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27 mars 2007 2 27 /03 /mars /2007 00:01

"J'exploite 23 ha de vigne, tout en Bordeaux rouge. Je livre l'ensemble de mes vins à la cave coopérative. Je possède 8 ha en propre, le reste correspond à du fermage familial. J'ai démarré sur une structure d'environ 13 ha de vignes. A l'époque, le vgnoble était mixte, moitié rouge, moitié blanc et sur l'exploitation, nous cultivions du maïs, des arbres fruitiers. Lors de mon installation, j'ai emprunté pour acquérir un peu de propriété. A l'époque, les parcelles de vigne se négociaient près de 290-300 000 F l'ha. J'ai également emprunté pour réaliser un plan de restructuration, assurant la replantation de toute l'exploitation en rouge, y compris les terres qui supportaient les céréales et le verger. La vigne procurait une marge beaucoup plus intéressante. Il a fallu financer le renouvellement de tout le matériel d'exploitation. A la coopérative, nous étions un groupe de jeunes viticulteurs à avoir repris de petites exploitations familiales. Nous voulions démontrer notre esprit d'entreprise et tenir les promesses que l'on avait mises en nous. Les techniciens de coopérative, les oenologues, les négociants, les techniciens de Chambre...tous, ils nous disaient que nous avions plus de chances de nous en sortir en produisant de la qualité. Nous avons foncé tête baissée. Avec mes collègues, on s'est engagé dans une charte de qualité. La coopérative avait mis en place un système de paiement tenant compte de la taille, des travaux effectués, du mode de ramassage, avec visite deux fois par an des parcelles... Je me suis mis à faire du désherbage en plein, j'ai semé les inter-rangs, j'ai modifié la taille pour passer des grandes acures aux petites acures. Pendant plusieurs années, j'ai fait tomber des raisins, j'ai effeuillé, enlevé les contre-bourgeons... Nous avons fait tout ça. le comptable me mettait en garde, m'avertissant que les coûts de production devenaient élevés. Mais j'étais très motivé. A la coopérative, mon vin était vinifié à part, sous un nom de château. J'ai obtenu des médailles dans plusieurs concours. J'étais persuadé que de toute façon, en produisant un bon vin, j'arriverai à mieux le vendre, à amortir les coûts élevés. la coopérative avait investi dans de la thermorégulation pour toute la cuverie, sans parler de la traçabilité, la mise aux normes, une chasse à air pour tous les châteaux. " Manque de bol ", les cours ont commencé à plonger. En deux ans, entre 2003 et 2005, mon chiffre d'affaires a été divisé par deux. De 210 000 euros, il est passé à 9000. Avant la crise, la coopérative vendait très bien en vrac. Elle possédait une certaine réputation, due à la qualité  de sesterroirs et à sa manière de travailler. a l'époque, le comptable nous disait que nous valorisions aussi bien nos vins en vrac qu'en bouteilles. Nous avions noué un partenariat avec un négociant, qui nous garantissait d'enlever les vins 10% au-dessus des cours de marché. aujourd'hui ce négociant nous achète au même prix que les autres. Seule différence : il se permet de choisir les vignes qui l'intéressent, exige une certaine méthode de vinification, déguste les différentes cuves et, souvent, en choisit parmi celles qui ne font pas partie de son contrat. Il profite de la situation. Pour la récolte 2006, en janvier, nous en sommes à 750 euros le tonneau. [... ]

Extrait du témoignage de Jean-Luc D recueilli par Catherine Mousnier dans le Paysan Vigneron revue régionale viti-vinicole des Charentes et du Bordelais  N° de janvier 2007 consacré à la Crise des vins de Bordeaux : Une prise de conscience collective 

Je vous livre ce témoignage, sans commentaire, car il parle de lui-même. Dans sa présentation du dossier, Catherine Mousnier, écrit " Voilà au bas mot trois ans qu'une partie significative de la viticulture bordelaise est plongée dans une profonde crise. Les viticulteurs les plus touchés ont perdu la moitié de leur chiffre d'affaires en l'espace de deux campagnes. le pire, c'est qu'ils avouent, désemparés, " n'avoir rien vu venir ". Par un brutal revirement de situation, comme le marché en a le secret, la crise a fauché nombre d'entre eux en pleine ascension, qui n'avaient même pas démérité..." Comprenez-moi, moi qui suis sur la dunette depuis 2001, je suis un peu vénère de lire des choses pareilles. J'hallucine. Mais bon comme disait le président du CIVB de l'époque : tous les feux sont au vert, je n'étais qu'un oiseau de mauvaise augure, un mauvais français, rien qu'un haut-fonctionnaire parisien qui ferait mieux de fermer sa gueule. Les faits sont tétus et les hommes versatiles... 

