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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 12:10
Adresse à ceux qui nous gouvernent, vous m’écoutiez d’une oreille distraite, cause toujours tu nous intéresses… mais que veux-tu que nous fassions*… mon testament en souvenir de mes aïeux paysans…

Je suis né au Bourg-Pailler, le pépé Louis après avoir été métayer à la Célinière, grosse borderie sise à Saint-Georges-de-Pointindoux, là où ce sont mariés mes parents, avait acheté cette ancien relais de poste à l’entrée du bourg. Quelques hectares de terres, des prés surtout, une étable accolée au bâtiment d’habitation, des vaches normandes et pour un temps de grands bœufs blancs que le pépé enjuguaient. Ils étaient sa fierté. Au petit matin, c’est la sonnette de l’écrémeuse de la tante Valentine qui m’éveillait. Avec le pépé j’ai mis bas des veaux. J’allais après l’école chercher les vaches au pré et j’ai encore le souvenir sur le chemin de la Garandelière de ma Fidèle, indolente et tendre, toujours à la traîne. Toujours avec le pépé j’ai conduit la Nénette notre jument pataude lorsque nous passions la décavaillonneuse dans la vigne ou dans le champ de betteraves. 

 

Mon père, lui, avait choisi, pour nous nourrir, d’entreprendre comme on dit aujourd’hui. Entrepreneur de travaux agricoles et de battages : la charrue Bonnel, le gros Société Française Vierzon monocylindre, la batteuse Merlin. C’était le temps des maîtres et les métayers ne s’endettaient pas en achetant du matériel.

 

C’est pour tout cela que j’ai choisi, plutôt que le lycée, d’aller à l’École d’Agriculture ND de la Forêt, à 500 mètres de la maison familiale, interne bien sûr. Nous y étudions au rythme de 3 heures de travaux pratiques journaliers : la ferme, le verger, la vigne, la culture, l’atelier…

 

Mon destin a bifurqué lorsque l’aumônier, l’abbé Blanchet, auteur de théâtre populaire et parent de Michel Albert, énarque Inspecteur des Finances qui eut son heure de gloire au temps de JJSS le fondateur de l’Express, m’a convaincu que je devais prendre le même chemin que ce fils de métayer du Haut-Bocage.

 

Et puis il y eut mai 68 et j’ai jeté aux orties l’énarchie. Me retrouver coincé dans un cadre, aussi prestigieux fut-il à l’époque, ne me convenait pas.

 

Alors, j’ai choisi de faire ma thèse de doctorat sur le grand chambardement qui pointait son groin dans le monde du cochon. La Bretagne allait tout, ou presque, rafler. Qui se souvient que les alentours de Paris étaient l’un des plus grands bassins de production du cochon avec les eaux grasses des restaurants ?

 

Je me souviens du petit sourire étonné d’Yves Prats, le doyen de la Faculté, éminent spécialiste du Droit Public, lorsque je lui ai exposé pour la première fois mon projet. En ce temps-là j’ignorais ce qu’était un Grand Cru Classé de Bordeaux et qu’Yves Prats était le frère de Bruno qui dirigeait la destinée du Cos d’Estournel et de Petit Village.

 

La suite est longue comme mon CV, j’ai bourlingué entre le public et le privé sans jamais avoir bénéficié de ce fameux statut de fonctionnaire dont certains à plaisir m’ont affublé pour bien sûr me discréditer.

 

Tout au long de ce parcours de 49 années, j’ai commencé à bosser à 18 ans, le seul fil directeur auquel je me suis tenu c’est la fidélité à Louis et Arsène Berthomeau, à ce qu’ils étaient, à ce qu’ils représentaient : ma colonne vertébrale. Je n’ai jamais oublié d’où je venais et ce que je leur devais.

 

Mais là n’est pas le sujet de ma chronique de ce matin.

 

Par deux fois, il m’a été demandé de me pencher sur le devenir d’un secteur de notre agriculture. Ce fut d’abord le vin, puis en fin de parcours, puisque j’étais interdit de séjour dans le monde du vin, le lait.

 

Le rapport de 2001, le groupe stratégique Cap 2010 les défis du vin français, et tout au bout le grand lâchage d’Hervé Gaymard et le placard.

 

Et puis, tout à la fin, Bruno Le Maire, ou son cabinet, m’a confié une patate chaude dont personne ne voulait, la déprise laitière dans le Grand Sud-Ouest.

 

Ce fut un temps fort au ras du terrain et au plus près des éleveurs.

 

Et puis, à la fin de la fin, fort de cette expérience, j’ai demandé et obtenu de Stéphane Le Foll de pouvoir réfléchir à comment anticiper la fin des quotas laitiers.

 

Au risque d’être traité de courtisan ce nouveau Ministre de l’Agriculture me paraissait apte, non à tout bouleverser, mais à mettre sur la table des éleveurs les enjeux de cette ouverture au grand large. N’oublions pas que depuis les années 50, le lait a toujours connu un fort encadrement et des mécanismes de régulations que nous avons ensuite exportés dans le nouveau Marché Commun.

 

Et puis, j’ai de plus en plus compris que l’intérêt poli que l’on accordait à mes écrits se heurtait à un grand classique du 78 rue de Varenne : ne pas soulever les problèmes avant qu’ils ne vous pètent à la gueule. Tendance renforcée par une administration totalement enjuguée par son concubinage européen, frileuse et incapable de la moindre capacité à sortir d’une vision purement règlementaire de l’agriculture.

 

Pour autant je m’interdis de dire : « je vous l’avais bien dit » ce serait de ma part déplacé et surtout sans grand intérêt.

 

Le mal est fait et il ne date pas d’aujourd’hui. Les pouvoirs publics ne sont pas les seuls responsables de la situation, les citoyens-consommateurs portent eux aussi une large part de responsabilité et leur commisération à l’endroit des agriculteurs m’irrite.

 

Pour autant n’attendez pas de moi que j’instruise un procès mais permettez-moi d’exprimer ma tristesse face au grand mal être des agriculteurs et des éleveurs.

 

C’est un sentiment d’échec qui m’habite.

 

Pourrons-nous un jour dans ce pays accepter de nous saisir de la réalité, qu’elle nous plaise ou non, d’en tirer les leçons sans nous enfermer dans des analyses toute faites et des solutions clés en main ?

 

Je n’ai plus les mains dans le cambouis et je n’ai aucune vocation à donner des leçons à qui que ce soit mais, comme le disait Napoléon, « En politique, comme à la guerre, le moment perdu ne revient plus. »

 

Que d’occasions perdues !

 

* j'ai balancé utiliser l'imparfait que nous fissions...

 

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 08:50

Si vous êtes sur Google chrome il se peut qu’un message d’alerte apparaisse sur votre écran : « Traitez ce message avec prudence. Des messages similaires ont été utilisés pour voler les informations personnelles de leurs destinataires. N'envoyez vos informations personnelles ou ne cliquez sur les liens contenus dans ce message que si vous faites confiance à son expéditeur. »

 

J’ai signalé à GOOGLE et à Overblog ce phénomène qui ne peut que vous perturber et j’ai demandé d’y mettre fin.

 

J’ai moi-même ouvert le message que je reçois comme vous chaque matin et je n’ai constaté aucune perturbation.

 

Cliquez ICI  www.berthomeau.com 

 

Il semblerait que mon hébergeur n'est pas crypté le message 

 
Le domaine jfg-networks.net n'a pas chiffré ce message.



Je vous tiendrai au courant de la suite donnée.

 

Bonne journée.

