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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 00:08

 

Dimanche prochain nous serons loin du folklore des ventes des vins à la bougie, la 150ième édition de la vente des vins des Hospices de Beaune sera placée de plain-pied dans l’instantanéité de l’enchère mondialisée via la maison Christie’s. Mon titre ironique, puisé dans l’histoire lorsque Christie’s et Sotheby’s, « petites maisons anglaises traditionnelles en activité depuis deux siècles ont ouvert des bureaux à New York au milieu des années 60 » n’a plus rien à voir avec la réalité. « La rivalité entre Sotheby’s et Christie’s a été l’un des facteurs de l’explosion des prix dans le domaine de l’art. À elles deux, ces maisons séculaires contrôlent environ 80% du marché mondial des ventes aux enchères d’objets d’art. »

 

Frappées par la récession mondiale du début des années 80 Sotheby’s est rachetée par A. Alfred Taubman un géant des centres commerciaux américains, et Christie’s par François Pinault en 1989. Le marché de l’art connaît tous les 10 ans des crises (crise japonaise en 80, l’effondrement immobilier en 90, éclatement de la bulle Internet et en 2008, les subprimes puis la crise mondiale. Cependant, « sur la durée, le chiffre d’affaires n’a cependant pas cessé d’augmenter : Christie’s, qui faisait 2,3 milliards de $ (1,4 milliard d’€) en 2000 et se trouvait en tête des opérateurs mondiaux, se place toujours en tête des opérateurs mondiaux, se place toujours au même rang, quasi à égalité avec Sotheby’s. Une différence, toutefois : leurs chiffres d’affaires respectifs tournaient en 2008, autour de 6 milliards d’€ (en 2009 ce chiffre a été divisé par 2). Ces grands opérateurs ont en effet diversifié leurs activités dans les ventes d’immobilier, de vins, de chevaux, de voitures de luxe, les assurances, les garde-meubles sécurisés, les services aux clients. »

 

Les ventes de ces 2 grandes maisons ne représentent pas la majorité des transactions du secteur mais les prix y servent de référence pour la fixation des prix des œuvres er la cote des artistes. « Si, dans l’une de leurs grandes ventes du printemps ou de l’automne, à Londres ou à new-York, un peintre ou un créateur bat le record de prix qu’il avait atteint auparavant et entre dans la catégorie des « cents premiers prix atteint dans l’année aux enchères », sa carrière est faite. Ainsi que celle de son marchand ou de la galerie qui le représente. » Ces ventes sont très médiatisées mais ne représente « que la partie visible de l’iceberg. La plus grosse part de l’activité du commerce de l’art passe par les marchands, les courtiers, les galeristes, les antiquaires et les autres opérateurs de ce que l’on appelle le « marché gris ». Par construction, aucun montant chiffré des transactions ne peut être avancé car la discrétion, le secret sont la règle, le liquide et les paradis fiscaux aussi. « On avance un chiffre total de 50 milliards d’€ pour l’ensemble du marché de l’art. » Les relations entre tout ce petit monde sont complexes, ils se tiennent tous par la barbichette « Les marchands comme les courtiers font partie des meilleurs clients des maisons de ventes. Ils achètent et vendent des œuvres aux enchères comme n’importe quel collectionneur. Mais il leur arrive aussi fréquemment, lorsque le marché faiblit, de soutenir en ventes publiques la cote d’un artiste auquel ils sont liés. »

 

Marché de l’art ou marché tout court ? Dire qu’ils obéissent aux mêmes règles est déjà mal vu mais comme le dit José Frèches, qui n’a rien d’un gauchiste échevelé http://www.josefreches.com , « un artiste reconnu n’est rien moins qu’une marque » et « artistes et entrepreneurs sont des aventuriers qui n’ont pas peur de prendre des risques. » Alors, si ce matin, j’ai vous ai lancé sur cette piste qui a pu vous paraître à 100 lieues de vos préoccupations professionnelles c’est que je crois sincèrement que celles et ceux qui dans le monde du vin affrontent la mondialisation devraient lire l’excellent livre de Danièle Granet et Catherine Lamour « Grands et petits secrets du monde de l’Art » chez Fayard, dont sont tiré les citations de cette chronique. Passionnant et instructif, facile à lire dans un avion, un TGV ou le soir après diner ce qui me semble mieux que de regarder la télé.

photo-art-contemporain.jpg 

 

Fine Wines

 

Geneva - Tuesday, 16 November 2010

Sale no: 1377 - Top Ten

[All sold prices include buyer’s premium]

 

Sold:

SFr. 6,028,398

$ 6,040,454

€ 4,442,929

Lots Sold: 967

Lots Offered: 1,000

Sold by Lot: 97%

Sold by SFr: 99%

Exchange Rates: SFr.1=$1.002 ; SFr.1=€0.737

 

Lot

Description

 

Estimate (SFr.)

 

Purchase Price

Buyer

281

Château Cheval-Blanc -- Vintage 1947
1 imperial

SFr.150,000-250,000

SFr. 298,500

$ 299,097

€ 219,994

Anonymous

282

Château Cheval-Blanc -- Vintage 1947

1 jeroboam

SFr. 90,000-150,000

SFr. 230,000

$ 230,460

€ 169,510

Anonymous

330

A vertical of Château Mouton-Rothschild from vintages 1945 to 2007

Above 64 bottles

SFr. 60,000-80,000

SFr. 132,250

$ 132,514

€ 97,468

Asian Private

283

Château Cheval-Blanc -- Vintage 1947

1 marie-jeanne

SFr. 40,000-60,000

SFr. 109,250

$ 109,468

€ 80,517

Anonymous

285

Hermitage, La Chapelle -- Vintage 1961

2 magnums

SFr. 65,000-85,000

SFr. 109,250

$ 109,468

€ 80,517

European Trade

290

Château Lafite Rothschild -- Vintage 1982

12 bottles

SFr. 40,000-60,000

SFr. 86,250

$ 86,422

€ 63,566

Asian Private

291

Château Lafite Rothschild -- Vintage 1982

12 bottles

SFr. 40,000-60,000

SFr. 86,250

$ 86,422

€ 63,566

Asian Private

292

Château Lafite Rothschild -- Vintage 1982

12 bottles

SFr. 40,000-60,000

SFr. 86,250

$ 86,422

€ 63,566

Asian Private

912

Romanée-Conti -- Vintage 2005

6 bottles

SFr. 55,000-75,000

SFr. 86,250

$ 86,422

€ 63,566

Asian Private

284

Château Cheval-Blanc -- Vintage 1947

1 magnum

SFr. 20,000-40,000

SFr. 59,800

$ 59,919

€ 44,072

Anonymous

 

 

 

 

 

 

David Elswood, International Head of Christie’s Wine Department: We are extremely pleased to have established the world record price for any bottle of wine at auction, selling the unique imperial of Château Cheval Blanc 1947, endorsed and reconditioned at the Château in 2010, for $ 304,375. We are also proud to announce that our first ever Evening Sale dedicated to the wines of Domaine de la Romanée-Conti achieved a combined total of over $ 2 million, setting many new impressive reference prices for vintages from 1937 to 2007. Buyers from 20 different countries registered for this memorable sale which totaled more than $ 6 million, selling over 99% by value”.

