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28 février 2022 1 28 /02 /février /2022 08:00

Les exploitations avec vaches laitières en France.

Hors celui du vin, j’ai aussi beaucoup investi dans celui du lait depuis l’instauration des quotas laitiers sous présidence française avec Rocard jusqu’à leur disparition Le Foll étant Ministre. Nous disposons dans ce secteur de poids lourds mondiaux : Lactalis, Danone et de mi-moyens : Bongrain, Sodiaal, Bel.

 

ICI 

 

La filière laitière est à un carrefour ICI 

 

La filière laitière française est à la croisée des chemins. Passée entre les gouttes du coronavirus, elle se prépare à un chambardement avec un départ en retraite massif de ses producteurs.

 

LES 500 PLUS GRANDES FORTUNES DE FRANCE

2021

#11

 

Emmanuel  Besnier

 

Emmanuel Besnier et sa famille

12 000 M€

Sites industriels - Lactalis et Tereos placés sous « vigilance renforcée »

Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, au JDD : « Il faut repenser notre modèle alimentaire »

 26 février 2022

Marie-Pierre Gröndahl

 

Le patron du numéro un mondial des produits laitiers alerte sur les tensions au sein de la filière. 

 

 

  • Emmanuel Besnier, 51 ans, a succédé à son père Michel en 2000 à la tête d’un groupe qui emploie aujourd’hui 85 000 salariés dans 51 pays. Trois de ses marques (Président, Galbani et Parmalat) dépassent le milliard d’euros de chiffre d’affaires. Très discret dans les médias, le patron du groupe fait le point en exclusivité pour le JDD, alors que s’ouvre le Salon de l’agriculture .

 

Comment se porte le groupe après deux ans de crise sanitaire ?


Lactalis continue de se développer, comme le montre la croissance d’un peu plus de 4 % du chiffre d’affaires en 2021, à 22 milliards d’euros. Nous continuons de gagner des parts de marché, en France comme à l’international. Nous avons également réalisé plusieurs acquisitions, dont celle de Leerdammer et des yaourts Iögo au Canada, ainsi que des fromages naturels du groupe américain Kraft, numéro un en grande distribution aux États-Unis. Notre plus grosse opération l’an dernier.

 

Pour quel montant ?


Environ 2,5 milliards d’euros. Ce rachat est symbolique pour le groupe : les États-Unis sont le premier pays où Lactalis s’est implanté hors de France. Mais notre volonté de toujours continuer à nous développer en France, qui représente 20 % du chiffre d’affaires total, demeure inchangée.

 

Allez-vous poursuivre votre stratégie de croissance externe ?


Nous étions très dépendants du marché français, qui représentait les deux tiers de notre activité. Après une petite centaine d’acquisitions en vingt-deux ans, le groupe a multiplié sa taille par six. Il est aujourd’hui plus équilibré, géographiquement et dans son portefeuille de produits. Nous sommes numéro un mondial des produits laitiers – et numéro trois du bio dans ce domaine –, présents sur toutes les catégories, du lait de consommation au beurre, en passant par l’ultra-frais. Nous n’avons qu’un métier, mais nous y sommes très actifs. Le marché est en croissance. Notre chiffre d’affaires devrait approcher 25 milliards d’euros en 2023.

 

Comment identifiez-vous les cibles potentielles ?


Nous avons une équipe interne de fusions-acquisitions. Être une entreprise familiale indépendante et non cotée nous permet de nous décider très rapidement.

 

J’ai décidé d’engager le groupe sur la voie d’une croissance rentable et responsable

 

Les laits végétaux connaissent un réel essor. Comment analysez-vous l’évolution de la consommation ?

 


Le marché des produits laitiers reste très porteur. Ce sont des aliments de base dès la naissance, nutritionnellement bons. Et la richesse de la palette des produits issus du lait est extraordinaire. Je suis persuadé que nous pouvons encore les développer. Les Européens restent de gros consommateurs, même si les usages du petit-déjeuner évoluent.

 

 

Pourquoi le bio décline-t-il ?


Le bio a connu une croissance ininterrompue depuis trois décennies, mais il est plus cher, d’environ 40 à 50 % pour le lait, par exemple. Malgré ses avantages – équitable, local, bon pour la biodiversité –, son prix est un frein pour certains consommateurs. Et il pâtit de la concurrence de produits spécifiques et moins chers, qui ont émergé ces dernières années, avec des labels « sans OGM ». Ou des produits locaux, qui génèrent de la confusion pour les consommateurs.

 

La question du pouvoir dachat est au cœur des préoccupations des Français, compte tenu du retour de linflation. Où se situe leur budget alimentaire aujourdhui ?


