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1 novembre 2015 7 01 /11 /novembre /2015 07:00
CHAP.15 opération Chartrons, « Je croyais que c'était le PS qui soutenait le gouvernement, pas le Medef… » Juppé se lâche…

« À nous deux maintenant ! »

 

Telle une marmotte sortant d’une longue hibernation l’heure était venue pour moi de remettre le nez dehors, de réactiver mes réseaux en sommeil, de trouver le bon angle pour réussir mon retour, je passai donc mon week-end en solitaire à élaborer ma stratégie. Il me fallait, en priorité, trouver un point de chute qui cadre bien avec l’esprit de ma nouvelle mission. À Paris, comme dans tous les lieux de pouvoir, et sans doute plus encore dans cette capitale autrefois enserrée dans des fortifications où le peuple a été rejeté en banlieue, l’habitat a toujours été un marqueur social fort. Mon choix ne pouvait donc se limiter à l’alternative très clivante entre les beaux quartiers momifiés de l’Ouest des nouveaux et des anciens riches et les arrondissements populaires du Nord où la gentrification galopait. Il me fallait trouver une zone mixte, sans grand relief, un quartier en lisière, oublié mais vivant ; un village. Du café et du tabac, j’étalais sur ma table un vieux plan de Paris et je restais un long moment à le contempler sans que mon regard ne se fixât sur un lieu précis. Ronde de nuit, boulevards de ceinture, je divaguais, me laissais aller à égrener mes souvenirs. Sans que je n’y prenne garde, une évidence s’installait : retrouver le temps heureux où je m’étais retrouvé « jardinier à Sainte-Anne ».

 

« Mon point de chute à Paris je le connaissais car j’y avais déjà séjourné par la passé lorsqu’après l’exécution d’Aldo Moro par les Brigades Rouges en 1979 certains dans la Grande Maison voulurent me faire porter un chapeau bien trop large pour moi.(…)

 

L’heure était venue d’aller faire une dernière virée sur la lagune. Matteo pilotait la vedette avec une science toute vénitienne faite d’accélérations soudaines et de décélérations suivies de longs sillages en inertie. Pelotonnés à l’arrière, enveloppés dans un plaid, ma future bonne et moi, profitions de cette dernière échappée belle. C’est en passant sous le pont du Rialto que je l’informai de mon futur point de chute « je vais me placer comme jardinier à Sainte-Anne… »

 

Chap. 13 placé comme jardinier à Sainte-Anne… J’écrivais cela en janvier 2014.

 

« Comme tous les jours depuis que nous nous sommes réfugiés à Sainte Anne je me suis levé de bonne heure, Adeline aussi, un peu avant moi pour préparer le jus d’orange et le café. Emmitouflés dans nos gros pulls, silencieux, nous aimons cet instant où, assis sous la loupiotte jaunasse de la cuisine, pelotonnés l’un contre l’autre, le nez au-dessus de nos bols fumants, nous sortons de la ouate du sommeil. Ça peut paraître idiot mais c’est un moment de pur bonheur que ce sentiment de renaître chaque jour à la vie. J’aime dormir. Je dors comme un bébé. L’insomnie connais pas ! Je rêve comme tout le monde sans doute mais je n’ai aucun souvenir de mes rêves sauf d’un qui m’assaille dans les moments de forte tension. À mon âge, et même si Adeline déteste que je fasse référence à mon âge, mon sentiment de finitude me rend serein. Chaque jour qui naît est un beau jour. J’adore le café brûlant. C’est mon premier choc du jour alors que le jus d’orange se contente d’ouvrir la voie. Nous faisons rarement l’amour le matin, sauf si nous nous offrons une grasse matinée, mais très souvent au cœur de la nuit et c’est toujours Adeline qui en prend l’initiative. S’épandre en elle dans le cocon de la nuit ajoute à ma plénitude. Je suis bien. Le matin mon estomac refuse toute nourriture solide alors je m’installe à ma table de travail pour écrire. Lorsque mon estomac crie famine, avec une régularité de métronome, je le calme avec un vrai déjeuner. Adeline me sert. J’adore me faire servir c’est reposant. Pourtant je fais souvent la cuisine, ça me détends. Nous papotons. »

 

J’appelai sitôt Adeline qui me répondait. Elle était heureuse de m’entendre. Oui les enfants allaient bien. « Tu sais, je te suis à la trace. Il faudra que nous dînions ensemble un de ces quatre…

 

- Et si nous déjeunions de suite…

- En voilà une bonne idée mon grand…

 

Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à Amarante. Elle était tout en beauté. Nous nous embrassions. Toujours aussi pétulante, à peine assise, elle me taquinait :

 

- Comment s’appelle ton dernier amour fou ?

 

- Secret d’État !

 

- La belle Persane t’en a fait voir de toutes les couleurs…

 

- Oui…

 

- Et tu n’es pas vacciné…

 

- Non...

 

- Tu es touchant mon grand c’est pour ça que nous t’aimons…

 

- Représentante du Syndicat des femmes aimées…

 

- Choisi le vin au lieu de dire des conneries !

 

Et c’est ainsi que j’ai trouvé le point de chute dont je rêvais : la maison de Michel H, rue de l’Aude dans le 14e arrondissement. C’est une impasse, on y accède par un escalier depuis l'avenue René-Coty tout comme la rue des Artistes qui la coupe. Patrick Modiano y a situé, au numéro 28, l'adresse de ses narrateurs dans L'Horizon (2010) et L'Herbe des nuits (2012).

 

« Le 28 rue de l’Aude, où Jean loue une chambre dans L’Herbe des nuits, était déjà l’adresse de Jean Bosmans, le personnage central du précédent roman de Modiano, L’Horizon. Ces deux Jean logés dans le même petit immeuble, près du parc de Montsouris, sont-ils un seul et même homme, pris à deux moments différents de sa vie ? Quelles relations entretiennent-ils avec Patrick Modiano, dont le premier prénom est justement Jean ? Jean Patrick Modiano a-t-il habité lui aussi à cette adresse ? »

 

Michel H pourrait être un personnage de Modiano, ambiguë, collègue de DSK, flambeur, amateur d’art contemporain, de pur-sang et de belles filles. Sa maison est à son image, biscornue, pleine de coins et de recoins, mystérieuse. Entre lui et moi, le lien est fort et ancien, il a pour nom : la Santé ; Michel accepta sans même discuter. Le surlendemain j’étais dans la place. À peine avais-je réceptionné mes cartons je recevais un SMS d’Adeline « Elle est vraiment très séduisante ta nouvelle conquête, je viens de la croiser, elle te va bien, et plutôt que de l’appeler Elle, appelle là L… Baci »

 

Toujours la même, je riais tout en installant mon bureau dans le patio, sous la verrière, au milieu des plantes vertes et des plantes grasses. La perspective de recevoir, en ce lieu à la fois provincial mais si parisien, la « volaille qui fait l’opinion » me mettait en extase. Nous allions les soigner bien comme il faut, mon ami Alessandro tiendrait les fourneaux, je m’occuperais du vin, et ma très chère L jouerait à merveille son rôle de maîtresse de maison. Jouer fin, amorcer les conversations avec justesse et détachement, lâcher au bon moment une info, prendre le ton de la confidence, appâter ces coqs de basse-cour, vaniteux et stupides, bien connaître leurs travers, leurs obsessions, leurs failles. Les piéger pour les tenir à ma merci ne laissait aucune place à l’improvisation, je devais apparaître à leurs yeux comme un homme de haute influence, informé de tout, proche des puissants de ce monde. Mon irruption sur la scène, après avoir disparu des écrans radar, devait être crédible. J’avais passé mon dimanche après-midi à reprendre contact avec les 2 ou 3 parrains de la place, à qui j’avais par le passé rendu des services éminents, pour qu’ils m’adoubent à nouveau. Les sms sont une invention fantastique car ils permettent, à la condition bien sûr de posséder les bons numéros, de pratiquer une intrusion non intrusive, en douceur. En effet, votre interlocuteur peu vous ignorer, ou vous faire languir, ou bien encore vous répondre de suite. Test révélateur de l’intérêt que l’on vous porte. Ma capacité de nuisance alliée à ma discrétion fit qu’ils me répondirent avec une célérité qui me combla d’aise. Ils étaient tous trois à la chasse. Ils m’appelèrent de leur voiture. Nous bloquâmes des dates.

 

Avant d’aller dîner avec L. je fis un saut à l’Écume des pages pour faire une razzia de livres.

 

La bio de FOG m’occupa toute la nuit, un véritable bijou « la politique suscite chez lui une fascination dégoûtée. Il renifle une odeur de purin, mais il aime le purin. »

 

J’allais patauger dans le purin.

 

En attendant ce moment délicieux, ha ! les odeurs de mon enfance, je continuais d’emmagasiner, tel une fourmi précautionneuse, des infos, des petites phrase…

 

Voir Poutine … et après ?

