Depuis des années j’entre chez vous à l’heure du laitier avec mon petit billet matinal qui, je le concède, au fil du temps s’est étoffé et il se révèle parfois difficile à digérer. Soucieux de votre ligne, de votre confort intellectuel mais aussi de l’entretien de vos précieux neurones je vous propose, en fin de journée, des chroniques plus légères en poids mais plus variées en fonction de l’actualité, de mes humeurs ou de mes envies de dialoguer avec vous avant le dîner.
Chroniques au fil de l’eau donc, sans aucune périodicité, où je l’espère les plus timides se risqueront à commenter ou à me suggérer des thèmes qu’ils souhaiteraient voir aborder. Le taulier aime tisser des liens, ce n’est pas pour rien qu’il s’est autoproclamé secrétaire perpétuel d’une improbable Association du Bien Vivre, qu’il s’inscrit dans la dynamique de l’extension du domaine du vin et qu’il a lancé la charte du cochon libre. Autant d’initiatives plus ou moins couronnée de succès mais qui, comme des petites graines jetées sur l’immense terreau de la Toile, germeront et donneront avec le temps j'en suis persuadé de belles pousses chargées de fruits.
L’expérience de cet Espace de Liberté nourrit mon relatif optimisme. Face à la dictature de l’instantanéité, du flux continu sans contenu, je persiste à croire qu’il faut, avec ténacité, reprendre son temps, prendre le temps de lire, de se parler, d’échanger, de s’écouter et que les blogs par leur interactivité le permettent. Profitons-en ! Les sujets ne manquent pas. Ouvrir des fenêtres de dialogue c’est nous donner un peu d’air dans des temps anxiogènes où les faillites de tous ordres, celle des soi-disant élites tout particulièrement, obscurcissent nos horizons.
Rassurez-vous, je ne vais pas vous prendre la tête et vous asséner mes « brillantes et pertinentes » analyses. Bien au contraire, mes complices Marie de Saint-Drézéry marquise de Bombon, le maire de Losse-en-Gelaisse et sans doute quelques nouvelles têtes viendront se joindre à moi en ces fins de journée : en terrasse où, comme je le pense vraiment, les propos de café du commerce doivent être écoutés même si il faut y faire du tri, chez vous entre amis, dans votre chambre d’hôtel pour les grands voyageurs (éviter les suites des Sofitel), nous taillerons des bavettes autour d’un verre, nous referons le monde, nous ne nous prendrons pas trop au sérieux, nous nous prendrons parfois le bec sans que pour autant ça tourne au pugilat.
Le taulier, en vieux caïman, a le cuir tout aussi dur qu’il peut avoir la dent dure. Sa seule exigence c’est qu’avant de lui taper sur le râble à bras raccourcis chacun prenne le temps de lire sa prose pleine de digressions, de circonvolutions, non pas en travers ou de travers. En effet, je suis en fasciné par la capacité qu’ont certains à survoler, à réagir sans réfléchir, à dégainer et à tirer à vue sur tout ce qui bouge. Commentez n’est pas forcément flinguer le taulier ou le précédent commentateur mais s’exprimer certes avec vivacité, passion mais toujours avec civilité.
Pour finir et vous faire sourire je vous propose une saillie du très conservateur et gros buveur de whisky et de champagne, du Pol Roger, Winston Churchill.
Pour lui Christophe Colomb fut « le premier socialiste » de l’Histoire de l’Humanité.
La preuve ?
« Il ne savait pas où il allait, il ignorait où il se trouvait et il faisait tout ça aux frais du contribuable. »
Comme le souligne Alberto Toscano dans son dernier livre « Ces gaffeurs qui nous gouvernent » chez Fayard
« Il croyait arriver à l’Est et a finalement trouvé l’Ouest. Il voulait les Indes et à découvert les Caraïbes. »
Bonne soirée à tous et à demain matin sur mes lignes…