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16 juin 2020 2 16 /06 /juin /2020 06:00

Pont de Pirmil - Wikiwand

La seconde partie de bac en poche direction la Faculté de Droit de Nantes, simple annexe à l’époque de la prestigieuse Faculté de Droit de Rennes, les profs des matières prestigieuses étaient tous Rennais, les bâtiments étaient en préfabriqués nichés dans la verdure de la Jonelière aux bords de l’Erdre.

 

Je logeais rue Noire au rez-de-chaussée d’une maison de ville dont l’étage était occupé par une vieille dame glavioteuse qui bouffait des gâteaux secs devant sa télé en noir et blanc ; le loyer était modeste car je devais assurer le service de la chaudière à charbon située dans ma cuisine qui donnait sur un petit jardin.

 

La ville de Nantes avait, comme beaucoup de ville, mis au rencart ses tramways. Le 29 janvier 1958, le tramway nantais cesse de fonctionner ; à partir de cette époque, les dessertes seront effectuées par des autobus jugés plus rentables. (3)

 

Je me rendais donc à la Fac à vélo.

 

Tous les week-ends je rentrais à la Mothe-Achard. J’aurais pu prendre le train Nantes-La Roche-sur-Yon changement pour Les Sables d’Olonne avec arrêt à la Mothe-Achard, mais j’étais plus fauché que les blés donc je pratiquais l’auto-stop.

 

Nantes, toue de pêche à l'alose, pont de Pirmil

NANTES avant & en 39/45: NANTES pont de Pirmil Dynamitage du pont de Pirmil le 16 août 1944 | Nantes, Nantes ... Pont du bras de Pirmil à Nantes - Marc Mimram

 

Nantes est une ville à ponts.

 

Passer le pont de Pirmil, Rezé, pour aller me poster aux Sorinières pour tendre le pouce : Saint-Philbert de Bouaine, Rocheservière, Les Lucs-sur-Boulogne, Belleville, La Roche-sur-Yon… arrivée au Bourg-Pailler…

 

Lorsque j’eus acquis, avec mes petits sous gagnés, la 2 CV du curé, le parcours n’était pas le même je passais aux abords du Lac de Grandlieu pour rejoindre les Sorinières, mais j’allais buter sur un bras de la Loire qu’il fallait enjamber au pont de Pirmil.

 

Le pont de Pirmil fut pendant longtemps le seul accès possible à la ville de Nantes par le sud. Elément primordial de la première ligne de ponts, il permet de traverser le bras de Pirmil, le plus large et tumultueux des bras de la Loire.

 

La date de construction du premier pont de Pirmil est inconnue néanmoins selon les historiens on peut la situer entre le IXe et le XIe siècle. Les matériaux alors utilisés pour sa construction sont inconnus, mais on sait que le pont était un édifice essentiellement fait de pierre au XIVe siècle.

 

Seule voie d'accès à la cité depuis la rive sud de la Loire, le pont de Pirmil fut un édifice majeur pour Nantes du point de vue économique et militaire. C'est pourquoi l'entrée sud du pont fut fortifiée au milieu du XIVe siècle sur ordre du duc de Bretagne Jean IV. Une forteresse y fut élevée afin d'en commander l'accès, elle prouva son efficacité à plusieurs reprises notamment en 1793 lors de l'avancée des armées vendéennes. Elle fut démolie en 1849. ICI  

 

Sur l' pont de Nantes un bal y est donné.

Sur l' pont de Nantes un bal y est donné.

 

La belle Hélène voudrait bien y aller.

La belle Hélène voudrait bien y aller.

 

Ma chère mère m'y laisserez-vous aller?

Ma chère mère m'y laisserez-vous aller?

 

Non, non ma fille vous n'irez point danser.

Non, non ma fille vous n'irez point danser.

 

Monte à sa chambre et se met à pleurer.

Monte à sa chambre et se met à pleurer.

 

Son frère arrive dans un bateau doré.

 

Alors ce matin, je vous offre ce beau texte d’Aurélien Bellanger : La LOIRE

 

On tombe parfois, dans les faubourgs de Nantes, sur des petites maisons blanches de plain-pied recouvertes de tuiles. Ce sont des maisons vendéennes. Si elles sont majoritaires, dans les quartiers pavillonnaires du sud de la Loire, on en trouve ainsi quelques-unes, égarées, sur l´autre rive, où elles côtoient des maisons plus bretonnantes : les maisons nantaises traditionnelles, avec leurs cuisines à l’étage et leurs balcons ceints d’une mantille de ferronnerie noire, et ces grandes maisons à pignons pointus, à murs blancs et à bossages granitiques qui viennent rappeler que la Bretagne est toute proche et que le catholicisme, cette grande religion triste et digne, n’est pas si éloignée encore.

 

C’est cela, la Loire, à Nantes : une typologie binaire du bâti pavillonnaire. Ardoise et tuile, morgue armoricaine au nord et simplicité marécageuse au sud, une dualité encore accentuée par la présence, au-delà des faubourgs de Nantes, de l’austère Châteaubriant au nord et de l’italianisante Clisson au sud.

 

Nantes de nouveau capitale

 

Nantes, capitale déchue de la Bretagne, se retrouve là en position de capitale — la capitale des deux Frances, celle du Nord de la Loire et celle du Sud.

 

Il n’existe pas en France de frontières plus profondes et Nantes est à peu près le seul endroit où elle est aussi immédiatement visible.

 

La Loire est le reste du temps plus ouverte et plus vague.

 

Elle est l’été presque à sec, comme un long désert de sable, et elle disparait chaque hiver dans les remous qui noient ceux qui tentent de la traverser à la nage pour le changement d’année.

 

C’est le seul fleuve entièrement français, apprenait-on autrefois à l’école, le seul fleuve dont aucun des affluents ne dépasse les frontières sacrées de l’hexagone.

 

Au temps des Valois le fleuve aura même servi de capitale indécise à la France.

 

Comme Paris, en comparaison, a l’air vissé à son sol : crocheté pierre à pierre dans le calcaire lumineux du lutétien, remonté à la main des profondeurs de ses catacombes, réassemblé comme une gigantesque serrure à combinaison — Paris comme un sablier qui remonterait le temps, le sable aggloméré de son sol jaillissant par les trous d’homme des anciennes carrières jusqu’aux boucles de convection de sa visqueuse cathédrale. 

 

La suite ICI 

 

« Remonter la Loire depuis Nantes oblige à réformer son image mentale de la France.

 

Le fleuve, dont on avait fini par accepter les caprices, allant même jusqu’à entrevoir une solution mathématique de son cour en spirale — une suite de Fibonacci (1) quasi parfaite —, le fleuve enfin, près de sa source, hésite une dernière fois et dessine une boucle à l’envers, un crochet vers l’est, vers l’extérieur du Massif Central nourricier, comme s'il cherchait à s’enrouler autour de la cheminée volcanique bizarrement préservée du Mont Gerbier de Jonc — un objet presque plus exotique encore qu’une de ces longères vendéennes (2) qu’on aurait laissé construire, dans un moment de distraction, au nord de Nantes. Ou qu’une Unité d’Habitation corbuséenne qu’on aurait laissé s’échapper par-dessus les toits en terre cuite de la rive sud. »

 

L'Afrique et les fractales : une extraordinaire épopée | Suite de ...

 

(1) La suite de Fibonacci doit son nom au mathématicien italien Leonardo Fibonacci qui a vécu au XIIème et XIIIe siècle. Il est connu pour avoir introduit et popularisé en Europe et en Occident la numérotation indo-arabe qui a remplacé pour les calculs la notation romaine peu pratique aux opérations arithmétiques.

 

Mais il est aussi connu pour avoir mis en évidence une suite mathématique qui porte désormais son nom. Dans la suite de Fibonacci, il n’est pas nécessaire de mémoriser chacun des termes ou nombres de la suite (qui est d’ailleurs infinie). Il suffit de se rappeler sa règle de construction: à l’exception des deux premiers, chaque terme de la suite est égal à la somme des deux termes qui le précèdent immédiatement, dit autrement il s’agit d’une suite de nombres dans laquelle tout nombre (à partir du troisième) est égal à la somme des deux précédents:

 

1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89,…

 

Il suffit de prendre deux nombres de départ. Les ajouter donne le troisième, puis le deuxième + le troisième donne le quatrième et ainsi de suite. Les termes de cette suite sont appelés nombres de Fibonacci. ICI 

 

(2) La longère est, en architecture rurale, une habitation étroite, à développement en longueur selon l’axe de la faîtière, aux accès généralement en gouttereau (mais parfois en pignon). Répandues dans de nombreuses régions françaises, les longères étaient de manière générale l'habitat des petits paysans et artisans.

 

La longère de la Thébine - Les Brouzils - Gites & Chambres d'Hôtes ...

La longère de la Thébine - Les Brouzils

 

(3) L'exploitation commerciale du premier tramway nantais débuta le 13 décembre 18792 avec des motrices à air comprimé qui reliaient Doulon (à l'est) à la Gare Maritime (à l'ouest). Le tramway était alors surnommé le « Péril jaune »

 

 

 

 

 

Le réseau fut ensuite électrifié à partir de 1911 jusqu'en 19172, année qui vit la disparition des tramways Mékarski à air comprimé. Puis, il se densifia progressivement allant jusqu'à compter 20 lignes desservant 14 itinéraires bien distincts dans les années 19303. Les bombardements durant la Seconde Guerre mondiale provoqueront de sérieux dégâts au réseau et entamera le début du déclin pour le tramway

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15 juin 2020 1 15 /06 /juin /2020 06:00

 

Au temps du confinement, chaque soir tombait le décompte des morts du Covid 19

 

Le GORAFI

En pleine pandémie, il déçoit tout le monde en décédant de mort naturelle

Publié le 31/03/2020

 

Laval – Denis Delaunay, un retraité de 78 ans, est mort paisiblement dans sa maison, alors même que la pandémie de coronavirus fauche des centaines de vies chaque jour dans le pays. Une mauvaise surprise pour son entourage.

 

« Honnêtement, on l’a quand même mauvaise » déclare Annie, 51 ans, la fille aînée de Denis, décédé dans la nuit. « Il est mort dans son lit, tranquillement, sans même une mauvaise toux ou une montée de fièvre. On ne pourra pas dire que le coronavirus l’a emporté, et que c’est la faute des Chinois ou du gouvernement. Je suis un peu dégoûtée ». Son frère René, 49 ans, partage cet avis et nous livre ses impressions : « Il respectait scrupuleusement le confinement, il se lavait les mains 10 fois par jour, alors forcément il l’a pas attrapé… On aurait bien aimé que la télé vienne nous filmer quand même, pour qu’on témoigne, mais même ça, il nous l’a pas laissé ».

