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31 décembre 2018 1 31 /12 /décembre /2018 06:00
Clap de fin de 2018 : et si nous nous aventurions sur la terra incognita du terroir pour en donner une définition crédible ?

Terroir : mot magique, une exclusivité française, très prisée dans le monde du vin, de plus en plus mis à toutes les sauces pour estampiller son produit du sceau de l’authenticité.​​​​​​

 

Dans la Croix Vincent Moriniaux, géographe (Université Paris-Sorbonne) revient sur ce concept de terroir, très français. Longtemps influencé par la seule viticulture, il évoque l’alliance des hommes et de la terre, une alchimie de l’ordre du mystère.

 

Selon la définition « officielle » établie en 1995, le terroir est « un système d’interactions entre le milieu naturel et les facteurs humains »

 

Terroir. Derrière ce mot en apparence modeste, tiré de « terre », comme son cousin le « terrain », et apparu dans notre langue au XIIe siècle selon le Littré, se cache un concept unique en son genre et très français. Il n’a aucun équivalent dans aucune autre langue. Nos amis anglais, espagnols ou allemands utilisent, en ouvrant grand la bouche sur le oi, notre mot. Les Italiens, pourtant nos frères dans leur attachement à la gastronomie et aux prodotti tipici, parlent de territorio, le territoire. Le terruño espagnol, qui pourrait sembler approchant, désigne le terrain.Quelle est donc cette notion si particulière que beaucoup de nos voisins d’Europe et d’ailleurs nous envient ?

 

ICI 

 

J’ai osé écrire dans une récente chronique sur le vin nature et ses détracteurs :

 

« Quand à ce pauvre terroir, invoqué, jamais défini, leurre absolu »...

 

Un vigneron m'a répondu : c'est très discutable, à la limite de la fausse information.

 

Et me voilà taxé de fabriquer une fake news comme on dit de nos jours.

 

Je conviens que ma formulation était un peu abrupte, donc discutable, mais si je veux bien la tempérer je demande qu’on me définisse très précisément ce qu’est le terroir.

 

Pas du blablabla de cul de bouteille pour faire joli, séduire l’acheteur, une vraie définition applicable dans tous les cas de figure, de Dunkerque à Tamanrasset, façon de parler comme le grand Charles. (Allocution du général de Gaulle du 16 septembre 1959 en faveur de l'autodétermination de l’Algérie)

 

Pour vous aider voici les définitions du CNRTL

 

TERROIR, subst. masc.

 

A. − Étendue de terre exploitée.

 

1. Rare. Domaine, territoire.

 

« Donc, en ces temps damnés, une très noble dame Vivait en son terroir, près la cité de Meaux (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p. 281).

 

« Les souilles ne sont pas les mêmes l'été et l'hiver, ce sont là choses bien connues sur tout terroir de chasse » (Vidron, Chasse, 1945, p. 93).

 

2. Ensemble de terres exploitées diversement par une collectivité rurale. Terroir communal.

 

« S'il s'agissait d'histoire, on commencerait à l'instruire [l'enfant] de celle de son village et des hameaux avec lesquels il fait terroir; du canton où il ira les jours de foire (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 175).

 

« Je voudrais (...) entrer dans l'âme de ce sauvage que nous étions, il y a si peu de temps encore, deux mille ans (...), quand il fondait l'un des plus vieux terroirs du monde (...), défrichait la forêt, étendait la clairière, bâtissait les chemins, créait la campagne » (Guéhenno, Journal « Révol. », 1937, p. 83).

 

3. Étendue de terre présentant une certaine homogénéité physique, originelle ou liée à des techniques culturales (drainage, irrigation, terrasses), apte à fournir certains produits agricoles. Terroir de vallée, de versant; terroir de graviers, de tuf, de sable; terroir à céréales; terroir fertile, maigre, pauvre; bon terroir; le terroir de Champagne, de la Beauce; fruits, produits du terroir.

 

« Ce terroir opulent qui s'étend de Nérac à Villeneuve, d'Agen à Marmande (...), pays de produits de luxe, et d'où l'on descend vers le fleuve aux larges eaux, la Garonne » (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 165).

 

− En particulier. Ces terres considérées du point de vue de la nature du sol qui communique un caractère particulier aux productions, notamment au vin.

 

« Cette nature de terroir explique le goût particulier du vin de Soulanges, vin blanc, sec, liquoreux, presque semblable à du vin de Madère (Balzac, Paysans, 1850, p. 300).

 

« Le kilogramme de raisins noirs d'Ay, fixé à 1 fr. 25 (...), M. Dumesnil acheta au même taux dans les grands terroirs: Cramant, Avize, Verzenay, pour descendre à (...) cinquante centimes dans les petits vignobles » (Hamp, Champagne, 1909, p. 133).

 

♦ Sentir le terroir, avoir la saveur, le goût du terroir. Avoir le goût particulier dû à la nature du sol.

 

« Le jeune homme (...) goûte ce pain et ce vin qui ont la saveur de leur terroir » (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 66).

 

♦ Vin de terroir. Vin dont le goût particulier tient à la nature du sol.

 

« Nous ferons notre dîner de ces fruits des Hespérides, avec un vin de terroir qui magnifie le goût des pêches » (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 245)

 

Une définition parmi d’autres concernant le vin (elle bien longue et contient un biais)

 

Le terroir est composé de l’ensemble des facteurs de l’écosystème de la vigne : sol, sous-sol, climat et topographie.

 

Les éléments essentiels du terroir

  • Le sol

 

Le sol doit être pauvre mais équilibré. Les racines de la vigne puisent l’eau et les éléments nutritifs dans le sol, la nature de ce dernier et les oligo-éléments qu’il contient ainsi que sa régulation hydrique participent donc au goût du vin.

 

  • Le climat

 

Le climat conditionne la croissance et la maturation du raisin. Tous ses composants font donc partie de l’élaboration du terroir : pluviométrie, vents, ensoleillement et températures.

 

La clef d’un terroir, c’est son bilan hydrique, généralement déficitaire ou faiblement positif.

 

  • La topographie

 

Les sols de coteau sont, en règle générale, plus pauvres que les sols de plaine, la vigne y est donc moins vigoureuse, le rendement plus faible, mais de plus grande qualité.

 

  • Le vigneron

 

L’intervention du vigneron joue également un rôle important puisque c’est lui qui détermine le choix des parcelles cultivées, prend soin du sol, choisit la meilleure période pour les vendanges.

 

Les types de sols

 

Le type de sol semble induire des caractéristiques :

 

  • les sols siliceux favorisent la finesse, les notes subtiles et florales;

 

  • l’argile donne des vins plus ‘durs’, plus fermes, puissants et alcoolisés, des polyphénols aromatiques;

 

  • le calcaire induit la rondeur, la souplesse, des notes minérales, florales et fruitées.

 

Adéquation terroir et cépage

 

Le Gamay donne des résultats décevants en Côte d’Or, et de remarquables réussites sur les schistes du Beaujolais. Morgon et ses ‘roches pourries’ (schistes fortement dégradés) produit un vin corsé, ferme avec un nez typique de kirsch… Le même gamay sur les granites de Chiroubles est floral et délicat…

 

La viticulture du nouveau monde privilégie le cépage et la technologie. La vieille Europe s’appuie sur une viticulture de terroirs : à quelques mètres de distance, le Pinot Noir de Bourgogne peut produire ici un vin ordinaire et là un vin sublime…

 

Le terroir est parfois tyrannique : des viticulteurs de la vallée du Douro prétendent qu’avec n’importe quel cépage, ils feraient du Porto : le sol dicte sa loi !

