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15 avril 2007 7 15 /04 /avril /2007 00:03

" Moi j'étais pomponnée comme une poupée. On me passait tous mes caprices. A quatorze ans j'étais une grande asperge à la poitrine déjà généreuse qui passait son temps à se faire les ongles en écoutant Salut les Copains. Les hommes de maman lorgnaient de plus en plus sur moi ce qui agaçait profondément maman. Moi je trouvais ça très excitant. Je ne manquais aucune occasion de me balader en petite culotte lorsqu'ils allaient se réajuster dans la salle de bains. Papa plongeait dans un silence triste. Maman passait de plus en plus de temps devant son miroir et, elle aussi, elle s'assombrissait. Brejoux, depuis un bon moment, muté dans la région parisienne, ne venait plus chez nous. Papa s'est noyé dans l'étang des Mares, tout près de chez nous. Maman a beaucoup pleuré. Le noir lui allait bien. Le curé a refusé d'enterrer papa à l'église, ça a beaucoup affecté maman. Brejoux est venu pour l'enterrement. Il a couché à la maison. Le matin, au petit déjeuner, il m'a dit que j'étais une bien belle pousse puis il est reparti. Maman n'avait plus de goût à rien, les hommes se faisaient rare chez nous, comme si la mort de papa privait maman du ressort qui animait sa drôle de vie. 

Quand papa s'est suicidé je venais tout juste de fêter mes seize ans. Papa m'avait offert une mobylette bleue. C'est à son enterrement que j'ai vu pour la première fois Denis Fort, le tout nouvel adjudant-chef de la gendarmerie. Une belle gueule, blond comme le blé, des yeux si clairs qu'ils en étaient durs, de belles mains, des bottes noires, et une manière arrogante de porter l'uniforme ridicule des gendarmes. Quand nos regards se sont croisés au cimetière je me suis sentie dénudée et le feu qui couvait déjà entre mes cuisses est devenu ardent. Dès le lendemain, en dépit du deuil, je virevoltais à mobylette, cuisses à l'air, autour de la caserne. Le soir, au carrefour des Grands Champs, la petite Renault 4 bleue stationnait sur le terre-plein central. C'était lui en civil. J'ai jeté ma mobylette dans le fossé. Il n'a pas bougé. Je suis allé droit sur lui. Sans me dire un mot, il m'a soulevé, m'a posé sur le capot et comme je ne portais pas de culotte il m'a dépucelé avec beaucoup de douceur. C'était un véritable étalon insatiable. Bon père de famille, comme j'étais mineure il déployait des trésors d'imagination pour que nos ébats tumultueux n'éveillent aucun soupçon. Je trouvais cela très romantique. Et puis, bien sûr, un beau jour, je me suis retrouvé enceinte. 

En complément de ma chronique de vendredi : quand la Chine s'éveillera, une initiative française originale de tourisme oenologique, dans le Bordelais www.lawinery.fr allez-y faire un petit tour virtuel...

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14 avril 2007 6 14 /04 /avril /2007 00:03

Les départs, dans mes rêves d'enfant, revêtaient des allures princières, bagages en cuir patiné convoyés par des porteurs en blouses, uniformes impeccables des hommes de la Compagnie des Wagons Lits, voyageurs empressés, grappes de ceux qui resteraient à quai, à mon bras une femme mariée que je venais d'enlever aux rets de son sinistre époux, visage caché sous une voilette, des nappes bleutées de vapeur enveloppaient la locomotive, le compartiment du sleeping en partance pour l'Orient, avec ses parures en loupe d'orme, allait abriter mes amours clandestins. Ce soir, dans l'inconfort de ce train de nuit ordinaire, à vingt ans, je prenais pleine conscience que je m'enfonçais dans une vie ordinaire où le tous les jours ne m'apporterait qu'ennui, tristesse et chagrin. Ma belle vie, mon bel avenir, tout ce bel édifice que j'abandonnais sans regret, ma famille, mon pays, mes amis, Marie, je les enfouissais tel un magot désormais inutile. Mémé Marie disait de moi que j'étais un garçon délicat. Pour elle c'était un compliment. Moi je savais bien que c'était mon tendon d'Achille. Il me fallait forcer ma nature, me rendre insensible au regard des autres, n'être qu'un gris parmi la cohorte des gris. 

Sylvie, elle, savait. Elle y pataugeait. Elle serait ma passerelle. Mon point de passage vers cette terra incognita.
- Tu dors ?
- Non.
- Alors raconte !
- Te raconter quoi ?
- Toi !
- Quel intérêt ?
- Le mien.
- Je ne comprends pas...
- Tu me le dois.
- Toi t'es vraiment un drôle de mec. Tu joues au dur mais à moi on ne me la fait pas. Si tu ne te blindes pas tu vas en prendre plein la gueule...
- Ce n'est pas ton problème ma grande. Déballe moi ton parcours !
- A une condition...
- Laquelle ?
- Que tu me fasses l'amour après...
- Te baiser, pourquoi pas !
- Viens près de moi sous le drap. Fais comme si j'étais l'amour de ta vie. Sois tendre comme tu as su l'être. Après je te foutrai la paix...

