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5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 00:16

Demain, après de longs mois d'une compétition qui n'a pas d'équivalent dans les autres grands pays démocratiques, l'un des deux qualifiés pour le second tour sera élu Président ou Présidente de la République Française. Le fait majoritaire aura tranché. Mon propos ce matin n'est pas de commenter la dernière ligne droite mais de revenir sur l'instant ultime de toute compétition : le passage en vainqueur de la ligne d'arrivée pour l'athlète d'une finale des Jeux Olympiques ou des Championnats du Monde, le coup dernier coup de sifflet de l'arbitre mettant un terme au match d'une finale de la Coupe du Monde de Football, consacrant ainsi le vainqueur. Qu'il était beau le sourire de Laure Manaudou ! Mais s'il y a un vainqueur, il y a aussi un ou des vaincus. Qu'elle était lourde notre déception lors du France-Italie perdu ! En quelques secondes tout bascule. En dépit des efforts, des espoirs, de la volonté de vaincre, d'un côté l'ombre, de l'autre la lumière. Les clameurs, la joie, les embrassades sans souci de la tristesse, de la désillusion de ceux de l'autre camp. Dans la compétition sportive - pas toujours - c'est le cas du rugby, les vaincus font une haie d'honneur aux vainqueurs ou l'inverse, je ne sais plus, mais qu'importe. Des accolades, des poignées de mains, après une bataille loyale, dans les règles, le fair-play estompe le côté guerrier de la compétition. On se respecte. C'est la grandeur de la compétition sportive face à trop souvent la bêtise brutale des supporters

 

 

 

 

 

 

Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un adepte du concensus mou car trop souvent il masque l'immobilisme et le non-dit. En revanche, à chaque fois que j'ai été en position de pouvoir, et je l'ai été, j'ai toujours été soucieux d'ouvrir des espaces où la pluralité s'exprime dans le respect des responsabilités de chacun. La décision revient toujours à celui qui est en charge du pouvoir. Mais pour autant, couper des têtes, pratiquer l'ostracisme partisan, faire de la politique avec ses pieds, ne fait pas parti de ma culture de gouvernement. Alors, en ce beau samedi, je forme le voeu ardent que ceux qui gagneront, les vainqueurs, auront la victoire magnanime. Qu'ils sauront, que celui ou celle, dont ils sont les partisans, les électeurs, les futurs représentants par l'onction du suffrage universel ne sera pas leur Président ou Présidente mais le garant ou la garante d'un Etat qui se doit de respecter ses lois fondamentales. Si nos élites politiques veulent durablement retrouver le respect du peuple elles se doivent d'être citoyennes. A l'heure où j'écris ces lignes mon petit doigt me dit plein de choses mais je dis à mon petit doigt que ces choses ne peuvent être dites mais que pour lui faire plaisir ces choses je vais les coucher sur un papier, les cacheter et lundi je vous confierai ce que mon petit doigt me disait samedi. Bon dimanche de votation...

  

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4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 00:02

Quand j'ai déballé mon acquisition de Lavinia : le Bourgogne Pinot Noir 2005 Le Bedeau du domaine de Chassorney j'ai découvert au fond du sac un prospectus de la maison sur lequel figurait le dit domaine. Vous pouvez le visualiser ci-dessous et lire le texte. De cette magnifique photo j'ai bien sûr tiré le titre de cette chronique.

Mon choix, purement instinctif, m'avait donc porté vers un vin mis en avant par les spécialistes de Lavinia. Qui plus est, j'avais choisi Bedeau 2005 dont le prospectus disait " marqué par un fruit mûr et sain, bien typé pinot noir, l'exemple même d'un "simple" bourgogne travaillé sans sophistication, sincère et naturel : un vin de pur plaisir." A partir de là je pouvais me considérer comme un génie des Carpathes, le mec qui au pif met la main sur le produit top. Toutefois, afin de modérer mon échauffement de chevilles, je vais me permettre de verser un peu de froid sur l'euphorie ambiante. Tout d'abord, l'essentiel du prospectus laviniesque est consacré à chanter les louanges des vins issus de la culture "bio". Je cite " en posant le terroir comme valeur essentielle dans la production des vins de qualité, la viticulture bio place le respect de la terre et de la plante au premier plan : pas d'engrais ni traitements chimiques, recherche de la santé de la plante par son équilibre et ses autodéfenses. Ce qui se traduit par le travail mécanique du sol, le recours aux apports organiques et aux composts et, pour la culture en biodynamie, par l'apport de préparations diverses d'origine végétale, animale et minérale, selon le cycle des saisons et des planètes. Logiquement, les rendements sont modérés, et les vinifications peu "interventionnistes", voire "nature" (peu ou pas de soufre). Différents labels garantissent la production bio (AB ou Nature et Progrès pour la culture biologique, Demeter pour la biodynamie, sous le contrôle d'organismes officiels (Ecocert, Qualité France, etc.) "