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 06:00
Adresse à ceux qui nous gouvernent, vous m’écoutiez d’une oreille distraite, cause toujours tu nous intéresses… mais que veux-tu que nous fassions*… mon testament en souvenir de mes aïeux paysans…
Adresse à ceux qui nous gouvernent, vous m’écoutiez d’une oreille distraite, cause toujours tu nous intéresses… mais que veux-tu que nous fassions*… mon testament en souvenir de mes aïeux paysans…

Je suis né au Bourg-Pailler, le pépé Louis après avoir été métayer à la Célinière, grosse borderie sise à Saint-Georges-de-Pointindoux, là où ce sont mariés mes parents, avait acheté cette ancien relais de poste à l’entrée du bourg. Quelques hectares de terres, des prés surtout, une étable accolée au bâtiment d’habitation, des vaches normandes et pour un temps de grands bœufs blancs que le pépé enjuguaient. Ils étaient sa fierté. Au petit matin, c’est la sonnette de l’écrémeuse de la tante Valentine qui m’éveillait. Avec le pépé j’ai mis bas des veaux. J’allais après l’école chercher les vaches au pré et j’ai encore le souvenir sur le chemin de la Garandelière de ma Fidèle, indolente et tendre, toujours à la traîne. Toujours avec le pépé j’ai conduit la Nénette notre jument pataude lorsque nous passions la décavaillonneuse dans la vigne ou dans le champ de betteraves.

 

Mon père, lui, avait choisi, pour nous nourrir, d’entreprendre comme on dit aujourd’hui. Entrepreneur de travaux agricoles et de battages : la charrue Bonnel, le gros Société Française Vierzon monocylindre, la batteuse Merlin. C’était le temps des maîtres et les métayers ne s’endettaient pas en achetant du matériel.

 

C’est pour tout cela que j’ai choisi, plutôt que le lycée, d’aller à l’École d’Agriculture ND de la Forêt, à 500 mètres de la maison familiale, interne bien sûr. Nous y étudions au rythme de 3 heures de travaux pratiques journaliers : la ferme, le verger, la vigne, la culture, l’atelier…

 

Mon destin a bifurqué lorsque l’aumônier, l’abbé Blanchet, auteur de théâtre populaire et parent de Michel Albert, énarque Inspecteur des Finances qui eut son heure de gloire au temps de JJSS le fondateur de l’Express, m’a convaincu que je devais prendre le même chemin que ce fils de métayer du Haut-Bocage.

 

Et puis il y eut mai 68 et j’ai jeté aux orties l’énarchie. Me retrouver coincé dans un cadre, aussi prestigieux fut-il à l’époque, ne me convenait pas.

 

Alors, j’ai choisi de faire ma thèse de doctorat sur le grand chambardement qui pointait son groin dans le monde du cochon. La Bretagne allait tout, ou presque, rafler. Qui se souvient que les alentours de Paris étaient l’un des plus grands bassins de production du cochon avec les eaux grasses des restaurants ?

 

Je me souviens du petit sourire étonné d’Yves Prats, le doyen de la Faculté, éminent spécialiste du Droit Public, lorsque je lui ai exposé pour la première fois mon projet. En ce temps-là j’ignorais ce qu’était un Grand Cru Classé de Bordeaux et qu’Yves Prats était le frère de Bruno qui dirigeait la destinée du Cos d’Estournel et de Petit Village.

 

La suite est longue comme mon CV, j’ai bourlingué entre le public et le privé sans jamais avoir bénéficié de ce fameux statut de fonctionnaire dont certains à plaisir m’ont affublé pour bien sûr me discréditer.

 

Tout au long de ce parcours de 49 années, j’ai commencé à bosser à 18 ans, le seul fil directeur auquel je me suis tenu c’est la fidélité à Louis et Arsène Berthomeau, à ce qu’ils étaient, à ce qu’ils représentaient : ma colonne vertébrale. Je n’ai jamais oublié d’où je venais et ce que je leur devais. 

 

Mais là n’est pas le sujet de ma chronique de ce matin.

 

Par deux fois, il m’a été demandé de me pencher sur le devenir d’un secteur de notre agriculture. Ce fut d’abord le vin, puis en fin de parcours, puisque j’étais interdit de séjour dans le monde du vin, le lait.

 

Le rapport de 2001, le groupe stratégique Cap 2010 les défis du vin français, et tout au bout le grand lâchage d’Hervé Gaymard et le placard.

 

Et puis, tout à la fin, Bruno Le Maire, ou son cabinet, m’a confié une patate chaude dont personne ne voulait, la déprise laitière dans le Grand Sud-Ouest.

 

Ce fut un temps fort au ras du terrain et au plus près des éleveurs.

 

Et puis, à la fin de la fin, fort de cette expérience, j’ai demandé et obtenu de Stéphane Le Foll de pouvoir réfléchir à comment anticiper la fin des quotas laitiers.

 

Au risque d’être traité de courtisan ce nouveau Ministre de l’Agriculture me paraissait apte, non à tout bouleverser, mais à mettre sur la table des éleveurs les enjeux de cette ouverture au grand large. N’oublions pas que depuis les années 50, le lait a toujours connu un fort encadrement et des mécanismes de régulations que nous avons ensuite exportés dans le nouveau Marché Commun.

 

Et puis, j’ai de plus en plus compris que l’intérêt poli que l’on accordait à mes écrits se heurtait à un grand classique du 78 rue de Varenne : ne pas soulever les problèmes avant qu’ils ne vous pètent à la gueule. Tendance renforcée par une administration totalement enjuguée par son concubinage européen, frileuse et incapable de la moindre capacité à sortir d’une vision purement règlementaire de l’agriculture.

 

Pour autant je m’interdis de dire : « je vous l’avais bien dit » ce serait de ma part déplacé et surtout sans grand intérêt.

 

Le mal est fait et il ne date pas d’aujourd’hui. Les pouvoirs publics ne sont pas les seuls responsables de la situation, les citoyens-consommateurs portent eux aussi une large part de responsabilité et leur commisération à l’endroit des agriculteurs m’irrite.

 

Pour autant n’attendez pas de moi que j’instruise un procès mais permettez-moi d’exprimer ma tristesse face au grand mal être des agriculteurs et des éleveurs.

 

C’est un sentiment d’échec qui m’habite.

 

Pourrons-nous un jour dans ce pays accepter de nous saisir de la réalité, qu’elle nous plaise ou non, d’en tirer les leçons sans nous enfermer dans des analyses toute faites et des solutions clés en main ?

 

Je n’ai plus les mains dans le cambouis et je n’ai aucune vocation à donner des leçons à qui que ce soit mais, comme le disait Napoléon, « En politique, comme à la guerre, le moment perdu ne revient plus. »

 

Que d’occasions perdues !

 

* j'ai balancé utiliser l'imparfait que nous fissions...

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16 février 2016 2 16 /02 /février /2016 06:00
Les coopérateurs ont toujours préférés les belles cuves aux investissements immatériels… nos mastodontes écoulent leurs vins…

Dans Terre de Vins je lis, le mardi 2 février 2016, sous la plume d’Alexandre Abellan : L'union coopérative Terre de Vignerons, un mastodonte aquitain

 

« Pesant pour un cinquième de la production girondine de vins, l’union de production et de commercialisation Terre de Vignes est un poids-lourd de la coopération. Après avoir assis son outil de production, sur 6 millions d’euros d’investissements, c'est le développement commercial qui est en mire.

 

En 2012 naissait Terres de Vignerons, de la réunion de Prodiffu et de l’Union Saint-Vincent. Quatre ans plus tard, cette mutualisation de 13 caves coopératives de l’Entre-deux-Mers et de Duras impressionne par le simple alignement de ses chiffres. Ses 1 295 vignerons associés représentent 15 190 hectares de vigne, pour 840 000 hectolitres de vin produits annuellement sur 18 sites de vinification. »

 

40 millions de bouteilles et 1 million de BIB

 

CA consolidé de 90,7 millions d’euros en 2014

 

Terre de Vignerons 1ière place en Aquitaine et 3ième sur l’échelle nationale.

 

Depuis 2013, Terre de Vignerons a consacré 5,7 millions € à ses deux unités de production.

 

« Nous avons beaucoup travaillé pour avoir un outil industriel en qualité et quantité. L’idée est maintenant de travailler les performances commerciales. Notre objectif est de valoriser les vins et de ramener de la valeur ajoutée sur le territoire avec des produits marquetées. » Céline Wlostowicer, la présidente de Terre de Vignerons

 

« Le développement commercial passe par le grand export (Chine, Etats-Unis…), mais il y a aussi des opportunités sur les marchés français et européens. Les consommateurs y montent en expertise et en gamme » Benoît Berger directeur de Terres de Vigneron.

