Overblog Tous les blogs Top blogs Économie, Finance & Droit Tous les blogs Économie, Finance & Droit
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
2 février 2016 2 02 /02 /février /2016 06:00
« Les producteurs de vin ont du mal à vendre leurs vins. Il faut donc s’atteler à aider les producteurs à vendre les vins, et pas à aider les consommateurs à choisir les vins. » Marc Roisin

C’est la conclusion d’une chronique du sieur Roisin, un peu belge sur les bords, fondateur du site de vente et de conseils Vinogusto.com.

 

Avec ses mots, son style et son approche, il met le doigt là où ça fait mal chez les auto-proclamés « je choisis le vin à votre place, sur le woueb bien sûr. » marque de la quintessence d’une forme de mépris « braves gens vous ne comprenez rien au vin je vais vous guider et la plus belle expression de la supériorité des « élites » du vin sur le vulgaire. Constat amer que le vulgaire peuple n’en a rien à péter de ces cicérones qui ne s’adressent qu’au peuple élu avec un petit côté curé en chaire prêchant aux ouailles vivant dans le péché de chair dont ils ignorent, ou sont sensés tout ignorer.

 

Bref, vendre du vin et vendre des conseils ou des services ce n’est pas tout à fait la même chose, et vendre l’ensemble du paquetage relève très souvent d’un mélange des genres qui ne séduit ni ne convainc l’acheteur. De plus, tout ce petit monde qui veut mettre rapidement du beurre dans son pinard se rue sur le même segment de marché bien étroit par ailleurs. C’est l’océan rouge !

 

Mais comme je ne vends rien, ni vin, ni conseils, ni services n’attendez pas de moi que je me lance dans une fine analyse d’un modèle économique en capacité de faire vivre durablement les startups du vin.

 

Roisin lui n’y va pas par 4 chemins :

 

 

Les startups du vin ont tout faux !

 

« Depuis le lancement du guide du vin Vinogusto.com en 2007, j’ai pris connaissance d’une multitude de projets de startup liée au monde du vin, entre autres via le Founder Institute, les Vinocamps, le Wine Business Innovation Summit, la European Digital Wine Communication Conference ou les salles de cours de l’INSEEC à Bordeaux. Et je pense que les aspirants entrepreneurs font systématiquement l’erreur que Vinogusto, Cork’d, Snooth, Findawine, Adegga,… et bien d’autres guides du vin sur Internet ont faite il y a 7-8 ans.

 

Ils pensent encore et toujours que les consommateurs sont malheureux dans leurs achats de vin et espèrent que quelqu’un va les aider à mieux choisir leurs bouteilles. Mais ce n’est pas le cas. La majorité des consommateurs sont très heureux avec leurs achats de vin tels qu’ils sont et ne sont pas du tout à la recherche de solution pour les aider à mieux choisir. Les vins qu’ils achètent un peu au hasard chez le caviste, en grande surface, sur internet, au resto ou dans les bars à vin leur conviennent très bien. Toujours plus ou moins bon, dans leur budget, sans se casser la tête, et avec la fonctionnalité la plus recherchée qui est bien au rendez-vous : le vin contient de l’alcool, on peut le boire en société, ça rend heureux et beau, lubrifie les relations humaines, et c’est avant tout cela qu’on lui demande. »

 

Sa conclusion « Car sans clients potentiels, pas de vente.

 

Et cela nous amène au vrai problème à résoudre : les producteurs de vin ont du mal à vendre leurs vins. Il faut donc s’atteler à aider les producteurs à vendre les vins, et pas à aider les consommateurs à choisir les vins. »

 

Aider, s’entraider donc, en voilà de beaux sentiments mais j’avoue que ça me chagrine un chouïa car je sens sous cette bonne volonté afficher une légère pointe de supériorité « les braves gars, z’ont du mal à vendre leurs vins, nous qui savons faire nous allons les tirer de ce pétrin… »

 

Pour me convaincre de la bonne foi de cette main tendue il me semble que, son ou ses promoteurs, se doivent de me dire :

 

  • Pourquoi, selon eux, les producteurs de vin ont du mal à vendre leur vin ?

  • En quoi consiste cette fameuse « aide » à la vente ?
Partager cet article
Repost0
1 février 2016 1 01 /02 /février /2016 15:45
photo www.svendandersen.fr

photo www.svendandersen.fr

En notre vieux pays nous n’aimons rien tant que les classements de toutes natures aussi bien celui de la sortie de l’ENA, être dans la botte ou pas, que celui maintenant célèbre des GCC de Saint-Émilion… Si j’évoque ce dernier, à propos de la dernière cuvée des étoilés du Guide Rouge Michelin, c’est qu’il y a, dans les 2 cas, des déclassés : ceux qui perdent 1 étoile.

 

Cette perte a pu prendre par le passé une tournure dramatique pour un chef au faîte de la notoriété. Les enjeux économiques sont tels, excessifs souvent, disproportionnés au vu de ce qui n’est, après tout, qu’une activité économique s’apparentant de plus en plus à un luxe du paraître qu’à une saine conception de la haute gastronomie, que la digue bien fragile qui retient les hommes à la vie se fissure et lâche…

 

L’irruption des réseaux sociaux dans le paysage médiatique, avec leur aspect caniveau plus ou moins nauséabonds, n’a fait qu’amplifier un phénomène exécrable, une forme de jouissance malsaine à jouer les oiseaux de malheur. C’est le phénomène bien connu des voyeurs qui se précipitent sur les lieux d’un drame pour contempler, avec « émotion » le malheur des autres.

 

Les bonnes nouvelles ne font guère recettes… sauf à propager des fausses bonnes nouvelles.

 

On me rétorquera qu’il y a pire sur l’échelle du malheur. Je n’en disconviens pas mais, dans le même esprit que le vieil adage « qui vole un œuf vole un bœuf », il me semble salutaire, comme le fait, Franck Pinay-Rabaroust d’Atabula, de remettre les pendules à l’heure. Il n’y va pas avec le dos de la cuillère, c’est tout à son honneur.

 

« Thibaut Danancher et Gilles Pudlowski qui ont pignon sur rue avec leur média respectif – Le Point pour le premier, Les Pieds dans le Plat pour le second – et qui agissent contre les principes mêmes de leur profession.

 

Nulle analyse, nul recul, nulle volonté d’informer, juste l’envie de montrer qui a la plus grosse en sortant le premier les scoops étoilés.

 

En annonçant « en exclusivité » la troisième étoile au Plaza Athénée d’Alain Ducasse, Thibaut Danancher prouve une fois encore qu’il reste le meilleur attaché de presse du chef monégasque qui se réjouit de perturber les plans du Bibendum en laissant fuiter l’info… »

 

« Quant à Gilles Pudlowski, c’est peu ou prou la même chanson : il met la pression chaque semaine aux chefs pour tenter de sortir des « chuchotis » qui tiennent la route ; il a juste accélérer la cadence pour être le « prem’s » à sortir ses scoops michelinés. Nous touchons ici au niveau zéro du journalisme… »

 

Journalistes, vous avez dit journaliste, Franck n’est-ce pas là une appellation bien trompeuse… et sûrement pas d'origine contrôlée...

Partager cet article
Repost0
1 février 2016 1 01 /02 /février /2016 06:00
Après les vins de petit garage, les grands dégustateurs de Primeurs GCC vont découvrir les vins de grand stade…

C’est la Révolution dans le petit monde de la dégustation des Primeurs de l’UGCC….

 

Adieu les 5 grands châteaux, leurs allées gravillonnées, leurs beaux buffets, leurs belles hôtesses, place aux travées grises du Matmut Atlantique moquette juste posée, à l’accueil de Chevallier et Laspalès, que vive le Silent Tasting !

 

Du passé faisons table rase « Redonner un professionnalisme sans faille aux dégustations »

 

Points sur les i, revenir aux fondamentaux, silence dans les rangs, Olivier Bernard, le président de l’UGCB c’est le chef comme dans Full Metal Jacket « … les conditions de dégustations que l’on va proposer n’ont jamais été vues. D’avance, je ne veux rien entendre ! »

 

Exit les qui n’avait rien à y faire « … hier on cherchait à faire plaisir à tout le monde… Depuis 25 ans, nous avons gentiment laissé rentrer dans les dégustations des gens qui n’avaient pas grand-chose à y faire. »

 

Le chef n’a pas tout à fait tort sur ce point, mais la faute à qui ?

 

Aux organisateurs bien sûr, mais bon, passons.

 

Pauvres journalistes, une centaine, qui n’auront plus droit au charroi en 5 groupes pour déguster du lundi au vendredi en commençant à Sauternes dans 5 châteaux différents 5 groupes d’AOC crus.

 

Chef Olivier Bernard justifie ce rationnement « 25 châteaux, dans lesquels les conditions de dégustations n’étaient évidemment pas homogènes »

 

Sans être mauvaise langue la nouvelle organisation coûtera moins de pognon, façon de faire pour rationaliser le retour sur investissement.

 

Donc, les quatre matinées de dégustations seront désormais concentrées en deux et surtout centralisées au nouveau stade de Bordeaux, le bien-nommé Matmut-Atlantique. Une destination moins glamour, mais permettant selon Chef Olivier Bernard « un cadre professionnel inégalé. »

 

Si c’est lui qui le dit, ça aura sans doute la même gueule qu’une dégustation primeurs délocalisée à la Porte Maillot : sinistre !

 

« Pour les metteurs en marché, une journée de dégustation est également créée le lundi, réunissant au nouveau stade bordelais l’ensemble des 120 propriétés de l’UGCB dans un Silent Tasting, qui se veut aussi efficace que silencieux. Ce nouveau concept de dégustation studieuse propose à ces opérateurs l’inscription sur quatre créneaux de deux heures (entre 9h30 et 17h30, sans possibilité de déjeuner), avec la possibilité de reconduire de deux heures leur session.