Je m'abstiendrai de commentaire sur ce texte confus qui enrobe le consommateur d'un discours élastique marketo-naturello-boboïste. Moi je ne suis pas client de Lavinia donc ce n'est pas mon problème. Ceci étant écrit, je souhaiterais que tous ceux qui se réclament d'une éthique du vin respectent l'éthique tout court. Je m'explique : notre Bedeau du domaine de Chassorney est frappé sur le prospectus du macaron vert Vin Bio qui identifie les vins bio chez Lavinia. Fort bien, mais pourquoi diable sur les deux étiquettes de ce brave Bedeau n'en trouve-t-on aucune trace ? Lavinia s'est-il autoproclamé organisme certificateur ? Désolé tout ça n'est pas sérieux et nuit à la crédibilité d'une démarche dont je suis, sous certaines conditions, un partisan de longue date. Moi les petits clubs où on refait le monde, on bave sur les autres, mais où on est infoutu de respecter ses propres principes, ne sont pas ma tasse de thé. Ceci étant écrit, le brave Frédéric Cossard n'est pas en cause dans cette affaire.

 

Nous avons dégusté son vin samedi à déjeuner. Ce nous assemble, un jeune consommateur Bac+10, une femme qui ne boit que ce qu'elle aime et moi cien bur (à noter que la copine du djeun ne boit que du blanc). Notre Bedeau tient ses promesses. Nous avons descendu le flacon avec délice. C'est un vrai vin plaisir sur le fruit. Un régal simple et nous aurions facilement exécuté une seconde boutanche, ce qui vaut avouons-le toutes les notes de dégustation (j'ai été prof et la notation est un exercice que je n'apprécie guère) Le seul mais c'est que ce "simple" Bourgogne affiche 20,90 euros le flacon de 75 cl, ce qui, vous en conviendrez ne le met pas à la portée du consommateur ordinaire. Comme le dirait, avec une certaine pertinence, l'ami Hervé Bizeul, c'est le prix de la liberté de Frédéric Cossard. Je respecte ce choix. Je suis de ceux qui peuvent s'offrir ce plaisir simple à 20 euros la bouteille mais permettez-moi aussi de revendiquer le droit de défendre l'accès au plaisir du vin pour ceux qui ont des moyens plus limités. C'est ce que j'essaie de faire et c'est ce qui me vaut l'ire des soi-disants défenseurs des vins purs indemnes de tout esprit de lucre. Ce bloc contre bloc est inepte, nous ne sommes pas en guerre - la civilité et la paix sont les fondements d'une démocratie moderne - les anamathèmes ne servent à renforcer que ceux qui ne vivent que de leurs postures. Moi je ne suis pas sectaire. J'aime le vin de cheval de Frédéric Cossard - quel charmant patronyme - mais j'aime aussi des jajas plus démocratiques et personne ne pourra m'empêcher de me tenir sur cette ligne de crête inconfortable.

La seconde étiquette, la commerciale est en photo sur ma chronique Dix Vins Dit DiVins d'hier...

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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 00:01

Etait-ce l'ardeur du soleil ? Vendredi dernier, à l'heure du déjeuner, je plongeais dans les caves, pas celles du Vatican chère à André Gide, mais celles des grands nectars - ceux qui voisinent le Divin - chez Lavinia près de la Madeleine. C'est tout près de mon bureau. Allais-je me faire du mal en contemplant ces flacons inaccessibles ? Bien sûr que non, avec mon esprit mal tourné je me précipitais tout au fond de la cave réfrigérée, là où étaient couchés des nectars dits fragiles. Que vis-je alors devant mes yeux stupéfiés : rien que - ou presque - des wine table, oui mais, mes très chers lecteurs, rien que des très chers. Pas de la gognote de supermarket pour français moyen poussant l'kadi en piochant dans l'paquet d'chips et en enguirlandant les moutards et la rombière, ça volait très haut dans les euros très chers amis. Ni une, ni deux, j'me dis mon Berthomo foke tu sortes ton kalepin et ton stylo. Allez, de gauche à droite, comme d'hab, j'en prends dix because le titre et tel une machine à vendanger en bout de rang j'engrangeai les fragiles...