 

« Nous n’avons pas à rougir de la qualité de nos vins. En 2015, ils ont reçu 110 médailles. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de répondre aux attentes de grands distributeurs sur des volumes conséquents, avec l’assurance de fournir une qualité constante et typique de l’AOC. »

 

« L'export est d'ailleurs l'axe de développement au coeur du projet In Vivo Wine, préparant la relance de la marque Cordier en mobilisant des caves coopératives de Gironde. Aujourd'hui, ce nouvel acteur est perçu comme complémentaire de Terre de Vignerons. « Nous sommes attentifs à ce projet, nous verrons selon son développement s’il y a des opportunités » Céline Wlostowicer

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Tout cela et bel et beau surtout avec ce qui suit.

 

« Pourquoi des caves adhéreraient-elles à InVivo plutôt que de vendre simplement leurs vins à ses filiales que sont Cordier à Bordeaux ou les Vignobles du Soleil dans le Gard ? « Parce que nous sommes InVivo », a répondu Thierry Blandinières. Comme une évidence !

 

« Ces coopératives participeront au développement de la branche vin d’InVivo, a ajouté Bertrand Girard, directeur d’Invivo Wine, la branche vin du groupe. Elles auront une plus forte maîtrise de leur destin que si elles restent dans une relation de client à fournisseur. »

 

« Bertrand Girard a également répondu à une critique souvent formulée contre Vinadéis (ex-Val d’Orbieu-Uccoar), qu’il dirige et qui fait déjà partie d’Invivo Wine : cette union de coopératives basée à Narbonne est en effet marquée comme un spécialiste des vins à bas prix.

 

« Nous sommes leader et fer de lance de la montée en gamme du Languedoc-Roussillon, s’est défendu Bertrand Girard. Nous sommes le plus gros acheteur d’AOP du Languedoc. Nous commercialisons 45 domaines et châteaux en mise à la propriété, une activité avec laquelle nous réalisons 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cette année, nous avons obtenu 115 médailles pour l’ensemble de nos vins. Qui peut en dire autant ? »

 

« Je suis dans la coopération depuis une trentaine d'années, et pendant tout ce temps, j'ai entendu dire qu'il fallait structurer un navire tête de proue à l'international. Ce grand bateau, nous sommes en train de le créer »,souligne le président de Vinadeis Joël Castany.

 

« Le premier marché visé est le marché américain, sur lequel la France a perdu sa première place depuis longtemps », précise le DG de Vinadeis, Bertrand Girard.

 

« En politique, comme à la guerre, le moment perdu ne revient plus. » Napoléon

 

Je crois rêver mais bon j’ai l’impression de radoter : la montée en gamme ce n’est pas l’escalade du Tourmalet au temps de Gaul et Bahamontès c’est tout bêtement beaucoup d’argent. Celui que l’on investit massivement et longtemps dans une marque pour espérer la positionner au niveau où celle-ci dégagera enfin du profit qui la maintiendra à ce niveau.

 

Nos concurrents du Nouveau Monde incorporent beaucoup de marketing dans leurs bouteilles, les coopérateurs français sont-ils prêts à accepter ce type d’investissement long et massif ?

 

J’en doute car en dépit du poids de ces groupes, qui n’ont d'ailleurs rien de mastodontes, ils n’ont aucune prise sur le prix du vrac. Bien au contraire, par le passé et encore aujourd'hui, c'est par le faible niveau de leurs prix qu'elles se sont maintenues dans le marché.

 

Si j'ai conseil à donner au couple ambitieux d'IN VIVO Vinadeis c'est de demander conseil à un spécialiste de la montée en gamme, un vrai faiseur de marques : Pierre Pringuet l'ancien DG de Pernod-Ricard.

 

Qui vivra verra mais s’il est toujours intéressant de prendre des cours de marketing ICI Dossier. « Marketing et vin : un accord pas si évident ! » je pense que le couple Blandinières&Girard ferait bien de mettre des chiffres d’investissements immatériels sur leur projet de montée en gamme de leur offre plutôt que de rouler des mécaniques et de se barder de médailles comme les généraux de l’ex-Union Soviétique.

Les coopérateurs ont toujours préférés les belles cuves aux investissements immatériels… nos mastodontes écoulent leurs vins…
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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 06:00
"Fou d'amour", par Wolinski (p. 56).  (©Wolinski / Cherche-Midi)

"Fou d'amour", par Wolinski (p. 56). (©Wolinski / Cherche-Midi)

J’ai lu sur le blog du mec qui sait tout, avec un intérêt ironique, que dans vin nature il y avait vin.

Comme s’exclamait le commissaire Bourrel dans les 5 Dernières Minutes : « Bon Dieu ! Mais c'est… Bien sûr ! »

Allez définissons d’abord le vin !

 

Pour la qualification nature c’est une autre paire de manches qui s’apparentent à la définition du sexe des anges puisqu’il s’agit d’une transformation du raisin en vin…

 

En France la définition légale du vin remonte à la loi Griffe du 14 août 1889 : « produit exclusif de la fermentation du raisin frais ou du jus de raisin frais ».

 

Cette définition fut établie dans une période de fraude générale, où le vin manquait et où des boissons frelatées inondaient le marché.

 

La définition du vin à l’échelon de l’UE résulte d’une nouvelle codification élaborée lors du conseil du 17 mai 1999 :

 

Le vin est « le produit obtenu exclusivement par la fermentation alcoolique, totale, ou partielle, de raisins frais, foulés ou non, ou de moûts de raisins. »

 

Cette définition ne donne pas d’indications sur le titre alcoométrique, l’acidité, les pratiques œnologiques autorisées… Ces indications sont précisées au niveau des différentes catégories de vin.

 

Au plan mondial l’office international de la vigne et du vin (OIV) 4 ans après sa création en 1924, a adopté une résolution qui stipule « nul autre produit que celui qui provient de la fermentation alcoolique du jus de raisin frais ne puisse recevoir l’appellation de vin ». Ce texte fut complétée en 1929, par une recommandation aux états adhérents pour que ne puisse être vendu « sous le nom de vin la boisson provenant de raisins secs ou de la fermentation de fruits et de légumes ».

En 1973, l’OIV a adopté la définition suivante « le vin est exclusivement la boisson résultant de la fermentation alcoolique complète ou partielle du raisin frais foulé ou non ou du moût de raisin ». Il est précisé que son titre alcoométrique ne pourra être inférieur à 8,5 % en volume ».

 

La France ainsi que 45 États est membre de l’OIV.

 

EN 2001 les USA ont quitté l’OIV et ont créé le Word Wine Trade Group, groupe informel de gouvernements et de représentants des pays producteurs de vin de l'Argentine, l'Australie, le Canada, le Chili, la Géorgie, la Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud.

 

La définition du vin de l’OIV n’a aucun caractère obligatoire, chaque État ou groupe d’États peut en adopter une autre. Reste que dans les traités de libre-échange ce n’est pas un sujet de petite importance.

 

Cependant les divergences, tout particulièrement les pays producteurs du Nouveau Monde, portent sur les pratiques œnologiques.

 

En cela nous rejoignons le débat sur une définition légale du vin nature car celui-ci revendique la naturalité de sa vinification.

 

Qui a demandé à l’INAO de se pencher sur ce sujet ?

 

Très clairement les représentants de l’agriculture biologique qui, selon un bon connaisseur du dossier, se sentent doublés « à gauche » par la notoriété naissante et de plus en plus constante des vins nature.

 

Je ne vais pas vous retracer la longue de marche du bio mais rappeler que pendant fort longtemps le logo AB certifiait que les raisins ayant servis à élaborer le vin étaient issus de l’agriculture biologique avec certification à l’appui.

 

Ce n'est qu'en 2012 que le vin biologique a été défini par la Commission Européenne par le règlement R(UE) 203/2012 adopté par le Conseil des Ministres qui est entré en application à compter du 1er août 2012. Il fait l’objet d’un logo européen.

 

Comme vous vous en doutez ce vin bio à la sauce européenne n’a guère été prisé des purs et durs du bio des origines.

Le vin bio sent le soufre 

 

Alors me direz-vous pourquoi diable les représentants officiels de la viticulture biologique souhaitent-ils faire définir le vin nature ?

