" Je vois qu'on a tué le vin français. Nous avions le plus beau savoir-faire. On était les seuls. Et puis Robert Parker est arrivé, avec ses goûts d'un autre monde pour des vins forts en alcool, sucrés, structurellement vulgaires. Ce type est devenu juge. Et au lieu de le contrer tout de suite, de le renvoyer au Kansas, tout le monde l'a suivi, parce qu'il nous ouvrait le marché américain. On s'est tous parkerisé. On s'est vulgarisé, ce qui une énorme erreur. Il ne faut jamais essayer de penser comme les autres. Il faut être son propre client. D'autant que si on décide de faire des vins vulgaires, les vulgaires le feront encore mieux..."
Philippe Stark entretien avec François Simon le Figaro 24/02/07 envoyé par un lecteur du blog
Pour moi, les cafés Costes, conçus par Philippe Stark, sont la quintescence du vulgaire soft, l'étalon de la vulgarité froide, sans âme, celle qui sous un masque glacé, épuré, inhumain tente de faire oublier la vulgarité de ceux pour qui elle a été conçue : ceuki se la pètent grave, les ki confient les clés de leur 4x4 au voiturier, petits et grands rouleurs de caisse aseptisés, formatés, poufezépoufettes émaciées ou bodybuldées, toute la faune du paraître. La vulgarité, comme la connerie, est toujours celle des autres, elle trouve sa source dans les préjugés, l'origine sociale et l'éducation. La part de mépris est toujours importante. On s'érige, moi y compris, en juge des élégances. De la part de Philippe Stark, dont l'esprit créateur est indéniable, c'est enfourcher un canasson franchouillard indigne d'un représentant-type de notre planète mondialisée. Je vous conseille d'écouter son entretien avec Loïc Le Meur, le bloggeur chéri de Niko, il en dit beaucoup plus sur ce cher Philippe Stark que ce que je pourrais vous en dire.
http://www.loiclemeur.com/france/2007/03/376_philippe_st.html
Vulgaire : banal, commun, courant, ordinaire, grossier, trivial, populacier... Les propos de Stark se rattachent aux définitions classiques du vulgaire " qui, par son manque de distinction, est considéré comme de peu de valeur ou comme choquant ; propre aux couches les plus basses de la société. Qui, choque le bon goût, les bienséances..." A ce tarif là, Coluche, Bigard, Renaud, Chaissac, Blondin, Houellebecq, Bardot actrice, Patrick Sébastien, Loana, Steevy, Santini... sont vulgaires. Les gens qui bouffent sur les parkings d'autoroutes... qui se baladent sur les plages dans des tenues tapageuses ou les seins à l'air... les chasseurs qui s'envoient des petits jaunes dans leur gabion... les supporters peinturlurés aux couleurs nationales... les mecs qui chantent des chansons à boire après leur dîner annuel des anciens d'AFN... les femmes d'un certain âge qui portent des minis jupes en cuir... les types col ouvert sur poitrine pileuse avec chaîne en or incorporée... les drags queens... les chanteurs de rap à capuche... sont vulgaires. La vulgarité est très discriminante.
Ceci étant écrit, Stark est bien sûr libre d'exprimer son opinion, y compris sur le vin. Ce qui me choque, ce n'est pas le fond de ses propos, si convenus, si idées reçues pour bar d'hôtel international, mais la forme. Si je le comprends bien, le Parker, il fallait le foutre dans un avion pour le reconduire dans son trou pourri du Kansas. Comme un vulgaire sans-papier, en l'occurence, lui, ce sont ses papiers qui le condamneraient à l'expulsion. Faut quand même un jour arrêter de pousser pépé dans les chiottes, le Robert n'a pas à être chargé de tous les péchés de notre viticulture et de ses vins, de toutes les dérives, de tous les petits arrangements avec le ciel et la législation. D'autres que lui, bien français de la France profonde, s'en sont chargés avant lui. Le Bob, ce pape de la vulgarité selon Stark, s'est contenté d'appliquer les bonnes vieilles recettes qui font florès dans les milieux newyorkais des galéristes d'art moderne. Dans le désert français de la critique, il a imposé son point de vue, donné la tendance, fait la cote. Et alors, moi ça ne m'empêche pas de dormir. Je n'achète que ce qui me plaît. Je n'investis, ni dans le vin, ni dans l'art, en fonction de la cote. D'ailleurs, je n'investis pas du tout. Foin des notes, guides, étoiles pour moutons friqués. Entre nous, le vin à la française, quand il respecte ses fondamentaux, n'est pas mort, il se porte bien, même très bien. Le temps fera son tri, comme dans l'art, l'authentique dure, les croûtes surcotées iront, elles, décorer les murs des cabinets d'avocats d'affaires ou des chirurgiens esthétiques. Alors, pour rigoler un brin, en parodiant Maurice Clavel, je quitte cette chronique en lançant à Stark " monsieur le censeur bonsoir ! " Pour les jeunots je rappelle que le dit Clavel avait quitté le plateau d' " A Armes Egales " le 13 décembre 1971, avec fracas en lançant aux participants : " messieurs les censeurs bonsoir ! " afin de protester contre la censure de son interview où il mettait en cause Georges Pompidou, alors Président de la République, pour sa mollesse sous l'occupation.