Je m'exécutais. Elle me défaisait. Je me laissais faire. Elle se logeait dans mes bras. Le wagon tanguait. Je fermais les yeux. Elle parlait. " Brejoux il m'a vu naître. C'était un ami de mon père. Enfant je l'ai surpris dans le lit de ma mère. Longtemps j'ai cru qu'il était mon père. Ma mère changeait souvent d'amant. Elle trainait au lit. Mon père travaillait sans donner le sentiment d'être malheureux. Il lui achetait de la lingerie fine. Elle la mettait pour ses amants qui la saccageaient. Moi je rodais autour. J'adorais leurs odeurs. Les hommes de maman n'offraient des cadeaux. Aucun d'eux n'a cherché sous mes jupes. Le dimanche papa m'emmenait au square et nous sucions des glaces à la vanille. Un jour il m'a acheté un petit chien tout noir. Un scottich comme sur les bouteilles de Black and White. Maman détestait mon chien car il bouffait ses escarpins. Je l'avais appelé Moumousse. Il sentait mauvais. A l'école je rêvassais. La vie de mes parents me semblait étrange. Ils s'aimaient vraiment. Jamais une dispute, tout se passait dans une promiscuité silencieuse. La duplicité de mon père, son amour masochiste pour une femme qui passait l'essentiel de son temps dans les bras d'autres hommes relevait pour moi du plus profond des mystères. Tout me paraissait de guingois chez nous, car mes parents, aux yeux des autres, affichaient l'image d'un couple uni, allant à la messe, ma mère recrutait ses hommes dans les bars d'hôtel loin de notre maison nichée sous les ramures d'une belle futaie..."  

Je signale à mes fidèles lecteurs de South of France que votre serviteur interviendra dimanche matin 15 avril à partir de 9 h 30 au Corum de Montpellier dans le cadre de la rencontre " Vignerons d'Europe "... A vous voir... Bon dimanche.

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13 avril 2007 5 13 /04 /avril /2007 00:25

Pour moi, Peyrefitte, Alain, bien sûr, pas Roger - il changea de prénom afin d'éviter la confusion avec son présumé et sulfureux cousin - reste, à tout jamais, le Ministre de l'Information de Pompidou - quatre années de poigne de fer sur l'ORTF - et le calamiteux Ministre de l'Education Nationale de mai 68.

 

Avec ses sourcils méphistophéliques, ses oreilles en feuille de choux et sa voix cassante, une mauvaise foi en béton, et un côté très prononcé pour l'échine souple, il avait tout pour me déplaire. Et pourtant, le maire de Provins était un érudit, anthropologue au CNRS, normalien et énarque, qui saura, au travers de 18 séjours en Chine, pressentir l'énorme potentialité de ce pays qui semblait à tout jamais englué dans un régime communiste culminant dans le non-sens et la sauvagerie avec sa Révolution Culturelle instillée par madame Mao Tzé Dung et qui ne faisait fantasmer qu'une poignée de post-soixante-huitard parisiens de la Gauche Prolétarienne. Pied de nez de l'histoire, ce godillot de luxe, succédera à l'Académie Française, à Paul Morand que le Général avait privé de fauteuil pendant plus de dix ans avec la complicité de Mauriac. Bref, Peyrefitte nous a quitté en 1999 et, c'est fait, la Chine s'est éveillée avec fracas.

 

 

Et, contrairement à une idée reçue, les Chinois ne se contentent pas de nous inonder de textile bon marché, ils sont présents dans des domaines où on ne les attendaient pas forcément. Pour preuve, ce tableau de Wu Mingzhong, "Don't Touch Me" qui est présenté par la galerie chinoise Xing Dong Cheng sous la verrière du Grand Palais à l'occasion de le 9 ième édition d'Artparis. Le marché de l'art se porte à merveille. Les prix flambent sous la pression de la demande des nouveaux riches : russes, chinois, indiens et autres tigres du SE asiatique. Outre que ce tableau fait honneur à notre précieux nectar il m'inspire une réflexion que certains, j'en suis persuadé, vont trouver totalement loufoque. Tant pis, je me lance.

 

 

 

Connaissez-vous le musée d'art contemporain de Sérignan ?