 

« Ces gens doivent pouvoir déguster dans de très bonnes conditions » résume Chef Olivier Bernard.

 

J’adore !

 

« De 9 à14h, la matinée de mardi sera dédiée aux vins de Graves, Pessac-Léognan, Pomerol et Saint-Emilion, puis celle de mercredi aux Médoc (dans les deux cas avec possibilité de revenir sur les Sauternes présentés lundi). Balayant toute critique sur une telle concentration des dégustations, le président de l’UGCB estime que « les pros savent déguster 25 vins à l’heure. Robert Parker nous a habitués à déguster l’intégralité des vins de l’Union en une demi-journée… »

 

Lot de consolation les critiques et journalistes pourront cependant participer aux dégustations en propriétés pour la distribution, ainsi qu'au Silent Tasting.

 

Et toc !

 

Et cerise sur le gâteau : plus de dégustation à l’aveugle !

 

Là, Jancis Robinson MW s’étrangle, peu convaincu par les règles chères au théâtre classique : unité de temps et de lieu « Mais là où j’en veux le plus à ces changements, c’est que l’UGCB ne permettra plus les dégustations à l’aveugle » estime-t-elle, ajoutant « qu’ils pensent sans doute que nous pénalisons leurs vins dégustés à l’aveugle, mais ce changement proposé nous prive de l’un des principaux aspects des primeurs ».

 

Vous allez me dire que vous n’en avez rien à péter de l’organisation des dégustations des primeurs GCC. J’en conviens aisément mais si j’ai pris la peine de vous en informer c’est pour participer à l’immense peine causée à mes chers collègues de la petite critique. C’est horrible se taper le Matmut-Atlantique et voyager en car avec les acheteurs de la GD !

 

Mais rassurez-vous tout cela c’est pour la piétaille.

 

Il y a quelques années, un de nos plus immenses critiques que le monde entier nous envie déclarait « il est très évident que si je voulais m’asseoir dans le salon d’un grand hôtel et faire défiler les propriétaires, chacun avec son échantillon, je pourrais le faire. Si je ne le fais pas, c’est par respect du système en place et par déontologie. »

 

Fort bien, il ajoutait « Du premier moût à l’ouverture des primeurs, je goûte tous les vins que je veux quand je veux… »

 

Il ponctuait sa leçon « … il y en a qui gardent le vin en bouche 20 secondes, réfléchissent 45 secondes à ce qu’ils ont ressenti et consacrent 1 minute et demie à rédiger leur commentaire et attribuer leur note et, hop au suivant…

 

Moi je goûte les vins entre 4 et 6 fois chacun, à des moments différents, des jours différents. En amont, j’ai goûté des raisins, et des pépins, fin août, j’assiste aux vendanges, aux vinifications. Je suis dans le vignoble d’un bout de l’année à l’autre. C’est ce qui me permet de décrire le potentiel et de donner des conseils… »

 

Quel surhomme ! Bordeaux lui doit tout…

 

Je comprends mieux qu’il traitât les Primeurs de simple grand’messe lui, qui tel un moine selon la règle de saint Benoît, fixée vers 530, fait Matines entre minuit et le lever du jour fait Laudes : à l'aube vers 6 heures, Tierce troisième heure après le levant : à 9 heures ou avant la grande messe, Sexte sixième heure après le levant : à midi environ, None neuvième heure après le levant : à 15 heures environ, Vêpres : au début de soirée vers 17 ou 18 heures, Complies : le soir, avant le coucher du soleil…

 

Récemment dans son style alambiqué il regrettait sans vraiment regretter que :

 

« Certes certains crus célèbres (et hélas de plus en plus nombreux) n'acceptent que présenter leurs vins primeurs qu'à la propriété. Ne pas les déguster alors qu'ils sont les plus recherchés de tous c'est trahir quelque part notre devoir d'information. La dégustation demie aveugle est un exercice indispensable à l'hygiène du dégustateur et à l'entretien de sa compétence, et c'est pour cela que j'ai toujours milité pour que le maximum de collègues puisse y avoir droit. Mais elle n'est en aucun cas gage de vérité supérieure. Et pour les obsédés de l'échantillon traficouillé rien n'empêche de le mettre en dégustation aveugle! Pour ma part la synergie entre tous les types de dégustation (y compris dès la fin des vinifications ou à la veille de la mise en bouteille et bien sûr à tous les stades de vieillissement post mise) reste la seule façon de comprendre non seulement le potentiel de départ mais aussi la valeur globale de chaque château. C'est un long, constant et souvent ingrat travail qu'on ne souhaite pas aux amateurs dont on envie parfois la liberté de ton et même le droit d'avoir des préjugés et de la mauvaise foi. »

 

Là je dis joker, sinon je deviendrais vulgaire…

Partager cet article
Repost0
31 janvier 2016 7 31 /01 /janvier /2016 08:00
CHAP.15 opération Chartrons, Bruxelles est l’1 des rares villes au monde où l’on peut consommer de l’alcool dès le petit matin. Pas dans un café, hein: dans une poissonnerie. Arno

« Descends, si tu es un homme ! »Il n’est pas descendu. Mais l’apostrophe du président de la République à un inconnu qui l’agressait verbalement au cours d’une sortie publique ponctuait et officialisait en quelque sorte une autre descente : la dégringolade générale vers les cloaques de la vulgarité… »

 

« … Bien sûr, nous n’allons pas jouer les chochottes coincées ni les puritains blêmes. Nous ne bramons pas au retour de l’œillet à la boutonnière, nous ne gémissons pas de la disparition des glaïeuls du paysage floral, nous ne rêvons pas de curés en soutane de soie ni enfants de chœur amidonnés dans l’encens, qui chantent dans les rues. Mais enfin, quand les troupes de trivialité, de l’impudeur et du cynisme occupent nos écrans, défilent dans les salons les plus huppés, exhibent le spectacle de revenus indécents comme on promeut de la barbaque, corrompent les esprits, pourrissent la langue – notre langue chérie… – font étalage de l’intimité jusqu’à transformer le « moi » en porcherie, financent l’immondice sur papier glacé ou en prime time, hissent sur le podium des héros du people game ceux qui se traînent à genoux vers la pâté et vers la niche… »

 

Claude Cabanes éloge de la vulgarité.

 

Aux côtés des maîtres de la vulgarité frétillent les valets, les passeurs de plats, les courtisans, ceux dont la posture ridicule amuse ceux dont ils sont les jouets et qui les méprisent.

Qui de Maïa Mazaurette du Monde ou de Perico Légasse de Marianne est vulgaire ?

 

Plaisirs de bouche, sans doute, mais entre fellation et fornication avec Nestlé, il est facile de trancher.

 

Périco Légasse VRP De Nestlé (à peine dissimulé) 

 

« Grand moralisateur devant l’éternel quand il s’agit de pointer du doigt ses confrères qui déraillent, Périco Légasse persifle couramment sur ce qu’on appelle « la grande distribution ». Notamment lorsqu’à l’époque, il dévoile les accointances douteuses entre Leader Price et… Jean Pierre Coffe, son mentor! On sait depuis que l’élève a dépassé le maitre dans ses contradictions. Pour qui suit ses fougueuses publications à la Danton et ses saillies verbeuses à la colère calculée, il est aisé de constater que dans le grand carambolage d’intérêts de marchés entre « industrie agroalimentaire » et « grande distribution », Périco Légasse a choisi son camp: l’industrie. De fait il s’oppose à l’autre partie: la grande distribution.

 

En effet, pour mener à bien sa stratégie de com’, dans la plupart de ses récentes attaques – à charge presque exclusivement contre la grande distribution et l’agro-industrie – il s’est choisi comme opposant l’enseigne française « E. Leclerc » avec comme « sparring partner » son président Michel Edouard Leclerc [3]. Mais une seule cible faisait un peu louche pour la photo, ce n’est pas bon pour l’image. Et Périco Légasse est soucieux de son image. Alors après s’être frotté la barbe et gratté la tête, Périco Légasse choisit de noyer le poisson en ciblant également lors de ses saillies verbeuses accompagnées de grands gestes à la télé, le syndicat paysan FNSEA [4]. Curieusement, dans ses nouvelles diatribes sélectives, notre fin stratège des médias fait l’éloge de Richard Girardot, PDG de Nestlé France. En fin calculateur, Périco Légasse n’abuse jamais du cirage de pompes envers son nouvel allié de circonstance. Surtout, ne pas donner l’impression de trop en faire. »

 

L’Eros à la bouche : comment recevoir une fellation ? Le Monde.fr | 24.01.2016 par Maïa Mazaurette

 

« Avez-vous remarqué cette tendance des articles de conseil sexuel, qui privilégient toujours le plaisir d’offrir à la joie de recevoir – le rôle actif plutôt que le rôle passif ? Le problème, c’est qu’on définit rarement la passivité. Est-ce une question de coups de reins ? Est-on toujours passif quand on est au-dessous ? Faut-il décompter la dépense calorique pour savoir qui se « donne » le plus ?

 

A vrai dire, la passivité n’existe que de manière périphérique, soit dans l’absence de consentement (de la dramatique agression au somnambulisme, en passant par la consommation excessive de substances), soit dans des cas allant du bondage (les gigots d’agneau étant peu connus pour leur capacité d’action) aux jeux de domination. Le reste du temps, décider qu’un seul des partenaires serait actif, de préférence celui qui porte le pénis (mais pas la culotte, allez comprendre) relève de la pure construction sociale… et du manque d’imagination. Pour donner un exemple cru : allez donc recevoir une sodomie sans y mettre du vôtre, qu’on rigole.