N°1 : Folie pure de Causses Marines Patrice Lescaret Tarn moût de raisin partiellement fermenté  6°5 en 37,5 cl = 50 euros soit 131,75 euros le litre.

N°2 : Le défi de Fontenil Rouge de M&D Rolland Bordeaux 13° 5 en 75 cl = 67,70 euros soit  90,27 euros le litre.

N°3 : Terre Inconnue Sylvie rouge de S.Creus St Séries 33400 15°, 75 cl = 42 euros soit 56 euros le litre.

N°4 : Le Villard 1996 moût de raisin partiellement fermenté de Alain Chabanon Montpeyroux 14150 75 cl = 53,60 euros soit 107,20 euros le litre.

N°5 : Vitriol blanc 2004 d'Olivier Pithon 13°, 0,50 cl = 21,50 euros soit 43 euros le litre.

N°6 : Château le Cèdre blanc Verhaege&fils Lot 13° 5, 75 cl = 24,60 euros soit 32,80 euros le litre.

N°7 : Le Bedeau Bourgogne 2005 Pinot Noir Domaine de Chassorney St Romain Côte d'Or 12°5, 75 cl = 20,90 euros soit 27,87 euros le litre.

N°8 : Les Bigottes Bourgogne 2005 Chardonnay même propriétaire 12°5, 75 cl = 22,45 euros soit 29,93 euros le litre.

N°9 : St Aubin 1er cru en Reuilly 2005 blanc de Philippe Pascalet 13°, 75 cl = 37,95 euros soit 47,13 euros le litre.

N°10 : Préambule demi-doux rouge méthode ancestrale Causses Marines Patrice Lescaret fait par la coopérative de l'abbaye St Michel 75 cl = 14,30 euros soit 19,07 euros le litre *

* les prix au litre sont indiqués sur les étiquettes des présentoirs

Après cette vendange j'étais moulu, cassé, car cépa simple de trouver les renseignements vuke cé vins fragiles font de la fantaisie sur leurs étiquettes (y'en a même qui anticipent sur la réforme de l'OCM de Marianne - ô les vilains - en millésimant leur wine table de France). Bref, pour résumer les 6 premiers sont des vins de table, les 3 qui suivent des AOC et le dernier qui mousse est un sparkling rural surgi d'une autre planète. En fait, mon inconscient a travaillé pour moi. Je m'explique, pour ma pomme, exafreuzambouteilleur de vin de table in the Gennevilliers-Port - le roi du rouge dans la banlieue rouge - jchui marqué par le litre syndical, l'étoilé kon livrait en casier rouge de 6 bouteilles. Donc, je m'voyais déjà commandant ces nectars fragiles à mon grossiste : " Marcel tu m'en mets un casier complet "
- d'accord mon poteau, jle poserai devant chez toi et j'glisserai la note sous le rideau de fer.
- Kom té bon en calcul mental ça ira chercher dans les combien Marcel ?
- 361 euros et deux centimes mais kom té un bon client j'arrondi à 360.
- T'es un frère Marcel mais tum'ettras aussi les 3 boutanches de vin bouché et la roteuse.
- C'est comme si c'était fait et comme j'aime les chiffres ronds ça te fra 450 petizeuros.
- Une broutille mon Marcel mais kanton aime on nekomtepa...

J'plainsante bien sûr ! Je suis sorti de chez Lavinia avec une bouteille de Bedeau* sous le bras. L'étiquette me plaisait et c'était l'un des nectars le plus abordable. Un caviste-conseil qui d'vait s'étonner de me voir rouziner * depuis kèke temps devant ses belles boutanches fragiles me dit k'c tètun bon choix. On verra les gars - les filles aussi - quant on l'aura descendu. Jfré un blog pour me consoler de ne pouvoir accéder à un La Tâche 71 mon pti François...

* bedeau : employé laïque préposé au service dans une église.
* rouziner : en patois vendéen tourner autour.

