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14 janvier 2020 2 14 /01 /janvier /2020 06:00

Tartine-de-pourri, qu’est-ce donc ?

 

Comme le sieur Dupont est mobilisé par son combat contre les prohibitionnistes masqués de Dry January j’ai demandé à Dubeu pi Débeu – Dupont et Dupond en arpitan bressan – d’enquêter sur le bresse pourri ou pourri bressan.

 

Tintin en arpitan bressan ICI 

 

 

Le bresse pourri ou pourri bressan est une préparation fromagère de la famille des « fromages forts » qui existent dans toutes les provinces. La recette est toujours la même : il s’agit de conserver les vieux morceaux de fromage qu’on ne peut plus consommer tels quels, les invendus ou encore ceux qui ont un défaut, en les faisant refermenter avec du caillé frais, de l’alcool et des aromates.

 

Par kelly bone 

 

Mais ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît d’où l’intervention de Dubeu pi Débeu.

 

Je vous livre leurs conclusions :

 

Tels qu’ils sont actuellement commercialisés, le fromage fort et le pourri sont deux préparations fromagères bien distinctes.

 

Les producteurs et les commerçants (crémiers et fromagers) insistent sur la différence qui paraît alors évidente. Les techniques de fabrication sont décrites comme bien différentes, ainsi que le résultat obtenu.

 

Le fromage fort, dont la recette comporte de multiples variantes, a l’aspect d’une crème épaisse, légèrement granuleuse, de couleur blanc cassé. Son odeur est un peu forte (certains commerçants conseillent aux clients novices d’entourer la barquette de fromage dans un film plastique et de l’enfermer dans une boîte hermétique). Ce produit est fabriqué par la plupart des crémiers de la région et certaines coopératives laitières.

 

Le pourri, formé de morceaux de caillé moins liés que dans le fromage fort, a une texture plus sèche et un aspect moins homogène. Sa couleur est elle aussi irrégulière ; elle varie du blanc cassé au jaune paille sur les morceaux les plus maturés, devenus légèrement gluants. Son goût bien différent est plutôt comparé par certains vendeurs à la cancoillotte.

 

Pourtant l’identification et la distinction entre ces deux productions fromagères ne sont pas toujours aussi évidentes. Le fromage fort est souvent indifféremment appelé pourri. A Saint-Etienne-du-Bois, nombre de personnes, surtout parmi les plus âgées mais pas uniquement, emploient spontanément le terme de pourri pour désigner ce que les commerçants appellent fromage fort : « ‘c’est la même chose. Fromage fort ou fromage pourri, c’est tout la même chose ’» expliquent-elles. Certaines ont le souvenir que leurs parents utilisaient l’un ou l’autre mais constatent un basculement en terme d’occurrence respective : « ‘ça se disait les deux. Ça se disait encore bien le fromage pourri. Mieux que maintenant. Alors que maintenant ça ne s’emploie plus trop le fromage pourri ’».

 

Les documents écrits confirment l’assimilation de ces deux termes : « ‘on l’accompagnait de tartines ou rôties de fromage fort (Note de l’auteur : fromage fermenté obtenu avec du fromage blanc, sec. Appelé encore fromage pourri.)’ »

 

La description qu’en fait Tortillet correspond à celle qui a été donnée pour le fromage fort : « ‘le fromage fort ou pourri est un mélange de fromage sec de vache et de fromage de gruyère que l’on râpe et qu’on fait fermenter en y ajoutant un levain. On y ajoute généralement un peu de vin blanc’ ». Quant à l’ouvrage C’était hier, plus récent, il relate le même rapprochement : « ‘le fromage frais de l’été était remplacé par du fromage fort (fromage pourri). Ce terme irrévérencieux s’applique à du fromage de chèvre sec râpé auquel on ajoutait du bouillon de poireau et du vin blanc sec. L’ensemble subissait une légère fermentation’ ». Quant aux fabrications, à Saint-Etienne-du-Bois, l’une ou l’autre était autrefois élaborée, en fonction des familles.

 

D’ailleurs la frontière entre les deux types de préparation fromagère, lorsqu’elles étaient de fabrication domestique, n’était probablement pas si nette.

 

Lorsque les particuliers élaboraient leur fromage fort uniquement avec des productions familiales, à savoir du fromage de chèvre ou du fromage de vache, sans l’apport de fromages du commerce (comté, bleu, etc.), le résultat était sans doute assez proche du pourri. Comme par ailleurs les recettes devaient diverger d’une maisonnée à une autre, il ne devait pas y avoir plus de différence entre le fromage fort et le pourri qu’entre les différents fromages forts propres à chaque famille.

 

En fait, il s’agit d’une catégorie alimentaire qui autorise une grande liberté dans la fabrication et qui permet de multiples variantes. Ce que retiennent les consommateurs, c’est le fait qu’il s’agisse d’un produit mis à maturer, à refermenter, d’où l’emploi du terme de pourri qui souligne, comme le signale Claude Lévi-Strauss dans son Triangle culinaire, une élaboration naturelle : « ‘c’est un fromage qu’on laisse pourrir, s’abîmer’ » ; « ‘on disait du fromage pourri parce qu’on le laissait fermenter. Donc, ça faisait un fromage pourri, ben c’était du fromage fort ’»; « ‘on le laissait fermenter quelques jours avant de le manger. On le laissait faire, disons. C’est pour ça qu’on y appelait le pourri !’ ».

 

Tous les Bressans insistent sur le temps nécessaire à sa transformation, c’est-à-dire sur l’action de la nature sur un produit de la culture. Mais ils soulignent également le fait que le temps n’arrivait jamais à bout de cet aliment ; celui-ci était intarissable puisque le pot de grès était indéfiniment rechargé : « ‘ils rajoutaient quand on faisait les poires, le marc, à l’automne, et puis après à mesure que le pot diminuait, on râpait des fromages de chèvre, on en remettait dedans. On remettait du bouillon de poireau, on le changeait un peu disons, on finissait jamais la préparation du début ’». En effet, la maîtresse de maison « ‘en faisait toujours, avant qu’il soit fini, il fallait toujours qu’il y ait un levain. Mais il fallait quelques jours pour qu’il se fasse quoi’ ». En raison de ce levain, on a véritablement affaire à l’image d’une production vivante dont la caractéristique principale est la fermentation.

 

Dans la région Rhône-Alpes, le fromage fort faisait l’objet d’un même arrangement. L’inventaire du patrimoine culinaire de la France reprend Le Littré de la Grand’Côte (1895), dans lequel il est cité « ‘une famille à Fleurieu-sur-Saône, où le fromage fort est conservé depuis 1744 ’». En somme, le fromage fort et le pourri représentaient une même catégorie classificatoire et ne correspondaient pas à deux productions clairement identifiables. Ils étaient assimilés à un aliment aux frontières complexes, mouvantes, instables. Il semble que ce soit leur commercialisation qui ait imposé une classification plus précise, instaurant une distinction claire entre fromage fort et fromage pourri (ou vieux).

 

Autrefois, en hiver, le fromage fort ou le pourri était présent sur toutes les tables bressanes et sa consommation était quasiment quotidienne en cette période. Elle a depuis considérablement diminué. En effet, non seulement ces préparations fromagères ne sont plus du tout consommées dans certaines familles, mais dans les autres, bien que restant très appréciées, elles ne représentent plus qu’une nourriture occasionnelle. Ces aliments, nourrissants et qui plus est se tartinent impérativement sur du pain, sont souvent évités pour des raisons diététiques : « ‘on en mange qu’une fois dans l’hiver, parce que ça fait manger beaucoup de pain. Ça fait grossir quoi !’ ».

 

D’après les forains, qui se rendent sur les divers marchés de la région, le fromage fort a plus de succès en Bresse burgienne, entre autres sur le marché de Bourg-en-Bresse, alors que le pourri est surtout apprécié dans le nord du département et plus encore en Bresse louhannaise, où il est d’ailleurs plus connu. A Bourg-en-Bresse, ce dernier est peu consommé.

 

Mais si la consommation de fromage fort en guise de fromage, à la fin du repas, s’est raréfiée, les occasions d’en manger se sont modifiées et diversifiées, entraînant une revitalisation de cet aliment. Autrefois, obtenu par la réutilisation des restes domestiques, il n’était pas digne d’être partagé avec des personnes extérieures à la famille et relevait exclusivement de l’alimentation domestique et intime. Il correspondait à un aliment peu coûteux qui nourrissait les membres de la famille. Depuis quelque temps, de nouvelles pratiques s’instaurent, faisant pénétrer cette denrée dans la catégorie des aliments publics. Actuellement, certains Bressans offrent à leurs invités du fromage fort sous la forme de tartines apéritives. Celles-ci sont servies grillées, avant le repas ce qui permet de proposer « un apéritif un peu copieux ». Notons que de toute évidence, la pratique même de l’apéritif est elle aussi relativement récente.

 

D’autres hôtes, plus innovants encore, organisent des « soirées fromage fort » : « ‘pendant l’hiver, avec les voisins, on fait une soirée. Au lieu de faire une soirée raclette, c’est une soirée fromage fort ’». Les tartines de fromage fort sont alors servies en guise de plat principal, éventuellement accompagnées d’une charcuterie et/ou d’une salade verte. Autrefois réservé à l’intimité, associée à un fromage de pauvreté, le fromage fort devient synonyme de convivialité et accède à l’espace public.

 

Si ce mode de consommation n’est pas pratiqué par l’ensemble de la population, il tend à se diffuser au sein de toutes les générations. Ce Stéphanois, septuagénaire, veuf, vante ici les avantages de ce plat : « ‘quand je reçois des amis, quand je reçois la famille, on mange le fromage fort, le soir. C’est aussi sympa, voyez-vous que de manger de la raclette ou autre chose. Et c’est très digeste. L’autre jour, j’en ai mangé, ben, ça passe comme une lettre à la boîte. Ça passe mieux qu’une, allons, qu’une fondue de gruyère. C’est plus digeste. Après on met une petite tranche de jambon, une salade et ça y est. Ça fait un repas. Et puis c’est facile à faire. Moi, quand je reçois, je fais ça’ ». Consommé selon un mode inspiré de la raclette, du Mont-d’Or et de la fondue, le fromage fort, servi ainsi, jouit de l’engouement actuel pour les fromages fondus. En effet, les repas constitués d’un tel plat accompagné éventuellement de charcuterie, de salade et/ou de pommes de terre sont particulièrement appréciés par les commensaux et répondent à des critères contemporains de consommation.

 

Ils sont perçus comme facilement et rapidement préparés (les savoir-faire, limités, sont accessibles à tous ; les charcuteries elles-mêmes ne nécessitent pas d’opération culinaire ; la salade, très peu, voire aucune si elle est achetée déjà lavée) et conviviaux dans la mesure où les hôtes ne sont pas seuls à gérer le déroulement du repas mais que les invités participent plus ou moins à la préparation (chacun dispose son fromage, pique son pain, pèle ses pommes de terre, se sert à volonté, etc.). Grâce à ce nouveau mode de consommation, le fromage fort est remis à l’honneur. Il s’inscrit dans une pratique moderne de consommation et n’est pas associé à un produit du passé. Contrairement à la commensalité autour de gaudes ou de dinno, nulle commémoration du produit n’est lisible au travers de ces « soirées fromage fort ». D’ailleurs, l’annonce du « fromage fort » aux côtés du « véritable ramequin du Bugey » et du « fromage à raclette » sur un chevalet devant une épicerie de Bourg-en-Bresse laisse entendre que ces trois produits relèvent de la même catégorie d’aliments : ceux que l’on partage entre amis, pour une soirée simple et chaleureuse !

 

Enfin, le fromage fort est présent à l’occasion de nombreuses manifestations collectives. Il est vendu, en tartines grillées, par les buvettes des associations lors des fêtes publiques et proposé lors des regroupements associatifs et sportifs (lors des concours de belote par exemple) : « ‘mon mari fait partie d’une association de basket. Quand ils font leur loto, ils servent dans l’après-midi des tartines de fromage fort. Des grosses tartines, là, avec du bon pain de campagne... On aime bien’ ».

 

Ces consommations, hors du repas proprement dit, modifient considérablement le statut du fromage fort. Aliment nourrissant, servi en fin de repas pour remplir les estomacs à moindre coût, il devient un extra, un supplément au repas, qui est obtenu, lors des fêtes, par l’achat. Son image se voit fortement revalorisée. Il faut par ailleurs noter que s’il était autrefois fabriqué dans les fermes, rares sont les personnes qui en font encore. Obtenu dans les commerces, il est donc devenu une production essentiellement artisanale, élaborée, non pour écouler des restes, mais pour son résultat. Acheté autour des sept euros le kg, il n’a plus, non plus, le même statut que la préparation fromagère qui était obtenue « gratuitement » par la réutilisation des restes domestiques.

 

Des productions aux frontières complexes : le fromage fort et le pourri sur le site theses.univ-lyon2.

jean yves peron les voisins orange

LES VOISINS ORANGE

Jean Yves Péron

Vin de France - Blanc de Macération - 2016

Quand un "grand" de la macération savoyarde s'amuse avec le Gewurztraminer, cela donne un flacon de génie ... Gros coup de coeur sur cette macération de 5 mois. Les amateurs-trices ne s'y tromperont pas, c'est GRAND !!