 

La déception est palpable chez toute la famille, et le caractère prudent de Denis agace. Antoine, son petit-fils n’en revient toujours pas : « Il a même rédigé un testament pour répartir équitablement son héritage, pour qu’il n’y ait pas d’histoires entre nous. Là encore, c’est vraiment dommage. Je pensais vraiment qu’il y aurait des surprises, et qu’on aurait pu découvrir une maîtresse ou un fils privilégié. On a vraiment l’impression d’être une famille banale ». Sylvie la fille cadette ajoute alors « Banale de chez banale ! » ce qui n’apporte rien au débat mais nourrit encore la rancune que la famille a aujourd’hui contre Denis.

 

L’enterrement aura lieu après-demain au cimetière communal, mais déjà certains membres de la famille ont déclaré qu’ils « boycotteront l’évènement »

 

Francis Blanche

 

« Les huîtres meurent dans le citron, les truites dans le court-bouillon, les langoustes au fond d’un chaudron, les dindes dans les marrons, la rascasse dans l’aïoli, les maharadjas dans le patchouli, les doux  dingues dans la folie et les généraux dans leur lit. Mais quand sonne leur heure, les escargots meurent debout, debout dans l’ail et le beurre. »

 

 

Revenons aux choses sérieuses :

 

Michel Piccoli est mort le 12 mai à 94 ans a annoncé sa famille des suites d'un accident cérébral à Saint-Philbert-sur-Risle, dans l'Eure.

 

Jean-Loup Dabadie est mort, le 24 mai, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, d’une autre maladie que le Covid-19, a précisé son agent. Il avait 81 ans

 

Nicolas et Victoria Bedos, les deux derniers enfants de Guy Bedos, ont annoncé la mort de l’artiste en fin d’après-midi, jeudi 28 mai. Il était âgé de 85 ans. Jérôme Garcin, qui lui a rendu hommage dans un texte bouleversant. Il y révèle que Guy Bedos était atteint de la maladie d’Alzheimer. 

 

« A la fin, il avait tout oublié. Jusqu’à son inscription prémonitoire au comité d’honneur de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité. Frappé par la maladie d’Alzheimer, Guy Bedos ne reconnaissait plus les siens, ni lui-même », écrit-il dans l’Obs. Et d’ajouter : « Il n’eut pas davantage l’occasion de pleurer, le 24 mai, la disparition de son indéfectible complice Jean-Loup Dabadie, qui lui avait écrit tant de sketches, parmi lesquels Bonne fête Paulette ou le Boxeur, mais dont le visage de prince italien ne lui disait plus rien. »

 

Édouard Limonov, en 2011, lorsqu’on lui demande de quoi il a peur, il répond : «  De mourir dans mon lit. »

 

Le diable est mort Édouard Limonov a rendu les armes à 77 ans, d’un cancer dans un lit d'hôpital en Italie. Le diable aimait aussi le soleil.

 

«Personne ne peut réellement traiter de la mort qu’il n’a pas connue ; de la souffrance, oui».

 

Selon Ivan Illich [1926-2002]

 

«Dans toute société, l'image dominante de la mort détermine la conception de la santé». Partout où a pénétré la civilisation médicale des pays avancés, une nouvelle image s'est implantée. C'est celle de la «mort technique» ou de la mort inopportune. Elle succède à celle de la «mort naturelle » ou de la mort opportune, qui, elle a succédé à la «mort primitive». La «mort primitive» résulte de l'intervention d'un agent surnaturel ou divin. C'est un idéal relativement récent que celui de la «mort naturelle», c'est-à-dire d'une mort devant survenir chez des êtres médicalement «suivis», bien portants et avancés en âge. L'auteur se préoccupe, dans le présent chapitre de la Némésis médicale, de l'image de cette mort naturelle et de son évolution durant les quatre siècles où elle fut commune aux civilisations occidentales.

 

La suite ICI 

 

La distinction entre mort naturelle et mort violente remonte à Aristote et présente d’emblée un paradoxe, puisque, de façon exceptionnelle dans le système péripatéticien où ce qui est naturel s’identifie au bien, la naturalité de la mort ne l’empêche pas d’être un mal, pour l’homme, dès lors qu’elle est dépassée par une naturalité plus forte : car les hommes se caractérisent par leurs «appétit d’éternité», « et c’est à cette fin que visent toutes leurs actions lorsqu’elles suivent la nature [1]

 

Manifestant une remarquable pérennité, cette distinction, engageant d’autres paradoxes, organise encore aujourd’hui l’univers du droit, qui ajoute cependant la catégorie de mort suspecte, laquelle semble devoir se dissoudre, une fois l’enquête médico-légale menée, dans l’une ou l’autre catégorie. Toute définition juridique est par essence dans un sens figée, et en même temps ouverte, puisque c’est à la justice que revient la qualification ultime. En l’occurrence, ce qui paraît une mort naturelle – un cancer de la plèvre – peut devenir, après enquête et jugement, une mort violente, avec responsabilité délictuelle et dommages et intérêts : exposition d’un travailleur à des éléments cancérigènes sur les lieux de travail.

 

Ce n’est pas le travail des légistes que de s’intéresser philosophiquement à la mort, et d’une certaine façon la biologie semble être mise au premier plan, puisqu’ils sont des médecins, pour pouvoir mieux reculer. Cette spécialité médicale singulière est étroitement liée à la justice, tout en étant totalement autonome par rapport à elle. C’est elle qui fait parler la mort, dans la mesure où elle accole à la mort un de ces trois qualificatifs, naturelle, violente ou suspecte, si bien que la qualification par des adjectifs arrache la mort à la mort, c’est-à-dire renvoie la mort à des causes ; comme si tout le monde savait que la mort en tant que telle n’est rien, selon l’antique pensée, exprimée par exemple dans le vers 636 des Troyennes, « le non être est égal à la mort ».

 

L’adjectif marque la volonté, pour les vivants, que la mort soit tout de même quelque chose, quelque chose qui arrive à celui qui était vivant, comme à ceux qui lui survivent et continuent de parler de la mort. La nécessité d’attendre que la justice passe refroidit considérablement la mort ; il est insupportable pour ceux qui restent (les parents, amis, etc.) que la violence d’une mort criminelle soit alignée avec la violence d’un accident. Les différentes sortes de violence qui organisent la catégorie de mort violente (accident, catastrophe naturelle, délit, crime, suicide) sont-elles si différentes qu’il conviendrait de transformer le droit pour répondre à la subjectivité des victimes et de leurs ayants-droit ?

 

Toute mort est violente, toute mort est naturelle

 

La mort est pour celui qui meurt simplement la fin de sa vie. La simple distinction entre mort naturelle et mort violente ne fait pas grand sens, non plus que celle entre la mort et le mourir : si la mort est ce qui précède le mourir comme conscience de la fin de vie inéluctable et ce qui lui succède comme l’absence de vie, point n’est besoin, pour méditer sur l’inéluctabilité de la mort, de pouvoir anticiper les conditions du mourir.

 

Ces oppositions – mort violente et mort naturelle, la mort et le mourir – créent une scission au sein d’un événement qui est en fait un et le même, pour celui qui le vit. Du reste, hormis le cas du suicide, dans les traditions religieuses, le destin du sujet après sa mort n’est pas déterminé par les conditions de sa mort, qui ne comptent pas, mais par son comportement dans sa vie. Tout au plus, dans une conception superstitieuse ou mythique, le contenu de son existence peut déterminer sa mort : ainsi d’Empédocle, penseur du feu et « naturellement » mort dans les fournaises de l’Etna, interprété par Gaston Bachelard (chapitre ii de la Psychanalyse du feu) ou de la prétendue action d’un dieu vengeur que réfute du reste par exemple Jésus-Christ avec le cas de l’effondrement de la tour de Siloé (Évangile de Luc, 13). Assurément dans les mentalités primitives, on imputait à une faute de l’homme le déchaînement de la nature, réputée douce sans l’homme – ainsi du déluge qui aurait détruit l’humanité s’il n’y avait eu Noé.

 

L’événement de la mort est fondamentalement un : il est un par la certitude de la mortalité et par la façon dont cette conclusion révèle l’absurdité de la vie. À l’aune de l’absurdité de l’existence, une aune qui nous éloigne de la biologie, comme le voulait déjà Aristote par la mise en avant du désir d’éternité, une catégorie autre que la mort naturelle serait plus judicieuse à opposer à la mort violente, en tout cas plus explicite : la mort non motivée.

 

La sagesse du droit : mort naturelle, mort violente, mort suspecte

Sylvie Taussig dans Le Philosophoire 2016/1 (n° 45), pages 73 à 83

La suite ICI 

Amazon.fr - Mort ou est ta victoire - ROPS DANIEL - Livres

« MORT OU EST TA VICTOIRE ? » UN MAUVAIS FILM SUR UN BON ROMAN

Par H. F. Publié le 02 décembre 1963

 

L'Office catholique international du cinéma a présenté en avant-première aux pères du concile un film d'Hervé Bromberger tiré du roman " Mort où est ta victoire ? ", de Daniel-Rops.

 

De cette œuvre de jeunesse de l'académicien français, nous avions gardé un excellent souvenir. Il a été singulièrement abîmé par la Lande projetée à Rome. Sauf quelques rares séquences, ce film nous a paru trahir le livre par sa psychologie rudimentaire, son caractère officiel et surtout terriblement prétentieux.

 

Le rôle du prêtre est exécrable. C'est de la contre-apologétique.

 

PASCALE AUDRET GABRIELE FERZETTI MORT OU EST TA VICTOIRE ? 1964 ...

 

Pascale Audret joue de son mieux les situations abracadabrantes qui ne semblent guère la concerner. Qu'est allée faire dans cette galère une actrice d'une féminité si émouvante ?

 

Les pères du concile n'ont vraiment pas de chance. Déjà " le Cardinal "... Espérons qu'ils ne seront pas tentés de juger le cinéma moderne sur des projections aussi médiocres qui croient échapper au genre " patronage " en tombant dans le drame à bon marché.

Mort, où est ta victoire ? - Film (1964) - SensCritique

Médecine Légale – Les différents types de mort ICI 

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14 juin 2020 7 14 /06 /juin /2020 08:00

 

Chaîne de montage de la 2CV dans l’usine Citroën de Levallois (vers 1981).

Pour qui, comme moi, a vécu mai 68, à 20 ans, au cœur de la Commune de Nantes, le livre de Robert Linhart, L'établi, aux Editions de Minuit, éclaira ma lanterne sur ces intellectuels qui s’embauchèrent comme simple OS dans les usines. Pour peu de temps pour la plupart, ce fut le cas de Robert Linhart.

 

Amazon.fr - L'établi - Robert Linhart - Livres

 

« Dans cet ouvrage étincelant comme une pièce d’usinage, net et précis, l'intellectuel proche de Louis Althusser raconte son expérience de manœuvre à l’usine Citroën de la Porte de Choisy, en 1968. Tout y est dit de la pénibilité des tâches, de la violence du management, du racisme décomplexé, de l’anéantissement de la volonté individuelle ou encore de la psychologie de la grève. Ce témoignage, le fondateur du mouvement maoïste français a mis dix ans avant de l’écrire. »

 

« Robert Linhart étant toujours en vie, il fallait l’interroger. Or depuis une tentative de suicide, en 1981, le philosophe s'est réfugié dans le silence. Dans l’intimité, comme l’a raconté sa fille Virginie dans le passionnant Le jour où mon père s’est tu (Editions du Seuil, 2008), mais aussi dans la vie publique. Une seule fois, Laure Adler l’a convaincu de se confier à elle pour son émission Hors Champs, sur France Culture; allait-il la recevoir une nouvelle fois, lui que la maladie bipolaire tient à l'écart de la société ? Ce fut encore oui.