 

Définition du terroir par l'INAO :

 

Le terroir est un espace géographique délimité, dans lequel une communauté humaine, construit au cours de son histoire un savoir collectif de production, fondé sur un système d’interactions entre un milieu physique et biologique, et un ensemble de facteurs humains. Les itinéraires socio-techniques ainsi mis en jeu, révèlent une originalité, confèrent une typicité et aboutissent à une réputation, pour un bien originaire de cet espace géographique.

 

Voilà c’est dit, pendant le Réveillon du Nouvel An, plutôt que de vous empailler à propos des gilets jaunes essayez donc de répondre à ma question en étant concis.

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30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 07:00
« Je souhaite la victoire de l'Allemagne parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s'installerait partout ! » Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, le 22 juin 1942.

Dans ce discours prononcé à une charnière de la guerre (Stalingrad), Laval disait aussi : « Nous devons épuiser tous les moyens pour trouver les bases d'une réconciliation définitive. Je ne me résous pas, pour ma part, à voir tous les vingt-cinq ou trente ans la jeunesse de nos pays fauchée sur les champs de bataille. Pour qui et pourquoi ? ». Et puis : « On parle souvent d'Europe, c'est un mot auquel, en France, on n'est pas encore très habitué. On aime son pays parce qu'on aime son village. Pour moi, Français, je voudrais que demain nous puissions aimer une Europe dans laquelle la France aura une place qui sera digne d'elle. Pour construire cette Europe, l'Allemagne est en train de livrer des combats gigantesques...»

 

Malgré le bien-fondé apparent de l'argumentation, ce texte sera retenu à charge contre Laval à son procès pour « haute trahison». On ne pactise pas avec « la bête immonde». Le chef du gouvernement de Vichy sera fusillé le 15 octobre 1945.

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30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 06:00
Un fils du peuple qui se retourne contre la démocratie « M. Pierre Laval, c’est le peuple. C’est au peuple qu’il a emprunté son bon sens souverain, son amour du réel, son horreur du verbalisme. »

Laval fils d’aubergiste entreprenant n’est pas né dans une famille pauvre, mais il vient du peuple et ne cherche pas à le cacher. Son appétit de pouvoir et de richesse est-il une revanche sociale ? Ses contemporains n’en doutent pas, lorsqu’il achète le château de son village puis quand il unit sa fille au rejeton d’une famille aristocratique en vue ; Est-il paradoxal que l’inventeur de la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie, à l’été 1940, soit un enfant du peuple, à l’instar de Hitler, Mussolini, Staline et Pétain, quand des patriciens comme Churchill, Roosevelt et de Gaulle se font les champions des démocraties libérales ?

 

L’époque est au vertige démocratique ; les libéraux craignent les masses soumises à la démagogie électorale, émancipées par l’idéal socialiste. Ils ne détestent pas recourir à des enfants du peuple pour les encadrer. Laval fait un Mussolini acceptable pour une bourgeoisie inquiète, un Mussolini tempéré, adapté au régime parlementaire, capable de dompter le peuple sans sacrifier les libertés des élites. Il est troublant de la comparer avec Pétain, d’origine modeste comme lui. L’image du Maréchal transcende la probité simple du fils de paysan pour devenir le symbole de tous les Français. Laval, lui, apparaît comme un traître à sa classe, sans jamais être considéré comme un bourgeois.. Avant d’être détesté, il est exilé dans un entre-deux social, qui résonne avec son rejet des taxinomies idéologiques et partisanes. À la veille de sa mort, il en est encore à revendiquer son origine sociale, comme si elle n’allait pas de soi. Il en fait une garantie d’honnêteté intellectuelle et de cohérence politique. On peut lire l’histoire de cet homme palindrome dans tous les sens, on en revient toujours à cette qualité, la seule dont il n’est pas responsable : il est un fils du peuple, un enfant d’Auvergne. « On m’a représenté comme un malin, comme un roublard, alors que j’ai toujours lutté avec l’intelligence vierge et simple d’un enfant du peuple. On m’a toujours représenté comme un ennemi du peuple, alors que  ceux qui me connaissent savent que c’est lui que je défendais. »

Extrait de Pierre Laval Un mystère français Renaud Meltz Perrin

 

« Qu’est-ce donc que M. Laval ? Ce n’est pas l’Université où il ne fit que passer. Ce n’est pas le Palais, car il n’a pas l’esprit chicaneur du robin. Ce n’est pas davantage le journalisme, car il se contenta d’essayer sa plume chez un de nos confrères. Non ! M. Pierre Laval, c’est le peuple. C’est au peuple qu’il a emprunté son bon sens souverain, son amour du réel, son horreur du verbalisme. »

Le Petit Journal 15 octobre 1934

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29 décembre 2018 6 29 /12 /décembre /2018 06:00
Mon petit doigt a le bras long, il sait tout de moi.

Mon petit doigt a le bras long, il sait tout de moi.

Ces derniers jours j’ai fait dans le sérieux, genre je broie du noir, je patauge dans le coaltar.

 

Ce matin du léger, du dérisoire.

 

On me dit que certaines parties de mon corps en disent long sur ma personnalité ! Parmi les plus connues, il y a les lignes de ma main.

 

Lorsque j’habitais rue Noire, à Nantes, lors de ma première année de Droit, ma propriétaire avait dans sa bibliothèque un gros bouquin sur les lignes de la main. Je l’avais potassé mais je ne garde aucun souvenir de ce que j’en avais retiré pour mon avenir.

 

J’ai toujours refusé qu’on me lise les lignes de la main.

 

Bref, là on me dit que mon petit doigt peut dire lui aussi bien des choses sur moi.

 

Il existe 3 tailles différentes d'auriculaires, et chacune d'entre-elles a une signification sut votre personnalité. Pour la découvrir, il suffit de coller les doigts de votre main les uns contre les autres, et d'analyser la taille de votre auriculaire par rapport à la phalange de votre annulaire.

 

1. L'auriculaire plus petit que la phalange (c)

 

Vous êtes une personne gentille, au grand cœur, fidèle et toujours présente pour les autres et surtout vos proches. Mais attention car vous aurez tendance à faire trop confiance et donc à vous laisser avoir plus facilement... Vous êtes unique et les autres savent qu'ils peuvent compter sur vous !

 

2. L'auriculaire au même niveau que la phalange (a)

Cela fait de vous une personne honnête et franche. Vous tenez particulièrement à votre indépendance, mais vous êtes une personne à qui l'on se fie de par votre honnêteté et votre sagesse. Dès que vous vous engagez dans quelque chose, vous faites en sorte que tout se déroule à merveille. Vous n'aimez pas l'injustice et n'hésitez pas à le faire savoir, mais derrière ce fort caractère se cache quelqu'un de tendre et aimant.

 

3. Si votre petit doigt dépasse la phalange de l'annulaire (b), cela signifie que vous êtes une personne de confiance. Vous détestez mentir et que l'on vous mente. Vous êtes une personne très entière, qui sait ce qu'elle veut. Vous avez fort caractère, ce qui peut vous causer quelques altercations. Malgré tout, vous êtes une personne fidèle, aussi bien en amour qu'en amitié.

 

Je suis 3, voilà !

