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5 avril 2007 4 05 /04 /avril /2007 00:01

Mon moyen de locomotion urbain, le vélo, présente de multiples avantages, outre la capacité de contrôler ses temps de trajet, donc d'être à l'heure aux réunions, il permet, puisque j'évolue en surface, de voir comment vit la ville : affiches de spectacles, panneaux publicitaires, vitrines des boutiques, vêture des gens, terrasses de café, hordes de touristes, queues devant les expositions, évolution de la végétation, nouveau resto qui ouvre, comportement de la police, incivilités en tout genre, j'en passe et des meilleures. Tout ça pour vous dire que sur mon trajet de travail, à l'aller, comme au retour, je passe devant deux magasins Nicolas, l'un est à Sèvres-Babylone, l'autre à Vavin. D'habitude je jette un coup d'oeil panoramique en passant, sans plus. Là, je me suis carrément arrêté, stupéfait. Qu'avais-je vu ? La vitrine, en partie obturée par une grille surmontée de piques sur laquelle était apposée une pancarte jaune pétant portant une inscription surprenante : A VENDRE CHÂTEAUX, prenait des allures d'annonce d'un propriétaire fauché vendant les bijoux de famille. En plus, il nous annonçait un rabais de 20%.

Vous allez m'objecter que, dès qu'il s'agit de Bordeaux - car en l'occurrence il s'agissait de l'annonce d'une foire aux vins de Bordeaux - j'ai la dent dure. Pas du tout, ce qui m'a fait m'arrêter c'est la grille. Je n'ai découvert la référence à Bordeaux qu'ensuite. Je m'explique : d'une grille peinte sur la glace d'une vitrine, même stylisée en grille de château, ce que l'on voit en premier ce sont les barreaux. Les bouteilles semblaient emprisonnées, bouclées à double tour, hors de portée. Vous me direz, l'important c'est que je me sois arrêté. Surprendre est un bon ressort publicitaire. Certes, mais cette grille façon Moulinsart je ne la trouvais pas très sympathique, elle mettait une distance entre moi et le produit. Et puis, comme je l'ai écrit, la pancarte un peu clinquante, très agence immobilière de seconde zône, donnait le sentiment que si le château était à vendre c'est que ses propriétaires n'avaient même plus de ronds pour faire réparer les gouttières du toit. J'avoue que cette campagne pour les Bordeaux m'étonne. Comme si en remettre une couche sur les petits châteaux à deux balles donnait au consommateur le sentiment de s'offrir à bon compte une bonne bouteille descendant en ligne directe des Grands.

Ce sujet, le lien entre l'extrême must et le prêt à porter Bordelais, est d'une grande importance. En effet, le gouffre d'image qui sépare l'éclatante réussite des Grands et l'extrême difficulté de la masse viticole, montre qu'à l'évidence la maison bordelaise ne tire qu'un faible parti de sa grande notoriété et ne joue qu'un rôle mineur dans notre économie viti-vinicole. Deux mondes se cotoient sans se voir, s'écouter et s'entendre. On en reste à une vision classique - qui certes à fait Bordeaux dans sa pérennité et sa notoriété - où les rôles sont distribués, la partition connue et surtout la quasi certitude que quoi qu'il arrive Bordeaux tirera son épingle du jeu. A quel prix humain ? Tel sera l'enjeu des années qui viennent. Ce prix, c'est un fait inscrit dans les panels, Bordeaux l'a d'abord fait payé à ses voisins, les AOC Languedociennes tout particulièrement.  C'est le jeu de notre marché domestique national où pour, les opérateurs, la défense de la part de marché, ou sa conquête, passe par un seul impératif : le prix d'achat de la matière première. Dans une économie d'abondance confrontée à un marché de consommation en repli c'est là où se situe la valeur à capter. Que les viticulteurs Bordelais ou d'ailleurs le découvrent me paraît un peu surréaliste. Dans une économie de cueillette c'est la seule règle. Tout le reste s'apparente à des propos de fin de banquet. Concurrence entre régions, concurrence entre structures de production, jeu normal du marché, mais la balkanisation, la faiblesse du négoce face aux acheteurs de la GD, font du toujours moins le principe de fonctionnement du système qui appauvrit l'ensemble et dévalue l'image du produit même si on le pare d'une belle grille de château.

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4 avril 2007 3 04 /04 /avril /2007 00:26

Toujours aussi féniasse, pour ma deuxième chronique vin en toutes surfaces, je me décide à aller en face de chez moi, chez Karim et Adel, mes épiciers préférés, où je suis, comme dab, bien accueilli. Chez Franprix jm'étais fait engueuler par le gérant parce que je prenais une photo. Ici ils acceptent de poser devant l'épicerie pour mon plus grand plaisir. Ici c'est tout petit mais le rayon vins et spiritueux occupe le plus beau pan, à droite en entrant. Peux pas faire de photo, faute de recul. Enfermé dans mon titre à la con je me vois dans l'obligation de vous faire mon relevé sur 1 mètre 20 et, pour faire bon poids, deux fois. Ce qui, vu la taille du magasin, pèse plus lourd que chez le Franprix d'en face. J'opère toujours de gauche à droite avec la même typologie. Pour faire plaisir au lectorat exigeant je commence par le blanc puis je continue par le rouge même si le pan de blanc commence par deux rouges. La prochaine fois j'irai fourrer mon nez dans le rosé. J'espère qu'la météo se sera remis définitivement au beau. Au boulot coco !