 

D’une voix affaiblie, l’homme raconte comment, tant d’années après, il continue de rêver de la cadence de production, qu’il « n’arrive pas à suivre ». Entre deux souvenirs, les silences paraissent longs comme le passé. Quand il s'agit de tirer les enseignements de ses années militantes, les affirmations se font chancelantes.

 

« Est-ce que vous pensez que la révolution était une illusion ? » le bouscule Laure Adler, cruelle malgré elle.

 

« Oui, enfin bon, répond dans un murmure l’ancien militant de la Gauche prolétarienne. La révolution… Y avons-nous cru vraiment ? Je ne sais pas. » Un aveu qu’on dirait sorti d’un songe...même si, il y a près de 50 ans, ce rêve lui semblait bien réel. »

 

Robert Linhart intègre Normale Sup de la rue d'Ulm en 1963, adhère à l'Union des Etudiants Communistes l'année suivante et y anime le cercle des ulmards. Il est exclu de l'UEC pour ses positions prochinoise et ses critiques virulentes à l'égard du révisionnisme du PCF.

 

Il créé alors l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes. UJCML veut mener une lutte intransigeante contre l'idéologie petite-bourgeoise et son complice révisionniste, particulièrement l'idéologie pacifiste, humaniste et spiritualiste… Elle doit créer une université rouge qui pourra se mettre au service des ouvriers avancés, de tous les éléments révolutionnaires.

 

À l'été 68, l'UJCML se scinde et Robert Linhart rejoint la Gauche prolétarienne, fondée à la fin de l'année par Benny Lévy. Séduit par le mouvement des établis, il entre comme ouvrier spécialisé chez Citroën.

 

© Pascal Ito/Flammarion

 

Virginie Linhart avoue qu’elle s’est longtemps retenue d’écrire, empêchée par la figure paternelle — « Mon père est un grand écrivain, que j’admire énormément. Comment pouvais-je me comparer à lui ? »

 

Oui, certes Robert était, comme le confiait à Virginie ses ex-camarades gauchistes, « intellectuellement le plus fort de nous tous, celui qui parlait le mieux, celui qui réfléchissait le plus vite, celui qui comprenait tout avant tout le monde » mais Robert « au temps de sa gloire de grand timonier de l’UJC (ml) alors que les barricades s’érigeaient au Quartier Latin et que les « émeutiers » s’affrontaient avec les mobiles et les CRS et qu’il campait à Ulm dans son splendide et orgueilleux isolement, comme à l’habitude consistait en un ramassis de ragots de fond de chiottes et d’analyses foireuses. Il en ressortait tout de même que notre homme ne dormait plus, vivait dans une excitation extrême car, déjà, la réalité échappait à ses schémas théoriques. Lui qui rêvait debout de la jonction des étudiants avec le prolétariat assistait au dévoiement d’un puissant mouvement par des « petits bourgeois ». C’était infantile. Il enrageait. Voir des non-organisés confisquer le grand élan de la révolution populaire, la transformer en un happening violent, à coups de pavés, de manches de pioches, dans les quartiers bourgeois, le plongeait dans un abime d’incompréhension. Lui et ses amis prochinois avaient beau distribuer un tract « Et maintenant aux usines ! » pour exhorter les étudiants à migrer vers la banlieue, là où vivent et travaillent les larges masses, ils sont à côté de la plaque. Hors la vie, comme toujours. La garde rapprochée de Robert, même si certains sont ébranlés, comme Roland et Tiennot, par la spontanéité et la force de la rue, ne réfute en rien sa dialectique impeccable. La force des avant-gardes, ce noyau dur, d’acier trempé, est d’avoir raison contre tous. Personne n’ose l’interrompre, il sur l’Olympe, sourd dans sa bulle d’exaltation »

 

Amazon.fr - L'établi - Linhart, Robert - Livres

 

Déjà chez Citroën « je pressentais en lui tout le capital d’intransigeance des hommes d’appareil, sûr d’eux-mêmes, de leurs implacables analyses, imperméables à tout ce qui n’était pas la cause, insensibles aux petitesses de la réalité. Et pourtant, à l’atelier, sur les chaînes, dans le système Citroën, la vie de tous les jours ne collait pas avec les attentes de cet intellectuel en mal de contact avec les prolétaires. Loin d’être comme un poisson dans l’eau, mon Robert se retrouvait sur du sable sec, privé de son élément naturel, incapable d’agir selon ses schémas, soumis comme les autres à la chape du boulot, de la fatigue extrême, de la routine des gestes, de la connerie des petits chefs, de la suffisance des impeccables, de la soumission et parfois même du stakhanovisme de beaucoup de collègues, du temps qui file, des soucis familiaux, de la peur des nervis, de la débrouillardise et de la bonne humeur de ces damnés de la terre. Ici on survit. On s’économise. Parfois, comme une houle soudaine, la masse s’anime pour protester contre un temps de pause écourté. On court tout le temps après le temps. Tout n’est que parcelle, les conversations, les pauses, la cantine, l’embauche, la fin de la journée. On s’égaille. Les « larges masses » ne sont que des escarbilles, aussi grises que les poussières de l’atelier de soudure, qui flottent sans jamais vraiment prendre en masse. Je voyais bien que Robert était désemparé. »

 

Robert Linhart, comme tant d’autres ultras, les frelons de la Gauche Prolétarienne de Benny Levy, l’Althusser à rien, ont raté mai 68. Ils étaient « trop intelligents »

 

Virginie Linhart, la fille de Robert, a donc d’abord dit nous :

 

« L’histoire de son père, plutôt que de s’en emparer frontalement, Virginie Linhart en a nourri il y a douze ans un documentaire, 68, mes parents et moi (éd. du Seuil, 2008), et un récit, Le jour où mon père s’est tu, pour lesquels elle était allée rencontrer des hommes et des femmes nés comme elle dans les années 1960, et élevés dans l’effervescence post-Mai 68 par des parents engagés dans le combat politique — et bien moins investis dans l’éducation de leurs enfants, qui grandirent plutôt solitaires, livrés à eux-mêmes. De la même façon, dans le film Après les camps, la vie (2010) et l’ouvrage La Vie après (2012), la parole des survivants du génocide que Virginie Linhart a interrogés semblait pallier le silence obstiné de ses grands-parents paternels sur ce sujet : « C’est derrière les autres, à travers eux, que j’arrive à raconter les miens. »

 

La documentariste Virginie Linhart, en 2012.

 

Dans L’Effet maternel, publié le 5 février par Flammarion Virginie Linhart, passe  au nous :

 

L'effet maternel - Virginie Linhart - Babelio

 

Nathalie Crom dans Télérama note :

 

« Pour raconter sa vie au « je », et non plus au « nous ». Est-ce cette mise en avant d’elle-même qui la rend fébrile, intense autant que nerveuse, ce jour de janvier où on la rencontre, pour l’écouter évoquer la genèse de ce beau livre ? Une œuvre littéraire d’une spectaculaire franchise, qui fera sans doute frémir d’exaspération les contempteurs de la littérature intimiste, réputée narcissique… »

 

Dans L’Effet maternel, c’est donc de sa mère, sans prénom dans le livre, alors autant que je m’en souvienne elle se prénommait Nicole, seule voix discordante s’élevant pour contester le n°1, l’interrompre. Crime de lèse-majesté, cette femelle osait lui balancer que les choses ne se passaient plus ici, dans ce huis-clos surréaliste, mais dans la rue. Le maître l’avait viré sans ménagement, avec un argument d’autorité : « elle n’avait pas le droit de parler dans ce Saint des saints des détenteurs de la vérité révolutionnaire. »  dont parle Virginie Linhart

 

« À travers sa personnalité et ses choix, je voulais dire comment, dans les années 1970 et 1980, grâce au féminisme et à la révolution sexuelle, nos mères se sont émancipées de l’asservissement dans lequel étaient tenues leurs propres mères. Certes, notre histoire familiale est particulière, mais il me semble néanmoins qu’elle rencontre l’expérience commune des femmes. Même en écrivant à la première personne, ça ne m’intéresse pas de juste dérouler ma propre vie. J’ai besoin qu’elle soit universalisée, cela la rend à la fois plus commune et plus intéressante à mes yeux. »

 

Pour autant Virginie Linhart ne rejoint pas les contempteurs de ce mai 68, les procureurs de la permissivité mère de toutes les dérives libertaires de notre temps : « Certes, c’était une période excessive, mais nous, les enfants des années 1970, serons perpétuellement nostalgiques de ce moment, de la liberté qui régnait alors. Bien entendu, il ne m’est rien arrivé d’aussi dramatique qu’à Vanessa Springora, dont le livre m’a beaucoup touchée. Mais il ne faut pas tout  mélanger, tout confondre. Ces années ont été une ère de liberté et d’expérimentation, et la pédophilie a pu bénéficier alors d’un certain libéralisme. L’enfant était considéré comme autonome très jeune, parfois beaucoup trop jeune. Aujourd’hui, on sait qu’il doit être défendu contre les adultes, mais à l’époque, cette idée n’allait pas de soi. »

 

« L’histoire centrale est celle d’une jeune femme amoureuse et enceinte qui, abandonnée par l’homme qu’elle aime, décide néanmoins de garder l’enfant qu’elle porte, explique-t-elle. C’est, du moins, l’idée initiale. Cela m’est arrivé il y a vingt ans, et j’ai été bouleversée alors de découvrir combien notre société était encore patriarcale, archaïque, et jugeait sévèrement les jeunes femmes qui ont un bébé toutes seules. Je ne m’y attendais pas. Désormais, les choses ont enfin changé, mais je peux attester du fait qu’à l’aube du XXIe siècle encore on vous regardait bien différemment qu’aujourd’hui. » Pour résumer ce qu’elle ressentit alors, Virginie Linhart, la cinquantaine -juvénile et la parole rapide, a cette jolie formule : « J’avais le sentiment d’être au XIXe siècle, dans un roman de Maupassant, alors que j’ai été élevée dans un film d’Agnès Varda ! »

 

Tout ce qui concerne cette mère divorcée, indépendante, aux mœurs très libres et jalouse jusqu’à l’égoïsme de son indépendance nouvellement conquise et sourde au désarroi de sa progéniture m’a laissé de marbre, Virginie Bloch-Lainé dans Libération, note que « le récit manque d’air, d’universel et de distance pour toucher vraiment le lecteur. Comme si elle restait dans la bulle où ses parents se sont enfermés, et où ils l’ont enfermée. »

 

Mais si sa mère je la trouve moche, ce qui m’a bouleversé et ému dans ce livre c’est la relation de Virginie Linhart avec la maternité, à partir de la page 123 je n’ai pu décrocher de la narration de sa grossesse apocalyptique.