 

Moi, avant d'écrire ma chronique vin de crise du 19 mars, j'ignorais jusqu'à l'existence de Sérignan. Il a fallu que j'invoque les mânes de Raoul Bayou pour découvrir virtuellement ce gros bourg de 7000 âmes. Léon Mazzella dans le supplément Paris-Obs du 29 mars, et je lui fais confiance, dit que c'est une petite bourgade sans relief et à l'architecture tristounette. Le peu que j'en avais vu sur la vidéo de l'inauguration des rues Saumade et Bayou me confirme cette impression. Mais, il y a un mais de taille : le fameux musée, moins connu que la gare de Perpignan chère à Salvador Dali, mais qui gagne à l'être sans aucun doute. Ben oui, 2500 m2 d'anciens bâtiments à usage viticole : gigantesque, ça fait à peu près 2 habitants par m2, pas mal non ! Et en plus ce n'est pas un machin traditionnel dédié aux vieilles décavailloneuses ou aux antiquités poussiéreuses. Non ! toujours selon Léon Mazella le musée propose des oeuvres de Klossowski, Alechinsky, Arroyo, Bioulès, Hantaï, Debré, Di Rosa, Fromanger, Messagier, Molnar, Parmentier, Viallat etc... Colonnes de Buren... Donc ça décoiffe !  ICI

 

 

 

 

 

D'accord me direz-vous mais quel rapport avec la Chine ?

 

Aucun apparemment, sauf avec le tableau de Wu Mingzhong, mais au risque de vous apparaître encore plus fou que d'ordinaire je pense que ce sont des initiatives de ce type qui constitueront des pôles d'attraction pour une nouvelle clientèle internationale. Les espagnols de la Rioja l'ont bien compris, avec leurs chais d'oeuvre, comme les volutes d'inox et de titane de Frank Gehry - l'architecte du Guggenheim à Bilbao - pour la bodega Marqués de Riscal 

 

S'en tenir, pour ce qu'on appelle l'oenotourisme, à des routes des vins ou à des musées ringards ou des lieux seulement dédiés au vin ne me semble pas suffisant. Pour le Languedoc, où l'on va commémorer le centenaire de 1907, les autorités régionales et locales, plutôt que de gaspiller les deniers publics dans des publicités nullissimes (cf celle du département de l'Hérault dans le Paris Obs : le vin mon Hérault) ou des voyages organisés à Tombouctou pour présidents et vendeurs de quelques caisses ou de vouloir régenter par subvention la fourmilière régionale, devraient lancer une grande initiative pour attirer le monde à lui.

 

Un truc du genre Christo - je l'ai vu emmailloter le Pont Neuf du temps où j'habitais rue Mazarine, le monde entier est venu - tendant ses toiles sur les cuves des caves coopératives. Rebondir, ne pas seriner les hauts faits du passé, les transcender, faire de cette histoire le terreau du XXI ième siècle vigneron. Soyez sûrs qu'ils viendront les chinois et les autres. Alors il sera plus simple de leur tendre un verre de vin, de leur prendre la main pour leur faire découvrir le terroir. La notoriété ne naît pas de la copie des recettes du succès des autres : Bordeaux c'est Bordeaux, l'Oc a d'autres atouts. Alors, que faites-vous gens de South of France ?  

 

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12 avril 2007 4 12 /04 /avril /2007 01:01

Cap sur le Morvan pour ces jours de Pâques, non que je veuille aller au contact de l'esprit cher à l'ancien maire de Château-Chinon  " je crois aux forces de l'esprit, je ne vous quitte pas..." avait-il confié à la fin de sa vie. (un blog d'un ex-mitterrandolâtre forcené, es-connaisseur en ambiguité florentine :
 http://francoismitterrand2007.hautetfort.com/, le fait revenir parmi nous pour commenter la campagne; de la belle ouvrage) mais pour marcher sous le soleil tout neuf. Bref, nous logeons au lieu-dit, les Brizards, commune de Quarré-les-Tombes, dans un petit hôtel près du lac de Saint-Agnan. Nous sommes au nord du parc naturel du Morvan dont la maison, à St Brisson, est un bel ensemble où j'ai le souvenir d'être venu, un samedi en juin 2002, après les présidentielles, à l'invitation d'un club de jeunes loups, dont j'ai oublié le nom, où j'avais cotôyé Védrine, Montebourg, Bové, Gorce et autres stars. Libération nous avait consacré un papier où, à ma grande surprise, ma courte intervention sur la mondialisation était reprise. La grande fracture qui allait s'ouvrir entre le oui et le non était déjà perceptible. De là, le lac des Settons, une heure sur un petit bateau à pédales. Toute l'histoire du flottage du bois de chauffe à buches perdues sur la Cure et l'Yonne qui alimenta Paris pendant des siècles.

Ce que j'aime dans ces plongées dans les profondeurs de la France c'est recueillir des mots disparus : les galvachers, ces transporteurs au long court (je ferai un blog sur eux un de ces jours); le plessage pour les haies vives piéchées, tressées, pour empêcher les bêtes de passer. Elles bordent encore les chemins vicinaux, rases, comme un muret végétal. C'est aussi l'occasion de découvrir des pans oubliés de notre histoire : comme celui de " l'industrie des nourrices " qui au XIX ème siècle a drainé dans les deux sens des " petits-Paris ", procurant à la région et aux familles un supplément de ressources pour acheter des terres et améliorer l'habitat (là encore, à l'occasion, je consacrerai une chronique sur un temps pas si lointain où la vie des gens de peu était dure). Belle journée donc, le soir venu il ne restait plus qu'à se restaurer. Ce fut l'auberge de l'âtre www.auberge-de-latre.com . Patron jovial, accueil chaleureux, tout pour terminer une belle journée.