Peut-on manger du pourri bressan enceinte ?

ICI

 

FROMAGE FORT DU PETIT BUGEY - AU MÂCONNAIS
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Râpez les vieux fromages grossièrement épluchés. Broyez ou passez à la moulinette les fromages mi-secs. Passez au tamis le gruyère râpé. Rassemblez le tout dans une terrine. Versez le bouillon de poireaux tiède, le beurre fondu, le vin blanc et le petit verre d'eau-de-vie de marc. Assaisonnez. Malaxez le tout avec soin pour obtenir un mélange homogène. Reversez le tout dans un pot à salaison muni d'un couvercle. Bouchez hermétiquement. Rangez un mois au moins dans la partie de la cave la moins fraîche. Si, au bout de ce temps, la saveur est trop violente, ajustez en ajoutant un peu de fromage blanc pressé.

 

Excellent en tartines ou en rôties au four, nappées ou non de beurre.


(Recette communiquée par Marcel Chevallier, professeur d'enseignement technique à Chambéry.)

 

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13 janvier 2020 1 13 /01 /janvier /2020 06:00

 

  1. 名詞. 男性
  2.  名詞. 葡萄酒、ワイン。

 

Le 22 janvier 2009

3 verres pour réveiller le passé, les japonais sont fous des grands Bourgognes et de JY Bizot

 

Le Tome 5 des Gouttes de Dieu est arrivé.

 

Je vous en offre un petit aperçu sous la forme d'une histoire  dont le pitch est le suivant : son nom est Kaori Mizusawa et cela fait bientôt 8 ans qu’elle s’est réveillée sur un lit d’hôpital avec pour seul souvenir celui d’une bouteille de vin. Souvenir qu’elle a exprimé sous la forme d’un tableau dans lequel le héros Shizuku reconnaît la quête de son père décédé : « la description du premier apôtre » alors il déclare à la jeune femme « vous allez me trouver égoïste. Mais je dois absolument connaître ce vin prisonnier de vos souvenirs… » Le mari s’interpose, sa femme a retrouvé la sérénité, elle n’a nul besoin de se souvenir du passé. Shizuku insiste et madame Mizusawa passe outre aux réticences de son mari.

 

Déclaration de Shizuku : « mais ce tableau qu’elle aime… C’est sans doute un vin qu’elle aimait dans un passé heureux… De toute façon, heureux ou pas… Pour un humain, le passé est la terre où l’on s’enracine, et permet de vivre au présent. Même bénie du « ciel » et « aimée » des hommes… Une vie, si elle ne s’enracine pas dans « la terre » ne sera jamais fructueuse. C’est comme un vin fabuleux qui ne peut naître qu’une fois… Que le ciel, la terre et les hommes sont tous rassemblés. »

 

La suite ICI

 

Salvador Dali se disait fou du chocolat Lanvin, les japonais sont fous du vin, français bien sûr, bourguignons toujours ! JY Bizot bien sûr !

 

 

Et puis  le 4 janvier 2020 dans Le Monde Philippe Mesmer écrit :

 

Le Japon, étoile montante des vins du nouveau monde

Les Japonais consomment 2,94 litres de vin par personne et par an, contre 0,3 litre dans les années 1980. La production locale a atteint 15,8 millions de litres en 2017, soit 4,8 % du marché.

 

Un vignoble à Kai (Yamanashi ), au Japon, en mars 2013.

Un vignoble à Kai (Yamanashi ), au Japon, en mars 2013. TOSHIFUMI KITAMURA / AFP

 

Bio et terroir.

 

Ces concepts gagnent la modeste, mais de plus en plus populaire, viticulture japonaise, désormais considérée comme une actrice sérieuse de l’univers des vins du nouveau monde.

 

[…]

 

La production viticole japonaise n’est pas nouvelle. Artisans passés par les universités françaises d’œnologie ou grands groupes comme Mercian la développent depuis les années 1960 dans les départements de Nagano, Yamagata ou Yamanashi, célèbre pour son raisin « Koshu ».

 

Aujourd’hui, les Japonais consomment 2,94 litres par personne et par an, contre 0,3 litre dans les années 1980. La production locale a atteint 15,8 millions de litres en 2017, 4,8 % d’un marché toujours dominé par les importations chiliennes, américaines ou françaises.

 

La nouveauté est l’accent mis sur la valeur et non plus sur les volumes, avec un réel soutien des autorités. Pour obtenir l’appellation « vin japonais », il fallait utiliser 5 % de raisin produit localement. Depuis 2018, il faut en utiliser 100 %

 

Le vin apparaît sur l'archipel il y a près de 150 ans sous l'ère Meiji

 

En 1870, c’est la période où le Japon sort de son isolement et s'ouvre à l'Occident. Selon certains connaisseurs, le tout premier chai du pays voit le jour à Katsunuma, dans la préfecture de Yamanashi, non loin du Fuji-san.

 

C'est là que va pousser le fameux Kôshû, ce cépage qui permet de produire un vin blanc 100% japonais. Il a pour la première fois été cultivé il y a mille ans dans le Caucase, en Asie Mineure, avant de voyager jusqu'en Chine à la faveur de la Route de la Soie. C'est de Chine qu'il a été importé au Japon, pour ses vertus médicinales.

 

« 2018 fut l’occasion de commémorer le 150e anniversaire de la restauration de Meiji. Une ère qui débute en 1868 et qui marque l’ouverture du Japon vers l’extérieur. Mais pas que ! Le prince Mutsuhito, futur Empereur Meiji, arrive au pouvoir la même année. Entre ouverture et modernité, le Japon s’engage alors dans une nouvelle ère, porté par un jeune Empereur connu pour son amour de la culture occidentale… et surtout du vin français !

 

Grand Cru de Bourgogne au Parc Yoyogi

Tonneaux de saké à l'entrée du parc

 

C’est cette passion qui explique la présence de l’offrande so frenchy des tonneaux de grands crus de Bourgogne que l’on peut voir au parc Yoyogi, à l’entrée du sanctuaire Meiji-Jingu à Tokyo. Ces tonneaux de vins légués par de généreux donateurs à l’occasion des 150 ans des relations franco-japonaises commémorées en 2008 font face aux tonneaux de saké traditionnellement offerts dans les sanctuaires shintoïstes. »

 

Le Canon Primeur NV Le Grande Colline Ardèche , mousseux , naturel , 750ML Muscat de Hambourg

 

Le Canon Primeur NV Le Grande Colline Ardèche , mousseux , naturel ,  Muscat de Hambourg

« Je fais du vin que j’aime » Hirotake OOKA, vigneron

 

« Détenteur du domaine La Grande Colline au cœur du pays ardéchois, le japonais Hirotake OOKA, chantre du vin bio depuis plus de 10 ans avait choisi de venir faire du vin en France pour des raisons évidentes : «  J’ai hésité au départ entre la Californie et Bordeaux ne parlant pas le français, mais je me suis dit que les américains ont appris à faire du vin avec des français. Voilà pourquoi j’ai fini par choisir la France ». Ce vigneron qui a appris aux cotés de Thierry Allemand, vinifie des vins nature avec passion et détermination.

 

Il a néanmoins choisi de retourner au Japon il y a de cela un an où il a créé un domaine à Okayama, dans la région de Chugoku connue pour son raisin muscat. Il y produit du vin blanc sec, du pétillant naturel et du vin rouge sur les parcelles qu’il a acquises en 2017 et en 2018. Du vin également bio, s’il vous plaît !

 

Le Japon, le pays des vins biologiques

 

Au 27e rang mondial des producteurs de vin avec une proportion de 65% de blanc et 35% de vin rouge, le cépage emblématique du Japon est le Koshu, historiquement importé de Chine, qu’on retrouve dans la préfecture de Yamanashi, célèbre pour sa production viticole. Il est le cépage japonais le plus connu des amateurs de vin à travers le monde. Traditionnellement consommé comme raisin de table, il donne un vin blanc sec, plutôt fruité,  avec des arômes de pamplemousse, de pomme et de citron. Il ne va pas sans rappeler le sauvignon blanc du type vin du sud-ouest. Il donne des vins qui se boivent plutôt jeune (2 – 3 ans). L’un des domaines les plus emblématiques au cœur de la région de Koshu est la maison Grace Wine créée en 1923 et actuellement dirigée par Ayana MISAWA. Elle exporte ses très jolis vins blancs dans plus de 20 pays, incluant la France.

 

Pour Hirotake OOKA : « il y a beaucoup de vignerons japonais qui travaillent très bien malgré les conditions climatiques qui sont bien moins favorables qu’en France ». Il est vrai qu’en dehors du climat peu favorable, le Japon s’illustre dans la production de vins bio dont les consommateurs sont très friands.  Un constat qui enthousiasme Hirotake OOKA : « Je souhaite qu’il y ait davantage de cépages locaux plus résistants à la maladie pour généraliser la production de vin bio. ».

 

LE BLANC DU MONT FUJI

 

LE KÔSHÛ, UN VIN EXQUIS

 

Vigne au Japon

Vin Koshu

 

Ce cépage s'épanouit dans cette zone montagneuse et le Fuji-san veille au grain. Il profite d'un bon ensoleillement tout au long de l'année. La vendange commence généralement au mois d'octobre voire début novembre.

L’image contient peut-être : ciel, montagne, plein air, nature et eau

 

Le vin blanc produit, aux arômes d'agrumes avec une pointe d'acidité, est délicat et très subtil en bouche. Il se marie très bien avec la cuisine japonaise comme les sushi, les tempura, le shabushabu ou encore les yakitori.

 

« Les vins japonais sont peu connus en France  et c’est en partie parce qu’il n’y pas de cahier des charges, pas de discours établi ou de législation rigoureuse en la matière. La majorité des moûts de raisins arrivent d’Amérique du sud et 80 % de la production est faite à partir de ces raisins d’importation. Il est donc important de bien distinguer les “vrais vins japonais’’  des “vins fermentés  au Japon’’ au moment de faire votre choix. »

 

Romain Simon chef sommelier du restaurant étoilé La Table de l’hôtel Clarance  à Lille ICI  

 

Kanpai !

 

Vignoble au coeur du Japon

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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 06:00

Cary Grant: son « homosexualité », un piège à femmes

Dans son dernier opus d’Ellroy La tempête qui vient page 58 il écrit : « Le baisodrome de Chapman Park affiche complet ce soir Cary Grant, Stanwyck la gouine et Ruth Mildred Cressmeyer partouzent avec « Monsieur 25 centimètres », Tony Mangano. »

 

La tempête qui vient par Ellroy

 

Barbara Stanwyck – Ruby Catherine Stevens de son vrai nom-, née le 16 juillet 1907 à Brooklyn, dans un milieu très défavorisé. ICI

 

Ruth Mildred Cressmeyer voir ci-dessous :

25 mai 2015

Ça balance dur sur le Hollywood des années 4O avec James Ellroy « Je suis perchée sur un canapé dont s’est servi Gary Cooper pour sauter Barbara Stanwyck. » ICI 

 

Ellroy est un habitué, il ne se cache pas derrière son petit doigt.

 

La trilogie Underwood U.S.A  de James Ellroy. C'est du lourd. Des pages éblouissantes, du pourri, des personnages vérolés : Nixon, Edgar Hoover, Howard Hughes, des stars dont « la gouine exhibitionniste, qui broutait des minous dans les soirées hollywoodiennes» : Nathalie Wood.

 

Résultat de recherche d'images pour "la mort aux trousses"

 

L’élégant et impeccable Cary Grant le héros de « La mort aux trousses » a connu une vie privée pour le moins tumultueuse. Grand séducteur il faisait fantasmer les spectatrices. Ses frasques sentimentales faisaient d'ailleurs les choux gras de la presse à scandale, avec pas moins de 5 mariages, notamment avec des actrices de trente ans plus jeunes que lui.

 

Après un premier divorce en 1934, Cary épouse la richissime Barbara Hutton. Il la quitte en 1945 mais demeure très proche de la belle mondaine. Il s’unit ensuite à l’actrice Betsy Drake, qui l’initie aux drogues et à la méditation. Le couple se sépare en 1962 et Cary convole avec la jeune Dyan Cannon, qui l’accuse rapidement de violences conjugales. Le divorce est prononcé en 1968 et Cary épouse Barbara Harris, qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en 1986.

 

Bisexuel, il a eu de nombreuses relations masculines, toujours cachées à une époque où il ne faisait pas bon avouer son homosexualité à Hollywood. Il vivra ainsi douze ans avec l'acteur Randolph Scott, alors même qu'il était censé être en couple avec sa première épouse, dont il divorça d'ailleurs rapidement pour violences conjugales.

 

L’acteur avait aussi ses démons intérieurs.

 

Télérama très porté sur le divan – pas celui où il sautait Barbara Stanwyck, voir plus haut – nous met au parfum.

 

« Tout le monde veut être Cary Grant. Moi aussi, je veux être ­Cary Grant », disait l'acteur. Ce doute existentiel, il l'a traîné (presque) toute sa vie.

