Demain, après de longs mois d'une compétition qui n'a pas d'équivalent dans les autres grands pays démocratiques, l'un des deux qualifiés pour le second tour sera élu Président ou Présidente de la République Française. Le fait majoritaire aura tranché. Mon propos ce matin n'est pas de commenter la dernière ligne droite mais de revenir sur l'instant ultime de toute compétition : le passage en vainqueur de la ligne d'arrivée pour l'athlète d'une finale des Jeux Olympiques ou des Championnats du Monde, le coup dernier coup de sifflet de l'arbitre mettant un terme au match d'une finale de la Coupe du Monde de Football, consacrant ainsi le vainqueur. Qu'il était beau le sourire de Laure Manaudou ! Mais s'il y a un vainqueur, il y a aussi un ou des vaincus. Qu'elle était lourde notre déception lors du France-Italie perdu ! En quelques secondes tout bascule. En dépit des efforts, des espoirs, de la volonté de vaincre, d'un côté l'ombre, de l'autre la lumière. Les clameurs, la joie, les embrassades sans souci de la tristesse, de la désillusion de ceux de l'autre camp. Dans la compétition sportive - pas toujours - c'est le cas du rugby, les vaincus font une haie d'honneur aux vainqueurs ou l'inverse, je ne sais plus, mais qu'importe. Des accolades, des poignées de mains, après une bataille loyale, dans les règles, le fair-play estompe le côté guerrier de la compétition. On se respecte. C'est la grandeur de la compétition sportive face à trop souvent la bêtise brutale des supporters
Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un adepte du concensus mou car trop souvent il masque l'immobilisme et le non-dit. En revanche, à chaque fois que j'ai été en position de pouvoir, et je l'ai été, j'ai toujours été soucieux d'ouvrir des espaces où la pluralité s'exprime dans le respect des responsabilités de chacun. La décision revient toujours à celui qui est en charge du pouvoir. Mais pour autant, couper des têtes, pratiquer l'ostracisme partisan, faire de la politique avec ses pieds, ne fait pas parti de ma culture de gouvernement. Alors, en ce beau samedi, je forme le voeu ardent que ceux qui gagneront, les vainqueurs, auront la victoire magnanime. Qu'ils sauront, que celui ou celle, dont ils sont les partisans, les électeurs, les futurs représentants par l'onction du suffrage universel ne sera pas leur Président ou Présidente mais le garant ou la garante d'un Etat qui se doit de respecter ses lois fondamentales. Si nos élites politiques veulent durablement retrouver le respect du peuple elles se doivent d'être citoyennes. A l'heure où j'écris ces lignes mon petit doigt me dit plein de choses mais je dis à mon petit doigt que ces choses ne peuvent être dites mais que pour lui faire plaisir ces choses je vais les coucher sur un papier, les cacheter et lundi je vous confierai ce que mon petit doigt me disait samedi. Bon dimanche de votation...