 

 

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28 décembre 2018 5 28 /12 /décembre /2018 06:00
Les Horiot des Riceys, Marie et Olivier, à la Une du LeRouge&leBlanc « Nos valeurs primordiales, l’humain et le temps. Pour nous il est essentiel de prendre son temps dans tout ce qu’on entreprend… »

Cette chronique est l’histoire, non romancée, de mon amitié avec Marie et Olivier Horiot, elle citoyenne adoptée, lui citoyen natif des Riceys.

 

La phrase exacte du titre est « Nos valeurs primordiales, ce sont l’humain et le temps. Pour nous il est essentiel de prendre son temps dans tout ce qu’on entreprend. Et humainement, à nos yeux, la réussite d’un millésime, c’est aussi une ambiance solidaire et joyeuse entre vendangeurs. »

 

Au temps lointain de ma carrière de blogueur, où j’arpentais les dégustations, un charmant et sémillant jeune homme, Olivier Borneuf, animait une petite société, Brittle, aujourd’hui il a disparu de mon radar car je sens sans doute trop le soufre, m’a fait découvrir le Rosé de Riceys d’Olivier Horiot.

 

 

C’était en décembre 2010, ce jour-là mon regard fouineur découvrait le livre du photographe Michel Jolyot Les Riceys en Champagne un terroir d’exception préfacé par Jean-Paul Kauffmann, fidèle lecteur.

 

« Apercevant pour la première fois les Riceys il y a une quinzaine d’années, je n’en croyais pas mes yeux. De vieilles maisons vigneronnes bien tenues, ornées de ferronneries, d’admirables façades ne laissant rien deviner du dedans, un vignoble intensément travaillé, un air de superbe et de secret. Comment un tel village à la beauté intacte pouvait-il encore exister en France ? Un village ou plus exactement trois villages en un seul. Je faisais connaissance avec la redoutable complexité ricetonne, presque aussi difficile à concevoir que le mystère de la Sainte Trinité. Trois bourgs distincts et consubstantiels formant une entité unique et indissoluble. Trois appellations d’origine contrôlée aussi (Champagne, Rosé des Riceys, Coteaux Champenois), aucune autre commune champenoise ne peut se prévaloir d’une telle originalité. La complexité qui partout ailleurs est l’indice d’un échec ou d’un désagrément est historiquement aux Riceys un avantage et même un privilège, en tout cas un défi. La singularité de ce lieu et de ce vignoble qui l’incarne tient dans cette complexité fièrement acceptée. Une difficulté - mais non un embarras - qu’on lui envie secrètement.

 

Les Riceys aiment jouer sur les deux tableaux. C’est la nature profonde de ce village. La place a appartenu tantôt à la Bourgogne, tantôt à la Champagne. Et, pour rendre les choses encore plus simples, souvent aux deux à la fois. L’histoire des Riceys abonde en anecdotes (1) où dans la même construction l’on est bourguignon du côté sud, champenois au nord. Il y a dans la mentalité de cette terre une espièglerie, une gaieté libre et truculente, presque rabelaisienne, qui a beau se dissimuler sous un certain quant-à-soi mais n’en est pas moins heureuse et conviviale comme il sied à un pays où l’on cultive la vigne. »

 

La suite ICI 

 

Puis un beau dimanche je suis allé dans ma petite auto aux Riceys pour voir ce fameux terroir, pas un chat, sauf des gros tracteurs avec des machines pleines de tuyaux, un village quasi-mort, même pas possible de s’acheter du Chaource, et ne parlons pas du champagne ou du fameux rosé des Riceys. Un peu déçu que j’étais mais je me suis dit, mon loulou, faudra que tu y retournes.

 

En mai 2014 je faisais une autre découverte : son Coteau Champenois En Valingrain 2011 dégusté lors d’un dîner de haute qualité organisé O Château par Alexandre Savoie avec Olivier Horiot. Très belle soirée, passionnante, autour d’une table avec un vigneron qui nous a captivés Claire du Lapin Blanc et moi. ICI 

 

 

 

Et puis en juin 2015 je franchissais un nouveau et grand pas, j’embarquais 3 nanas dans une auto rouge, direction Les Riceys. Et ce jour-là j’ai rencontré Marie Horiot, qui n’est pas que la femme d’Olivier, mais une vigneronne à part entière qui tient son rang. Ce furent deux journées, avec une longue soirée comme en témoignent les photos, mémorables.

 

 

À cet instant, je vais placer un couplet féroce à l’attention du petit monde du vin : mais où sont les femmes ?

 

Certes on en trouve une petite poignée dans les vignes et dans les chais, voir ICI 7 novembre 2014

 

Femmes je vous aime : des photos de naturistes à couper le souffle des amateurs de GCC… ICI  

 

Du côté de celles et ceux qui font le lien 2 filles qui se démènent : Fleur Godard et Camille Delaunay.

 

Du côté des cavistes ramenards, les stakhanovistes du clavier, les révolutionnaires de comptoir, c’est morne plaine, les mâles dominent largement le panorama. Bien sûr Agnès, Claire et quelques autres sont l’exception qui confirme la règle.

 

De temps en temps on exhibe une sommelière.

 

Ça en dit plus long qu’un long discours sur l’entre soi du monde du vin.

 

 

Si vous souhaitez découvrir ces deux jours passés aux Riceys allez ICI  

 

Et puis le 6 novembre 2015 il y eut Eureka j’ai trouvé des vins tranquilles et des vins excités des Riceys sur Saturne ! ICI
 

 

Et puis le 20 mai 2017 il y eut H comme Hulot, H comme Hugo, H comme Horiot… j’explore les Contrées des Riceys ! ICI 

 

 

Depuis, en 2018, pas de Marie et d’Olivier Horiot, faut dire que j’ai passé les ¾ de l’année allongé sur un lit étant donné mes exploits de cycliste urbain.

 

Je suis heureux de les voir à la Une du dernier numéro du LeRouge&leBlanc.

 

Comme à l’accoutumée c’est bien documenté, il ne manque aucun boutons de guêtre, faut vous abonner mes cocos.

 

Le focus vin est sur le rosé des Riceys, avec en bonus une reprise d’un article de Serge et Claudine Wilikow Le Rosé des Riceys, tradition et exception en Champagne.

 

De la dégustation qui s’est déroulée fin mars 2018 dans les locaux de l’hebdo en présence de Marie et Olivier Horiot j’extrais 3 commentaires sur les vins tranquilles qui ne sont pas notés – j’ignore pourquoi mais j’avoue que ça me plaît beaucoup.

 

  • Coteaux champenois Riceys blanc En Valingrain 2015 (Chardonnay et Pinot blanc)

 

Nez délicatement fruité (poire, mirabelle) et floral (fleurs blanches). Pointe d’oxydation élégante. En bouche, un équilibre idéal entre la maturité et la tension délicate du vin. La matière, plutôt ample, se complexifie sensiblement après quelques minutes sur des notes de peaux de raisins, de curry, de safran, de poivre, de citron confit. Finale salivante et un certain potentiel de vieillissement.

 

  • Rosé des Riceys En Valingrain 2013

 

Nez très floral (notes de roses un peu fanées), des arômes mentholés, de fruits rouges très frais (fraise, groseille). Un très bel équilibre délicat ; en bouche, on retrouve la fraise, la rose et même le litchi (« un fruité presqu’alsacien, remarque l’un d’entre nous). Très joli toucher de bouche, « un côté terrien enrobé dans du satin » pour un dégustateur. Un vin fin et gai avec une jolie finale dynamique sur la cerise à l’eau de vie.

