Après deux jours à nous prendre le chou pour cause de riposte à ceux qui nous veulent du bien : une petite pause pour nous détendre avec cette sombre histoire de meurtre, celui de René Paquet du très connu et unique Guide des vins Paquet&Paquet. Voici les dernières paroles du regretté René Paquet.
« Coteaux du Crapaunais rouge 2001. Cuvée Réservée. Élevé en fût de chêne… Domaine du Castel de la Gerbe. À l’œil : MMM… Robe cerise violacée avec déjà des traces d’évolution brune perceptibles sur les bords du verre. Le nez est discret : on décèle après un moment d’aération… quelques aromes convenus de fruits noirs, de réglisse et de poivre. À l’attaque en bouche, ça se gâte… Que dire ? Hum… Une sorte de limonade de raisin où baigneraient des copeaux de chêne. Un milieu de bouche où quelques tanins anémiques soutiendraient vaille que vaille une sorte de bourbier confituré façon grand-mère alzheimerée… Et en final, le palais s’engluerait dans l’ennui d’une compote sans autre persistance que l’idée de se laver les dents au plus vite… 5/20… et je suis généreux mon bon Lucien…
- Si vous voulez mon avis, monsieur, cette cave sentait le tripatouillage de cuve à plein nez… l’additif de circonstance et le frelaté pervers…
- Je l’affirme donc haut et fort : après en avoir visité toutes les caves et goûté tous les vins, force est de constater que le Crapaunais est décidément une région viticole sans grand intérêt, peuplée de vignerons à la moralité douteuse et qui seraient bien inspirés de se reconvertir dans le commerce de solvant industriel au vu des dégâts que, j’imagine, leur vin est capable de faire à mon appareil digestif.
- Oh, la… La, vous êtes dur patron… Très dur… Vous allez nous provoquer une crise de l’emploi dans le Crapaunais… Ça sent l’arrachage de vigne, le chômage et son triste cortège de misère…
- - Le guide des vins Paquet&Paquet est une référence, Lucien, une bible qui ne souffre aucune concession humaine, sociale ou politique ! Nous rentrons à la maison Lucien. »
J’adore. L’enquête va être menée par le célèbre inspecteur Canardo qui continue de cloper du bout du bec. C’est du grand SOKAL. Les personnages sont des pièces d’anthologie : Lucien le chauffeur qui « travaille pour la maison Paquet depuis plus de 30 ans… » et dont Raymond Paquet le frère du défunt dit qu’ « Il est délégué syndical et je crains qu’il ne soit à jour de cotisation dans quelque parti prolétarien pittoresque… » Les frères Paquet d’extraction modeste et Raymond décrit sa vocation « Mon père était un petit ouvrier qui se saoulait sans arrêt au mauvais vin… Snif… L’odeur de vinasse a noyé notre enfance. Sachez mon ami , que je ne supporte plus désormais que la fréquentation des Grands Crus Classés… Le vin de table me donne des boutons…À ce titre mon frère était plus costaud que moi : son organisme tolérait encore le vin de pays… C’est sans doute ce qui l’a perdu. »
Tout est de ce tonneau. Si vous ne possédez pas ce bijou sorti en 2003 chez Casterman sachez ce qu’il vous reste à faire… On le trouve facilement sur les sites d’achat d’Internet. Bonne journée.
Le fameux recrachage par le nez avec récupération linguale de Raymond Paquet