La notion de prix est toujours importante, même si ceux de l’alimentation ont baissé sans interruption depuis dix ans. Les industriels ont absorbé les hausses sans les répercuter, grâce à des efforts de productivité. Le budget mensuel alimentaire moyen par foyer français atteint aujourd’hui 385 euros. Mais la nécessaire prise en compte du revenu des producteurs et d’un meilleur respect de l’environnement a un coût. Il faut repenser notre modèle alimentaire et nous en donner les moyens. J’ai décidé d’engager le groupe sur la voie d’une croissance rentable et responsable. Nous serons neutres en carbone à l’horizon 2050. Nous avons fixé un objectif minimum de 30 % de matériaux recyclés et 100 % d’emballages recyclables en 2033. Le groupe va accompagner ses éleveurs partenaires pour une meilleure prise en compte du bien-être animal.

 

Quels sont les risques dune inflation durable ?
Depuis mon arrivée à la tête du groupe, en 2000, je n’avais jamais connu un tel niveau d’inflation dans les matières agricoles, les emballages et l’énergie. Nous avons la chance en France d’avoir une filière laitière d’excellence. Notre pays compte peu de métiers où un groupe français occupe la position de numéro un mondial. Les crises successives ont mis en avant l’importance de la souveraineté alimentaire et de la réindustrialisation à l’échelle européenne. Le risque, c’est que la filière ne peut à elle seule absorber l’augmentation des coûts sans remettre en cause sa pérennité.

 

Chez Lactalis, nous défendons un modèle exportateur et acteur de la transformation

 

Les négociations commerciales annuelles dans le cadre de la loi EGalim entre producteurs et distributeurs touchent à leur fin. Quel en sera le résultat ?


Le climat est tendu. Peu d’accords ont été conclus. Les distributeurs n’acceptent pas de répercuter la hausse des matières premières agricoles et des coûts industriels, qui s’élèvent cette année à 8 à 10 % avant d’éventuelles répercussions de la crise ukrainienne. Ce n’est pas soutenable pour les agriculteurs, ni pour l’industrie agroalimentaire. Les mutations requises par les transformations environnementales et sociales devront également être financées.

 

Quen est-il du prix du lait ?


Il est plutôt bien valorisé en France, grande puissance laitière au niveau mondial, avec une hausse continue depuis la crise de 2016. Lactalis rémunère mieux que ses concurrents de taille comparable. Nous créons aussi de la valeur en développant des filières comme le bio ou les AOP, dont nous sommes le numéro un européen.

 

Mais le nombre dexploitations diminue ?


Oui, de 2 à 3 % par an. Mais il y a un renouvellement et des regroupements. Cela reste un beau métier, malgré des problèmes de revenus importants. Il faut le rendre attrayant, et la rémunération en fait partie. Chez Lactalis, nous défendons un modèle exportateur et acteur de la transformation. Agriculteurs et industriels sont liés dans une même chaîne de valeur. Il faut accepter une augmentation de la taille des exploitations en France, qui se situent en dessous de la moyenne européenne. Leur taille ne menace pas, au contraire, leur capacité à assurer la transformation environnementale.

 

Lactalis est-il présent en Ukraine ?


Oui, depuis trente ans. Le groupe y emploie un millier de salariés. Nous sommes totalement mobilisés pour garantir la sécurité de nos collaborateurs. C’est notre seule priorité aujourd’hui. 

 

 

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28 février 2022 1 28 /02 /février /2022 06:00

 

J’aime ce titre de Marie Étienne le 12 janvier 2022 dans En attendant Nadeau Journal de la littérature, des idées et des arts, je le reprends à mon compte.

 

Je suis un fidèle de Tonino Benacquista.

 

 

Peut-on dire que Tonino Benacquista est plus connu comme scénariste que comme écrivain, que son goût des images a éclipsé son goût des mots ?

 

Ce serait contredire sa biographie. Car ce sont les mots qui l’ont sauvé de sa condition de « rital », né dans une famille quasiment analphabète. C’est le sujet de son nouveau livre, Porca miseria.

 

Mais on pourrait tout aussi bien affirmer le contraire : les mots, il avait du mal à les lire, c’est peu de dire que les livres qui lui étaient proposés à l’école lui tombaient des mains. Et pourtant l’œuvre littéraire de Tonino Benacquista est très abondante. Oui, mais sa production scénaristique l’est au moins autant.