 

« Et surtout évitons entre nous les leçons de gaullisme revisité ! Personne ne peut dire ce que De Gaulle aurait fait dans les circonstances actuelles. La seule certitude, c’est que la France ne se serait mise ni dans la roue des Américains, ni dans celle des Russes. Elle aurait eu sa ligne. »

 

Juppé blogueur

 

Et voilà que Marianne, par l’odeur du Juppé alléché, se rallie au vent dominant, en titrant « Juppé, le candidat du moindre mal »

 

« C'est un air que le peuple de gauche reprend avec de plus en plus d'entrain. Et si l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac devenait un bon candidat... par défaut? En juillet dernier, un sondage Ifop révélait d'ailleurs que près d'un quart des électeurs de François Hollande en 2012 étaient prêts à voter Juppé en 2017 ! Une simple « tendance » certes, mais suffisamment significative pour susciter l'inquiétude au Château où l'entourage de François Hollande ne cache plus sa crainte de voir le maire de Bordeaux participer à la présidentielle de 2017. « C'est une évidence que le président de la République préférerait avoir Nicolas Sarkozy comme adversaire, qu'il peut utiliser comme un repoussoir, plutôt qu'Alain Juppé, qui mord à fond sur les sympathisants centristes », explique, en off bien sûr, un ministre socialiste. Désormais, nul ne peut plus ignorer l'attrait qu'exerce Alain Juppé sur les sympathisants de gauche. Comme si, lassés par les mensonges, les atermoiements et les petites lâchetés de François Hollande, ces électeurs déboussolés étaient disposés à se tourner par dépit vers un sauveur venu de la droite...

 

Car l'ancien Premier ministre n'intéresse pas uniquement les tenants de la « réforme » orphelins de Strauss-Kahn et les fans de Macron. Même les électeurs les plus à gauche se disent aujourd'hui que, pour renverser la table du statu quo imposé par la mollesse d'un François Hollande, Juppé pourrait donner un bon coup de balai républicain... Un peu comme François Bayrou en 2007. »

 

Et ce pauvre petit Hamon, renégat du rocardisme, qui se désespère : « Juppé, c'est un homme de droite. Macron, c'est un homme de gauche. Pourtant, ils disent la même chose. Ils sont en réalité dans le même camp. Celui des élites qui partagent une même vision de la société et des orientations politiques. C'est finalement juste une question de dosage. »

 

Et le Mélanchon, qui ne rate jamais une occasion de se taire, se fait renvoyer sèchement dans ses 18 mètres par Christian Ingrao, historien du nazisme et chercheur au CNRS.

 

Monsieur,

 

Je viens de prendre connaissance de votre courrier à l’éditrice de la maison Fayard, Sophie Hogg, lui demandant de renoncer à l’édition de Mein Kampf et en tant qu’historien du nazisme, je voudrais vous apporter quelques éléments de réflexion.

 

Mais la cerise sur le gâteau c’est, en son pays breton, ce foudre de guerre de « Doudou » chef de guerre et marchand de canons exceptionnel qui est en passe d’être … canonisé vivant par des socialistes… J’ai nommé Jean-Yves Le Drian : un beau cas d’école « Cet enfant du peuple, lui, a conservé la modestie fraternelle de sa jeunesse étudiante chrétienne, et fait de l’humilité une règle. » 

 

Pour finir, deux affaires à suivre :

 

  • Le minuscule diverticule de droite du vieux Parti Radical, adoptant les bonnes vieilles pratiques du PCF au temps du rideau de fer, a annoncé le jeudi 29 octobre avoir exclu de ses rangs Rama Yade en raison de certaines « prises de position » et de « propos de nature à nuire au parti ». Jeune pousse de la Sarkozie, 38 ans, administratrice du Sénat, mère d'une petite fille et fille de diplomate, « très ambitieuse » et accusée de faire des « caprices » est donc en train de vivre une descente en enfer « Rama, elle a une place à prendre mais souvent elle se dessert elle-même » 

 

  • Fabius père et fils: « l'ignominie du FN : Ils sont nombreux, les gogos, y compris parmi les « élites » dites « éclairées », qui veulent croire, pour d'obscures raisons d'ailleurs, au ripolinage du Front National, à l'authentique conversion républicaine de ses nouveaux dirigeants. Non sans fierté, nous revendiquons d'appartenir à ces derniers « sectaires », dénoncés d'ailleurs comme « bien-pensants » par les nouveaux « bien-pensants », meuniers « sectaires » donc qui n'y croient pas. Les faits, jour après jour, nous donnent raison, mais il n'est pas de bon ton de le souligner, surtout en cette période où la « réac academy » fait tant d'audience. Mais la bassesse de l'extrême-droite est décidément sans limite, Nous contraignant malgré le dégoût à la réaction, au coup de gueule, à la dénonciation. 

 

Du purin…

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1 novembre 2015 7 01 /11 /novembre /2015 06:00
Le PLM-Saint-Jacques : «Je rêvais, à cette époque, et je n’étais pas le seul, d’un parti qui fût simultanément pour l’Etat et la société. Et bien, François Mitterrand m’a fait faire, en politique, un progrès considérable : je ne rêve plus.»



Lui au 17, moi au 24 du boulevard Saint-Jacques chaque jour sa face blanche et plate, percée uniformément de rectangles vitrés en quinconce, est mon arrière-plan ; entre nous deux le métro aérien sur pneus de la ligne 6 reliant la station Saint-Jacques à celle de Glacière dans sa cage d’acier cernée d’une futaie.

 

Mon toit

 

« Le treizième arrondissement, jusqu'à sa lisière avec le quatorzième, fut un haut lieu industriel. Quelques bâtiments ont survécu, comme ceux de la Sudac, des Grands Moulins de Paris ou de Panhard et Levassor. Beaucoup ont totalement disparu, notamment autour de la place d’Italie, remplacés par les grands immeubles et les tours qui ont poussé en masse dans les années 1960-1970.

 

 

Témoins, les deux usines des lits Pardon. La plus ancienne était située entre les numéros 7 et 19 du boulevard Saint-Jacques, à l’emplacement d’une partie de l’ancienne Fosse aux Lions, une carrière à ciel ouvert devenue vers 1850 un refuge de pauvres gens. La manufacture « A. Pardon » ouvrit à la fin du dix-neuvième siècle. On y fabriquait des « lits en fer creux émaillés au feu », mais la gamme s’élargit peu à peu, allant des meubles en fer aux articles de jardin en passant par des urnes électorales, des appareils de chauffage et du matériel pour hôpitaux.

 

Quelque 200 personnes travaillaient sur place vers 1905. Le site fut ensuite agrandi en récupérant des terrains rue Fergus. Une carte postale de l’époque montre le métro aérien et, derrière, une série de grandes halles industrielles ainsi que de plus petits bâtiments : l’usine Pardon. »

 

Un blog pour explorer le Paris industriel Denis Cosnard journaliste au Monde Des lits Pardon au Marriott Saint-Jacques 

 

Érigé à partir de 1969, à l’initiative du groupe PLM et de la Banque Rothschild sur l’emplacement de l'une des deux fabriques de lits Pardon, il se veut le symbole de l'hôtellerie moderne en France. En effet, depuis les années 1930, aucun hôtel de luxe de plus de 500 chambres n'avait été construit au cœur de Paris. Conçu par l'architecte Pierre Giudicelli et ouvert en 1972 sous le nom de PLM Saint Jacques il faisait figure à l'époque d'hôtel le plus moderne du monde.

 

Précurseur de l’hôtellerie d’affaires, le PLM Saint Jacques est au niveau mondial le premier hôtel entièrement informatisé (un système informatique IBM pour la réservation des chambres unique au monde) et doté des ascenseurs les plus rapides. L’hôtel abrite également un Centre de Convention de 1000 places s’étendant sur plus de 3000 m2, et compte de nombreuses boutiques de luxe, un cinéma portant le nom de son parrain, l’acteur Jerry Lewis, ainsi que l’un des tout premiers restaurants Japonais de Paris, le mythique « Jun ».

 

Dès son ouverture, l’Hôtel devient le rendez-vous chic et branché de nombreux artistes, écrivains, acteurs, personnalités du spectacle, grands couturiers, designers et autres créateurs de tendances, à l’image de Samuel Beckett qui vient régulièrement écrire à l’hôtel, ou encore des figures du show-business comme Serge Gainsbourg et Jacques Dutronc. En 1973, le cinéaste Jean-Pierre Melville est décédé des suites d'une attaque cérébrale survenue dans le restaurant de l'hôtel PLM Saint-Jacques.

 

La chronique de la haine ordinaire 43 du 18 février 1986 de Pierre Desproges intitulée « Lady PLM » fait référence au PLM Saint-Jacques.

 

Samuel Beckett, Waiting for Godot

 

« Paris : The crucible in which Samuel Beckett's reading turned into writing [...] In 1936 Samuel Beckett moved into the Hotel Libéria. After a stabbing incident, he remet Suzanne Deschevaux-Dumesnil. In 1937 they moved to a seventh-floor studo at 6 Rue des Favorites, in the 15th arrondissement. They lived there until 1961, when SB moved to his final address, a purpose-built flat in the 14th at 38 Boulevard St. Jacques, near the "Falstaff" and "hygienic anonymity" of the Bar Américain in the Hŏtel PLM, where he often met visitors.”