 

Tiraillé entre ce « Cary Grant », star hollywoodienne qui commence sa carrière en 1932, et Archibald Alexander Leach, jeune homme né dans une famille modeste à Bristol, en 1904, devenu acrobate avant de rejoindre les Etats-Unis. Kidel raconte comment, dans les années 1950, Grant a entamé une thérapie à base de LSD pour soigner (avec succès !) sa dépression. Le traitement, proposé alors par certains psychiatres californiens, visait à libérer l'inconscient, grâce aux puissantes visions que suscite la drogue. A l'instar d'un Marlon Brando, les fêlures intimes de l'acteur transparaissent souvent à l'écran. Certains réalisateurs, comme Alfred Hitchcock, ont su les sublimer. Relecture de quelques-uns de ses classiques à l'aune de sa vie privée.

ICI 

 

Scotty Bowers a 89 ans, il est arrivé à Hollywood en 1944. Embauché comme pompiste dans une station-service sur Hollywood Boulevard, le jeune marine passe rapidement à une seconde activité lorsqu’il se voit proposer une passe à 20$ par l’acteur Walter Pidgeon (« La planète interdite ») pourtant marié. Voilà le genre de souvenirs cocasses et aventures tumultueuses que nous livre Scotty Bowers dans « Full Service. My Adventures in Hollywood and the Secret Sex Lives of the Stars ».

 

Pendant trente ans, ce bisexuel et prostitué occasionnel sera le fournisseur quasi officiel des conquêtes d’un soir ou de plusieurs années du gratin de Hollywood. Dans son ouvrage, Scotty Bowers détaille par exemple les parties « à trois » avec Cary Grant et son « colocataire », l’acteur Randolph Scott, sa liaison avec l’actrice Vivien Leigh (« Un Tramway nommé désir ») ou encore l’appétit sexuel vorace d’Edith Piaf avec qui il aurait couché « tous les soirs pendant quatre semaines », quand elle tournait à Los Angeles.

La suite ICI 

 

Cary Grant. Mort à l'âge de 82 ans en 1986, l'acteur a laissé derrière lui un nombre inimaginable de chefs d'œuvres, ainsi qu'une fille qui publie aujourd'hui un livre hommage à son papa star.

 

Jennifer Grant est l’unique  fille de Cary Grant, elle est  née le 26 février 1966 à Burbank Californie de l’union de l’acteur avec Dyan Cannon, la quatrième femme de Cary Grant de trente-trois ans son ainé, qu'elle épousa le 22 juillet 1965 à Las Vegas. Elle quitta Grant en décembre 1966, déclarant qu'il entrait souvent dans des rages soudaines et la battait quand elle lui « désobéissait ». Le divorce, finalisé en 1968, fut amer et public, et la bataille pour la garde de leur fille dura dix ans.

 

Jennifer Grant a toujours eu un petit béguin pour son père comme beaucoup de petites filles avant elle. Oui mais voilà, le papa de Jennifer s'appelait Cary Grant et c'était un merveilleux acteur qui a entre autre donné la réplique à Audrey Hepburn et Grace Kelly. Et puisque Jennifer est fière de son géniteur, elle a décidé de lui consacrer un livre: Good Stuff : A Reminiscence of My Father, Cary Grant.

 

Dans cette biographie familiale, elle y raconte que Cary Grant était un vrai papa poule qui la conduisait à l'école, qui lui racontait des histoires et qui gardait chaque photo et chaque morceau de papier qui le rattachait à sa fille.

 

Super papa, Cary Grant était aussi un homme plein d'humour si on en croit sa fille. Alors que des rumeurs sur sa possible homosexualité ont toujours couru à Hollywood, Jennifer explique que son père s'en est toujours amusé. « Il ne pouvait pas en vouloir aux hommes de le désirer. Papa flirtait parfois gentiment en retour ! » Elle ajoute du bout de sa plume : « Quand on lui posait la question, généralement il se concentrait sur la personne qui la posait ». Jennifer Grant conclut non sans humour : « Papa aimait bien qu'on pense qu'il était gay. Il disait que ça donnait encore plus envie aux femmes de prouver que cette affirmation était fausse ».

 

« On ne peut pas blâmer des hommes de l’avoir voulu et je ne serais pas étonnée d'apprendre que Papa a même doucement flirté… » Un homme sollicité par certains mâles qui a « aimé être qualifié d’homosexuel. Il disait que ça poussait les femmes à vouloir prouver le contraire. »

 

Cary Grant était perçu comme un électron libre du fait qu'il était le premier acteur "indépendant", à contre-courant du vieux système des studios, qui décidaient des évolutions de leurs acteurs. Il put ainsi avoir le contrôle de chaque aspect de sa carrière. Il décidait quels films tourner et s'impliquait dans le choix du réalisateur et de ses partenaires et négociait même parfois un pourcentage sur les bénéfices, un privilège rare à l'époque mais désormais courant parmi les grandes stars.

 

Il fut nommé deux fois aux Oscars dans les années 40 mais, étant l'un des premiers acteurs indépendants des grands studios, il ne l'obtiendra pas durant ses années d'activité. Ce n'est qu'en 1970 que l'académie lui remit un Oscar d'honneur pour sa carrière. En 1981, il reçut les honneurs du Kennedy Center.

 

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10 janvier 2020 5 10 /01 /janvier /2020 06:00

 

Et que la pipelette du Point, Géraldine Woesner, qui vénère comme sa copine de l’Opinion la boulangère Emma Ducros, le glyphosate ne vienne pas me traiter de bobo parisien qui n’a jamais mis la main à la terre, j’ai une sacré longueur d’avance sur elle.

 

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Leur amour immodéré de la productivité, à la mode des années 60, est aussi ringard que les Traban de l’ex-RDA. Elles n’ont compris au film mais peu importe la question n’est pas là. Je suis prêt à leur offrir un stage d’épandage dans des vignes cultivées de façon conventionnelle – une convention  avec qui ?

 

Du côté de la vigne je vois que les sourires goguenards des pourfendeurs de biocons mutent de plus en plus en rire jaune : les GCC de Bordeaux se convertissent à la suite du château Palmer, même Hubert a viré sa cuti.

 

« Or, lorsqu’une plante ou une herbe adventice apparaît, c’est ton sol qui parle... »

 

« Un compost de qualité donne vie aux sols, où se développe une flore diversifiée, entretenue par des brebis qui transmettent leur cortège digestif de micro-organismes. »

 

Dans son remarquable petit livre POURRI Marie-Claire Frédéric écrit :

 

Pourri

 

« Terminons ce pot-pourri en rebondissant sur la recette de Columelle. Cette recette fait partie du chapitre des compositum. Ce mot désignait en latin toutes sortes de produits qu’on mettait ensemble…

 

Le pot-pourri qui consiste à mettre dans un récipient des fleurs séchées ou fermentées pour bénéficier de leur parfum ne déroge pas à cette règle, ni l version musicale du même pot-pourri composé de plusieurs morceaux joués bout à bout.

 

Il se trouve que Compositum a donné également un des noms primitifs de la choucroute : le Komst, Kumst ou Gumpost

 

Le mot compositum est encore à l’origine étymologique de deux mots en français : la compote qui est effectivement faite de plusieurs ingrédients qu’on met ensemble pour les faire cuire, et le compost.

 

Le compost ! C’est lui le véritable pot-pourri, qui se décompose et pourtant qui est vivant d’un grouillement d’organismes fourmillants et foisonnants. Le compost, essence du pourri, qui n’en finit pas de vivre car la vie, entêtée, renaît de sa propre décomposition. Le compost origine et fin de toute chose. La boucle est bouclée. »

 

 

Bien sûr, les narines urbaines de nos adoratrices de la chimie en seront offusquées, ça pue : vive le règne des déodorants chimiques !

 

« Citons tout de même un nouveau produit qui fut inventé en 1888 aux USA, pour contrer les mauvaises odeurs de la transpiration : le déodorant. Il devient brusquement indispensable dans la lutte contre les émanations indélicates provenant  de la dégradation de la sueur par les microbes. Le déodorant n’est arrivé en Europe qu’à la fin du XXe siècle, dans les années 1970, et a fini par s’imposer sans qu’on en ait jamais soupçonné son utilité auparavant : se laver, entretenir la propreté de son corps ne suffit donc plus ? »

 

Lorsque j’arrive dans les vignes chablisiennes j’ai l’impression de me faire asperger au déodorant pesticide !

 

Mais je m’égare dans les coursives des stipendiés, mon propos s’adresse aux candidats à la future élection municipale de Paris.

 

AVIS aux candidats : Je veux des composteurs partout !

 

 

 

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9 janvier 2020 4 09 /01 /janvier /2020 06:00

 

Don de Jacques Dupont

Souvenez-vous les pinzutu de l’enquête Corse confiée à Jack Palmer !

 

C'est beau la Corse.

 

C'est juste une île un peu compliquée pour un continental.

 

 

Jack Palmer, parti sur l'île de beauté à la recherche d'un certain Ange Leoni pour lui remettre un testament lui léguant une bergerie, va en goûter tout le suc : le voilà en bute aux indépendantistes de Corsa Corsica,  à ceux du Canal Inattendu, sans parler bien sûr de la Concoctée ou de la Reconcoctée.

 

Allez savoir ?

 

Évidemment les pandores sont sur l'affaire, mais tranquillement, depuis les paillotes du préfet Bernard Bonnet, on ne joue plus avec les allumettes dans la gendarmerie. L’affaire serait plutôt du ressort de la police judiciaire mais la brigade anti-terroriste, comme c’est une affaire de bergerie, l'ombre du berger de Cargèse plane, est sur le qui-vive.

 

 

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Bref, tout ça pour vous dire que lorsque les très hauts propriétaires de châteaux de la presqu’île du Médoc, du côté de Margaux, apprirent que le château Palmer venait de recruter une bergère, en conclave dans un château dont je ne citerai pas le nom, décidèrent à l’unanimité de faire appel au flair de Jack Palmer pour enquêter.

 

Ce qui suit est une libre interprétation fidèle du texte de Vincent Remy LE SUC DE LA TERRE paru dans l’œil de Palmer 2020. Que l’auteur en soit remercié ainsi qu’Annabelle Grellier.

 

 

Il me sera beaucoup pardonné par Thomas Duroux, à mon âge j’ôse tout…

 

« Des vaches dans les prés du domaine et des brebis dans les vignes ! Château Palmer produit son compost, à partir de ses fumiers, ses sarments broyés et ses rafles de vendange. »

 

Enfer et damnation, mais où va-t-on ?

 

Jack Palmer débarqua à la gare de Bordeaux Saint Jean par un train de nuit, fin juillet 2019, puis il prit un Uber pour rallier le château Palmer sis à Margaux. La canicule s’était abattue sur le Médoc. Aux premières lueurs du jour, sanglé dans son imperméable mastic style inspecteur Colombo, Palmer découvrit avec stupeur un tracteur qui ronronnait dans un pré. Au loin, avant la chaleur accablante, Émilie la bergère et Pierre l’éleveur s’affairaient à rentrer les foins. Ils alignaient les bottes sur la remorque qu’ils allaient conduire à la bergerie de Château Palmer.

 

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Dans le train Palmer avait lu dans un vieux numéro de la RVF que le domaine détenait les plus beaux terroirs de graves de l’appellation Margaux, il s’attendait donc à découvrir des monceaux de tonneaux mais, oh surprise, il contemplait une quinzaine de Bordelaises, des vaches à l’élégante robe mouchetée de noir, dite pigaillée.

 

 

C’était la race des châteaux, lui dit-on, elle était fort répandue dans les riches prairies alluviales comme dans les zones sablonneuses du littoral. Les plus grands châteaux possédaient un troupeau pour le lait et la fumure des vignobles. Elle avait connu dans les années 1920-1930 son apogée : « pensez-donc environ de 8 000 têtes ! » Mais une sélection trop esthétique au détriment de la foutue productivité fit qu’elle se fit damer le pion par la frisonne pie noire. Sa dernière participation au Concours Général Agricole date de 1939. L’espèce a failli disparaître. Depuis 2013, Château Palmer participe à sa renaissance, conduite par le Conservatoire des races d’Aquitaine.

 

Sabrina Pernet, la directrice technique du Château Palmer, rassura Palmer qui se voyait déjà revivre l’embrouillamini de la bergerie d’Ange Leoni.

 

« Nous n’avons pas des vaches pour le décor, mais parce que nous avons décidé de produire notre compost pour fertiliser les vignes. Il nous fallait donc du fumier »

 

Il faisait aussi chaud qu’à son arrivée sur le tarmac de Campo del Oro, mais Palmer qui n’avait repéré dans le secteur aucun membres du F.L.D.B : le Front de libération de la biodynamie, très présents au sein du CIVB, écouta sagement les explications de Sabrina Pernet et en resta bouche bée.  

 

« L’idée a germé il y a une dizaine d’années. Tous les sarments issus de la taille hivernale étaient alors brûlés. Se posait donc la question de cette matière organique perdue, du carbone rejeté dans l’atmosphère, alors que la propriété achetait du compost et des engrais. « On a décidé de récupérer ces sarments, de les broyer et de les composter, mais il nous fallait aussi de la matière animale. Comme on n’avait pas encore de bêtes, juste quelques brebis, on a acheté du fumier à un éleveur bio, Jean-Denis Dubois. C’est ainsi qu’est né notre premier tas de compost. »

 

Au fil des ans, l’affaire a pris une belle ampleur.