 

La fellation, donc. Nous voici face à une très exceptionnelle situation de mâle passif, en attente, en repos du guerrier. Pantalon aux chevilles. Une véritable étoile de mer, du moins dans la représentation. Mais quid de la réalité ? »

Qui d’Arno ou de Sarko est vulgaire ?

 

« Bruxelles est probablement la ville la plus laide au monde. C’est un gros bordel, et ça pue la merde. Mais c’est l’odeur d’une bonne merde une des rares villes au monde où l’on peut consommer de l’alcool dès le petit matin. Pas dans un café, hein: dans une poissonnerie. »

 

lettre d'Arno à Trump

 

Xavier Bertrand, "ce pingouin qui fait un score minable", selon Sarkozy cité dans

La lettre d'Arno à Trump

 

Traduction : Liesbet Temmerman (source: Sarah Bachelart)

 

Monsieur Trump,

 

Hier sur CNN, tu as catalogué Bruxelles de "hellhole". À vrai dire, ça m’a fait rire, parce que je n’ai jamais fait l’expérience d’une telle fournaise. Cela fera bientôt 33 ans que j’habite dans "the capital of Europe", et je ne compte pas décamper d’aussitôt. Même un chien enrhumé le sentirait à des kilomètres: Bruxelles, c’est ma ville. Dans ma vie, j’ai habité un peu partout: à Londres, à Amsterdam, à Paris. Et en hiver, je m’exile souvent à la mer pour quelques jours. Mais la ville d’Ostende n’est rien d’autre que la fille de Bruxelles. Difficile donc de dire que je m’éloigne vraiment.

 

Nous sommes plus d’un million à habiter dans cette ville où l’on rencontre le monde entier et où toutes les nationalités se côtoient et s’entremêlent. Parfois, je rentre chez moi le soir sans me souvenir dans quelle langue s’est déroulée ma dernière conversation. J’étais à New York l’année passée d’ailleurs. En terrasse à la Meat Factory, le menu était bilingue Anglais-Français: je m’y suis senti comme chez moi.

 

 

Je ne pense pas que tu sois passé souvent par Bruxelles. Pour pas mal de Flamands et de Wallons, ça vaut également, en fait: ils pensent qu’ils doivent échanger leurs billets contre une monnaie étrangère quand ils descendent du train à la Gare Centrale. Bruxelles est une ville qui en inspire plus d’un: cela explique aussi pourquoi tant d’artistes atterrissent ici. Lemmy de Mötorhead y a habité. Quand Édith Piaf voulait sortir, elle venait à Bruxelles. Le chanteur de Joy Division y est tombé amoureux. On peut y être connu ou célèbre et pourtant rester anonyme. En tout cas, on m’adresse plus souvent la parole ici qu’à Paris. Il m’est arrivé de voir passer Madonna à vélo Rue Dansaert, et de remarquer David Bowie assis tout seul à une table en terrasse: personne ne le dérangeait. Bryan Ferry donnait ses interviews à l’Archiduc, sans être submergé par les foules. Faut l’essayer ailleurs qu’à Bruxelles, ça. Nous n’avons pas de "Star System" comme le vôtre aux États-Unis. Pour beaucoup de jeunes créatifs, Bruxelles est le nouveau Berlin: un lieu où ils peuvent se développer. Cinéma, salles de concert, théâtre, danse… toute la ville est culture.

 

Autre chose: Bruxelles est une des rares villes au monde où l’on peut consommer de l’alcool dès le petit matin. Pas dans un café, hein: dans une poissonnerie. Quand je sors avec des amis étrangers, ils n’en croient pas leurs yeux: c’est du jamais vu pour eux. Je connais des cafés et des bars dont les propriétaires ont paumé la clé de la porte d’entrée il y a des années. Nous avons notre cul dans une énorme motte de beurre ici, mec.

 

 

En même temps, je ne mentirai pas: Bruxelles est probablement la ville la plus laide au monde. C’est un gros bordel, et ça pue la merde. Mais c’est l’odeur d’une bonne merde. Quand j’ai déménagé vers Bruxelles, je me suis souvent réveillé avec un gros mal de tête – et ce n’était pas à cause de l’alcool, parce qu’à l’époque, je ne buvais pas encore. C’était à cause de l’odeur. Bruxelles est une "sale beauté". Oui, il y a plein de trucs qui ne tournent pas rond ici, chaque grande ville a ses problèmes. Il y a beaucoup de jeunes chômeurs d’origine étrangère, il y a du racisme partout: chez les blancs-bleus belges, mais aussi dans d’autres communautés. Des gros cons, on en trouve partout: aucune communauté ne pourra en revendiquer l’exclusivité. Pour moi, la rue appartient à tous ceux qui ont deux narines, qu’il soit Juif, Arabe, Eskimo ou Africain. Peut-être as-tu peur de tous ces gens, et est-ce pour cela que tu dis que Bruxelles est l’enfer ?

 

 

Car en toute franchise: je trouve que toi, tu es un bonhomme dangereux, un psychopathe. Un type qui se met à bander dès qu’on lui accorde un peu d’attention. Quelqu’un qui verrait bien un retour aux années 1930, aussi, une époque à laquelle il y a avait une grosse crise et où tout le monde avait peur. S’est alors profilé un type moustachu en Allemagne, suivi d’un autre avec une moustache plus impressionnante encore, en Russie. Hitler et Staline: tu les connais, n’est-ce pas? Ta drôle de chevelure montre selon moi clairement que tu as été taillé dans le même bois. Les Américains que je connais habitent New York, Los Angeles, Miami et Washington, et ils ne sont pas du tout impressionnés par ton discours. Mais il y a apparemment beaucoup d’Américains assez crédules qui adhèrent à tes propos ultraconservateurs. Quand les choses vont mal et que les gens ne sont pas rassurés, il est beaucoup plus facile de leur faire croire que tout est de la faute de l’autre. L’Histoire se répète, et on sait jamais comment une vache finira par attraper un lièvre. Mais ce que je sais, c’est que beaucoup d’Américains ont assassiné des populations entières de villages vietnamiens, et qu’il y a eu plus d’attentats à Paris qu’à Bruxelles. Et aussi que dans n’importe quelle grande ville américaine, chaque jour, plus de personnes sont tuées que chez nous. Tout ça "grâce" à la loi sur la possession d’armes – soutenue par les Républicains, d’ailleurs. S’il devait y avoir un "hellhole" sur cette Terre, il serait bien là me semble-t-il.

 

 

Tout le rapportage sur Bruxelles et Molenbeek dans les médias étrangers est d’ailleurs sérieusement sous influence. Il y a quelques semaines, un journaliste néerlandais est venu faire un reportage dans ma rue. Il disait que tous les magasins ferment leur porte à 18h pour des raisons de sécurité. C’est du bullshit pure souche. À la longue, on a l’impression que nous vivons dans une zone de guerre. C’est mauvais pour les cafés et les restos. Juste après les attentats à Paris, le chiffre d’affaires à Bruxelles a chuté de 85%. Je voulais donner une tournée générale dans un café, mais il n’y avait personne – bizarre. Quand à Bruxelles, il y a un truc qui merde, c’est la faute aux politiques: des gens aux grosses moustaches et aux drôles de chevelures.

 

 

Pour le moment, je donne beaucoup d’interviews à l’étranger, et tout le monde me demande quelle est la situation à Molenbeek. Molenbeek est devenue plus célèbre que la Belgique. Et quand je réponds que là aussi, il y a de l’eau qui sort des robinets, oui, on me regarde bizarrement. S’il y a des crapules qui se baladent à Molenbeek, il ne faut pas avoir pitié d’eux, non. Mais 95% de la population est constitué de gens accueillants et propres sur eux. On y trouve plein de chouettes coins.

 

 

Juste une dernière chose: j’espère que tu sais que Jésus était Bruxellois ? James Ensor en a fait un beau petit tableau: la Joyeuse Entrée du Christ à Bruxelles. On peut l’admirer dans un musée à Los Angeles. Faudrait que t’aille voir ça.

 

 

Salut en de kost,

 

 

Arno

Mais comment ne pas finir la semaine sans évoquer l’icône de la gauche Christiane Taubira

 

Taubira et le montreur d’ours par Claude Askolovitch

 

« Dans la comédie du pouvoir, il faut que sortent les fauves quand leur numéro ne sert plus. Christiane Taubira n’est plus ministre, mais l’a-t-elle jamais été? Quand se dissiperont les vapeurs du lyrisme et des méchancetés, on restera face à un vertige: il ne s’est pas passé grand-chose en quatre ans –ou plus exactement: ce qui s’est produit aurait eu lieu sans Taubira. La gauche de pouvoir ne pouvait que nettoyer quelques aspérités du sarkozysme judiciaire, libérer un peu le mammouth et convier les homosexuels au mariage: cela, même David Cameron l’a fait. Tout serait arrivé à peu près à l’identique, mais avec un autre bruit, un moindre bruit sans doute, moins de musique et un verbe ténu.

 

C’est cette musique qui comptait, cette musique seule qui restera, et c’est pour elle que Taubira exista. Non pas nulle, mais non avenue, décevante dans l’exercice quotidien de sa tâche? Mais indispensable pourtant, un moment, comme le personnage majeur d’un cirque qu’on appelle politique.