 

On pourrait poursuivre : les mots lui ont permis d’obtenir cinq prix littéraires, un César du meilleur scénario pour Sur mes lèvres de Jacques Audiard et un César de la meilleure adaptation pour De battre mon cœur s’est arrêté du même cinéaste, des prix pour ses bandes dessinées.

 

Tonino Benacquista est inclassable. Est-ce un touche-à-tout ?

 

Le mot est péjoratif. Un inquiet, un instable, qui passe d’un genre artistique à un autre ? Si c’est le cas, il le fait avec un talent reconnu. Comme ça, sans crier gare, comme en se jouant ? Pas vraiment. C’est ce qu’il nous raconte dans Porca miseria, le juron que son père se plaisait à beugler, éructer, soupirer… sur tous les registres. En réalité, il paie cher sa sortie du malheur migratoire, et même le moyen de locomotion qu’il a adopté pour en sortir : remplacer la réalité par le rêve, le songe, l’imagination. En court-circuitant tous les modèles d’intégration qui lui étaient proposés. En faisant des pieds-de-nez aux institutions, à commencer par l’école. Et cela sans agressivité, humblement, en douce et avec douceur.

 

La suite ICI 

 

L’écrivain Tonino Benacquista, en 2021.

Tonino Benacquista : « J’aurais tant aimé découvrir Dumas à 10 ans ! »

 

Adepte des variations de formes, l’écrivain vient de publier « Porca miseria », un texte autobiographique dans lequel il analyse son rapport au récit. Il raconte comment lui sont venus d’abord la passion de l’écriture, puis celle de la lecture.

Propos recueillis par Christophe Averty

 

Du polar au récit romanesque, de la bande dessinée au cinéma, de la nouvelle au théâtre, l’œuvre de Tonino Benacquista emprunte de multiples formes de narration. Rompu aux contraintes qu’elles imposent et aux libertés qu’elles suscitent, l’auteur de Porca miseria (Gallimard, 208 pages, 17 euros) – qui livre la mémoire de ses origines et de sa relation au récit – revient sur son parcours et sa découverte du patrimoine littéraire. Un hommage à la force de l’imaginaire et aux promesses de l’écriture.

 

Vous avez déclaré : « La lecture a été pour moi une conquête, un travail parfois pénible. » Quels obstacles avez-vous dû surmonter ?

 

La lecture ne m’a pas été donnée. Mes parents ne lisaient pas et il n’y avait pas vraiment de livres à la maison. J’aurais tant aimé découvrir Dumas à 10 ans ! De son côté, ma sœur, bien qu’assidue et passionnée de lecture, ne m’en a pas transmis le goût. Il m’a fallu me débrouiller seul. Aussi je ne crois pas, contrairement à ce que soutiennent nombre d’enseignants, qu’il y ait un engouement ou un appétit naturel de l’enfant pour la lecture. Ce fut pour moi une conquête, un effort et une démarche compliqués. En CM2, quand l’institutrice nous présenta La Guerre du feu, de J.-H. Rosny aîné, mon tout premier contact avec un récit romanesque, je fus confronté à une langue étrangère, quelque chose d’abscons. Je sentais que je me trouvais devant un monument de la littérature, mais je ne pouvais pas y entrer. Alors j’ai renoncé, en laissant s’installer un complexe qui allait durer. C’était une dizaine d’années avant que ne sorte le film qu’en a tiré Jean-Jacques Annaud (1981). Rétrospectivement, je pense qu’il m’aurait été plus accessible. Un enfant s’approprie plus facilement une histoire racontée au cinéma ou en bande dessinée. Mais pour ce qui concerne l’épopée et les grands récits de la littérature, la difficulté est plus grande.

La suite ICI

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25 février 2022 5 25 /02 /février /2022 06:00

 

Nouveau Record : 482 000 € pour une Romanée-Conti du millésime 1945

482 000 € POUR UNE ROMANÉE-CONTI DU MILLÉSIME 1945

Samedi dernier, après un  excellent déjeuner chez mokoloko ICI avec mademoiselle D, de bonnes ondes, de la raie, du vin nu, ça rend le cœur léger, j’avais du temps, alors mes pas m’ont porté jusqu’à la librairie de mademoiselle D.