 

Je ne suis pas bien évidemment dans le secret de leurs intentions mais il me semble qu’ils digèrent mal que beaucoup de vignerons pratiquant le naturisme ne sont pas certifiés bio. Les faire rentrer dans le rang de celle-ci apparaît comme leur objectif prioritaire.

 

Fort bien mais dans cette affaire sont oubliés les biodynamistes certifiés Demeter ou Nature&Progrès.

 

Et bien sûr de la certification US 100% OrganicOrganicMade with Organic Ingredients et Some Organic Ingredients

 

Les seuls vignerons nature sollicités par l’INAO pour débattre sont ceux de l’AVN association pionnière des vins nature comme son acronyme l’indique.

 

Que veut l’AVN ?

 

Faire le ménage Vincent Riffault de l’AVN est clair : « dans le film de Nossiter, quand on regarde les viticulteurs qui se disent produire des vins nature, on s’aperçoit qu’ils sont plus intéressés par l’opportunité de business que par la philosophie des vins nature ».

 

« Pour les émissaires de l’AVN, l’objectif est de permettre aux vignerons concernés et qui le souhaitent d’inscrire « vin naturel » sur leurs étiquettes.

 

Mais aussi d’interdire aux vignerons qui ne respectent pas la définition de promouvoir leur « faux » vin naturel. On sait en effet que l’industrie agro-alimentaire s’intéresse de plus en plus au phénomène, notamment en surfant sur la confusion entre « sans soufre » et « naturel ».

 

Il s’agit donc de protéger les vignerons… mais aussi les consommateurs. »

 

Lilian Bauchet est plus direct :

 

« Tempête dans un verre de vin ! On veut juste pouvoir écrire sur les bouteilles "issu d'une vinification naturelle" quand le vin est produit à partir de raisins bios et réalisé sans intrant ni technique agressive.

 

On comprend que cela gêne certains, qui s'autorisent un pesticide quand la pression mildiou est trop importante, une flash pasteurisation pour les brett, un coup de lisosyme pour la volatile, qui achètent du raisin non bio via leur négoce qu'ils commercialisent en vin de France non pas parce qu'ils ne veulent pas s'emmerder avec les AOC mais parce que la limite de rendement est plus haute, ce qui permet à leurs sous-traitants d'optimiser leur rendement hectare, à grand renfort de phytos, comme me l'a expliqué récemment une icône du vin naturel, à mes oreilles ébahies.

 

Et cette histoire de récupération par les gros faiseurs, qu'est-ce que cela peut faire ? Il est de bon ton de critiquer Gérard Bertrand, sauf qu'une grande partie de son vignoble est en bio, tout le monde ne peut pas en dire autant, j'ai autour de chez moi des tas de petits "vignerons artisans" qui ont scrupuleusement suivi leur calendrier de traitement phytos cette année quand bien même il n'était pas tombé une goutte de pluie depuis des mois.

 

Et en quoi cette mention sur nos bouteilles va-t-elle faire de nous des petits soldats de l'Inao ? Le consommateur a le droit de savoir ce qu'il boit, nos prescripteurs ont le droit de savoir ce qu'ils vendent. Après libre à eux de porter intérêt ou non à cette mention. Je lis « seul le goût compte », mais la perception individuelle de ce goût est fortement influencée par notre adhésion à son mode de production. Il est donc essentiel d'apporter toute la clarté nécessaire là-dessus. »

 

En résumé, les représentants de la viticulture biologique veulent encadrer les vins nature mais il n’est pas sûr qu’ils aient la même approche que les représentants de l’AVN même si une part de leur approche est commune.

 

Pour ma part j’ai et je reste partisan des fondamentaux de ce qui a distingué pendant longtemps le vin d’origine des autres produits alimentaires avec « j’écris ce que je fais et je fais ce que je dis… »

 

Alors tous à vos plumes les avec comme les sans béquilles… dites-nous comment et avec quoi vous faites vos vins et nous ferons notre choix… Nul besoin de l’écrire en lettres microscopiques sur une étiquette longue comme un jour sans pain. Il existe via les petits joujoux, dit applications, la faculté de le faire et de permettre ainsi au consommateur de se renseigner s’il le souhaite.

 

L’empilement des réglementations, des logos, n’empêche en rien les fraudeurs de frauder, les opportunistes de surfer sur les tendances, recréer le lien de confiance entre le producteur, ici le vigneron, et le consommateur passe par des chemins de traverse et non par les autoroutes balisées par l’Administration.

 

C’est simple comme un verre de vin…

 

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14 février 2016 7 14 /02 /février /2016 08:00
CHAP.15 opération Chartrons « Ô médiocratie fétide… vomissements économiques, produit scrofuleux d’une nation épuisée, je vous exècre de toute les puissances de mon âme ! »

Tout arrive à qui sait attendre, nous avons déjeuné ensemble. Je revis. J’attends. Ai-je le temps ? J’ai du temps. À plaisir je le gaspille, sans elle. Rien ne me détournera de ma trajectoire et elle le sait. Son silence, ses silences loin de me plomber renforce ma détermination tranquille. Je l’aime. Elle le sait.

 

Impitoyable, le monde politique recèle une part de cruauté, de violence, d’humiliation, portée à sa quintessence pour ceux qui se retrouvent, par le fait du Prince, propulsé sous les ors de la République. Passer de l’ombre à la lumière, s’enivrer du pouvoir ou de son illusion, alors que simple CDD, sans contrat, le matin tu es courtisé et le soir rejeté dans les ténèbres extérieurs.

 

Fleur Pellerin, ministre de la Culture, vient d’être congédiée, prévenue de son infortune de façon lapidaire quelques minutes avant l’annonce officielle, elle a quand même eu droit, paraît-il à un coup de téléphone du président de la République après. Pour lui dire élégamment que le gouvernement avait besoin de quelqu’un « de politique ».

 

Qui ne s’est pas moquée de Fleur Pellerin suite à son aveu de ne pas avoir lu Patrick Modiano prix Nobel de littérature ? Ne pataugeant pas dans le marigot culturel je n’ai jamais eu d’opinion arrêtée sur elle ni sur son action. En revanche, ce que les Princes qui nous gouvernent viennent de lui faire subir me la rende soudain sympathique. Sentiment renforcé par son histoire personnelle assez extraordinaire.

 

À l’occasion de son discours de départ de la rue de Valois Fleur Pellerin vient de remettre les goujats à leur place avec une élégance, une sincérité et une fidélité qu’il saluer bien bas. Chapeau madame !

 

« Il y a peu de pays au monde où une enfant trouvée dans les rues d’un bidonville, d’un pays en développement, et adoptée par une famille modeste, dont la généalogie est faite d’ouvriers, de domestiques, puisse un jour se retrouver ministre de la Culture. J’ai une gratitude immense, indicible pour Manuel Valls d’avoir proposé mon nom au président de la République en août 2014. Je tiens à lui dire ma reconnaissance et ma fidélité ».

 

Vous avez incarné avec honnêteté ce bail précaire, soumis aux caprices du prince 

 

« Ô médiocratie fétide, poésie utilitaire, littérature de pions, bavardages esthétiques, vomissements économiques, produit scrofuleux d’une nation épuisée, je vous exècre de toute les puissances de mon âme ! Vous n’êtes pas la gangrène, vous êtes l’atrophie ! Vous n’êtes pas le phlegmon rouge et chaud des époques fiévreuses mais l’abcès froid aux bords pâles, qui descend, comme d’une source, de quelque carie profonde. »

 

Carnets du poète Louis Bouilhet cités par son ami Gustave Flaubert.

 

« Médiocrité » est en français le substantif désignant ce qui est moyen, tout comme « supériorité » et « infériorité » font état de ce qui est supérieur et inférieur. Il n’y a pas de « moyenneté ». Mais la médiocrité désigne le stade moyen en acte plus que la moyenne. Et la médiocratie est conséquemment ce stade moye hissé au rang d’autorité. Elle fonde un ordre dans lequel la moyenne n’est plus une élaboration abstraite permettant de concevoir synthétiquement un état de choses, mais une norme impérieuse qu’il s’agit d’incarner. Se dire libre dans un tel régime ne sera qu’une façon d’en manifester l’efficace. »

 

Et si Hollande ne se représentait pas ?