La ligne blanche : Grilladero rouge MDVPCE 1,90 euros /
Vieux Papes rouge VTF 2,50 euros /
Blanc de blanc Espagne 2,20 euros /
Muscadet Sévre et Maine 2005 N 2,90 euros /
VdP Jardin de la France N 3,20 euros /
La Roche Mazet Sauvignon VdP Oc 2006 4,90 euros /
VdP Oc Chardonnay 2006 N 4,50 euros /
VdP Oc Viognier 2006 N 4,50 euros /
Bordeaux moelleux 2005 N 2,90 euros /
Gros Plant 2005 N 2,90 euros /
Alsace Riesling 2005 N 5,90 euros /
Montbazillac 2005 D 9,90 euros /
VdP Jardin de la France 2005 R 9,90 euros /
Bourgogne aligoté 2005 N 10,90 euros /
Sancerre 2005 D 14,90 euros /
Pouilly Fumé 2005 D 14,90 euros /
Chablis 2005 D 12,90 euros/

La ligne rouge : Sidi Brahim 5,90 euros /
Bordeaux 2006 N 2,90 euros /
Bordeaux 2005 Ch 3,90 euros /
Vdp Oc Merlot 2005 D 6,90 euros /
Vdp Vaucluse Merlot 2005 D (vis) 5,90 euros /
Roche Mazet Merlot VdP Oc 2005 4,50 euros /
Roche Mazet Cabernet Sauvignon 2005 4,50 euros /
VdP côtes Catalanes D 2005 5,90 euros /
Bordeaux 2004 Ch 5,90 euros /
Madiran 2001 N 7,90 euros /
Baron de Lestac Bordeaux 2005 6,90 euros /
Malesan Bordeaux 2005 7,90 euros /
Blaissac Bordeaux 2005 7,90 euros /
Bordeaux 2004 Ch 5,90 euros /
Buzet 2005 5,90 euros /
Côtes de Bourg 2002 Ch 14,90 euros /
Mouton Cadet 2003 14,90 euros /

A la suite de la ligne rouge une enfilade bordelaise de bonne extraction qui crapahute entre 25 et 39 euros et, juste au-dessus, quelques beaux champagnes bien assis sur de beaux prix : 37,90 à 42,90 euros. Dans la vitrine, blottis dans des caisses bois, toujours des seigneurs bordelais. Pour JG Prats, je lui signale, qu'ici, Bd St Jacques sur le trottoir qui descend vers l'ex PLM-St Jacques, on vend du Bordeaux d'Estournel en 1/2 bouteille à 3,90 euros et pour Miren un Château de Pennautier 2001 Collection Privée à 12,90 euros. Bref, bien achalandé mes épiciers qui sont ouverts de midi à au-delà de minuit, et je me dis que, si leur rayon vin est ainsi, c'est que ça attire le client et que ça se vend, autrement, Karim et Adel proposeraient d'autres produits. Dernière remarque, les petits génies de la GD pourraient venir prendre des cours de présentation du rayon vin chez eux et, pour ce qui est du service, là je crois que ce n'est pas la peine d'essayer leur maladie est incurable, on ne peut pas faire boire un âne qui n'a pas soif. Comme dit Carrefour toujours moins cher pour pouvoir s'offrir plus de plaisir... ça rime avec ça me fait bien rire.

A noter, que les deux frères ont ouvert à côté de l'épicerie une sandwicherie avec plats cuisinés à emporter ou à consommer sur place. Si j'ajoute ce complément c'est que les sets de table affichent la couleur : le vin, il aura toujours sa place à table naturellement. Don de l'Anivit, c'est rare pour être noté et je verrais bien le Président de l'Anivit venir offrir à nos promoteurs du vin quotidien une belle bouteille dédicacée par la profession reconnaissante. 

Dérogeant à mes principes - mais ai-je des principes ? - je dois vous avouer que le tir groupé du groupe Castel avec 3 marques : Malesan, Blaissac, Baron de Lestac, me conforte dans l'idée que ce n'est pas demain la veille qu'un grand groupe de vins français pourra, à la manière des géants des spiritueux ou de l'agro-alimentaire, concentrer ses moyens publicitaires et promotionnels pour booster une vraie marque de vin. D'ailleurs, le marché français y est-il prêt ? Je ne crois pas. Mais à l'international c'est la règle. Petit rappel à ceux qui semblent l'avoir oublié : en France, on peut faire de la publicité pour le vin mais pour être vu et entendu, au long de l'année, il faut mobiliser de gros budgets. Dans beaucoup de pays où la consommation du vin se développe on peut utiliser même la télé, mais il faut des moyens colossaux. Ceux qui en ont lèvent le doigt ? 