Press Contact:

Cristiano De Lorenzo    +44 7500 815 344 / +44 207 389 2283    cdelorenzo@christies.com

Next Wine Sale in Geneva:

17 May 2011

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 09:26

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, la maxime s’applique aussi bien pour ma pomme que pour JP Coffe qui « un pantalon vert assorti à ses grosses lunettes rondes, une veste violette » a trouvé chez Dominique Piron, vigneron à Villié-Morgon, « le Beaujolais Nouveau de ses rêves ». Réhabilitation, réconciliation, photos, JPC assume ses propos anciens, il a changé d’avis. Fort bien, Don’t acte, mais il faut tout de même préciser que son déplacement médiatisé il le fait en tant que sélectionneur de la cuvée de Beaujolais Nouveau des enseignes Leader Price et Franprix : 27 000 bouteilles vendues au prix de 4,25€ (on me précise qu'il ne s'agit que de Leader Price)

 

Jean-Pierre Coffe est satisfait « J’ai retrouvé ce beaujolais d’il y a 30 ans, ce vin de convivialité, d’échange, de plaisir. On peut les boire comme on veut, quand on veut, c’est une qualité que beaucoup de vins n’ont pas, ce n’est pas si facile. Aujourd’hui, je veux du fruit frais, et surtout pas de la banane et du cassis. Je suis vraiment très content de la cuvée ».

 

Pour Dominique Piron « cette reconnaissance et cette réhabilitation sont importantes » note la journaliste du Progrès de Lyon. « Nous avons souffert de cette image unique à toutes les sauces, explique-t-il. Bien sûr il y a beaucoup de coupables, mais la nouvelle génération est très intéressante, elle a un regard neuf. Nous sommes réunis aujourd’hui autour du beaujolais nouveau, mais je crois qu’il est entrain de redevenir doucement à sa vraie place, un évènement festif. Il n’est plus une locomotive, les crus ont pris le pas, ce qui est une très bonne chose. »

 

L’ordre règne donc à nouveau et, en tant que promoteur de l’opération « Grand Corps Malade », j’en prends acte avec plaisir même si je me dois de noter que le temps des tambours et des trompettes médiatiques est plus bref, plus intense, plus consensuel sans que pour autant le temps tout court, celui de la vie de tous les jours, disparaisse sous les flonflons de la fête.

 

Avant d'en finir, une petite question de journaliste : combien de références Beaujolais Nouveau dans le groupe Casino, dont font partie Franprix et Leader Price, en 2000 et combien aujourd'hui ? Et combien de bouteilles commercialisées il y a 10 ans et aujourd'hui ? Bien sûr, c'est très terre à terre mais je croyais que le métier de journaliste c'était de rapporter des faits plutôt que d'être des hauts parleurs de... qui que ce soit. Même les meilleures causes ont besoin de bons avocats...

 

Reste ce petit billet d’humeur de Jean-Didier Derhy du Progrès qui est très représentatif d’un état d’esprit bien français.

 

 

                         RETIRÉ

 

Suite à mon premier mail, je vous serais reconnaissant de bien vouloir retirer  de votre site la reproduction d’un article du Progrès (billet d’humeur)  qui a été effectué sans autorisation.
Conformément à la législation sur les droits d’auteur et sur la propriété intellectuelle.
Au plaisir de vous lire  dans vos chroniques
cordialement
 
 
Jean-Didier Derhy

Bon, moi je croyais qu’un chantre c’était plutôt quelqu’un qui chantait les mérites de... je ne savais pas que Coffe fut quelqu’un qui chantât la malbouffe... Pour le reste des propos à chacun de vous de comprendre l’humeur de JD Derhy...

 

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 00:09

J’ai longuement hésité pour un titre à la Libé du type « En passant par la Lorraine avec mes sabots bio... », « JP Géné aime les recettes... les recettes d’El Bulli... » et si j’ai penché pour « La traçabilité de JP Géné : l’esprit du Libé des origines... contrôlé bien sûr... » en compressant un peu comme César c’est pour une double raison : sa dédicace (voir photo) et l’empreinte – Si je puis dire – de Libé sur son parcours professionnel « Fin 1974, je suis entré à Libération. J’y suis resté jusqu’en 1995 avec une parenthèse de 1981 à 1985. J’y ai vécu les plus belles années de ma vie de journaliste. Plusieurs se sont essayés à raconter la naissance et le succès de ce journal, privilégiant rapport de force, querelles idéologiques ou rivalités personnelles mais négligeant l’essentiel : Libé c’était le bordel le plus total où tout était possible. »

 

 

  photo-jpg-2.jpg

 

 

 

« Mes chemins de table »  chez hoëbeke, le livre de JP Géné, présente tout de même par rapport à la prose « libératrice » de beaucoup de journalistes de l’ex-journal de Serge July, dit Amédée le brochet dans le livre de son camarade Olivier Rolin « Tigre en Papier » je cite « Mandibule osseuse, profil hydrodynamique, gare à vous gardons... [...] Journaliste célèbre * aujourd’hui, cultive l’apparence d’un capomafia, cheveux gominés, grosses chevalières... », la supériorité d’une belle écriture, d’un style précis, enjoué, parfois moqueur. Son livre n’est pas une suite de papiers pour solde de tout compte mais de vrais chroniques bien bâties, fouillées, documentées et intelligentes. Moi qui suis fortement allergique aux chroniques, dites gastronomiques, j’ai lu le livre de JP Géné bouchée par bouchée avec facilité le soir, dans mon lit

 

 

sans piquer du nez.  photo-jpg-3.jpg

 

 

De ce livre, la partie racinaire m’a enchanté, ému parfois, touché souvent par sa franche vérité : «  Je suis un enfant de la Mirabelle et du planché huilé avec la quiche lorraine et Jules Ferry comme tuteur. La Meurtre et la Moselle, le derby Nancy-Metz et, par temps clair, la ligne bleue des Vosges comme unique horizon » c’est ainsi que JP Géné plante son soc dans le premier sillon. Baby-boomer comme moi, mais enfant de la communale lui, de l’école laïque comme on disait dans ma Vendée confite de bondieuseries, c’est un « rural » un gars du bourg pas un fils de crotté mais comme bibi mais nous partageons les mêmes valeurs, les mêmes goûts de sauvageons, le sens du geste en cuisine et l’art de savoir acheter les bons produits étant entendu que JP Géné opère en Champion’s League et moi en DH départementale. Il a conduit « en roulant des mécaniques » le Massey Ferguson de l’Albert pendant que je tournais autour des Société Française de mon père Arsène sur lesquels j’avais tout juste le droit de monter. Donc, c’est l’évidence, le courant passe entre le petit lorrain à qui son grand-père disait « tu sens la vache » lorsqu’il rentrait tout crotté de chez l’Albert et la Germaine et moi le petit vendéen qui allait les garder, les vaches normandes du pépé Louis.