 

  • Coteaux champenois Riceys rouge En Barmont 2015

 

Petite réduction au premier nez, suivie de notes de petits fruits noirs (mûre) avec des touches ferrugineuses et fumées. Bouche pleine et juteuse, matière d’une belle maturité équilibrée, un superbe toucher de bouche à la fois dense et délicat, avec une pointe de gourmandise. Un vin très savoureux sur la tomate séchée, l’orange sanguine, et une belle longueur en finale, avec un caractère qui évoque un vrai terroir. « À faire pâlir certains grands noms de Bourgogne », s’enthousiasme l’un d’entre nous. Très belle bouteille.

 

Bien, on est aussi, presque, entre garçons au LeRouge&leBlancBon courage Sonia !

 

 

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25 décembre 2018 2 25 /12 /décembre /2018 06:00
Les fous ont du talent : Marija Novakovic intelligente, très cultivée, dotée d’1 fantastique mémoire, d’1 grand sens de l’humour et d’1 fabuleuse imagination la peinture était pour elle une consolation dans la maladie.

Les fous sont mes voisins à Sainte Anne et, à une époque de ma vie, j’ai formé le projet de la finir là-bas comme jardinier. Ce n’était pas si fou que ça en a l’air et, quand je vois ce que je vois, lis ce que je lis, entend ce que j’entends, je me dis que les fous estampillés comme tels ont parfois bien plus de talents que ces gens, comme dit Méluche, que les réseaux sociaux propulsent sur le devant de la scène.

 

Leur déni de l’intelligence me déprime.

 

L’ignorance portée à sa quintessence, la lâcheté des intellectuels qui se refont une virginité sur le dos de ce peuple dont ils ne sont pas, l’élite ou celle qui se dit telle qui panique, s’affole, court derrière ce peuple insaisissable.

 

Désagrégation, délitement, effondrement, l’accessoire avant l’essentiel, triomphe du moi je, de l’auto-proclamation, du clic, de l’œil des caméras fixés sur ce qui fait de l’audience, du fric quoi !

 

Je n’en suis pas !

 

Alors, je préfère me tourner vers les fous.

 

Qui n’a pas de failles, de fêlures, d’invisibles plis pourtant béants, de plaies cachées mais ouvertes, des petits vides ou des abyssaux « Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » écrivait Samuel Beckett et pouvons-nous soutenir que ceux qui ne tiennent pas d’une main ferme le gouvernail de leur vie sur le cap tracé pour les gens sans histoire, les couleurs de muraille, le tout-venant, les gens normaux, sont ceux qui font avancer le monde ?

 

Je ne le crois pas !

 

Me suis toujours trouvé trop normal, trop lisse : sur mon lisse tout glisse, trop terne : sans doute est-ce pour cela que j’arbore des chèches de couleurs vives, trop distant : toujours me protéger, ne pas me commettre, trop cérébral : convaincre, expliquer, chiant, si raisonnable quoi !

 

Heureux, bienheureux…

 

Les Béatitudes ce n’est vraiment plus dans l’air du temps… où les gagnants sont ceux qui ne s’embarrassent guère de sentiments. C’est cul-cul la praline, ça fait ricaner tous nos nouveaux puissants qui nous font de l’ombre avec leur stature en carton-pâte. Je me fous des ricaneurs :

 

« Heureux sont les fêlés car ils laisseront passer la lumière »

 

La lumière c’est la vie, elle nous a tiré des ténèbres extérieurs, elle nous a mis debout, fait lever le nez vers le ciel et les étoiles.

 

Penser !

 

Pourquoi diable d’ailleurs ?

 

Aimer alors ?

 

Que voulez-vous, je n’aime rien tant que celles et ceux qui prennent bien la lumière, rayonnent, transcendent ma petite vie… Grâce à eux mes folies intérieures et bien ordinaires prennent du relief, des angles, des aspérités qui suffisent à me garder en vie.

 

Par bonheur restent encore quelques fous qui m’aident à vivre, nous aident à vivre, par leurs écrits, par leurs tableaux, par leur musique… leur génie… leur talent…

 

 

Marija Novakovic est née en 1885 à Zagreb d’une mère d’origine et d’un père austro-hongrois qui était officier.

 

Lorsqu’elle était enfant elle se serait montrée douée pour la peinture. L’histoire raconte qu’un jour, elle avait dessiné la tête d’un renard rouge et son oncle voyant le dessin lui aurait dit qu’elle serait un jour un peintre célèbre. Mais elle voulait avant tout se consacrer à la musique. Elle fit des études musicales au conservatoire de Viennes et devient professeur de piano.

 

Autodidacte en peinture elle a toutefois eu une formation artistique de musicienne, chanteuse, danseuse et professeur de piano. Elle consacra toute la première partie de sa vie à sa carrière musicale. Il semblerait que ce soit l’aggravation de sa maladie qui l’ait amenée à se tourner vers les arts plastiques.

 

[…]

 

C’est vers 1936, âgée alors de 51 ans que Marija Novakovic commença à dessiner et à peindre spontanément. La peinture fut pour elle l’unique moyen d’améliorer son état mental, n’ayant jamais eu de traitement médicamenteux ou d’autre thérapie, selon son entourage médical.

 

Le seul texte publié à son sujet, révèle que la peinture était pour elle une consolation dans la maladie. Elle était décrite comme très nostalgique de son existence créatrice, intelligente, très cultivée, dotée d’une fantastique mémoire, d’un grand sens de l’humour et d’une fabuleuse imagination.

 

[…]

 

Les sept œuvres que compte la Collection sont issues d’un don du professeur Dézidor Julius de Zagreb. Cependant deux écrits de Robert Volmat, de 1956 et de 1957, citent des œuvres et des titres d’œuvres que l’on ne retrouve pas dans la Collection.

 

Lire ICI 

 

Musée d'Art et d'Histoire de l'Hôpital Sainte-Anne (MAHHSA)

ICI 

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23 décembre 2018 7 23 /12 /décembre /2018 07:00
«J'ai une grande facilité à me dépouiller de moi-même» Marcello Mastroianni, le jeune Marcello a connu « un garde-manger aussi dénudé que le crâne de Toto »

« J’ai tourné mon premier film avec Marcello, Le Pigeon. J’en ai fait beaucoup d’autres par la suite : Le Bel Antonio, 8 ½, La Peau, Henri IV, Le Roi fou… C’était un très grand, et tellement simple, tellement gentil. »

 

Claudia Cardinale

 

Dans La Grande Bouffe, en 1973, Marcello Mastroianni meurt le premier. Dans la réalité, c’est un cancer du pancréas qui s'inscrira au générique de sa vie.

 

«Je voudrais mourir à Noël», disait-il à la fin de la Grande Bouffe. Marcello Mastroianni s'est éteint le 19 décembre 1996. À cinq jours près, le destin aurait comblé son vœu d’acteur.

Inhumé le 23 décembre 1996 sur un air de Nino Rota au cimetière de Campo Verano où reposent parmi les rois du cinéma de la Péninsule, Vittorio de Sica et Vittorio Gassman...

 

Marcello Mastroianni dans la vie c’était «Marcello!» comme dans La Dolce Vita où son prénom résonnait sur la via Veneto. Dans la vie, c'était pareil, il ne se prenait pas pour une vedette.