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3 avril 2007 2 03 /04 /avril /2007 00:02

" Nous étions à Bordeaux, il y a quelque dix ans et, après un dîner copieux, la discussion roula sur la dégustation.
Quelques-uns de nos amphytrions nous firent observer que si l'on ne voyait pas le vin et que l'on goutât, les yeux bandés, on ne pouvait distinguer le vin rouge du blanc. Gravet et moi fûmes indignés, soutenant qu'il était impossible de ne pas faire cette différence au goût.
On engagea un pari et immédiatement on nous apporta une quinzaine de verres bien alignés, en nous bandant consciencieusement les yeux. La dégustation commença.
Les premiers verres allèrent à peu près bien.
Au dixième, au douzième verre, Gravet s'écria :
- Il est un peu plat, ce vin : c'est du petit Libournais.
- Je crus bien faire en ajoutant que c'était du Blayais.
Les amis qui étaient là, dirent :
- Gardez bien votre verre en main. C'est bien du Libournais... du Blayais, n'est-ce pas ?
On nous défait le bandeau et jugez de notre stupéfaction et de notre confusions. Nous avions chacun, un verre d'eau."

histoire de dégustation contée par E.Néraud, écrivain spirituel et connaisseur de bonnes caves, mais qui ne s'en fait pas accroire. in Bercy Cellier du Monde de V.Drouin et O.Charpentier éditions La Caravelle 1928

J'adore cette petite histoire. Le dimanche où j'ai trouvé mon vin de crise, au parc floral de Vincennes, dans une salle qui donnait par une baie vitrée sur le Salon Vivre et Nature, j'ai pu contempler les participants d'un atelier de dégustation. C'était comme une histoire sans parole. Déjà que le conso bio n'est pas d'une gaité folle, la douzaine d'apprentis des deux sexes, certains prenaient furieusement des notes, semblaient être accablés par tous les malheurs du monde. Bien sûr, l'éducateur-dégustateur, qui portait un collier de barbe, tel un néo-député socialiste de la vague rose de 1981, inscrivait des noms étranges sur un paper-board. Sans vouloir faire du mauvais esprit je l'imaginais engueulant la fille, qui avait une tronche de vieille fille, parce qu'elle s'enfilait le fond de verre à fond la caisse ou frappant avec une badine sur les doigts du senior plus intéressé par le décolleté de sa jeune voisine Peace and Love que par le gouleyant de son fond de verre. Moi la pédagogie ça m'a toujours hérissé. En dehors d'apprendre à lire et écrire, je me suis toujours profondément ennuyé sur les bancs de l'école, emmerdé sur ceux du lycée et pratiqué la politique de la chaise vide à l'Université. Lire comme un mort de faim m'a sauvé du désastre. Aimer et apprécier le vin ne s'apprend pas sur des bancs d'école. Je sais que je vais me mettre à dos ceux qui veulent éduquer le consommateur. Bon courage, pour l'heure les résultats tardent à produire leurs effets sur cette jeunesse insoucieuse et rétive.

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2 avril 2007 1 02 /04 /avril /2007 00:03

 

Pour nos pères, un bon vin, devait être vieux, tuilé, précisaient-ils. Le vin bouché par eux ou par d'autres, couché dans la pénombre de la cave, sa bouteille se nimbant de poussière et de toiles d'araignée, se bonifiait disaient-ils.

 

Plus c'était vieux plus c'était bon. Combien de bouteilles nazes ai-je vu ainsi déboucher, la couleur était belle : très pelure d'oignon, et mon père disait, pour nous rassurer, qu'il était madérisé.

 

Bref, le socle de l'excellence du bon vin de France pour monsieur Tout le Monde - bien évidemment je n'englobe pas dans ce vaste cercle, le Cercle raffiné et restreint des connaisseurs, dont certains, du côté de la Sorbonne, s'apparentent aux Précieuses Ridicules - c'est le chenu, le mature, le sage, celui qui a jeté sa gourme et qui, dans la sérénité du grand âge, donne sa pleine mesure. Alors, les vins ordinaires pour jouer au grand se paraient des charmes tranquilles de la vieillesse. Pour preuve, le dernier survivant de cette lignée, le Vieux Papes, reste la référence de ces consommateurs baptisés par la statistique : les réguliers. Quand on puise dans le stock des vieilles étiquettes on y découvre une profusion de vieillards : Vieux Ceps, Vieille Treille, Vieil Ermite, Vieux Logis, Vieux Moulin, Vieille Réserve, Vieil Ermite, les Vieux Pampres, les Vieux Fagots, Vin des Aïeux, Vieille Souche, Le Vénérable, et pour finir j'ai même découvert le Vin Vieux des Coteaux (c'était un vin de coopérative).