 

Bouleversant, bouleversé, j’ai refermé le livre tout chamboulé…

 

Pourquoi ?

 

C’est mon secret, ma part d’intime, mon présent partagé avec quelqu’un qui, comme l’écrit page 45 Virginie Linhart « Fidèle à une ligne de conduite, dont j’ai encore aujourd’hui du mal à me départir, plus on est odieux avec moi, plus je m’excuse et demande pardon. »

 

Ce livre est dérangeant, si vous n’aimez pas être dérangés ne faites pas l’acquisition de L’Effet maternel, de Virginie Linhart, éd. Flammarion, 240 p., 19 €

 

L'effet maternel - Virginie Linhart - Babelio

Le sucre et la faim par Linhart Le jour où mon père s'est tu - Virginie Linhart - Babelio

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14 juin 2020 7 14 /06 /juin /2020 06:00

 

L’ami Lilian Bauchet a posté sur mon mur Face de Bouc : Une émission pour toi Jacques

 

La bicyclette : résurgence d'une liberté ?

Bonne Pioche Lilian, en effet lorsque je débarquai dans Paris en 1975 pour y travailler, le Ministère de l’Agriculture, j’ai choisi aussi d’y vivre avec ma famille 3 personnes, même si vu mon salaire de contractuel qui ne pesait pas lourd c’était dans un minuscule appartement rue Mazarine.

 

La raison en était que je ne voulais pas être soumis à la dictature des horaires de la banlieue : voir les gens courir dans le métro, surtout les femmes qui bien sûr son astreinte à l’élevage des enfants, le matin comme le soir afin d’attraper le bon train. Paris n’était pas encore une ville chère, on y trouvait des logements à des loyers raisonnables.

 

Très vite, afin de découvrir le Paris profond pendant les week-ends  j’ai compris que le vélo serait le meilleur outil de cette liberté d’exploration et, par extension rien ne m’empêchait de m’en servir pour aller au travail.

 

J’ai donc opté pour un vélo de ville, un hollandais, un Royal Batavus, trois vitesses au moyeu, freinage par rétropédalage, chaîne carénée, selle Brooks, le nec plus ultra, indestructible : pour preuve il est toujours là, fringant, vaillant, admiré de tous.

 

 

Choix de vie, autonomie et liberté, ce fut fondateur.

 

Au travail on m’a traité de snob, puis les bonnes âmes m’ont dit d’un air contrit que c’était dangereux, je suis passé outre et, en costume-cravate été comme hiver je me suis rendu au travail à vélo et, bien sûr, j’ai sillonné Paris juché sur mon beau destrier noir.

 

Il n’y avait pas en ce temps-là de pistes cyclables, et dans certaines rues affleuraient encore les rails du tramway mais je n’ai jamais chuté. Souvenir d’une réunion très officielle où je suis arrivé trempé comme une soupe, mon costume pendouillait comme une serpillière, sous le regard stupéfait de mes collègues.

 

Les premières pistes cyclables dans Paris nous les devons à Jean Tiberi qui, avec Xavière, savait si bien faire voter les gens du village que Dieu avait rappelé au royaume des cieux. Hommage lui soit rendu, Jacques Chirac, lui, nous avait dotés des motos-crottes.

 

JACQUES CHIRAC, BOUILLONNANT MAIRE D'UN PARIS PROPRE ! UNE ENQUÊTE ...

 

Et puis, mai 81 vint. Nous passâmes aux dires de Jack Lang « de l’ombre à la lumière », pour ma part après la marée rose je rejoignais l’hôtel de Lassay, siège de la Présidence de l’Assemblée Nationale, où, je venais d’être nommé conseiller technique du Président en charge des dossiers de l’agriculture, du commerce et de l’industrie.  

 

Mon arrivée à vélo au poste de garde de l’entrée de l’hôtel  de Lassay fit sensation ; le factionnaire m’indiqua que le règlement de l’AN ne me permettait pas de circuler juché sur mon haut destrier noir mais que je pouvais pédestrement le pousser jusqu’au perron. Ce que je fis. Quelques jours plus tard le chef de cabinet du Président levait l’oukase pour le plus grand bonheur d’un administrateur lui-même cycliste.

 

Les socialos nous faisaient bosser jusqu’à pas d’heures, nous enfilions les séances de nuit comme un charcutier les saucisses ; revenir dans mon treizième arrondissement au cœur de la nuit à vélo était un vrai bonheur. Ce fut le cas un dimanche, où l’on avait infligé à ce pauvre Rocard de défendre le budget de son Ministère du Plan face à une assistance bien maigre. Il me passa une avoinée justifiée, je ne pus lui répondre que je n’y étais pas pour grand-chose et que j’en étais désolé. Ce lundi-là au petit matin, sur mon grand Batavus, je ruminais ma colère.

 

Et puis, en 1986, grand saut dans le privé, me voilà embauché à la SVF (Société des Vins de France n°1 du jaja devant Castelvin) dont le siège social se situait sur le charmant port de pêche de Gennevilliers. J’ai dû remiser mon Grand Batavus et traverser Paris Sud-Nord puis Nord-Sud tous les jours ouvrables. L’horreur absolu de la bagnole qui me fit migrer à Courbevoie.

 

 

1988, retour au 78 rue de Varenne, voiture de fonction avec chauffeur, le vélo c’était pour le week-end.

 

4 août 2009

La nuit du 4 août : abolition des privilèges, sauf le mien

 

En cette nuit du 4 août j’avoue tout : oui dans mes fonctions « ministérielles » me faire conduire fut toujours pour moi un vrai bonheur. ICI 

 

Pour conclure, j’ai découvert dans le numéro 16 /17 de la revue « Médium » un texte de Régis Debray « Pauvres riches » qui m’a ravi. Je vous offre l’extrait sur son goût prononcé pour la voiture avec chauffeur.

 

«  Le seul attribut du richard qui peut donner des aigreurs au Parisien surveillé et canalisé, recru de PV et d’embouteillages, c’est la voiture avec chauffeur. Le dernier luxe, la rente qui me fait rêver. Parce qu’elle part aux contredanses, autorise le travail continu sans rupture de charge et permet d’aller le soir voir des pièces d’avant-garde, au fond de ces ténébreuses et labyrinthiques banlieues qui découragent d’avance le cycliste que je suis. Rien que pour s’éviter la sinistrose des temps morts, gaspillés dans les couloirs de la station Montparnasse ou Châtelet, sans lecture ni téléphonage possible – je comprends qu’on puisse faire des bassesses dans les antichambres élyséennes. Quand j’entends qu’un ami a été nommé président de ceci ou directeur de cela (les bons emplois à la disposition du gouvernement permettent de rejoindre les milliardaires sur la question stratégique du véhicule confortable, gratuit et toujours à portée de voix), mon premier mouvement, noble, est de compassion, aussitôt tempéré par un second, moins reluisant : « Le salaud, avec ses deux chauffeurs attitrés (35 heures obligent) et ses vitres fumées, il va gagner deux ou trois heures par jour sur le bipède ordinaire (distorsion de concurrence), plus dans les 1000 euros par mois (tickets de stationnement et contraventions en moins). Injuste. Odieux. Pourquoi pas moi ? ». Il faut bien un exutoire au moche. De loin en loin. Ça purge les vilains sentiments. Par le bas »

 

Et puis, la vie normale a repris son cours, j’ai vécu un temps dans les bois du côté d’Ermenonville tout en restant fidèle à mon grand Batavus.

 

J’ai fait un Vinexpo à vélo.

 

Et puis un jour on m’a volé mon grand Batavus.

 

Triste, lorsqu’il s’est agi de remplacer mon vieux destrier je me suis tâté : allais-je pousser l’inconscience de ma vieillesse indigne jusqu’à acheter un vrai fixie ?

 

J’ai opté pour un compromis, un vélo caréné comme un fixie mais avec changement de vitesse à la poignée.

 

Deux raisons m’ont fait pencher vers le classicisme :

 

  • tout d’abord Paris n’est pas plat et l’absence de changement de vitesses, ce dont était pourvu mon Grand Batavus (3), est redoutable pour relancer la bête au bas de la pente de Ménilmontant ;

 

  • ensuite, comme je suis un garçon qui fait ses courses, l’absence de portebagages s’avérait un handicap majeur.

 

Bref, j’achetai à « En selle Marcel » un vélo Cooper que l’on me vola devant le Lapin Blanc ; fâché j’optai pour un modèle Zandvoort qui me valut des compliments de tous mes collègues cyclistes. Un bijou. C’est avec lui que j’ai pris ma première gamelle, il n’y était pour rien, j’étais en roue libre mais un ralentisseur Hidalgo bloqua mon cale-pieds et je valdinguai. 15 jours d’hosto.

 

1 an après j’ai opté pour l’assistance électrique

 

3 août 2018

Il beau mon nouveau vélo de bobo californien Electra LOFT GO ! 8i plus besoin de pédaler ou presque…  ICI 

 

 

Résumé :

 

Plus de 40 ans de vélo dans les rues de Paris ; 5 engins, le premier un vélo anglais qui n’a pas fait long feu, volé dans la cour du Ministre au 78 rue de Varenne, oui, oui, en ce temps-là on y entrait encore plus facilement que dans un moulin. Le second qui a eu la plus longue vie un Grand Batavus old Dutch avec freinage par rétropédalage, indestructible, volé lui aussi ; le troisième acheté chez En selle Marcel un Cooper Oporto, volé après un an ;  le quatrième toujours acheté chez En selle Marcel un Cooper Zandvoort, un vrai urban-cycle, léger, un bijou.

 

 

En 2008 je notais déjà :

 

À vélo, dans la ville, hormis que pour y survivre face à la horde motorisée – qui ces dernières années avec le boom des scooters est devenue quasi-sauvage – et l’indiscipline des piétons, on apprend la civilité et le calcul de la bonne trajectoire en partant du principe que pour les maîtres de la chaussée, les impérieux à moteur, le cycliste est un importun. Comme me le faisait remarquer finement, lors d’un déjeuner en ville, le gros Gérondeau, passé de la Sécurité Routière au tout pour la bagnole – c’est plus juteux – « le vélo n’a pas sa place à Paris… »

 

Il est vert de rage le Gérondeau avec le succès du Vélib mais ça ne l’empêche pas de vociférer contre l’arrogance des néo-cyclistes qui, entre nous soit dit, sont assez cons pour mettre leur vie en danger et, en plus, de faire réélire Delanoë. Même Bernard Arnault s'y met, chez Louis Vuitton les abonnements à Vélib (29 euros/an) sont pris en charge par la maison.

 

 Dans la ville les « sauvageons » en col blanc sont légions : sus aux feux rouges, pas de rémission, la rue est aux astucieux insoucieux des règles du code de la route et de la bienséance, insultes, bras d’honneur, même ces dames s’y mettent.