 

Simone Veil Jacques Chirac And Alain Juppe At Plm St Jacques For 100 Clubs 89 Meeting

 

L’hôtel change plusieurs fois de propriétaire et de nom : Pullman Saint-Jacques, Sofitel Paris Saint-Jacques et Sofitel Paris Forum Rive Gauche. Dès juillet 2006, Marriott International engage une importante phase de rénovation. Avec 40 millions d’euros de budget, il s’agit de l’un des plus importants projets de rénovation d’hôtel entrepris en France. La célèbre Agence Londonienne de Designers Mackenzie & Wheeler offre à l’hôtel son concept exclusif « Business Chic » et un design très 70’s, tel un clin d’œil à son passé. En Mai 2007 l’hôtel devient officiellement le Paris Marriott Rive Gauche Hotel & Conference Center. Il est inauguré en Mai 2007 par le Maire de Paris, l’Ambassadeur des Etats-Unis et M. J.W Marriott Jr.

 

 

Souvenirs, lors de sa candidature à la présidentielle, Balladur était venu y déjeuner car l’APCA : l’assemblée permanente des chambres d’agriculture, y tenait son assemblée. J’étais à côté de Raymond Lacombe qui, avec son merveilleux accent rocailleux de l’Aveyron, m’interrogea « Delors, il va se présenter ? ». Ma réponse négative, « Delors n’aime pas les élections, sa seule tentative à la mairie de Clichy fut une catastrophe, il a tenu que quelques mois… » le plongea dans une réelle affliction, Balladur alors au zénith des sondages n’était pas vraiment sa tasse de thé.

 

Anecdote, il m’est arrivé, lorsque mon Internet du temps de Noos avait des ratés, de me connecter sur celui de l’hôtel en mentionnant un numéro de chambre fantaisiste.

 

Mais, comme je suis un coquin, si j’évoque ce matin le PLM-Saint-Jacques englouti c’est que les 12 et 13 octobre 1974 dans la foulée de la dynamique de bon score de François Mitterrand à l'élection présidentielle de mai 1974 s’y sont tenues Les Assises du socialisme qui ont permis l’entrée au PS de nombreux militants de la direction du Parti socialiste unifié comme Michel Rocard et Robert Chapuis, du syndicat CFDT comme Jacques Chérèque et Pierre Héritier, et de militants divers (Vie nouvelle, Groupes d'action municipale, Objectif socialiste, etc.)

 

The French Secretary-General of the socialist party François MITTERRAND and the French politician Michel ROCARD. 1974. - Guy Le Querrec

 

"Assises du socialisme". From left to right: French politicians Regis DEBRAY, Gaston DEFERRE, Pierre MAUROY, François Mitterrand

 

Les Assises du socialisme ou l’échec d’une tentative de rénovation d’un parti 12 et 13 octobre 1974 par François Kraus 

 

«Je rêvais, à cette époque, et je n’étais pas le seul, d’un parti qui fût simultanément pour l’Etat et la société. Et bien, François Mitterrand m’a fait faire, en politique, un progrès considérable : je ne rêve plus.»

 

Cette remarque quelque peu désabusée d’Edmond Maire, l’ancien secrétaire général de la C.F.D.T., traduit bien à la fois le désir d’une prise en compte politique des aspirations sociétales qui, à la suite de la campagne présidentielle de mai 1974, a suscité le lancement du projet d’Assises du socialisme, et le désenchantement que ce projet a, par la suite, engendré au sein de ses plus vifs partisans.

 

« Le choc culturel, l’ostracisme et les différentes manœuvres auxquels sont confrontés les nouveaux venus amorcent un phénomène rapide de désengagement, qui tend à accroître la désaffection et la défection de réseaux sociaux, dont l’aspiration initiale à un médiateur politique plus crédible impliquait une mutation profonde du P.S. et non une simple «couche de peinture idéologique» aux couleurs de l’autogestion. »

Sans faire ni dessin, ni lien, mais entre le PS qui se délite faute d’une réelle colonne vertébrale en phase avec la société et le parti de Sarkozy qui change de nom comme de chemise, je vois dans le destin du PLM Saint-Jacques un symbole de la désagrégation de notre vie publique.

 

Bon dimanche à vous.

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31 octobre 2015 6 31 /10 /octobre /2015 08:40
Henrik de Danemark « vigneron ingrat qui n'a même pas pris la peine d'apprendre le danois passe son temps au château de Cayx dans le Lot à fabriquer du vin ordinaire qui ne se vend qu'au Danemark. »

Désolé ce matin je vous sers un petit écho style Closer même si le prince consort Henrik de Danemark a reçu Stéphane Bern, pour Le Figaro seul journal encore lisible selon un naturiste un peu trop porté sur les vins nus, au château de Cayx, dans le Lot, où il a achevé les vendanges de son domaine viticole.

 

Marié depuis 1967 à la reine Margrethe II, il n'oublie pas ses racines françaises et porte fièrement sur sa veste les insignes de grand-croix de la Légion d'honneur. » et il déclare «J'enrage de voir la langue française maltraitée»

 

« L’état de la langue française me déprime, je suis atterré lorsque j’écoute la radio ou la télévision. Je suis engagé dans sa défense, j’enrage de la voir maltraitée et je constate avec effroi que ceux qui refusent les anglicismes ou les facilités de langage sont considérés comme des ploucs. Au Danemark aussi, le français perd sa place. Il y a même des Français qui font exprès de parler anglais aux Danois qui maîtrisent le français ! Je vois des Français qui parlent anglais avec mon épouse alors qu’elle est parfaitement francophone et qu’elle est mariée à un Français depuis cinquante ans ! Tout le monde a renoncé, même les parents qui n’osent plus reprendre leurs enfants lorsqu’ils commettent des fautes. »

 

Le Bern toujours friand de confidences lui demande : « Vous arrive-t-il encore de souffrir de cette position délicate de prince consort ? »

 

Le Henrik se lâche :

 

« Je suis le premier Français depuis 700 ans à monter sur le trône danois. Le général de Gaulle, qui connaissait bien l’Histoire, m’avait d’ailleurs félicité lors de mon mariage. « Vous êtes le premier Français depuis Bernadotte à monter sur un trône scandinave et à devenir roi consort de Danemark », m’avait-il dit. Pour lui aussi, c’était évident que je devais être roi consort et non prince consort. C’est une anomalie créée par les Britanniques depuis la reine Anne. Pourquoi n’être que prince et simplement altesse et non majesté, sans aucun statut ? Je me suis moi-même déclaré prince consort afin de trouver une place dans la société danoise ainsi qu’une raison d’être et une position dans la fonction royale. Cela me met en rogne car je suis victime de discrimination. Le Danemark, connu pour être un défenseur fervent de l’égalité des sexes, serait-il enclin à considérer les maris inférieurs à leurs épouses ? »

 

Le consort a perdu une occasion de se taire :

 

« Les médias danois qui ont publié ses propos ont provoqué une nouvelle vague d'indignation chez leurs lecteurs, qui le considèrent comme le « vigneron ingrat qui n'a même pas pris la peine d'apprendre le danois ». Henri passe son temps libre dans son vignoble dans le sud de la France à fabriquer du vin ordinaire* qui ne se vend qu'au Danemark. Le niveau des ventes dépend de l'humeur des sujets de la reine. Si Henri ne dit rien — les Danois en achètent. S'il commence à provoquer des scandales — le vin ne se vend plus. Ce sera probablement le cas cette fois également. »

 

* Environ 140.000 bouteilles par an.

 

L'historien Lars Hovbakke Sørensen dans le journal Berlingske Tidende : « C'est simplement la tradition en Europe du Nord, qu'il connaissait parfaitement au moment d'épouser la princesse héritière. L'époux d'un monarque, qu'il soit homme ou femme, n'obtiendra jamais le titre royal ».

 

« Selon lui, même après de longues années de vie dans le nord de l'Europe, le prince n'a pas assimilé la tradition locale d'équité, souffrant "du complexe sud-européen du macho qui doit être le chef à la maison". Certains commentateurs danois partagent cet avis. L'unique excuse pour Henri, selon eux, est que la vie dans l'ombre de son épouse est loin d'être facile. Le comte et officier français, qui s'est marié en 1967 par amour avec l'héritière du trône danois, ne savait pas dans quoi il s'engageait. Il s'est avéré que la nouvelle patrie attendait de lui une seule chose — mettre au monde l'héritier du trône et un autre enfant "de secours". Avec la venue au monde des princes Frederik et Joachim, la nation a oublié le mari de la reine. A titre de consolation il a reçu un traitement de 600.000 euros par an non imposables et le droit d'utiliser les appartenances royales. C'est tout. Le Danemark ne lui confiait même plus de ciseaux pour quelque inauguration de temps en temps… »

 

Comme quoi le côté conte de fée a son avers : « Il est en notre beau pays un château de Reine, au pays de Cadourques le château de Cayx : un beau vignoble … » 

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30 octobre 2015 5 30 /10 /octobre /2015 06:00
Le vin est un « être » accueillant, il ouvre grand ses larges bras à l’insolite… avec Pierrick Bourgault

Le Larousse définit ainsi l’insolite « Qui est différent de l'habitude et qui surprend »

 

Plus largement « Qui provoque l'étonnement, la surprise par son caractère inhabituel, contraire à l'usage, aux règles ou par sa conduite inattendue. »

 

« Le brisement de mes habitudes, le dénuement nouveau où je me trouvai, (...) l'insolite et l'étrange d'un appartement garni et déjà sali par d'autres, au milieu d'un quartier neuf, sans tradition » (Michelet, Journal, 1852, p. 191).