 

Derrière chaque cirque, il y a le montreur d’ours. Taubira fut le plus chatoyant de ses fauves. La droite la détestait tant que le pouvoir semblait de gauche; elle prenait si bien la lumière, on pouvait croire que Valls n’était pas seul... Le montreur d’ours s’appelle François Hollande. C’est son métier, de les faire danser pour nous. Le président de la République n’est pas un inventif en politique mais un classique, le meilleur d’entre tous. Il connaît, entre autres, les figures des couples dialectiques, ces personnages symboliques que l’opinion oppose et identifie, et qui permettent au chef d’apparaître en prince réconciliateur –dans leur langage, on dit la synthèse. »

Partager cet article
Repost0
31 janvier 2016 7 31 /01 /janvier /2016 06:00
Chronique d’Anaïs Ginori sur la vie d’un homme ordinaire Patrick le kiosquier de Charlie, sa Clio grise, la rue de Meaux, son chien Gabin et la C3 noire des frères Kouachi…

L’ironie du sort, le livre de Paul Guimard m’a toujours fasciné :

 

« Nantes, le 11 septembre 1943, juste avant 23 heures à proximité de la Kommandantur, Antoine Desvrières caché dans une porte cochère guette le passage du « lieutenant Werner » pour l’abattre. Celui-ci, Werner de Rompsay, un descendant de huguenots, est sur le point de terminer son enquête sur le réseau « Cornouaille ». Rue Monselet, Marie-Anne de Hauteclaire, fille du bâtonnier de Nantes, enceinte des œuvres d'Antoine, attend dans l’angoisse. Devant la Kommandantur, place Louis XVI. Le feldgendarm Helmut Eidemann essaie de faire démarrer le camion pour la patrouille de 23 heures Ainsi commence l’Ironie du sort de Paul Guimard : le destin de tous les protagonistes de l’histoire sera changé par le fait qu'Helmut Eidemann allume son moteur quelques secondes plus tôt ou plus tard. »

 

Patrick est kiosquier à Saint-Germain-des-Prés, « il aime la presse », son kiosque longtemps face à la librairie emblématique La Hune, aujourd’hui remplacé par une boutique Louis Vuitton, est sur le chemin des 2 Magots, du café de Flore et de mon grenier de livres l’Écume des Pages. En face il y a LippCabu déjeune parfois à « une table toujours réservée, près de la terrasse mais un peu en retrait du grand aquarium auquel seuls quelques privilégiés ont accès. ». Le kiosque de Patrick « fort de ses deux mille cinq cents titres… est le mieux achalandé de paris avec celui des Champs Élysées. « Georges Wolinski s’y sent chez lui, il habite sur le boulevard. » Grand lecteur de la presse le dessinateur est « l’un des rares clients à avoir son compte chez le marchand de journaux. Il paye tous ses achats en fin de mois. » Puis vient Cabu « Avec Wolinski, ils forment un couple atypique. L’un casanier, sortant peu le soir, l’autre mondain et plus fêtard. » Il paye Patrick puis « va s’asseoir au Flore, près du bar à gauche après de l’entrée. » Il prend son café en lisant son journal. « Il échange quelques mots avec Marc, un des garçons historiques du Flore. » Mais « la conférence de rédaction va commencer. Il paye son café et sort. Le sacristain de Saint-Germain l’aperçoit, courant sur les pavés devant l’église, vêtu de son duffle-coat, sacoche noire à la main. »

 

Comme chaque jour Patrick rentre chez lui, il compte une vingtaine de minutes avec sa vieille Clio grise. Ce jour-là, « au lieu de passer par la rue Bourret et l’avenue Secrétan, il s’engage sur le boulevard de la Villette jusqu’à la place du Colonel-Fabien. La station Esso y est l’une des moins chère de Paris. Au moment de payer, il découvre que le montant indiqué à la caisse est encore plus bas que le prix affiché. Une belle surprise. »

 

Ces lieux me sont familiers, j’y passe souvent à vélo pour aller à la rencontre de mes amies qui habitent le quartier. Ironie du sort !

 

Il écoute Radio Classique la vitre ouverte été comme hiver. « Au feu rouge, il entend soudain un bruit d’accrochage entre deux voitures derrière lui. Dans son rétroviseur, il aperçoit un véhicule noir qui accélère… » Il ne s’inquiète pas c’est si fréquent à Paris. Patrick « veut s’arrêter chez le boucher acheter à déjeuner. »

 

« Vert. Après le rond-point, Patrick prend la rue de Meaux… Il n’a pas encore enclenchée la troisième qu’il freine brusquement. Une C3 noire lui coupe la route… Chérif Kouachi (dont Patrick ignore tout, il n’est même pas au courant de la tuerie de Charlie) s’approche de sa Clio grise. Il n’est pas cagoulé. Il porte sa kalachnikov en bandoulière. La fenêtre de Patrick est ouverte. C’est son habitude, même l’hiver. « Descends, on a besoin de ta voiture. » Le type est calme, professionnel. Pas d’agitation ni d’insultes. La rue de Meaux est presque déserte. »

 

Voilà le début de l’histoire. Comme dans l’Ironie du sort « La vieille Clio vieille de quinze ans fait des caprices. » Elle cale. Patrick « se tient debout au milieu de la rue. Un éclair le traverse. Il n’était pas seul dans sa voiture. » Son chien, il prend le risque, il doit profiter de ce moment d’incertitude. Il ouvre la portière arrière. « Je récupère mon chien », articule-t-il rapidement. »

 

Le soir, avant de s’endormir, il pense à ce scénario ubuesque « Comment le kiosquier de Saint-Germain-des-Prés qui a vendu les journaux aux deux célèbres dessinateurs assassinés quelques heures après, est à son tour braqué par les deux mêmes terroristes. Le tout se déroulant en deux heures dans trois quartiers différents de Paris. Au cinéma, personne n’y aurait cru. »

 

 

L’auteur du livre, « le kiosquier de Charlie » Anaïs Ginori est franco-italienne, correspondante du journal La Repubblica est la petite-fille de Jacques Nobécourt, longtemps correspondant du Monde à Rome « L’Italie était la patrie de cœur de mon grand-père… Il cherchait à ce que l’on prenne l’Italie au sérieux sans pour autant trahir sa complexité. On sait qu’il est toujours plus facile de reproduire des clichés. »

 

« Rigueur, modération, précision, référence... Ces qualificatifs reviennent dans la bouche de ceux qui côtoyèrent Jacques Nobécourt, italianiste et vaticaniste, correspondant du Monde à Rome et au Vatican de 1965 à 1974. » écrivait la Croix en mai 2011 au moment de sa mort. 

 

Selon l’écrivain et journaliste Jean-Claude Guillebaud : « c’était quelqu’un d’à la fois très cultivé et un peu sombre. Son retour de Rome a été très difficile pour lui qui n’était plus habitué au journalisme de « desk ». A cette époque, il était l’une des cinq grandes signatures, avec Robert Guillain pour le Japon et Éric Rouleau pour le Proche Orient. Son travail d’historien aussi est à retenir. »

 

Ces grandes signatures j’en faisais mon miel, et Jacques Nobécourt évoque pour moi un temps d’une presse de haute lignée.

 

Comme l’écrivent les Inrocks « Le livre d’Anaïs Ginori détonne. Pas d’explication sociologique, d’enquête sur le profil des terroristes ou de luttes sur l’héritage de Charlie Hebdo ; à travers Patrick le kiosquier, la journaliste a voulu prendre le contre-pied des livres d’ « experts ». Le résultat est probant, juste sans en faire trop, à l’heure où les commémorations se multiplient et où la crainte du sensationnalisme se fait sentir.

 

Surtout, outre les attentats, outre Patrick, Anaïs Ginori nous raconte une belle et émouvante histoire de la presse papier. »

 

« Le Kiosquier de Charlie est également une magnifique déclaration d'amour à la presse papier et à ceux qui la font. De la rédaction de Charlie à l'imprimerie de Dammartin-en-Goële, Anaïs Ginori parle « d'un fil de papier [qui] relie tous ces hommes, toutes ces victimes ». « En Italie, la presse papier souffre moins qu'ici », explique-t-elle après une année 2015 riche en actualité : « On a beaucoup parlé avec les autres correspondants étrangers à Paris et on a fait le constat que la France n'a jamais autant fait la une des journaux dans le monde qu'en 2015.

 

Anaïs Ginori, 40 ans, elle, veut encore croire à l'avenir du papier, même pense-t-elle, "écrire pour la presse est une contradiction : le caractère figé de l'écrit et du papier s'oppose à la précipitation d'un quotidien et au fil toujours plus rapide de l'actualité à l'ère du numérique. C'est une escale en pleine course. »

 

Cyril Petit - leJDD.fr samedi 02 janvier 2016.

 

Et puis bien sûr il y a Patrick, « fils de deux employés de la RATP » qui n’a pas grandi dans une famille d’intellos… à quatorze ans, il avait quitté l’école… il a fait plein de petits boulots… à trente ans Patrick de retrouve au chômage alors qu’il venait de se séparer de sa première femme… et puis un soir alors qu’il dînait chez sa sœur coup de foudre et le début d’une longue histoire… Sa fiancée était fille de kiosquière. Le métier l’intéressait…

 

Voilà, c’est ainsi que je me suis rendu au bar le 61, pas très loin de la rue de Meaux, Anaïs Ginori y dédicaçait son livre et j’ai pu saluer Patrick et son épouse.

 

 

Bien sûr, rentré chez moi, j’ai lu ce livre avec grand intérêt, il est empli d’une humanité simple et sensible, à la bonne distance Anaïs Ginori aime les gens, ceux que chez moi on appelait les gens de peu. Son pas de côté, comme elle dit, son enquête sur des détails moins connus, sa mise en perspective des événements de manière différente, font de ce livre, sobrement écrit, bien construit de la belle ouvrage comme je l’aime.

Partager cet article
Repost0
30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 06:00
« Exagérément libres » : existe-t-il un plus beau programme de vie aujourd’hui ? La magistrale leçon de Patrick Boucheron historien !

Souvent les jeunes gens du Lapin Blanc, lorsque nous partageons un verre servi par nos cantinières d’altitude me disent « Le vin c’est ta passion » et ils sont très surpris lorsque je leur réponds sans hésitation « non ».