 

Sabrina pris Palmer par le bras pour l’emmener à la parcelle des Blés, non loin du Château, un terrain entouré de vignes sur lequel sont alignés plusieurs andains d’une cinquantaine de mètres chacun. Ici, les sarments de l’hiver. De décembre à mars, lorsque le sol est suffisamment sec, une machine attelée à un tracteur les ramasse et les broie. Là, le fumier, provenant de la bergerie et de l’étable. Plus loin, deux tas moins imposants, les déchets verts collectés tout au long de l’année par Vincent Le Falher, le jardinier du Château, et le tri de vendange, rafles et débris végétaux, que les coups de bec des oiseaux ont un peu éparpillé. Dans quelques jours, une pelle mécanique effectuera le mélange des tas, godet après godet. « Au début, nous avons tâtonné, se souvient Sylvain Fries, qui dirigeait alors le pôle d’expérimentations de Palmer.

 

Subjugué, Palmer, qui n’y comprenait goutte, prit un air inspirer pour boire les paroles de Sabrina (il se serait bien éclusé un pastis Dami, l’empereur des pastis corses, pour étancher sa soif mais ce n’était ni le jour ni l’heure)

 

 

L’équipe visita des propriétés, consulta des professionnels, et constata que les tas de grande hauteur montaient vite en température et atteignent 80 degrés. « À de tels sommets, beaucoup d’éléments nutritifs disparaissent. Avec nos tas étalés, nous montons à 50-55 degrés, ce qui suffit pour dénaturer les micro-organismes indésirables, notamment les maladies du bois ou graines à germer, sans détruire le potentiel de fertilisation. »

 

Tout aussi important est le pourcentage de matière animale et végétale.

 

« Au début, nous faisions un compost trop ligneux. Très stable, il améliorait la structure des sols, mais n’était pas assez nutritif. Il faut quand même que le compost relâche un peu d’azote pour les plantes ! Aujourd’hui, il est équilibré. »

 

 

Ils se dirigèrent vers l’étable, du côté des vignes de Boston. L’air était oppressant. Ce serait  la plus chaude journée de l’année. Dans la fraîcheur de l’étable, Pierre et Émilie firent les présentations. Quatre jeunes Bordelaises les accueillent dans leur enclos. Puis leurs voisines, une vingtaine de brebis et quelques chèvres. Pierre s’occupe plutôt des premières, Émilie des secondes. Tous deux se lancent dans un comparatif des fumiers, et des quantités de rebuts de râtelier, ou soutrage — herbe séchée issue des prairies de Palmer —, à ajouter aux déjections. Où l’on comprend que l’expérience du bon ratio est essentielle ! Émilie avait tendance, les premières années, à trop pailler le fumier de ses brebis, alors trop sec, et qui peinait à se dégrader, d’autant que la bête piétine avec légèreté. Côté vaches, les déjections sont plus liquides, et les bêtes de 500 kilos écrasent et enfoncent la paille qu’on apporte sous leurs sabots tous les deux jours.

 

Palmer déboussolé se disait dans sa petite Ford d’intérieur « Adieu, vaches, cochons, couvée… » loin des senteurs du maquis il se requinquait en faisant tourner dans sa tête les paroles d’Émilie jolie.

 

Pierre, agronome un jour agronome toujours, démonstration visuelle à l’appui tente de convaincre Palmer de l’utilité de mêler deux matières bien différentes, fumiers bovin et ovin.

 

« Dans le Médoc, on ne voit que de la vigne, très peu d’animaux. Et pourtant, les propriétés utilisent du fumier. D’où vient-il ? De régions d’élevage, comme la Bretagne qui, elles, ont trop de matière organique. Elle se déverse dans les sols, engendre le nitrate et les algues vertes. D’où l’intérêt de mêler culture et élevage... »

 

Palmer branla du chef en signe d’acquiescement, souvenir de son enquête en Bretagne.

 

 

 

Il était heureux tout comme Pierre et Émilie, qui sont heureux de travailler dans un domaine viticole qui a abandonné les engrais de synthèse, et rétabli la présence animale. Pierre apprécie « un cadre de travail rare », où il peut rendre visite à ses vaches quotidiennement : « Aucune d’entre elles n’est agressive ». Émilie et Pierre sont attentifs à l’état de santé de leurs bêtes. Ils connaissent suffisamment bien Marguerite, Mirabelle, Lupin, Narcisse, Négrette, Nérine, Olivier ou Orchidée, pour détecter les soucis éventuels, privilégient les remèdes naturels préventifs, et les traitements parasitaires ciblés.

 

Palmer intimidé n’osait pas suggérer d’en prénommer une Colomba en souvenir de Mérimée.

 

Ses papilles furent excitées lorsqu’on évoqua le compost millésimé

 

« Le compost, c’est comme le vin, il y a les bons millésimes. Tout dépend de la température et des précipitations... »

 

Pour Sylvain Fries, une bonne année suppose des pluies fines et épisodiques. Car, trop sec, le compost se minéralise, devient cendreux. Pour pallier l’absence de précipitations, l’arrosage doit être modéré et régulier, sans quoi les éléments nutritifs, lessivés, se retrouvent dans le sol qui l’héberge. « Il existe des composts sur aires bétonnées, avec arrosage », poursuit Sabrina Pernet. Mais nous avons préféré que le nôtre soit à même le sol, car nous tenons à rester sur une petite échelle. »

 

Palmer sourit comme le ravi de la crèche.

 

Outre la forme des tas et le taux d’humidité, la durée du compostage importe. Un compost jeune, trois mois de maturation, apportera davantage d’éléments nutritifs — l’azote, principalement, qui favorise la pousse du végétal — qu’un compost d’un an qui améliorera la structure des sols. À Château Palmer, on préfère des composts relativement âgés, parce que les sols du Médoc sont des graves sableuses qui comportent peu d’argile, et assez peu de matière organique. On analyse le compost avant de décider de sa répartition sur les parcelles. Le jeune est réservé aux complantations, et aux parcelles nouvellement plantées — il donne alors un coup de pouce et aide au démarrage du pied.

 

Sabrina reprenait les rennes :

 

« La vigne n’a pas besoin de beaucoup d’apport organique, c’est pour cela qu’on ne met du compost qu’au départ, puis tous les trois ou cinq ans, au cas par cas », Notre objectif n’est pas seulement un apport de matière, mais d’énergie, de structure, de micro-organismes. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est intéressant que le compost soit issu de matières premières du terroir de Palmer ».

 

Palmer opine du bonnet.

 

C’est Vincent Jaraudias, chef de culture, qui fait l’épandeur.

 

Chaque automne, il définit un plan d’action, note les quantités de jeune et vieux compost à répartir sur environ un tiers des parcelles, distribue leur feuille de route aux chauffeurs. L’affaire est bouclée en une ou deux semaines. Vincent connaît chacune de ses parcelles, et accorde une attention particulière à celles qui manquent de matière organique. Il tient compte de l’historique, de la « carte de la vigueur » élaborée dans l’été, du rendement des dernières vendanges, et des observations faites tout au long de l’année. De l’avis de tous, grâce au compost et à l’herbe dans les vignes, la couleur et l’odeur des sols du domaine ont changé. Les analyses montrent que les taux de manière organique ont doublé, que l’herbe pousse désormais là où elle n’avait jamais poussé.

 

Palmer songe à Attila.

 

« Quand on prend une motte de terre, on voit que la structure est grumeleuse et qu’elle se tient. Auparavant, quand on retournait la terre après la pluie, c’était souvent du béton. Maintenant, elle s’effrite comme de la farine. »

 

En écoutant Sabrina Pernet Palmer se réjouit : «  Ouf, ce n’est pas ici, comme à Calvi, que je vais me faire rouler dans la farine… »

 

Dès la sortie de l’hiver, les vignes de Palmer se couvre d’herbe.

 

Palmer se roulerait bien un petit joint…

 

Vincent reprenait les choses en mains :

 

« L’herbe crée un système racinaire dense, rendant parfois les sols plus difficiles à travailler »

 

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À la fois ravi... et inquiet de voir le travail augmenter ! Car si l’herbe entre les rangs est bienvenue, améliore la portance des tracteurs et entraîne une concurrence salutaire pour la vigne, elle est inutile entre les pieds. « Il ne faut pas se laisser envahir », poursuit-il, n’oubliant pas pour autant de saluer l’arrêt des herbicides, qui détruisent toute végétation en surface et ne permettent pas de connaître l’état du sol : « Or, lorsqu’une plante ou une herbe adventice apparaît, c’est ton sol qui parle... »

 

Palmer se dit comme à Jeanne à Domrémy-la-Pucelle…

 

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Dans cette histoire à dormir debout jouons à saute-moutons, nous sommes maintenant en novembre 2019, et nous broutons dans les vignes…

 

Le spectacle, inédit dans le Médoc, fait plaisir à voir. Des brebis dans les vignes ! Elles mâchonnent consciencieusement, sous l’œil attentif de Ben et Hiphop, les deux border collies de Pierre et Émilie.

 

« Hiphop est une chienne très calme, qui ne met pas la pression et conduit cent vingt brebis sans problème. Ben colle aux bêtes, elles partent dans tous les sens. C’est un mâle, il s’est calmé depuis que Pierre s’en occupe... », s’amuse Émilie.

 

Palmer s’amuse aussi.

 

« Il convient mieux aux vaches, parce qu’elles ont plus de répondant. Il se méfie davantage », confirme Pierre.

 

Le tandem fait paître les brebis dans la plupart des parcelles du domaine, de la fin des vendanges au mois d’avril. Château Palmer n’a qu’une vingtaine de bêtes, mais travaille avec des bergers locaux qui mettent à disposition leurs brebis cinq mois dans l’année. Un troupeau arrive début novembre, un second à Noël, et depuis l’an dernier un troisième en février, lorsque les sols commencent à se réchauffer et que l’herbe pousse plus vite. Soit un total de deux cent bêtes qu’il faut ramener chaque soir à la bergerie.

 

Les brebis ne se contentent pas de pâturer et d’entretenir l’enherbement au plus court, elles rendent les sols fertiles. Sabrina se réjouit du spectacle. Elle évoque un cycle vertueux :

 

« Un compost de qualité donne vie aux sols, où se développe une flore diversifiée, entretenue par des brebis qui transmettent leur cortège digestif de micro-organismes. »

 

À l’évidence, l’idée d’avoir un compost qui vient de la propriété n’est pas affaire de prestige.

 

« Nous, vignerons, ne sommes pas là pour nourrir la plante, mais pour que le sol soit vivant et que la plante ait tout pour se développer correctement sur ce sol bien structuré. Or, rien n’est le mieux adapté à un terroir que ce qui en vient ! Aller chercher du compost ou des amendements à l’autre bout de la France ne va pas dans le sens d’une entité autonome », poursuit Sabrina Pernet.

 

Elle aime rappeler l’ambition de Thomas Duroux : « Mettre un lieu dans un verre. » Le compost n’est qu’un outil, une clé de la réussite de Château Palmer, qui a su magnifier ce cycle interne de la matière vivante.

 

Jack Palmer tout ému remercia tous ceux qui l’avaient si bien accueilli et leur déclara larme à l’œil : « Si Pétillon était encore de ce monde il se serait fait une joie de pondre une BD « L’enquête de Jack Palmer sur le suc de la terre de château Palmer »

 

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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 06:00

L'apport de la culture à l'économie en France

Matzneff par ci, Matzneff par là, c’est la curée, tout le monde se réveille en sursaut ou fait semblant : le Parquet, le Ministre de la Culture via le CNL, les mea-culpa pleuvent comme à Gravelotte, des vidéos sortent du bois, sur un site web récemment supprimé, Gabriel Matzneff racontait ses activités pédophiles, tout le monde savait mais se taisait.

 

Comme j’aime bien savoir je suis allé voir :

 

AFFAIRE MATZNEFF : L’AIDE PUBLIQUE VERSÉE À L’AUTEUR DEVRAIT LUI ÊTRE RETIRÉE

 

Comme révélé par plusieurs médias, l’allocation annuelle aux auteurs que touche Gabriel Matzneff depuis 2002 de la part du Centre national du livre (CNL) devrait lui être retirée.

 

A en croire le JDD, l’écrivain aurait touché au total 160.500 euros de la part de cet établissement public, en raison de son âge (83 ans actuellement) et de ses faibles revenus (contrôlés chaque année). Franck Riester, le ministre de la Culture, avait annoncé sur Twitter qu’il avait demandé un audit pour avoir "toutes les précisions" sur la situation de Gabriel Matzneff. Vincent Monadé, président du CNL, a pris les devants en lui écrivant pour demander que cette aide sociale ne soit plus accordée à l’écrivain. Une communication officielle est attendue en début de semaine à ce sujet.

 

La suite ICI

 

Et puis chemin faisant, me souvenant de Jack Lang et de sa passion pour la jachère cynégétique en Sologne et de mon ami Jean-François Collin, membre de mon cabinet, occupant le poste de secrétaire général du Ministère de la Culture je suis tombé sur les rapports de l’Inspecteur Général des affaires culturelles Serge Kancel.