 

En guise de mise en bouche un petit extrait de ces Chemins de table – qui sont à l’origine des décorations de table : fleurs, pétales de fleurs dressées par la maîtresse de maison pour une grande occasion... maintenant vendues en kit, quelle horreur ! – que j’ai choisi parce qu’on y picole. Est-ce l’esprit du temps ou le peu de goût des rédac-chef pour tout ce qui touche au vin, notre ami Géné, qui ne crache pas sur le jus fermenté du raisin, n’est pas un adepte de l’accord mets-vins.

 

« Ils approchaient (l’Albert et la Germaine) la soixantaine, cultivaient encore une quinzaine d’hectares et élevaient une dizaine de vaches, deux chevaux, le cochon et la basse-cour. C’était pour moi la ferme idéale où je pouvais aller « feugner » (traîner en patois lorrain) à loisir et les accompagner dans les travaux des champs. Avec eux j’allais chercher les vaches, retourner le foin, dresser les gerbes de blé en chapeau, ramasser les œufs ou les patates et regarder, stupéfait, la fermière pisser debout dans les prés. Pour le « quatre heures » il y avait toujours du mauvais saucisson, de la Vache qui rit et un verre de piquette mouillé d’eau. Je me régalais.

 

Le Totor (Victor), lui, ne mettait jamais d’eau dans son vin. Il le buvait dans des verres Duralex que la lumière du jour peinait à transpercer tant ils avaient servi. Avec son frère Édouard, tous deux vieux garçons, il partageait un logis où seul un esprit averti pouvait distinguer l’espace réservé aux bêtes de celui dévolu à l’homme. Chez eux ça sentait le bouc, la vieille pipe et la vaisselle de la semaine. C’est pour ça qu’on les aimait. Le Totor était le plus propre, car il devait se laver les mains deux fois par jour pour la traite et il avait un pif extraordinaire, rouge comme une betterave en perpétuel bourgeonnement. L’Édouard, regard malicieux sous son béret moulé à l’occiput, avait le visage buriné par la terre dont il avait pris la couleur. Parfois, le dimanche, il troquait le béret contre un casque, enfourchant sa moto de marque Terrot pour une destination inconnue dont il revenait à la nuit tombée. Au bruit de la pétarade, tout le village murmurait derrière les volets déjà clos : « V’là l’Édouard qui rentre ! Où qu’c’est qu’il a ben pu encore aller ? » Lorsqu’on voyait le Totor s’esbigner par la ruelle de la Catherine à l’heure de la messe dominicale, chacun savait où il allait. Dans les bois, relever ses collets. Et toujours de retour avant que les fidèles ne sortent de l’église pour ne pas être surpris avec la musette pleine. La vie au village, c’était les Deschiens grandeur nature. »

 

 

  photo-jpg-1.jpg

 

 

 

Et puis le petit lorrain est « entré dans Paris par les Halles » et c’est ainsi qu’il est « devenu un usager averti et régulier des restaurants parisiens, que peu à peu j’y ai retrouvé mes cantines en rapport avec mes goûts et mes moyens et que, bon an mal an, j’ai appris à savoir où manger correctement en me promenant dans notre beau pays. Une fois la frontière passée, c’est autre chose. J’allais le découvrir. » Les Chemins de Table sont donc à la fois une aventure gustative et littéraire où JP Géné nous fait partager ses découvertes, ses émotions, son art de transformer une recette en une sorte de fenêtre sûr. Face à la profusion des beaux livres papier glacé avec photos bien léchées incorporées notre homme oppose la résistance du puriste, de l’anthropologue, du défenseur du bien mangé. Bref, vous saurez tout sur presque tout, en vous baladant sur ses lignes : pas de spaghetti à Bologne, ma madeleine à moi (de Commercy bien sûr), le crabe poilu à Shangai, la paella de Pepita... etc.

 

Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes si entre JP Géné et moi ne se dressait un désaccord profond. Rien à voir avec sa fréquentation assidue et professionnelle des étoilés qui sont comme chacun sait les cantines de gens qui sont parmi les plus soucieux du devenir de l’humanité. C’est le soixante-huitard qui bouge encore et qui pense que certains combats ne supportent pas certaines proximités (la pétition de la Conf’Pé en était un bel exemple). Mais bon, ce désaccord n’a que l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette au regard de celui qui nous oppose à propos du riz au lait. Comment Géné ose-t-il écrire que le riz au lait est « un dessert de dégonflé qui n’ose pas courir le risque de la troisième cuisson, celle qui en fera ce gâteau moelleux et parfumé, hélas maltraité par trop de plâtriers-pâtissiers. » ? C’est une attaque frontale contre le brave riz au lait de la tante Valentine, un délit aggravé de parisianisme culinaire, la preuve flagrante des ravages de l’élitisme gustatif... Je hais tant le gâteau de riz avec son caramel qui bave sur les bords du plat que je serais capable de l’utiliser pour « entarter »  le Ministre de la Culture inaugurant la Semaine du Goût qui, comme chacun sait, est la créature du lobby sucrier. Pouah, le sucre, le sirupeux, ça vous empâte la bouche, ça masque, ça farde, le gâteau de riz n’est qu’une poule de luxe chichiteuse, une escort-girl bodybuildé pour footballeur friqué moi je préfère la fraîcheur, l’ingénuité, la simplicité d’un vrai riz au lait cru de vache Jersiaise (lire la chronique 27:02/2008 Recherche pouvoir d'achat désespérément qui fleure bon la vanille Bourbon et qui vous donne envie d’aller vous rouler dans l’herbe avec une Perrette portant des dessous en coton blanc, bio bien-sûr...