 

Mon drame c’est que ce sont eux qui donnent le « la » : le néo-cycliste est trop souvent un automobiliste à vélo. Les gardiens de l’ordre, eux, majoritairement automobilistes dans l’âme, sont beaucoup plus préoccupés par la fluidité du trafic, la verbalisation aveugle mais juteuse, le rodéo hurlant, que par la protection des usagers les plus faibles. La rue c’est la jungle, le vert en moins, les gaz d’échappement en sus !

 

Reste, les derniers aristos du vélo, dont je suis, soucieux de leur vie et de celle des autres, qui survivent dans cet univers impitoyable.

Un vélo électrique nouvelle génération et made in France ICI

 

Depuis le déconfinement, la pratique du vélo a le vent en poupe. SEB, le spécialiste français d’électroménager devient partenaire industriel d’une start-up de vélos électriques. Les vélos Angell, ultra connectés et portés par Marc Simoncini, seront assemblés dans l’usine historique du groupe SEB, à Is-sur-Tille en Côte-d’Or et les premiers vélos sont programmés pour l’été.

 

La pratique du vélo devient un nouveau geste barrière, car il permet de respecter la mesure de distanciation. Depuis le déconfinement du 11 mai, la fréquentation des pistes cyclables a augmenté de 44% et de nombreuses villes ont même aménagé des pistes cyclables temporaires “Spécial Covid”.

René Dumont - Une vie saisie par l'écologie - Ecologie - Sciences ...

À propos d’écologie : qui se souvient de René Dumont ?

 

«Avons-nous le droit de jouer sur des paris l’avenir de l’humanité ?»

 

Quarante après la première candidature écologiste à la présidentielle, et la parution de son livre-programme, les intuitions et avertissements de René Dumont sont toujours d’actualité.

 

René Dumont a eu un parcours multi-facettes dans le XXe siècle : pour paraphraser le titre du mathématicien Laurent Schwartz (1915-2002), on pourrait parler d’ « un agronome aux prises avec le siècle ». Jean-Paul Besset, journaliste puis député européen du parti écologiste, a consacré à Dumont une riche et nécessaire biographie. Une constante dans son parcours est la forte désillusion envers le colonialisme, dès les années 1930 où il est jeune ingénieur agronome en Indochine, réalisant sur le terrain que le système colonial français n’est guère adapté à la formation et à la montée en compétence des peuples autochtones, par exemple en agriculture qui est son domaine ; cette analyse le conduira à son premier best-seller, L’Afrique noire est mal partie (1962) . Plus lente est son évolution vers l’écologie : il est sous Vichy un expert du productivisme agricole, et reste jusque dans les années 1960 dans une mouvance productiviste, assez favorable aux engrais chimiques et aux pesticides, dans l’objectif, lié à sa passion du développement du tiers-monde, de lutte contre la faim dans le monde. C’est à la fin des années 1960 que Dumont achève sa mutation, véritable « révolution copernicienne » selon Besset, vers une écologie militante, consciente des limites nécessaires à une croissance tous azimuts et d’une préservation de la planète.

 

La suite ICI 

 

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13 juin 2020 6 13 /06 /juin /2020 06:00

Cardinal de Richelieu (1640) sur une toile de Philippe de Champaigne conservée à la Chancellerie des Universités de Paris

Pour faire l’intéressant je pourrais écrire en parodiant l’incomparable Pierre Vassiliu « C'était un pauv' gars / Qui s'appelait Armand / Y n'avait pas d'papa /  Y n'avait pas d'maman… » mais ce serait faire injure à Louis François Armand de Vigneron du Plessis, duc de Richelieu, destiné au métier des armes, mais contraint d'entrer dans les ordres afin de conserver à sa famille le bénéfice de l'évêché de Luçon, le plus crotté de France.

 

 

 

 

Luçon, c’est le sud du Bocage vendéen, situé au centre de la grande plaine, Luçon et sur la bordure du Marais poitevin. j’y suis allé gamin, contraint par le grand inséminateur des vocations à faire une retraite au Grand Séminaire, puis adolescent y jouer au basket-ball. Du côté évêque je fus confirmé par  MGR CAZAUX - UN COMBAT POUR DIEU ET POUR L´ÉCOLE LIBRE, à qui nous refilions chaque année un sac de blé pour ses séminaires (la Vendée était recouverte de séminaires)

 

Mais je ne suis pas là pour bavasser sur moi mais pour tresser des lauriers à une jeune pousse, à la tête bien faite, rencontré au temps du Lapin Blanc. Inclassable, même si il est totalement sinistra, intello border line qui rêve pourtant du poireau (le Mérite Agricole), esprit brillant, Jérémie Ferrer-Bartomeu est un grand moissonneur de correspondances (ça pourrait peut-être lui valoir le poireau), si vous souhaitez tout savoir de lui c’est ICI

 

Émigré en Suisse à l’Université de Neufchâtel

 

Le 6 juin sur Twitter il a publié une lettre de Richelieu

 

Dans les papiers de Richelieu, la lettre qui suit le renouvellement du serment de fidélité au jeune roi Louis XIII après l'assassinat de son père Henri IV est adressée à Madame de Bourges pour lui demander ce que vaut le vin dans Paris.

 

 

 

Moi qui suis beaucoup plus terre à terre je me suis contenté de chroniquer sur le duc de Richelieu à qui l’on lui doit le nom de la recette de la « mahonnaise »

 

Le duc de Richelieu, aimait les plaisirs de la chair mais aussi la bonne chère, il ne faut pas le confondre avec, son grand-oncle, Armand Jean du Plessis de Richelieu, dit le cardinal de Richelieu, cardinal-duc de Richelieu et duc de Fronsac. Pair de France, ministre du roi Louis XIII, destiné au métier des armes, mais contraint d'entrer dans les ordres afin de conserver à sa famille le bénéfice de l'évêché de Luçon, le plus crotté de France.

 

Notre Richelieu de la mayo « connu la Bastille dans son jeune âge en raison de son trop grand empressement pour Mademoiselle de Noailles, puis sous la Régence pour une affaire de duel et un complot bien mal ficelé. » nous dit Jean Vitaux.

 

Académicien à 24 ans en dépit d’une orthographe désastreuse il fut un homme de guerre heureux, contribuant à la victoire de Fontenoy, prenant Fort-Mahon le 28 juin 1756 à Minorque aux Baléares contre les perfides anglais.

 

C’est là, avec ses troupes d’occupation (jusqu’en 1763) que son cuisinier, sans doute inspiré par l’excellence de l’huile d’olive de l’île, l’une des meilleures du bassin Méditerranéen, aurait inventé la Mahonnaise.

 

La suite ICI

 

*« L’État à la lettre. Institutions de l’écrit et configurations de la société admin. durant les guerres de Religion » ICI 

 

L'épiscopat contesté de Mgr Antoine Cazaux ICI

 

Qui est Antoine Cazaux ?

 

C'est le nouvel évêque du diocèse de Luçon. Il est nommé le 11 octobre 1941, en remplacement de Mgr Gustave-Lazare Garnier décédé un an et demi plus tôt, le 30 janvier 1940. À 44 ans - il est né le 13 juin 1897, à Pouillon, près de Dax -, Mgr Cazaux est alors le plus jeune évêque de France. Il a la réputation d'être dynamique et fougueux.

Certains historiens, comme Michel Gautier, critiquent les positions très « maréchalistes » du prélat. « Le culte de la personnalité, le culte de la terre : les célébrations maréchalistes et leurs rituels ont reçu la bénédiction de l'évêque de Luçon, note Michel Gautier. Pendant toute l'Occupation, il ne se prive pas de dire en public tout le bien qu'il faut penser du nouveau régime. Dans un de ses discours, il évoque même le ''miraculeux maréchal''. »

Mais c'est surtout le « silence assourdissant » de Mgr Cazaux sur la question juive qui dérange Michel Gautier. « Alors que d'autres prélats, comme Mgr Gerlier, archevêque de Lyon, ou Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, condamnent sans équivoque les exactions contre les Juifs, l'évêque de Luçon ne dit rien. Il ne proteste pas, lorsqu'en janvier 1944, des Juifs, enfants, femmes et hommes, seront enfermés dans une salle paroissiale de La Roche-sur-Yon avant d'être déportés. »

 

 

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12 juin 2020 5 12 /06 /juin /2020 06:00

 

Dans 1977, le roman de Guillermo Saccomanno, De Franco le poète raté lorsqu’il retrouve dans un café, les 36 billards par exemple, le Pr. Gómez, le narrateur, s’enfile verre sur verre de genièvre, d’où ma question ?

 

J’ai fait des recherches sur l’Oueb :

 

  • Année 50 Ernesto Guevara, pas encore le Che… Che Guevara: Le temps des révélations de Jean Cormier, Edgar Morin, Hilda Guevara, Alberto Granado Jimenez

 

À la fin de ces vacances – studieuses –, Ernesto revient à Buenos-Aires par des chemins buissonniers. Il prend son temps pour s’imprégner de la vie qu quotidien des « Argentins de base », les gauchos, les regarder boire le genièvre, danser le soir avec les chinas, leurs compagnes, à la lumière des feux de bois. Ce premier voyage lui donne envie d’en faire d’autres, plus longs, plus lointains.

 

  •  Saint Office de la Mémoire: Une famille argentine 1885 – 1990 de Mempo Giardinelli

 

J’étais droite et fière, comme un coq dans un concours agricole, comme aurait dit Hipólito ; et j’ai commencé à parler du pays, de sa situation, de son immoralité, de la perte de l’éthique, des militaires qui veulent revenir, ils veulent toujours revenir, et de la bêtise des Argentins, un véritable danger ; en commençant par celle des analystes qui veulent qu’on s’adapte à cette société de merde au lieu de nous aider à trouver comment nous en sortir, ce dont on a toujours besoin et qu’on cherche frénétiquement et impérieusement. « Allez viens », je vais lui dire, « viens Pedro, on va aller se boire un petit genièvre dans un endroit sensationnel que j’ai trouvé, un bar des années 20 qui est entre Cabildo et Garcia del Río »

 

  • Petit manuel à l'usage des Français qui ne comprennent vraiment rien aux étrangers Jean Seisser

 

L’Argentin reste interminablement attablé dans son café préféré à fanfaronner à grand renfort de cafés, de bières pression, de vin rouge noyé d’eau de Seltz, de jinevra (alcool de genièvre) et de Zinzano.

 

Le genièvre

 

Le genièvre est une boisson spiritueuse élaborée à base d’eau-de-vie de céréales ou d’un alcool neutre auquel on ajoute en proportions diverses une eau-de-vie de grains fortement typée. L’ensemble est ensuite aromatisé à l’aide de baies de genévrier et éventuellement d’autres épices.