 

Un brin d’histoire :

 

Le Ministère de la Culture le décret fondateur du 24 juillet 1959 est rédigé par Malraux lui-même.

 

De Gaulle à Michel Debré « Il vous sera utile de garder Malraux. Taillez pour lui un ministère, par exemple, un regroupement de services que vous pourrez appeler «Affaires culturelles». Malraux donnera du relief à votre gouvernement. »  (Voir plus bas)

 

C’est donc un tout jeune Ministère, bien doté « Vendredi 27 septembre 2019, rue de Valois, à Paris, le ministre de la Culture Franck Riester a présenté le budget 2020 de la Culture. Un budget globalement stable, en hausse de 73 millions d’euros, pour un total de 8,2 milliards provenant directement du ministère. »

 

Le Ministère de l’Agriculture autonome a été créé le 14 novembre 1881 par Gambetta, en se détachant du Ministère du Commerce, ce fut pour des raisons politiques afin d’amarrer le monde à la IIIe République (lire ICI 

 

C’est un vieux Ministère avec 4,8 milliards d’euros, l’enveloppe du ministère de l’Agriculture augmente de 1 % pour 2020. Ce budget prévoit notamment un renforcement de la prévention des risques sanitaires, et le maintien d’une réserve pour faire face à d’éventuelles crises. Mais il y a la PAC la France en est le premier destinataire avec des transferts avoisinant actuellement 9 milliards d'euros par an. ICI  

 

Et puis je suis tombé sur une interview de Serge Kancel ICI 

 

Question : Certains rapports ont d’ailleurs mis en lumière le poids de la culture dans l’économie…

 

SK : Oui, en 2012-2013 j’ai fait un rapport avec l’Inspection générale des Finances sur le poids de la culture dans l’économie autrement dit sur le "PIB culture". Il avait un peu fait parler de lui à l'époque parce qu’on a pu mettre en valeur le fait que la culture créait autant de valeur ajoutée que toute la filière agricole et agro-alimentaire et sept fois plus que l’industrie automobile. C’est une chose qui avait rarement été dite : il n’existait pas de chiffres disant « la culture, ça pèse tant dans la création de la richesse ».

 

Vous me connaissez je suis allé le consulter :

 

Rapport public : L'apport de la culture à l'économie en France

Date de remise : 15 décembre 2013

Auteur(s) : Serge Kancel - Jérôme Itty - Morgane Weill - Bruno Durieux

Auteur(s) moral(aux) : Inspection générale des Finances Inspection générale des Affaires culturelles

ICI 

 

Bruno Durieux

 

« Conseiller au cabinet de Raymond Barre (1976-1981), ancien député (1986-1994), ancien ministre (Santé, 1990-1992, Commerce extérieur, 1992-1993), Bruno Durieux est maire de Grignan dans la Drôme. Ancien élève de l’École polytechnique, administrateur de l’INSEE, inspecteur général des finances, il conjugue une double formation scientifique et économique avec une expérience approfondie de la vie publique. »

 

Ministre sous Rocard, Cresson, Bérégovoy c’est un IGF au tour extérieur.

 

Le rapport, comme il se doit, présente la belle aridité qui sied aux rapports publics, surtout lorsque nos chers membres de l’IGF y mettent leur grain de sel, il s’adresse aux initiés, les Ministres ne lisent pas, les membres de leur cabinet jettent un œil mais ils ont tant de tâches plus gratifiantes à accomplir, les services ont d’autres chats à fouetter, les gens de culture je ne sais, les députés… ICI 

 

Bref, voilà un rapport très intéressant qui, même « s’il a fait un peu fait parler de lui au dire de Serge Kancel » il gît paisiblement sous une fine couche de poussière dans les archives de la rue de Valois.

 

C’est regrettable, car ce rapport est fort intéressant, une mine, mais pour avoir fréquenté pendant 10 ans les allées du pouvoir je n’ai jamais pu convaincre mes Ministres de valoriser le travail de ceux qui finissent leur carrière dans ce qu’ils nomment avec ironie « le gagatorium ».

 

J’ai terminé ma carrière de non-fonctionnaire comme mis à disposition du CGAER, le gagatorium agricole qui regroupe les IPEF, les Vétérinaires-Inspecteurs et les Inspecteurs Généraux de l’Agriculture.

 

Désolant mais c’est ainsi que fonctionnent nos décideurs…

 

Je suis d’autant plus sensible au « PIB culture » que ma fille et son mari sont des petits producteurs indépendants de cinéma avec Mille et Une productions ICI (Le cauchemar de Darwin, les chèvres de ma mère, Merci patron… deux césars et des prix de festival…) ils ont bien du mal à se tenir la tête hors de l’eau, les grosses machines absorbent la presque totalité de l’argent.

 

Je leur dédie cette chronique.

 

 

De la belle ouvrage, difficile d’accès mais dont je vous propose la synthèse très complète : 3 pages pour un rapport de 86 pages ICI 

 

SYNTHÈSE

 

1. La culture contribue pour 3,2 % à la richesse nationale et emploie 670 000 personnes

 

Le rapport de l’inspection générale des finances (IGF) et de l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC) délimite dans un premier temps le périmètre économique de la « culture ». À côté des activités de production et de diffusion « spécifiquement » culturelles, le rapport identifie les activités ayant avec celles-ci un lien d'interdépendance suffisamment étroit pour être définies comme « indirectement » culturelles et être intégrées dans le périmètre pour leur part effectivement culturelle (part des entreprises du BTP spécialisées dans la restauration du patrimoine bâti, rayons culturels des grandes surfaces, etc.).

 

Les activités culturelles ainsi définies représentent en 2011 une valeur ajoutée de 57,8 Md€, soit 3,2 % de la somme des valeurs ajoutées de l’économie française, ce chiffre représentant l’évaluation la plus proche de ce que l’on pourrait appeler le « PIB culturel ».

 

C'est, en valeur ajoutée, l'équivalent du secteur de l’agriculture et des industries alimentaires (60,4 Md€), deux fois les télécommunications (25,5 Md€), quatre fois l’industrie chimique (14,8 Md€) ou l’assurance (15,5 Md€), sept fois l’industrie automobile (8,6 Md€).

 

La part de la culture dans la valeur ajoutée a régulièrement augmenté (à prix constants) entre 1995 et 2005 où elle atteignait 3,5 % pour reculer depuis de cette année. La baisse de 0,3 points observée depuis 2005 peut avoir diverses origines propres à certains secteurs : évolutions structurelles de la masse salariale ou des marges commerciales, baisse des prix des équipements technologiques grand public, effondrement du secteur de la musique enregistrée, mutations en profondeur du lectorat (presse et livre), captation d'une part de la valeur par des acteurs (notamment numériques) hors périmètre strictement culturel et/ou non français, crise économique à l’œuvre depuis 2008...

 

L'apport de la culture à l'économie est le deuxième agrégat défini par le rapport, en ajoutant à la valeur ajoutée des activités culturelles telle que définie supra les effets induits par les activités spécifiquement culturelles sur les secteurs économiques « non culturels » (consommation d'énergie, de transports, de biens courants, etc.) : cet apport (valeur ajoutée + activités induites) est de 104,5 Md€, soit l'équivalent de 5,8 % de la somme des valeurs ajoutées nationales (il s'agit ici d'un « équivalent » et non d'un pourcentage).

 

Le troisième agrégat est la production totale de biens et services culturels (129,8 Md€).

 

Plus délicat méthodologiquement (des double-comptes étant susceptibles d’exister entre deux entreprises commerçant entre elles), l’agrégat de la production présente l'intérêt contenir la part de la valeur ajoutée (57,8 Md€), à laquelle s’ajoutent les consommations intermédiaires pour former l’ensemble de la production. La valeur ajoutée représente donc 44,5 % de la production culturelle, chiffre confirmant que la culture est un secteur à forte valeur ajoutée, intermédiaire entre ce que l'on constate pour les purs services marchands (part de la valeur ajoutée de la production de 56 %) ou non-marchands (74 %), et pour les branches industrielles (27 %).

 

Enfin, la valeur ajoutée des secteurs liés au rayonnement et à l’attractivité de la France (luxe, mode, gastronomie et arts décoratifs) est évaluée par le rapport à 40,3 Md€ ce chiffre ne dissociant pas artificiellement au sein de l'activité générale (par exemple l'habillement) ce qui serait la part « culturelle » (par exemple la mode).

 

Les emplois dans les entreprises culturelles représentent 670 000 personnes en 2010, que ces emplois soient de nature culturelle ou non, soit 2,5 % de l’emploi total en France, avec une concentration dans le spectacle vivant (150 000 emplois), la publicité (100 000) et la presse (87 000). Ce chiffre a globalement progressé de 2 % entre 2008 et 2010, soit 13 000 emplois créés, même si certains secteurs ont supprimé des emplois comme le livre, la restauration du patrimoine et, surtout, les industries de l’image et du son et la presse.

 

2. L’impact de l'intervention financière publique est de nature différente selon les secteurs

 

L'intervention de l'État dans le domaine de la culture et de la communication, tous modes confondus, est en 2012 de 13,9 Md€ : 11,6 Md€ en crédits budgétaires, 1,4 Md€ en dépenses fiscales et 0,9 Md€ en taxes affectées à différents organismes de redistribution (CNC, CNL, CNV, etc.). Sur ce total, 9,3 Md€ sont retenus par le rapport comme ayant un impact direct sur l’économie des secteurs culturels. Cette somme équivaut à 16,1 % de la valeur ajoutée culturelle et 7,2 % de la production, ces pourcentages pouvant être considérés comme une approche de l'impact sectoriel de l'intervention de l’État.

 

Deux secteurs sont particulièrement investis par une intervention publique structurante, équivalant à peu près à 30 % de la production : l'accès à la culture et aux savoirs (bibliothèques, archives, enseignement culturel) et l'audiovisuel (soutien aux entreprises et, pour le public, redevance audiovisuelle et compensation du manque-à-gagner publicitaire en prime time). À l'opposé, quatre secteurs sont faiblement impactés par l'intervention publique, qui équivaut à moins d'1 % de la production : les arts visuels (marché de l'art, design, photographie), le livre, l'architecture (hors écoles d'architecture) et les industries de l'image et du son. Entre ces extrêmes, l'intervention publique se situe dans une fourchette intermédiaire pour quatre secteurs, impactés à l'équivalent de 5 à 7 % de la production : le cinéma, le patrimoine, la presse et le spectacle vivant.

 

Parallèlement, l'effort des collectivités territoriales en faveur de la culture est de 7,6 Md€ en 2010 (chiffres provisoires, métropole et outremer), dont 4,5 Md€ des communes de plus de 10 000 habitants (de l'ordre de 8 % de leur budget global), 1 Md€ des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), 1,4 Md€ des départements et 0,7 Md€ des régions.

 

3. Les secteurs créatifs du jeu vidéo, de l’audiovisuel, du cinéma et de la mode présentent une structuration de la valeur ajoutée proche, mais des défis différents à l’international

 

L'économie de la création de ces secteurs, qu'il était demandé aux inspections générales d'étudier, est le fait de petites entités à l'équilibre fragile, dépendant d’une économie de prototypes malaisément « industrialisable ». Le financement de la création reposant en grande partie sur le secteur aval, et celui-ci exerçant de ce fait un contrôle plus ou moins direct sur les contenus, la gestion des droits est essentielle pour les créateurs (lutte contre le piratage et les contrefaçons, cessions aux éditeurs). C'est en intégrant les différents segments de cette chaîne de valeur que quelques acteurs français majeurs ont émergé au cours des années récentes.

 

Si elle est plus récente et plus limitée dans les secteurs du jeu vidéo et de la mode que pour le cinéma et la production audiovisuelle, l’intervention publique vise des finalités communes : renforcer l’équilibre financier et la compétitivité des structures de création, promouvoir une qualité et une diversité dans la production, attirer ou maintenir l’activité sur le territoire national.

 

Autant si l’export constitue une modalité « supplémentaire » de rentabilisation de l’œuvre dans l’audiovisuel (les chiffres à l'export équivalant à 7 % du total des devis de programmes aidés) et le cinéma (18 % rapporté aux investissements dans les films français), autant  l'export est au cœur du modèle d’affaires du jeu vidéo (31 % du chiffre d’affaires des studios de développement et 36 % de celui des éditeurs) et de la mode (28 % du chiffre d’affaires à l’international).

 

Le numérique transforme en profondeur et de façon « disruptive » les usages et les modes de consommation des produits culturels industriels. Si le premier segment impacté est celui de la distribution/diffusion, le secteur de la création l'est également par l'irruption de nouveaux modèles économiques permettant aux créateurs de s’affranchir partiellement du financement par les « éditeurs » (chaînes de télévision, éditeurs de jeux vidéo...). Une part de la valeur ajoutée s'en trouve captée par les plateformes numériques chargées de l’intermédiation entre les créateurs et les consommateurs (Apple, Google, Amazon...), les mettant en position de force pour attirer les ressources publicitaires et pour imposer leurs conditions aux créateurs.