 

« Il regarde en plissant le front ce ministre insolite, qui (...) vient de « phraser » pour les patriotes, pour la populace, et qui montre des dispositions peu républicaines à la popularité » (Barrès, Appel soldat, 1900, p. 45).

 

« Nourrices très suspectes, Suivantes aux yeux voilés d'aînesse, ô Pluies par qui l'homme insolite tient sa caste, que dirons-nous ce soir à qui prendra hauteur de notre veille? » (Saint-John Perse, Exil, 1942, p. 238).

 

Alors pourquoi pas des vins insolites puisque déjà Claude Gilois et Ricardo Ustarroz avait fait Le Tour du Monde épicurien des vins insolites 

 

Avec Vins Insolites l’entreprise de Pierrick Bourgault, journaliste, photographe, ingénieur agronome qui a réalisé de nombreux reportages sur les sociétés rurales, les nourritures et les vins du monde, est bien plus large : elle englobe les climats, les terroirs, les cépages, le travail de la vigne, la vinification, la couleur, l’élevage, le contenant.

 

L’auteur m’a gentiment fait parvenir son livre.

 

L’ensemble est très sympathique, bien illustré de très belles photos et de textes courts mais bien documentés. Bien évidemment le parti de ratisser large implique que les différents chapitres ne sont pas tous du même intérêt en matière d’insolite et d’étrange. Ma remarque n’est pas restrictive car c’est un ouvrage destiné à un très  large public de non-initiés, ce qui en fait à mes yeux tout son intérêt.

Le vin est un « être » accueillant, il ouvre grand ses larges bras à l’insolite… avec Pierrick Bourgault
Le vin est un « être » accueillant, il ouvre grand ses larges bras à l’insolite… avec Pierrick Bourgault

Puisque Noël approche Vins Insolites est un beau cadeau : c’est édité par JonGlez 29,90€

Le vin est un « être » accueillant, il ouvre grand ses larges bras à l’insolite… avec Pierrick Bourgault
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29 octobre 2015 4 29 /10 /octobre /2015 06:00
J’ai trouvé la bonne clé de Biscornet de la cuisine de France chez Christophe Philippe le chef d’Amarante.
J’ai trouvé la bonne clé de Biscornet de la cuisine de France chez Christophe Philippe le chef d’Amarante.

Pour les vieux briscards des petits plats dans les grands des étoilés, des bistrotiers ou des mères de la cuisine bourgeoise, tels le Ribaud, le Pudlo ou le Feuilly doté d’une large soif, je ne suis que de la bleusaille. Ces gars-là, blanchis sous le harnois de la serviette à carreaux, de la tête de veau, de la terrine avec cornichons comme des salamalecs des grandes maisons, sont des encyclopédies vivantes, ils dégainent la référence plus vite que Lucky Lucke avec la même verve que le père Audiard plaçant des mots d’auteur dans le clapoir du père Gabin.

 

Bref, moi je suis vierge, aussi pur que l’enfant qui vient de naître, plus naïf qu’un conscrit vendéen découvrant les claques pendant son régiment au 3e bataillon des zouaves basé dans un chef-lieu de département des Marches de l’Est. Alors pour surmonter mon handicap je m’en remets à mes gorges profondes, chasseuses de vin, toutes plus belles les unes que les autres.

 

Ce sont mes boussoles. Quand elles me disent « Va donc voir s’il y a de la lumière chez untel ? » je pédale ventre à terre chez le dit untel.

 

La plus grande dénicheuse de belles adresses du bien manger est ma grande et belle amie la Fleur qui a des ailes à l’arrière de son scooter pour sillonner la ville capitale avec plein de belles quilles de vins nus dans sa sacoche et les volatiles de papa Godart, façon de parler en jouant sur le mot.

 

L’autre jour nous nous sommes croisés au Dilia tout en bas de Ménilmontant, elle m’a présenté Christophe Philippe le tenancier du restaurant Amarante . Bien sûr nous y sommes allés la semaine suivante.

 

Qu'est-ce-que l'Amarante ?

 

 

« C'est une plante d'origine mexicaine qui appartient aux plus anciennes espèces de plantes cultivées par l'homme. Elle était d'ailleurs vénérée comme une «graine miraculeuse» par les Aztèques et les Incas qui lui conféraient même des pouvoirs surnaturels.

 

Dans certaines régions du monde, en particulier à l'ile de la Réunion ou à Madagascar, on mange ses feuilles en tant que légumes que l'on appelle « brèdes parentières ».

 

Il existe de nombreuses variétés de cette plante de par le monde. En Europe, elle est cultivée comme ornementale (queue de renard). On la rencontre fréquemment dans la nature « sauvage » ou elle est considérée comme une « mauvaise herbe ». Toutes les variétés sont comestibles et donnent autour de 80 000 petites graines par pied. Les fleurs ont une couleur pourpre spectaculaire, c'est d'ailleurs l'une des rares fleurs à avoir donné son nom à une couleur. »

 

Amarante c’est à 15 mn chrono à vélo de chez moi dans un entre-deux, bassin de l’Arsenal et la rue de Lyon, très exactement rue Biscornet dans le 12e arrondissement.

 

La voie a été ouverte en 1827. Elle porte le nom du serrurier Biscornet, créateur vers le XIIe-XIIIe siècle le des pentures des deux portes latérales de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

 

Lire La légende du ferronnier Biscornet et des portes du diable 

 

Pour la description du lieu lire : 

 

  1. L’excellent papier de « l’avocat gourmet – et bavard – Didier Chambeau » sur le site de Pudlo. et ses belles photos.

 

2. Celui de l’Express :

 

3. Et bien sûr celui de Roger Feuilly notre « large soif » 

De mon côté j’y suis allé 3 fois, non pour me renier au chant du coq comme St Pierre, mais pour prendre le temps de faire le tour.

 

La première m’a permis de me régaler de la sole meunière de Christophe, «cuite sur peau à la perfection, avec ce qu'il faut de beurre frais et accompagnée de fines panisses». Un goût d’enfance, comme la sole de maman, venue tout droit d'un pêcheur de petit bateau de Saint-Gilles- Croix-de-Vie. Chez moi donc. En entrée, une belle cervelle de veau « une merveille de fraîcheur » dixit le Roger.

 

La seconde, un soir avec la Claire des hauteurs de Ménilmontant, pied de cochon – je suis fou des pieds de cochon – et l’agnelle du Limousin, 20 heures à basse cuisson, « un morceau de roi goûteux et fondant qu’on pourrait couper avec la fourchette » selon l’avocat gourmet, accompagné d’une purée de panais.

 

La troisième en solitaire, à midi, pour manger « le menu du travailleur » à 22 euros.

 

Faisait beau.

 

M’entouraient, à droite l’avocat gourmet et un jeune homme chic cravaté ; à gauche, une famille de 4 personnes, avec qui au dessert j’engagerai la conversation et qui se révèleront être des lecteurs, près d’eux deux chinoises à l’eau avec petit chien et tout au bout un homme seul qui lit. Dans l’enfilade 9 convives, 4 filles et 5 garçons. C’était plein.

 

Statistiquement 1 personne sur 2 buvait du vin.

 

 

Mon déjeuner :

 

  • Soupe de salsifis. Je n’en avais jamais mangé, excellente !

 

- Tripes aux olives purée de pomme de terre, comme je les aime fines et goûteuses avec de la vraie purée.

 

- Camembert de St Pierre sur Dives de chez Bordier bien affiné mais je préfère le mien un peu plus costaud en goût.

1 bouteille d’Octave 28 euros que j’ai rapportée dans ma sacoche, bien bouchée, chez moi pour la terminer.

 

 

Mon plaisir clé : satiété est le maître-mot de la maison de Christophe Philippe.

 

C’est très bon, bien cuit, juste, simple et gouteux, comme disait ma mémé Marie « sans freli-frela », servi par un virtuose de la simplicité et de la bonne humeur : Mouloud Haddaden qui connaît sa belle carte de vins nus jusqu’au bout de sa sensibilité et qui la décline avec justesse et humour.

 

Le chef, Christophe, est d’une discrétion à toute épreuve mais, si vous partagez mon enthousiasme, n’hésitez pas à le complimenter, sa modestie dusse-t-elle en souffrir. Les précieux, parfois un peu ridicule, du « Fooding » ont raison d’écrire « qu’il est un bon apôtre d’une « cuisine de France » comme on n’en goûte plus que dans les rêves, va droit à l’essentiel. »

Christophe et Mouloud © DC

 

Alors, amis provinciaux, banlieusards, lorsque vous monterez à Paris pour le salon de l’Agriculture ou celui de l’auto, je plaisante bien sûr, précipitez-vous à Amarante c’est ouvert le dimanche midi et soir. Réservez car le parigot tête de veau est friand des bonnes adresses. Fermé le ùercredi et le jeudi.