 

Marcello Mastroianni ne va cesser tout au long de sa carrière de prendre le contre-pied de ce cliché, de vouloir donner un coup de canif à cette image du «mâle» italien dont son personnage dans La Dolce Vita apparaît pourtant comme la quintessence.

 

Et pourtant, quelle carrière !

 

Cent soixante films dans sa musette !

 

Avec Jack Lemmon et Dean Stockwell, il est un des trois seuls acteurs ayant obtenu à deux reprises le Prix d'interprétation masculine au festival de Cannes.

 

Top 25 des meilleurs films avec Marcello Mastroianni ICI 

 

Mon film préféré c’est Une journée particulière (1977) Una giornata particolare d’Ettore Scola avec Sophia Loren, John Vernon

 

Le 8 mai 1938, Rome en fête organise un grand défilé en l'honneur d'Adolf Hitler, venu en Italie pour consolider son alliance avec le Duce. Dans un immeuble d'un quartier populaire, Antonietta, Sophia Loren, épouse d'un petit fonctionnaire fasciste, se consacre aux tâches ménagères. Son mainate s'échappe et se pose sur le rebord d'une fenêtre. Antonietta en avertit le locataire concerné. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Gabriele, Marcello Mastroianni un commentateur de radio homosexuel, récemment licencié, qui attend son arrestation imminente...

 

Le décor de ce film prestigieux mais crépusculaire est un immeuble mussolinien filmé comme un tombeau : toute vie semble y avoir disparu en ce jour de mai 1938 où les Romains fêtent la visite de Hitler. Ne restent dans l'immeuble que deux exclus de l'héroïsme fasciste : un homosexuel persécuté et suicidaire, et une mère de famille abandonnée à ses casseroles.

 

Le film est un huis-clos dans un immeuble reconstruit en 1934, selon les critères de la nouvelle architecture fasciste pour les fonctionnaires viale XXI Aprile à Rome. Les distinctions sociales étaient prises en compte dans la répartition des logements. Tout était fait pour que les gens puissent s’épier, s’espionner, dénoncer.

 

 

C’est une chronique du 24 janvier 2016

Ettore Scola n'est plus, une journée particulièrement triste pour le cinéma et pour moi.

La suite ICI 

 

 

-              Acteur caméléon, Marcello Mastroianni a su exploiter de nombreuses facettes de sa personnalité à l'écran. Lequel de ses rôles se rapproche le plus, selon vous, de l'homme qu'il était vraiment ? 

 

Claire Micallef :

 

C'est délicat de répondre définitivement cette question, car Marcello Mastroianni avait une manière bien à lui, très distancée, d'aborder le cinéma. Mais j'ai remarqué qu'il a très souvent été amené à interpréter le rôle du mari volage, celui qui refuse farouchement de quitter son épouse, et continue d'entretenir de nombreuses liaisons. Et c'est assez curieux de constater que la vie personnelle de Mastroianni se rapproche de celle de ces différents personnages. Il a la même indécision dans son rapport aux femmes, la même nonchalance un peu lâche que le héros de Otto e mezzo... De ce point de vue, on peut dire qu'il y a une véritable porosité entre la fiction et la réalité !

 

« C'est sur le tournage du Temps des amants, en 1968, qu'il rencontre Faye Dunaway. Coup de foudre. L'Américaine finit par rompre: Mastroianni refuse de divorcer de Flora, qu'il a épousée en 1950. Il ne le fera d'ailleurs jamais. Catherine Deneuve lui donne la réplique dans Ça n'arrive qu'aux autres 1971. On connaît la suite. Le fils de menuisier tient dans ses bras les plus belles femmes. La liste est longue: Claudia Cardinale, Sophia Loren, Raquel Welsh, Nastassja Kinski, Jacqueline Bisset.

 

La méthode?

 

Stanislavski?

 

Qu'on ne l'embête pas avec ça. «Donc, j'étais acteur - mais surtout spectateur de ce qui se passait autour de moi.»

 

« Fils d’Ottone et Ida Mastroianni, frère de Ruggero de cinq ans son cadet, le jeune Marcello a connu « un garde-manger aussi dénudé que le crâne de Toto » (le plus grand acteur comique napolitain) et l’angoisse des lendemains dans une Italie habillée du drapeau noir du fascisme. L’appartement étriqué du quartier populaire de la piazza Asti  laisse peu de place au rêve. Le jeune homme de dix-neuf ans, étudiant à l’école d’architecture de Rome s’engage dans l’armée de Mussolini. Sans comprendre alors qu’il devient un « jeune fasciste ».

 

De Luchino Visconti à Vittorio de Sica, de Federico Fellini à Ettore Scola, de Mario Monicelli à Dino Risi, de Marco Ferreri à Robert Altman, de Nadine Trintignant à Louis Malle, de Raoul Ruiz à Manoel de Oliveira, les réalisateurs qui ont choisi Marcello Mastroianni lui ont toujours prêté des partenaires exceptionnelles. Si Maria Schell, la Gervaise du film de René Clément devenue Natalia l’amoureuse des Nuits Blanches de Visconti fut sans doute la plus discrète, les beautés émouvantes avec qui il a tournées se nomment Sophia Lauren, Claudia Cardinale, Monica Vitti, Brigitte Bardot, Jeanne Moreau…

 

Un homme entre les États-Unis et l’Italie, entre Paris et Rome. Un homme entre deux rives, l’une baptisée bonheur et l’autre chagrin. Deux femmes l’emportent pourtant sur toutes les autres, ses deux filles. Chiara Mastroianni et Barbara Mastroianni qu’il a eue avec l’actrice Flora Carabella épousée en 1950.

 

 

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23 décembre 2018 7 23 /12 /décembre /2018 06:00
Le langage de l'administration est un « langage de maboule » François Sureau énarque, avocat et écrivain « Quand on gouverne sous le double mantra de l’efficacité et du pragmatisme, on ne fait pas de politique. »

De mes années, ors de la République, je garde un souvenir ému des réunions d’arbitrage à Matignon chez le Premier Ministre. Présidée par le ou la conseiller (…ière) en charge de l’Agriculture au cabinet du Premier Ministre, flanqué d’un représentant du Secrétariat Général du Gouvernement, qui jour le rôle de scribe silencieux, je faisais face, entouré moi-même de mes ingénieurs, dont certains sont polytechniciens, aux têtes d’œufs de Bercy : les gnomes de la direction du budget, ceux qui disent non à tout, les méprisants de la Direction du Trésor, les manieurs de modèles de la Direction de la Prévision, les conseillers des Ministres de l’économie et du budget et lorsqu’il s’agissait d’aller négocier à Bruxelles, le Secrétaire du SGCI chargé de la coordination interministérielle, Elisabeth Guigou fut SGCI.

 

Comme la PAC était un très gros morceau, surtout en termes de retour budgétaire, nous recevions plus que nous contribuions, ce n’était pas des parties de rigolades, ça cartonnait sec. Les loulous de Bercy nous prenaient bien sûr pour des ploucs, dilapideurs de fonds publics, toujours en train de caresser dans le sens du poil les bouseux et leurs vaches. Ce n’était pas tout à fait faux mais je n’étais pas là pour baisser mon pantalon. Je surjouais le paysan du Danube ahuri et surtout je demandais fermement à mes brillants ingénieurs de fermer leur clapet, de ne pas entrer dans le jeu des budgétaires. En effet, ces brillants sujets rêvaient de faire les intelligents face à nos brillants interlocuteurs. Moi je me contentais de faire de la politique, qui est l’art du compromis entre le souhaitable et le possible, en me basant sur ma bonne connaissance des campagnes profondes.