Comme toujours au restaurant, le choix du vin est une affaire de mec. On me tend la carte. Belle carte régionale mais aussi France entière, c'est à noter. Après les hésitations d'usage je jette mon dévolu sur un Irancy de l'EARL caves Bienvenu, 40,80 euros le flacon. Comme toujours en ce genre d'occasion on me fait comprendre que j'ai fait le bon choix : le client est toujours flatté d'être pris pour un connaisseur. En l'occurence, ignorant tout de l'Irancy, même si un certain Henri l'a en son temps beaucoup soutenu, mon choix fut motivé, horreur absolue, par le fait qu'à la SVF, l'une de nos marques de vin de table, héritière du Préfontaines, se dénommait le Bienvenu, et que le chef de produit s'appelait Olivier Artru. Bref, un choix à la Berthomeau qui se révéla judicieux. Le nectar était de bonne extraction. Le dîner fut excellent. Au moment de la douloureuse, juste avant d'envoyer à mon ami François, nouveau duc de Bourgogne un sms pour lui signaler ma présence sur ses terres, la patronne du lieu, sourire aux lèvres me proposait de partir avec le fond de la bouteille d'Irancy. En dépit de ma surprise je répondis oui. Initiative heureuse, élégante, qui se devait d'être saluée : bravo l'aubergiste ! 

J'adore l'étiquette... Très étiquette du temps de mon père... Un détail tout de même le logo femme enceinte est noyé tout en bas à droite dans les nervures , au-dessous du degré, pas mal ce fondu...

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11 avril 2007 3 11 /04 /avril /2007 00:14

" Nous l'avons vu, Bercy, desservi par la Seine et le chemin de fer, se trouve dans une situation privilégiée pour ses arrivages et ses expéditions. Les wagons-réservoirs amènent jusqu'au seuil de ses magasins les vins de toutes les régions vinicoles. Ces wagons sont vidés au moyen de pompes mues électriquement, et la transfusion dans les cuves des magasins réceptionnaires s'opère par le canal de tuyaux de cuivre étamé extra-fin. Les vins sont reçus dans des fûts, des cuves verrées ou des foudres en bois dont le nettoiement s'opère méticuleusement par des lavages et des brossages intérieurs pour les foudres et les cuves ; par l'échaudage et l'étuvage à la vapeur pour les fûts. [...]
Logés dans les magasins, abrités sous les arbres, les vins, aux Entrepôts de Bercy, se trouvent dans les conditions les plus favorables à leur conservation. [...]
Les vins de consommation courante, comme les vins vieux destinés à la mise en bouteille, reçoivent les mêms soins méticuleux. [...]
On voit, par ce qui précède, que le soin de chaque négociant est de bonifier le vin par des pratiques * classiques et non en les travaillant chimiquement comme le laissait croire certaine légende populaire qui a heureusement vécu et qui ne revivra plus, le consommateur étant de nos jours plus avisé, plus instruit et mieux renseigné. D'ailleurs, la visite de quelques magasins démontre qu'il est vraiment difficile de se livrer à des pratiques répréhensibles dans un village où tout se voit, où tout se sait, où tout se dit.
On ne peut mouiller ou sophistiquer le produit du raisin, le vin : les services officiels de la régie - les contributions indirectes installées dans l'Entrepôt même - surveillent entrées et sorties, contrôlent les soldes en magasin, et les Services des Fraudes et le Laboratoire municipal de Paris assurent au consommateur toute garantie de trouver, à Bercy, des vins purs, d'irréprochables qualité. [...]
Il est une opération dont nous avons omis de parler : le mélange. Elle consiste - le mot l'indique - en l'adduction dans une cuve d'une contenance formidable, des vins d'une même région qui s'y mélangent et donnent un vin de goût uniforme, alors que l'on eut livré à la consommation, sans cette opération, des fort différents quoique de même provenance. C'est ainsi qu'un vin excellent, mais un peu vert, s'est fondu avec un vin plus mûr, plus moelleux, et de cette fusion est né un vin intermédiaire souvent plus agréable au palais que les deux extrêmes dont il est composé. Cette unification est une opération primordiale importante on le voit. D'autant plus importante que le palais des consommateurs habitués à une qualité, à un goût, trouve toujours inférieur - force de l'habitude - le vin nouveau qui lui est livré, s'il n'a pas exactement le goût du précédent, ce nouveau fut-il supérieur. Tenant compte de de desideratum du client, les négociants, en opérant ce mélange, parviennent ainsi à satisfaire plus aisément leur clientèle et à respecter ce fétichisme de l'accoutumance. "

