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18 avril 2009 6 18 /04 /avril /2009 00:03

 

      -         Vous êtes le vrai Parisien, vous ?

-         Tout à fait. Mère turque et père polonais. Enfance dans la Drôme puis la Mayenne. À huit ans je débarque au coin de la rue de Sèvres, au-dessus de la station Croix-Rouge qui est toujours fermée. Le métro fait trembler l’immeuble.

 

 

 

C’est signé Raphaël Sorin dans Parisiennes aux éditions Le Temps Qu’il Fait en 1992. Normal qu’on qualifiât Sorin de « vrai parisien » alors que, comme beaucoup d’entre nous, il ne l’est que d’adoption, car c’est une figure de l’intelligentsia parisienne rive gauche, celle de l’édition. On peut le croiser au bar « Le Sélect » boulevard Montparnasse lui le découvreur de Michel Houellebecq.

 

 

Dans le langage « provincialement correct » se voir qualifier « de vrai Parisien » équivaut à une forme moderne de l’infamie, une marque au fer rouge indélébile. J’exagère, à peine. Certains me diront : vous l’avez bien cherché «  les Parisiens » avec vos BHL, Sollers, Glucksmann, Beigbeder and co, tous ces intellos piliers du Flore ou de la Closerie des Lilas, tous ces ex-soixante-huitards boboïsés, ces fils de pub et de la télé… J’en passe et des meilleurs… Les PPDA, Ségala, Ferrari, Arthur, Ardisson … Nous voilà tous enfournés dans le même sac avec eux, comme les paysans dans le sac de patates de Marx&Engels. Un peut court ne croyez-vous pas ?

 

 

Que Paris, ville capitale, symbole d’une concentration de tous les pouvoirs : politique, économique, intellectuel, artistique… apparaisse comme la vitrine de nos plus beaux défauts nationaux n’a rien d’étonnant. Cependant, dites-vous bien que Paris intra muros c’est tout petit, c’est peu peuplé, c’est presque devenu un vaste musée pour touristes, c’est une ville de vitrines de luxe, c’est une ville presque vidée de ses couches populaires, c’est la ville qui s’est fait damer le pion par Londres pour l’organisation des JO, c’est une ville que les entreprises quittent, c’est une ville avec de beaux restes qui s’endort. Et pourtant j’y  vis depuis plus de 30 ans – j’y suis arrivé en 1975 au retour de mon service national comme coopérant à Constantine – et je n’ai nulle envie d’en partir. Pourquoi ? Tout bêtement parce que Paris est le cœur de la plus grande agglomération de l’Union Européenne. Parce que forte de ses plus de 11 millions d’habitants, de son attractivité, de sa concentration de matière grise (recherche et innovation), de sa vitalité démographique, de sa situation géographique, de ses infrastructures ferroviaires et aéroportuaires, de sa proximité avec l’ensemble du pays : 3 heures de TGV ou 1 heure d’avion, le Grand Paris est une chance pour notre pays.

 

 

 

Tout ça pour vous dire que le « parisianisme » n’est plus l’apanage des Parisiens, car l’omniprésence de la télé dans les foyers de notre belle France fait que : « nous sommes tous des parisiens ! » Alors bouffer du parisien n’est d’autant plus de saison que l’Internet va encore amplifier le phénomène d’homogénéisation des comportements. Pour se différencier les uns des autres il ne reste plus aux Français qu’à se mobiliser pour de grandes causes régionales : la défense des numéros de département sur les plaques d’immatriculation par exemple. J’ai beaucoup de défaut mais je ne suis pas chauvin. Je ne fais pas comme « l’agité du bocage » de la captation du double cœur vendéen et de notre « histoire ». Comme tout un chacun je suis né quelque part, en Vendée en l’occurrence, j’y ai vécu dix-huit ans, ma jeunesse, je m’y suis construit, j’en suis parti car j’ai fait ma vie professionnelle ailleurs, à Paris, et je ne vois pas au nom de quoi ce rattachement géographique m’aurait fait oublier d’où je viens. En effet, ce n’est pas parce que l’on plante sa tente quelque part que l’on s’assimile, que l’on perd son identité. Nous ne sommes racinés nulle part n’en déplaise aux chantres d’un certain ruralisme très « seule la terre ne ment pas » et pour ma part je ne me suis jamais senti exilé à Paris. J’y vis.


 

Mon métier, si tant est que j’en ai exercé un, m’a amené à ne m’intéresser surtout à la France profonde. Dans les débuts de ce blog je me suis parfois laisser aller, c’est la loi du genre, à écrire quelques chroniques sur des bouts de ma vie. Je donne aux plus courageux d’entre vous les références de quelques-unes :


CV sans photo 17/03/2006

Encore un bout de ma vie 21/03/2006

Le bras droit du Ministre 24/03/2006

Mes vertes années 26/06/2006

Ce matin j'enlève le haut 09/08/2006

La SIDO 10/08/2006

Les "cost killer" de Bercy 11/08/2006

C'était au temps où Michel Rocard s'éclatait au 78 rue de Varenne 05/04/2008

 

 

J’avoue, sans fausse honte ni fausse modestie, que j’ai eu « la chance » de choisir mon devenir, que j’ai fait ce que j’avais envie de faire, sans vraiment de fils à la patte, sans le viatique d’une grande école ou d’un grand corps de l’État, sans le secours d’une grosse machine politique : je n’ai jamais fait partie d’une quelconque instance dirigeante, avec simplement la confiance de quelques hommes que j’ai croisé dans ma vie : je fonctionne au feeling, avec seulement l’envie de faire, avec l’absolu besoin de me colleter au réel, avec sans aucun doute l’orgueil de penser que j’étais en capacité d’occuper les postes que l’on m’a confié. À chaque fois que l’on m’a sollicité : en juin 81, en mai 83, en juin 88, en octobre 90, j’ai toujours cru en ma bonne étoile. Les jours de doute, et ils sont nombreux dans ce type de cambouis, comme les jours où l’on sent ses chevilles enfler ou sa tête ne plus passer les portes, ça arrive aussi, je me suis toujours souvenu d’où je venais. Ainsi on peut descendre des étages élevés sans regret, tourner la page sans acrimonie et se retrouver à passer des nuits loin de Paris dans des chambres d’hôtels dont les tarifs sont à la hauteur de la maigreur des frais de mission de la République.

 

 

La chute de cette chronique , affreusement autocentrée, parisienne en diable, vous la trouverez dans Confession indécente d'un buveur cycliste du 10/04/2008…



Note du rédacteur : sur la photo de Mohror Raphaël Sorin, Robert Doisneau et Robert Giraud au restaurant des Ministères, rue du Bac en 1983.
" La Commission Pléniaire de Protection de la Santé Publique de France (CPPSPF) a obtenu, en référé, du Tribunal d'Instance de Paris, que les verres et la bouteille de vin soient, à l'aide de Photoshop, supprimés du cliché. Seule la cigarette de Raphaël Sorin a échappé à la censure car le préposé à la surveillance de la Toile de la CPPSPF ne l'avait pas décelée lors du pré-visionnage des blogs traitant du vin (nouvelle loi de protection de la Santé Publique) "

 

 

 

Texte de pure fiction faisant référence au bidouillage, suppression de sa Boyard, de la photo de Sartre figurant sur l'affiche et le catalogue de la commémoration, organisée à la BNF, du centenaire de sa naissance. Lire ou relire ma chronique : Transgression absolue : la Boyard papier maïs dosée à 2,95 mg de nico link 

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