de 2 blancs et de 3 rouges, et comme pour les 2 représentantes de l’avenir du vin, l’une ne boit que du blanc et l’autre est plus portée sur le rouge, Cécile et Elisa feront cause commune : Cécile se colle au blanc, Elisa déguste les rouges. En clair, n’y voyez aucun machisme, elles compteront pour un.

 

Donc nous sommes 4 équivalents-notateurs dotés d’un document expliquant la méthode de notation de Parker et d’une fiche de notation récapitulant les critères et le total des points afférents. La dégustation commencera par les 2 blancs. L’ordre des flacons, tous des 2006, a été déterminé par votre serviteur :

1-     Le Saint-Bris « les temps perdus » vieilles vignes Clotilde Davenne http://www.fevb.net/index.php?option=com_content&task=view&id=82&Itemid=28

2-    L’Alsace domaine Pfister cuvée 8  www.domaine-pfister.com/ 

3-    Le Chinon Pierre&Bertrand Couly http://jimsloire.blogspot.com/2008/09/pierre-bertrand-couly.html

4-    Le Bordeaux supérieur Roc de Jean Lys Terra Burdigala Stéphane Derenoncourt&François Thiépont  www.terraburdigala.com / 

5-    Le Costières de Nîmes Château des Nages vendanges tardives Vignoble Michel Gassier. www.chateaudenages.com   

Chaque dégustateur dispose d’un feuillet sur la méthode de notation Parker et le point de vue iconoclaste de Gilles du Pontavice « Pour Robert Parker » et d’une fiche de notation. C’est du sérieux bon enfant. Mes dégustateurs en herbe s’y collent comme des pros. Pas de commentaires, la dégustation est studieuse : des photos en témoignent  (voir rubrique PAGES N°30  en haut à droite du Blog) Je ramasse les copies. Les résultats sont intéressants. Le Saint-Bris fait l’unanimité : 82. L’Alsace déçoit : 74. Pour les rouges, le Bordeaux est le seul à récolter des notes homogènes ce qui lui vaut un très beau 88 ; le Chinon et le Costières  de Nîmes sont aussi bien notés : 85 tous les deux mais c’est le boostage d’une excellente notation d’1 seul dégustateur (pas le ou la même) enthousiaste (exprimé après les résultats). Les notes sont là et, à la réflexion, établir un classement n'aurait aucun sens, il se tiennent dans un mouchoir de poche et sont d'excellents vins.

 

Commentaires personnels : Le Roc de Jean Lys vaut les 90 pour ses qualités d’ensemble et ses possibilités d’évolution (Cédric l'a mis en exergue) Le Saint-Bris, qui ouvrait le bal, en a un peu pâti, on peut donc le situer sur une cote de 85. Mes jeunes dégustateurs ont apprécié l’exercice. Les filles ont tenu la route sans problème. L’expérience est positive et riche d’enseignements pour les dégustateurs professionnels. B&D savent y faire. L’année prochaine je leur suggère de pousser le bouchon encore plus loin, en s’y prenant un peu plus tôt J pour donner aux internautes une place dans leur Grand Tasting.

 Nous pouvons donc passer au dîner. Le menu : soupe de potiron, gratin de nouilles à l’émincé de pot au feu, fromages de Marcel Petite AB : un comté 16 mois, de l’emmenthal et tome de montagne, tarte aux pommes maison. Chaque convive dégustant au cours du repas son vin préféré. Les 3 mecs : Cédric, Jack et moi avons terminé les agapes avec un Hennessy N°1 Réserve Jacques Berthomeau (un assemblage de très vieilles Eaux-de-vie). Jack a aussi honoré le Calvados Camut. Cécile et Cédric repartent avec Vodka leur chatte qui était venue respirer le bon air du XIVe et ce qui reste de la bouteille de Saint-Bris. Jack, lui, serre sur son pull rose sa bouteille de Costières de Nîmes adorée. Tous oublient leurs parapluies preuve que notre petite réunion a porté ses fruits.

 Je sais que ça agace certains mais, que voulez-vous, il se passe toujours quelque chose sur ce petit espace de liberté. Avec patience et ténacité, en créant des liens, en touchant des publics très divers, en défrichant des sujets de toute nature, sans esprit de chapelle, avec la seule volonté de faire progresser la perception conviviale du vin, en ouvrant ses colonnes à tous ceux qui partagent cette philosophie, en donnant la parole à ceux que l’on entend jamais, Vin&Cie défriche un média d’avenir.