 

C’est Bouguereau, vieux briscard de la gauche soixante-huitarde, qui se pose la question.

 

« Que cherche donc François Hollande avec ce remaniement bricolé ? Où veut-il en venir ? L’homme est trop subtil, trop avisé, trop expérimenté politiquement pour qu’il puisse se leurrer sur sa situation personnelle, sur les chances de remonter la pente d’une impopularité qui ne se dément pas ? »

 

« … Il allait, disait-on, renverser la table. On n’a rien vu de tout ça. De mémoire de politologue on n’a jamais vu une telle volée de bois vert. Des journaux, aux députés de droite et de gauche, des associations féministes aux réseaux sociaux, le sentiment dominant, c’est la consternation. Il connaît les sondages. Il sait les interpréter. Comment peut-il penser rebondir alors que 75 % des Français ne souhaitent pas qu’il se représente et que dans les sondages, il retrouve ses plus mauvais scores, pires que ceux de Nicolas Sarkozy dont il connaît le niveau de détestation puisqu’il lui doit son élection ? Au point qu’on se demande si la condition qu’il a posée pour se représenter - l’inversion de la courbe du chômage - ne sera pas un prétexte tout trouvé pour jeter l’éponge in extremis. »

 

Comment Hollande peut-il sortir de la ratière ? le 8 février, 2016 par François Bazin

 

« François Hollande est dans la nasse. Fait comme un rat ? On ne va pas tarder à le savoir. Le Président de la République est à la veille de subir le plus rude revers de son quinquennat. Celui qui, à ce titre, risque de peser lourdement sur la fin de son mandat et les conditions de son éventuelle réélection. Jusqu’à présent, il avait franchi, vaille que vaille, toutes les haies qui se présentaient devant lui à force de ruse, d’habileté ou de persévérance. Depuis qu’il est à l’Élysée, François Hollande a parfois plié mais jamais il n’a encore reculé sur un texte engageant sa responsabilité personnelle. Or, c’est précisément ce qui lui pend désormais au nez avec la réforme constitutionnelle engagée au lendemain des attentats de novembre dernier.

 

Pour prendre la juste mesure de ce qui est en train de se passer, il suffit de rappeler que, sous la Cinquième République, une seule réforme de ce type a échoué après avoir été élaborée, vantée puis programmée par un Président en fonction. C’était en 1969 et la conséquence de cet échec fut le départ du général de Gaulle. On n’en est pas là. François Hollande, pour l’instant, a choisi la voie parlementaire pour arriver à ses fins. Si la révision doit échouer, ça sera donc le fait des députés et sénateurs et non celui des Français consultés par référendum. Mais, au bout du compte, comment imaginer que le Président puisse ne pas être atteint de plein fouet par un revers qui, s’il devait se confirmer, serait pour lui une forme de déchéance ?

 

À un an de la présidentielle, François Hollande joue donc très gros.

 

La suite ICI 

 

Pourquoi le « phénomène » Juppé inquiète Sarkozy et Hollande ?

 

« Comme si de rien n'était... Comme si, de livre en plateaux de télévision, Nicolas Sarkozy ne continuait de battre sa coulpe devant des Français chaque jour plus indifférents... Comme si François Fillon, avec intelligence et vaillance, ne se bâtissait pas une stature d'homme d'État en prenant la peine de s'opposer (pour de vrai) à François Hollande et au gouvernement... Tout cela, apparemment, ne sert à rien puisque Alain Juppé, impavide, continue de tout écraser sur son passage.

 

Non pas l'apparition - cela date en effet de quelques mois déjà - mais l'amplification d'un "phénomène" Juppé qui ne manque pas de désespérer ses rivaux à droite et d'inquiéter, sérieusement d'ailleurs, l'entourage du président de la République. »

 

La suite ICI 

 

Sarkozy-Juppé, un duel de styles

 

« Suivre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé revient à faire des allers-retours permanents entre deux planètes aux atmosphères bien différentes. Les deux principaux rivaux de la primaire à droite pour la présidentielle ne se ressemblent pas et leurs disparités colorent l’ambiance de leurs rencontres avec les Français.

 

Fort du succès de son livre, l’un se précipite vers ses fans et se réchauffe dans la ferveur d’une base de passionnés. Préparant méthodiquement son projet, l’autre prend consciencieusement des notes lors de ses déplacements, et accepte poliment les demandes de selfies. L’un séduit son public avec des petites blagues sur le président « Moi je », des envolées sur « les reculs de la République » et des revirements, comme sur le mariage pour tous. L’autre teste son futur programme, où il est question d’« apaisement », de « confiance » ou de « laïcité intransigeante mais intelligente » devant des salles très placides. D’un côté, une rock star capable de se dévoiler sur ses errements passés et jamais avare d’une confidence sur « Carla ». De l’autre, un professeur toujours prêt à disserter sur l’Union européenne devant les étudiants de Sciences Po, HEC ou Normale Sup. »

 

La suite ICI 

 

  • Il y a quelques années vous disiez François Hollande moins inspirant que Nicolas Sarkozy. Vous semblez avoir changé d’avis.

 

Patrick Rambaud : Il fallait voir Hollande à l’œuvre. Je l’ai donc laissé tranquille au début. Mais il n’a ni souffle, ni élan. Il ne sait pas parler aux gens, il ne parle que de chiffres et de courbes. Il vit en parallèle dans un monde imaginaire qui n’est pas le nôtre.

 

  • En quoi François Hollande est-il un personnage romanesque ?

 

P.R. : Son goût du pouvoir, qu’il tente de cacher, le rend romanesque. Il est persuadé qu’une étoile le protège. Tout cela cache une fêlure. Un type qui va bien ne cherche pas le pouvoir à tout prix. Il faut supporter trop d’épreuves et être un peu fou. Mais c’est une maladie contagieuse !

 

  • Beaucoup de ses amis le disent insaisissable. Pour vous, qui êtes habitué à croquer les politiques, quel est son vrai visage ?

 

P.R. : Il est assez dur en dépit de son côté rond et de sa bonhommie apparente. C’était aussi le cas de Raymond Barre ou de Charles Pasqua. Mais les petits nerveux ne sont pas mauvais non plus ! Nicolas Sarkozy est animé d’un esprit de revanche effrayant. On a l’impression que ces hommes politiques jouent aux échecs et se fichent du reste.

 

  • Votre envie de pasticher les poli­tiques est née après l’élection de Nicolas Sarkozy, sont-ce les images du Fouquet’s qui ont été le déclencheur ?

 

P.R. : Je ne vote pas. Mais le soir de son élection, lorsque son visage est apparu sur mon écran, je n’ai pas pu le supporter. Je suis sorti marcher deux heures, en me disant que ce n’était pas possible de passer 5 ans avec lui. J’ai eu envie de reprendre le principe de La Cour d’André Ribaud. Cela a donné mes premières chroniques du règne de Nicolas 1er. J’ai laissé sa chance à François Hollande mais l’énervement est vite monté et je me suis dis : « réintervenons » !

 

  • Vous citez François le Grand (Mitterrand) : « mes successeurs seront de petits comptables ». Partagez-vous son diagnostic ?

 

P.R. : Oui, d’ailleurs, il n’y a jamais eu autant d’énarques à l’Elysée que sous la présidence Hollande. Ces gens-là n’ont rien vécu. Ils passent directement de l’école aux cabinets ministériels.

 

  • Vous semblez plus indulgent avec Emmanuel Macron : « une étrange étoile dans la nuit d’un gouvernement inculte », écrivez-vous. Pourquoi trouve-t-il grâce à vos yeux ?

 

P.R. : Il est plus cultivé que les autres, lit des livres et est capable d’en parler. Manuel Valls aussi a une certaine culture. Il a grandi auprès d’un père peintre… Les ministres ne parlent aujourd’hui plus que de chiffres. Léon Blum, lui, travaillait le matin et lisait ou écrivait l’après-midi. Nous avons changé d’époque.

 

  • Les phénomènes de cour sont-ils aussi prégnants que sous la précédente présidence ?

 

P.R. : C’est la même chose sous tous les règnes, mais aujourd’­hui, les person­nages politiques ont un peu moins de volume. A moins qu’on ne magnifie ceux que l’on a oubliés !

