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29 mars 2018 4 29 /03 /mars /2018 06:00
La canadienne du père Arsène bouilleur ambulant lorsqu’il distillait la goutte avec son alambic mobile

Mon père, Arsène Berthomeau, exerçait la profession de bouilleur ambulant, du fait que nous avions des vignes il était aussi bouilleur de cru.

 

Il trimballait son alambic de commune en commune où les municipalités lui attribuaient, à proximité d’un point d’eau, un emplacement où les bouilleurs de cru venaient faire distiller leur goutte. L’activité était surveillée, comme du lait sur le feu, par l’Administration fiscale des Indirectes qui pouvait effectuer des descentes sur place à tout moment pour pincer les fraudeurs (de plus en plus nombreux depuis que le privilège avait devenu intransmissible *). Mon père tenait un registre dit 10 ter où il devait porter les matières à distiller et les degrés d’alcool pur obtenus.

 

Notez dans le canton de la Mothe-Achard 3519 électeurs 1666 bouilleurs de cru soit 47%

 

Il portait une canadienne car cette activité se déroulait en hiver au grand air.

 

Pour les amateurs des détails de ma vie amoureuse d’adolescent, l’un des points de distillation se tenait sur la commune de Sainte-Flaive des Loups. Mon père y avait un très bon ami et, un soir, après sa journée de distillation, il se rendit chez lui prendre l’apéro. Que vit-il sur la cheminée : une photo de ma pomme. Que faisait-elle là ? Réponse : c’est le petit ami de notre fille Marie Flore. Mon père sourit, j’avais je crois 15 ou 16 ans et la Marie Flore 20 ans. Il ne pipa mot à ma mère, il n’informa gentiment sans me faire la morale.

 

Mais revenons à la saga des bouilleurs de cru, le privilège des bouilleurs de cru, le droit qu'ils ont de faire distiller jusqu'à 10 litres d'alcool pur sans avoir à payer des droits d'accises. Cela s'appelle l'allocation en franchise. Les droits d'accises sont des droits indirects à la consommation dont le montant, pour ce genre d'eau de vie, est de 14,50 euros le litre d'alcool pur.

 

Les articles 315 et 316 du code général des Impôt qui considéraient comme bouilleurs de cru : - les propriétaires, fermiers, métayers ou vignerons qui distillent ou font distiller des vins, cidres ou poirés, marcs, lies, cerises, prunes et prunelles provenant exclusivement de leur récolte ; - les propriétaires, fermiers, métayers ou vignerons qui pratiquent la distillation de vins, marcs et lies provenant de vendanges ou de moûts chaptalisés dans les limites et conditions légales ; - les propriétaires de vergers, fermiers, métayers qui mettent en oeuvre des fruits frais provenant exclusivement de leur récolte pour la distillation.

 

Autrefois le bouilleur de cru avait le statut de propriétaire récoltant et bénéficiait d'une exonération de taxes ou « droit de bouillir » qui était transmissible par héritage.

 

Il a été supprimé en 1959 et ce droit s'éteint au décès des derniers détenteurs : il ne s'agit donc pas de la fin du bouilleur de cru, mais de la fin de son exonération, un privilège instauré par Napoléon pour ses grognards. Pas à l'individu mais au terrain dont il était propriétaire. Puis son fils, à son tour, et ainsi de suite.

 

Pierre Mendès-France, en 1959, a pris la décision par la voie législative, dans le cadre d'un plan national de lutte contre l'alcoolisme, de limiter la quantité d'alcool pur à 1 000 degrés, c'est-à-dire vingt litres d'eau de vie à 50 degrés par client et sans taxe. Une taxe importante était alors appliquée sur les litres supplémentaires. Ce privilège avait été accordé à celles et ceux qui avaient produit de l'eau de vie avant 1959 mais malheureusement n'était plus valable après la mort des ayants droit et non transmissible aux enfants.

 

Les distillations à domicile sont interdites. Les bouilleurs de cru doivent donc distiller ou faire distiller pour leur compte dans un atelier public ou dans les locaux des associations coopératives de distillation ou chez le bouilleur de profession dans les conditions fixées par l'administration des Douanes et des droits indirects. Les conseils municipaux ou les syndicats agricoles peuvent demander que soit ouvert au moins un atelier public de distillation par commune.

 

Mon père, Arsène Berthomeau, était un Bouilleur ambulant.  Le bouilleur de cru est souvent confondu avec le bouilleur ambulant. Ce dernier est celui qui œuvre, qui assure la transformation des fruits (ou vin, cidre, poiré…) en alcool, grâce à l’alambic. Le bouilleur ambulant peut être nommé un distillateur, mais ce terme est plus souvent réservé au monde industriel.

 

 

Pour terminer, quelques mots sur la canadienne cette veste trois quart arrivée en France durant les années 30. Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo dans Un Singe en Hiver réalisé par Henri Verneuil en 1962 portent une canadienne.

 

 

« Le vêtement est caractérisé par sa longueur à peine trois quart, ses poches ventrales, son boutonnage croisé et son col châle très enveloppant réalisé en feutre de laine dense, quand le corps est plus souvent en gabardine imperméable de coton ou de laine. Le col recouvert de laine de mouton est venu plus tard. »

 

Le vêtement puise en effet son origine autour des grands lacs Michigan et Huron. Plus précisément, ce manteau court fût développé et commandé vers 1811 pour vêtir les militaires d’un camp anglais, le Fort Saint Joseph. Il fut réalisé par des amérindiens qui lui donnèrent le nom de mackinac ou mackinaw d’après l’appellation du passage reliant les lacs Michigan et Huron, le détroit de Mackinac. Par la suite, les trappeurs et marchands rendirent populaires le modèle, chaud et utilitaire. Dans les années 20, il était très populaire, en particulier après des bûcherons et autres travailleurs en extérieur. L’armée américaine utilisa le modèle dès la première guerre mondiale et en 1938, le vêtement devint officiellement un uniforme, teinté en vert olive. La mackinaw pris le nom de Jeep coat. »

 

LE BLOG DE JULIEN SCAVINI

 

Commentaire : 19 octobre 2015 / 16:12

On retrouve aussi ce vêtement sous l’appellation de paletot croisé canadien.

 

Dans son ouvrage « 1940, le soldat français (Tome I) », Olivier Bellec nous apprend « qu’après quelques essais d’introduction de ce type de vêtements (vers 1918 pour les conducteurs du service automobile, 1930 pour les motocyclistes, 1937 pour les observateurs de la ligne Maginot), on rencontrera essentiellement cet effet chez les officiers et ce, à titre d’achat personnel. Le groupe franc de la 29ème DI sera exceptionnellement doté de canadiennes (de 2 types différents d’ailleurs) grâce à la générosité de sa marraine de guerre. ».

 

Je suis possesseur d’une canadienne en cuir dite aviateur.

 

 

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Published by JACQUES BERTHOMEAU - dans Billet

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