 

Pour eux la France se résumait à leurs brillantes analyses macro-économiques, à une vision purement comptable, à courte vue. Bien évidemment, moi, le petit contractuel à deux balles, avec mes mots de péquenot, je ne pesais pas lourd dans leur balance. Sauf que j’ai eu la chance de tomber sur deux Inspecteurs des Finances qui ne m’ont pas pris pour un zozo : François Villeroy de Galhau, actuel gouverneur de la Banque de France et Guillaume Hannezo, devenu ensuite banquier.

 

Mais je dois avouer que j’avais un gros atout dans ma manche : j’étais dans le team Rocard, à l’Agriculture d’abord puis Premier Ministre, ça tempérait les ardeurs des sabreurs de Bercy. Le problème dans notre République, où les hauts-fonctionnaires sont partout, comme politiques, dans l’exécutif, le législatif, les cabinets ministériels, les directions d’administration centrale, il n’y a aucun contre-pouvoir réel. Tout se passe entre gens de bonne compagnie, mêmes codes, même langage, même tics.

 

J’ai servi 3 Ministres : Rocard un bon politique qui maîtrisait ses dossiers, Nallet un expert agricole du sérail qui ne savait pas faire de la politique, et Mermaz un politique de la vieille école, l’électeur d’abord,  ignorant à peu tout des dossiers « les vaches allaitantes furent toujours pour lui un grand mystère. »

 

Cependant je dois reconnaître que, chacun à leur manière, ils n’entraient pas dans le petit jeu de leur administration, fort conservatrice, et ils m’ont toujours laissé une grande liberté d’action pour gérer les dossiers et surtout les « vendre » aux paysans. Tel fut le cas avec Rocard pour la réforme du marché du vin avec les accords de Dublin, pour Nallet, un peu jésuite, ce fut le foutu dossier de la représentativité syndicale afin de briser le monopole de la FNSEA, enfin avec Mermaz, qui ne voulait pas déplaire à ce brave monsieur Lacombe, la première réforme de la PAC qui en finissait avec le soutien des marchés par les prix.

 

Ce fut chaud, très chaud, mais à aucun moment nous n'avons négligé ceux qui subissaient de plein fouet nos réformes.

 

Le problème des Ministres c’est qu’ils sont de passage, que la gestion de leur Administration les emmerde, que leurs directeurs gèrent leur carrière en étant aussi lisse et frileux que possible, si on n’introduit pas un peu de frictions, de remises en cause de leur conservatisme, on ne fait plus rien ou pire on empile de la réglementation.

 

Les « technos » dans le viseur de la Macronie

 

De nombreux élus LRM jugent la haute administration responsable de tous les maux de l’exécutif.

Par Alexandre Lemarié et Virginie Malingre

 

Haro sur les « technos ». Alors que la mobilisation autour du mouvement des « gilets jaunes » s’érode, vient le temps du bilan en Macronie. Après plus d’un mois de crise, des conseillers de l’Elysée et des élus de la majorité ciblent les hauts fonctionnaires, gardiens de l’orthodoxie budgétaire, accusés de bloquer toute mesure de redistribution depuis le début du quinquennat. A entendre les soutiens d’Emmanuel Macron, ce seraient eux les responsables de tous les maux de l’exécutif. Eux qui auraient bridé l’audace du chef de l’Etat pour répondre à la crise. Eux encore qui freineraient des quatre fers pour mettre en musique les mesures en faveur du pouvoir d’achat, présentées par le président de la République, le 10 décembre.

 

« L’emprise de la technostructure nous a empêchés d’avancer suffisamment vite. Eh bien, ça c’est fini », a assuré le nouveau patron de La République en marche (LRM), Stanislas Guerini, le 14 décembre sur LCI, plaidant pour « un retour du politique ». « Ce que dit le président de la République, il faut que ça soit appliqué et que l’on ne se perde pas dans les mesures techniques, technocratiques. »

 

« Crânes d’œuf »

 

« Nous avons un énorme problème à régler avec la haute fonction publique, qui respecte une logique interne et ne met pas forcément en application les décisions politiques, même quand elles viennent de l’Elysée », peste un proche de M. Macron, remonté contre ces « technos », qui ont envoyé des notes à l’Elysée ces derniers jours pour expliquer qu’il n’est « pas possible » de mettre en application le plan annoncé par le chef de l’Etat. Que ce soit l’augmentation de 100 euros pour les travailleurs au smic ou l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2 000 euros par mois.

 

« Les politiques sont obnubilés par l’exécution des mesures, le pouvoir administratif, lui, ne pense qu’à une chose : comment on finance et comment on décale les mesures », déclare, agacé, un conseiller de l’Elysée. Or, « la priorité » du président de la République, selon ses proches, c’est l’application de ses promesses à destination des « gilets jaunes ». Quitte à laisser filer les déficits, de manière provisoire.

 

Pas question de laisser ces « crânes d’œuf », « déconnectés de la vie réelle », torpiller l’opération. « Il faut être intraitable face à la technocratie, en s’assurant de la bonne mise en œuvre des mesures », juge un pilier de la majorité. Pour les macronistes – qui se sont pourtant construits en rupture avec le jeu politique, accusé d’être un frein à la réforme –, la primauté du pouvoir politique doit prévaloir face au pouvoir administratif. « On a besoin des “technos” mais il ne faut pas qu’ils aient le dernier mot. La politique doit être menée avant tout par les élus », souligne le député LRM Jean-Jacques Bridey, jugeant « problématique » d’avoir « une fonction publique toute-puissante ».

 

A tous les étages du pouvoir, ils sont attaqués. Chacun semble avoir son « techno » à détester. « Il a été élu sur une promesse de bouleversement de la technostructure. Pour l’instant, ça manque », juge un ministre. Le candidat d’En marche !, qui avait promis du mouvement à la tête des administrations – le spoil system –, a aujourd’hui changé moins de directeurs d’administration que François Hollande ou Nicolas Sarkozy. L’urgence serait désormais de « repolitiser la technostructure pour la mettre à portée de baffes, estime un conseiller du chef de l’Etat. Il n’est plus possible de continuer sur la logique de l’inspecteur des finances sortant de l’ENA qui décide de tout, alors qu’il n’a jamais mis un pied sur le terrain ».

 

Trop orthodoxes

 

A l’Elysée et au sein de la majorité, on a surtout la dent dure contre les hauts fonctionnaires de Bercy, obsédés par le respect de la règle des 3 % de déficit. Ces experts des chiffres, qu’on tient pour partie responsables de l’épisode de la baisse de 5 euros des APL, qui a plombé le début du quinquennat. De même, on les accuse de tout faire pour mettre en œuvre le prélèvement à la source début 2019, sans se soucier des effets politiques.