 

Romanee-conti 1935 - Poche - Takeshi Kaiko, Anne Bayard-Sakai, Didier  Chiche - Achat Livre | fnac

 

Là, je suis tombé sur un petit livre rouge au titre accrocheur pour le chroniqueur que je suis : Kaikô Takeshi Romanée-Conti 1935

Japon (1973) – Philippe Picquier (1993)

Titre original : ロマネ・コンティ・一九三五年 (Romane-Conti 1935)

Traduction d'Anne Bayard-Sakai et Didier Chiche 6 euros

Photo Takeshi Kaikô

Kaikô Takeshi : Né à Osaka en 1930 et décédé en 1989, Kaikô Takeshi est un romancier, journaliste et documentariste pour la télévision, connu pour ses voyages à travers le monde et son goût prononcé pour la bonne chère. Intellectuel engagé à gauche, il s'opposa à la politique américaine au Viêt-Nam, où il fut correspondant de guerre pour le grand quotidien Asahi Shinbum. Sensuelle, drôle, impressionniste, parfois absconse, son œuvre a marqué la dernière partie de l'ère Showa.

 

Je préfère la couverture de l’édition originale française.

 

Romanée-Conti 1935 by Takeshi Kaikō

 

Bien sûr j’ai acheté et j’ai tout de suite pensé à Jean-Yves et Claire qui faisaient des raquettes dans le Jura.

 

 

La Romanée-Conti j’en n’avions beaucoup causé ici mais j’en n’avions jamais bu.

 

26 février 2009

Hommage au grand cru : escapade à la Romanée Conti d’un académicien ICI 

 

16 octobre 2013

Le Ministre de L’Intérieur juché sur un bulldozer procéda à l’abattage symbolique des murs ceinturant le domaine de la Romanée Conti. ICI  

 

22 janvier 2013

Mais qui est donc ce Henry-Frédéric Roch dont le Pousson de Barcelone nous rebat les oreilles sur Face de Bouc? ICI 

 

Alors pourquoi Jean-Yves Bizot ?

 

Le Pérugin, Saint Sébastien (vers 1500), Paris, musée du Louvre.

 

11 septembre 2017

Je laisse la parole à IDealWine pour la réponse ICI 

 

Pour en revenir au livre de Kaikô Takeshi ci-joint une critique :

 

Kaiko Takeshi

 

Chroniqué par Philippe Cottet le 02/08/2013 ICI 

 

« En 1972, en milieu d'après-midi, dans un restaurant désert dominant la ville de Tôkyô, un entrepreneur et un romancier se retrouvent pour déguster deux grands crus de la côte de Nuits : un La Tâche de 1966 et un romanée-conti de 1935, vins d'exception. Les deux amis se sont préparés, une mise en condition au goût de purification religieuse –  silence, abstention alcoolique et tabagique, isolement auquel s'ajoutera la solennité du sommelier – pour faire de leur dialogue avec ces bouteilles un moment inoubliable de leur existence. Au-dessus des contingences, parce qu'elle les inscrit dans une expérience coûteuse, forcément discriminante du reste de l'humanité...

 

Pourtant, ces vins ont une histoire. Ils sont même l'Histoire. L'entrepreneur rappelle les gestes qui continuent de présider à leur élaboration depuis des temps immémoriaux, tandis que le romancier se plaira plus tard à évoquer les évènements de l'année 1935, leur importance envolée, diluée dans les sables du temps et des mémoires. À l'éphémère de nos vies d'hommes, le vin oppose sa permanence, attendant le moment pour délivrer son message.

 

Ouvrant le bal, le La Tâche tient toutes ses promesses. Nos deux buveurs distillent leurs appréciations comme le font tous les amateurs du monde, mélange de plaisir enfantin, de poésie et d'ésotérisme. Le Romanée-Conti 1935 est, au contraire, une profonde déception :

 

Il se sentit dépossédé. Le vin n'avait ni force, ni chaleur, il avait perdu jusqu'à la volonté de simuler une rondeur, fût-elle purement formelle. (...) C'était une momie de vin.

 

Alors, pour pouvoir profiter de ce vin qui, même mort [1], est « au-delà de toute critique », le romancier se laisse envahir par le souvenir de ses années de bohème à Paris, depuis si longtemps oubliées. Curieuse alliance d'alcools bus sans discernement, de musique, de rencontres mystérieuses et d'une union charnelle, torride et éphémère, cette évocation tout en impressions fugitives, en ressentis, va se substituer aux rondeurs, aux accents de fruits et de fleurs, de soie ou de dentelles qu'il s'attendait à trouver dans son verre [2]. Au-delà de sa mort, le Romanée-Conti 1935 a tenu sa promesse d'éternité. »

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24 février 2022 4 24 /02 /février /2022 06:00

 

Cocorico : les exportations de vins et spiritueux français ont battu des records en 2021 !

 

Les ventes, en hausse de 28 %, ont atteint un niveau historique à 15,5 milliards d’euros, selon les chiffres publiés par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France.