 

 

 

Mais la vieillesse ne suffisait pas forcément à asseoir la réputation du vin quotidien, très souvent les nectars se voulaient royaux, ou impériaux, ou s'anoblissaient. Par bonheur, notre chaîne nobiliaire qui recèle des déclinaisons : prince, duc, comte, vicomte, baron, marquis, et si on y ajoute les chevaliers, les connétables, les troubadours, donnait, et donne encore, aux marketeurs une inspiration inépuisable. Nous avons coupé la tête de notre roi, aboli les privilèges, vendus les châteaux comme Biens nationaux, mais le bon peuple reste fasciné par la particule et le titre nobiliaire. Restait aussi à côté du sabre, le goupillon : nos étiquettes de vin aimaient aussi se parer de moines rubiconds, car n'en déplaise à notre éminent Pitte, dans les monastères on ne produisait pas que des nectars pour gosiers de riches. Tout ce passé, que certains voudraient occulter sous l'étrange prétexte que le vin était alors une boisson, pèse très lourd, aussi bien en positif qu'en négatif, dans la perception que nous-même avons eu du vin. Dans une certaine mesure, l'irruption des AOC nous a dédouané : boire moins, boire mieux et c'est cette vision un peu repentante, parfois élitiste, que nous avons transmis à la génération de nos enfants.

 

 

Où est-ce que je veux en venir me direz-vous ?

 

A une conclusion très simple : en France, le vin, dans l'imaginaire d'une grande part de la nouvelle génération, est une boisson de vieux, de gens un peu compassé, très prout prout ma chère, des gens qui font du chiqué, qui se la pète grave, il ne fait pas parti de l'esprit du temps. Tant mieux me diront certains, nous n'allons tout de même pas faire la danse du ventre pour séduire les sauvageons.

 

Nous n'allons pas succomber au jeunisme ambiant. N'en jetez plus, je suis d'accord avec vous. Cependant, si vous voulez bien me suivre, parlons d'une boisson très tendance, pleine de bulles : le Champagne. Pour les teufeurs ce n'est pas du vin. C'est d'la mousse ! C'est joyeux, ça danse, ça ne casse pas comme le TGV : tequila-gin-vodka...

 

Ce que je veux dire, c'est qu'on peut être dans l'air du temps sans baisser sa culotte, sans renier ses valeurs, sans jeter aux orties nos traditions. Mais pour être dans l'air du temps il faudrait que les gens du vin soient dans leur temps, qu'ils sortent de leur blokhaus professionnel. Partout dans le monde le vin, quel que soit son statut, est un must, alors que chez nous il fait l'objet d'une forme non révisée de guerre de tranchées... 
 

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1 avril 2007 7 01 /04 /avril /2007 00:11

Debout, un des VRP, rouge crête de coq, bedaine au vent, en bras de chemise éructait " Putain de merde ! En plus cette salope bronze à poils..." Son voisin tendait les mains pour la toucher. Sylvie, du bout du pied, le repoussait tout en commençant de roulotter son string au haut de ses cuisses. La cocotte allait exploser. Tous les types faisaient cercle autour de la table où Sylvie venait de se propulser. La patronne, d'une voix blanche, me lançait " ça va mal finir... " Dopée par la meute Sylvie continuait son oeuvre. Le bout de tissu passait le cap des genoux. L'étau se resserrait. Inconsciente Sylvie s'accroupissait. Je me levais alors qu'elle brandissait à bout de bras le triangle de soie. Les types trépignaient. Sylvie le leur lançait à la volée. La meute se ruait dessus. Je me retrouvais face à elle. Son pubis bien taillé donnait au débouché de son bassin étroit des allures de gamine pré-pubère. Je la recueillais dans mes bras. L'homme à tout faire lui tendait un peignoir de boxeur. La meute s'entredéchirait pour le bout de tissu. Sylvie flottait dans le peignoir trop court " j'ai l'air tarte..." Je lui répondais qu'elle me ressemblait. Pour la première fois son rire se lâchait, enfin enfantin. Ses doigts serraient fort le gras de mon biceps. " J'ai fait ça pour toi..."


Atterré, bouffi de honte, je me sentais sale. Disparaître, ne plus sentir la tiédeur de sa cuisse contre la mienne, ne plus entendre son babil tendre, reprendre le fil de ma vie d'avant. Mais comme y'avait plus de vie d'avant, à coup de grands verres pleins, je descendais une grande part d'un flacon de Johnnie Walker. Sans même que j'eus à le lui demander Sylvie avait allongé le fric. Mentalité de soumise. Me voir jouer à ce jeu de merde me donnait envie de gerber. Qu'importait, oublier ! L'alcool glissait. Indifférent à sa morsure je l'entassais. Seules mes mains m'obéissaient. Entre chaque prise, elles pétrissaient les seins de Sylvie. Leur chaleur me rassurait. Plus rien autour de moi n'existait. Je sombrais. La terre s'ouvrait. Mes entrailles s'épandaient. Mon phallus me crucifiait. Plus rien que le ressac de la poche initiale, la tiédeur de ma bulle amniotique, la dissolution définitive. Partout des pointes acérées, le lit tanguait. J'étais allongé sur une planche à clous. Goût de punaises écrasées, langue et palais liés par une fiente visqueuse, je ne pouvais soulever mes paupières. Crâne bardé de plomb, tempes enserrées dans les rets implacables d'un étau, les premiers spasmes se levaient. Monstrueux, ils me nouaient les tripes. On me relevait. Je dégueulais dans une bassine à grands lampées. Et puis ce fut du fiel, amer. On me tamponnait le front avec des serviettes fraîches. Plein de frelons mon crâne grésillait. De la sueur glacée marbrait mon dos. Mes hoquets exhalaient de la pestilence. Des baisers apaisaient mes frissons. On me portait jusqu'à la selle. Je me vidais. On me recouchait. Allongé en chien de fusil, à nouveau foetus, je sentais une forme ferme s'y encastrer. Je ne sais plus si j'ai rêvé.