 

La monoculture n’est pas ma tasse de thé car je suis né en un pays bocager où l’on pratiquait la polyculture-élevage, la diversité des champs, des labours, des prés, du verger, des carrés de choux et de navets, des vaches, cochons, couvées…

 

Aimer ce n’est pas se confiner dans une spécialité mais accueillir par les fenêtres grandes ouvertes tout ce qui fait la complexité et la richesse de notre monde.

 

Pourquoi me priverais-je de la musique, de la peinture, de la sculpture, des arts de toute nature, de la simplicité d’un repas partagé, de la danse, de la littérature, de l’amour des femmes, du sport, des affaires du monde, de la politique, de la géopolitique, de l’économie et de l’Histoire

 

J’ai placé un H majuscule à dessein car cette discipline, depuis mon plus jeune âge, me passionne.

 

Au temps de mes humanités j’ai englouti de lourds pavés et j’ai longtemps songé à embrasser le métier d’historien. Je me voyais bien passer ma vie penché sur des manuscrits anciens dans le silence d’une bibliothèque.

 

Mon goût de l’action m’a tiré vers le brouhaha du monde sans pour autant me faire oublier ma passion de jeunesse.

 

Et puis voilà qu’hier matin, sur France-Inter Patrick Boucheron vint.

 

Sa magistrale leçon inaugurale de Patrick Boucheron au Collège de France en décembre dernier m’avait enthousiasmé et j’avais songé à chroniquer.

 

 

« Ce que peut l’Histoire », c’était le titre de la leçon.

 

Boucheron y a tordu le cou à l’idée que l’Histoire serait là pour remonter aux origines et fixer des identités. Il a taclé les déclinistes de tous poils, qui «répugnent à l’existence même d’une intelligence collective». Il a contesté que l’Histoire soit finie. «Pourquoi se donner la peine d’enseigner sinon, précisément, pour convaincre les plus jeunes qu’ils n’arrivent jamais trop tard?»

 

Pour Boucheron, rien n’est plus mortifère que de faire l’Histoire une machine à fabriquer des leçons de désespoir et à propos d'Alain Finkielkraut, je souscris à son propos « On a mieux à faire que de se porter au chevet des mélancoliques »

 

Nora en désaccord avec Finkielkraut sur l'immigration

 

« À l'issue de son discours, Alain Finkielkraut a été officiellement reçu à l'Académie par Pierre Nora qui lui a répondu avec un discours. « Je pourrais dire sur vous des horreurs. (...) Rassurez-vous, je n’abuserai pas du privilège momentané", a lancé l'historien qui n'a cependant pas manqué de marquer son opposition avec l'une des thématiques privilégiée par le nouvel académicien.

 

« D’accord avec vous sur le constat – la désintégration de l’ensemble national, historique et social et même sur le naufrage d’une culture dans laquelle nous avons tous les deux grandi – j’exprimai mon désaccord sur les causes de cette décomposition. Vous aviez tendance à en faire porter la responsabilité principale sur l’immigration et à réduire le phénomène à la confrontation avec l’Islam. À mon sens, le mal vient de plus loin », a estimé Pierre Nora.

 

Celui-ci a également pointé « l'omniprésence médiatique » d'Alain Finkielkraut. « La télévision, m’avez-vous dit, vous obligerait à être un personnage, la radio vous laissait être vous-même. Et pourtant, quel personnage télévisuel vous êtes devenu! Survolté, convulsif, habité d’une gestuelle, disons, bien identifiable", a-t-il lancé, rappelant aussitôt la colère la plus mémorable du philosophie. »

 

Oui comme le dit Patrick Boucheron « Nous avons besoin d’histoire car il nous faut du repos »

 

« Une halte pour reposer la conscience, pour que demeure la possibilité d’une conscience, non pas seulement le siège d’une pensée, mais d’une raison pratique, donnant toute latitude d’agir. Sauver le passé, sauver le temps de la frénésie du présent : les poètes s’y consacrent avec exactitude. Il faut pour cela travailler à s’affaiblir, à se désœuvrer, à rendre inopérante cette mise en péril de la temporalité qui saccage l’expérience et méprise l’enfance. ‘Étonner la catastrophe’, disait Victor Hugo, ou avec Walter Benjamin, se mettre en travers de cette catastrophe lente à venir, qui est de continuation davantage que de soudaine rupture ».

 

« Voici pourquoi cette histoire n’a, par définition, ni commencement ni fin. Il faut sans se lasser et sans faiblir opposer une fin de non-recevoir à tous ceux qui attendent des historiens qu’ils les rassurent sur leurs certitudes, cultivant sagement le petit lopin des continuités. L’accomplissement du rêve des origines est la fin de l’histoire, elle rejoindrait ainsi ce qu’elle était, ou devait être, depuis ces commencements qui n’ont jamais eu lieu nulle part sinon dans le rêve mortifère d’en stopper le cours. »

 

Patrick Boucheron, historien, médiéviste, est réputé, auprès de ses élèves, pour la qualité de son enseignement, soucieux qu’il est de la transmission du savoir en affirmant que la jeunesse « nous oblige ».

 

Professeur il aime à rappeler tout ce qu’il doit à ses maîtres, Roger Chartier, Georges Duby, Jacques Le Goff, Fernand Braudel…

 

« Ce qui surviendra, nul ne le sait. Mais chacun comprend qu’il faudra, pour le percevoir, être calme, divers, et exagérément libres… »

 

« Exagérément libres » : existe-t-il un plus beau programme de vie aujourd’hui ?

 

Il écrivait 6 janvier 2016 dans Libération :

 

«Les événements de janvier nous somment, ceux de novembre nous assomment» 

 

« Depuis janvier 2015, comme une houle battant la falaise, le temps passait sur le socle des pierres blanches qui fait un piédestal à la statue de Marianne. Le temps passait, les nuits, les jours, la pluie, le vent qui délavait les dessins d’enfants, éparpillait les slogans, estompant leur colère. Et l’on se disait : c’est cela un monument, qui brandit haut dans le ciel une mémoire active, vivante, fragile. Ce n’est que cela une ville : cette manière de rendre le passé habitable et de conjoindre sous nos pas ses fragments épars. C’est tout cela l’histoire, pourvu qu’elle sache accueillir du même front les lenteurs apaisantes de la durée et la brusquerie des événements ».

 

Une année de publications

 

« Outre la reprise en poche de son formidable Essai sur la force politique des images, à partir des peintures siennoises d’Ambrogio Lorenzetti, Conjurer la peur (Points Histoire, Seuil), l’édition, avec Jacques Dalarun de l’introspection biographique de Georges Duby, Mes égo-histoires (Gallimard), parallèlement à la direction d’un collectif, emmené par les mêmes maîtres d’oeuvre, Georges Duby. Portrait de l’historien en ses archives (Gallimard), Patrick Boucheron a assuré avec Stéphane Gioanni la publication des fruits d’un chantier international transdisciplinaire sur les « usages politiques et sociaux d’une autorité patristique en Italie (Ve-XVIIIe siècle) », La Mémoire d’Ambroise de Milan (Publ. De la Sorbonne) et dialogué avec Mathieu Riboulet sur les événements de janvier 2015 (Prendre dates, Verdier).

 

Depuis l’automne, on peut retrouver son Éloge dantesque de la transmission, prononcé à Bordeaux, puis à Pau en septembre 2014 (Au banquet des savoirs, P.U. de Bordeaux/P.U. de Pau et des Pays de l’Adour, 7 €) et son échange avec le théoricien politique américain Corey Robin, à Sciences Po Lyon en novembre 2014 (L’Exercice de la peur. Usages politiques d’une émotion, P.U. de Lyon, 10 €). Lire surtout sa lumineuse introduction à la Chronique de l’Anonyme romain qui relate la révolte du tribun romain Cola di Rienzo au mitan du XIVe siècle (Anarcharsis, « Famagouste », 320 p., 24 €) et découvrir Un Tyran attirant, le premier chapitre d’un récit à paraître chez Verdier, donné en ouverture de la livraison que la revue Critique consacre à Patrick Boucheron : l’histoire, l’écriture (n°823, décembre 2015, 11,50 €) et qui se clôt sur un entretien mené par Marielle Macé et Vincent Azoulay, interrogeant les adresses de l’historien (« défaire les continuités »).

Partager cet article
Repost0
29 janvier 2016 5 29 /01 /janvier /2016 06:00
Comme 1 vache normande n’y retrouverait plus son veau je demande à l’INAO de procéder à la louche au classement en Grand Cru des calendos au lait cru de Normandie

Nonobstant :

 

  1. Que j’adore le camembert fermier au lait cru bien coulant ;

2. Que l’INAO aime parrainer les beaux classements avec critères aux petits oignons ;

3. Que le camembert est, avec le kil de rouge et la baguette de pain, l’emblème de notre identité nationale ;

 

4. Que le calendos peut être produit par monts et par vaux de Oulan-Bator jusqu’à Bamako en passant par La Mothe-Beuvron ;

 

5. Que le chevalier blanc Périco Légasse a fait don de son corps à la France et à la cause du lait cru ;

 

6. Que Jean-Luc Thunevin, notre sémillant garagiste de Saint-Émilion, grand amateur de camembert a décidé de les noter sur 100 comme le grand Bob Parker le fait avec ses vins ;

 

Après langoustines et poularde de bresse voilà un vrai camembert noté 100 / 100

 

 

7. Que le cahier des charges pourrait largement s’inspirer de la technique du Sapeur Camember, «… et la terre du trou ?

— Que vous êtes donc plus herméfitiquement bouché qu’une bouteille de limonade, sapeur ! Creusez un autre trou ! — C’est vrai ! » approuve Camember.