 

Ne boudons pas la belle  performance mais soyons plus circonspect sur cet autre chant de triomphe du coq gaulois : Tous les vins français battent des records de valorisation à l'export en 2021

 

Les statistiques douanières témoignent d'une forte premiumisation des vins exportés par les opérateurs français l'an passé. Les volumes restent dans ordres de grandeur plus classiques.

 

Premiumisation quel mot affreux  issu de premium : hiérarchisation des vins en fonction des prix moyens de ventes, de Basic (moins de 5$) à Icon (plus de 50$), en passant par premium, super premium, ultra premium.

 

 

J’ai utilisé cette classification dans mon rapport puisque celui-ci avait pour thème le positionnement des vins français à l’exportation.

 

Nous étions en ce temps-là à la fois très très basic et très Icon  et, 30 ans après nous le restons, nos progrès dans ce domaine sont très faibles et c’est un handicap dans la bataille de la production de valeur sur notre territoire. Les moyennes indiquées dans Vitisphère sont trompeuses et masquent la réalité de nos prix de vente.

 

Anglicismes : l'Académie française craint une perte de repères linguistiques

 

Dans un rapport, l'Académie française déplore "l'envahissante anglicisation" de la communication des institutions, une "évolution préoccupante" selon elle. ICI 

 

Revenons au sujet du jour, pour souligner que ce qui va conditionner l’avenir de nos vignobles c’est l’évolution de 4 variables : le volume de production, sa qualité marchande, la consommation intérieure et les exportations.

 

Comme nous sommes un vieux pays agricole produire est l’acte majeur, du côté qualité nous hiérarchisons sur le papier mais le vieux système des AOC, élitiste aux origines, s’est dilué en un gros ventre mou au fil  de son intégration aux signes de qualité. Quant à la consommation intérieure elle est et restera sur la mauvaise pente. Enfin pour l’export, il faut bien distinguer le marché intérieur de l’UE et le grand export.

 

Chiffres clés du marché des vins et spiritueux français ICI

 

Si vous me suivez, vous comprenez mieux que, si nous souhaitons maintenir notre potentiel de production deux variables sont importantes : produire plus de valeur et savoir la vendre à l’exportation.

 

Vaste programme !

 

Ardente obligation !

 

Dans le premier cycle de mes années universitaires nous avions des sciences économiques,  j’ai planché sur le Ve Plan, « l’ardente obligation », explorer le champ des possibles, anticiper, éclairer autant que possible le moyen terme.

.

Par le décret du 3 janvier 1946, le général de Gaulle installe le commissariat général du Plan qui est placé auprès du président du Conseil et dispose de pouvoirs étendus sur les administrations. Avec son équipe resserrée installée au 18 rue de Martignac et composée de 20 % de fonctionnaires et 80 % de contractuels, Jean Monnet installe dix-huit commissions de modernisation au sein desquelles plus d’un millier de contributeurs issus de l’industrie, des syndicats, du monde universitaire et de la fonction publique vont travailler ensemble pendant six mois. Leur objectif est double : formuler un diagnostic de l’état du pays et ordonner les priorités d’action, secteur par secteur.

 

ÉCLAIRER LE DÉBAT PUBLIC.

 

Le commissariat général du Plan est supprimé et remplacé, en 2006, par le Centre d’analyse stratégique, puis, en 2013, par le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, mieux connu sous le nom de France Stratégie, qui s’attache à éclairer le débat public par des études prospectives, par la coordination des travaux d’évaluation des politiques publiques et par la construction d’outils méthodologiques pour la programmation de l’action publique. Il noue progressivement des partenariats avec d’autres institutions, notamment le Parlement qui le sollicite régulièrement. En revanche, France Stratégie ne dispose pas des moyens administratifs interministériels qui étaient ceux du commissariat général du Plan et ses travaux n’ont pas comme horizon direct la décision politique.

Vins et spiritueux : Performance historique des ventes à l'export

Les exportations de vins et spiritueux français ont battu des records en 2021

Les ventes, en hausse de 28 %, ont atteint un niveau historique à 15,5 milliards d’euros, selon les chiffres publiés par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France.

Par Laurence Girard

 

Les négociants français de vins et de spiritueux ont retrouvé le sourire. En 2021, le flux des exportations de champagne, vin ou cognac n’a jamais été aussi abondant. Résultat, selon les chiffres publiés, mardi 15 février, par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), elles ont atteint un niveau historique à 15,5 milliards d’euros. Un chiffre qui marque un fort rebond, estimé à 28 %, par rapport à 2020, mais également une nette progression de 11 % si le point de comparaison est le précédent record, établi en 2019. Le solde des échanges commerciaux s’élève, quant à lui, à 14,2 milliards d’euros, plaçant les vins et spiritueux au second rang des excédents commerciaux, derrière le secteur aéronautique.