 

4 Rue Biscornet, 75012 Paris, France
Téléphone :+33 9 50 80 93 80

 

Enfin, une supplique aux fin becs patentés que j’ai cité, et les autres, y compris notre ami le Roger Feuilly dit « large soif », lorsque vous illustrez vos petits papiers de belles photos n’hésitez pas à en faire une de ou des belles bouteilles de l’ami Mouloud. Ça lui fera plaisir comme à moi et aux vignerons concernés.

 

Allez bon appétit et large soif de beaux vins à poil…

 

Pour ma part j’ai hâte d’y retourner pour goûter « Le canard de Challans au sang, filet rôti, cuisses confites, bouillon de carcasse et panisses irrésistibles. On cancane de bonheur! » dixit les gars de l’Express…

 

à bientôt...

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 10:45
Jonathan Larabie ‏@jonathanlarabie s #OMS #ViandeRouge #cancer

Jonathan Larabie ‏@jonathanlarabie s #OMS #ViandeRouge #cancer

Faut-il arrêter de manger de la viande ?

 

Lundi dernier, en se basant sur plus de 800 études, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l'agence cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que la viande rouge – provenant des muscles de tout mammifère –, classée « cancérogène probable pour l’homme », et la viande transformée – incluant la charcuterie et les plats cuisinés –, cancérogène avéré.

 

Les médias raffolent de ce genre d’annonce qui joue sur les peurs en tout genre qui se sont emparés des Français.

 

Dans son livre Le Marketing de la peur Serge Michels, patron de l’agence Protéines qui travaille pour l’industrie agro-alimentaire, déplore la confusion généralisée qui existe entre le danger et le risque.

 

Le danger, c’est l’impact qu’un élément peut avoir sur la santé ou l’environnement.

 

Le risque, c’est la probabilité de l’exposition à ce danger.

 

« Notre époque à tendance à transformer systématiquement les dangers en risques. » note Géraldine Meignan dans son livre Les réseaux de la Malbouffe.

 

« Pour un individu, le risque de développer un cancer colorectal en raison de sa consommation de viande transformée reste faible, mais ce risque augmente avec la quantité de viande consommée », explique le Dr Kurt Straif, du CIRC.

 

Selon des données provenant d'une dizaine d'études, « une portion de 50 grammes de viande transformée consommée tous les jours augmente le risque de cancer colorectal de 18 % », tandis que le risque de cancer colorectal pourrait augmenter de 17 % pour une portion de 100 grammes de viande rouge - dont fait partie le porc, selon le CIRC - consommée par jour.

 

Le CIRC reconnaît toutefois que l'on « ne sait pas encore bien comment la viande rouge et la viande transformée accroissent le risque de cancer », même si des composés chimiques qui se forment pendant la transformation des viandes sont fortement soupçonnés d'être cancérogènes. »

 

Tout dépend donc de la quantité…

 

Yves-Marie Le Bourdonnec, le boucher star qui énerve ses pairs, fin connaisseur de la viande mondialisée et des méthodes d’élevage, à raison de mettre le holà :

 

« Je n'ai aucun souci avec cette étude. Au contraire, elle pointe du doigt ce que je dis depuis des années. Tout d'abord, classer la charcuterie et la viande rouge transformées comme étant potentiellement dangereuses et provoquant le cancer, je ne vois pas en quoi c'est une information. Nous sommes au XXIe siècle, le siècle de la surconsommation et des excès. Bien évidemment, manger trop viande, c'est mauvais pour la santé. Au même titre que boire trop de vin ou trop de café. Il faut faire attention à ce que l'on mange, aussi bien qualitativement que quantitativement. Je suis partisan d'une régulation de la consommation des aliments. C'est meilleur pour nous les hommes et pour la planète. En mangeant de manière raisonnable de la bonne viande, nous polluerons moins, car nous produirons moins et éviterons les soucis de santé, étant plus soucieux de la qualité des produits. »

 

« Je pense que l'élevage industriel, de masse, est mort. Il s'en sort aujourd'hui grâce aux subventions et à la surconsommation, mais ce système n'a pas de sens. Il ne tiendra pas quinze ans. D'ici quelques années, ces grandes industries cesseront naturellement de produire de la viande. Les consommateurs ne voudront plus de leurs produits moins bons et dangereux pour leur santé. D'autant plus que, de l'autre côté, le travail des bouchers et éleveurs soucieux de fournir une viande en moindre quantité mais meilleure se développera de manière exponentielle. Notre démarche va dans le sens de la population qui aujourd'hui, de plus en plus, régule la quantité et la diversité de la nourriture qu'elle mange. »

 

Entre raison et plaisir

 

Le conseil du Dr Alexandra Dalu : Varier. « Je le rappelle à mes patients : il y a sept jours dans une semaine. » Alors on change : « Un jour, une viande rouge avec une salade, le lendemain, de la volaille, et pourquoi pas deux jours vegan par semaine. » Et puis, on se fait plaisir : « Si on aime manger sa viande très cuite, il faut la consommer comme ça », explique le professeur Eisinger. S’il rappelle qu’il faut arbitrer en faveur de la protection sanitaire dans les cas de consommation abusive d’un produit, il conclut : « Pour 0,3 % de risque supplémentaire, il vaut mieux manger quelque chose qu’on aime. »

 

Comme le disait très justement la grande Catherine Hepburn « Si on respecte toutes les règles, on gâche tout le plaisir»

 

Même pas peur ! dixit Bayard Pierre Terrail de... chevalier français...

 

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 06:00
Jean-Paul Kauffmann grand capteur d’odeurs : de FOG à l’Amateur de Bordeaux en passant par La lutte avec l’Ange de Delacroix à Saint-Sulpice…

En lisant, parfois, les fenêtres du hasard s’ouvrent pour moi avec une soudaineté qui me déconcerte. Comme si, un arrière-plan venait soudain donner de la perspective à une phrase lue en la plaçant dans la sensibilité d’un auteur.

 

Je m’explique :

 

Dimanche soir, dans mon lit, j’entame la lecture du livre de Marion Van Rentergheim FOG Don Juan du pouvoir que j’ai acheté dans l’après-midi à l’Écume des Pages.

 

Et page 54, je lis :

 

« Pour Giesbert, le monde politique sent mauvais. Littéralement. Monsieur Adrien est un roman d’odeurs. Les personnages, suent et puent. Comme des animaux […]. Monsieur Adrien exhale une odeur inquiétante, sui generis. C’est rare ! Les romans d’aujourd’hui sont si bien élevés et sentent si bon le déodorant.

 

Jean-Paul Kauffmann dans Le Matin de Paris lors de la sortie du roman de FOG en 1982. « Vaste pot-pourri giesbertien, un roman d’initiation sentimentalo-politique, écrit dans un style hussard à la Nimier […] Le paradoxe de FOG est déjà en place : la politique suscite chez lui une fascination dégoûtée. Il renifle une odeur de purin, mais il aime le purin. »

 

Et dans l’instant une évidence s’inscrit dans ma tête et ne me lâche pas : JPK est un grand capteur d’odeurs…

 

Pourquoi ?

 

Tout simplement parce que je viens de terminer l’un de ses livres, écrit en 2001, La Lutte avec l’Ange.

 

 

C’est une enquête à la Maigret à propos de l’œuvre de Delacroix La Lutte de Jacob avec l’Ange peinte sur les murailles de la Chapelle des Saints-Anges située à main droite lorsqu’on pousse la porte capitonnée de l’église Saint-Sulpice. Étrange église, méconnue voire méprisée, érigée dans le 6e arrondissement, à deux pas du jardin du Luxembourg et que l’on peut contempler assis à la terrasse du café de la Mairie.

 

C’est de ce lieu, au début des années 80, que tout a commencé. JPK y est assis en compagnie d’un critique d’art de ses amis, Léopold. « Teint fleuri d’amateur de bons crus, toujours vêtu de noir, belles mains de chanoine, et coiffé d’un élégant chapeau de feutre orné d’un énorme nœud plat. »

 

-  Tu ne t’es jamais donné la peine de la visiter. Allons-y !

 

Avant d’en arriver à mon illumination, j’ai noté cet avertissement de Léopold à JPK : «Il ne faut jamais raconter une peinture. C'est la pire des choses. La peinture ne raconte pas d'histoire, elle produit de l'énergie. Oui, c'est de l'énergie qu'on a enfermée dans un cadre, dans un rectangle»

 

Elle résume bien mon approche du vin.

 

Et les odeurs me direz-vous ?

 

J’y viens !

 

Ma démonstration est sans appel : JPK est un grand capteur d’odeurs !