 

8. Qu’une vache normande n’y retrouve plus son veau entre les plâtreux de la GD et les mous des rares fermiers ;

 

9. Qu’il est très louche de mentionner « moulé à la louche » alors que c’est R2 D2 qu’y s’y colle pour le plus grand bénéfice de la productivité ;

 

10. Que l’on pourrait inclure dans les critères de classement l’adage populaire « le beurre, l’argent du beurre, et le sourire de la crémière… » en l’adaptant au temps moderne et en veillant bien de moduler le nombre de points en fonction de la longueur de la jupe de la crémière ;

 

11. Que le tribunal administratif de Caen, tout comme celui de Rouen, seraient enfin compétents pour juger de l'extension du domaine des m2 des parkings des usines élément déterminant de la notoriété d'un Grand Cru ;

 

12. Que notre Laurent, qu’a été normand du côté du Grand-Quevilly, pourrait inviter au Quai d’Orsay les membres de la commission pour les initier à la dégustation à l’aveugle des plus belles pièces ;

 

13. Que la commission de classement pourrait être présidée par le célèbre philosophe bas-normand Michel Onfray qu’a des avis sur tout ;

 

14. Que le calendos au Calvados hors d’âge pourrait ainsi accéder à l’appellation Grand Cru classé A ;

 

15. Que le sacristain des célèbres cloches de Corneville pourrait enfin se pacser avec celui du célèbre carillon multilingues de Saint-Émilion ;

16. Que cette classification mettrait en valeur l’auteur du discours de Bayeux qui avait affirmé avant le débarquement en Normandie qu’ « Un pays qui produit plus de 365 sortes de fromages ne peut pas perdre la guerre ! »

17. Que ça ferait plaisir à Michael Steinberger, critique gastronomique pour le New York Times et le Financial Times et auteur de La Cuisine française, un chef-d’œuvre en péril chez Fayard qui a écrit un chapitre entier sur le camembert au lait cru, pour raconter la colère au Japon et aux Etats-Unis quand il a été question de le supprimer.

 

18. Que l’inusable et insubmersible normand Michel Drucker pourrait, avec Mylène Farmer, faire partie de la commission de classement et FOG aussi ;

 

19. Que Gérard Blanchard, pourrait ainsi « revoir sa Normandie » ;

20. Que les mannes de Bouvard et Pécuchet pourraient largement inspirer les auteurs du futur décret de classement ;

21. Que la Rouletabille des classements en tout genre, Isabelle Saporta, me dit-on aimerait se pencher sur ce beau cas ;

 

22. Que l’avenir du petit peuple des BOF en dépend ;

 

Je fais requête express auprès du Ministre de l’Agriculture, tuteur de notre grande et belle patrie des fromages AOC, pour qu’il mette ses plus fins limiers de l’INAO au boulot afin qu’ils nous mijotassent, avec bien sûr le truchement de la plume de L'Association de Défense et de Gestion de l'AOC* Camembert de Normandie un beau cahier des charges de classement en Grand Cru des camemberts au lait cru… fait à cœur bien entendu !

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2016 4 28 /01 /janvier /2016 06:00
La Tartarie du steak « Quand le seigneur à envie de boire, les coupes se soulèvent de leur place sans que nul ne les touche et s’en vont devant le seigneur… » Michel Strogoff, Giovanni Drogo, Jules Verne et Dino Buzzati

Bien avant de consommer un steak tartare, ce que je n’ai fait que sur le tard vu que chez moi dans ma Vendée profonde manger de la viande crue aurait relevé de la barbarie.

 

Dans nos esprits peu éveillés le barbare absolu était Attila « le fléau de Dieu » « Là où mon cheval passe, l'herbe ne repousse pas. » et ses Huns, peuple asiatique turco-mongol, de langue turque, tribus nomades qui surpassèrent les autres « dans la maîtrise du cheval, grâce à leur promptitude et à leur étonnante mobilité, ainsi qu’à la dextérité de leurs cavaliers, entraînés dès leur plus jeune âge. Cette habileté, couplée à l’arc court pouvant être utilisé depuis le dos de la monture, fut un avantage lors des nombreuses batailles que livrèrent les Huns. »

 

« Les Huns furent des éleveurs consommant principalement de la viande (en abondance, qu’ils mangent crue et qu’ils font aussi sécher) et des produits laitiers. La chasse avait également une grande importance dans leur économie, notamment la chasse des grands-roi pour l’alimentation de l’armée.

 

Leur bétail fournissait également le cuir, la laine et les os. Le cuir servait à la fabrication des bottes, du harnachement, du carquois ; la laine à celle du feutre des tentes, des capes et peut-être des tapis. »

 

Ils pratiquaient l’infanticide des filles et le géronticide.

 

Bref, de quoi peupler mes nuits de rêves d’images sanglantes.

 

Les tartares sont apparus dans mon imaginaire par la littérature :

 

- Michel Strogoff le roman de Jules Verne paru en 1876

 

 

Michel Strogoff, capitaine cosaque, est chargé par le Tzar Alexandre II de porter une lettre stratégique de Moscou à Irkoutsk, pour prévenir le grand-duc, frère du Tzar, de l’arrivée prochaine de hordes tatares commandées par un officier russe félon, Ivan Ogareff, à la solde d’un Khan de Boukhara, Feofar Khan, en révolte contre l’empire russe et qui essaye de déstabiliser le Kirghizstan puis la Sibérie.

 

La naissance du steak tartare à Paris

 

Jules Verne n’a pas inventé le steak tartare, mais c’est le succès de sa pièce de théâtre (Jules Verne en 1880 a adapté Michel Strogoff pour le théâtre) qui a incité les cuisiniers des plus grandes brasseries parisiennes se sont inspirés du « Koulbat » de la pièce de théâtre en créant cette recette à base de viande de boeuf ou de cheval, coupée en petits morceaux et servie crue avec un œuf et des épices. Cette recette sanguinaire collait parfaitement à l’image des tatars, qui depuis leurs présumés ancêtres « les Huns » mangeaient de la viande crue, attendrie seulement sous la selle de leurs chevaux !

 

Cette recette est donc inspirée de seulement cinq répliques de la scène 5 de l’acte 2 entre deux personnages secondaires, un journaliste anglais Harry Blunt et un hôtelier tatar le Maître de Poste :

 

...

 

LE MAÎTRE DE POSTE. – Je puis offrir à Monsieur du koulbat.

BLOUNT. – Quelle est cette chose... koulbat ?

LE MAÎTRE DE POSTE. – Un pâté fait avec de la viande pilée et des œufs.

BLOUNT. – Alors, servez koulbat. Et vous avez encore ?

LE MAÎTRE DE POSTE. – Du kwass.

 

Bien évidemment cette anecdote, au fin fond de mon bocage, je l’ignorais.

 

Michel Strogoff fut adapté au cinéma en 1956 par Carmine Gallone, je l’ai vu au REX de la Mothe-Achard, avec de grands acteurs : Curd Jürgens : Michel Strogoff/Geneviève Page : Nadia/Jacques Dacqmine : Le grand-duc/Sylva Koscina : Zingara/Gérard Buhr : Blond/Jean Parédès : Jolivet/Françoise Fabian : Natko/Henri Nassiet : Ivan Ogareff/Sylvie : Marfa Strogoff/Louis Arbessier : le tsar/Michel Etcheverry : le général Krisloff…

 

 

Les yeux bleus d’acier de Curd Jürgens, brûlés, la beauté des femmes : Geneviève Page, Sylva Koscina, Françoise Fabian, ma machine à rêves les plus fous.

 

- Le Désert des Tartares (Il deserto dei Tartari) roman de Dino Buzzati paru en italien en 1940, traduit en français par Michel Arnaud, publié en 1949 aux éditions Robert Laffont.

 

 

Ce roman je l’ai lu adolescent et il a beaucoup compté dans ma destinée de petit Vendéen crotté :

 

« Tout près de la frontière, aux confins de mon univers connu, j'attendais le jour où la vraie vie commencerait. J'étais le clone de Giovanni Drogo, ce jeune ambitieux pour qui " »tous ces jours qui lui avaient parus odieux, étaient désormais finis pour toujours et formaient des mois et des années qui jamais plus ne reviendraient... » Aux yeux du clan des femmes je croissais, en âge et en sagesse, dans l'étroit périmètre de notre bocage cernée de hautes haies, alors que je ne poussais vraiment que dans l'obscurité du Rex et du Modern. Perfusé par les yeux verts et le nombril de Debra Paget dans le Tigre du Bengale et par les bas de soie glissant sur les cuisses diaphanes de Catherine Deneuve dans Belle de Jour, je me lignifiais en silence. Jour après jour j'accumulais la chlorophylle des belles étendues sur le papier glacé des magazines de mode de ma mère. Je thésaurisais de la beauté pour gagner les centimètres qui me placeraient au-dessus du commun. C'était le bonheur de jours passés à regarder filer les heures, hors des limites du réel, avec pour seule ligne d'horizon la belle destinée qu'allait m'offrir la vie, au plus haut, à l'étage des seigneurs. Quand parfois le doute m'effleurait - allais-je pouvoir m'extraire de ce monde contraint ? - je me parais des oripeaux d'Edmond Dantès, le trahi, le paria surgi de nulle part accomplissant son implacable vengeance ; les yeux topaze d'Yvonne Furneau m'irisaient... »

 

  • Le Désert des Tartares, Valerio Zurlini, en fit un film sorti sur les écrans en 1976, avec une brochette de grands acteurs : Vittorio Gassman : Filimore/Giuliano Gemma : Mattis/Philippe Noiret : le général/Jacques Perrin : le lieutenant Drogo/Francisco Rabal : Tronk/Fernando Rey : Nathanson/Laurent Terzieff : Amerling/Jean-Louis Trintignant : le médecin-major Rovin/Max von Sydow : Ortiz.