 

Il y a un an, l’humeur était morose. Les professionnels ne pouvaient que constater le trou d’air qui avait secoué leur activité. Les exportations françaises d’alcool subissaient un brusque phénomène d’évaporation. Douze mois plus tard, les nuages qui s’étaient accumulés se sont progressivement dissipés. Et l’ambiance est à la fête pour les négociants, qui renouent avec des chiffres mirobolants. « Ce résultat positif en 2021 est remarquable », réagit sans ambages César Giron, président de la FEVS, avant de poursuivre : « Dans un contexte qui reste marqué par des difficultés sanitaires, logistiques et géopolitiques, les entreprises françaises de vins et spiritueux ont montré à la fois leur volonté et leur capacité à rebondir dans les différentes régions du monde. »

 

Les Etats-Unis ont retrouvé leur rôle de locomotive

 

La forte reprise a, en effet, été sensible sur l’ensemble des pays consommateurs. Ainsi, les Etats-Unis, premier marché de destination des vins et spiritueux français, avec plus d’un quart des ventes totales, ont retrouvé leur rôle de locomotive. Les exportations ont progressé de 34 % outre-Atlantique en 2021, pour atteindre 4,1 milliards d’euros. La suspension des taxes sur les vins français en mars 2021 a redynamisé les ventes. Ces taxes dites « Trump » frappaient les bouteilles de bordeaux, de bourgogne ou de rosé de Provence, à hauteur de 25 %, à leur entrée sur le territoire américain depuis octobre 2019. Une décision prise par le président américain dans le cadre du conflit Airbus-Boeing qui opposait l’Europe et les Etats-Unis. Les tensions s’étaient encore aggravées à la fin de la mandature de Donald Trump. Il avait tiré une nouvelle salve, étendant, à partir de mi-janvier 2021, la surtaxe de 25 % au vin en vrac, aux rouges titrant plus de 14,5 degrés et aux eaux-de-vie, dont le cognac et l’armagnac. Seul le champagne échappait aux représailles.

 

Le cessez-le-feu prononcé début mars 2021 de part et d’autre de l’Atlantique, sous la houlette de l’administration du nouveau président Joe Biden, faisait pousser un ouf de soulagement à la filière française. Résultat, les expéditions de vins sans bulles vers les Etats-Unis ont rebondi de 33 % en 2021 et la France a regagné des parts de marché. Toutefois, tient à souligner M. Giron, « cette reprise remarquable ne doit pas faire oublier que si les sanctions sont suspendues, ce contentieux n’est pas résolu. Il appartient aux pouvoirs publics de régler rapidement et définitivement ce dossier, après quinze ans de conflit ».

 

La sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union européenne au 1er janvier 2021 n’a pas eu de conséquence fâcheuse sur les exportations françaises

 

Autre inquiétude levée, celle liée au Brexit. La sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union européenne au 1er janvier 2021 n’a pas eu de conséquence fâcheuse sur les exportations françaises. Elles sont restées soutenues tout au long de l’année et affichent une hausse de 20 % pour atteindre un niveau record de 1,6 milliard d’euros. Enfin, la pandémie de Covid-19, qui avait durement pénalisé la consommation d’alcool dans les bars et restaurants frappés par les mesures de confinement et les ventes de bouteilles dans les boutiques d’aéroports, a vu ses effets s’estomper en commençant par la Chine. Les exportations vers le marché chinois ont bondi de 56 %, à 1,26 milliard d’euros. Elles ont aussi été très dynamiques vers Singapour.

 

L’ensemble de l’assortiment des productions viticoles hexagonales profite de cet engouement. Les vins pèsent le plus lourd dans la balance commerciale avec un total dépassant les 10,5 milliards d’euros. Les bouchons de champagne sautent à nouveau aux quatre coins de la planète avec des ventes hors des frontières qui dépassent les 3,5 milliards d’euros. Viennent ensuite les bordeaux (2,3 milliards d’euros), les bourgognes (1,27 milliard), les vins de la vallée du Rhône (524 millions) ou ceux de Provence (313 millions). Côté spiritueux, le cognac continue à séduire de plus en plus de clients étrangers. Portée par de grands groupes comme LVMH, Pernod Ricard et Rémy Cointreau, la précieuse eau-de-vie charentaise a vu ses exportations atteindre un plus haut historique à 3,6 milliards d’euros en 2021.

