Dans mon premier livre de géographie je lisais que la vallée de la Loire était celle des châteaux : Chambord, Chenonceau, Azay-le-Rideau... et que la Loire était le plus long fleuve de France... « La voici à Chaumont. C’est l’été, elle a peu d’eau et des bancs de sable doré encombrent son lit ; elle n’est pas navigable. Elle coule entre une berge bordée de peupliers et un coteau planté de vignes qui donnent un vin renommé. »
Pendant longtemps les vins de Loire se résumait à l’Anjou et à la Touraine, en aval comme en amont les autres vins, simples timbres postes épars ou vin océanique, tel le Muscadet, n’étaient pas perçus comme fils de la Loire. À propos de l’Anjou et de la Touraine Georges Montorgueil écrivait en 1927 « ces provinces sont deux sœurs jumelles qu’enveloppe une même admiration. Elles se complètent à ne les pouvoir à peine distinguer l’une de l’autre, encore qu’un légitime orgueil de terroir souligne, dans chacune des traits particuliers. Également vineuses, chacune à ses vins ; mais leur parenté est si évidente que, dans le passé, on nommait indifféremment vins d’Anjou les vins de Touraine ou de Touraine les vins d’Anjou. »
Ronsard, qui était Vendômois, y situait le paradis terrestre en Anjou :
... le nectar divin
Qui rend Anjou fameux, car volontiers le vin
Qui a senti l’humeur du terroir angevin
Suit les bouches friandes.
La Touraine est le pays de Rabelais dont on pourrait mettre « toute l’œuvre sous le pressoir sans en exprimer une goutte de mélancolie. »
Bref, beaucoup d’eau a coulé depuis sous tous les ponts de la Loire et entre les berges du grand fleuve né au Mont Gerbier des Joncs. Aujourd'hui nous voici face à plus de 40 appellations gravitant autour de son Val. Même mes Fiefs Vendéens, c’est dire. Fleuve lien certes mais aussi me dit-on une sécession consommée celle de Bourgueil, d’autres annoncées et certaines non dites. Contrairement à ce que certains pourraient espérer je ne vais pas m’attarder sur l’incapacité chez certains de concilier les intérêts de boutique avec ceux d’un socle collectif indispensable pour affronter le grand large. Ce disant je ne prends pas parti dans cette affaire car je ne sais si la barre du grand navire interprofessionnel tient le bon cap.
Puisque les Vins de Loire tiennent Salon à Angers je vais me contenter d'évoquer un petit morceau d’histoire « De son commerce des vins d’autrefois, la banlieue d’Angers porte, aux Ponts-de-Cé, un témoignage irréfutable. Lorsque les Hollandais venaient chercher ses vins, ils remontaient la Loire jusqu’à ces ponts, où était établi l’embargo de leurs armateurs, reconnaissable dans un vieux pavillon à coupole de pierre. Là, arrivaient les vins de Saumur et du Layon. Les premiers en suivant le fleuve et les autres à terre, par des chemins affreux. Ce fut pour éviter ces embarras qu’on creusa et qu’on canalisa le Layon.
Nous sommes là dans la région vinicole de l’Anjou, et au point culminant de sa splendeur.
Le Layon est une petite rivière qui prend sa source aux étangs de Beaurepaire, dans les Deux-Sèvres, et se jette dans la Loire, à Chalonnes. Il promène ses eaux flâneuses entre des coteaux arrondis chargés de belles vignes. Il sépare, de sa longue vallée sinueuse, les Mauges du Saumurois. Sur la gauche, Saint-Lambert-du-Lattay présente la plus grande étendue de vignes. Rablay – un bien beau nom pour un cru – est à cheval sur les deux rives. La commune de Thouarcé, sur la rive droite, se flatte se son cru de Bonnezeaux qui produit un vin de premier ordre, ce qui serait un non-sens si l’on de savait qu’une source réputée donna son nom au pays :
C’est ici que s’élève une double colline
Dont l’une offre un nectar et l’autre une eau divine.
L’eau divine nous a paru beaucoup moins appréciée, de nos jours, que le nectar. »
Alors, irais-je faire Salon à Angers les 1-2 ou 3 février ? Je ne sais, sauf à ce que je suive la suggestion d’un membre ligérien de l’ABV qui souhaitait que nous nous y retrouvions pour trinquer. Pourquoi pas, mais encore faudrait-il que d’autres amicalistes du Bien Vivre se réveillasses pour exprimer le même désir. Qui vivra verra chers lecteurs. Si je ne dérange pas trop, un petit coup de TGV pour s’offrir quelques petits coups de nectar du Val de Loire c’est de l’ordre du possible. Affaire à suivre...