Au cul des bouteilles, plus élégamment au dos, sur ce qui fut la contre-étiquette qui fait maintenant souvent fonction d’étiquette nous sommes gratifiés, en plus des mentions obligatoires, de laïus sur ce qu’il faut manger avec. Je n’ironiserai pas sur l’indigence qui caractérise en général les notices car c’est, du fait de l’extrême diversité de nos mets, mission impossible. Entre les minimalistes : viande rouge, poisson, charcuterie, fromage à pâte cuite, gâteaux secs... et les postmodernes : émincé de bœuf de Kobé en portefeuille de pâte feuilletée à la farine bise d’épeautre de Cucuron sur une fine couche de rutabagas bio rôtis de chez Alain Passard enrubannés d’un buisson de pissenlit blanc cueilli au flanc du Fuji-Yama parsemé de fleurs de violettes du pays de Cocagne saupoudrés de piment d’Espelette broyé à la meule chez Antonin Iommi-Amunategui in Euzkadi du nord... s’étend le vaste champ où sévissent les petits génies du marketing qui, tels des chienchiens à sa mémère, s’échinent à courir derrière le dernier produit tendance : tapas, sushis, mini-légumes...
Trop d’uniformité créé l’ennui et ainsi plus personne ne lit. Alors, après avoir lu un drôle de petit bouquin d’un auteur québécois Dany Laferrière « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » aux éditions Le Serpent à plumes – pour les oreilles « politically correct » je signale que ce livre, publié en 1985, au Québec est une satire féroce des stéréotypes et des clichés racistes – je me suis dit un matin au saut du lit me remémorant un passage – que vous pourrez lire ci-dessous – pourquoi ne pas, au dos de nos belles bouteilles, conseiller aux buveurs d’être aussi lecteurs. En clair, un accord vin&bouquin. Très souvent en notre petit Landerneau nous parlons de vin d’auteur alors pourquoi ne pas marier deux inspirations, deux sensibilités, deux approches du monde, deux imaginaires. Le vigneron et l’écrivain y trouveraient leur compte pour le plus grand bénéfice de l’extension du des domaines du vin et des bouquins. Dis-moi ce que tu lis et je te dirais qui tu es : bien plus que les gloses des « longs nez et des becs fins » sur les origines d’un vin la mention d’un petit bouquin au dos d’une étiquette contiendrait beaucoup plus d’indices sur le moi profond du vigneron.
« Faut lire HEMINGWAY debout, Basho en marchant, Proust dans un bain, Cervantès à l’hôpital, Simenon dans le train (Canadian Pacific), Dante au paradis, Dosto en enfer, Miller dans un bar enfumé avec hot dogs, frites et coke... Je lisais Mishima avec une bouteille de vin bon marché au pied du lit, complètement épuisé, et une fille à côté, sous la douche (...)
La bouteille gît encore au pied du lit. Je bois une bonne rasade avant de sombrer de nouveau dans la plus douce somnolence. Le vin descend, onctueux, chaud, dans ma gorge. Pas mal pour un vin de mauvaise qualité. Je me sens mou et comblé ».
Au-delà de votre lieu favori pour lire tel ou tel auteur je vous propose un exercice des plus sérieux :
1 – vous choisissez un vin d’auteur : nom, âge, qualité du vin bien sûr (si vous êtes vigneron choisissez l’un de vos vins bien sûr)
2 – si vous n’êtes pas vigneron vous imaginez en lieu et place du vigneron le bouquin : nom, âge, qualité du bouquin bien sûr qui pourrait être associé à ce vin.
3 – si vous êtes le vigneron du vin c’est plus simple.
4 – vous écrivez une petite notice à l’attention d’un buveur-lecteur
5 – vous la transcrivez dans la case prévue à cet effet à la rubrique commentaire
6 – si vous êtes timides vous pouvez utiliser la rubrique contact en bas du blog qui permet de me transmettre un texte sans que celui-ci apparaisse aux yeux de tous.
7 – si le jeu en vaut la chandelle je publie un florilège de vos accords vin&bouquin.
8 – pour motiver les ramiers j'offre une tournée à tous les contributeurs à la Contre-étiquette bien sûr !
Bonne journée à tous et à bientôt sur mes lignes avec vos lignes...