 

Bien évidemment JP Géné et moi ne viderons pas cette querelle de riz au lait en un duel à l’épée sur le pré mais plus sûrement à coup de fourchettes au Baratin qu’en a une au Michelin. « Une ardoise alléchante, des prix sages, un choix de beaux vins. » Jean-Pierre choisira le solide et moi le liquide, ce ne sera pas un chemin de croix mais un chemin de table fort agréable...

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 00:09

Mon degré de rouerie, tel celui d’un grenache frappé par les excentricités du réchauffement climatique, n’a aucune limite. Ce matin je vous embarque dans un titre qui fleure bon la Boîte de Nuit, lieu mythique, où aux temps anciens la drague façon Guy Bedos/Sophie Daumier avait droit de cité : « accroche-toi Jeannot ! La nuit est à nous... », le slow langoureux, interminable sur « night in white satin » des Moody Blues, le whisky baby, les lumières tamisées, les spots aux lumières psychédéliques, le panty des filles et nos pat’d’eph...

 

Désolé chers lecteurs mais ceci s’apparente à un passement de jambes à la Zidane. Je ne sais si je l’ai réussi, mais je l’ai tenté. En effet, mon propos matinal est encore plus terre à terre, disons alimentaire. Je ne doute pas un seul instant que vous allez, cette fois-ci, me délivrer sans hésiter le diplôme du Meilleur Barjot de France mention TB. Je me lance : nous vivons nous les urbains, plus encore que les ruraux, dans un univers de plus en plus intégré où, au plus petit incident, panne d’électricité généralisée de longue durée par exemple, tout le système qui nous entoure, nous borde, risque de s’effondrer en cascade. Alors, tout en pédalant je me suis dit, « Berthomeau, même si on pense que tu as un petit vélo dans la tête, prépare-toi une ration de survie... »  

 

 

D’où l’idée de la boîte, vous me suivez ? Un scénario à la René Barjavel dans Ravage « qui présente le naufrage d'une société mécanisée, dans laquelle, un jour, l'électricité vient à disparaitre. Les habitants, anéantis par la soudaineté de la catastrophe, sombrent dans le chaos, privés d'eau courante, de lumière et de moyens de déplacement... Un étudiant en chimie agricole, François Deschamps, décide avec quelques autres personnes, de quitter Paris, mégapole de vingt-cinq millions d'habitants, en proie à l'anarchie et aux flammes pour retrouver son village d'enfance en Provence. Il espère pouvoir y reprendre une vie normale mais paysanne... Mais le chemin est long et difficile, pour ceux qui n'ont jamais connu autre chose que le confort qu'offrent la technologie et la science. »

 

Ainsi, moi, après l’apocalypse technologique qui nous guette, avec mon petit vélo, ma trousse de survie accrochée à mon guidon pour me procurer ma ration minimale de calories, je pédalerai guilleret jusqu’à ma vieille Vendée pour y trouver refuge entre ce qui reste de bosquets et de prairies naturelles épargnés par les « bouchers du remembrement » qui se sont reconvertis maintenant dans l’écologie.

 

Bref, la constitution d’une trousse de survie doit répondre à quelques règles simples : faible encombrement, utilisation de la nourriture sans cuisson, dates de péremption de longue durée, emballage résistant aux intempéries...  Bolduc-9323.JPG

Sur cette base j’ai donc sélectionné pour ma trousse de survie :

- une boîte de sardines à l’huile

- 2 boîtes de thon blanc au naturel

- une boîte de corned-beef

- une boîte de haricots verts extra-fins

- quelques figues sèches (emballées sous film alu) et quelques noix

- quelques petits fromages de chèvre secs (emballé sous film alu)

- une canette de vin ou une ½ bouteille à vis (la 1ière plus légère mais ne se referme pas, la seconde peut se briser)

- un couteau suisse+ une petite boîte alu pour stocker les restes+1gourde Bolduc-9320.JPGL’actualité, plaide en faveur de mon scénario catastrophe. L’odyssée du paquebot Carnival Splendor qui a connu une sérieuse avarie au large de la côte pacifique du Mexique est en phase avec mes propos matinaux. En effet après qu’un incendie se fut déclenché dans la salle des machines et que le feu fut maîtrisé sans que personne n'ait été blessé l'équipage n'a pas réussi à rétablir l'électricité et le navire était à la dérive lorsque Carnival a émis un communiqué relatant l'incident. Selon le communiqué, les 3,299 passagers avaient la possibilité d'accéder à leur cabine et on leur distribuait de l'eau et des repas froids. Mais l'air climatisé, les toilettes, les repas chauds et les téléphones étaient inopérables. Les gardes côtes américains ont déployé un avion et des navires d'intervention qui sont en route vers le navire en détresse. Par ailleurs ce matin le porte-avions USS Ronald Reagan a été dérouté pour se positionner à proximité du Splendor pour permettre l'acheminement de matériel par hélicoptère.

swissarmius-main-01.jpg  gourde10.jpg

Donc, comme vous pouvez le constater, je ne suis pas totalement délirant mais comme dirait l’autre : à toute chose malheur est bon. Je m’explique dans mon scénario Ravage 2 l’accès à l’eau potable serait très problématique donc la fameuse citation de Pasteur redeviendrait d’une actualité brûlante : « Le vin est la plus saine des boissons. » Vous imaginez aisément le boom sur le nectar. Comme je ne suis pas là pour écrire un livre, je me sens pourtant très houellebecquien ce matin, je m’en tiens à ma descente vélocipédique vers ma terre natale qui croiserait, vous vous en doutez, sur sa route quelques vignerons qui se feraient un plaisir d’emplir ma gourde de vin, de me refiler un quignon de pain avec un bout de lard... Je pourrais même chanter : « à bicyclette »...   

 

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 00:09
Tom Waits ! Une gueule d'enfer, sombre, une dégaine de bagnard sorti du film de Jim Jarmuch Dawn by Law, un déglingué distingué, une voix de gorge, shaker de Rock et de Blues,  remplie d'effluve d'alcool et de tabac Jockey full Bourbon, un déjanté radical, un iconoclaste drôle, un décalé tout droit sorti des Bas-fonds de Chicago, un mec qui chante pour les paumés et les égarés de la vie... Waits possède une voix reconnaissable entre tous, décrite un jour par le critique Daniel Durchholz  comme trempée dans un fut de Bourbon séchée et fumée pendant quelques mois, puis sortie et renversée par une voiture. Encore un grand Monsieur du Rock !

C'est également un grand acteur qui a joué dans Short Cuts de Robert Altman, Dracula de Francis Ford Coppola, Coffee and Cigarettes, Down by Law de Jim Jarmush dont il a écrit la bande son qui est une petite merveille  


Tom Waits - Downtown Train
envoyé par Like_Finger. - Regardez plus de clips, en HD !