* les passages retirés du texte concernaient le soutirage, le filtrage et le collage

in Bercy Cellier du Monde V.Drouin et O.Charpentier éditions La Caravelle 1928

Outre son intérêt historique, ce texte, même si on doit faire la part de son côté plaidoyer en défense et si l'on accorde aux auteurs leur part de naïveté, montre combien le monde du vin reste profondément marqué par la dichotomie, issue de l'inconscient populaire, de faits réels aussi, entre vin de négociant, sur lequel plane le doute, et vin de vigneron, forcément pur. Toute la bascule entre le vin populaire, qui n'était pas qu'un infâme breuvage trafiqué, et le vin dit de qualité : notre génie national a été de le traduire dans les textes européens : VQPRD et VDT (seul progrès exit les VCC, c'est un peu comme le passage des aveugles aux mal-voyants) qui, on l'a constaté, avec la prolifération des AOC, n'a pas toujours tenu ses promesses. Nous traînons cet héritage comme un boulet, surtout avec la soupe qu'ont été pendant des années beaucoup de MDPCE. Et pendant ce temps-là, nos concurrents, eux, vendaient et vendent du vin. Nous, je l'ai constaté lors de la restitution d'une étude sur le bag in box, avons fabriqué des consommateurs " qui ont même des réticences pour aller acheter une bouteille chez Nicolas. C'est une chaîne..." sous entendu c'est pas un petit caviste donc c'est déjà de l'industrie. Alors, de grâce, cessons de nous plaindre de la chute de la consommation, s'il faut sortir la belle vaisselle et les verres qui vont avec pour apprécier la belle bouteille, ça ne peu pas être tous les jours et chez n'importe qui...    

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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 00:07

Que lis-je ? J'en suis tout tourneboulé. " En 2050, on pourrait assister dans le Sud de la France à des vendanges début août. Et les Côtes du Rhône ressembleront peut-être à du Sidi Brahim..." C'est un gars de l'INRA, Bernard Seguin, qui le dit, donc un gus tout ce qu'il y a de sérieux. Y dit aussi que l'étude de la date des vendanges est un outil précieux de l'évolution climatique : " une variation d'un degré par rapport à la normale entre mai et août entraîne une variation de 10 jours de la date des vendanges " souligne Valérie Daux, du labo des sciences du climat et de l'environnement. Pour enfoncer le clou et river le bec aux sceptiques, notre gars de l'INRA de Dijon nous met sous le nez que l'étude du seul XXème siècle est sans appel " Vers 1945, les vendanges à Châteauneuf-du-Pape intervenaient début octobre. Aujourd'hui, c'est début septembre." Par bonheur, il n'ajoute pas que ce divin nectar, mis en bouteille dans deux bouteilles écussonnées par la grâce d'un maire au nom prédestiné, ne va pas ressembler aux Vieux Papes. Je fais du mauvais esprit mais ceux qui me connaissent à Châteauneuf savent bien que j'ai bon fond et que je suis le père fondateur d'un zinzin d'agrément en commun.

Tous ces sujets d'importance un colloque, à l'Université de Dijon, du 28 au 30 mars, vient de les aborder. Mais, me direz-vous, qu'y pouvons-nous ? Le réchauffement climatique semble être un phénomène inéluctable, il faudra comme toujours nous adapter. En clair, faire avec un cépage Syrah, qui n'est actuellement présent que dans le Sud de l'Europe, cultivé en Champagne. C'est une image bien sûr mais la limite septentrionale de la culture remonterait vers la Scandinavie. N'étant pas un scientifique je n'ai, bien sûr, aucune expertise sur le sujet mais, il me semble, que notre beau secteur, au travers de la Recherche et des Instituts techniques pourraient pousser les feux - si je puis m'exprimer ainsi - pour que nous anticipions pour nous adapter en temps et en heure. De même, nous les gens du vin pourrions être un peu plus présents, plus déterminants dans la mise en oeuvre d'une viticulture durable plus soucieuse de ses effets sur l'environnement. Encore des contraintes me direz-vous ? Pas forcément si nous amorçons le virage dès maintenant au lieu de le faire lorsque nous y seront contraints par les évènements.

Je profite de cette tribune pour souligner que, par-delà les différences et les antagonismes régionaux, les petites guerres interprofessionnelles, les prés carrés des grands et petits chefs, le secteur du vin devrait faire cause commune, et mobiliser des moyens financiers importants,  sur trois grands sujets qui conditionnent son avenir :
- la place du vin dans nos sociétés modernes : un Vin et Société qui soit vraiment dans son temps ; 
- la recherche pour une viticulture durable plus soucieuse de son environnement par la définition d'objectifs à dix ans ; 
- l'adaptation des structures commerciales à la nouvelle donne mondiale avec la création d'un Fonds d'Investissement Professionnel
En clair, une caisse commune pour un vrai lobbying, une réelle orientation de la recherche et du développement, un financement des nécessaires restructurations industrielles et familiales. Nous passerions ainsi du bricolage amateur à un statut de profession majeure. J'y travaille.  
 