 

NKM, la femme qui gare des chars d'assaut dans le désert

CHAP.15 opération Chartrons « Ô médiocratie fétide… vomissements économiques, produit scrofuleux d’une nation épuisée, je vous exècre de toute les puissances de mon âme ! »
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14 février 2016 7 14 /02 /février /2016 06:00
Lorsque Cécile Duflot convoque l’Histoire au nom des valeurs de la République elle donne la preuve de son ignorance crasse… Vichy son eau, ses pastilles, son régime… Juger Pétain.

En notre vieux pays qui a beaucoup de mal à cautériser les plaies de son Histoire, dès que l’on veut disqualifier un contradicteur, un adversaire politique, on sort le régime de Vichy. Le père François et sa francisque en sait quelque chose.

 

Madame Duflot, adoubée par Martine Aubry alors 1ier Secrétaire du parti du Père François pour se faire élire dans un fauteuil dans XXe, n’a pas fait exception à propos du débat sur la déchéance de nationalité.

 

« Le dernier régime à avoir massivement utilisé [la déchéance de nationalité] fut le régime de Vichy »

 

Réplique gaullienne de Valls :

 

« Vichy, ce n'est pas la République. C'est une part de la France, et je rappelle mes mots, mais ce n'est pas la République. Ce n'est pas la République ! »

 

Réponse de Duflot :

 

« Quand on parle des valeurs, il faut pouvoir convoquer l'Histoire ».

 

Fort bien chère madame mais que savez-vous du régime de Vichy ?

 

En première analyse des bribes, les lieux communs habituels, de l’ignorance ordinaire qui permet d’interpréter l’Histoire au bénéfice d’un malheureux fonds de commerce qui part en quenouille.

 

En écrivant ce que j’écris je ne prends pas position sur le fond du débat sur la déchéance de nationalité que je considère hors de propos, surmédiatisé, mais sur l’utilisation abusive de la référence au régime de Vichy pour justifier des positions, par ailleurs pertinentes et justifiées dans un débat démocratique.

 

Madame Duflot je suppose que vous avez lu, comme moi, L’histoire de Vichy de Robert Aron (1954), La France de Vichy de Robert Paxton, Pétain de Marc Ferro, Vichy 1940-44 de Jean-Pierre Azéma et O.Wieviorka … etc.

 

Si vous ne l’avez fait je vous recommande une bande dessinée, à priori à votre portée, JUGER PÉTAIN, ça vous fera le plus grand bien…

 

Scénario : Saada Philippe et Vassant Sébastien

Dessin : Vassant Sébastien

 

Basé sur le documentaire du même nom signé Philippe Saada, Juger Pétain, est un album très documenté et structuré, et c’est avant tout le travail d'un historien qui raconte minutieusement le procès le plus retentissant du XXe siècle. L'accusé, un vieillard de quatre-vingt-neuf ans au moment des faits, doit rendre des comptes. Ce 23 juillet 1945, avant même que les américains ne bombardent Hiroshima, c'est plus qu'un homme qu'on juge, c'est un pays ! « Sébastien Vassant décortique ces trois semaines d'audience avec la justesse d'un chirurgien. Précisions biographiques, mises en contexte historique, chaque intervenant et chaque témoignage sont clairement décrits. Résultat, l'immersion est totale et, plus de soixante ans après, le lecteur a l'impression d'être dans la salle […] »

 

Philippe Saada et Sébastien Vassant ont construit scénario et dialogue en évitant la facilité. « Ils ne se contentent pas de relater les différents éléments apportés par les témoins, mais apportent un éclairage sur ceux qui étaient présents. Les grands journalistes comme Joseph Kessel, l'écrivain Albert Camus, sont mis en scène à travers leurs prises de position dans des éditoriaux. Et quelques passages en présence de Winston Churchill, ou dans un journal imaginaire de Pétain, donnent une distanciation délibérée à leur travail. »

 

« Les dessins de Sébastien Vassant ne donnent pas une vraie idée du talent de cet illustrateur, la mise en images d'orateurs à la barre laissant peu de place à l'épanouissement graphique. Il suffira de regarder les très belles vues de Paris qui ouvrent l'album pour s'en convaincre. Mais le reportage fonctionne, instructif et suffisamment personnel pour donner probablement lieu à des avis divergents ou des polémiques. Indispensables ou en tout cas inévitables lorsqu'on couvre les grandes heures de l'Histoire. »

Lorsque Cécile Duflot convoque l’Histoire au nom des valeurs de la République elle donne la preuve de son ignorance crasse… Vichy son eau, ses pastilles, son régime… Juger Pétain.
Lorsque Cécile Duflot convoque l’Histoire au nom des valeurs de la République elle donne la preuve de son ignorance crasse… Vichy son eau, ses pastilles, son régime… Juger Pétain.
Lorsque Cécile Duflot convoque l’Histoire au nom des valeurs de la République elle donne la preuve de son ignorance crasse… Vichy son eau, ses pastilles, son régime… Juger Pétain.
Lorsque Cécile Duflot convoque l’Histoire au nom des valeurs de la République elle donne la preuve de son ignorance crasse… Vichy son eau, ses pastilles, son régime… Juger Pétain.

 

Vichy, la ruée vers l’eau

 

« Au milieu du XIXe siècle, la bataille de l’eau fait rage tout autour de Vichy. La bouteille aiguise les appétits dont celui de l’intrépide Nicolas Larbaud, le père de l’écrivain, à l’origine des eaux de Saint-Yorre.

 

Sept sources (dont la fameuse Célestins) sont déclarées d’intérêt public. Dans la périphérie, le terrain libre ouvre les bras aux entreprenants. Saint-Yorre, à 7 km au sud-est, abrite le filon le plus précieux, par la qualité de son débit. Un homme, en particulier, va s’en emparer. Nicolas Larbaud, avant de devenir père, de Valery, l’auteur de Barnabooth, donnera naissance aux eaux de Saint-Yorre. Il les porte sur les fonts baptismaux en 1858 à coups de forages… et de procès avec la Compagnie fermière.

 

Quelques mois plus tard, sa cargaison est confisquée par le préfet. Car il exploite trois sources sans le feu vert des autorités. Les cinq mille bouteilles commercialisées cette année-là pèsent une goutte d’eau comparées au million écoulé par « l’ennemi » vichyssois. Mais l’Etat veille au grain et surveille la concurrence comme le lait sur le feu.

 

Il faudra à l’audacieux Larbaud attendre 1863 pour vendre légalement. Les chiffres explosent, atteignant 135.000 bouteilles en 1869. « Nicolas Larbaud commercialise son eau minérale essentiellement pour un usage thérapeutique, note la bibliothécaire Isabelle Minard, dans sa recherche sur la figure du père de Valery (2). Elles sont prescrites par des médecins pour la consommation à domicile, dans le traitement des maladies des voies digestives, engorgement du foie et de la rate, calculs biliaires, affections des reins, diabète, goutte. »

 

La Chateldon, un goût de luxe

 

« Vice-président. En 1932, Pierre Laval, natif de Chateldon, avocat célèbre et déjà plusieurs fois ministre, sauve la source en la rachetant, ainsi que le château, la scierie et autres bâtiments du village. L'eau doit donc sa survie et son positionnement haut de gamme au vice-président du gouvernement formé par le maréchal Pétain. En effet, Laval, entrepreneur avisé, use de tous les registres promotionnels : non content d'obtenir de l'Académie de médecine le titre d'eau minérale gazeuse et de faire construire l'usine d'embouteillage, il fait figurer «le cru» en exclusivité au Fouquet's, chez Maxim's, au cercle de l'Automobile Club, sur les tables des ambassades et du paquebot Normandie, au banquet de l'Exposition universelle de New York. Mais si l'avocat n'a aucun mal à se recommander de Louis XIV, les divers groupes qui rachètent, par la suite, la Châteldon ont plus de scrupules à faire cas de Laval. »

 

La pastille Vichy: histoire d’un médicament devenu bonbon.