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31 mars 2007 6 31 /03 /mars /2007 00:19

En me voyant me hisser prestement sur l'estrade la petite, déjà mal assurée sur ses hauts talons, eut un mouvement de recul qui faillit l'envoyer à la renverse. Je la retins par le poignet. Ses faux-cils, lourds et charbonneux, papillottaient. Dans la salle, les braillards interloqués se taisaient. La petite frissonnait. Lui arracher son bout de culotte eut été une ignominie. Pour la rassurer, très paternel, je posais mon bras gauche sur ses épaules glacées et, tel un bateleur de foire, en pointant mon index en direction de Sylvie, d'une voix qui se voulait impérieuse, je m'entendais annoncer " messieurs, la maison ne recule devant aucun sacrifice, elle a décidé de vous offrir ce soir le come-back d'une reine de la nuit, un spectacle d'exception, la mise à nue de Cruella la fille au longs compas..." Sylvie s'exécutait. Les types bavaient déjà. Très professionnelle elle commandait au type de la cabine, qui s'occupait des lumières et du son, de mettre sur la platine "A wither Sade of Pale" de Procol Harum. Dans la salle une chape de silence tombait. Les mecs n'en pouvaient plus. Moi, l'air dégagé du mâle qui tient sa nana, je me rasseyais en faisant signe à la mère maquerelle de venir me rejoindre. Elle posait son gros cul sur la banquette en pestant " vous me manquez pas d'air mon garçon..."


Sur la scène, encerclée d'un halo de lumière crue, Sylvie se débarrassait de son Marcel. Dans la salle le murmure qui suivit l'explosion de ses seins lourds prenait des allures de feulement d'une meute en rut. Mains sur les hanches, menton haut et regard dur, poitrine projetée, elle s'exhibait. Le vieux bramait. Le machiniste jouait avec les couleurs et amplifiait le son. Sylvie se délestait de ses mocassins et, sur la pointe des pieds, descendait avec grâce les marches de l'escabeau branlant qui tenait lieu de grand escalier. Un nouveau murmure parcourait la salle, viandard. Le défi de ce corps offert, si près, les menait aux pires obscénités. Sylvie, lascive, les provoquait. Un court instant la pointe de ses seins effleurait le crane chauve d'un VRP. Il tentait de lui enserrer la taille. Elle le claquait. J'ironisais " elle relève le standing de votre bouge, chère madame...


- Petit con...


- Et si on faisait affaire ?


- Brejoux vous en faite quoi ?


- Un cocu...


- Vous êtes louf jeune homme, c'est un flic...


- Et moi, un futur flic.


- Vous m'embrouillez, à quoi jouez-vous ?


- A ne pas mourir...


- ...


- Quel beau cul !


Sylvie, debout sur une chaise, venait de laisser glisser son short au long de ses jambes dorées et son string exposait une paire de fesses elles aussi colorées par le dieu soleil.

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30 mars 2007 5 30 /03 /mars /2007 00:03

J'ai fait un rêve bleu. Sous un ciel bleu sans nuage, dans un lieu de rêve bien sûr, à l'occasion de l'assemblée générale de la Fédération [un blanc] du vin, la Ministre de l'Agriculture [deux blancs], encourageait l'ensemble des représentants de la filière [un blanc] du vin à se rallier autour de la mise en oeuvre du plan stratégique " [trois blancs] 2010 " et c'est à ce moment-là qu'on me frappait sur l'épaule. Eveillé en sursaut, je voyais rouge et, vert de rage, toute honte bue, je tapais sur mon clavier les mots manquants, meublais les blancs. Tout en pianotant, tel un concertiste rejouant pour la soixante-dix-huitième fois la Lettre à Elise au casino de Coudekerke, je me remémorais le temps où nous étions allé déposer aux pieds d'un jeune Ministre fringant le fruit de nos rêves éveillés. Nous aurions du nous méfier de la toute maigre qui se tenait à son côté, un drôle d'oiseau. Trop content d'être partis les premiers, sûrs de notre fait, naïvement nous pensions que notre stratégie, fixant le Cap sur 2010, ne pouvait que triompher. Nous étions des benêts. Mais par bonheur la copie a bien vieillie, même qu'elle s'est plutôt bien exportée, l'encre n'a pas jaunie, la plus grande part de ce que nous avions écrit de ce côté-ci des Pyrénées, les espagnols s'en sont emparés. A chaque fois qu'ils m'ont invité à venir leur causer j'avais les chevilles qui enflaient. Mon rêve, en fait, n'était que la réalité en deça des Pyrénées.