 

Mais Bercy n’est pas le seul dans l’œil du cyclone. Des proches du président ont également la critique facile contre le premier ministre, Edouard Philippe, et son directeur de cabinet, Benoît Ribadeau-Dumas, qui allieraient « l’arrogance » des conseillers d’Etat « au manque de sens politique ». Considéré comme « l’incarnation de la technocratie au pouvoir », le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, est également ciblé. « S’il existe une technocratie à Matignon, la vraie technocratie est à l’Elysée, tranche Frédérique Dumas, députée UDI depuis qu’elle a quitté le groupe LRM en septembre. Dans les faits, 90 % des décisions d’arbitrage remontent au secrétaire général, qui n’est ni en prise avec la réalité ni exposé. C’est Bercy au cœur du pouvoir. »

 

Des macronistes reprochent à ces trois énarques d’avoir « planté » M. Macron, en obtenant qu’il raye à la dernière minute de son discours du 27 novembre la suspension de la hausse des taxes sur les carburants. Une heure avant qu’il ne s’exprime, la mesure y figurait pourtant, selon plusieurs sources. Depuis, la suspension s’est transformée en annulation et l’exécutif a dû céder d’autres concessions à hauteur de 10 milliards d’euros. La faute à ces « technos », jugés trop orthodoxes sur le plan budgétaire, qui n’ont pas lâché en temps voulu. « Pour eux, la règle des 3 % est un dogme », déplore un proche de M. Macron.

 

Un reproche également formulé à l’encontre des ministres de Bercy, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. Le ministre de l’économie est particulièrement visé, après s’être opposé jusqu’au dernier moment à une annulation de la hausse de la CSG. Tout un symbole de ce bras de fer, qui se joue en coulisses : avant ses annonces du 10 décembre, le chef de l’Etat n’a pas informé les « technos » de Bercy de ses intentions. Une manière de leur signifier qui est le chef.

 

Lucides, plusieurs élus LRM jugent toutefois que M. Macron – lui-même un pur produit de l’élite technocratique, en tant qu’ex-inspecteur des finances et diplômé de l’ENA – a une part de responsabilité dans l’emprise de l’administration. Certains y voient le résultat de son choix de s’entourer de « technos » lors de son arrivée au pouvoir, pour pallier son manque d’expérience dans la gestion de l’Etat. Un peu facile, dès lors, de leur faire porter le chapeau.

 

« On déteste les “technos” parce qu’ils empêchent de s’affranchir du réel », soupire un proche du pouvoir, rappelant qu’in fine « ils exécutent tous des décisions qui relèvent du politique ». « Faire le procès des “technos”, c’est confondre la maladie et les symptômes, ajoute un proche de M. Macron. Le vrai mal, c’est qu’on a arrêté de faire de la politique. Cela concerne tout le monde : le gouvernement, le parti et les députés. Quand on gouverne sous le double mantra de l’efficacité et du pragmatisme, on ne fait pas de politique. »

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 06:00
« Le poulet au vinaigre » de Claude Chabrol, 1 film, la recette d’Alain Chapel, souvenirs croisés de Jean-Claude Ribaut et de votre serviteur. « Silence on bouffe ! »

Au temps où le BNIC sponsorisait le festival du film policier de Cognac, j’ai assisté à l’avant-première du film de Claude Chabrol « Le poulet au vinaigre ». On ripaillait et buvait sec du côté des habitués, Jean Carmet en tête.

 

Le film fut projeté en début d’après-midi aux festivaliers happy few. Le déjeuner ayant été bien arrosé je ne dénoncerai personne mais, je puis vous assurer, que les siestes postprandiales touchèrent une grande part de ce public huppé.

 

Ce jour-là je n’étais à la table de Claude Chabrol mais à celle du beauf de Tonton, Roger Hanin, et de madame Christine Gouze-Rénal, la sœur de Danielle Mitterrand, qui fut l'impresario de Brigitte Bardot. Roger occupait beaucoup de volume et, lorsque je lui avouai que j’étais membre du cabinet de Michel Rocard, il prononça des paroles très aimables à l’égard de celui-ci.

 

 

Pour dîner avec Chabrol je dus attendre quelques années. Ce fut lors des 20 ans du Festival d’Avoriaz, en 1992. Le 18 janvier, au restaurant Les Dromonts , j’étais assis à côté de Dominique Sanda, membre du jury, ce fut un grand et beau moment de conversation détendue. J’étais accompagné de ma fille Anne-Cécile.

 

Pour elle c’était son second Avoriaz, en effet, en 1985, accompagnée d’une de ses copines du collège, très cinéphile, elles s’étaient gorgées d’horreur, moi aussi par la même occasion. Le jury était présidé par Robert de Niro, les organisateurs lui avait fait une statue grandeur nature en chocolat, et le grand prix fut attribué à The Terminator de James Cameron avec Schwarzenegger.

 

 

Voilà pour mes souvenirs.

 

« Dans une petite ville de province (ndlr comme les aimait Chabrol), un employé des postes bizarre et sa mère infirme subissent les assauts répétés de trois vautours qui lorgnent leur propriété. Survient un accident, peut-être un crime ? L’inspecteur Lavardin, qui aime mes œufs au plat assaisonnés de paprika, mène l’enquête. Magouilles immobilières, morts suspectes, disparitions semblent la métaphore de la recette du poulet au vinaigre, dont raffolait Claude Chabrol – selon la recette d’Alain Chapel – qui consistait à déglacer quatre à cinq fois chaque morceau de la volaille au vinaigre de vin blanc et rouge successivement, aux différentes étapes de la cuisson. »

Ainsi écrivait Jean-Claude Ribaut.

 

 

Belle brochette d’acteurs :

 

Jean Poiret : inspecteur Jean Lavardin

Stéphane Audran : Madame Cuno

Lucas Belvaux : Louis Cuno

Michel Bouquet : Hubert Lavoisier

Caroline Cellier : Anna Foscarie

Jean Topart : Docteur Philippe Morasseau

Pauline Lafont : Henriette

 

Bien évidemment, Jean-Claude Ribaut  « eu le plaisir de déjeuner avec ce monstre sacré à l’humour fracassant, entre deux tournages de l’un de ses derniers films consacré au monde judiciaire, sans autre ambition que de partager les plaisirs de la chère et de la conversation, en juillet 2005.J’ai choisi Michel Rostang pour deux raisons : ce cuisinier faisait figure de classique, un peu à la manière de Chabrol, mais aussi parce qu’il fut enrôlé comme jeune cuistot dans l’équipe de tournage de la Décade prodigieuse (1971) avec Orson Welles, dont Claude Chabrol se souvient avec déférence : « Au restaurant, le Beau Site à Ottrot, il commandait à lui seul deux côtes de bœuf pour deux personnes. Il avait un appétit d’ogre ! »

 

Après les amuse-bouches, Michel Rostang nous a présenté les cailles rôties sur un gratin dauphinois, en entrée, excusez du peu ! Le chef avait pris la mesure de son hôte, pourfendeur des mœurs de la bourgeoisie, mais pas de sa cuisine. »

[…]

« La pintade en vessie, précédée d’un exquis fumet, nous fut bientôt présentée sur le guéridon par le chef en personne. Claude Chabrol ne perdait pas un geste du manège et bientôt ronronnait de bonheur. Il évoqua fort à propos le souvenir du grand Jacques Manière, dont-il fut l’ami.

 

La Grande Bouffe ? Il n’a pas aimé. Il adapterait volontiers à ce film le mot de Roger Nimier à propos de Swift : (Instruction aux domestiques). : « La littérature anglaise est accrochée au plafond comme un jambon tranquilles, mais les jambons sont plus inquiets qu’il ne semble. »

 

Le Festin de Babette ? Esthétisant : « la caille en sarcophage est un plat infaisable ».