 

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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 00:30

" Il est le fils de son père ou de l'Ecole des Mines. Il a trois enfants, dont l'un entre à l'école de la rue Descartes, en passant par la rue des Postes, et dont les autres n'arrivent pas à passer le baccalauréat.
Il est républicain, mais bien pensant ; il déteste la guerre, mais il ne supporte pas l'éloge de l'Allemagne ou des Allemands. On a seulement le droit de leur reconnaître le génie de l'organisation, pourvu qu'on fasse immédiatement quelques réserves les facilités que leur offrent leur caporalisme et leur natalité. Quant aux autres peuples, ils ne jouent qu'un rôle effacé dans sa vie. Il sait seulement que l'Anglais n'est pas intelligent, que l'Italien est couard, l'Espagnol vaniteux, et que l'Américain a beaucoup d'argent et en profite pour acheter des tableaux cubistes dont les français ne veulent pas. Car, lui, aime la peinture et achète du Didier-Pouget.
L'industriel français a beaucoup d'idées générales, mais il ne les applique jamais. Il travaille énormément. Comme il paie peu ses collaborateurs, ceux-ci sont médiocres. Mais ça ne lui déplaît pas. Il déteste les collaborateurs éminents. Ainsi est-il obligé de faire le travail de ses subordonnés et n'a-t-il pas le temps de faire le sien. Il gagne de l'argent, parce que ses affaires sont très surveillées. Il a horreur du coulage : il arrive à l'éviter. Il est sans rival dans l'affaire moyenne, ou l'oeil du maître peut tout voir, médiocre dans la grande affaire où il faut faire confiance à autrui. L'industriel français ne s'entend avec personne, sauf parfois avec ses vieux clients, parce qu'il les sert consciencieusement. Mais il est aussi seul vis-à-vis de ses concurrents que vis-à-vis de ses collaborateurs. Il ne risque jamais. Il a horreur du crédit en banque ; c'est tout juste s'il ne se regarde pas comme déshonnoré parce qu'il a des traites en circulation. L'industriel français vit dans le présent, avec le passé. Il ne demande rien à l'avenir.
L'avenir, c'est pour lui le jour lumineux où il se retirera des affaires et donnera sa succession à l'un de ses fils. A la vérité, il succombera à la tâche, parce que ses fils sont insuffisants et parce que, au fond, il ne croira jamais qu'un autre, quel qu'il soit, puisse faire aussi bien que lui. "

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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 01:07

" Il est toujours jeune, à moins qu'il n'ai seulement toujours l'air d'être jeune. Il ne porte pas de décorations : il étale un insigne du club. Car il aime qu'on lui trouve l'esprit de solidarité et qu'on exalte sa largeur de vues. Il n'a pas d'enfant. Cela tient sans doute à ce que sa femme est toujours en Europe quand il est en Amérique, et inversement.
Il gagne de l'argent, d'abord pour sa femme, ensuite pour lui-même, et enfin pour le plaisir.
Des experts l'environnent : il s'en sert beaucoup, mais il y croit peu. Il leur fait étudier les questions à fond, comme le fait l'Allemand. Mais quand ils ont fini, il extrait de leur travail, complexe et obscur, une solution claire et simple, comme le fait l'Anglais. Il est toujours à la recherche d'un prix de revient bas. Mais il n'a pas foi dans les petites économies. Il ne veut que des économies de masse, celles qu'on réalise par une adaptation meilleure des moyens au but visé. Aussi passe-t-il sa vie à s'adapter. Son usine est une entreprise de déménagement. Comme l'Allemand, il dépense beaucoup pour préparer l'avenir. Mais, à la différence de l'Allemand, c'est son argent qu'il dépense, car il en a.
Grâce à cela, et à quelques facilités naturelles, il fait de beaux bénéfices dans son entreprise. Et il y ajoute des gains importants, en spéculant sur ses propres actions. Si riche qu'il soit devenu, il n'abandonne jamais ses affaires; au contraire, il y ajoute une entreprise supplémentaire : la philanthropie.
Il connaît le monde entier, mais il n'a pas eu jusqu'ici le temps de visiter les Etats-Unis.
Il n'a pas encore eu le temps non plus d'apprendre l'histoire, ni de connaître les lettres, ni d'écouter la musique : il est si jeune ! "
 