 

- Page 35 : le séjour balsamique de Huysmans dans son livre Là-Bas, à propos de Carhaix, le sonneur de Saint-Sulpice, qui habite avec sa femme un appartement dans la tour nord de Saint-Sulpice. JPK note « j’adore ce livre qui sent à la fois l’eau bénite et le poil de Belzébuth ».Il l’a lu adolescent. Huysmans, remis en lumière récemment par Houellebecq, y parle d’ « un séjour balsamique et douillet, un havre tiède. »

 

- Page 43 : « Le sombre engourdissement de caveau propre aux lieux de culte n’a pas le temps d’opérer ; d’ailleurs Saint-Sulpice ne dégage pas cette odeur de cave humide, ce parfum douceâtre et fade d’eau bénite croupie et de cire chaude caractéristique de nos églises. »

 

- Page 53 : « L’endroit me plut surtout à cause de son silence et de l’odeur de vieux maroquin qui se dégageait des salles désertes. » première vraie rencontre avec les tableaux sur le chemin du collège au musée de Rennes.

 

- Page 59 : « Ce parfum entêtant, un peu aigre et camphré d’huile de lin rancie, en même temps suave, je sais bien que c’est l’odeur de la mort. Tous les musées ont le même fumet : il n’a rien à voir avec le moisi ou le croupi, c’est l’odeur du sang (Napoléon qui jouissait d’un sens olfactif très développé avait remarqué que le sang sentait la poussière). « Tu retourneras en poussière… » D’avoir respiré cette odeur crayeuse et asséchante, d’une fadeur si plaisante, un peu métallique aussi, je ressors toujours l’esprit vidé. »

 

- Page 69 : « Cependant, les cierges des Âmes du Purgatoire résistent mal au courant d’air. Leur flamme expire en fumant. Elles charbonnent et répandent dans l’église une odeur grasse de laiterie et de térébenthine. »

 

- Page 76 : « Sans parler de ces parfums endimanchés qui alourdissaient si agréablement l’atmosphère de l’église : odeur épaisse de brillantine et de cosmétique Pento des hommes, senteurs chyprées des femmes longuement parées. » souvenir d’enfant de chœur de JPK

 

- Page 89 : Mauriac dans son Bloc-notes, à propos du service funèbre à la mémoire de Delacroix, raconte l’enterrement de son précepteur, M.Carreyre, professeur de philosophie au collège Grand-Lebrun à Bordeaux : « Le vieux sulpicien qui est étendu là, je songe qu’il avait entendu les cigales de mon enfance, respiré l’odeur de marécage du ruisseau dans ces nuits resplendissantes d’autrefois. »

 

- Page 104 : « Il règne dans l’établissement une odeur surie de croque-monsieur mélangée à l’âcre fumée des cigarettes brunes. » Le chalut café à Dieppe, quai Duquesne, ancienne adresse de Delacroix.

 

- Page 124 : « La menace de saturnisme, provoqué par la respiration du plomb contenu dans la peinture, semble l’avoir épuisé – Les murs renferment une forte proportion de céruse, colorant blanc qui est un véritable poison. »

 

- Page 142 : « En fin d’après-midi, à Crozes, l’ombre est venue avec la fraîcheur. Le château se réveille. Nous sortons pour prendre des rafraîchissements près des buis centenaires sculptées en boule. Dans le jour qui décroît, ils exhalent une odeur ancienne et acide. « Ces buis existaient au temps de Delacroix, dit l’hôtesse. Nous sommes aux petits soins avec eux. » visite de JPK au château de Crozes dans le Haut-Quercy où Delacroix est venu à un moment difficile de La Lutte.

 

- Page 214 : « L’odeur de l’église déserte et encerclée par la nuit a changé. C’est une sensation plus lourde comme si l’absence de la lumière avait terni les frais effluves du jour. Cela ressemble à une senteur capiteuse de vieux bois précieux, un peu rance, laissée probablement par la stéarine des cierges, cet acide gras qui fixe la poussière et noircit la pierre des églises. »

 

- Page 258 : « La chaleur de l’été ranime des effluves de poussière desséchée, une odeur de vieille étoffe moisie que la canicule a rigidifiée. »

 

- Page 260 : « D’où provient cette odeur défraîchie et écœurante de grenier et de fripes crasseuses ? »

 

- Page 265 : « La nef dégage une odeur de cire et de moisi. »

 

- Page 286 : « Il a suffi que la lumière se rallume pour que l’odeur de la crypte change. Elle rappelle à présent le fruit blet. »

 

- Page 288 : « Il s’en dégage des relents fanés de poussière avec quelques notes terreuses et humides. »

 

- Page 298 : « les cierges de la chapelle des Âmes du Purgatoire s’éteignent. La pointe noire de la mèche fumante renvoie jusqu’à moi une odeur de graisse de mouton. »

 

- Page 307 : « Quand je vois La Lutte, je ne puis m’empêcher de penser à la forêt de Sénart, à l’odeur humide qui se dégage des hautes futaies. La muraille des Saints-Anges répand un parfum acide et verduré, l’humus des débuts du monde que l’on respire encore dans quelques chemins retirés. Delacroix aimait errer et patauger dans la boue grasse, observant les matières organiques en décomposition, les « creusets vivants de la refonte universelle. »

 

- « À chaque visite, je pénètre à l’intérieur du chêne crevassé. Cette sensation d’écorce un peu moisie qui ressemble au parfum des vieux chais à cognac est pour moi l’odeur même du temps. Enfermé dans le ventre de l’arbre, j’ai le sentiment de m’introduire dans la caverne interdite, d’entendre la fermentation du passé. » le chêne d'Antin qu'aimait tan Delacroix.

 

La pagination indiquée est celle de l’édition Folio n°3727

 

 

Ma focale sur les odeurs ne doit pas vous faire accroire que celles-ci aient constituées mon unique intérêt pour ce livre. Loin de là, tout d’abord il m’a fait lever les yeux pour vraiment contempler l’église Saint-Sulpice fraîchement ravalée. La découvrir. Je n’y étais entré que lors d’une messe de minuit glaciale. Ensuite, j’ai découvert à la fois Delacroix en suivant avec gourmandise la quête têtue de JPK et JPK lui-même.

 

Se glisser dans l’Envers du décor à toujours fait partie de mon imaginaire : « Je rêvais de me glisser sous la peau de la mer… »

 

St Michel : Delacroix, Michel terrassant le dragon 

Jean-Paul Kauffmann grand capteur d’odeurs : de FOG à l’Amateur de Bordeaux en passant par La lutte avec l’Ange de Delacroix à Saint-Sulpice…
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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 06:35
Dans la cuve, les 2 vignerons bourguignons, nageurs infatigables se baignent furieusement dans le sang de la vigne, leurs corps teintés de pourpre ruissellent de 1000 perles de rose ; chaque poil s’allume des gouttelettes vineuses…

Aujourd’hui je suis à Dijon et Bourguignon à un double titre – si je suis bon élève vous en saurez plus demain – mais pour célébrer mon attachement à ce terroir d’exception qui va en fin de semaine célébrer de façon fort médiatique ses 3 Glorieuses, je vous propose ce texte plein de lyrisme et de fureur.

 

- Panier! Panier! S’écrie la Jeanne Brenot, toute à son ouvrage.

 

Le Louis se précipite, s’empare du récipient, en verse le contenu dans sa hotte en osier tressé fin. Il tasse le raisin de ses poings massifs, sans pouvoir l’empêcher de déborder en un léger monticule.

 

[…]

 

Le Louis enlève le paisseau qui, obliquement fiché en terre, maintenait droit la hotte. Il la soulève par les épaulettes tandis que le Marcel en empoigne le fond et le soutient. Jouant des bras, le Louis enfile les cordelières, et le voilà parti.

 

Il descend la vigne, freinant quelque peu sur ses talons de sabot, la vitesse que tentent de lui imprimer la pente et le poids écrasant de son fardeau. Il parvient au chemin, où se trouve rangé le char ; il escalade cinq barreaux de l’échelle collée à un tonneau, chapeauté d’un semi-entonnoir de tôle peinte.

 

Il se détourne brusquement, des épaules, du tronc et des fesses, prononçant un quart de tour à gauche : le côté de la hotte se place perpendiculairement au fût ; alors l’homme pèse de toute sa force sur le pied droit, élève le gauche qui décrit une oscillation de balancier. Il baisse l’épaule droite : la hotte lève du cul, et le raisin dégringolant, bat à coups précipités le flanc de l’entonnoir qui le renvoie prestement au fond du fût ; le vin n’aura pas le temps de prendre un goût de ferraille. Ramenant la jambe gauche contre la droite, le porteur se redresse : faisant face au tonneau, il s’appuie des genoux contre un échelon, et saisit à pleine mains, la massue de son pigeou, et l’abat alternativement pour heurter, de plein fouet, la vendange.

 

Sous la pression du fouloir, le jus jaillit contre les parois du fût, hors du fût aussi, pour éclabousser de sa pourpre les bras nus du Louis, son devanter, sa chemise, et jusqu’à son visage : le voilà bien, l’homme rouge, à l’image du vin qu’il accouche.

 

[…]

 

Le vingt et un au matin, on a coupé les pinots au Toine. Avec ceux du Louis, ça a rempli la grande cuve. On avait hermétiquement bouché la bonde, avec une quille en bois, et contre elle, intérieurement, on avait déposé une javelle de sarment, pour empêcher les grumes de se précipiter à l’orée du robinet, quand on soutirerait la cuve.