Tous les vins français battent des records de valorisation à l'export en 2021

Les statistiques douanières témoignent d'une forte premiumisation des vins exportés par les opérateurs français l'an passé. Les volumes restent dans ordres de grandeur plus classiques.

 

Par Alexandre Abellan Le 14 février 2022

 

 

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Pour un rattrapage, c’est une sacrée récupération ! En 2021, les opérateurs français ont exporté 11,1 milliards d’euros de vins (dont 5 % d’origines étrangères) indique Adrien Boussard, référent sectoriel pour les vins et spiritueux de l’agence Business France, à l’occasion du salon Wine Paris & Vinexpo Paris. Les valeurs exportées sont ainsi en hausse de 26,7 % par rapport 2020. Mais comme cette année de pandémie covid était commercialement en berne (confinements obligent, notamment sur le premier semestre), l’analyste préfère comparer les performances 2021 à celles de 2019. Ce qui donne un net gain en valeur de +13,1 %. « Malgré des confinements partiels en 2021, les exportations de vins français performent en valeur » résume Adrien Boussard.

 

En volumes, le rebond est net (avec 14,6 millions hl en 2021, soit +7,9 % par rapport à 2020 et +2,4 % par rapport à 2019), mais il n’y a pas de records : les exportations reviennent à des niveaux atteints en 2012 et 2017. « Cela remet les choses en perspectives. Les volumes évoluent doucement, ils restent globalement stables sur 20 ans » analyse Adrien Boussard, qui souligne la forte valorisation des vins exportés par la France. Les prix moyens sont de 7,6 euros par litre en 2021, contre 6,40 €/litre en 2020 (+19 %) et 6,70 €/litre en 2019 (+13 %). « La valeur est montée plus vite que le volume » résume l’analyste.

 

Croissance à deux chiffres des AOP

 

Pour toutes les catégories de vins français, les expéditions augmentent plus en valeur qu’en volume. Globalement, les vins AOP surperforment* : avec 5,5 millions d’hectolitres expédiés pour 5,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires (respectivement +8 et +25 % par rapport à 2020). Parmi les plus fortes croissances dans le vignoble d’appellation, on note les vins du Val de Loire (75 000 hl pour 49 millions €, +36 et +45 %), les champagnes (1,3 millions hl pour 3,5 milliards d’euros, +35 % volume et +42 % valeur), les vins de Bordeaux (1,9 million hl pour 2,3 milliards €, +9 et +30 %), ceux de Bourgogne (717 000 hl pour 1,3 milliard €, +18 et +28 %), de Vallée du Rhône 793 000 hl pour 525 millions € (+7 et +21 %) et d’Alsace 193 000 hl pour 112 millions € (+14 et +19 %). Les performances sont moins éclatantes pour les vins de Provence (452 000 hl pour 313 millions €, +1 et +5 %), du Languedoc-Roussillon (458 000 hl pour 208 millions €, +3 et +4 %), du Beaujolais (213 000 hl pour 114 millions €, -1 et +12 %) et du Sud-Ouest (116 000 hl pour 50 millions €, -2 et +11 %).

 

En termes de destination, les principaux pays importateurs de vins français restent inchangés. Première destination en valeur, les États-Unis repartent fortement après la levée des taxes Trump (+27 % en valeur et volume). Deuxième importateur en valeur, le Royaume-Uni affiche une tendance plus contrastée (+22 % valeur et -9 % volume), entre effet Brexit et écoulement des stocks constitués. Sixième destination, la Chine continue de restructurer son marché face aux taxes punitives imposées aux vins australiens (+12 % valeur et +9 % volume). A noter en seizième place la Corée du Sud, qui poursuit son explosion des importations de vins.

 

Enjeu du petit millésime 2021

 

Globalement, 2021 restera dans les annales comme étant une superbe année commerciale pour les vins français à l’export. Tout en restant « très particulière. Il faudra voir comment se comportent les expéditions avec les petites récoltes enregistrées en 2021 » prévient Adrien Boussard. Réponse dans un an pour savoir si ce rattrapage devient une reconquête des marchés.

 

* : Les vins à Indication Géographique Protégée (IGP) s’élèvent à 3,7 millions hl pour 952 millions € (+5 et +9 %), essentiellement en IGP Pays d’Oc (2,4 millions hl pour 572 millions €). Les Vins Sans Indication Géographique (VSIG) représentent 2,6 millions hl pour 516 millions € (-1 et +11 %).

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23 février 2022 3 23 /02 /février /2022 06:00

Manifeste Œnologique : A bas le terroir ! Défendons les Vin Sans Caractère d'Appellation Commune VSCAC !