  

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9 avril 2007 1 09 /04 /avril /2007 00:27
La gueule de bois totale, entre mes lèvres sèches la cuillère pesait des tonnes, elle me semblait être un corps étranger qui venait se ficher dans ma bouche morte. Sylvie me couvait des yeux comme si j'étais un enfant malade. Je grimaçais. Le bouillon me révulsait. Bloquait mon diaphragme. Je suffoquais. Mon coeur, suspendu, hésitait. Je pleurais. Des larmes de rien, sur rien, de la pure mécanique des fluides, comme si je me dissolvais dans mon envie de rien. Que Sylvie quitta Bréjoux, je m'en foutais, non par méchanceté mais par pure inertie. Laisser filer. Subir. Chien crevé au fil de l'eau. Le bouillon passait mieux. Mes neurones se reconnectaient. Du quai montaient les bruits de la vie. Bouger. Me bouger. Sylvie me servirait de béquilles. Mon odeur me gênait. Il fallait que je me douche. Sylvie m'aidait. Ses deux valises étaient rangées près de la porte. Nous allions donc partir. C'était une évidence. Je la laissais ôter mon tee-shirt maculé de taches de sueur. Le jet dru et bouillant me redressait. Je beuglais. Aveuglé par la cataracte j'expulsais tous les miasmes de la nuit. Sylvie m'enveloppait et me frictionnait. Oui, le temps était venu de rompre avec cette ville. " Ce soir on prend le train de nuit pour Paris..." Elle m'embrassait le front et me disait merci.
Le dimanche soir le train, bourré de bidasses remontant vers l'est, empestait la chaussette sale, le tabac froid et la pisse rance. Moulée dans un ensemble en strecht rouge très ras des fesses et juchée sur des talons aux pointes acérées Sylvie ne passait pas inaperçue. Les invites étaient grasses. D'autorité je claquais mes derniers biffetons dans deux couchettes de Première. Le préposé louchait en divergence. Au-dessus de ses lunettes à verre épais les regards qu'il jetait sur la gorge exposée de Sylvie le faisait ressembler à un boeuf entrant dans le couloir de la mort d'un abattoir. Tout me semblait laid. Immonde. Nous n'étions que tous les deux dans le compartiment. Je m'allongeais tout habillé sur l'une des couchettes. Sylvie connectait les veilleuses. La pénombre la rendait plus grande encore quand elle se défaisait avec des pudeurs de nonne. Cette fille était étrange. Je regardais son nombril alors qu'elle passait un grand tee-shirt. Son odeur citronnée tranchait le confinement fade de notre réduit. Elle se glissait sous le drap avec la précaution de quelqu'un qui veut faire oublier sa présence. Le train s'ébranlait avec une exaspérante lenteur. Aux aiguillages les roues claquaient. Depuis notre départ de l'hôtel nous étions restés silencieux. Moi inerte. Sylvie regroupait mon paquetage. Place du commerce elle achetait des sandwiches. Le bus nous déposait devant la gare. Je me sentais flasque. Ailleurs. Le train partait du quai 4. Etrange couple que le notre dans ce grand hall empli de papiers gras. Face au panneau des trains en partance je pensais à Brejoux dont la peau, disait-elle, sentait la mort. Et moi qui était déjà mort qu'est-ce que je sentais ?
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8 avril 2007 7 08 /04 /avril /2007 00:18

Mon corps, baudruche vide, ma tête, outre gonflée, replongaient dans une torpeur molle. Les paroles de Sylvie glissaient sur moi sans laisser de trace. Tout m'était égal. Le sommeil m'envahissait. Je dormais. L'anse des Vieilles, elle partait si loin en une nage fluide, simple petit point perdu tout près de l'horizon, un noeud d'angoisse m'oppressait. Elle était aussi régulière qu'une horloge. Je l'enveloppais dans le drap de bain. Je la frictionnais. Toute ma peur se muait dans ce rituel en une allégresse monstrueuse. Partir, revenir, se retrouver... Là, dans ce rêve en cercle, je la voyais, si près, mais jamais elle ne m'atteignait. Je luttais de toutes mes forces pour inverser le cours du rêve, plein d'espoir. La brisure ne pouvait être définitive. Au coeur de la bataille, le rêve devenait la réalité. Pas de doute possible, c'était elle, à portée de mes bras. Il fallait que je tienne bon. Tout redevenait possible. Tout dépendait de moi. Notre destin je le tenais entre mes mains. Lutter ! Rester dans cette marge ! Surtout ne pas ouvrir les yeux. La rupture s'opérait, brutale. Je dégoulinais d'une sueur âcre. Marie avait disparue. Tout était en place, avec une régularité implacable, mes nuits, lorsque je parvenais à m'endormir, me précipitaient sur cette plage pour un combat perdu d'avance que je livrais avec le même espoir têtu qu'au premier jour.