 

[…]

 

Le Louis et le Gavello, suivis du Toine, s’en étaient allés au magasin, pour fouler à fond, la cuve. Le Marcel, désœuvré, les y avait rejoints.

 

Le Louis et le Toine, chacun de son côté, grimpent sur des échelles adossées à la cuve. Ils retirent leur devanter, le déploient, l’agitent, à bout de bras, au-dessus des raisins en fermentation. Précaution élémentaire que d’épousseter la cuve ! Hélas ! combien ne l’ont pas fait ! Combien ont payé cette négligence, de leur vie ! Pour ne point être asphyxié, il faut ouvrir un vaste champ au gaz carbonique qui sature l’air ambiant de la cuve.

 

Ce travail préalable accompli, le Toine et Louis descendent à terre. Le père remet son tablier, et, le fils et le commis se dévêtent lentement.

 

- Bon dit le Toine au Marcel, cette cuvée-là, ça va faire un vin clair, un vrai vin de la Côte. Pour que nos vins soient parfaits y faut qu’on voie le jour au travers. Les vins forcés, presque noirs, y’a qu’en Beaujolais que ça donne des résultats…

 

[…]

 

Le Louis et le Gavello, dans le plus simple appareil, sont montés s’asseoir au rebord de la cuve, auquel ils s’agrippent solidement, des deux mains. Ils font face à la vendange. À la surface, les grappes se sont agglomérées en une croûte qui se colle, tout au pourtour des douves.

 

Le Louis risque un pied, puis un autre, donne de la force d’une jambe contre l’obstacle : il résiste. À l’abri de cet épais rideau, au bas de la cuve, s’accomplit le mystère de la fermentation. Les grappes torturées naguère par le pigeou ont exprimées leur suc : il s’est laissé glisser tout au long de l’immense marmite, comme pour rechercher le contact d’un invisible foyer. Il s’échauffe, il bouillonne, il chantonne, l’hymne automnal de la genèse du vin. Effrayés de l’inconsciente fièvre qui les gagnent, les grappes remontent à la surface, aspirer une bouffée d’air libre qui les glace, et tue en elles les ardeurs de la vie. À quoi bon vouloir protéger le moût ‘en bas, du lourd chapeau de leur corps emmêlés ? Qu’a-t-il à craindre ? Le soleil n’est point au ciel de cuvage. L’air ? Il y reste insensible de lui. Les grappes, elles, oublient leur devoir sacré. Elles s’enfuient, au lieu de plonger au gouffre fervide, pour l’éclatante métamorphose…

 

[…]

 

Le Louis et son domestique appuient les pieds fermement sur la croûte. Leurs efforts la font se décoller de la paroi des douves. S’accrochant plus solidement des mains au rebord de la cuve, ils frappent le chapeau de leurs genoux, comme un marteau-pilon. La croûte, sur eux, s’incline et s’enfonce, tandis qu’elle se soulève à l’opposé. Quelques coups de genoux encore, et la voici presque d’équerre avec la cuve. Alors, d’une vigoureuse pesée des pieds, les hommes font basculer le chapeau : il se retourne comme omelette, dans la poêle de la Julie, et son envers scintille de mille gouttelettes pourpre. Le Louis et le Gavello, rejettent la tête en arrière, pour ne point respirer l’air saturé de gaz.

 

[…]

 

Les fesses toujours épousant le rebord de la cuve, prenant leur élan à la force des mains, qui crochètent rageusement le haut des douves, les hommes pédalent, et, du plat de leurs pieds, détachent du chapeau, des grappes ; ils les projettent au-dessous d’eux, dans l’abîme du jus bouillonnant ; elles se plaquent au plancher, en monticules, format le piédestal, grâce à quoi, le vigneron émergera du moût des épaules et de la tête.

 

Dès qu’ils pensent s’être fait un pied suffisant, le Louis et le Gavello se laissent tomber dans la cuve, de tout leur poids. Sur lui, le raisin a gardé le souffle glacial de la bise qui l’a vu cueillir. Les deux fouleurs en sifflent de saisissement, et, malgré eux, comme au gros de l’hiver, claquent des dents ; Ils piochent à pleins doigts dans le chapeau, et ramènent, sur leur poitrine, des brassées de grumes triturées.

 

Ils les écrasent encore contre eux, de toute la pression de leurs paumes, les font descendre tout au long de leur ventre, de leurs cuisses ; courbant légèrement les reins, ils lancent, entre leurs jambes, la vendange, en arrière d’eux, puis d’un coup de talon savamment appliqué, l’aplatissent au fond, sur le monceau de la genne.

 

Et la ronde continue dans la cuve, des deux vignerons. Nageurs infatigables, ils se baignent furieusement dans le sang de la vigne. En bas, les grappes amoncelées montent, montent, et les hommes s’élèvent. Leurs corps teintés de pourpre ruissellent de mille perles de rose ; chaque poil s’allume des gouttelettes vineuses…

Bientôt, on ne voit plus de grumes : seuls les pépins surnagent à la surface du liquide murmurant.

 

Le soir tombe, la pénombre se colore vaguement de lueurs rouges, et enveloppe, d’un rouge fantomatique, le Louis et le Gavello, qui dominent la vendange, du haut de leur victoire : l’homme, l’air, le raisin, tout est vin.

 

Pigeou : « En Saône-et-Loire, pilon pour tasser le raisin dans les bennes. »

 

Piger : « Enfoncer périodiquement le chapeau qui flotte sur la cuve dans le moût en fermentation. En Bourgogne, fouler, presser sous les pieds, en parlant des raisins qu’on écrase dans lacuve avec les pieds ou le pigeou. »

 

Devanter, devanteau, devantin ou devantier : tablier

 

La genne : « Dans le Doubs, et de la Côte d’Or au Mâconnais, le marc qu’on porte au pressoir tel qu’il sort de la cuve. »

 

Fervide : bouillonnant.

Dans la cuve, les 2 vignerons bourguignons, nageurs infatigables se baignent furieusement dans le sang de la vigne, leurs corps teintés de pourpre ruissellent de 1000 perles de rose ; chaque poil s’allume des gouttelettes vineuses…
Dans la cuve, les 2 vignerons bourguignons, nageurs infatigables se baignent furieusement dans le sang de la vigne, leurs corps teintés de pourpre ruissellent de 1000 perles de rose ; chaque poil s’allume des gouttelettes vineuses…
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26 octobre 2015 1 26 /10 /octobre /2015 06:00
Halte à la débauche, censurons des pans entiers de l’œuvre d’Alexandre Dumas pour incitation de notre belle jeunesse à l’excès de boisson d’AOC !

Vraiment je ne comprends pas l’ANPAA et ses acolytes alcoologues, adeptes de la guérilla dans les prétoires de la République, de faire preuve d’une telle tolérance à l’endroit de littérateurs classiques déversant à longueur de lignes des flots de beuveries vineuses.

 

Je sais que ces gosiers coincés vont me rétorquer: les jeunes ne lisent plus !

 

Sauf que, mes cocos de l’eau plate, Alexandre Dumas fait encore parti des humanités dans les lycées, du moins je l’espère. Il faudra que je vérifie auprès d’Alain Finkielkraut qui est très remonté sur le sujet.

 

Ceci écrit, le Dupont, qui s’Invigne facilement et religieusement dans cette bonne ville de Reims où nous sacrions nos Rois de France, devrait exiger dans le Point la lecture obligatoire de ce qui suis :

 

- Topez là, avait répondu Chevet comptez sur moi, vous serez bien soignés monsieur Dumas.

 

Les gosiers furent ainsi bien soignés, puisque Belle avait veillé à mettre 300 bouteilles de bourgogne au frais, 300 autres de bordeaux à chambrer et autant de champagne à glacer.