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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 00:09

tofin11.jpg

Comme je pérégrine beaucoup répondant en cela aux sollicitations aussi nombreuses que variées je suis frappé par la prolifération des « maîtres de la pensée vigneronne », ceux qui pensent que, ceux qui indiquent le chemin à ces braves vignerons : voie unique à sens unique à prendre obligatoirement, ceux qui s’autoproclament détenteurs de la vérité. Tout ce petit monde, s’agite, plastronne, se démène, vibrionne, interpelle. Normal ils sont des phares, des balises, des repères sans qui les pauvres « barquasses » vigneronnes déboussolées iraient inexorablement s’échouer sur le sable de rivages incertains, voire même se fracasseraient sur les récifs acérés du monde mondialisé. Bien sûr, ils font aussi un peu de commerce, de papier ou de vin, faut bien vivre mon brave, mais ils subliment le vil côté mercanti par leur vocation messianique.

 

Pour ne rien vous cacher ils me saoulent si je reste poli et, pour être plus direct, ils font chier tout le monde, les vignerons tout particulièrement. Tous ces « maîtres à penser en chaise longue », ces biens assis, ces biens nourris, dont l’échelle de pensée se situe à la longitude de leur intérêt bien compris, à la hauteur de leur resto, échoppe ou autre fonds de commerce, se soucient comme d’une guigne de l’état du monde, des gens de peu, de tous ces pousseurs de caddies ignorants, de ce qui se passe au Brésil, en Chine, en Inde, au Chili, en Argentine ou en Nouvelle-Zélande... Peu leur chaut, tout ça c’est de la broutille, l’important pour eux se résume à quelques quilles bichonnées par de braves vignerons, bien enracinés dans leur terroir, qui se rallient à leur beau panache blanc de gens qui pensent à la place des principaux intéressés et qui bien sûr ne leur veulent que du bien. Désolé les poteaux vous tirez un peu court et comme le dit avec pertinence Henri Nallet dans son livre ce réductionnisme qui tendrait à nous cantonner dans une production, certes à haute vocation qualitative, mais s’adressant essentiellement à des portefeuilles bien garnis est une vue de l’esprit qui nous mènerait vers une agriculture et une viticulture ne produisant que pour des nantis.

 

Les urbains que nous sommes, avant de monter en chaire pour exhorter le petit peuple vigneron, ou paysan d’ailleurs, à rejoindre les belles et magnifiques chapelles dont les clés sont entre de bonnes mains, ferions mieux de commencer par balayer devant notre porte en ayant dans notre vie de tous les jours des comportements respectueux de cette nature pour laquelle nous demandons le respect (sans ironiser je demande une déclaration obligatoire de la cylindrée des autos des hérauts du retour à des comportements plus respectueux de la nature sinon je prends des photos dans les parkings des manifestations dites bio où les 4x4 des clients sont légions). En effet, nous sommes majoritaires, nous les urbains, et nos discours sont trop souvent à 100 lieux de notre pratique. Alors avant d’excommunier les gens d’en face au nom d’un principe de pureté ou de naturalité ou, en inversant l’oukase, en traitant les viticulteurs bios de traîne-lattes, les bio-dynamistes d’illuminés et les «natures » de producteurs de vins qui sentent tous la bouse de vaches, il me semble qu’à minima nous pourrions faire notre propre bilan d’impact sur notre environnement. J’ai comme l’impression qu’il y aurait quelques surprises.

 

Je ne souhaite pas ce matin revenir sur le fond du débat ou des débats, exhumer les controverses récurrentes, par ailleurs stériles, mais simplement demander à tous ceux qui gravitent autour des vignerons, petits ou grands, de remplir en priorité au mieux leur fonction, quelle qu’elle soit, avant de se transformer en père prêcheur au service d’une cause aussi juste soit elle. Par ailleurs, je tiens tout de même à souligner que lorsque l’on lève son nez un peu au-dessus de son verre de vin, que l’on ouvre son angle de vision, il est possible alors de s’apercevoir que des proximités étranges entre les néolibéraux et ceux qui veulent réduire l’emprise de l’agriculture dans nos vieux pays. Instruire le procès du productivisme, de ses excès, de ses dégâts est chose aisée mais une fois l’acte d’accusation dressé se contenter d’externaliser, de se débarrasser de ces élevages qui puent, polluent, alimentent la malbouffe, de mettre une croix sur les grandes cultures c’est jeter le bébé avec l’eau du bain. La conséquence ultime de ce modèle qui ne propose, comme seule alternative à une agriculture productive, une agriculture néo-artisanale à forte valeur ajoutée c’est la délocalisation sur le modèle de l’industrie textile. Laisser croire par exemple que le modèle du Comté va sauver l’ensemble des petites exploitations laitières c’est se tromper et surtout tromper les producteurs. Nos voisins allemands peuvent en effet pourvoir sans problème à notre approvisionnement en lait de consommation.

 

Si je fais référence à la production de lait, mais j’aurais pu aussi bien prendre l’exemple de la production de poulet de Bresse, de Loué ou en batterie ou celle de viande bovine par des éleveurs des bassins allaitants ou simple sous-produit de la production laitière, alors que je m’adresse à des passionnés de vin c’est que la démarche qualitative avec ses différentes déclinaisons n’est pas antinomique avec la promotion d’une agriculture productive respectueuse de son environnement, plus durable, plus responsable. Il faut savoir sortir de l’univers des clichés, accepter de prendre en compte l’ensemble des données, sortir de son petit pré-carré, ne pas s’en tenir à une forme de manichéisme qui classe d’un côté les bons – ceux de sa chapelle – et les pas bons : les autres. Ma vision n’a rien d’angélique, de naïve, je suis conscient des rapports de force, des résistances, des lobbies des fournisseurs d’intrants, du poids de la grande distribution, mais pour autant je suis profondément et viscéralement hostile aux petits marquis de la ville, tout particulièrement ceux qui passent leur temps chez les étoilés, qui viennent porter la bonne parole à ces pauvres paysans, vignerons ou autres éleveurs qui se doivent bien évidemment d’être tous des gars produisant pour le haut du panier. Malheureusement j’ai rarement vu qui que ce soit vivre de bonnes paroles.