Je reprends le fil. A l'occasion de l'assemblée générale de la Fédération espagnole du vin, la Ministre de l'Agriculture, Elena Espinosa, a encouragé l'ensemble des représentants de la filière espagnole du vin à se rallier autour de la mise en oeuvre du plan stratégique " Estrategia del Vino 2010 ". Celui-ci doit être officiellement présenté au second trimestre de cette année et aura pour but d'accroître la compétitivité du secteur viti-vinicole espagnol sur le marché mondial et, ce faisant de générer davantage de bénéfices sur le plan économique, technique, social et environnemental. La madame Ministre n'y est pas allé par 4 chemins : soit on accepte la nouvelle répartition du marché et on adapte la dimension de la filière nationale ; soit reconnaître les erreurs du passé et relever le défi d'une nouvelle conquête des marchés. Et de conclure, " Estrategia del vino 2010 " vise la deuxième option pour que la filière espagnole devienne le leader mondial. Au moins ça le mérite d'être clair. C'est une ambition affirmée. 

Et pendant ce temps-là, nous les français, qu'est-ce qu'on fait ? Tout bêtement nous demandons aux candidats à la Présidentielle de se prononcer sur l'important sujet de la publicité, faut réformer la loi de ce type au nom prédestiné. Que d'ambition nous avons ! Comment ça se fait que sur le panneau près de chez-moi y'a des affiches pour me dire qu'y faut que je boive du Ricard, un vrai. Tiens ça serait t'y que la publicité ne serait autorisé que pour les boissons anisés ? Bon passons, c'est pas avec ce type de propositions que nous vendrons beaucoup plus de litrons. Soit nous continuons dans la stratégie Pitte : que d'la Rolls et du cousu main mais alors va falloir élaguer sec les mecs ! ou bien, on range nos pétoires, nos mobylettes, et nous nous colletons au seul défi qui vaille : redonner de l'oxygène à notre grand vignoble généraliste pour qu'il puisse vivre en proposant aux nouveaux conquérants français d'aller contrer les nouveaux consquistadors sur les nouveaux marchés. Rendez-vous en 2010...

   

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29 mars 2007 4 29 /03 /mars /2007 00:03

Aux élections, dans un passé récent, ça arrive encore aujourd'hui, certains candidats se présentaient au bon peuple sous l'étrange appellation : Sans Etiquette. Est-ce à dire que leurs concurrents, eux, sont étiquetés, comme nos bagages en partance à l'aéroport, tels nos belles bouteilles de VQPRD et de Table réunis ? Mais alors pourquoi diable, en vertu de quelle dérogation, de quel passe-droit, ces quidams se présentent-ils à nos suffrages sans nous déclarer les mentions obligatoires à notre information. Mais que fait la DGCCRF ? Elle si prompte à traquer le contrevenant qui se permet de jouer sur les mots, de suggérer que son jaja vient d'un château - pardon Bernard, c'est de la publicité clandestine mais jau zepa - d'oser dire que des vignes sont vieilles, parce qu'elles ont cent ans, mais que ce n'est pas permis pour des vignes qui n'ont pas de nom ; d'écrire que les vendanges sont tardives, puisqu'elles se sont faites en novembre, mais que ce n'est pas possible parce que ce n'est pas la tradition ou je ne sais quelle raison... Bref, pour des pékins qui vont avoir notre destin en mains, nos gabelous modernes sont, comme par hasard, aux abonnés absents. Pourtant, nos prétendants seraient de bons clients ! Imaginez-vous un contrôle inopiné, en plein meeting, à la Mutualité. Ce serait vraiment très drôle, l'irruption de la brigade, face à la foule en délire qui crie " Duchmolo président ", et, impertubables, les inspecteurs des Fraudes qui délivreraient un PV pour non conformité des propos du candidat à  son étiquette déclarée ou qui entameraient une procédure de déclassement. Du délire, une histoire à la Coluche quoi, un peu de rire dans ce monde cafardeux...

Je m'égare. Revenons à l'étiquette ! Peut-être s'agit-il, de ce que Miren, un jour à Pennautier, m'a expliqué : " c'est à la cour de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, que fut introduit un formulaire contenant le détail de ce qui doit se pratiquer journellement à la Cour ; ce formulaire prend le nom d'étiquette. Par le mariage de Marie de Bourgogne, petite-fille de Philippe le Bon, avec Maximilien 1er, archiduc d'Autriche, ce formulaire fut introduit à la cour de Vienne ; c'est à son propos qu'en 1607, le maréchal de Villars emploie en français le mot étiquette dans ses mémoires. L'étiquette passe à la cour de Madrid au XVIe siècle. Le mot et la chose ne se répandent en France qu'à l'extrême fin du XVIIe siècle..." - pardon Miren pour cette citation totalement apocryphe mais je n'ai pu résister car je trouve qu'elle vous va bien - Donc, nos Sans Etiquette, seraient alors des gus de rien du tout, qui ne savent pas se tenir en société, des va-nu-pied à ne pas fréquenter. Là, je sens poindre l'objection : Berthomeau nous prend vraiment pour des cons. Non ! Mon raisonnement se tient et surtout la chute est sublime. Oui, sans forfanterie, tout ce qui vient d'être écrit ici l'a été pour suggérer aux candidats que, dans leur catalogue de promesses, soit inclus qu'à l'avenir, puisqu'au fil des ans, on les a dépouillé de tout, ou presque, les Vins de Table, soient des Vins Sans Etiquette... Plus rien ! Nada ! Nu comme des vers ! Le retour aux origines pour un vin qui n'en a pas, ou pas officiellement comme les enfants naturels et adultérins, quelle revanche vous ne trouvez pas...