 

L’eau-de-vie de grains typée (moutwijn) provient d’un moût de céréales sélectionnées, saccharifiées puis fermentées et enfin distillées. ICI 

 

L’invention du genièvre tel qu’on le connaît actuellement et tel qu’on le fabrique à Houlle depuis plus de deux siècles remonte probablement au XVIème siècle. Mais la première mention écrite du genièvre, vers 1650, revient à un médecin hollandais, Franciscus de Le Boë, à une époque où ces derniers concoctaient eux-mêmes leurs potions.

 

Au commencement le genièvre est un médicament, l’herboristerie constituant alors la principale ressource pour la fabrication des remèdes pharmaceutiques.

 

 

La baie de genévrier (Juniperus communis) était utilisée dès l’Égypte ancienne et la Grèce antique, ses propriétés sont donc bien connues : elle a un effet diurétique (elle facilite l’élimination urinaire), carminatif (élimination des gaz intestinaux), tonique (fortifiant), hypoglycémiant (diminution du taux de sucre dans le sang), hypotenseur (diminution de la pression sanguine), antiviral (notamment contre le virus de l’herpès, responsable du bouton de fièvre), antioxydant… Elle est toujours vendue sous diverses formes en pharmacie (tisane, gélule, huile essentielle…).

 

L’innovation de Franciscus de Le Boë fut de faire passer au travers de baies de genièvres des vapeurs d’alcool de grain pour en distiller les molécules actives… et accessoirement les parfums. Ce sont en effet plus ses propriétés gustatives que ses propriétés médicinales qui vont faire la réputation du genièvre.

 

Le « Courage des Hollandais »

 

Dans une région sans véritable production fruitière, le genièvre est adapté avant la fin du XVIIème siècle en eau-de-vie de grains aromatisée. Il va connaître une expansion rapide aux Pays-Bas et même au-delà. A une époque où les marins bataves dominent les mers et leurs négociants les courants commerciaux, le genièvre, alors surnommé « courage des Hollandais », gagne la Belgique et dépasse les frontières. On commence à produire du Gin en Angleterre. Les Allemands proposent le Wacholder, les Polonais de la Vodka au genièvre… Produit à moindre coût, le genièvre commence à concurrencer le vin et les eaux-de-vie issues de la vigne. Il n’y a qu’en France qu’il ne se développe pas… encore…

 

Le genièvre ne va arriver en France qu’après la Révolution, Louis XIV décrétant en 1713 l’interdiction sur son royaume de fabriquer et de vendre d’autres eaux-de-vie que celles issues de la vigne. Seule exception, la Distillerie Royale de Dunkerque produit à partir de 1775 un genièvre uniquement destiné à l’exportation. Mais à partir de 1789, les interdits sont levés. En 1800, on compte déjà une centaine de distilleries dans la région et c’est à cette époque, en 1812, que la distillerie de Houlle est fondée.

 

La suite ICI pour savoir ce qu’est la bistouille 

Le chaînon manquant ?

 

Le genièvre «est le chaînon manquant entre le gin et le whisky», nous dit le communiqué des croisés du genièvre.

 

Myriam Hendrickx, master distiller de Rutte, nuance : « Nous disons ça pour que cela soit plus facile à comprendre ».

 

Mais est-ce que cela fonctionne ?

 

Ce n’est en tout cas pas nouveau, puisque cette stratégie est plus ou moins celle suivie par toutes les marques et tous les divulgateurs ou éducateurs depuis près de dix ans.

 

Sans aucun effet sur la contraction hallucinante du marché.

 

Ainsi, d’après les chiffres publiés par Drinks International début 2018, le marché du genièvre aurait perdu 35 % de volume entre 2006 et 2015. Aux Pays-Bas, où deux tiers du genièvre est consommé, la chute est de 37 %, et elle ne montre aucun signe de s’arrêter. Les deux autres principaux marchés - Belgique et Argentine (!) - sont aussi en chute libre. À eux trois, ils représentent plus de 95 % du marché mondial.

Le genièvre de Houlle élu meilleur genièvre du monde

© Maxppp

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11 juin 2020 4 11 /06 /juin /2020 06:00

 

Le vin je me contente de le boire en ignorant les oracles « pinardières » qui font des entrechats, des double-salto, bouche pincée, gargarismes profonds, commentaires éculés, dont tout le monde se branle d’ailleurs, à part les copains de régiment et le dernier carré des rameurs de la vieille permanentée et du bedeau de B&D, mais fils d’un bouilleur ambulant et initiateur de la distillation obligatoire à bas prix sous Rocard, je reste sensible aux joliesses poussoniennes…

 

14 janvier 2009

L’art de la goutte : « Ni la tête ni la queue »  ICI 

 

29 mars 2018

La canadienne du père Arsène bouilleur ambulant lorsqu’il distillait la goutte avec son alambic mobile ICI 

 

Bien implanté dans mon statut de vieil homme indigne, droit d’en mes bottes comme Juppé qu’a eu raison de fuir Bordeaux – souvenir de lui, à la fête de la Fleur, où à la table d’honneur il s’emmerdait stoïquement, me confier mezzo voce « Monsieur Berthomeau, je ne comprends pas ce qu’ils veulent », j’en ras la casquette de radoter, alors va pour Pousson.

 

C’est bien léché, le sieur Pousson, revenu de son exil catalan, a le sens de l’étiquette…

 

La finalité du vin n’est pas l’alambic.

Par Vincent Pousson / 6 juin 2020 /

 

Dans ce blog, comme un peu partout dans le Mondovino, on ne parle finalement que d’élitisme, de bouteilles « imaginaires » pour le commun des mortels. Le vin populaire, celui des « gens », des « anonymes », pour reprendre les terminologies de l’époque, il n’en n’est jamais question chez ceux qui, comme moi, passent leur temps à enculer les mouches liquides. Pourtant, quand on roule sur l’autoroute, dans la plupart des régions qui vénèrent Saint-Vincent, cette boisson de masse est partout, ces immenses vignes plates comme la main dont la géométrie dessine le paysage. Pourtant, ces volumes qu’on tait constituent le gros de la troupe.

 

Bien que contemporain du splendide litron 5 étoiles, du bougnat moustachu, plus rutilant de teint que la robe de son 11°, délivrant le rouquin à la tireuse, éventuellement en casiers bois*, depuis que je suis petit, j’entends parler de la crise pinardière, de la bibine, des viticulteurs en colère. Et une fois de plus nous y sommes. À Bordeaux, en Languedoc, dans La Mancha, les cuves débordent. En fait, partout en Europe, et dans le Monde, où le vin industriel (mais pas que) se retrouve dans une impasse.

 

Impasse conjoncturelle, certes, la filière est une des grandes victimes du virus**. Mais comme le souligne avec pertinence Marion Ivaldi-Sepeau dans l’éditorial de Vitisphère, « le Covid-19 aura ainsi le mérite d’être un parfait écran de fumée sur les failles saillantes de certaines catégories de vin »***. Car voilà que les technocrates, appuyés par les syndicats agricoles, ressortent la baguette magique, so 70’s, de la distillation. Les hectos qui encombrent au point pour certains de ne pas savoir où rentrer le raisin des prochaines vendanges, on va le passer à la chaudière. Remarquez, maintenant que les fonctionnaires acceptent enfin qu’on en fasse du gel, de la solution hydro-alcoolique, ça peut servir****…

 

La suite ICI

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10 juin 2020 3 10 /06 /juin /2020 06:00

 

Le nœud de Conway sur une porte du département de mathématiques de l'Université de Cambridge.

 

Où est «Poutine tête de nœud»? Très haut dans le ciel, parmi les autres étoiles ICI 

 

Il existe désormais dans le ciel une étoile qui s’appelle «Poutine tête de nœud». Grâce à l’organisation WhiteDwarf, il est possible, pour dix dollars, d’adopter et de baptiser une étoile observée par le télescope de Kepler (les profits sont reversés à la recherche).

 

Enthousiasmés par l’opportunité d’immortaliser leur haine de Poutine, des astronomes et militants ukrainiens se sont donc mis d’accord pour nommer l'étoile KIC 9696936 «Poutine Khouïlo».

 

Khouïlo veut dire pénis ou tête de nœud, et «Poutine Khouïlo» est déjà une insulte historique notable.

 

« Il ne faudrait tout de même pas nous prendre pour des poires, hé, tête de nœud », écrivait Blaise Cendrars « Main coupée », 1946.

 

Si une tête de nœud signifie un imbécile, on a du mal à saisir l'image. C'est que le nœud désigne en argot... le sexe masculin ! Une métaphore qui fait sans doute référence au nœud du bois, partie très dense et dure à l'intérieur d'un arbre. Par extension, un nœud s'est mis à désigner un abruti. Ainsi, le fameux neuneu trouve son origine dans la même étymologie.

 

Selon Pierre Merle, auteur d'un « Petit Traité de l'injure » (Points), une tout autre explication est plausible. Tête de nœud serait une déformation de l'expression tête d'eunuque, tout aussi peu flatteuse.

 

Il est aussi possible de lancer « À la mords-moi le nœud ! » à propos de la bataille, plus exactement au « sac de nœuds », à propos de l’hydroxychloroquine, Raoult le druide et la faillite de Lancet !

 

Bref, le nœud doit être respecté, qu’il fut de cravate, des lacets, marin, gordien ou de Conway

 

 

En effet, il a fallu moins d'une semaine à une étudiante fraîchement diplômée pour découvrir la nature d'un nœud mathématique étrange, pourtant découvert il y a plus d'un demi-siècle. ICI

 

Depuis plus de cinquante ans, les mathématiciens se disputaient autour d'un problème complexe, connu sous le nom du nœud de Conway. L’une de ses représentations orne même les portes de l'Institut Isaac Newton pour les sciences mathématiques de la prestigieuse Université de Cambridge (États-Unis).

 

Et alors que sa nature est débattue depuis des décennies, une jeune diplômée de l'Université du Texas, Lisa Piccirillo, a réussi à en découvrir le secret. Et ce, en moins d’une semaine, révèle le magazine Quanta ce 19 mai 2020.

 

 

Une révélation publiée dans les Annals of Mathematics cette même année.

 

Ce nœud est-il une « tranche » ?

 

Ce problème était l'un des mystères de longue date de la théorie des nœuds, un domaine de la topologie. La discipline n’a d’ailleurs pas qu’un intérêt mathématique, puisqu’elle a aidé les chercheurs à améliorer notre compréhension de la forme potentielle de l’Univers ou encore de celle de l’ADN, par exemple.

 

Mais de quoi s’agit-il plus précisément ?

 

En fait, en mathématiques, un nœud est similaire à un simple nœud physique, à la différence notable que ses deux extrémités sont reliées l'une à l'autre. Ces nœuds en question ressemblent donc à des boucles enchevêtrées, puisqu'ils ne possèdent pas de bouts.