 

« Depuis 1825, la pastille Vichy est bien connue des français. Inventée par un chimiste français, Jean-Pierre-Joseph D’Arcet, cette pastille fut d’abord un médicament, car elle concentrait tous les bienfaits de l’eau thermale de Vichy, située au coeur de l’Auvergne. C’est en 1855 que la première pastillerie de Vichy (l’usine de fabrication) est ouverte, et en 1856 qu’elle prend sa forme octogonale si reconnaissable. »

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 06:00
Badinguet, alias Napoléon III fit 75 fautes à la dictée concoctée par Prosper Mérimée… et nos ardents défenseurs de l’orthographe pure et dure en feraient combien ?

Notre vieux pays fourbu, ronchon, vient de vivre l’un de ces emballements médiatiques dont il raffole à propos d’une réforme, qui n’en était pas une, avec le summum de l’outrance badine d’un Jean d’Ormesson « Quand il y a des gens qui n’ont pas de travail, quand le niveau de vie a baissé comme il a baissé et que les agriculteurs se suicident, je refuse de parler d’accent circonflexe » c’est le Cercle d’Or un Club Belge d’orthographe qui m’a mis la puce à l’oreille. Grevisse, Charlier, la fine fleur de l’écrit de notre belle langue…

 

 

 

« Il arrive parfois qu'entre gens de bonne société la conversation tombe sur une question d'ordre orthographique.

 

Si quelqu'un évoque alors la dictée de Mérimée, dictée dont on a généralement entendu parler, mais que l'on n'a pas toujours vue, chacun craint que cette épreuve ne lui soit proposée.

 

Songez donc! Lorsque Mérimée, voulant donner ce divertissement à la cour de Compiègne, lui soumit la dictée qu'il avait composée, l'impératrice Eugénie, qui, ne l'oublions pas, était née Espagnole, fit soixante-deux fautes.

 

Il est probable que les fautes d'accents, de traits d'union, de trémas, etc., furent sévèrement relevés par Mérimée, pour que Napoléon III ait, de son côté, fait quarante-cinq fautes (ndlr 75 fautes), tandis qu'Alexandre Dumas et Octave Feuillet, tous les deux académiciens, en commettaient, le premier dix-neuf, le second vingt-quatre ; à moins qu'empereur et courtisans en aient commis sciemment par un souci de galanterie, assurés d'avance que l'impératrice en ferait beaucoup.

 

Quant à la princesse de Metternich, elle était responsable de quarante-deux fautes.

 

Mais le grand vainqueur de ce petit tournoi fut le prince de Metternich, l'ambassadeur d'Autriche, avec trois fautes seulement.

 

Et pourtant, cette fameuse dictée n'apparaît pas tellement hérissée de difficultés. »

 

« Si Mérimée éprouve une véritable tendresse pour Eugénie, il montre davantage de réserve face à l'Empereur. Il l'a écrit maintes fois à ses amis : "je suis trop bien avec elle pour être bien avec lui". Cependant, il apprécie peu à peu certaines qualités de Napoléon III : "il a un talent singulier pour gagner la confiance et mettre les gens à leur aise... Il est extrêmement poli et bienveillant mais réservé. Il sait faire parler." Selon Prévost-Paradol, peu soucieux de sympathie à l'égard de l'Empereur, "c'est un parfait gentleman" et pour Mérimée ce point est d'importance. »

 

Les ébraiements des politiques, les coquetteries de Jean d’Ormesson, même Bernard Pivot s’y est mis, sur le dernier avatar d’une soi-disant atteinte féroce à notre belle orthographe m'a incité à proposer cette dictée pour contrôle des connaissances de celles et ceux qui en ont fait des tonnes.

 

1-Voici le texte de « la fameuse dictée » publiée par Léo Claretie en 1900.

 

Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l'amphitryon, fut un vrai guêpier.

 

Quelles que soient et quelque exiguës qu'aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu'étaient censés avoir données la douairière et le marguillier, il était infâme d'en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis et de leur infliger une raclée alors qu'ils ne songeaient qu'à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.

 

Quoi qu'il en soit, c'est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s'est laissé entraîner à prendre un râteau et qu'elle s'est crue obligée de frapper l'exigeant marguillier sur son omoplate vieillie. Deux alvéoles furent brisés, une dysenterie se déclara, suivie d'une phtisie.

 

  • Par saint Martin, quelle hémorragie, s'écria ce bélître ! À cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l'église tout entière.

 

2-La dictée de Mérimée avec ses difficultés expliquées par le menu*, règles d'orthographe et de grammaire et digressions sur la langue 

 

 

3-La dictée du bicentenaire de Mérimée

 

En septembre 2003, en hommage à Mérimée, Bernard Pivot a créé la dictée de Compiègne du bicentenaire de Mérimée, texte qui est publié dans l'ouvrage de Françoise Maison, La Dictée de Mérimée, Château de Compiègne, Séguier, 2003, 64p.

 

NAPOLÉON III : MA DICTÉE D'OUTRE-TOMBE

 

Moi, Napoléon III, empereur des Français, je le déclare solennellement aux ayants droit de ma postérité et aux non-voyants de ma légende : mes soixante-quinze fautes à la dictée de Mérimée, c'est du pipeau ! De la désinformation circonstancielle ! De l'esbroufe républicaine ! Une coquecigrue de hugoliens logorrhéiques !

 

Quels que soient et quelque bizarroïdes qu'aient pu paraître la dictée, ses tournures ambiguës, Sainte-Adresse, la douairière, les arrhes versées et le cuisseau de veau, j'étais maître du sujet comme de mes trente-sept millions d'autres. Pourvus d'antisèches par notre très cher Prosper, Eugénie et moi nous nous sommes plu à glisser çà et là quelques fautes. Trop sans doute. Plus que le cynique prince de Metternich, à qui ce fieffé coquin de Mérimée avait probablement passé copie du manuscrit.

 

En échange de quoi ?

 

D'un cuissot de chevreuil du Tyrol ?

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12 février 2016 5 12 /02 /février /2016 06:00
Tentative de hold-up de l'INAO sur le vin nature « Une chose est sûre, le mot (nature) est extrêmement valorisant. Il a un fort impact sur les consommateurs. »

Suite au comité national des vins d’AOC du 10 février, Éric Rosaz l’homme-orchestre des vins à l’INAO, qui connaît bien le terrain puisqu’il a tenu pendant des années les rennes des VIF puis a fait un passage à FranceAgrimer, a déclaré :

 

« Il y a une forte demande de la part des professionnels pour engager une réflexion pour encadrer l’utilisation du mot nature »

 

Bon prince l’Inao a donc engagé la discussion sur le sujet en invitant à la table l’Association des vins naturels (AVN), pour son expertise en la matière.

 

« Pour l’instant, la discussion reste générale. La demande émane surtout des viticulteurs bio qui craignent une utilisation galvaudée du mot. »

 

Alors faut-il ou non donner un cadre strict à cette mention « nature » ?

 

« Une chose est sûre, le mot est extrêmement valorisant. Il a un fort impact sur les consommateurs

 

Nous y voilà, les va-nu-pieds, les réprouvés, les moqués, les qui font des vins pour bobo-parigot, les exclus de l’agrément, toute cette engeance qui n’a pas accès aux hautes instances, inquiète : pensez-donc ils séduisent les consommateurs.

 

Tout est dit ou presque : l’objectif est de mettre tout ce petit monde dans les clous, jugulaire-jugulaire, réglementons et tout ira bien dans le meilleur des monde. Bien sûr tout ça pour mieux protéger les consommateurs.

 

Il suffit de constater la jouissance d’un des plus farouches contempteurs de ces vins d’évier, par ailleurs grand chasseur de fonctionnaires, pour mieux saisir la grossièreté du piège.

 

Thierry Puzelat vigneron le dit clairement :

 

« Regardons ce qu'est devenu le cahier des charges vinif bio, malgré les bonnes volontés pour qu'il ressemble à quelque chose. Il suffit d'invoquer des règles pour que les plus mercantiles s'y engouffrent. Comme la plupart des associations de ce type, l'AVN ne pense qu'à communiquer sur ses pratiques, plutôt que de soutenir ses adhérents en les aidant à être toujours plus exigeants. C'est oublier qu'à la fin, les consommateurs sont seuls juges. Un vin sans âme avec le logo AVN sera-t-il plus crédible, qu'avec le logo AB, Demeter, lutte raisonnée ou Sains ??? Tous revendiquent des pratiques vertueuses. Partisans de la méthode mais pas toujours du résultat. »

 

Que l’on débatte, j’en suis un farouche partisan, mais en posant sur la table un dossier non biaisé, comme nous l’avions fait lors de la réflexion stratégique Cap 2010, avec toutes les parties prenantes et non les caciques habituels et une association en mal de reconnaissance officielle.