Ce délire est issu de la découverte d'un site www.pierrevin.com une mine sur les étiquettes, et tout particulièrement les anciennes étiquettes de vin de table.  

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28 mars 2007 3 28 /03 /mars /2007 00:19

" Je vois qu'on a tué le vin français. Nous avions le plus beau savoir-faire. On était les seuls. Et puis Robert Parker est arrivé, avec ses goûts d'un autre monde pour des vins forts en alcool, sucrés, structurellement vulgaires. Ce type est devenu juge. Et au lieu de le contrer tout de suite, de le renvoyer au Kansas, tout le monde l'a suivi, parce qu'il nous ouvrait le marché américain. On s'est tous parkerisé. On s'est vulgarisé, ce qui une énorme erreur. Il ne faut jamais essayer de penser comme les autres. Il faut être son propre client. D'autant que si on décide de faire des vins vulgaires, les vulgaires le feront encore mieux..."
Philippe Stark entretien avec François Simon le Figaro 24/02/07 envoyé par un lecteur du blog

Pour moi, les cafés Costes, conçus par Philippe Stark, sont la quintescence du vulgaire soft, l'étalon de la vulgarité froide, sans âme, celle qui sous un masque glacé, épuré, inhumain tente de faire oublier la vulgarité de ceux pour qui elle a été conçue : ceuki se la pètent grave, les ki confient les clés de leur 4x4 au voiturier, petits et grands rouleurs de caisse aseptisés, formatés, poufezépoufettes émaciées ou bodybuldées, toute la faune du paraître. La vulgarité, comme la connerie, est toujours celle des autres, elle trouve sa source dans les préjugés, l'origine sociale et l'éducation. La part de mépris est toujours importante. On s'érige, moi y compris, en juge des élégances. De la part de Philippe Stark, dont l'esprit créateur est indéniable, c'est enfourcher un canasson franchouillard indigne d'un représentant-type de notre planète mondialisée. Je vous conseille d'écouter son entretien avec Loïc Le Meur, le bloggeur chéri de Niko, il en dit beaucoup plus sur ce cher Philippe Stark que ce que je pourrais vous en dire.
http://www.loiclemeur.com/france/2007/03/376_philippe_st.html

Vulgaire : banal, commun, courant, ordinaire, grossier, trivial, populacier... Les propos de Stark se rattachent aux définitions classiques du vulgaire " qui, par son manque de distinction, est considéré comme de peu de valeur ou comme choquant ; propre aux couches les plus basses de la société. Qui, choque le bon goût, les bienséances..." A ce tarif là, Coluche, Bigard, Renaud, Chaissac, Blondin, Houellebecq, Bardot actrice, Patrick Sébastien, Loana, Steevy, Santini... sont vulgaires. Les gens qui bouffent sur les parkings d'autoroutes... qui se baladent sur les plages dans des tenues tapageuses ou les seins à l'air... les chasseurs qui s'envoient des petits jaunes dans leur gabion... les supporters peinturlurés aux couleurs nationales... les mecs qui chantent des chansons à boire après leur dîner annuel des anciens d'AFN... les femmes d'un certain âge qui portent des minis jupes en cuir... les types col ouvert sur poitrine pileuse avec chaîne en or incorporée... les drags queens... les chanteurs de rap à capuche... sont vulgaires. La vulgarité est très discriminante.

Ceci étant écrit, Stark est bien sûr libre d'exprimer son opinion, y compris sur le vin. Ce qui me choque, ce n'est pas le fond de ses propos, si convenus, si idées reçues pour bar d'hôtel international, mais la forme. Si je le comprends bien, le Parker, il fallait le foutre dans un avion pour le reconduire dans son trou pourri du Kansas. Comme un vulgaire sans-papier, en l'occurence, lui, ce sont ses papiers qui le condamneraient à l'expulsion. Faut quand même un jour arrêter de pousser pépé dans les chiottes, le Robert n'a pas à être chargé de tous les péchés de notre viticulture et de ses vins, de toutes les dérives, de tous les petits arrangements avec le ciel et la législation. D'autres que lui, bien français de la France profonde, s'en sont chargés avant lui. Le Bob, ce pape de la vulgarité selon Stark, s'est contenté d'appliquer les bonnes vieilles recettes qui font florès dans les milieux newyorkais des galéristes d'art moderne. Dans le désert français de la critique, il a imposé son point de vue, donné la tendance, fait la cote. Et alors, moi ça ne m'empêche pas de dormir. Je n'achète que ce qui me plaît. Je n'investis, ni dans le vin, ni dans l'art, en fonction de la cote. D'ailleurs, je n'investis pas du tout. Foin des notes, guides, étoiles pour moutons friqués. Entre nous, le vin à la française, quand il respecte ses fondamentaux, n'est pas mort, il se porte bien, même très bien. Le temps fera son tri, comme dans l'art, l'authentique dure, les croûtes surcotées iront, elles, décorer les murs des cabinets d'avocats d'affaires ou des chirurgiens esthétiques. Alors, pour rigoler un brin, en parodiant Maurice Clavel, je quitte cette chronique en lançant à Stark " monsieur le censeur bonsoir ! " Pour les jeunots je rappelle que le dit Clavel avait quitté le plateau d' " A Armes Egales " le 13 décembre 1971, avec fracas en lançant aux participants : " messieurs les censeurs bonsoir ! " afin de protester contre la censure de son interview où il mettait en cause Georges Pompidou, alors Président de la République, pour sa mollesse sous l'occupation.