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12 novembre 2008 3 12 /11 /novembre /2008 00:04

Comme vous le savez, sur mon espace de liberté j'aime donner la parole à tous ceux et celles qui ont quelquechose à dire sur le vin, quel que soit leur statut. Aujourd'hui, mes 3 Questions je les ai posé à une jeune femme passionnée par le vin, par ceux qui le font, le vendent, l'aiment. Sans vouloir m'envoyer des fleurs, même si c'est toujours plaisant de recevoir des compliments, chers lecteurs, nulle part ailleurs que sur "Vin&Cie" vous ne trouverez un tel éclectisme, autant de diversité, d'informations ou de réflexions. En ce moment, sans doute du fait du traitement de sujets très brûlants, l'audience grimpe, des abonnements spontanés affluent et bien sûr ça me conforte dans la ligne éditoriale que je me suis fixée. Alors si vous estimez que cet espace de liberté, qui est aussi le vôtre, doit prospérer, se développer, n'hésitez pas à transmettre son adresse :  www.berthomeau.com à vos relations, parents et amis pour qu'ils puissent au gré de leurs envies ou de leur humeur être de ceux qui veulent que notre beau et grand secteur d'activité soit reconnu dans notre pays à sa juste valeur. Sans faire de trémolos : j'ai besoin de vous car l'Internet c'est créer des liens, faire vivre cette fameuse Toile. Le nouveau Président des USA, Barak Oboma, lui, l'a bien compris pour mobiliser ceux qui n'ont jamais la parole, alors à mon modeste niveau, si nous voulons que nos paroles portent il nous faut les démultiplier en touchant très au-delà de notre petit cercle. Merci de ce que vous pourrez faire et puis des commentaires de temps en tant c'est encouragement pour le petit travailleur de la Toile que je suis. 


Question 1 :
Bonjour Margot de Nicoläy, si vous me permettez cette expression, votre bagage vin, aussi bien universitaire que culturel, pour une jeune femme de 24 ans, est impressionnant. D’où vous vient cette passion pour les choses du vin ?

 
Réponse de Margot de Nicoläy : Cette passion est née très tôt. Ce qui est assez étrange car je ne suis pas issu d’une famille de vignerons ou d’autres acteurs de l’industrie du vin. Je ne sais comment l’expliquer, mais le goût du vin m’a plu très tôt.  Je me souviens encore des gouttes de rosé que ma grand-mère m’autorisait à prendre avec le fromage lorsque nous étions en vacances dans le midi de la France. C’était un moment magique.  Dès l’âge de 13 ans j’appréciais énormément l’accompagnement d’un verre de vin rouge lors d’un repas.  Je me rendis vite compte que le vin et  son univers rassemblaient beaucoup de choses que j’aime dans la vie : la nature, l’agriculture, la convivialité, la gastronomie, l’art de vivre, le partage, les rencontres, etc.. Oui, le vin est un excellent moyen de rencontrer et d’aborder les gens. C’est également une industrie où l’on peut exercer tous les métiers : vente, recherche, finance, marketing… dans le monde entier. Á 15 ans mon secteur d’activité professionnel était choisi : ce serait le vin. Cette décision aurait pu s’estomper et disparaître avec le temps comme cela arrive souvent aux envies de jeunes filles. Mais vous le savez mieux que moi, une fois que l’on goutte à cet univers et que l’on rencontre quelques passionnés, cela ne nous quitte plus. Je cultive cette passion depuis bientôt 10 ans… et c’est merveilleux.  Tant de rencontres, tant d’émotions, tant de partages, tant de joies et tant de beauté…

 

Question 2 : Passion certes, mais pas seulement en simple esthète ou pur amateur, vous avez, bien au-delà des stages inhérents à votre formation, manifesté un goût pour les affaires en travaillant concrètement dans des entreprises du secteur. Avez-vous une idée précise de ce que vous souhaitez faire dans la galaxie très diverse de ceux qui font et qui vendent des vins ?

 

Réponse de Margot de Nicoläy : Comme je l’ai dit plus haut, mon souhait de faire carrière dans ce secteur s’est décidé très tôt. Mes objectifs professionnels ont varié selon mes expériences. Sans bagage scientifique, il m’était difficile de devenir œnologue (à mon grand regret). Alors, je me suis mise à la découverte de tous les métiers à travers des stages et des « petits boulots » : assistante maître de chais, journaliste, organisatrice d’évènements, dégustatrice, vendeuse, RP, etc.… Au fur et à mesure des expériences et des rencontres dans le monde (Italie, Australie, Nouvelle Zélande, Californie…), je me suis prise d’amour pour les vins français, tout en restant très ouverte bien sur. On ne peut pas être partout… alors mon combat, c’est d’aider les vins français et de valoriser les beaux terroirs. Ainsi, mon souhait final serait de pouvoir gérer, développer, valoriser, remettre en route, des belles propriétés viticoles françaises. Á cela s’ajoute mon besoin de communiquer et de partager ma passion. C’est pourquoi je continuerai, comme aujourd’hui, à organiser des dégustations, des rencontres, des week-ends atour du vin.