 

4. Une corrélation positive existe entre les initiatives culturelles et le développement local

 

Les études réalisées en France dans les dernières dizaines d’années sur l'impact local de manifestations culturelles sont disparates en termes de méthodes, de résultats et de pertinence. Un récent travail de consolidation méthodologique a été réalisé à l'initiative de l'État en liaison avec des collectivités territoriales : prise en compte par les études des seuls impacts effectivement imputables à la manifestation, équilibrage des échanges entrants sortants entre le territoire impacté et l'extérieur et, au-delà de l'impact primaire (dépenses des organisateurs et des visiteurs), prise en compte de l'impact secondaire (échanges interentreprises , dépenses des personnes rémunérées par les organisateurs).

 

Si elles s'éloignent de certains chiffrages délibérément optimistes, les évaluations menées selon cette méthodologie montrent l'existence d'un impact substantiel : un festival peut engendrer communément pour l'économie locale des retombées de 30 à 40 € par visiteur, et l'impact global direct peut être de l'ordre du tiers ou de la moitié du budget d'organisation, un coefficient multiplicateur de 1,3 à 1,8 permettant de prendre en compte l'effet indirect de diffusion dans le tissu économique local.

 

Par ailleurs, en s’inspirant de l'observatoire mis en place par l’Insee sur l’impact à venir du Louvre-Lens, les deux inspections générales ont élaboré une méthodologie visant à rechercher l’existence d’une corrélation entre une implantation culturelle structurelle (équipement fixe, festival reconduit sur la durée) et le développement à long terme d’un territoire. Pour ce faire, ont été identifiés 43 « bassins de vie » ayant bénéficié d’implantations culturelles significatives entre 1996 et 2008, puis pour chacun d'entre eux les cinq bassins de vie « témoins » les plus proches sur les plans démographiques, géographiques et économiques (sur la base du référentiel d’analyse territoriale de l’Insee) tout en n'ayant pas bénéficié d'implantation culturelle notable sur cette même période.

 

L'examen des évolutions respectives de performances entre les territoires sélectionnés et les « témoins » (mesurées par six variables socioéconomiques d’activité et d'attractivité) penchent en faveur des territoires ayant bénéficié d'implantations culturelles. Même s'il serait imprudent de parler de causalité directe entre implantation culturelle et performance socioéconomique (l'un pouvant engendrer l'autre et réciproquement), le rapport met en lumière l'existence d'une corrélation positive entre les deux. L’analyse des bassins de vie particulièrement performants peut suggérer en outre qu'une implantation culturelle est d’autant plus déterminante que le bassin de vie est relativement modeste en termes de population.

 

André Malraux

Malgré quelques tentatives vite interrompues durant les régimes précédents, le ministère des Affaires culturelles est véritablement né en France avec la Ve République. Le Général de Gaulle conseille en effet à son Premier ministre Michel Debré de proposer un ministère à André Malraux :

 

« Il vous sera utile de garder Malraux. Taillez pour lui un ministère, par exemple, un regroupement de services que vous pourrez appeler «Affaires culturelles». Malraux donnera du relief à votre gouvernement. »

 

Malraux accepte. Par cette création, actée le 3 février 1959, d'un ministère de plein exercice, le général envoie un signe fort aux Français à savoir que pour lui le rayonnement mondial de la France doit passer aussi par le rayonnement de sa culture.

 

Le décret fondateur du 24 juillet 1959, rédigé par Malraux lui-même, donne à ce ministère la « mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et de favoriser la création des œuvres l'art et de l'esprit qui l'enrichissent ».

 

Le nouveau ministère rassemble des services rattachés jusqu'alors à divers départements ministériels : à l'Éducation nationale (la direction générale des Arts et Lettres, la direction de l'Architecture, la direction des Archives de France), à l'Industrie et au Commerce (le Centre National de la Cinématographie), et au Haut-Commissariat à la Jeunesse et aux Sports. Composé au début de son existence de quatre services d'administration centrale, ce nombre de services ne va cesser de croitre entre 1959 et 2002 au fur et à mesure de l'accroissement des missions du ministère. La direction du livre est créée en 1975 (sous la mandature de Michel Guy). En 1978, Jean-Philippe Lecat se voit attribuer le portefeuille de la communication. En revanche, même si Malraux le souhaitait, l'action culturelle extérieure de la France est toujours restée sous l'égide du ministère des Affaires étrangères.

 

Parallèlement des directions régionales des affaires culturelles, services déconcentrés représentant l'ensemble des secteurs du ministère et placés sous l'autorité des préfets de régions, vont s'implanter progressivement sur tout le territoire y compris dans les DOM TOM.

 

Pour accompagner son développement, l'administration culturelle va créer des établissements publics pour leur confier différentes missions de service public : institutions muséales et patrimoniales, écoles d'enseignement supérieur culture, centres de création et de diffusion du spectacle vivant, etc.

 

 

 

Serge Kancel : Mon parcours, je dirais qu'il est assez classique voire assez linéaire, puisque j’ai fait Sciences-Po Paris puis l’ENA, dont je suis sorti au début des années 80, et j’ai pour l'essentiel occupé par la suite différents postes liés aux politiques culturelles : la Direction de l’Architecture, une mobilité à la Direction de la Musique à la tête du département des musiques actuelles qui avait été créé par Maurice Fleuret, directeur de la musique de l’époque, puis les Espaces Protégés, le Livre et la lecture, etc.. Un peu de cabinets ministériels, puis la Commission européenne à Bruxelles, où pendant 3 ans j’ai animé le programme de coopération dans le domaine culturel entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, Caraïbes, Pacifique. Je suis aujourd'hui Inspecteur général des affaires culturelles. Ce qui consiste concrètement à produire chaque année un certain nombre de rapports d'analyse, d'évaluation et de propositions sur des sujets divers touchant à la politique culturelle ou à l'administration de la culture.

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5 janvier 2020 7 05 /01 /janvier /2020 07:00

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Certains de mes fidèles lecteurs s’interrogent : « comment fait-il pour, chaque jour que Dieu fait, pour trouver un sujet de chronique ? »

 

Pour ne rien vous cacher, je ne sais pas…

 

Ça me tombe dessus, comme ça, sans prévenir, en lisant, en baguenaudant, en regardant un film, en écoutant de la musique, en dormant…

 

Je suis comme une poule qui doit pondre son œuf chaque jour, je ponds.

 

Le premier jour de l’année une poche de grisaille humide enveloppait Paris, je suis resté sagement à la maison et j’ai empoigné sur ma pile de livres le dernier James Ellroy La Tempête qui vient.

 

La tempête qui vient par Ellroy

 

On peut penser ce qu’on veut des ricains mais ils nous abreuvent de vrais écrivains, des qui ne se regardent pas le nombril, qui ne prennent pas leur dard pour barbouiller des phrases bien léchées à sucer par les critiques du Monde, de Télérama ou des connards du Point : Gernelle et Béglé… en contractant les deux ça donne Gerbé…

 

À la page 20 je lis « Elmer surveille la maison. Il y a de la lumière à l’étage. Pour montrer ses jambes. Ellen a entrouvert ses volets – malgré le couvre-feu. C’est interdit, mais le résultat est spectaculaire. Tommy G. est un amateur de jambes. Elmer à consulté son dossier à San Quentin et pris la mesure de la situation. »

 

Et là, je me souviens de Charles Denner dans  L'Homme qui aimait les femmes de François Truffaut

 

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« Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens, lui donnant son équilibre et son harmonie. »

 

Un de mes films culte, sans doute aujourd’hui politically incorrect.

 

J’ai faim je me fais une carbonara que j’engloutis assis face à l’écran plat de la Télé qui projette un film. C’est mon vice j’adore manger en visionnant des bouts de film, ça booste mes neurones en perdition et ça chatouille mon oreille d’un anglais étasunien.

 

 

Et là je suis tombé sur Cyd Charisse exhibant ses longues jambes dans les bras de Fred Astaire.

 

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Je suis addict de pasta mais pas des comédies dites musicales…

 

Exception pour Cyd Charisse !

 

« Lorsqu'on l'a tenue dans ses bras, avait coutume de dire Fred Astaire, qui lui vouait une admiration sans bornes on reste à tout jamais enlacé à elle »...

 

Cyd Charisse, son étrange prénom était né de la difficulté Sid', comme le surnom que son petit frère lui a laissé, incapable de prononcer «sister», que son agent transformera par la suite en Cyd, plus exotique à son goût. Charisse est le nom de son premier mari.

 

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« Une paire de jambes de diva, un port de tête de ballerine et un je-ne-sais-quoi d'Ava Garner dans l'œillade glamour: Cyd Charisse était taillée pour les superproductions hollywoodiennes des années 50. Pourtant, jamais cette petite danseuse n'eut l'ambition de faire carrière dans le cinéma, et encore moins de devenir une star: «J'aimais travailler et danser. Bien sûr, j'espérais que le public aime mes performances, mais le piédestal sur lequel on m'a mise était insignifiant pour moi».

 

« Née en 1921 à Amarillo au Texas sous le nom de Tula Ellice Finklea, Cyd est une jeune fille très frêle, bientôt menacée par la poliomyélite. Sur les conseils du médecin, son père l'inscrit à un cours de danse classique. Cette discipline lui vaudra un solide bagage technique, le respect de partenaires aussi exigeants que Gene Kelly ou Fred Astaire et une capacité d'aborder les répertoires très variés auxquels elle sera confrontée dans sa carrière: jazz, tango, claquettes et même flamenco. Jusqu'à la fin de sa vie, elle sera fidèle à son entraînement quotidien de danse classique auquel elle doit, en partie, son fameux galbe de jambe. Ses chevilles, tout d'abord assouplies et fortifiées dans des chaussons de pointe, ont ensuite déployé les sortilèges de leur exquise cambrure dans un tourbillon de strass, de plumes et de frous-frous. »

 

« Cette Vénus aérienne et adulée qui tombe dans les bras de Fred Astaire ou Gene Kelly quand ce n'est pas ceux de Robert Taylor, avocat véreux de Traquenard de Nicholas Ray, n'aura jamais dans la vie les liaisons tapageuses d'une Ava Gardner ou les désespoirs amoureux d'une Marilyn.

 

Après son divorce avec Nico Charisse, on lui prêta une idylle avec Howard Hughes avant qu'elle épouse le crooner Tony Martin. Mais toujours, elle mènera une vie aussi réglée que ses chorégraphies. Jusque dans les années 1970, elle hanta les salles de danse et fit même à plus de 50 ans ses débuts à – Broadway dans Grand Hotel. Elle vint même à plusieurs reprises illuminer de sa présence le Festival du cinéma américain de Deauville. »

 

Clap de fin…

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4 janvier 2020 6 04 /01 /janvier /2020 06:00

Ainsi va la vie d’un chroniqueur qui dans son activité de gâte-sauce amateur proposait à ses invités un plat de son cru : le 4 août 2007

 

Le crabe aux pinces d'or ICI  

 

 

J’utilisais du crabe CHATKA en boîte sans me préoccuper de l’origine géographique des pattes et la chair de cette bestiole. C’était un des rares produits présentables de la florissante économie soviétique que révéraient nos camarades communistes CGT incorporée.

 

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Mais le Kamchatka, connais pas.

 

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Et puis, l’ogre soviétique se vautra la gueule en compagnie des républiques sœurs, le bordel s’installa, le crabe Chatka en boîte devint une denrée rare.

 

Et puis le nouveau tsar Poutine, rejeton du KGB, s’installa et revint le crabe Chatka.

 

Et puis, dans ma quête de lecture j’achetai dernièrement un petit livre de KOBAYASHI TAKIJI Le bateau-usine publié par Allia.

 

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Le Bateau-usine est le chef d'oeuvre de Kobayashi Takiji. Ce classique décrit les conditions de vie inouïes des travailleurs à bord d'un navire pêchant le crabe dans les mers froides et dures, entre Japon et URSS. Exploités et humiliés, ces hommes découvrent la nécessité de l'union et de la révolte.

 

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Réaliste et novateur, ce texte culte connut un succès international. Il rencontre aujourd'hui un regain d'intérêt, entraînant la sortie de plusieurs films, mangas, etc.

 

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Quatre-vingts ans après sa parution en 1929, il est devenu au Japon le porte-flambeau d'une jeunesse désenchantée. Une oeuvre engagée et avant-gardiste, plus que jamais d'actualité.

 

Kobayashi Takiji est l'une des figures majeures de la littérature prolétarienne de l'entre-deux-guerres. Il meurt torturé par la police en 1933, à l'âge de 29 ans.

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Le Bateau-usine nous plonge en pleine mer d'Okhotsk, dans le Pacifique, zone de tensions entre l'Union soviétique et le Japon. Nous embarquons à bord d'un bateau de pêche, où le crabe, produit de luxe destiné à l'exportation, est conditionné en boîtes de conserve. Marins et ouvriers travaillent dans des conditions inhumaines et subissent la maltraitance du représentant de l'entreprise à la tête de l'usine. Un sentiment de révolte gronde. Un premier élan de contestation échoue, les meneurs sont arrêtés par l'armée. Mais un nouveau soulèvement se prépare.

 

Allégorie du fonctionnement du capitalisme, ce bateau-usine permet à l'auteur de dénoncer la collusion d'intérêts entre l’État, l'industrie et l’armée, dans une zone géographique extrêmement sensible. En même temps qu'il déplie les enjeux de l'impérialisme et de la colonisation, l'auteur élève le collectif en force vive d'opposition.