tiré de PROPOS de O.L. BARENTON CONFISEUR d'Auguste Detoeuf éditions Seditas 

En ce temps de grand débat national je vous offre aujourd'hui et demain deux textes d'Auguste Detoeuf sur les industriels : un américain puis un français. Même si le temps a fait son oeuvre, je le leur trouve toujours un parfum d'actualité. Dans le texte prochain sur le français vous pourrez jouer au jeu de la substitution : remplacez industriel par n... et le texte retrouvera beaucoup de fraicheur.
Auguste Detoeuf 1883-1947 était un industriel français. Polytechnicien et IG des Ponts et Chaussées. PDG de Thomson-Houston puis de 1928 à 1940 le premier président d'Alstom. Comme l'écrit Pierre Brisson du Figaro dans sa préface de l'édition de 1947 " il était doué - ou affligé peut-être - d'une âme fraternelle "Ce fut un essayiste pertinent et impertinent comme je les aime. Bonne lecture 

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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 00:00

Nous dînions l'autre soir chez Camdeborde au carrefour de l'Odéon. Un peu de fraîcheur tombait sur ma ville et le garçon apportait un plaid pour couvrir les épaules d'Irina qui, partie de Moscou sous la neige trouvait le fond de l'air un peu frais. La cuisine en ce lieu, très courru, très sur le bitume parisien, est tout à la fois raffinée et roborative. Le troisième vin de Château Latour excellent et, comble de bonheur, on était aux petits soins pour nous. La conversation roulait.

 

" Depuis combien de temps étais-je à Paris ? "

 

Bonne question, c'est loin, plus de trente ans, 1975, et mon premier appartement était tout près de là, rue Mazarine, au-dessus de la librairie Gründ. Paris, c'est mon village à moi, et de dire que je ne pourrais vivre à Béziers - pardon pour les Bitterrois mais ce n'est qu'une image, je ne saurais aujourd'hui vivre ailleurs qu'ici.

 

J'aime Paris.

 

J'y ai mes repères.

 

Ma liberté.

 

La plus grande part de mon histoire, comme ce souvenir d'un retour à vélo, au petit matin, après une séance de nuit interminable où, tenez-vous bien, nous examinions le budget du Ministère du Plan, dont le titulaire furibard, Michel Rocard, m'avait passé une avoinée de première pour cet horaire extravagant " ils se foutent de ma gueule, Berthomeau..." Et, comme ce n'était pas tout à fait faux, j'endossais la responsabilité de ce contre-temps. Il n'empêche qu'à trois heures du matin, le petit bonhomme au costard frippé, argumentait devant un hémicycle quasi-désert, comme si le destin de la France était en jeu. Sacré Michel!

 

Ce matin j'ai décidé de vous offrir quelques clichés de mon village, tout d'abord, un lieu magique : la Cour de Rohan où nous passions tous les matins avec Anne-Cécile lorsque j'allais la conduire à l'école maternelle




Puis un autre lieu écrin, la place Furstenberg, où souvent des quatuors à cordes, à deux pas de la cohue de St Germain des Prés, nous enchantaient.

 

 

 

 Puis voilà mon chez moi, tout en haut de cet immeuble des années 50

  

 

Mes voisins de la rue Messier, résidence plus connue sous le nom de l'autre rue : la Santé.


 

Voilà pour ce matin quelques fragments du petit village, Paris, où je vis. Dans une autre chronique, je ne sais quand, je vous offrirai d'autres lieux où je baguenaude...

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29 avril 2007 7 29 /04 /avril /2007 00:03

A la clinique j'entrais dans un univers étrange, d'une beauté froide, lisse, où chaque geste du personnel semblait dicté par le souci de mon confort, mais qui me laissait, le premier soir, dans la solitude douillette de ma chambre, apeurée. Coupée de mon univers étriqué, perdue, oppressée, je tournais en rond. Qu'allais-je devenir ? Je me sentais soudain sèche. Qui m'aimait ? Et moi qui j'aimais ? J'aurais voulu pleurer. Qu'on me consolât. Des grands bras rien que pour me câliner, des grands bras où je me laisserais aller à sucer mon pouce sans risque de me voir prise d'assaut. De vraies caresses, simples, tendres, pas des mains qui me fouillent. Que l'autre pense à autre chose que son plaisir. De la tendresse, des mots de sucre d'orge, des petits baisers dans le cou, et même qu'au lieu de ce bébé que j'allais jeter à la poubelle demain, entre nous deux, il n'y aurait que Boubou mon ours en peluche tout fripé. Par bonheur je l'avais emmené dans ma valise et je suis allé me réfugier sous les draps avec lui. Au matin, lorsque l'interne est venu me préparer, qu'il a soulevé ma chemise de nuit pour me palper, j'ai bien vu dans son regard qu'entre cet ours tout décati et mes cuisses ouvertes, lui aussi choisirait sans hésiter.