Aujourd’hui, je fais de la transaction de domaines viticoles, un métier passionnant qui me permet de découvrir beaucoup de régions viticoles et de domaines viticoles de façon très détaillée avec leurs atouts et leurs enjeux. 

 
Question 3 : Margot de Nicoläy vous avez fondé, à Paris, en 2008, le Bistro des Entrepreneurs: www.bistrodesentrepreneurs.com où, au travers de rencontres mensuelles par thème, vous réunissez des entrepreneurs. Qu’attendez-vous de cette sorte de forum ? Ne craignez-vous pas que les échanges tournent un peu en rond ? Les gens du vin ont déjà une grande propension à vivre dans un cercle assez fermé, entre eux, alors pourquoi ne pas chercher à élargir le cercle ?

 

Réponse de Margot de Nicoläy : Le Bistro des entrepreneurs est un rendez-vous que j’ai crée au sein du Master Entrepreneuriat à l’Université Paris Dauphine. Ce concept de «  rencontres » à pour but de stimuler l’entrepreneuriat auprès de tous et de favoriser les «échanges entre ceux qui prennent des risques. Ainsi, ce projet ne gravite pas autour du vin puisqu’il s’adresse à tous les types d’entrepreneurs. Les dernières rencontres que nous avons faites était autour du thème : Le Web 2.0 ou « Entreprendre à 25 ans ». Entreprendre c’est être actif et positif… des valeurs qui me tiennent à cœur.

 

Les idées en rapport avec le vin sont les « Week-end Spi&Spi » qui proposent à des jeunes de 25-35 ans de découvrir une région viticole (visites de caves, dégustations) tout en approfondissant sa foi  (temps de prières et enseignements spirituels). Lancé en Juin 2008, nous en avons fait un en champagne, un autre dans la Loire et le prochain est prévu pour Avril 2009 dans le bordelais. Un concept très ouvert qui cartonne !

D’autres projets sont en cours pour 2009… ils participeront eux aussi au dynamisme de l’industrie du vin et à la transmission de ce savoir faire unique !

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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 00:04

« Un jour viendra où la guerre vous paraîtra aussi absurde et aussi impossible entre Paris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens.


Un jour viendra où, vous France, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous, toutes les nations du continent sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure et vous constituerez la fraternité européenne.


Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de batailles que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées.


Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes. »

 

En cette soirée du 4 novembre, douce et claire, nous sommes une petite douzaine au chemin des vignes, où par la grâce d’Yves Legrand il y a de la vigne au flanc du RER, à Issy-les-Moulineaux. Dans la cheminée les buches diffusent une chaleur vive. Au retour des caves qui s’épandent dans le ventre de la terre, anciennes carrières devenues champignonnières qui auraient pu devenir le siège de notre force stratégique, où nous avons savouré un Dom Pérignon 2000, Yves Legrand nous lit ce beau texte de Victor Hugo extrait de son discours inaugural du congrès de la paix de Paris le 21 août 1849. Le ton de la soirée est donné. Á la manière du vigneron qu’il est, Yves a soigneusement préparé le terrain en un cérémonial qui n’a rien de cérémonieux. Tout au fond, la sainte table où sont posés les précieux flacons. Sur la table toute une iconographie de nos poilus de grands-pères, ceux qui sont revenus comme les nôtres : Pierre Legrand et Louis Berthomeau, comme ceux qui se sont mélangés à cette terre de Champagne ou de la Somme éventrée, déchiquetée par le déluge de feu de cette Première Guerre Mondiale aussi atroce qu’inutile. Sur un tableau noir, d’une superbe écriture, l’ode au pinard de Marc Leclerc écrite en 1915.

 

Mais, rassurez-vous, nos nectars de ce soir sont au pinard ce que les Grands du Royaume de France étaient aux marauds de mon bocage vendéen. Entendez-moi bien, puisqu’il s’agit de Bordeaux, mon image n’a rien à voir avec la folie des grandeurs qui a saisi les GCC ces dernières années. Entre l’aristocratie, la vraie, celle qui tirait ses privilèges de l’épée, et les culs-terreux, le lien existait, le soulèvement de l’Ouest fut une guerre populaire. Bref, ce que je veux dire c’est que les grands vins qu’Yves Legrand nous a proposé, sont de vrais aristocrates, pas des gens de cour poudrés et courtisans. Au cours de cette soirée où Yves et son équipe, hors les vins et les mets, ont su mêler la Grande Histoire et l’histoire que l’on qualifie de petite, celle des gens, la conversation est libre, simple, sans affèterie. Nous ne nous connaissons pas mais nul besoin de rompre la glace, la grâce et la magie de ce qui est bien plus qu’une dégustation nous amène sur des chemins débouchant sur des carrefours. L’échange. Comment ne pas être sensible, tout en appréciant ces vieillards toujours verts, à cette « vie » des hommes dans les tranchées, taupes humaines qui écrivaient à leurs proches, prenaient des photos : Yves fait circuler des plaques saisissantes prises par son grand-père, dessinaient, survivaient. L’histoire qui suit, et la lettre qu’Yves nous a lu, sont des bijoux, de ces gens de peu, si vivants.