 

 

Et revoilà le Kamchatka et son crabe royal Patalithodes camtschaticus, alors je me suis plongé dans les eaux glacées

 

Sources : ICI et ICI 

 

Le crabe royal du Kamchatka ou crabe de Staline est une espèce de crustacé particulièrement imposante qui peut peser 10 kg et atteindre une envergure de 1,5 m pour une carapace large de 28 cm. Sa carapace hérissée d’épines le protège contre des prédateurs potentiels. Les jeunes crabes royaux rouges préfèrent les eaux côtières peu profondes. Lorsqu’ils grandissent, ils migrent vers des régions plus profondes. Les adultes se trouvent généralement à des profondeurs situées entre 20 et 50 m. Le crabe royal rouge est omnivore, il se nourrit de tout ce qui est mort ou sur le point de mourir et peut aussi consommer des insectes. À l’âge adulte, les plus grands mâles peuvent atteindre un poids d’une douzaine de kilos et une envergure avoisinant les 2 mètres.

 

Le crabe royal du Kamchatka est originaire, comme son nom l’indique, de la mer de Béring entre l’extrême est de la Russie et l’Alaska. Dans son environnement naturel, c’est un maillon au centre de la chaîne alimentaire. De nature vorace, il s’attaque aussi bien aux poissons qu’aux plantes ou aux crustacés mais certains de ses voisins, comme les poissons-loups, le trouvent à leur goût et limitent son extension.

 

Dans les années 1960, des scientifiques russes ont introduit le crabe royal rouge dans les eaux territoriales norvégiennes et russes, la mer de Barents, dans le but d’établir une ressource de pêche durable afin de venir en aide aux populations particulièrement pauvres de l’extrême orient du pays en leur  fournissant du travail grâce une nouvelle ressource à exploiter. Certains disent même que Joseph Staline aurait essayé d'en faire autant avant la Seconde Guerre mondiale, mais sans succès.

 

Avant d’introduire les crabes, les scientifiques procédèrent à des présélections, les individus les plus vifs et les plus débrouillards partirent à Mourmansk tandis que les autres furent consommés. Transportés par chemin de fer, ces crabes royaux d’élite seront massivement introduits en mer de Barents et, pour leur plus grand plaisir, ils n’y trouvent aucun prédateur capable d’enrayer leur expansion. Celle-ci est d’autant plus rapide qu’une femelle adulte peut pondre jusqu’à 40 000 œufs chaque année.

Aujourd’hui, les crabes libérés à l’ouest ont développé des comportements qui leur sont propres. Ils se regroupent en colonies et ratissent les fonds marins à la recherche de toute forme de vie comestible, bouleversant ainsi totalement les écosystèmes en place. Chaque jour, l’espèce étend son territoire et progresse le long des côtes de Norvège.

 

En 1979, les premiers individus ont été pêchés dans les eaux norvégiennes, à l’ouest de leur zone d’immersion. La pêche a démarré à un stade expérimental en 1994, avec un quota de 11 000 crabes partagé entre Russes et Norvégiens. En 2002, cette pêche a pris une dimension commerciale et une réglementation a été mise en place. Les Norvégiens ont opté pour un système de quota par navire et les Russes pour un système de licence.

 

 

La ressource est gérée conjointement par les Norvégiens et les Russes. La taille minimale de capture est de 130 mm pour les deux sexes sur la zone se situant à l’Est du 26ème méridien Est, mais le quota est plus faible pour les femelles. En Norvège, seuls les navires côtiers de petite taille (entre 7 et 15 mètres) peuvent participer à cette pêche.

 

La pêche illégale est très importante en Russie. La pêcherie russe est en cours d’évaluation pour obtenir la certification MSC. Si la certification est obtenue, cela permettrait d’améliorer la traçabilité des produits, du bateau à l’assiette, et ainsi de limiter le risque de pêche illégale pour les produits certifiés.

 

Les pêcheurs et les scientifiques sont de plus en plus nombreux à alerter sur l’invasion des crabes royaux du Kamchatka. Mais tandis que les uns s’inquiètent pour l’équilibre biologique de la mer de Barents, d’autres sont ravis de la croissance de cette manne financière. Sur le marché, le kilo de crabe de Staline peut atteindre les 100 € et il se pêche très facilement.

 

Pour enrayer l’expansion des crabes, il faudrait que l’homme joue le rôle du prédateur et intensifie ses efforts de pêche mais cela irait à l’encontre des intérêts économiques. La Russie, soucieuse de contrôler l’offre et de maintenir à un niveau élevé le cours du crabe royal, impose des règles strictes en matière de pêche et de quotas. Seuls les grands crabes royaux mâles peuvent être pêchés, toutes les femelles et les juvéniles sont rejetés à l’eau. De plus, les volumes de pêche autorisés sont très faibles au regard de l’accroissement exponentiel de la population de crabes… Les mots du scientifique russe à l’origine de cette idée sont forts de sens quand on lui parle du problème engendré par les crabes : « Comment peut-on polluer avec de l’or ? »

 

Le crabe "royal" envahit les fonds marins norvégiens

le transfert d'une espèce est risqué. fait dans une bonne intention, il peut déstabiliser tout un écosystème ICI

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3 janvier 2020 5 03 /01 /janvier /2020 06:00

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La France est un vieux pays conservateur, figé, englué, qui s’offre de temps à autre des poussées de fièvre, le pays du changement dans la continuité selon le déplumé de Chamalières, le pays des réformes repoussées, le pays d’une gauche rassemblée sous la houlette de Mitterrand, homme de droite, l’impromptu de mai 81, grand malentendu vite écourté en 1983, le ver était déjà dans le fruit pour que le petit syndic de faillite François Hollande la fasse se désintégrer, le pays d’une droite la plus bête du monde, de De Gaulle à Christian Jacob en passant par Sarkozy, un gouffre, une droite qui a tenu le manche pendant des décennies, une droite qui a éclaté grâce à Fillon-Macron.

 

François Fillon, le « petit chose » de Sarko, sortit vainqueur d’une primaire promise à Juppé, le meilleur d’entre-nous selon le défunt Chirac. Un boulevard s’offrait à lui.

 

Une république naufragée. Une France menacée. Des Français épuisés. Une économie asphyxiée. Une Europe déboussolée. Depuis trois ans, François Fillon labourait le terrain électoral en brandissant ces thèmes. «Ce que j’entends: le ras-le-bol. Ce que je vois: la faillite», nous avait-il lancés lors d’une rencontre avec quelques journalistes, à l’automne 2015, lors de la sortie de son livre «Faire» (Ed. Albin Michel).

 

De tous les candidats déclarés aux primaires de la droite française – Nicolas Sarkozy ne l’était pas encore – l’ancien premier ministre était celui qui avait le plus «bossé». «Quand vos compatriotes accusent l’Etat de les faire ch… en plaçant des radars routiers dans les descentes à seule fin de recettes fiscales, il faut être sourd et aveugle pour ne pas comprendre que ce pays va dans le mur», avait-il poursuivi devant nous. Et d’ajouter: «Je veux démolir ce mur et arrêter d’installer ces radars qui emm… les Français».

 

Le goût de la fraternité catholique

 

Ainsi va François Fillon, 62 ans, vainqueur incontesté de la primaire de la droite et désormais favori de la course à l’Elysée, en avril-mai 2017. Un candidat convaincu qu’il a mieux compris la France que ses adversaires, parce qu’il a su écouter ce que les autres ignorent. Illustration? Le sort des chrétiens d’Orient, martyrisés par les islamistes en Syrie et en Irak. Tous ses concurrents ont eu des mots de compassion pour cette minorité religieuse forcée à l’exil. Lui est allé sur place, et a perçu l’écho hexagonal à leur tragédie lointaine: «Je l’ai souvent entendu dire que l’on se méprenait sur les Français explique un de ses proches. Le drame des chrétiens d’Orient a réveillé, dans de nombreuses familles provinciales et normalement conservatrices, le goût de la fraternité catholique, des églises, des échanges avec les prêtres et les évêques».

 

Lui-même se dit catho non pratiquant. Sa femme, galloise de confession anglicane, s’est convertie au catholicisme sans avoir pour autant «la foi du charbonnier». Fillon a néanmoins grandi politiquement à l’ombre de l’abbaye de Solesmes, dans son fief de Sablé-sur-Sarthe: «Il a un côté cathédrale confie son éditeur Alexandre Wickham. Il croit que les gens ont avant tout besoin de repères». La suite ICI 

 

Et puis… il y eut Bourgi… et cette pauvre Pénélope…

 

Sans la déconfiture de Fillon pas de Macron, nous aurions eu Fillon et cette leçon Macron l’a retenue : il sait que son électorat est conservateur, enraciné à droite…

 

Laissons Fillon et Macron et revenons à mes moutons :

 

Arnys et moi

 

« Arnys et moi », de Philippe Trétiack, éditions Plein Jour, 164 p., 17 euros, je l’ai acheté en pensant aux costumes sur mesure offerts par l’avocat Robert Bourgi à François Fillon, mais pas que. Souvenir de Serge Moati dans son émission Ripostes, en direct à 17h45, sur France 5 d'octobre 1999 à juin 2009  avec sa collection de vestes Forestière ; aussi à Henri Nallet, le Sphinx de l’Élysée, en voie de gentrification, après avoir été un supporter de Coluche candidat à la Présidentielle de 81 et grand zélateur de l’extrême-gauche paysanne à l’INRA (le célèbre passage Tenaille dans le 14e avec ses compères Michel Gervais et Claude Servolin). Et puis aussi mon goût pour les belles étoffes, les chemises surtout, m’ont fait pousser, à la différence de l’auteur, les portes du 14, rue de Sèvres, sans jamais rien acheter. C’était sur mon chemin lorsque je me rendais à pied, puis à vélo, au Ministère de l’Agriculture, mais outre les prix corsés, l’élégance surannée d’Arnys ne m’a jamais emballée, je trouvais ça trop. J’étais Old England, Hilditch & Key, Marcel Lassance, Victoire et Adolphe Laffont pour les vestes de charpentier noire. Et puis, enfin, l’intuition que ce petit livre allait me faire entrer dans un monde disparu.

 

Je n’ai pas été déçu.

 

Extraits de quelques critiques : Thierry Gandillot Les Échos, Nathalie Crom Télérama et le blog de Gilles Pudlowski qui avec Christian Millau et Jean-Luc Petitrenaud en était.

 

« Le livre de Philippe Trétiack, ancien grand reporter à Elle, drôle et informé, fourmille d'anecdotes savoureuses. Mais surtout, il analyse avec finesse - un peu à la manière du Roland Barthes des Mythologies - comment les Grimbert ont bâti leur réputation et leur fortune, détaille les stratégies marketing, psychosociales voire éditoriales, qui leur ont permis de toujours rester dans l'air du temps. Mais Trétiack ne s'arrête pas à Sèvres-Babylone, il nous emmène également rue du Faubourg Saint-Antoine dans le sillage de ses deux grands-pères juifs d'origine ukraino-russo-roumaine. Tandis que la famille Grimbert grimpe quatre à quatre les barreaux de l'échelle sociale, le commerce des Trétiack fait du sur-place du côté de la Bastille. La maman, qui tient la boutique, n'a pas la fibre commerçante. »

 

« Philippe Trétiack, qui avoue en liminaire n’avoir jamais fréquenté Arnys, s’est bien rattrapé depuis la fermeture de la maison, enquêtant avec minutie, interrogeant les frères Grimbert sur leur passé, leurs fréquentations, leurs habitués, leurs manies, leurs passions. On y a apprend une foule de petites choses que l’on ne savait pas forcément. Cette dynastie de juifs ukrainiens, devenus les plus british des tailleurs parisiens de la rive gauche, penchaient à gauche, étaient férus de belles lettres, habillaient les gens de medias et les autres avec le même bel esprit de tolérance et d’affection, sans affectation. »

 

« Comme Jankel Grünberg, le fondateur de la dynastie des Grimbert, les grands-parents ashkénazes de l’auteur sont arrivés en France à l’aube du XXe siècle, fuyant les pogroms. Et comme lui, c’est dans le commerce d’habillement qu’ils se sont lancés à ­Paris. Mais pas avec le même succès : alors que, sur la rive gauche, la chic boutique des Grimbert prospérait chaque décennie davantage, aimantant les élites tant intellectuelles qu’artistiques et politiques (de Roland Barthes à Orson Welles, de Claude Sautet à Pierre Bergé…) et devenant une authentique institution, dans celle des Trétiack, installée dans le populaire faubourg Saint-Antoine, Pauline, la mère de l’écrivain, ne vendit jamais que des chemisiers bon marché achetés chez les grossistes du Sentier et en conçut un désappointement durable. Cette implication généalogique et autobiographique enveloppe de mélancolie le récit enlevé, passionnant, fourmillant de détails et d’humour, dans lequel Philippe Trétiack retrace la saga de la maison Arnys, en sonde l’esprit et le ­génie — une certaine façon de sentir et d’accompagner les mutations de la société. S’appuyant sur cette histoire, et celle des siens, pour méditer discrètement sur les générations et le poids de l’héritage immatériel qui se transmet de l’une à l’autre. »

 

 « Arnys était un club masculin, un monde à part, une parenthèse. Une fois le seuil franchi, les espaces évoquaient pourtant moins Buckingham Palace qu’une France prérévolutionnaire (…) Le détachement y était la norme. Qui pénétrait dans ces lieux vivait quelques instants d’apnée, à l’écart de la furie du monde »

Mes petits soulignés au crayon de papier :

 

« Il est fascinant de voir jusqu’où les immigrés en ce début de siècle poussaient leur amour de la France. Il fallait que les intérieurs de leurs logements aient de l’allure et cette distinction mobilière avait un nom : le classique. » 

 

« La famille loue donc un local rue de Sèvres, là où s’élevait un couvent, au coin de l’impasse Récamier.