Le fumet d'un bouillon de légumes redonnait à mes pensées noires un goût de vie quotienne ; manger, boire et dormir... Sylvie me présentait un bol sur un plateau  " essaie de boire ça. Je viens de le faire aux cuisines avec des légumes frais, ça te fera du bien..." Mes lèvres desséchées s'effritaient. Je me fichais pas mal de ce qui allait me faire du bien. Tel un gamin rétif je restais sans réaction. Sylvie me grondait. " Assez de chichis poivrôt d'opérette, faut que tu assumes ton nouveau statut..."
- Lequel ?
Je m'étais remis sur mon céans.
- Depuis hier au soir t'es mon homme...
- Tu délires !
- Pour le petit monde d'ici je suis en mains.
- J'en ai rien à foutre de ton petit monde...
- Tu veux être flic, je crois. T'as beaucoup à apprendre mon grand !
- D'accord sur ce point, je suis un cave comme on dit dans les polards à deux balles, mais je ne vois pas bien pourquoi en une soirée je suis, comme tu dis, devenu ton homme...
- Je t'ai obéi. Je suis prêt à le refaire...
- Non, je rêve, pince-moi, tu m'as bien regardé : j'ai la gueule d'un micheton ?
- Non mon grand, mais tu as retrouvé un peu de vigueur. C'est tout ce que je voulais. Allez, une cuillérée pour sa grande dinde...  

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7 avril 2007 6 07 /04 /avril /2007 00:37

Quand je me suis éveillé, de la fenêtre grande ouverte, la lumière du fin du jour, tendre, portée par des caresses d'air marin venues du fleuve tout proche, m'emplissait d'images de Marie. Entortillé dans le drap je me sentais petit. Sali. Pourri. Mon corps pesait cent tonnes de bois mort. Assise à mon côté, vêtue d'un seul tee-shirt blanc, Sylvie lisait un magasine de filles. Me relever me paraissait une tâche insurmontable ; les mots aussi semblaient me fuir. Restaient mes mains, mandibules arythmiques qui tapotaient le drap froissé. Dans un effort monstrueux je tentais de relier le temps présent à ce que je venais de vivre. Tout s'embrouillait. Ma tête concassait des tronçons d'images, des bouts de phrases et l'obsédante chaleur des seins de Sylvie. Ange exterminateur au sourire ironique, Marie, l'immaculée me rejetait dans mes ténèbres extérieurs. La culpabilité, ce calice voluptueux et masochiste des catholiques romains, me recouvrait de honte. La main de Sylvie filait sur mon torse, tentante. Je la refusais en m'agrippant à son poignet. Forniquer sous le regard de Marie me révulsait. Et pourtant je bandais. Sylvie ramassait ses jambes sous elle, se libérait de mon emprise en me demandant " comment vas-tu grand fou ? "


C'est alors que je m'aperçus que je n'étais plus dans ma chambre, celle-ci donnait sur le quai. Rassemblant ce qui me restait d'énergie, je me hissais sur les coudes et Sylvie me calait le dos. Je grognai, " je morfle, c'est comme si on m'avait passé à la moulinette, j'ai du mal à recoller les morceaux..." Sylvie me caressait la nuque : " normal mon grand, tu étais ivre-mort. Tu nous a flanqué une sacré frousse. On t'a ramené ici dans un état pitoyable, tu râlais, tu délirais et tu semblais, par instant, vouloir cesser de respirer. Heureusement que je connais du monde. J'ai fait venir le docteur Hébert, un ancien client. Il t'a fait une piqure, nous a rassuré en nous disant que tu étais solide. Après, ton sommeil s'est apaisé. Sur le matin tu t'es mis à parler. Tu as l'alcool mélancolique. C'était beau. C'était plein d'amour. Des mots comme je n'en ai jamais entendu. J'en ai même pleuré. Pour te rassurer je me suis allongé près de toi. Tu dormais comme un bébé. Sur le coup de midi je suis rentrée chez moi. J'ai fait ma valise. J'ai laissé un petit mot à Bréjoux. Il comprendra. T'en fais pas je ne t'encombrerai pas. Tu n'es qu'un prétexte, ça fait quelque temps que je voulais partir. La vie de bobonne m'ennuie. Je me ferai toute petite. Et puis, même si tu me jettes, je ne retournerai pas avec Brejoux. Il est vieux, sa peau sent la mort. Je veux vivre..."  

 

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6 avril 2007 5 06 /04 /avril /2007 00:17

Au temps où, dans ma Vendée profonde, les pires mécréants acceptaient sous la pression de leurs pieuses femmes de faire leurs Pâques, chez nous on s'affairait pour préparer les douceurs d'après Carême : la gâche - en patois la fouace - et les fions. Dans cette entreprise tout le monde était sur le pont, y compris les hommes, plus particulièrement le pépé Louis, l'homme de la cuisson.  Le rituel était bien réglé et le processus de fabrication, comme la recette, étaient entourés de secret. Dans le pays, notre gâche était unanimement considérée comme la meilleure. Le clan des femmes en tirait une légitime fierté et moi, tel un jeune Proust - ne vous gondolez pas - savourant sa madeleine dans son thé  http://www.cherry.net/plus/madeleines_proust.html j'en garde un souvenir extraordinaire que le temps passé n'a jamais effacé. Dans cette chronique je ne vais pas vous donner la recette des femmes, je l'ignore. Tout ce que je puis vous dire c'est que celles que vous trouverez sur l'internet ne vous permettront pas d'atteindre la perfection de notre gâche. Je magnifie. J'exagère. Je vous assure que non et je vais m'efforcer de vous faire partager mon point de vue.