Au plan médical tout se passa bien. Mon éveil se fit sans heurt. Même mes questions de la veille semblaient s'être diluées dans l'anesthésie. Personne ne m'appela pour prendre de mes nouvelles. L'infirmière, lorsque le soir je fis mes ablutions sous son regard, me contemplait comme si j'étais un petit oiseau juste sorti du nid. Elle avait une face chevaline et un corps musculeux. Dans ses yeux, d'un bleu délavé, je vis un mélange d'envie et de dégoût. Plus tard, bien plus tard lorsque je découvris que les filles pouvaient aimer les filles, j'en compris les raisons. De voir ainsi une jeune caille ensanglantée par un mâle devait exacerber sa révulsion pour le sexe dit fort. Moi, dans ma naïveté, je crus qu'elle me jugeait. Sans réfléchir, avec un petit sourire implorant, je lui demandais de me passer le gant de toilette sur le dos. Elle le fit avec une infinie douceur. Tout mon corps s'emplit d'une infinie chaleur. Ce n'était pas du plaisir mais comme de la vie. Sa main gantée hésitait, se suspendait au-dessus de mes épaules. Allait-elle l'abaisser et la faire courir sur ma poitrine ? Elle n'en fit rien se contentant de m'aider à passer ma chemise de nuit. Une grande fatigue me tombait dessus. Je sombrais d'un bloc dans un large égoût nauséabond où flottaient, pattes en l'air, des rats poilus avec des queues immenses. Et puis, ce bruit lancinant de chasse d'eau que l'on tire. La cataracte, le trou, on m'aspirait. On me mutilait. 

   

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28 avril 2007 6 28 /04 /avril /2007 09:55

" Plus petite conne que moi, tu meurs ! Je n'étais jamais sorti de mon trou et la perspective d'entreprendre un aussi long voyage, qui plus est de me rendre dans un pays étranger pour séjourner dans une clinique de riches, me ravissait. Je m'agitais comme une puce sous le regard indifférent de ma mère. Mon gendarme, en plus d'affronter un paquet d'emmerdements, j'étais mineure, se révéla un type d'une rare efficacité. Nous forniquions comme des morts de faim. Les derniers jours avant mon départ il venait même passer la nuit à la maison. Sans vouloir médire je crois qu'il en prenait pour son argent car ma petite virée helvétique lui coûta un max. Tout ça pour tirer des coups avec une petite écervelée. Tu sais Benoît les mecs pour leur bite ils sont capables de faire les pires conneries. Pour les piéger ya qu'à leur faire ce que leurs femmes refusent de faire. Mon militaire, lui, c'était différent, il aimait ça comme certains aiment le bon vin. Je ne sais pas ce qu'il me trouvait mais il était insasiable. Si je sais, mes seins, il leur vouait un tel culte que jamais depuis je n'ai retrouvé un type capable de me faire jouir seulement en me caressant les seins. D'ailleurs, je devrais dire que la vie que j'ai mené depuis ne m'a guère donné l'occasion de prendre mon pied.

Je jouais donc les stars. L'extraordinaire entrait enfin dans ma petite vie. Ma mère, face à un tel capital de stupidité, baissait les bras. Elle préparait même du café pour mon militaire. Je suis sûre qu'après mon départ ce foutu étalon s'est envoyé ma mère. Si je dis ça c'est qu'avant mon départ elle se pomponnait de nouveau. D'ailleurs je crois bien qu'ils ont commencé avant. Fraîche et pimpante maman est venue me conduire à Nantes. Dans le train plein de types m'ont dragué. Je ne leur ai prêté aucune attention. Dans le train de nuit Lyon-Genève un beau monsieur qui sentait le vétyver m'a maté une heure durant puis, sans rien dire, il s'est levé. Je l'ai suivi. Dans la pénombre du couloir il m'a pressé contre la vitre et ses belles mains sont allées sous ma jupe. Avec une infinie douceur il m'a fait pivoter. Ses caresses m'ont fait ouvrir plus encore. Humide je l'attendais. A ma grande surprise il me prenait par là où jamais mon gendarme n'avait osé me prendre. Je poussais un léger cri. Son va et vient rytmé m'obligeait à me mordre les lèvres pour ne pas laisser libre cours à mon plaisir. Lorsqu'il se retira je sentis la caresse rèche du papier sur ma poitrine. Dans les toilettes où je me libérais de ses oeuvres, je découvris avec stupeur que ces quelques minutes me rapportaient un beau billet de 200 Francs. Dans le compartiment dans ma petite d'oiseau je commençais de soupeser les avantages que je pourrais tirer de ma valeur marchande. 

