Bruno,
Si je prends la peine de t’écrire en ce matin de décembre frisquet c’est pour te dire tout le plaisir que m’a procuré la lecture de la belle et pertinente chronique de Jacky Durand, au titre très Libé « BRUNO VERJUS SES METS À TABLE ».
Si je puis dire et, mieux encore, l’écrire : enfin !
Ce n’est pas trop tôt…
Je l’ai lu avec gourmandise, de la bien belle ouvrage, bien saisie comme l’une de tes belles soles d’hiver de l’Ile d’Yeu au beurre clarifié de vache Rouge des Flandres.
Ha ! l'Ile d’Yeu, Bruno, nous avons pour elle les mêmes yeux de Chimène… la loubine du plateau de Rochebonne qui se situe à plus de trois heures de mer* des côtes d’Yeu.En juillet, la loubine (bar) se pêche à la canne avec des lançons. En août elle musarde et modifie son régime alimentaire. Elle ne résiste pas aux ballardes, lignes de fond garnies de chancres-ballants, petits crabes blancs. »
Juillet-août 68, la ferme des 3 moulins, marchand de vermoulu (antiquités) avec Jean Neveu-Derotrie, notre C4 et Achille le chien...
Comme d'accoutumée je m’égare dans mes chers chemins de traverse.
Le port de la Meule où je mangeais des tellines, le vieux château où j'allais contempler l'océan en furie, les bars de Port-Joinville...
Souvenirs, souvenirs... comme le chantait Johnny !
Mais revenons à mes moutons : y'a pas à dire cette chronique quel bel envoi !
Moi, le vieux blogueur blanchi sous le harnois, qui besogne chaque jour que Dieu fait, je suis un peu jaloux d’une telle aisance. Ce qui me console, pour ne rien te cacher, c’est que je ne suis pas peu fier d’avoir été l’un des premiers, dès 2013, alors que tu découvrais « les joies et les peines » de ton nouveau métier, à pressentir que par-delà les embuches, les difficultés, tu irais jusqu’au bout de ton défi.
Tu tiendrais ta ligne de conduite…
Avec un peu d’emphase je titrais alors : TABLE est une Grande Table : Bruno Verjus inventeur* de produits de génie.
Depuis tu n’as pas dévié d’un pouce de tes choix initiaux : tu cherches et tu trouves le produit d’exception, tu lui donnes sa chance, tu le révèles en magnifiant, avec simplicité, honnêteté, ses saveurs originelles. Chez Table vous respectez le goût des choses et ça cadre bien avec ma philosophie du bien vivre.
Comme la rue de Prague n’est qu’à quelques tours de roue de chez moi, il me suffit de sauter la Seine sur le pont d’Austerlitz, de passer sous le viaduc de l’ancienne ligne qui desservait les bords de Marne, d’accrocher mon fidèle destrier aux barres prévues à cet effet, lorsque je pousse ta porte – façon de parler – je me sens un peu chez moi.
Fleurs de ruine, Modiano…
« En ce temps-là, on allait de Paris à Nogent-sur-Marne et au Perreux par la gare de la Bastille ou par la gare de l’est. Les trains partaient de la Bastille suivaient la ligne dite de Vincennes, jusqu’à Verneuil-L’étang. J’ai connu encore cette ligne au début des années 60 avant que le RER ne lui succède, et que la gare de la Bastille ne soit détruite pour laisser la place à un Opéra.
La voie courrait sur le viaduc de l’avenue Daumesnil dont les arches étaient occupées par des cafés, des dépôts et des commerces. Pourquoi je longe ce viaduc si souvent dans mes rêves ? »
Le café Bosc, Alligator, Ghesquière&Cie, Chauffage la Radieuse…
Les indigènes de Paris, espèce en voie de disparition... ne reste plus que certains parisiens de fraîche date pour relever le défi de la vie de village de la ville capitale. J'en suis et m'assimile à l'indigénat de Paris. Nous nous accrochons, sommes un peu chiants, mais fidèles. Depuis la Corse, en septembre, j’ai commis une lettre d’un habitué du déjeuner à ses cantiniers, cantinières, préférés… je n’y reviens pas.
En revanche je reviens à l’objet de la présente lettre, la chronique de Jacky Durand.
À la différence de beaucoup de ses confrères, il me donne le sentiment – tu le sais je suis mauvaise langue – d’avoir pris son temps, avant d’écrire, de humer l’air du lieu, de ton lieu, de comprendre, de s’imprégner de l’esprit de ta maison.
Ça part bien : « Il cuisine en chaussures de ville, pantalon rouge et grosse écharpe, avec un air mi-Topor, mi-Bébel, appelle son second «Loulou» en écoutant Leonard Cohen. Bruno Verjus, le chef de Table, à Paris, est un peu sorcier du goût, rebouteux des papilles et ménestrel des fourneaux. »
Bonne lecture à mes chers lecteurs en grande majorité non parisiens mais qui, comme nous le disions dans ma Vendée crottée, montent aussi à Paris aux grandes occasions.
Dans ce cas y’ pas photo, si vous recherchez une belle TABLE pour déjeuner ou dîner, allez donc saluer le patron de TABLE qui s’appelle Bruno – rien à voir avec celui de Pierre Perret – il vous surprendra.
En plus à TABLE les vins sont au top, comme je les aime : un peu nature sur les bords…
Bruno, à bientôt…
Un vieux blogueur qui s’aventure de temps à autre à faire des tartes aux pommes…
* au sens de celui qui a découvert un trésor (article 68-9 du Code minier français).