 

900 bouteilles ! 3 par personnes en moyenne ! Rien d’étonnant donc, à ce que sur le coup des 3 heures du matin quelques éméchés se fussent lancés dans une folle farandole, un galop endiablé. Ne vit-on pas alors le grave Odilon Barrot , ancien préfet de la Seine devenu député de l’Eure, danser frénétiquement dans les bras d’une grisette. »

 

Michel de Decker Alexandre Dumas 1 pour tous, toutes pour 1

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25 octobre 2015 7 25 /10 /octobre /2015 07:00
Naim Attallah Online

Naim Attallah Online

Lorsque que j’ai monté l’opération Chartrons, voici une année, avec le soutien discret et réservé de Matignon, tout le monde sans exception, a ricané, m’a traité d’illuminé, d’opportuniste, Juppé n’était qu’un has been, pas assez couillu, trop vieux, amorti, raide comme un piquet dans ses bottes, le nain n’en ferait qu’une bouchée. Sauf que, contrairement à ce qu’agitent les crétins, face à la fille du borgne, la stratégie consistant du côté de Sarko à lui coller au cul pour lui bouffer des électeurs, comme celle des socialos de faire peur pour rameuter les électeurs des classes populaires, est inepte. En effet, comme le disait avec pertinence, car il était tout sauf con, le grand déplumé de Chamalières : l’élection présidentielle se gagne toujours au Centre. Alors, comme le vieux Front Républicain et l’Union de la Gauche sont portés disparus il ne restait plus qu’à se replier sur un Juppé devenu un modéré adoubé par le Béarnais dernier avatar du centrisme qui se dit indépendant. Hollande s’est planté lorsque, se croyant encore premier secrétaire du PS, il n’a pas eu la magnanimité de tendre la main à Bayrou, qui venait de lui faire gagner la Présidentielle, et de le laisser se prendre une veste du côté de Pau. Tout ça pour faire plaisir à la planche pourrie que sont les Verts et à la gauche de la gauche qui se croit toujours au temps de la guerre froide. L’intérêt du locataire de Matignon c’est de durer sans se retrouver dans l’obligation de se présenter à la Présidentielle. Trop tôt car plombé par la disgrâce présidentielle. Le problème pour lui c’est que du côté du château, le locataire croit, avec une certaine justesse, que les seuls challengers qui peuvent lui permettre de retrouver son fauteuil sont bien sûr la Marine et l’ex. La planche de salut ce sont les primaires qui risquent fort de voir l’excité triompher grâce à des alliances de deuxième tour : NKM, Bruno l’Insoumis de salon et l’assureur de Saint-Quentin face au duo Juppé-Fillon. Dans cette hypothèse, Bayrou se présente et bouffe des voix à Sarko l’empêchant d’accéder au second tour, et c’est un duel Hollande-Le Pen dont on peut prévoir le dénouement favorable au sortant.

 

L’équation n’est donc pas simple à résoudre mais, pour ne rien vous cacher j’adore les situations complexes où je me meus comme un poisson dans l’eau. À Matignon, fort de ma prescience, on m’a donné carte blanche et tous les moyens qu’il faut pour aller foutre mon groin là où il faut. Je n’ai de compte à rendre qu’au boss, à charge pour lui de me laisser tomber comme une vieille chaussette si je plante. C’est la règle du jeu et je l’accepte. Je l’accepte d’autant plus facilement que je suis à nouveau tombé fou amoureux. Excellent carburant et surtout la chance d’avoir à mes côtés une compagne, belle, jeune et intelligente pour la part ouverte de ma mission : les dîners en ville, les mondanités où la volaille caquète, se répand, déblatère. Pour ne pas la compromettre je ne la nommerai pas, elle sera Elle. Elle, est bordelaise ce qui me permettra aussi de me glisser avec plus de facilité dans les replis de cette ville bien fermée.

 

Au travail !

 

La Une du Point de la semaine : Enquête sur le président Juppé

 

« Et c’est vrai qu’avec son visage avenant et sa mine taquine, posé sur un fond bleu ciel qui n’est pas sans évoquer celui des affiches de la campagne Mitterrand 81, Alain Juppé fait très force tranquille présidentielle.» note l’omniprésent BRP dans Challenges la feuille de repli de Perdriel orphelin du Nouvel Obs.

 

Les chiffres des omniprésents sondages tout d’abord :

 

50% des sondés sont favorables à sa candidature.

 

37% pour la Le Pen

 

36% pour le François B

 

28% pour l’ex

 

Et que 19% pour François Hollande.

 

Non seulement Alain Juppé fait carton plein à droite, mais il est aussi plébiscité à gauche. 55% des sympathisants de gauche souhaitent sa candidature et, plus révélateur encore, 62% des seuls sympathisants socialistes le soutiennent, le classant dans leur hit-parade derrière Manuel Valls (73%).

 

« Et si c’était lui ? »

 

BRP affiche la bible du scénario idéal des périodes précédant toute élection présidentielle. Et dans cette bible, le premier rebond scénaristique serait l’invention du candidat surprise favori à dix mois de l’élection.

 

« En 1965, L’Express avait lancé l’opération « Monsieur X », mise sur orbite de la candidature qui devait bousculer les règles du jeu d’une élection promise au général de Gaulle. Plus tard, on devait découvrir que le Monsieur X en question devait être Gaston Defferre. En fonction de quoi, à l’arrivée, ce fut François Mitterrand le candidat qui contraignit de Gaulle au ballotage.

 

En 1987, on a aussi pu contempler le phénomène Raymond Barre, promis par des Unes de journaux au rôle de candidat surprise destiné à sortir de la règle du jeu d’une cohabitation qui imposait un duel Mitterrand/Chirac. En fonction de quoi, à l’arrivée, Barre termina troisième.

 

En 1994, la Balladurmania déferlait sur la France. Tout sauf Chirac, encore Chirac, toujours Chirac. Balladur à l’Elysée, c’était une ontologie. En fonction de quoi, à l’arrivée, quand vint le temps de la campagne, il termina à la même place que Barre, le tout après s’être hissé sur une table pour faire coucou à ses supporters, climax de la campagne présidentielle la plus surréaliste de tous le temps.

 

En 2001, ce fut le quart d’heure Chevènement. Lui aussi eut droit à ces Unes en mode « Si c’était lui ». On le vit même monter à 15% des intentions de vote dans les sondages. Chevènement, l’homme qui devait nous épargner le pensum Chirac/Jospin, déjà vu en 1995. En fonction de quoi, à l’arrivée… 5%… »

 

Manie bien française de se fonder sur des références historiques allant toutes dans le même sens en omettant bien évidemment les élections qui démontrent le contraire et rendent ce type de raisonnement caduc. L’Histoire repasse rarement les plats. La donne est nouvelle dans un paysage politique totalement inédit. La force de Juppé c’est qu’il est une ambiguïté. Avant lui Mitterrand avait su cultiver avec gourmandise cette « qualité » digne de Talleyrand. Il est le candidat de la gauche aussi bien que le candidat de la droite. Il n’est que le produit de la désaffection Hollande, et du double rejet frappant Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Il plait à ce groupe central français, modéré et angoissé, qui rêve d’une présidence de rassemblement, transcendant la ligne de clivage gauche/droite.

 

Juppé, qui a eu en son temps la tentation de Venise, saurât-il se glisser dans la tunique d’un Florentin pour être tout à la fois le candidat de la gauche modérée, qu’il est en ce moment, et qui va mobiliser contre lui le noyau dur de la Sarkozie, et un tueur et un charmeur quand sera venu le temps de la campagne? Aura-t-il l’étoffe d’une nouvelle force tranquille pour entraîner, fédérer, rassembler à la fois des militants fans de Sarkozy et des sympathisants centristes et sociaux-démocrates, pour soulever à travers eux des électeurs? Juppé n’est pas un tribun, il garde toujours une certaine réserve, pour gagner il lui faudra fendre vraiment l’armure se mettre dans la peau d’un héritier du Général capable de séduire et de convaincre, d’un rassembleur pugnace prêt à dézinguer la machine de guerre interne que saura actionner un Sarkozy battu.

 

Nous n’en sommes pas là, l’heure est aux Primaires sur fond de campagne pour des Régionales de tous les dangers, bien sûr pour la Gauche socialiste, mais aussi pour Juppé. En effet, si Alain Rousset, comme c’est probable, garde la nouvelle région à gauche contre une candidate juppéiste un peu trop Medef, le nain saura remuer le couteau dans la plaie. Dans l’hypothèse inverse, qui marquerait un véritable raz-de-marée, Sarkozy se trouverait renforcé dans sa stratégie jusqu’au-boutiste.

 

J’ai donc du pain sur la planche et ça me met en joie.

 

L’amour et le travail, couple de ma vie d’éternel chasseur de l’inutilité, je suis un enfant gâté.

 

Autre enfant gâté par les fées Bruno Le Maire, « l’Insoumis » ou le Mélenchouchou de la droite.

 

Celui-là je le connais, je l’ai côtoyé, disséqué, c’est un beau cas que Nicolas Domenach dissèque avec gourmandise :

 

« Les indociles méritent toujours le détour. Et quand sort une biographie titrée L’Insoumis d’Olivier Biscaye aux éditions du Moment, voilà qui interpelle! De surcroit, quand cet Insoumis est Bruno le Maire, alors je dis stop, halte-là. Que je sois transformé en lampadaire! Aurais-je, aurions-nous manqué quelque chose? Bruno le Maire, ce gendre idéal de la droite, qui semble toujours sortir du pressing, gentil comme chou, peigné net à la tondeuse pour pelouse, plus d’un mètre 90 d’éducation bourgeoise, un teint de lait pasteurisé, des yeux bleu sainte vierge, toujours à traverser dans les clous, et seulement au feu rouge… Le Maire, un bon fils évidemment, Le Maire, père modèle également, serait un rebelle? L’enfant caché de Che Guevara? Le Maire ça serait Spartacus et Nelson Mandela à la fois? Le méchant Mélenchon de la droite, et on ne le savait pas jusque-là? Bigre! Diantre! Palsambleu! Ventre Saint Gris!»

 

La suite ICI

 

Revigoré, je me sens dans l’état d’esprit d’Eugène de Rastignac, le fameux héros balzacien qui, à la fin du Père Goriot, déclare à propos de Paris : « À nous deux maintenant ! »

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