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27 avril 2007 5 27 /04 /avril /2007 00:01

 

Comme beaucoup d'entre vous me suivent depuis les origines de ce blog ils savent, qu'au temps de mes culottes courtes, j'ai occupé les éminentes fonctions d'enfant de choeur à la paroisse St Jacques le majeur de la Mothe-Achard auprès du curé-doyen Bailly. J'ai donc servi la messe, en latin, en soutane rouge ou noire pour les sépultures et surplis empesé, celle du petit matin comme la grande du dimanche, officié aux Vêpres du dimanche après-midi, suivi les chemins de croix de la Semaine Sainte, assuré les processions des Rogations et de la Fête Dieu, officié aux mariages, baptêmes et enterrements, suivi le curé pour les derniers sacrements, lavé les pieds le jeudi saint, porté la croix ou les bougeoirs, agité l'enscensoir, porté le seau du goupillon, sonné la clochette et bien sûr présenté les burettes au curé. Un boulot pris certes sur le temps de loisirs mais aussi sur les heures d'école. J'y reviendrai plus loin mais, comme ce qui m'amène ce matin à égrener mes souvenirs d'eau bénite ce sont les burettes, un petit mot sur le vin de messe.


La sacristie sentait l'anti-mites. Nous, les enfants de choeurs, étions parqués dans une antichambre qui, elle, empestait le jus de chaussette car nous portions des savates avec semelle de feutre. Le service du curé était assuré par soeur Marthe (mon premier amour platonique) Pendant que nous boutonnions l'enfilade de petits boutons de nos soutanes elle préparait les ornements à la bonne couleur, le ciboire, la patère et bien sûr elle remplissait les burettes. Celles-ci se trouvaient placées dans un placard d'angle. Tout le jeu des enfants de choeur consistait à arriver en avance pour aller fouiner dans le placard aux burettes où se trouvait bien sûr la bouteille de vin. Les plus vantards racontaient qu'ils avaient osé s'en siffler une gorgée au goulôt. Moi, jamais, non par crainte du péché - c'en n'en était pas un d'ailleurs car le jaja n'avait pas subi la transmutation - mais parce que mon esprit déjà critique trouvait un peu fort de café que ce vin fut blanc. Bien sûr, si lors de la consécration le liquide avait pris une couleur vermillon mes doutes auraient été levé. La seule trangression que je me permis fut de le sentir. Il avait une odeur doucâtre qui n'engageait guère aux libations. Lorsque je présentais d'abord la burette de vin au curé celui-ci la vidait intégralement dans le ciboire, pour celle contenant l'eau il se contentait d'une larme. Ma sainte mère qui voulait faire de moi un prêtre n'a jamais su que l'histoire du vin de messe pesa aussi dans mon choix de ne pas embrasser un sacerdoce où le sang du Christ n'était qui liquide blanc jaunasse. Mais la raison profonde était ailleurs.


Alors, comme je suis ce matin en veine de confidences, je vais vous l'avouer. Ce que j'adorais par dessus tout dans mes fonctions d'enfant de choeur c'était la distribution de la communion. En ces temps reculés les paroissiens venaient s'agenouiller à la sainte-table et je précédais le curé, tenant dans ma main un petit plateau en métal doré que je plaçais sous le menton juste avant que le curé n'enfourna l'ostie ou plus exactement la plaça sur la langue tirée. Pourquoi diable ce plaisir ? Tout simplement parce qu'ainsi je pouvais contempler à souhait les beautés de la paroisse, leurs toilettes, leurs audaces parfois : certaines au lieu de baisser les paupières plantaient leurs yeux dans les miens, leurs lèvres faites - suprême audace - leurs mains jointes emmitouflées dans des gants de dentelles où pour certaines flamboyaient des ongles peints - provocation ultime - , j'ose : leurs poitrines si proches, leur façon de quitter la sainte-table sur leurs talons hauts en balançant leurs hanches et en roulant des fesses. Rien que pour ces pensées impies on aurait du m'excommunier sur le champs. Mais nul ne pouvait soupçonner mes jouissances intimes sauf qu'un jour, las de la pression d'un recruteur de l'Evêché, à sa question sur les raisons de mes attermoiements je lui répondis droit dans les yeux : " j'aime trop les femmes..." ce qui le laissa sans voix de la part d'un moutard de 10 ans de la Vendée profonde.   