Tout commençait le vendredi saint par l'acquisition d'un pâton de pâte à pain levé chez Louis Remaud notre boulanger puis, le soir venu, autour d'une immense bassine, tel un pétrin, nos femmes s'affairaient. La gâche est un pain de Pâques qui n'a ni goût de pain, ni goût de brioche. C'est là toute l'alchimie de ce pain qui n'en n'est pas un et de ce gâteau qui n'est pas une friandise. Outre la qualité des ingrédients, le temps de pétrissage était essentiel. La pâte était lourde et nos femmes lui transmettaient ce qui la rendrait ferme, onctueuse et légère. Lorsque le temps était venu, en des panières de joncs tressés, les gros pâtons recouverts d'un linge étaient mis au levage dans une pièce ni trop chaude, ni trop froide. Là encore, toute approximation était interdite. Nos femmes se chamaillaient parfois sur la température idéale. Tout ça se passait la nuit et au matin, le pépé Louis entrait en jeu.


Notre maison familiale, ancienne auberge, était dotée d'un four à pain. Le porter à bonne température et surtout la maintenir constante pendant la cuisson était un art que notre orgueilleux Louis maitrîsait assez bien. Comme dirait nos djeuns il se la jouait un peu, dans le genre soliste qu'il faut enscencer. Y'avait de l'électrité dans l'air avec les jupons. Il chauffait son four avec des sarments de ses vignes. Par la gueule du four le rougeoiement me fascinait. Lorsque les tisons viraient de l'incandescence au gris, avec une grande raclette en bois, le pépé Louis, façonnait deux tas qu'il plaçait de chaque côté de la bouche du four. Venait alors l'opération la plus redoutable : la détermination de la bonne température pour enfourner. Trop chaud serait la cata : la gâche serait saisie et son coeur resterait mou car il faudrait éviter qu'elle crame ; trop froid ce serait l'affaissement lamentable. Tout se jouait autour de l'état d'un morceau de papier que le pépé plaçait sur la pelle au centre du four. Bref, là encore ça chicorait sec entre les protagonistes. La cérémonie d'enfournage me plaisait aussi beaucoup. Les pâtons levés, badigeonnés au jaune d'oeuf - qui ferait la belle couleur brun doré - posés sur des feuilles de papier kraft, faisaient 50 à 60 cm de diamètre (une brassée). A l'aide d'une grande pelle en bois le pépé Louis alliait force et doigté. Jamais l'opération n'a tourné au désastre. Les 7 ou 8 pâtons, tels des grosses corolles de champignons, allaient se transmuer en gâche onctueuse derrière la porte de fer. Le temps de cuisson était aussi une question de feeling. On discutait toujours beaucoup. Seule la tante Valentine en imposait au Louis. L'un des moments que je préférais c'était celui où les gâches cuites étaient posées à même le carrelage frais d'une pièce plongée dans la pénombre. Exhalaison extrême de sucs chauds, je m'y plongeais en salivant déjà du bonheur d'une belle tranche de gâche plongée dans mon cacao du matin. A cet instant une grave question, jamais tranchée, se posait : pouvait-on manger de la gâche chaude ? Le clan des femmes y était hostile avançant des raisons médicales : possible indigestion. Mon père passait outre, et moi aussi.


Ci-dessus : mémé Marie et la tante Valentine...


Dès le lundi de Pâques on se pressait chez nous pour goûter la gâche. Les amis repartaient avec de belles tranches enveloppées dans du papier beurre. Le clan des femmes croulait sous les compliments. La gâche, comme les grands crus, avaient ses grands millésimes mais jamais ne décevait. Question de temps (climat), d'humeur du temps et d'ancestral savoir-faire. Le clan des femmes s'est éteint avec maman. Elle a emporté avec elle le secret de la gâche mais j'espère vous avoir fait partager cet instant d'enfance, ce plaisir léger qui vous fait aimer la vie. Pour ceux qui voudraient se lancer dans l'expérience - moi je n'oserai jamais - ce que je puis vous dire c'est que jamais au grand jamais vous ne devez mettre de la fleur d'oranger dans votre gâche sinon au paradis mon clan des femmes vous vouerait aux gémonies. Le seul parfum admis dans notre gâche était le verre de goutte distillée par mon père. C'était là sa seule contribution mais il estimait qu'elle était de taille car elle donnait à la gâche sa touche finale. Voilà, c'est écrit. Pour les fions vous devrez attendre l'année prochaine si Dieu me prête vie et si ce blog est encore en vie. Joyeuses Pâques !


Ci-dessous une fouace achetée chez Moisan dans le 14 ème. Elle est sur le plan gustatif la plus approchante de la gâche de mon enfance, en moins moelleuse, le sucre et les fruits confits en plus. L'aspect visuel est très différent ma gâche était ronde et ventrue...  


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