 

En son temps je me suis expliqué ICI

 

« Revendiquer une définition officielle du vin nature équivaut à demander d'autoriser les mobylettes à circuler sur les autoroutes… »

 

Éric Rosaz qui connaît bien son petit monde n’est pas tout à fait dupe de la démarche engagée : « Le problème est cela ne veut pas forcément dire la même chose pour le consommateur et pour le viticulteur ». Il relève également l’inquiétude de la filière : « On peut se demander s’il n’est pas dangereux de segmenter encore plus les vins bios en ajoutant une mention supplémentaire. Quelle sera perception des consommateurs à ce sujet ? »

 

Georges Clemenceau ou La Fontaine ?

 

« Quand on veut enterrer une décision, on crée une commission. »

 

« Maître Corbeau, sur un arbre perché,

 

Tenait en son bec un fromage.

 

Maître Renard, par l'odeur alléché,

 

Lui tint à peu près ce langage :

 

Et bonjour, Monsieur du Corbeau,

 

Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !

 

Sans mentir, si votre ramage

 

Se rapporte à votre plumage,

 

Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »

 

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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 06:00
Face au vin de France à la mode de Nicolas les cavistes « alterno-bobo-parigot »* se fâchent « Lâchez-nous les grumes ! »

Je pédalais pénard sous un petit cagnard d’hiver lorsque mon regard chopait à la volée une pub pour le pinard placardé sur les arrêts de car.

 

Arrêt illico : photo !

 

 

Qu’en faire ?

 

Le pied de cuve d’une chronique mais qu’en dire ?

 

Fallait-il que je le dégustasse ou que nous le dégustassions ?

 

Notez la haute maîtrise de la conjugaison.

 

Exercice à haut risque car la seule vue de l’étiquette : Sélection Nicolas risquait de fausser le résultat.

 

À l’aveugle alors ?

 

J’hésitais lorsque sur l’écran neigeux de mes nuits blanches apparut à nouveau le message :

 

3 vins, 3 couleurs, 3€ la bouteilleLes Grumes

 

J’ouvrais.

 

 

Du marketing pur sucre, sans génie particulier mais sans doute efficace auprès de la clientèle traditionnelle de la vieille maison.

 

Donc pas grand-chose à se mettre sous la dent sauf qu’à nouveau sur l’écran neigeux de mes nuits blanches apparu sur les réseaux sociaux le lamento des cavistes «alterno-bobo-parigot »

 

Afin de ne pas me faire remonter les bretelles je signale que l’appellation « alterno-bobo-parigot » souvent accolée à Mélanchoniens est une marque déposée par le Phoenix d’au-delà des Pyrénées.

 

Philippe Cuq a partagé la photo de Damien Demichel. (de source sûre dans les milieux bien informés, Philippe Cuq du Lieu du Vin est le Président du Présidium du Soviet Suprême des cavistes alternatifs.)

6 février, 12:50 · Paris ·

 

3 fois plus de mal de tête et de mal de ventre.

30 fois plus de pesticides.

300 fois moins de plaisir...

 

Mes vieux neurones se sont alors mis en branle pour éclairer la lanterne du consommateur de vin à 3€.

 

Ces 3 couleurs sont des Vin de France.

 

- Grumes rouges : « ce vin rouge issu des meilleurs terroirs de France a fait l’objet d’une sélection rigoureuse de Nicolas. » 12°5 

 

Cépage principal carignan.

 

-  Grumes blanches « ce vin blanc issu des meilleurs terroirs de France a fait l’objet d’une sélection rigoureuse de Nicolas. » 12°5 

Cépage principal grenache Blanc et aussi melon de Bourgogne.

 

Grumes rosées « ce vin rosé issu des meilleurs terroirs de France a fait l’objet d’une sélection rigoureuse de Nicolas. » 12°5 

 

Cépage principal : cabernet franc, et aussi négrette.

 

Pourquoi diable Nicolas n’indique-t-il pas sur son étiquette le ou les cépages et le millésime comme il le pourrait ?

 

Tout bêtement parce qu’ainsi il se laisse toute latitude d’en changer en fonction des opportunités du marché du vrac. En effet, n’en déplaise aux sélectionneurs de Nicolas, c’est d’abord le prix d’achat qui prime. Chez Castel, en bon pinardier, on achète au ras des pâquerettes.

 

Autre raison, cette gamme de vins basiques ne doit pas faire concurrence à la marque La Roche-Mazet qui affiche les cépages.

 

Nos 3 Grumes affichent le même degré 12°5

 

Conclusion du Taulier : ce Vin de France de 3 couleurs est tout simplement l’héritier du bon vieux Vin de Table de France.

 

C’est sans nul doute du vin de coopé en majorité, sourcé dans South of France principalement, avec une prédilection du côté du blanc à une région où la ressource est bon marché. Le prix toujours le prix.

 

Sur le plan économique c’est, de la part des acheteurs Nicolas-Castel, de l’économie de cueillette au gré des opportunités du marché, la bonne vieille pratique des marchands de vin. Surtout pas de partenariat trop contraignant, ne pas se lier les mains, mieux vaut s’en tenir à un panier de prix pour tenir les coûts de la sauce.

 

Reste une vraie question à se poser du côté des cavistes « alterno-bobo-parigot » : leur est-il possible de satisfaire une demande de vin populaire à 3€ ?

 

Est-ce le même défi à relever que pour l’alimentaire, sauf que bien sûr l’achat du vin quotidien est de moins en moins de mise ? Hier matin, le chroniqueur économique de France Inter, relevait qu’un litre de lait UHT valait le prix d’une seule cigarette.

 

Pour le vin je ne le pense pas, le modèle Vin de France à haut rendement facteur d’une matière première pas chère n’est pas compatible avec celui du Vin de France dit naturel qui exige des prix de vente élevés.

 

Ce sont deux mondes incompatibles et c’est se leurrer que de penser que la large part des consommateurs, et pas seulement pour des raisons budgétaires, qui achète des prix va changer ses habitudes d’achat.

 

On peut le regretter mais les bons sentiments affichés sont vite oubliés par les consommateurs lorsqu’ils poussent leurs caddies dans les allées de la GD. L’exploitation médiatique outrancière des difficultés des agriculteurs et des éleveurs par les politiques, les donneurs de leçons, en est la plus efficace des démonstrations.

 

Que faire alors ?

 

Baisser les bras, subir, laisser le fameux marché tout régler, se contenter de slogans, de petites batailles de chapelles…

 

Je ne le pense pas.

 

Pour le vin commençons donc par l’essentiel pour un produit qui se revendique festif, lié à son terroir, à son histoire, à ses valeurs de convivialité : revenir à des pratiques culturales respectant l’environnement physique et humain… Le déni en la matière a, et va avoir, des effets de plus en plus dévastateurs sur l’image du vin.

 

La bataille d’Hernani autour des vins nature est d’une toute autre nature, un conflit de nature esthétique que je ne tiens pas, comme vous le savez, pour négligeable, mais qui ne touche que l’avant-garde, la minorité agissante, le ferment de la contestation sociale chère à Nossiter. Le populo cher à mes amis « alterno-bobo-parigot » ça lui passe largement au-dessus de la casquette…

 

Grumes : vieux, notamment en Bourgogne et en Beaujolais Grain de raisin. « [Eux qui travaillent la vigne,] les vignerons ont ben le droit d'écraser une grume « (La Petite lune, 1878-79.

 

« Un grain de raisin. Ce substantif féminin connu depuis 1552 s'est maintenu encore aujourd'hui dans la langue technique de quelques régions viticoles francophones. Il met probablement l'accent à l'origine sur l'épaisse peau emprisonnant la chair sucrée du raisin. »

 

Bois de grume, en grume, Tronc coupé, ébranché et revêtu de son écorce. Débiter des grumes.

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