 

Pourquoi me direz-vous cette soudaine colère, ce prêchi prêcha ? C’est l’histoire du petit caillou qui se glisse dans votre chaussure et qui, aussi minable soit-il, si vous ne vous en débarrassez pas, rend votre démarche difficile, pénible. Alors c’est ce que j’ai souhaité faire ce matin, m’en débarrasser, à la suite d’une séquence où j’ai eu l’occasion de mieux appréhender la problématique alimentaire mondiale, en écoutant des acteurs, opérateurs sur le marché mondial, des chantres pontifiants des aménités environnementales, en lisant plusieurs livres dont celui de Henri Nallet, en me plongeant pour des raisons professionnelles dans des études sur la survie de nos bassins allaitants (races à viande), en laissant traîner mes oreilles dans les travées de lieux de dégustation.

 

Bien évidemment le vin n’entre pas dans la question de l’autosuffisance alimentaire mondiale mais la vigne occupe chez nous des territoires parfois difficiles, elle a une fonction environnementale de premier ordre, elle est un grand pourvoyeur d’emplois, d’activités, de vie rurale et nos vins depuis des décennies sont les poids lourds de notre balance commerciale agro-alimentaire. Qui plus est, par rapport au restant de notre agriculture, fortement intégré dans le système agro-alimentaire, notre viticulture s’appuie sur un modèle spécifique privilégiant la valeur ajoutée par le producteur.

 

Ce qui implique en clair, au-delà de tous les discours groupusculaires ou majoritaire, que le vin, tous les vins y compris les grands, sont « condamnés », à emprunter une démarche de viticulture de précision, retrouvant la culture des sols, minorant au maximum les intrants, gérant à l’optimum la ressource en eau, les effluents, se préoccupant de l’emprunte carbone de son process, de sa distribution. Mais cette ardente obligation ne peut se traduire dans les faits sur la base des seules bonnes paroles des petits marquis urbains. L’éditorialiste du Vitisphère de cette semaine, se cantonnant prudemment dans le simple constat, écrit  « Vin de Bordeaux : la catastrophe annoncée…Dans les chais de la Gironde, les « bons » millésimes se succèdent. Mais rien n’y fait, les prix notamment dans les appellations de Bordeaux et Bordeaux sup suivent une pente douce depuis 2003. Une pente de moins en moins douce !

Dans les difficultés du vignoble de France le plus réputé, se dessine un scénario périlleux pour l’économie de notre pays. A l’ombre des grands crus aux prix vertigineux, (dans les cas extrêmes, il faut vendre un tonneau de vin, soit 900l pour acheter une bouteille de grand cru !) , survit une viticulture qui doit s’aligner sur les prix mondiaux, c'est-à-dire entre 40 et 60 euros pour les vins sans IG, entre 50 et 90 euros pour les vins avec IGP, de 80 à 110 euros pour la majorité des AOP. Ce scénario est bien en place en Languedoc, il a ruiné le Beaujolais, et sérieusement affaibli les Cotes du Rhône… A qui le tour ? ou plutôt comment inverser ce scénario avant que le vin ne soit moins cher que l’eau ! »

 

Ce n’est pas sur la base d’une « chirurgie de champ de bataille », telle que celle qu’a connu notre sidérurgie, ou d’un lent et inexorable déclin du type de celui vécu par notre industrie textile et qui est sous nos yeux dans les bassins allaitants, que le socle de notre viticulture pourra investir – ce n’est pas un gros mot l’investissement n’étant pas que financier mais aussi humain – dans cette viticulture de précision permettant de faire vivre côte à côte, en symbiose, en synergie comme on dit, des modèles viticoles correspondant aux vins que demandent les consommateurs. Nous pouvons, comme l’écrit le Professeur Pitte, abandonner la viticulture dite productive – qui n’est pas synonyme de faire pisser la vigne et massacrer l’environnement – aux nouveaux entrants. C’est un choix. Pour moi, il doit rester entre les mains des vignerons eux-mêmes, de leur expression collective mais... là je n’en dirai pas plus car je n’ai nulle envie de me faire pendre en place de Grève...  

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 00:09

« L’agriculture est le premier, le plus utile, le plus étendu et peut-être le plus essentiel de tous les arts. » cette citation de Denis Diderot tirée de l’Encyclopédie ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers (1751) ouvre l’Atlas de l’Agriculture de Jean-Paul Charvet publié chez Autrement, sous titré Comment pourra-t-on nourrir l’humanité en 2050 ?

 

La pertinence de ce jugement, émis à l’époque des physiocrates, « malgré la diversification croissante des activités humaines, la production des denrées alimentaires demeure le secteur d’activité le plus répandu de la planète :

-         en 2010, près de 40% de la population active mondiale se trouvait encore employée dans l’agriculture. 

-         Le nombre d’agriculteurs continue d’ailleurs à croître, en valeur absolue, à l’échelle de la planète [...]

-         Si l’on ajoute à l’effectif total des agriculteurs celui des personnes employées dans les secteurs économiques en amont [...] et en aval [...] de la production agricole, on arrive à des chiffres plus élevés.

-         Avec les filières agro-alimentaires, y compris les activités de restauration, 55 à 60% de la population mondiale travaillent aujourd’hui à la satisfaction d’un besoin quotidien incontournable des hommes : celui de leur nourriture. »

 

Comme le souligne Jean-Paul Charvet « actuellement, plus d’un milliard de personnes survivent en situation de sous-alimentation chronique, ce qui correspond à une progression de près de 200 millions de personnes par rapport à la situation des années 1990, et 2 milliards de personnes continuent à souffrir de malnutrition en raison de régimes alimentaires déséquilibrés et/ou de carences alimentaires diverses »

 

Le défi que va devoir relever l’agriculture mondiale est d’envergure : en « partant d’une situation actuelle déjà loin d’être satisfaisante, qu’en sera-t-il en 2050 lorsqu’il faudra pouvoir satisfaire les besoins alimentaires, non plus, de 6 milliards de personnes comme c’était le cas en l’an 2000, mais de 9 milliards ? »

 

En parodiant la fameuse phrase apocryphe : « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas » attribuée à André Malraux (l’auteur des Antimémoires n’a jamais prononcé cette phrase. Il a même précisé à Pierre Desgraupes (Le Point, 10 novembre 1975) : « On m’a fait dire : « le XXIe siècle sera religieux ». Je n’ai jamais dit cela bien entendu, car je n’en sais rien.), il n’est pas grandiloquent d’affirmer au terme de la 1ière décennie de ce siècle que « le 21 siècle sera agricole ou ne sera pas. »

 

Les dimensions de cet Atlas de l’Agriculture – 79 pages – ne lui permettent pas, bien sûr, d’aborder et d’approfondir toutes les problématiques mais il apporte, sous une forme claire, parlante – 100 cartes et infographies de Claire Levasseur – un éclairage qui peut permettre à un public, soucieux de mieux comprendre les enjeux alimentaires mondiaux, d’acquérir les bases indispensables à celle-ci.