 

Le beau Jacques Perrin incarnant Giovanni Drogo je me voyais bien me glisser dans sa peau…

 

Mon premier tartare je l’ai mangé à Paris dans une grande brasserie dont j’ai oublié le nom.

 

Les origines du steak tartare sont difficiles à déterminer, plusieurs versions circulent :

 

  1. « Parce qu’à l’origine, le tartare est tout sauf français. Il n’est même pas européen. Il nous vient en réalité des Cosaques Zaporogues et non des Tartares, que nous avons rencontrés en Ukraine et dont nous avons piqué l’idée au début du XVIIème. Nous avons amalgamé Cosaques et Tartares car leurs cultures de cavaliers nomades d’Asie centrale étaient suffisamment semblables aux yeux des Français du XVIIème siècle pour être confondues. Les Zaporogues plaçaient des filets de viande de cheval crue et salée sous leur selle et galopaient jusqu’à totalement vider la viande de son sang, puis la mangeaient simplement tranchée ensuite. Nous avons repris l’ingrédient de base, mais sans la selle, et avec deux ou trois ingrédients supplémentaires bien locaux. La viande de cheval est utilisée chez nous aussi, mais la plus courante de nos jours reste le boeuf. »

2. « le steak tartare tel que nous le connaissons aujourd’hui nous provient plus probablement de la ville de Hambourg, en Allemagne, où l’on servait un plat de viande hachée assaisonnée et généralement crue, accompagné d’oignons et de chapelure. Ce plat, appelé « steak d’Hambourg », a donné naissance à deux mets tout à fait différents, mais néanmoins très populaires, le steak tartare et le… hamburger.

 

La ville d’Hambourg étant une très grande ville portuaire, il fût facile pour le steak d’Hambourg de se transporter à travers les grandes villes maritimes d’Europe, et c’est probablement en Belgique qu’il est devenu ce que nous connaissons comme le steak tartare, c’est à dire une préparation de cheval ou de boeuf hachée au couteau (car c’est la tradition, même si plusieurs endroits le font au moulin) et assaisonnée de mayonnaise, de câpres, de cornichons, de moutarde, de sauce forte... C’est d’ailleurs en raison de son origine belge que l’accompagnement traditionnel du steak tartare est la pomme frite. »

 

Selon chef Simon du Monde la Recette de tartare de boeuf pour 4 personnes se décline ainsi :

 

 

400 à 500 g de filet de boeuf (vous pouvez également utiliser toutes les pièces de boeuf tendres) - 4 échalotes ciselées (ou oignons blancs) - 4 cuillers à soupe de câpres - 1/2 bouquet de persil plat - 10 cornichons - 4 jaunes d'oeufs - 4 cuillers d'huile de tournesol - 2 cuillers à soupe de worcestershire sauce - 2 cuillers à soupe de moutarde - Quelques gouttes de tabasco - sel et poivre du moulin.

 

 

Mais revenons à la TARTARIE la Terre des diables extraits de l’Atlas des Contrées Rêvées de Dominique Lanni chez Arthaud illustrations Karin Doering-Froger.

 

« Il en est des Empires comme des glaciers qui couvrent le flanc des montagnes : ils grandissent ou s’amenuisent selon les âges. Celui que le Moyen Âge appelait Tartarie s’étendait au XIIIe siècle de l’Oural à l’océan Pacifique. Et si les Tartares désignèrent le peuple mongol, leur territoire dépassait les frontières qu’on leur connaît actuellement : Gengis Khan les mena jusqu’aux portes de l’Europe. Au milieu du XIIIe siècle, la chrétienté s’interroge avec anxiété et effroi sur « cette race épouvantable de monstres qui n’ont rien d’humain. »

 

« En 1245, le pape Innocent IV charge le franciscain Giovannni di Pian Carpino d’une mission pour le moins délicate : se rendre auprès du Grand Khan Guyuk afin « d’examiner toutes choses avec soins. »

 

Malgré les risques le moine est convaincu de « porter la bonne nouvelle au-devant de « nations barbares ».

 

Dans son Histoire des Mongols il livre ce portrait :

 

« L’aspect des individus diffère de celui des autres hommes. Entre les yeux, en effet, et entre les pommettes, ils ont plus d’écartement que les autres hommes. De plus leurs pommettes sont saillantes par rapport aux joues, ils ont le nez plat et petit, ils ont les yeux petits et les paupières tirées jusqu’aux sourcils. Ils ont, en général, la taille mince, sauf quelques-uns ; presque tous sont de statures moyennes. »

 

Louis IX, le futur Saint-Louis, en 1254-1255, envoie lui aussi un franciscain, le flamand Guillaume de Rubrouck, auprès du Grand Khan.

 

Mais c’est Marco Polo, « le vénitien raffiné, rompu aux mœurs d’une Italie déjà saisie du frisson de la renaissance » qui fera disparaître la frontière entre l’Occident médiéval et cet empire du bout du monde.

 

Le chroniqueur Rustichello de Pise, sous la dictée de Marco Polo écrira sur la découverte des mondes inconnus apportant son lot de merveilles.

 

« Ces enchanteurs, dont je vous ai parlé, font tant par leurs enchantements que, quand le seigneur à envie de boire, les coupes dont je vous ai parlé, se soulèvent de leur place sans que nul ne les touche et s’en vont devant le seigneur… »

 

Que boire avec votre tartare ?

 

Je vous conseille : BRUTAL

Rouge brutal 2012
La Tartarie du steak « Quand le seigneur à envie de boire, les coupes se soulèvent de leur place sans que nul ne les touche et s’en vont devant le seigneur… » Michel Strogoff, Giovanni Drogo, Jules Verne et Dino Buzzati
Partager cet article
Repost0
27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 06:00
Le vin nature est-il vulgaire « Aucun crime n'est vulgaire, mais la vulgarité est un crime. La vulgarité, c'est ce que font les autres. » Oscar Wilde

Suis-je vulgaire ?

 

Les vins nature et leurs défenseurs sont-ils vulgaires ?

 

De hautes plumes le pensent et l’écrivent, libre à eux de le penser et de l’écrire.

 

Mais qu’est donc que la vulgarité ?

 

Longtemps la vulgarité fut un préjugé de caste, et dans la bouche ou sous la plume de certains qui se vivent comme l’élite elle le reste encore car elle est la marque infâmante du vulgum pecus, de la masse et du bas peuple.

 

« Prenez un homme d'une capacité ordinaire, vous savez toujours ce qu'il va dire dans un cas donné (...) La société d'élite raille impitoyablement cette vulgarité, elle se croit beaucoup plus originale, beaucoup plus personnelle » J. Simon, Devoir, 1854.

 

En février 1857, le gérant de la Revue de Paris dans laquelle Madame Bovary a été publiée sous la forme de feuilletons, l’imprimeur et Gustave Flaubert sont jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ».

 

Gustave Flaubert sera blâmé pour « le réalisme vulgaire et souvent choquant de la peinture des caractères » mais il est acquitté malgré le réquisitoire du procureur Ernest Pinard.

 

Évoquer la vulgarité, ce qui est vulgaire, ce qui manque de distinction, de délicatesse, ce qui choque la bienséance, forme de bassesse, de grossièreté, de trivialité, et le souci de la combattre, cache souvent l’ambiguïté du propos car il peut se retourner contre ceux qui en font un argument imparable.

 

Vulgarité morale, physique…

 

Vulgarité prétentieuse…

 

Vulgarité de caractère, de conduite, des goûts, des mœurs, de parole, des sentiments, du style, du ton, des traits…

 

« Un jour que la conversation tournait à des vulgarités écœurantes (...) elle dit à Fred: « Je ne sais pas si les gens dont vous parlez sont horribles comme vous le dites, mais je sais qu'ils vous ressemblent (...) »

 

Aragon, Les Communistes, t. 1, 1982

 

Je partage l’opinion d’Oscar Wilde « Aucun crime n'est vulgaire, mais la vulgarité est un crime. La vulgarité, c'est ce que font les autres. »

 

Florilèges

 

L’origine du Monde de Courbet est-elle une œuvre vulgaire ?

 

Reiser était-il vulgaire ?

 

Le Pr Choron était-il vulgaire ?

 

Les Hara-Kiri, Charlie and Co étaient-ils et sont-ils encore vulgaires ?

 

Madame Sans-Gêne était-elle vulgaire ?

 

« Casse-toi pauvre con ? » était-il vulgaire ?

 

« Les Bio-cons » était-ce une désignation vulgaire ?

 

Certains critères du classement de Saint-Émilion sont-ils vulgaires ?

 

Les prix de certains GCC sont-ils vulgaires ?

 

Les salaires de certains footballeurs sont-ils vulgaires ?

 

« Merci pour ce moment » est-il un livre vulgaire ?

 

Les Balkany sont-ils vulgaires ?

 

Éric Zemmour est-il vulgaire ?

 

Nadine Morano est-elle vulgaire ?

 

Pamela Anderson est-elle vulgaire ?

 

« On s’en bat les couilles » vin de Pascal Simonutti est-il vulgaire ?

 

Les paroles de certains rappeurs sont-elles vulgaires ?

 

Les tatouages sont-ils vulgaires ?

 

La Rolex de Séguéla est-elle vulgaire ?

 

Mouton-Cadet est-il vulgaire ?

 

Nul n’est à l’abri de la vulgarité… moi le premier… mais ne pas confondre vulgarité et grossièreté car si cette dernière est fracassante elle est curable, alors que l’autre est insidieuse et profondément enracinée.

 

Pour reprendre l’imagerie populaire, la poissonnière ou le charretier, au langage grossier, valent souvent bien mieux que les monstres de vulgarité au langage châtié.

 

Le monde du vin, son bling-bling, ses nouveaux riches, son paraître, sa nuée de courtisans n’est donc pas exempt d’une forme de vulgarité.