 

Alors que la plupart d’entre nous pensent qu’un nœud existe dans un morceau de ficelle avec deux extrémités, les mathématiciens pensent que les deux extrémités sont jointes, donc le nœud ne peut pas se défaire. Au cours du siècle dernier, ces boucles nouées ont contribué à éclairer des sujets allant de la physique quantique à la structure de l’ADN, en passant par la topologie de l’espace tridimensionnel

 

Le nœud de Conway est ainsi un nœud mathématique à 11 croisements, découvert par le scientifique qui porte le même nom, John Horton Conway. La question qui a longtemps subsisté — jusqu’à cette année — était, en simplifiant, de savoir s’il s’agissait d’une “tranche”. C’est-à-dire, si ce nœud pouvait être obtenu en coupant une sphère nouée dans un espace à 4D, où le temps est donc inclus.

 

Afin de le résoudre, elle s'est appuyée sur le fait que certains nœuds possèdent des « frères mutants », dont les croisements sont inversés par effet miroir.

 

Or ils ont le même statut : s’il l’un est une “tranche”, l’autre également.

 

Elle a donc reproduit la mutation moins capricieuse (mais plus compliquée) du nœud de Conway, le nœud de Piccirillo. Et il s’est finalement avéré qu’il n’était pas une “tranche”.

 

Pour en savoir plus sur la résolution de cette énigme vieille de cinquante ans, n'hésitez pas à en consulter les détails, communiqués par le magazine Quanta. ICI 

 

La preuve de Piccirillo a été publiée dans Annals of Mathematics en février. Ce document, combiné à ses autres travaux, lui a valu une offre d’emploi à durée indéterminée du Massachusetts Institute of Technology qui débutera le 1er juillet, soit 14 mois seulement après la fin de son doctorat

 

Les nœuds tranchés « constituent un pont entre les histoires tridimensionnelles et quadridimensionnelles de la théorie des nœuds », a déclaré M. Greene.

Le problème du noeud de Conway résolu

Un profil de l’étudiante diplômée qui a résolu le problème de longue date du nœud de Conway en une semaine ICI
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9 juin 2020 2 09 /06 /juin /2020 06:00

Emmanuel ASTIER DE LA VIGERIE (d') | L'Ordre de la Libération et ...

Voici le début de son texte (la suite en fin de chronique) :

 

Très bonne émission ce matin dans Le cours de l'histoire sur la naissance des mouvements de résistance, où l'invité Laurent Douzou, auteur notamment d'une biographie de Lucie Aubrac décrit le caractère pleinement hétéroclite des premiers groupes de résistance qui surent transcender leurs différences politiques, religieuses, ou sociales pour s'unir sous la houlette de Jean Moulin au sein d'un même mouvement.

 

J'ai bien aimé la conclusion donnée par Laurent Douzou à cette émission.

 

À la question « qu'aurions-nous fait dans des circonstances aussi désespérées et hostiles ? » qu'inévitablement nous nous posons tous, il y répond en citant Lucie Aubrac ; « il ne faut pas se demander qu'aurai-je fait ? Mais qu'est-ce que je fais là, dans l'instant présent. »

 

C'est une façon de dire que nous avons quotidiennement des combats à mener, pas seulement dans les heures les plus sombres de notre histoire. Au nombre de nos combats présents, il y a bien sûr la lutte contre le réchauffement climatique. Quel événement majeur, par quel coup de baguette magique, pourrions-nous être amenés à transcender nos différences pour s'unir d'un même front contre ce fléau ?

 

Laurent Douzou cite à un autre moment de l'émission un autre grand résistant, Emmanuel D'Astier de la Vigerie, le fondateur de Libération *, qui prétendait qu'il était plus facile de devenir résistant lorsqu'on était un « raté social ».

 

 

Fils de baron, 
Emmanuel d’Astier 
de La Vigerie rompt 
avec son milieu d’origine 
et fonde le mouvement 
de résistance 
Libération-Sud 
en 1941, avant de devenir commissaire à l’Intérieur 
de la France libre en 1943.

 

*Libération titre de l’organe de propagande de la Résistance fut racheté à Louba la veuve d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie.

 

À considérer seulement son élégante silhouette digne du personnage d’un roman de Roger Vailland, on imagine mal Emmanuel d’Astier de La Vigerie en parolier d’une chanson de Leonard Cohen !

 

La Complainte du partisan est une chanson écrite à Londres en 1943 par Emmanuel d'Astier de La Vigerie pour le texte et Anna Marly pour la musique. Cette chanson est diffusée pour la première fois sur les ondes de la BBC à destination de la France occupée et un des disques est même détruit par la DCA allemande lors d'un parachutage de résistants. Elle devient une chanson populaire dans les années 1950. http://www.berthomeau.com/-15

 

« Les Allemands étaient chez moi / On m’a dit résigne-toi / Mais je n’ai pas pu / Et j’ai repris mon arme / J’ai changé cent fois de nom / J’ai perdu femme et enfants / Mais j’ai tant d’amis / Et j’ai la France entière. »

 

EMMANUEL D’ASTIER 
DE LA VIGERIE « L’ARISTOCRATE DANDY DE LA LIBERTÉ »

 

Amazon.fr - Emmanuel d'Astier de la Vigerie, combattant de la ...

 

Se révolter ce fut simplement en 1940 « une question de dignité » pour le plus jeune des fils du baron Raoul d’Astier de La Vigerie, issu d’une famille vivaraise où l’on compte dès le XVIIe siècle chirurgiens, magistrats et officiers, et, du côté maternel, deux ministres de l’Intérieur, l’un sous Napoléon, l’autre sous Louis-Philippe… Peut-être, aussi, au regard de ses frères François et Henri, l’un saint-cyrien, l’autre artilleur colonial, tous cités et décorés en 1914-18, le moyen de ne pas s’éprouver comme un « raté de héros ».

 

Car cet ancien élève du lycée Condorcet, qui a fait Navale et découvert dans ses pérégrinations maritimes les séductions de l’opium, quitte tôt la Royale pour la plume du journaliste et de l’écrivain. Assurant le matériel par un emploi dans l’immobilier d’entreprise, le voici, rompant avec son milieu d’origine, qui côtoie Drieu La Rochelle, Kessel et Cocteau, fréquente les surréalistes, publie dans Marianne – le journal de gauche lancé en 1932 par Gallimard, entre à Vu – l’hebdomadaire antifasciste de Lucien Vogel, le père de la future résistante et déportée Marie-Claude Vaillant-Couturier.

 

« Dilettante, paresseux, indifférent à la façon des roués du XVIIIe siècle : c’est ainsi que le voyaient ses amis d’avant 1939 », écrira Lucie Aubrac.

 

Mobilisé dans le renseignement à Lorient cette même année, démobilisé à Marseille après la capitulation de juin 1940, Astier s’indigne : « Reste l’espoir que l’histoire nous venge et replace dans l’ombre les vieillards militaires assis au sommet des ruines et qui ont eu le cœur de douter d’une cause qui n’était pas perdue. » Et se fixe une ligne de conduite offensive : « Faire quelque chose, c’est immédiatement non pas résister (…) mais attaquer. »

 

Avec l’as d’aviation Corniglion-Molinier, producteur du film Sierra de Teruel, d’André Malraux, il organise la « Dernière Colonne », petit groupe de résistants où se retrouveront le mathématicien et philosophe Jean Cavaillès, Lucie et Raymond Aubrac, Charles d’Aragon

 

Les habitants de Nîmes, de Clermont-Ferrand, de Nice, de Marseille, de Toulouse et même de Vichy, plus tard ceux de Montluçon et de Limoges en connaîtront l’existence et le dynamisme lors de campagnes d’affichages massives contre les collabos !

 

En février 1941, des arrestations déciment le réseau et d’Astier, sous le pseudonyme de Bernard, entre en clandestinité. L’homme de l’écrit qu’il n’a cessé d’être fonde alors Libération, un périodique qui sera l’organe du mouvement Libération-Sud, l’un des trois plus importants groupements résistants de la zone non occupée, recrutant ses forces parmi les syndicalistes CGT et les milieux socialistes. Une liaison est établie avec Londres dès 1942, et en mars de cette année-là, Jean Moulin, envoyé du général de Gaulle jouant son rôle de « Carnot de la Résistance » (Malraux) peut réunir en Avignon les responsables de Libération (Astier), Combat (Henri Frenay) et Franc-tireur (Jean-Pierre Lévy).

 

L'unification de la Résistance (1/2): Les rapprochements. - Le ...

 

Emmanuel d’Astier, ayant rencontré de Gaulle, sera chargé par celui-ci de négocier avec le président Roosevelt la légitimité de la France libre. En même temps, il participe à l’unification des forces dispersées de la Résistance métropolitaine et devient le commissaire aux affaires politiques des Mouvements unis de la Résistance (MUR). Membre de l’Assemblée consultative provisoire d’Alger, il est nommé en novembre 1943 – rejoignant ainsi des fonctions exercées naguère par ses ancêtres maternel  – commissaire à l’Intérieur du Comité français de libération nationale (CFLN). À ce titre, il discute avec Winston Churchill de l’aide armée des Alliés à la Résistance.

 

Portrait d'un homme libre : Emmanuel d'Astier de la Vigerie -

 

Ministre – toujours de l’Intérieur – du gouvernement provisoire, il le demeure jusqu’à l’automne 1944. Ce compagnon de la Libération (tout comme ses deux frères), refusant alors au général une ambassade à Washington, transforme en quotidien son journal Libération qu’il dirigera pendant vingt ans, au cours d’une troisième vie de parlementaire et de militant progressiste, compagnon de route des communistes.

 

1979, Maggie superstar - Libération

 

Esprit libre, il combattra avec eux contre le réarmement de l’Allemagne via la CED (Communauté européenne de défense) en 1954, et s’opposera au traité de Rome en 1957, mais, neutraliste affirmé, il condamnera l’intervention soviétique à Budapest en 1956. Se rapprochant du gaullisme, bien qu’ayant refusés la confiance à de Gaulle en 1958, l’aristocrate qui obtint le prix Lénine de la paix, le dandy résistant qui épousa en secondes noces la fille d’un révolutionnaire bolchevique, le commentateur de l’actualité d’un célèbre Quart d’heure télévisé, directeur du mensuel l’Événement, achève son temps en 1969 par une saillie de presse mémorable : « Je vote pour Pompidou-la-scarlatine ! »

 

L'Evénement, la dernière aventure d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie

 

Lors de sa disparition prématurée, son collègue du Monde, Pierre Viansson-Ponté, salua justement « un homme qui ne ressemblait à personne ».

 

Rue des Frères d'Astier de La Vigerie — WikiGenWeb

 

La suite du texte de Lilian Bauchet

 

On peut avancer la même chose quant à notre implication personnelle contre le réchauffement climatique. Plus nous sommes insérés socialement, quand bien même notre conscience écologique serait particulièrement développée, plus il est difficile de mettre en place des actes de vie concrets qui participent activement de la lutte contre le réchauffement climatique. Ce n'est pas seulement que nous refusons de céder un peu de notre confort pour atténuer les effets du réchauffement, même si certains font preuve d'un égoïsme à cet endroit qui me désespère, c'est que le monde dans lequel nous évoluons nous contraint à entretenir des activités dont nous savons en notre âme et conscience qu'elles sont néfastes mais dont ne nous pouvons nous affranchir.