 

Cet Atlas est estampillé par le timbre de mon beau Ministère qui, pour être dans le vent, affiche fièrement : L’AGRICULTURE NOTRE ALIMENTATION, cependant je dois avouer que, lorsqu’il traite de notre belle agriculture française,  l’ouvrage m’a moins convaincu de sa pertinence, même si les thèmes abordés sont intéressants. En effet, les concepts d’agriculture « écologiquement intensive », de « Révolution doublement verte », ou d’ « agriculteurs raisonnés », sont certes séduisants, mais ils n’aident guère à dénouer la contradiction entre la compétitivité-intensivité/durabilité. Pour prendre une image un peu triviale : est-il possible de rester compétitif avec un pied sur le frein ou en décélérant ?

 

La nouvelle PAC, en dépit de son verdissement, privilégie encore la productivité : le boom de l’agriculture et de l’agro-alimentaire allemand au travers des ex-landers le montre largement : ce ne sont pas les producteurs laitiers français qui me démentiront.

 

Sans doute suis-je trop dans le cambouis des crises, trop le témoin du peu de plasticité des grands systèmes de production et de la capacité de résistances des OP les défendant pour me contenter d’une approche qui semble coller aux attentes des urbains mais dont je ne perçois guère les implications concrètes auprès des principaux intéressés : les agriculteurs.

 

Enfin, le chapitre sur la qualité des nourritures terrestres pages 14-15 illustré par les ventes de Champagne et l’impact des AOC oléicoles françaises m’a fait sourire (c’est l’ancien Président de la SIDO promoteur du plan de relance de l’oléiculture française qui s’exprime et qui doute un peu de la dynamique de l’oléiculture française : l’ami Olivier président de l’AFIDOL pourra s’inscrire en faux sur ce point s’il le souhaite).

 

Ceci étant écrit, j’insiste sur le fait que mes remarques ne sont que celles d’un vieux routier du 78 rue de Varenne qui a vu beaucoup de présidents de la FNSEA y passer, d’un habitué des colloques savants et des débats programmatiques, sans doute un peu trop sceptique sur la capacité de toutes ces contributions de nos décideurs et de nos penseurs ruraux à faire évoluer l’agriculture française.

 

Bref, même si la France est et reste un grand pays agricole, les enjeux de l’agriculture mondiale dépassent largement notre débat national et l’Atlas de l’Agriculture est un ouvrage que je recommande car il met à la portée du plus grand nombre ce qu’il faut savoir pour mieux comprendre et mieux « prendre la mesure des questions fondamentales qui secouent le monde agricole ».

 

Au-delà de la simple empathie pour « ces pauvres agriculteurs », les petits surtout, le citoyen-consommateur de nos économies développées, en évaluant mieux les enjeux mondiaux, en comprenant mieux les contraintes,  pourra peut-être mieux peser sur les évolutions, en modifiant ses comportements d’achats, ses habitudes alimentaires. En effet, compatir pour le petit producteur de lait du Cantal tout en ne se posant pas de question sur le prix de la brique de lait UHT, tout droit venue d'Allemagne, acquise à un tarif rase-mottes dans son magasin de hard-discount en est un exemple trop courant.

 

Biocarburants,  diffusion mondiale des plantes transgéniques, le blé céréale mondiale, le soja impérialiste, l’accroissement des échanges mondiaux, la volatilité des prix des matières premières, l’urbanisation débridée, le bio, les agricultures brésiliennes, le poids des USA, la PAC, l’OMC, sécurité et souveraineté alimentaire en Chine et en Inde, le potentiel de l’Afrique... voici en vrac ce que l’Atlas de l’Agriculture vous livrera très bien présenté, je n'ose écrire bien conditionné.

 

Comme en Agriculture tout commence par la Terre, surtout celle que l’on qualifie d’arable, pour vous donnez le sentiment que vous feuilletez cet Atlas dans une librairie je vous propose de visionner les 4 pages concernant LA TERRE CULTIVABLE :

(I)               Une ressource de plus en plus rare

(II)           Main basse sur une ressource stratégique

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 09:17

  

Ce matin j’ai deux bonnes raisons pour surfer sur le Goncourt de Michel Houellebecq et d’affirmer, sans rire, qu’il participe à « L’extension du Domaine du Vin » et à la défense de la France des Terroirs avec JP Pernaut :

- Bernard Pivot, membre de l’académie Goncourt a soutenu « La carte et le territoire » ;

- Je suis un lecteur de Houellebecq depuis ses origines et je considère « Extension du Domaine de la Lutte » comme son meilleur livre dont le héros travaille dans une Direction Départementale de l'Agriculture.

  

Voir chronique du 7/11/2006 « Une caricature de socialiste agricole » http://www.berthomeau.com/article-4420891.html

 

et un mauvaise : Michel Houellebecq est Ingénieur Agronome

 

Donc ce matin quelques extraits du Goncourt où Houellebecq hume la France profonde...   

 

«  Partant de l'actualité immédiate - violente, rapide, frénétique, insensée - Jean Pierre Pernaut accomplissait chaque jour cette tâche messianique consistant à guider le téléspectateur, terrorisé et stressé, vers les régions idylliques d'une campagne préservée, où l'homme vivait en harmonie avec la nature, s'accordait au rythme des saisons ».

 

« Il revoyait les affiches représentant la vieille momie pétainiste* sur fond de clochers, de villages. Il avait 13 ans à l'époque et c'était la première fois de sa vie qu'il prêtait attention à un slogan politique (...) »

 

* il s’agit de l’affiche de la force tranquille de Jacques Séguéla

 

« Un chien porte déjà en soi un destin individuel et une représentation du monde, mais son drame a quelque chose d’indifférencié, il n’est ni historique ni véritablement narratif, et je crois que j’en ai à peu près fini avec le monde comme narration — le monde des romans et des films, le monde de la musique aussi. Je ne m’intéresse plus qu’au monde comme juxtaposition — celui de la poésie, de la peinture. Vous prenez un peu plus de pot-au-feu ? »

 

Jed déclina l’offre. Houellebecq sortit du réfrigérateur un saint-nectaire et un époisses, coupa des tranches de pain, déboucha une nouvelle bouteille de chablis.