 

À la suite de l’Inventaire consécutif à la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905 et à l’interdiction des congrégations religieuses, nombre de terrains et d’immeubles du faubourg Saint-Germain ont été mis en vente. Un acheteur a fait main basse sur le pâté de maison. »

 

« Le nouveau propriétaire lotit tout le pâté de maisons jusqu’à la rue de la Chaise, mais se voit puni par les religieux. Dans la foulée de son rachat, il est excommunié ! Par mesure d’expiation sa veuve ira aux vêpres tous les soirs. »

 

« Dans le silence de la paisible rue de Sèvres, un bail commercial est signé en 1933 et voilà que, un an plus tard, sous l’impulsion du gouvernement Laval, une baisse des salaires et des loyers est imposée. Celui d’Arnys est raboté à la demande des Grinbert. Les propriétaires cèdent mais rongent leur frein. À chaque renouvellement de bail, ils reprendront la procédure, accumulant les procès perdus. Dura Lex. La France pays du droit, décidément. »

 

« En ce début des années trente, la rive gauche de Paris conserve de faux airs de campagne. Dans les hôtels particuliers enclos de jardins privés, les rejetons des familles nobles résistent encore à la déferlante de la modernité mais leur combat est sans avenir.»

 

« Déjà Victor Hugo notait dans Les Misérables : « Le faubourg Saint-Germain d’à présent sent le fagot. »

 

« À l’époque encore, on s’habille rive droite, où règnent quelques rares maisons de couture, Charvet, Sulka* et Hilditch pour les hommes, Chanel, Dior, Lanvin, Jacques Fath pour les femmes. La rive gauche reste la province. »

 

Note du Taulier : le tout nouvel Office des Vins de Table créé en 1976 s’installa au-dessus de chez Sulka rue de Rivoli, à quelques encablures de la Place Vendôme. L’INAO créchait avenue des Champs Élysées. L’État vivait sur un grand pied : je le sais c’est moi qui réglait le loyer du 232 rue de Rivoli à la maison…, la Cour des Comptes poussait des cris d’orfraies en pure perte comme d’habitude. Sulka fut racheté par Jacques Séguéla pour y installer sa jeune et nouvelle épouse.

 

« L’élégance du jour est au goût anglais (…) Pour s’en convaincre, il suffit de voir comment Agatha Christie représentait dans les années trente son détective, le Belge Hercule Poirot. Toujours engoncé dans une succession de gilets et de vestes, étouffé par le tissu. Une camisole. Nous avons oublié ce que furent les bouleversements apportés par la mode anglaise dans notre mode de vie. »

 

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« En 1966, Michel et Jean Grimbert, les fils de Léon, reprennent l’affaire. »

 

Jean Grimbert. Photo Andreas Licht.

Michel Grimbert, by The Sartorialist
 

Ils héritent « … d’une affaire qui a déjà de la surface. À ‘origine de celle-ci, il y a la veste, la Forestière, devenue le « basique » d’Arnys. Sa longévité va la muer en îcone. L’icône d’Arnys. Du style Arnys. »

 

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« La Forestière lui fut apportée en 1947 par l’architecte Le Corbusier en personne. Vérité ou légende ? »

 

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« À cette ampleur d’épaules qui fit le bonheur de quelques sommités enveloppées (sans vouloir offusquer personne – Serge Moati, Jean-Claude Carrière…), il faut ajouter les manches retroussées façon mousquetaire qui donnent à l’heureux propriétaire de cette pièce désormais entrée au panthéon de la couture française le soin de laisser paraître le tissu d’une extravagante doublure de couleur jonquille, cerise ou violette. »

 

« La culture générale, que symbolisait un modèle intitulé Sorbonne, était une mine que les Grimbert ne cessaient d’exploiter et l’on n’est point étonné d’entendre aujourd’hui des clients rappeler qu’ils passaient chez Arnys comme ils passaient à l’Écume des pages, la librairie du boulevard Saint-Germain. À sa manière, Arnys était une librairie dont les volumes garnissaient les cintres. »

 

« Tout ce qu’Arnys produisait était sourcé chez les meilleurs artisans (…) Ils étaient adeptes des circuits longs, ce qui n’est plus du tout à la mode. Ils choisissaient des fils, faisaient fabriquer des tissus, puis assuraient le façonnage des pièces. Ils composaient ensuite les doublures. Indiscutablement, ils surent allier l’utile à l’accessoire. »

 

Arnys « … refuse aussi de vendre des cravates blanches car elles symbolisent le pouvoir honni de Pierre Laval. »

 

« Le sur-mesure est tyrannique. Pas moins de soixante heures de travail sont nécessaires à la réalisation d’une veste. Quand on sait, à titre de comparaison, qu’un costume de chez Brioni n’en exige qu’une quinzaine et que la fabrication d’un costume ordinaire, de chez Mario Dessuti par exemple, est bouclée en quinze ou vingt minutes, on mesure, c’est le cas de le dire, l’investissement du haut de gamme. »

 

 

Résultat de recherche d'images pour "Serge Moati en veste forestière" « Serge

Moati fait sensation dans ses prestations télévisées avec ses innombrables vestes Forestière. Il en possède dix-neuf, en coutil de coton noir, puis en lin, en cachemire, qu’il aligne aujourd’hui dans son vestiaire. Les manches retroussées de ses vestes laissent paraître des doublures couleur safran, violine, pêche…et, tandis qu’il agite ses mains comme un prestidigitateur, dessinant des volutes dans l’espace sous le nez de son invité, les doublures éclaboussent l’écran et même le crèvent. Grosse sensation ! »

 

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« La visite de François Fillon, alors Premier Ministre, au président Nicolas Sarkozy en vacances au fort de Brégançon, en est un accélérateur. Soudain les sunlights arrosent la maison Arnys. Fillon porte sa fameuse Forestière bleue, sans col, sans cravate. « Le 20 août 2000* restera dans l’Histoire, écrit Le Nouvel Observateur. Car c’est le jour où un vêtement est devenu, pour les analystes politiques, aussi signifiant qu’une petite phrase. » Les stocks de Forestière d’Arnys sont dévalisés. »

NDLR. Il s’agit du 20 août 2010, simple erreur typographique.

 

« … le premier agrégé de médecine d’origine asiatique, ancien condisciple à la faculté de Léon Grimbert, alors aux commandes d’Arnys, s’enquiert d’un lieu neutre où il pourrait organiser une réunion. La salle du premier étage, qui accueillera plus tard l’atelier sur-mesure, est alors inutilisée. Elle est mise à disposition. C’est ainsi qu’un beau jour de 1948 ou 1949 les membres du futur gouvernement révolutionnaire du Vietnam du Nord s’y réunissent ? Pham Van Dông, qui sera premier ministre de la République démocratique du Vietnam, est présent, ainsi que, peut-être (légende, toujours légende), Hô Chi Minh et le général Vô Nguyên Giap. »

 

« À l’annonce de la fermeture de la boutique*, les sanglots des clients sont devenus des torrents de larmes. À la file, les historiques entraient pour se lamenter, si bien que les frères Grimbert ont pris le parti de les arrêter au plus vite. « Ah non, s’écriaient-ils, pas de pleurs, pas encore ! » Mais c’était trop demander à des zélateurs en perte de repères. Serge Moati n’hésite pas à parler de « deuil ».

*en 2012, racheté par LVMH et avalé par la marque Berluti

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30 décembre 2019 1 30 /12 /décembre /2019 06:00

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Celles et ceux qui me connaissent intimement comprendront.

 

Mihaela Noroc est une photographe roumaine, elle a quitté son emploi pour commencer une nouvelle vie de voyage. Elle a photographié des femmes du monde entier, dans près de 60 pays, de l'Afghanistan à l'Islande depuis quatre ans.

 

Mihaela Noroc Olinda Brésil

Noroc à Olinda, Brésil.

 

Noroc a reçu son premier appareil photo à l'âge de 16 ans. Ses premiers sujets ont été sa sœur et sa mère.

 

« C'est ainsi que j'ai commencé à aimer photographier les femmes, d'une manière honnête et sereine. »

 

Tribu Omo Valley Ethiopie

Une femme  de la vallée de l'Omo en Ethiopie.

 

Un voyage en Éthiopie en 2013 l'a incitée à retourner à la photographie, qu'elle avait abandonnée après que ses professeurs à l'université l'ont découragée de la poursuivre professionnellement.

 

 

Son Atlas de la beauté a commencé comme un petit projet financé uniquement par l'épargne personnelle de Noroc et connu uniquement dans son pays d'origine, la Roumanie, mais il n'est pas resté confidentiel longtemps. Grâce aux dons de personnes du monde entier, Noroc a pu travailler à plein temps sur le projet.

 

« J'ai ressenti beaucoup de pression mais j'ai aussi compris que je devais travailler plus dur, je devais capturer plus de diversité, trouver des histoires plus inspirantes et je pouvais vraiment envoyer un message qui serait entendu. »

 

Elle a capturé la beauté dans des endroits allant de la forêt amazonienne au plateau tibétain.

 

Noroc dit  préfère photographier des visages plus naturels sans beaucoup de maquillage.

 

Tibetan Plateau

 

Elle pense que « si notre extérieur est naturel et authentique, notre intérieur sera plus visible ».

 

« Grâce à mon appareil photo, j'essaie de plonger dans leurs yeux, car leurs yeux raconteront toujours une histoire intéressante. »

 

Femme en Ouzbékistan

A woman photographed in Uzbekistan.  Mihaela Noroc

 

Elle essaie également de capturer l'environnement de son sujet, car cela constitue souvent une partie importante de leur histoire.

 

Jodhpur, India

 

Noroc peut se débrouiller dans 5 langues différentes, donc si elle le peut, elle essaie de parler à ses sujets et d'écouter leur histoire. À certains endroits, cependant, elle dit que parler devient simplement un langage corporel.

 

Grâce à son travail, Noroc a réalisé que la beauté ne devait pas être définie dans les limites étroites dictées par les tendances.

 

Chichicastenango, Guatemala

Nampan, Myanmar

 

« ... la beauté n'a pas de limites, et ce n'est pas une question de cosmétique, d'argent, de race ou de statut social, mais plus d'être soi-même. »

 

Noroc affirme que nous devons également apprendre à laisser les autres être eux-mêmes.

 

Sarah San Francisco

Idomeni Refugee Camp, Greece

Here in this photo, there is the mother and her two young daughters who fled the war in Syria.

 

« Pour moi, la beauté est la diversité et elle peut nous apprendre à être plus tolérants. Nous sommes très différents mais nous devons réaliser que nous faisons tous partie de la même famille. »

 

Noroc estime également que ses photographies donnent aux femmes une chance de montrer la fierté qu'elles ont pour leur culture ou leur pays.

 

Sonaduring Holi Katmandou Népal

Sona pendant le festival Holi à Katmandou, Népal.

 

Noroc a rencontré beaucoup de discrimination envers les femmes tout au long de ses voyages.

 

Elle espère que ses photos aideront à faire un petit changement dans la façon dont les femmes sont traitées.

 

« J'espère que le projet fera comprendre à plus de gens que les femmes méritent beaucoup plus de respect. »

 

Bucharest, Romania

On demande souvent à Noroc pourquoi elle ne photographie pas les hommes.

 

« Bien sûr, les hommes sont beaux aussi, mais j'ai choisi de photographier les femmes parce que je suis aussi une femme, je comprends mieux leurs difficultés et leurs rêves, donc chaque photo que je prends est aussi un moyen de mieux me connaître. »

 

Baku, Azerbaijan

 

« Nous sommes entourés de beauté dans notre vie de tous les jours. Mais parfois, nous sommes tout simplement trop occupés pour le voir. »

 

Eleni travaille au fam restuarant Delphi Grèce Pâques

Eleni à Delphes, Grèce, à Pâques.

 

« Nous pouvons trouver la beauté tout autour de nous: dans un sourire, dans deux yeux aimables, dans certaines rides, dans une histoire, dans un geste. »

 

Femme tibétaine Xiahe Chine Une femme tibétaine à Xiahe, en Chine.

Anais vit en Allemagne né en France Maman malienne Papa français Anais a été photographiée à Berlin, où elle vit, mais elle est née en France d'une mère malienne et d'un père français.

 

Guatemala

Elisabeth céramiste Zurich Suisse Elisabeth, céramiste, photographiée à Zurich, en Suisse.

Bishkek Kyrgyzstan

A woman in traditional dress in Bishkek, Kyrgyzstan. 
Mihaela Noroc

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Timisoara, Romania

Stunning portraits show what beauty looks like around the world ICI 

 

Shiraz Iran

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