 

Beaucoup de monde attendait avec impatience le déconfinement, synonyme de liberté de déplacement retrouvée, mais aussi et surtout, synonyme de reprise de l'activité économique. Moi le premier, qui ai vu mon chiffre d'affaires s'effondrer et qui attend que mes clients japonais, canadiens, danois se remettent à me passer des commandes. Pourtant, nous avons vu les effets bénéfiques du confinement pour la nature.

 

La nature, moi qui produis des vins naturels, je me suis bien sûr réjoui de cette période d'accalmie de l'agression de l'homme à son encontre. Mais voilà, j'ai besoin de vendre ces vins que j'ai produit, comme des millions d'autres ont besoin aussi de reprendre leurs activités pour vivre de leur travail, quand bien même nous savons que cette reprise d'activité sonne le retour à "l'anormal", pour reprendre le slogan d'extinction rébellion.

 

Comme notre monde est compliqué, dont nous nous sentons en quelque sorte prisonnier et où le principal ennemi qu'il faut affronter est soi-même, où nous devons nous contenter de petits gestes, quand l'urgence climatique de plus en plus visible nous obligerait à envoyer tout en l'air.

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8 juin 2020 1 08 /06 /juin /2020 06:00

 

Cette chronique ne me doit rien, elle n’est qu’une compilation bordelaise née de la publication par Nicolas Lesaint sur sa page Facebook le 4 juin de ce dialogue imaginaire :

 

  • T'es en AOC Bordeaux, tu produis au plus faible rendement de toute la région bordelaise?

 

  • Désolé, tu produis trop, tu produis mal garçon, il faut que tu acceptes la loi du marché, déclasse ton AOC en vin de pays et vends à 750 euros le tonneau...

 

  • Non?

 

  • T'es pas d'accord?

 

  • No problemo, laisse les cours chuter que je te prenne maintenant ton vrac à 650 euros le tonneau...

 

  • Tu t'étouffes?

 

  • Moi pas c'est étrange... Allons, allons, si tu préfères j'ai une dernière option pour toi, envoie ton vin en distillerie ils te promettent un achat à 702 euros le tonneau...

 

  • Toujours pas heureux?

 

  • Oooooooohh je sais pas ce qu'il te faut on fait pourtant tellement pour toi... Alors petit tu décides quoi, j'en ai 50 qui attendent après toi.
  •  

Qui est Nicolas Lesaint ?

 

Le Directeur technique du Chateau de REIGNAC

 

À partir de ce texte sont ensuivi des commentaires sous forme d’échanges, je vous livre en copié-collé le plus intéressants :

 

Laurent Rousseau la solution passe par un assainissement de tous ceux qui n’ont pas suivi l’évolution et qui produisent sans chai et matériel aux normes, avec des personnels sous-payés, sous protégés et qui vendent à vil prix, mais avec ce prix ils survivent.

 

Ils contribuent à couler ceux qui ont investis dans des infrastructures, matériels modernes, dans la formation de leurs personnels et donc dans leur évolution salariale.

 

Peu imaginent le niveau de notre viticulture. Il y a ceux qui ont évolué et ceux qui sont encore au. 19e siècle...ceux-là doivent disparaître. Darwin !

 

Yannick Audubert à Laurent Rousseau tu as raison, c'est clair qu'il y a du ménage après pas sûr que cela soit la seule raison à cette crise non plus, mais marre de voir de l'entre deux mers finir en st Émilion...

 

Laurent Rousseau Yannick Audubert sans compter que beaucoup de jeunes vignerons ne vont pas survivre car les jeunes installés sont fragiles. On hypothèque l’avenir de notre profession en ne faisant pas le ménage.

 

Jérôme Zaros à Laurent Rousseau de toute façon c’est peine perdu, je ne crois plus au Bordeaux sous sa forme actuelle !!

 

Laurent Rousseau à Jérôme Zaros totalement d’accord avec toi

 

Nicolas Méro Pour s'installer jeune vigneron aujourd'hui, faut être fou ou blindé, non ? D'où je suis, j'ai mal pour eux.

 

Château de l'Anglais à Laurent Rousseau malheureusement il n y a pas de marché a un prix correct pour les jolis lots de ceux qui se sont modernisé et produisent raisonnablement.

 

Laurent Rousseau à Chateau de l'Anglais oui car ils sont parasités par les lots produits sans aucun investissement, hygiène ou frais

 

Château de l'Anglais à Laurent Rousseau si ces parasites existent c’est qu’ils trouvent des clients, des consommateurs....pendant des années, le négoce et la GD les ont nourris, négligeant d’autres produits.

 

Laurent Rousseau à Château de l'Anglais le vin payé 1€ le litre en espèces à de beaux jours devant lui

 

Château de l'Anglais à Laurent Rousseau ??

 

Laurent Rousseau à Château de l'Anglais je parle de tous les petits qui vendent leur vin à la clientèle de passage par contenants de 5-10litres...c’est autant de concurrence contre laquelle tu ne peux rien faire

 

Raphael Reynier C’est tout le drame de Bordeaux..

 

Fabrice Chaudier 702€ pour 900 litres ou 1 200 équivalent bouteilles soit 0,585€ les 75cl

Vente en déstockage 3€ la bouteille 1 achetée 1 gratuite soit 1,5€ la bouteille... moins la mise on tombe pas loin des 1 000€ le tonneau et donc 42,5% de plus.

Il y a plus glorieux mais au moins le vin produit sera bu et non détruit.

Et que se passe-t-il si la récolte 2020 est hyper basse ? Ne regrettera-t-on pas ces millions de litres détruits ?

 

David Motut à Fabrice Chaudier non il y a beaucoup trop de volume à en stock

 

Dany Rolland Et dire que le seul souci du marché et des médias est : « est ce que les Bordeaux sortis à moins de 30% en primeur, c’est suffisant, ils étaient donc surcotés, ils se gavaient... et bash et bash ! Ça devient du racisme par rapport aux bourgognes ou autres régions du monde où on ne tourne pas en permanence « Dallas »ou « Les Maudits ». Désolant !

 

Pierre Contant à Dany Rolland est ce que d'avoir tablé (le CIVB) sur les GCC et assimilés qui vendent en primeurs pour faire la promotion du Bordeaux à la façon d'une locomotive qui tirerait le reste des appellations n'était pas une erreur, peut-être ? Est-ce que l'image prestigieuse en ces temps un peu compliqué n'est pas en train de desservir les excellents Bordeaux < 10€ au son du "tous dans le même sac" ? Est-ce que l'opulence et la richesse affiché par des GCC ne brouille pas l'image que le consommateur peut se faire des vins de Bordeaux ?

 

Bernard Lartigue C’est vraiment un constat d’échec pour nos organisations professionnelles et nos représentants qui n’ont pas pris les bonnes mesures depuis que l’on parle à bordeaux de la chute des ventes

 

 

Et puis vint l’interview de Jean-Guillaume Prats à Terre de Vins

Qui est Jean-Guillaume Prats ?

 

Actuellement directeur des Domaines Barons de Rothschild (DBR)

 

Il est le fils de Bruno Prats ancien propriétaire de Cos d’Estournel et Petit Village vendus à Michel Reybier ICI, membre de mon club de réflexion Sans Interdit, son oncle Yves Prats fut mon directeur de thèse de doctorat.

 

Ce matin, alors que se déroulait la dégustation des primeurs 2019* organisée par l’Union des Grands Crus de Bordeaux (UGCB), la nouvelle est tombée : Lafite-Rothschild a été le premier des “Premiers” à sortir sur le marché. Signal fort pour la place de Bordeaux, d’autant que, fait rarissime, Domaines Barons de Rothschild (DBR) soumettaient dans le même temps leurs vins – Lafite, Duhart-Milon et L’Evangile – aux professionnels dans le cadre de l’Union. Cela dénote d’un certain sens du tempo. C’est, en substance, ce que nous explique Jean-Guillaume Prats, Directeur Général de DBR, contacté par la rédaction de Terre de Vins : “nous avons conscience de la cause commune de la place de Bordeaux. La période que nous traversons est une période de crise, nous avons souhaité présenter en même temps nos vins avec l’Union et les mettre en marché”. Peu importe en substance d’être le premier des “grands” à dégainer, l’important pour Jean-Guillaume Prats est “d’être dans le bon timing”.

 

[…]

 

Lafite-Rothschild sort à 396 € prix négociant, soit environ 475 € HT pour le consommateur. Cela équivaut à une baisse de près de 16% par rapport à la sortie du millésime 2018. Alors que les sorties récentes des crus classés médocains se situent surtout entre -30% et -20%… “Nos vins en 2019 sortent à des prix qui les situent à peu près parmi les millésimes disponibles les moins chers”, explique Jean-Guillaume Prats. “Si un consommateur veut acheter du Lafite, il trouvera aujourd’hui en livrable des vins à ce prix, sur des millésimes ‘intermédiaires’. Nous sommes en-dessous des prix du 2009, du 2010, du 2016, du 2018, plutôt autour des prix de millésimes comme 2011 ou du 2012”. Est-ce à dire que Lafite 2019 est un achat good value pour les amateurs ? “Ce n’est pas à moi de dire ce qui est good value, mais ce qui est certain c’est qu’avec une sortie de Lafite à ce prix, l’amateur peut se dire qu’il n’a pas beaucoup d’autres options” répond Jean-Guillaume Prats.

 

L’ensemble ICI 

 

 

 

Enfin le gloubiboulga d’Yves d'Amécourt à Valeurs Actuelles

Quand la France défendra-t-elle ses viticulteurs ? ICI 

 

Il fut l’un des plus féroces détracteurs de mon Rapport… Le genre comment un « haut-fonctionnaire » parisien ose-t-il venir chercher des poux dans le tête des bordelais sûrs d’eux et dominateurs ?

Yves d’Amécourt est élu local en Gironde et viticulteur. Aujourd’hui il est au bureau politique de Force Républicaine avec Bruno Retailleau, où il s’occupe plus particulièrement d’agriculture, d’environnement et de la ruralité.

 

CV Jean-Louis Forain - cenacle europeen

 

Comme j’ai décidé de ne plus fourrer mon tarin dans le dossier des vins AOP-IGP, je vais faire chuter cette chronique sur une histoire à la Pax.

 

  • Que pensez-vous de ma collection de tableaux ? s’enquiert le banquier Rothschild qui l’a invité à dîner dans son hôtel particulier.

 

  • Pardon, mais mon opinion en tant qu’artiste ou invité ?

 

  • En vérité vous avez un esprit très mordant qui vous rend très méchant ; alors pourquoi diton toujours « ce bon Forain » ?

 

  • Vous savez bien, cher baron, qu’on dit toujours « ce pauvre Rothschild »

 

Jean-Louis Forain (1852-1931) illustrateur, peintre et graveur. Cité dans le dictionnaire de pensées humoristiques de José Artur

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