 

Michel Houellebecq, La carte et le territoire, Flammarion, pp. 258-259

 

Houellebecq hocha la tête, écartant les bras comme s’il entrait dans une transe tantrique — il était, plus probablement, ivre, et tentait d’assurer son équilibre sur le tabouret de cuisine où il s’était accroupi. Lorsqu’il reprit la parole sa voix était douce, profonde, emplie d’une émotion naïve. « Dans ma vie de consommateur », dit-il, « j’aurai connu trois produits parfaits : les chaussures Paraboot Marche, le combiné ordinateur portable-imprimante Canon Libris, la parka Camel Legend. Ces produits je les aimés, passionnément, j’aurais passé ma vie en leur présence, rachetant régulièrement, à mesure de l’usure naturelle, des produits identiques. Une relation parfaite et fidèle s’était établie, faisant de moi un consommateur heureux. Je n’étais pas absolument heureux, à tous points de vue, dans la vie, mais au moins j’avais cela : je pouvais, à intervalles réguliers, racheter une paire de mes chaussures préférées. C’est peu mais c’est beaucoup, surtout quand on a une vie intime assez pauvre. Eh bien cette joie, cette joie simple, ne m’a pas été laissée. Mes produits favoris, au bout de quelques années, ont disparu des rayonnages, leur fabrication a purement et simplement été stoppée — et dans le cas de ma pauvre parka Camel Legend, sans doute la plus belle parka jamais fabriquée, elle n’aura vécu qu’une seule saison... » Il se mit à pleurer, lentement, à grosses gouttes, se resservit un verre de vin. « C’est brutal, vous savez, c’est terriblement brutal. Alors que les espèces animales les plus insignifiantes mettent des milliers, parfois des millions d’années à disparaître, les produits manufacturés sont rayés de la surface du globe en quelques jours, il ne leur est jamais accordé de seconde chance, ils ne peuvent que subir, impuissants, le diktat irresponsable et fasciste des responsables des lignes de produits qui savent naturellement mieux que tout autre ce que veut le consommateur, qui prétendent capter une attente de nouveauté chez le consommateur, qui ne font en réalité que transformer sa vie en une quête épuisante et désespérée, une errance sans fin entre des linéaires éternellement modifiés.

— Je comprends ce que vous voulez dire », intervint Jed, « je sais que beaucoup de gens ont eu le cœur brisé lors de l’arrêt de la fabrication du Rolleiflex double objectif. Mais peut-être alors... Peut-être faudrait-il réserver sa confiance et son amour aux produits extrêmement onéreux, bénéficiant d’un statut mythique. Je ne m’imagine pas, par exemple, Rolex arrêtant la production de l’Oyster Perpetual Day-Date.

 

— Vous êtes jeune... Vous êtes terriblement jeune... Rolex fera comme tous les autres. » Il se saisit de trois rondelles de chorizo, les disposa sur un bout de pain, engloutit l’ensemble, puis se resservit un verre de vin.

 

Michel Houellebecq, La carte et le territoire, Flammarion, pp. 170-171.    +

 

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 00:09

La civilité est l’expression la plus discrète du savoir-vivre, sans pause ni excès, une forme simple, naturelle qui allie courtoisie, politesse, affabilité et amabilité. Hormis son érudition, Philippe Margot, est pour moi un homme civil. Nous ne nous sommes jamais rencontrés mais, lecteur fidèle et attentif, je sais pouvoir compter sur son attention courtoise. Pour le chroniqueur solitaire que je suis c’est un viatique précieux et si je souhaitais trouver une motivation pour m’encourager à continuer mon petit bonhomme de chemin sur cet Espace de Liberté, la présence sur mes lignes de Philippe Margot, et de certains d’entre vous aussi chers lecteurs, y suffit grandement. La vie est ainsi faite de petits riens, de petits gestes ou de petits mots qui réchauffent le cœur et raffermisse l’âme.

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Ce matin je vous offre grâce à lui la primeur de la 9ième édition de son remarquable livre numérique scindé en 2 tomes pour des raisons de mise en pages. C’est un beau cadeau. Il vous suffit d’ouvrir les liens ci-dessous puis de cliquer sur LIRE LA PUBLICATION et vous pouvez feuilleter en plein écran ce bel ouvrage. Vous aussi transmettre les liens à vos amis et les placer dans vos favoris pour pouvoir consulter l’ouvrage à votre guise.

 

ART & VIN I - Œuvres originales illustrées pour Château Mouton Rothschild - Tous les artistes contemporains de 1924 à 1975 http://fr.calameo.com/books/00003074798238f3abade

 

ART & VIN I - Œuvres originales illustrées pour Château Mouton Rothschild - Tous les artistes contemporains de 1976 à 2005 http://fr.calameo.com/books/0000307479b62332e6e60 

 

Grand merci, cher Philippe Margot, pour votre remarquable contribution à l’extension du domaine du vin et un merci plus personnel pour avoir intégré deux de mes petites chroniques tout à la fin de votre bel  ouvrage.

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 10:01

Bernard de Nonancourt est décédé vendredi dernier à l'âge de 90 ans. Je vous invite à lire le texte ci-dessous extrait du livre de Don et Petie Kladstrup « La guerre et le vin » Hommage et respect pour un Grand Monsieur qui vient de nous quitter.

 

« Bernard de Nonancourt avait vingt et un ans quand il voulut suivre Charles de Gaulle. Cependant, quatre ans plus tard, son enthousiasme juvénile avait été tempéré par les dures réalités de la guerre. À la Libération, il fit revivre la maison de champagne moribonde que sa mère avait rachetée et qui, sous l’autorité de Bernard a accédé au peloton de tête des cinq premiers. Elle  emploie 180 personnes, pour une production annuelle de six millions de bouteilles. Bernard relie directement ce succès à ce qu’il a appris dans la Résistance :

- J’y ai découvert les vertus de l’organisation et du travail en équipe, et aussi l’amour du risque et le danger de l’autosatisfaction.

Alors qu’il cherchait un nom de baptême pour un grand cru, il soumit une liste de noms possibles au général de Gaulle, devenu Président de la République. La réponse ne se fit pas attendre ; « Grand Siècle, évidemment, Nonancourt ! »

- Aujourd’hui encore, j’entends sa formidable voix chaque fois que je relie ce petit mot.

Sur son bureau figure une citation du général Mac-Arthur.

- Je la regarde tous les jours. Elle dit « Soyez jeune. » J’ai maintenant soixante-dix huit ans [en 1998]. Quand je repense au passé je me prends à regretter certains moments. La guerre a été un grand malheur pour le monde, mais ce fut aussi un des plus beaux moments de ma vie. Je me sentais si plein de patriotisme. »

 

2 liens :

 

http://lorraine-champagne-ardenne.france3.fr/info/champagne-ardenne/bernard-de-nonancourt-est-decede-a-l-age-de-90-ans-65644595.html?onglet=videos&id-video=000181333_CAPP_RactionsaudcsdeBernarddeNonacourt_021120101404_F3

 

http://www.historia.fr/content/recherche/article?id=17749

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