 

« Constant et Gabrielle M se sont mariés en 1904. Ils tiennent un petit commerce de vins et spiritueux à Petit-Noir, dans le Jura, quand la guerre éclate. De constitution fragile, Constant est d’abord épargné par le conseil de réforme avant d’être mobilisé en février 1915. Les époux ne cesseront de s’écrire ».


Lettre de Gabrielle – Petit-Noir, 7 septembre 1915.


« Ma petite totomette, vraie relique pour moi […] Alors ce petit lulu ne veut pas fonctionner du tout là-bas ? Tu me dis avoir usé d’expédients mais, pauvre chéri, tu n’as pas pu suivre exactement mes conseils, n’étant pas seul dans votre abri. C’est au cantonnement seul que la chose est faisable. Il faut que tu puisses te mettre à l’aise et que ton attouchement la fasse vibrer en la frottant toi-même de haut en bas et cela à toute vitesse. La chaleur jointe à mon souvenir complètera l’excitation et les veuveux de lulette chatouilleront le petit lulu encore davantage. Encore une fois, il faut que tu sois seul, bien déboutonné et par l’esprit et le cœur à mes côtés. Il me semble que tu réussiras à jouir, étant privé de femme […] Je suis désolé de te voir souffrir ainsi et, vraiment, c’est intolérable pour toi. Il vaudrait encore mieux, je crois, que tu puisses rencontrer une femme proprette et saine qui te fera passer tes moments de passion sans que tu y attaches le moindre amour. Oui, mon chéri, tes sentiments respectueux à mon égard me sont excessivement sensibles, je sais que tu appartiens à moi seule, mais vois-tu, si tu peux moins souffrir en ayant des rapports de sexe différent, j’en ferai le sacrifice car je ne puis te sentir malheureux. Moi, je puis attendre ton retour car mon tempérament est plus calme et l’approche d’un homme quelconque me répugne. »

 

Le MENU

 

 

Pour les vins, en dehors du Château Canon 75, 1er Cru classé du Médoc, clin d’œil d’Yves, à ce canon sans recul fleuron d’une artillerie française beaucoup moins puissante que celle d’en face, dans l’ordre, et avec un service absolument impeccable, nous avons bu – j’écris à dessein bu, car tous ces très vieux vins étaient consommables – dans l’ordre : un Château Loubens 1918, Ste Croix du Mont, un Château Ducru Beaucaillou 1916, 2iéme cru de St Julien, un Château Gruaud-Larose 1916, 2ième cru classé St Julien, un Château Latour 1918, 1er cru classé Pauillac, Château Haut-Bailly 1918, Pessac Léognan et enfin un château Rayne Vigneau 1914 1er cru classé de Sauternes. Enfin, avec le café un Pinet Castillon Fine Cognac 1914 et un Maury de la Préceptorie de2008, un nouveau-né qui deviendra vieux. Autour de la table, et mon voisin de droite tout particulièrement, quelques vrais dégustateurs, gestuelle, vocabulaire : oxydation, réduction, appréciatiation pertinente, moi j’avoue que je me contentais d’apprécier ces jeunes vieux de plus de 90 printemps. Et pourtant, en cette période 14-18 les hommes et les chevaux étaient partis au front, tout manquait car l’effort de guerre drainait l’essentiel des ressources du pays, ce sont donc des vins fait avec ceux qui restaient, les femmes tout particulièrement. Sans vouloir en remettre une couche sur notre frénésie du court terme je veux quand même écrire que ces vins debout s’ils l’étaient restés c’est parce que ceux qui les ont fait les inscrivaient dans une transmission de génération, ce qui la meilleure définition de ce que nous qualifions aujourd’hui de durable. Lorsqu’Yves à fait le tour de table c’est ce que j’ai dit, mes préférences n’ayant que peux d’intérêt dans cette communion païenne.

 

Si le vin est pour vous, comme pour moi, ce supplément d’âme, ce compagnon indispensable de la convivialité, l’expression la plus haute de l’art de vivre à la française, alors un jour offrez-vous l’une des rares « dégustations exceptionnelles » d’Yves Legrand www.chemindesvignes.fr/ vous ne serez pas déçus. Pour ma part, ému et reconnaissant d’avoir été l’invité d’Yves à ce moment rare pour, m’a-t-il dit « tout ce que je fais sur cet espace de liberté pour le vin ». Croyez-moi, ça fait chaud au cœur et ça donne du cœur à l’ouvrage…

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