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commentaires

L
Cher S. Coureau, <br /> Si vous aviez pris la peine de visiter le journal que nous produisons tous les 15 jours (lien site web) vous auriez constaté que je ne suis en rien un fossoyeur à la recherche de bouc émissaire. <br /> Nous nous battons depuis que nous existons avec les syndicats, les comités interprofessionnels pour ensemble essayer de changer les règles et faire avancer les professionnels de la filière petit ou gros. <br /> Nous nous impliquons avec nos formations, notre vision, nos actions dans le club sans-interdit, le pôle compétitivité Innovin et autres (la liste n'est pas exhaustive).<br /> En clair nous participons modestement à la sortie de la crise... ce qui n'empêche pas d'en dénoncer les causes... pour éviter de reproduire les erreurs. <br /> A vous lire 
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P
Et pourtant à quoi croyez vous que l'on va aboutir en faisant des RTH de producteurs de raisins, des RTH de vinifcateurs, des RTH de conditionneurs... à certifier, à contraindre les choix de nos fournisseurs (pour qui ne sera pas habilité parce que la fourgonnette sera trop vieille ou que le nombre de cuve sera trop faible... ou encore que la couleur des yeux...) <br /> Et pourtant il est vrai que les plantations dans des zones qui n'expriment pas le terroir, y'en a eu ! quand on agrandissait, agrandissait... l'exemple "sciences fiction" d'Hervé, du VDP d'aquitaine est un très bon exemple ! Mais ce sera au moins une porte de sortie ! Un merlot de bordeaux et un merlot du chili s'expriment-ils de la même manière ? Si non, il y a AOC, si oui, il y a vin industriel... mais que l'on arrête de tout vouloir mélanger... c'est presque comme si Laure manaudou s'inscrivait à un marathon "sur terre" !<br /> Quant à l'histoire de Jean Luc, c'est celle de bon nombre d'entre nous. Mais quand il y a deux ans, je tirais la sonette d'alarme, un haut responsable m'a répondu qu'il ne fallait pas faire de catastrophisme et il avait une ligne avec le Ministère ! Alors ensuite quand on disait que ça n'allait pas, en haut lieu on passait pour des C...  Et maintenant on veut nous faire croire que les ODG vont sauver le monde. On continue à être pris pour des C... Désolée, j'en finis par mal parler !
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S
A pauvre Monsieur Dulau et pauvre Monsieur Bizeau, qui cherchent désespéremment des bouc émissaires à qui faire endosser la crise !<br /> Tous ces vins de palus indigne de Bordeaux tous ces producteurs de maïs fraichement reconvertir en vignerons, tous ces faiseurs de premiers prix ...  A les lire on a le sentiment qu'ils aspirent à la Saint Barthelemy des faibles et des petits producteurs SIC !<br /> Au lieu de chercher des solutions collectives, ils préferent chasser la "brebis galeuse" et éliminer ceux qu'ils cotoyaient amicalement dans les réunions syndicale, quelle tristesse de vouloir survivre en entassant les cadavres des autres  !
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H
Mais qui a le courage de remarquer que peut-être, les terres à "céréales" et  à "verger" n'étaient peu être pas tout à fait prédestinées à produire cette bonne AOC, que tout le monde foule au pied, méprise, néglige et qui pour autant, d'après l'ami Périco, reste notre seule voie de salut ?Et qui dira que le cultivateur de mais et de fruits n'est peut-être pas le mieux à même de faire du bon vin et de comprendre le marché ?Et si on arrachait d'abord tous ces palus et ces bas fond qui font la honte de bordeaux (et finirons en vins de pays de l'atlantique ou en vin de pays de france, sauvés par un peu de vin de pays d'oc), au lieu d'arracher les hauts de coteaux pour y planter des maisons individuelles.Et si la chaptalisation était enfin interdite à Bordeaux et ailleurs ?Qui dira que, finalement, nous n'avons que ce que nous méritons. ?
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L
C'est effectivement la dure loi de la crise. Le pire, cher Jacques, comme vous le dites, la plupart de ceux qui sont en situation difficile n'ont même pas démérités. <br /> Si encore la crise apurait le secteur en virant les brebis galeuses profitant de l'AOC pour fourguer des vins qui n'en sont pas dignes !<br /> Ce témoignage, comme tant d'autres, n'est que la triste illustration de la nécessité de changer un système qui a failli par la qualité de ces dirigeants, le manque de courage des politiques et la vision court terme des banquiers... et par le panurgisme de ces acteurs car nous sommes dans un système démocratique et nous élisons nos représentants et nos politiques et nous pouvons choisir notre banque.   <br /> En espérant que nous apprenions de nos erreurs.
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