    

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26 avril 2007 4 26 /04 /avril /2007 00:15
 

" Le plus grand sommet de l'Histoire s'est tenu à l'hôtel Sands fin 1959. L'enseigne, dehors, portait le nom de Franck, mais la scène était à ce point bondée qu'on voyait à peine qui faisait son numéro, où commençait le public et où finissait la scène. Le Clan était au complet. Le jour, ils tournaient leurs films, le soir, ils donnaient deux représentations. il y avait  des grands noms dans tous les coins. Les stars descendaient de la scène pour s'asseoir à une table et d'autres couraient les remplacer en emportant leur verre. Frank était au milieu d'une ballade quand Dean arrivait en titubant sur scène, jouant l'ivrogne. Sammy bondissait en prenant la voix de Jerry Lewis, " Dean, Dean, j'ai fait un boo boo ", et ils s'écroulaient de rire. Joey Bishop, sur le côté, les harcelait, tandis que Berle et Rickles les arrosaient de la piste. Lawford restait parfaitement impassible, débonnaire, contemplant cette folie d'un oeil faussement incrédule. Rien ne le déridait, sauf quand Sammy s'envolait sur scène, claquant des pieds et des doigts sur un air imaginaire. Il jouait à cirer les chaussures de Franck, et Lawford finissait par craquer. Le public hurlait, même quand les gags étaient à ce point pour initiés qu'ils ne pigeaient rien. De la route 91, dit-on, quand on passait en voiture, on entendait des rafales de rires, et nul ne riait plus fort ni ne semblait s'amuser autant que l'ami de Franck, son invité personnel, le Sénateur.
La pomme n'est pas tombée loin de l'arbre. Conçu dans l'ombre, il était le plus réussi des nombreux investissements réussis de son père, et de loin le plus attirant. Depuis qu'il était tout gosse il aimait prendre du bon temps et savait où, quand et comment le trouver, mais pas toujours avec qui. Ce qui n'était pas grave. Rien ne sied tant à un homme sérieux qu'un esprit ludique bien développé.
Il adorait ses brefs passage à Las Vegas, et pas seulement parce que c'était très loin de ses électeurs. De toutes les stars, c'était le plus grand fan des stars (et il l'est resté, même quand il est devenu l'homme le plus célèbre du monde). Ses amis de Las Vegas arrangeaient tout à sa convenance, veillant surtout à ce qu'on respecte son intimité, et il a toujours été heureux de s'y retrouver [...]


On était instantanément charmé par sa façon de parler, à la fois élégante, énergique et timide, et par son sourire, qui signifiait n'importe quoi mais sûrement quelque chose. Dans une pareille absence de cérémonie, il pouvait se laisser aller, se détendre, mêler les affaires au plaisir avec l'aisance et le sérieux d'un jeune homme brillant, ambitieux sans honte aucune, s'attirant des amis et faisant probablement des promesses qu'il ne pourrait pas tenir très longtemps, en tout cas pas ouvertement. Parce que son petit frère, déjà, lui tournait autour comme une mangouste sous benzédrine, surveillant tout, n'oubliant rien, décortiquant ses relations jusqu'à l'os pour savoir exactement qui était l'ami de qui, qui soutenir, qui enfoncer, qui éliminer entièrement. Le terrain de jeux de l'aîné était le cauchemar de son cadet. Mais l'ambiance était tonique. L'inspiration de la Nouvelle Frontière est peut-être venue plutôt du Sands que des rochers du Massachusetts ou des rêveries à la fenêtre de son bureau, devant le mémorial de Jefferson [...]

extraits de LAS VEGAS THE BIG ROOM de Guy Peellaert et Michael Herr Albin Michel 1986

Franck c'est bien évidemment Franck Sinatra ; Dean, Dean Martin ; et Sammy, Sammy Davis Junior... Et le petit frère de John, c'est Bobby...

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