 

La vulgarité moderne est violente car elle nivelle et abaisse sous le prétexte de se mettre à la portée, d’être plus accessible, plus compréhensible, plus intelligible pour l’autre, « l’autre » étant l’auditeur, le spectateur, l’électeur…

 

Dans notre monde pressé, qui se dit et se veut efficace, c’est le chemin le plus court pour être compris. La vulgarité est alors un artifice au service d’une communication de proximité, une sorte de communication identitaire. Se faire comprendre de son interlocuteur nécessiterait de se mettre à son niveau. Être vulgaire pour être sûr d’être compris par la base que je cherche à séduire…

 

« Regarde-moi, je parle, j’écris comme toi, je suis toi ».

 

Une faute de français pour « faire peuple »

 

Mais de quel niveau parle-t-on ?

 

Claude Cabanes écrivait dans son Éloge de la vulgarité aux éditions du Rocher lire ICI

 

« Nomenclature sémantique en forme de monologue que le « dominant » adresse au « dominé » sous les vivats du public du chapiteau :

 

« Je suis distingué, tu es vulgaire.

 

Je suis rare, tu es commun.

 

Je suis unique, tu es quelconque.

 

Je suis irremplaçable, tu es habituel.

 

Je suis incomparable, tu es banal.

 

Je suis brillant, tu es terne.

 

Je suis fin, tu es grossier.

 

Je suis raffiné, tu es trivial.

 

Je suis aisé, tu es pauvre.

 

Je suis le consommé, tu es la soupe (le public rit)

 

Je suis un prince, tu es un bouseux.

 

Je suis profond, tu es futile.

 

Je suis mince, tu es gras. »

Partager cet article
Repost0
26 janvier 2016 2 26 /01 /janvier /2016 06:00
L’anti-Manifeste lâchez-nous la grappe « Ces vins sont en train de sauver l’image du vignoble français. » Olivier Roellinger

Pour parodier ce bon François Morel dans sa dernière chronique sur France-Inter, par les temps qui courent il pleut, dans le petit monde du vin, des Manifestes comme à Gravelotte.

 

Chaque camp est solidement retranché, celui des insurgés, qui tient dans un mouchoir de Chollet noué aux 4 coins, fait beaucoup de bruit médiatique, trop, ce qui irrite le camp d'en face celui des tenants de l’ordre établi.

 

Comme l’Islam est très tendance, ces derniers où se mêlent les repentis, les ouvriers de la 25e heure du bio et de la biodynamie, les purs et durs des produits en cides, les Paganini de l’œnologie de confort, balancent leurs scuds sur la piétaille naturiste : ayatollah, fatwa

 

Des mots qui se veulent assassins mais qui, à la manière de la désignation des pauvres automobilistes piégés par la neige sur l’autoroute, pris en otage, sont des abus de langage.

 

Un ayatollah à la mode iranienne n’est pas qu’un prêcheur mais quelqu’un qui impose sa loi au plus grand nombre. Il ne me semble pas vraiment que ce soit le cas des zélateurs des vins qui puent. Dans notre paysage du vin la force et le poids sont plutôt du côté de ceux que l’on qualifie de conventionnels, soit les tenants du modèle dominant.

 

Que la gente qualifiée par l’émigré d’au-delà des Pyrénées de « bobo-parigot-alterno-mélanchoniste » donnât de l’urticaire à l’establishment riquiqui des qui vivaient très bien dans le petit monde du vin de ces 20 dernières années, j’en conviens aisément. Pour autant, l’appel à la résistance d’un autoproclamé gardien du temple, «Contre la bêtise des gourous des vins nature», me fait rétorquer de quoi se mêle -t-il celui-là ?

 

« Viticulteurs, réveillez-vous ! Reprenez le pouvoir, il n’est que temps. » proclame-t-il !

 

Ha ! bon, les viticulteurs auraient donc perdu le pouvoir…

 

Quel pouvoir ?

 

Celui de faire du vin à leur manière ?

 

Il me semble que dans ce domaine, les exclus sont plutôt du côté des vins qui n’empruntent pas les autoroutes de l’œnologie moderne.

 

Mais ce fameux pouvoir, le seul juge de paix du devenir d’un vin n’est-il pas entre les mains de ceux qui le choisissent ?

 

Entre nous soit-dit, qu’est-ce qu’ils en ont à péter les buveurs des cris d’orfraies des défenseurs de ce qui se fait ou ne se fait pas ?

 

Rien !

 

Ils s’en tamponnent le coquillard…

 

Alors pourquoi une telle agitation du côté des défenseurs de la bienséance ?

 

Tout bêtement parce que derrière cet appel à la résistance se cache une volonté, celle d’exclure ces vins dit déviants, d’insinuer que ces vins, dit naturels ou nature, ne sont pas des vins. En effet, il s’agit d’un appel pur et simple à leur exclusion du champ du commerce alors que je sache à partir du moment où un vin est considéré par la répression des fraudes comme étant un produit sain, loyal et marchand c’est du vin soumis à l’acquittement d’un droit de circulation.

 

Si un vin circule pour arriver jusque sur les étagères d’un caviste ou la table d’un restaurant je ne vois pas au nom de quoi il faudrait le vouer aux gémonies parce qu'il ne plaît pas à un auto-désigné juge aux élégances.

 

Alors est-ce la peur de voir ces vins pleins de défauts faire une concurrence déloyale aux vins bien formatés, bien lisses, bien au goût des goûteurs patentés, qui anime la croisade de ce Godefroy de Bouillon du XXIe siècle ?

 

Si tel était le cas, et ça ne l’est pas, pourquoi en appeler à un sursaut des vignerons qui suivent le droit chemin ? De deux choses l'une : soit les vins dit déviants trouvent des consommateurs, soit ils n'en trouvent.

 

Les seuls décideurs ce sont les cochons de payant et non les conseilleurs, patentés ou non. Et c’est heureux…

 

Tous les goûts sont dans la nature dit l’adage populaire et François Jacob dans le Jeu des possibles, Fayard, 1981, rive le clou à tous ceux qui veulent nous imposer le leur « Vouloir séparer le biologique du culturel n’a pas de sens. Pas plus que de demander si le goût de Roméo pour Juliette est d’origine génétique ou culturelle. »

 

Pourquoi, dans ces conditions, instaurer un débat, ce serait du même tonneau que d'en instaurer un sur le sexe des anges ?

 

D'ailleurs je n’ai jamais assisté à un vrai débat entre les deux camps car tout bêtement aucun d'eux ne se risque à affronter l’adversaire, à confronter ses idées, tout le monde préfère l’entre-soi et l’instruction de procès à charges. C’est plus confortable.

 

L’intolérance est partout : essayez donc de contredire Nossiter !

 

Je fais un rêve : si un vrai débat s’instaurait, celui-ci mériterait mieux que l’échange d’horions, de raccourcis faciles peuplant les réseaux sociaux, qui permettent aujourd’hui de jeter principalement le discrédit sur un produit, le vin nature, qui se vend parce qu’il est apprécié par une catégorie, certes minoritaire, de consommateurs qui ne sont ni des déviants, ni des fauteurs de goût.

 

Le vin véritable n’existe pas mais la ligne de partage est bien entre ceux qui veulent définir des valeurs moyennes de composants avec une marge de tolérance et ceux qui affirme qu’un «produit naturel» est par définition soumis à des grands écarts du fait même des caprices de la nature.

 

Que je sache la liberté du consommateur de choisir son vin selon son goût, ses désirs, ses envies, son porte-monnaie, n’est entravé par qui que ce soit.

 

Alors où est le danger ?

 

Qui est en danger ?

 

Ceux qui ont peur de perdre ce qu’ils considéraient comme leur pouvoir, qui se vivaient – et qui en vivaient – défenseurs du bon goût, d’une forme d’académisme. Les gardiens de tous les temples, tous les musées, toutes les chapelles

 

En matière de vin, comme en tout, je suis athée et laïc.

 

Donc « Lâchez-moi la grappe ! »

 

Et je ne demande pas, à qui que ce soit, de me suivre comme les moutons suivent le Bon Pasteur. 

 

Mon phare, ma balise, mo étoile polaire c’est la sincérité. Pas la mienne, celle de ceux qui font le vin.

 

Et je souscris à 100% à ce qu’a déclaré Olivier Roellinger au sieur Sébastien Lapaque qui graphe maintenant dans la pointe avancée de la Résistance aux vins conventionnels : la RVF, environné qu’il est d’encarts vantant les mérites des plus beaux fleurons de ceux-ci. 

 

« J’avais besoin de cette forme de sincérité. Dans une Bretagne massacrée par l’agriculture chimique, il était inévitable que la rencontre se fasse avec des vignerons en train de proposer un autre modèle. J’ai toujours mis un point d’honneur à travailler avec des légumes bio, des œufs bio, des volailles bio. Ma femme Jane a même poussé la démarche jusqu’à exiger des fleurs bio pour nos bouquets. Il était normal que le vin suive. C’est une cohérence qu’on doit avoir. »

 

Dangereux extrémiste ce chef breton d’autant plus qu’il aggrave son cas en prenant fait et cause pour les affreux, sales et méchants naturistes.

 

« Nous avons commencé avec Bruno Schueller, Patrick Meyer, Dominique Derain, Claude Courtois et Pierre Overnoy.

 

… Aujourd’hui au Coquillage on peut boire un vin d’Auvergne de Patrick Bouju, un chardonnay de Noëlla Morantin

 

… Pour suivre il y a du Ganevat, du Arena, du Vallette, du Peron, du Jambon

 

Ces vins sont entrain de sauver l’image du vignoble français. »

 

La patrie du vin français n’est donc pas en danger du fait des vins de chemin de traverse mais plutôt du fait de l’ennui provoqué par l’uniformité des vins dont on peut douter de la sincérité…

 

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Archives

Articles Récents