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27 mars 2007 2 27 /03 /mars /2007 00:01

"J'exploite 23 ha de vigne, tout en Bordeaux rouge. Je livre l'ensemble de mes vins à la cave coopérative. Je possède 8 ha en propre, le reste correspond à du fermage familial. J'ai démarré sur une structure d'environ 13 ha de vignes. A l'époque, le vgnoble était mixte, moitié rouge, moitié blanc et sur l'exploitation, nous cultivions du maïs, des arbres fruitiers. Lors de mon installation, j'ai emprunté pour acquérir un peu de propriété. A l'époque, les parcelles de vigne se négociaient près de 290-300 000 F l'ha. J'ai également emprunté pour réaliser un plan de restructuration, assurant la replantation de toute l'exploitation en rouge, y compris les terres qui supportaient les céréales et le verger. La vigne procurait une marge beaucoup plus intéressante. Il a fallu financer le renouvellement de tout le matériel d'exploitation. A la coopérative, nous étions un groupe de jeunes viticulteurs à avoir repris de petites exploitations familiales. Nous voulions démontrer notre esprit d'entreprise et tenir les promesses que l'on avait mises en nous. Les techniciens de coopérative, les oenologues, les négociants, les techniciens de Chambre...tous, ils nous disaient que nous avions plus de chances de nous en sortir en produisant de la qualité. Nous avons foncé tête baissée. Avec mes collègues, on s'est engagé dans une charte de qualité. La coopérative avait mis en place un système de paiement tenant compte de la taille, des travaux effectués, du mode de ramassage, avec visite deux fois par an des parcelles... Je me suis mis à faire du désherbage en plein, j'ai semé les inter-rangs, j'ai modifié la taille pour passer des grandes acures aux petites acures. Pendant plusieurs années, j'ai fait tomber des raisins, j'ai effeuillé, enlevé les contre-bourgeons... Nous avons fait tout ça. le comptable me mettait en garde, m'avertissant que les coûts de production devenaient élevés. Mais j'étais très motivé. A la coopérative, mon vin était vinifié à part, sous un nom de château. J'ai obtenu des médailles dans plusieurs concours. J'étais persuadé que de toute façon, en produisant un bon vin, j'arriverai à mieux le vendre, à amortir les coûts élevés. la coopérative avait investi dans de la thermorégulation pour toute la cuverie, sans parler de la traçabilité, la mise aux normes, une chasse à air pour tous les châteaux. " Manque de bol ", les cours ont commencé à plonger. En deux ans, entre 2003 et 2005, mon chiffre d'affaires a été divisé par deux. De 210 000 euros, il est passé à 9000. Avant la crise, la coopérative vendait très bien en vrac. Elle possédait une certaine réputation, due à la qualité  de sesterroirs et à sa manière de travailler. a l'époque, le comptable nous disait que nous valorisions aussi bien nos vins en vrac qu'en bouteilles. Nous avions noué un partenariat avec un négociant, qui nous garantissait d'enlever les vins 10% au-dessus des cours de marché. aujourd'hui ce négociant nous achète au même prix que les autres. Seule différence : il se permet de choisir les vignes qui l'intéressent, exige une certaine méthode de vinification, déguste les différentes cuves et, souvent, en choisit parmi celles qui ne font pas partie de son contrat. Il profite de la situation. Pour la récolte 2006, en janvier, nous en sommes à 750 euros le tonneau. [... ]

Extrait du témoignage de Jean-Luc D recueilli par Catherine Mousnier dans le Paysan Vigneron revue régionale viti-vinicole des Charentes et du Bordelais  N° de janvier 2007 consacré à la Crise des vins de Bordeaux : Une prise de conscience collective 

Je vous livre ce témoignage, sans commentaire, car il parle de lui-même. Dans sa présentation du dossier, Catherine Mousnier, écrit " Voilà au bas mot trois ans qu'une partie significative de la viticulture bordelaise est plongée dans une profonde crise. Les viticulteurs les plus touchés ont perdu la moitié de leur chiffre d'affaires en l'espace de deux campagnes. le pire, c'est qu'ils avouent, désemparés, " n'avoir rien vu venir ". Par un brutal revirement de situation, comme le marché en a le secret, la crise a fauché nombre d'entre eux en pleine ascension, qui n'avaient même pas démérité..." Comprenez-moi, moi qui suis sur la dunette depuis 2001, je suis un peu vénère de lire des choses pareilles. J'hallucine. Mais bon comme disait le président du CIVB de l'époque : tous les feux sont au vert, je n'étais qu'un oiseau de mauvaise augure, un mauvais français, rien qu'un haut-fonctionnaire parisien qui ferait mieux de fermer sa gueule. Les faits sont tétus et les hommes versatiles... 

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