 

L’on mange beaucoup dans les films de Chabrol, mais d’une manière indiscernable ou conventionnelle. Claude Chabrol fut un faux ogre et un vrai moraliste de la table. »

 

Le Poulet au vinaigre évoque pour moi un autre souvenir celui du Pied de Fouet mais pour aujourd’hui j’en reste là, à chaque jour suffit sa peine.

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 06:00
Mangerez-vous des «steaks-éprouvette» demain?

L’avantage d’avoir passé le cap des 70 ans, et si je ne deviens pas centenaire, c’est que je verrai encore des vaches dans nos prairies et des steaks saignants dans mon assiette mais pour autant, comme j’ai des petits enfants, je ne dis pas après moi le déluge :  comment parvenir à nourrir les dix milliards d’individus que comptera notre planète dans trente ans ?

 

Après un steak haché en 2013, Une société israélienne vient de concevoir un bifteck in vitro. La qualité progresse, les prix s’effondrent, mais les experts restent sceptiques.

 

En effet, c’est en 2013 que l’idée de viande in vitro a véritablement fait parler d’elle avec la très médiatique dégustation, à Londres, du tout premier steak haché synthétique. Le burger, conçu par le pharmacologue néerlandais Mark Post, avait coûté à l’époque environ 260 000 euros payés par Sergey Brin, le cofondateur de Google.

 

« Des courgettes émincées, des branches de thym effeuillées, un radis coupé en rondelles, des pappardelles jetées dans une eau à grands bouillons et, pour finir, une tranche de bœuf grillée à la poêle. La recette exécutée dans la vidéo publiée par la société israélienne Aleph Farm a l’air excellente, mais ce qui fait son caractère exceptionnel est ailleurs. Le steak utilisé a en effet été créé de toutes pièces en laboratoire. »

 

«Nous sommes parvenus à produire les premières pièces de steak de bœuf cultivées à partir de cellules naturelles, sans blesser d’animal», dit face à la caméra Didier Toubia, le directeur de l’entreprise.

 

Quatre types cellulaires

 

Aleph Farms marque bien une réelle avancée dans les recherches. Son bifteck n’est pas un amas de viande reconstituée en steak haché ou en nuggets, comme le font ses concurrents, mais bien une pièce ressemblant à une tranche de muscle. L’entreprise co-cultive pour cela quatre types de cellules différents: du tissu musculaire, conjonctif, vasculaire et adipeux (gras).

 

Surtout, le coût de ce prototype de bidoche se situerait, selon les dires de l’entreprise, aux alentours de 50 dollars pour une fine tranche: c’est encore cher, mais c’est incomparablement moins que les tarifs annoncés il y a cinq ans à peine.

 

En cinq ans, les coûts sont passés de 260 000 euros à 44 euros pour un steak.

 

Jean-François Hocquette, de l’Institut national français de la recherche agronomique (INRA) de Clermont-Ferrand et coordinateur en 2015 d’une revue internationale sur le sujet estime que le prix ait été divisé par 6000 en quelques années n’est finalement pas si étonnant :

 

«Il ne faisait aucun doute que les coûts allaient baisser, ne serait-ce que pour des raisons d’échelle, mais il est toujours difficile de prévoir quand cela va se produire et à quel rythme.»

 

Et le goût ?

 

Aleph Farms reconnaît qu’il reste encore quelques progrès à effectuer pour que son bifteck soit indiscernable d’une véritable viande d’origine organique. L’acceptation de ces néo-viandes par les consommateurs n’est pas non plus gagnée d’avance: les cellules poussent grâce à la présence de nombreux additifs chimiques, hormones et autres facteurs de croissance.

 

Enfin, il faudra surtout prouver les bénéfices environnementaux d’une telle industrie dont les promesses répétées laissent « rêveur ».

 

Ça calmerait les vegan et satisferait les défenseurs de l’environnement : « Plus besoin de tuer des animaux pour manger un steak, ni de dépenser des quantités astronomiques de ressources pour élever les bêtes. »

 

D’après les chiffres projections de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture « De quoi répondre à notre appétit en produits carnés qui devrait croître de 70% dans le monde d’ici à 2050. »

 

Ce n’est encore que de la science-fiction : aucun pays n’a pour l’heure autorisé ces produits à la consommation, mais un tel effondrement des coûts pourrait accélérer les choses.

 

Mais peut-on affirmer que la production de viande in vitro sera plus durable que l’élevage ?

 

Jean-François Hocquette, invite à la prudence:

 

«Le bien-être animal est très relatif puisque les entreprises cultivent généralement les cellules dans un milieu contenant du sérum de veau fœtal» (le steak d’Aleph Farms pousse toutefois dans un milieu non animal qui demande encore à être amélioré, selon un article du Guardian sur le sujet).

 

Quant aux études sur l’impact environnemental, elles restent contradictoires.

 

L’une d’entre elles, menée en 2011 par des scientifiques de l’Université d’Oxford, concluait que la fabrication de viande artificielle permettrait de réduire de 45% les besoins en énergie par rapport à l’élevage conventionnel.

 

Une autre, publiée par une équipe interuniversitaire américaine en 2015, prévoyait au contraire des besoins plus élevés, tout en reconnaissant une probable moindre utilisation des surfaces agricoles.

 

Jean-François Hocquette, conclut :

 

« Ces recherches soulèvent de nombreuses questions. Veut-on vraiment laisser les clés de notre alimentation à quelques entreprises technologiques? Ne peut-on pas plutôt agir en réduisant le gaspillage alimentaire et en favorisant l’élevage durable? C’est à la société d’y répondre

 

A l’heure actuelle, en Suisse, une centaine d’entreprises innovent dans les technologies alimentaires avec un objectif commun: parvenir à nourrir les dix milliards d’individus que comptera notre planète dans trente ans. Des multinationales, Nestlé en tête, veulent servir de colonne vertébrale à cet écosystème régional.

 

«Nous sommes en discussions avec des start-up pour trouver une façon de travailler ensemble. Nous voulons mieux valoriser cet écosystème en maximisant les interactions entre les différents acteurs, aussi bien les écoles d’ingénieurs que les start-up, note Isabelle Bureau-Franz, responsable de la recherche chez Nestlé. De son côté, la multinationale élabore aussi des alternatives aux protéines animales. Dans sa cuisine expérimentale, au sein de son centre de recherche de Vers-chez-les-Blanc, des cuisiniers mijotent, par exemple, des tacos végétariens.

 

«Nous recherchons des alternatives à la viande ou au lait de vache, tout en offrant une équivalence nutritionnelle en matière de protéines mais aussi en fer ou en vitamine B12, précise Isabelle Bureau-Franz. La texture des produits constitue aussi un défi que nous cherchons à relever.»

 

Malgré les initiatives en cours, les experts s’alarment. Comment nourrir de façon saine et équilibrée les 10 milliards d’individus que devrait compter la planète d’ici à trente ans? La crise de la protéine constitue un réel enjeu, avec comme toile de fond des défis liés à la production, sans gaspillage alimentaire, d’eau ou d’énergie.

 

Lutter contre les déchets

 

«On compte chaque année 60 milliards de fruits et légumes perdus dus aux moisissures après récolte. Dans la culture des fraises, le pourcentage de déchets peut s’élever à 50% de la production, ajoute Jean-Pascal Aribot, cofondateur d’AgroSustain. En réduisant les déchets alimentaires, nous espérons avoir un impact sur les émissions de gaz à effet de serre.»

 

Source Le Temps ICI 

 

Un bon rouge sur ce merveilleux plat 

 

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