« Marie-Ève Lacasse est auteure et journaliste freelance. Elle a publié, entre autres, Peggy dans les phares (Flammarion, 2017) et Autobiographie de l’étranger (Flammarion, 2020). Elle écrit sur le vin par pure gourmandise et sur les savoirs paysans par amour de la politique. On peut la lire dans Le Figaro Vin et entendre sa voix sur les ondes de RadioVino. Elle a co-créé, avec Laurent Le Coustumer, le podcast Filles de Vignes. » ICI 

 

 

Depuis qu’elle a gagné les lignes du Figaro-Vins Marie-Ève Lacasse, me fait penser au Pousson des origines, un Pousson qui aurait été naturiste et pas macho, ce qu’il ne fut jamais et ne sera jamais, elle pond (allusion à la reine de la ruche) des chroniques pour Le Figaro nouveau converti, ouvrier (mon Dieu des ouvriers au Figaro !) de la 25e heure, c’est tendance le vin nu, faut bien mon bon monsieur aller capter de nouveaux lecteurs. Les « révolutionnaires » des vins nu, ceux qui allaient renverser la table, mettre la FNSEA à genoux, faire naître une nouvelle agriculture, ont jeté leur gourme pour aller se réfugier dans les bras du grand capital, Fabien Roussel lui-même se marre.

 

 

Votre serviteur, blanchi sous le harnois, s’en trouve bien aise, épuisé par un long et ancien labeur, il peut ainsi goûter, avec délice, un repos bien mérité en se contentant de relayer Marie-Ève Lacasse en vous laissant le soin d’en penser ce que vous voulez.

 

 

Métiers de l’ombre du vin : qu'est-ce qu'un distributeur ? ICI 

 

Premier article d’une série sur les métiers à l’ombre de la filière. Aujourd’hui, Martin, Marine et Pascal nous entraînent dans les mystères de la distribution.

Par Marie-Eve Lacasse

Publié le 17/02/2022

 

Martin Santader ne voyage jamais sans son verre en cristal Gabriel. «On ne sait jamais, si un vigneron m’invite à l’improviste à goûter quelque chose chez lui un dimanche, ou bien si je suis emmené à découvrir un vin au restaurant, je le fais avec ce verre» nous dit-il avec une pointe d’accent espagnol, vestige de ses origines péruviennes. Car Martin Santander ne fait pas les choses à moitié. À la tête d’eCave, son entreprise de distribution bordelaise et gérant d’un original bar à vins à l’aveugle, «The Blind», il admet être perfectionniste à l’extrême. Le genre à déguster du matin au soir, pendant cinq jours, à VinItaly (un des plus importants salons internationaux ayant lieu chaque année à Vérone) pour ne sélectionner qu’un seul vin qui intégrera son catalogue. «L’été dernier, j’ai passé mes vacances en Hongrie pour visiter des domaines. On trouve des choses extraordinaires là-bas…». Spécialisé dans l’importation de vins bio étrangers, Martin Santander est à l’image de ses collègues : passionné et disert, même en restant dans l’ombre.

 

La suite ICI

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22 février 2022 2 22 /02 /février /2022 06:00

Je vous préviens sieurs dégustateurs, vous allez salement déguster !

« Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule. »

 

N’en déplaise à Michel Audiard, qui avait le sens de la formule qui tue dans ses dialogues au cinéma, moins au temps incertain où il aurait dû éviter de tremper sa plume dans le venin antisémite, je ne dirai rien de ce classement, mon titre suffit.

 

Le Classement 2022

 

À l'instar du classement 2021, La Fondation du Vin souhaite, par ce classement 2022, mettre en avant les acteurs qui agissent pour un vin meilleur.

 

 À la veille de l'élection présidentielle 2022, les protagonistes de celle-ci vont mettre opportunément en avant les qualités et avantages du monde de la vigne : balance excédentaire, emplois non délocalisables, mise en avant du patrimoine, entretien des campagnes...

 

 

 

« Les porte-drapeaux d'une famille responsable, innovante, performante, consciente, inspirante »

 

 

 

Et ils auront bien raison ! Les 80 lauréats qui composent ce classement sont les porte-drapeaux d'une famille responsable, innovante, performante, consciente, inspirante. Passée cette élection, espérons que cette famille toute entière en sortira grandi et que seront oubliés les crispations infondées et désuètes qu'elle a parfois pu générer.

 

 

 

Ces lauréats insufflent de l’optimisme, donnent des perspectives, inspirent, ils sont Le Vin de Demain.

 

Les Lauréats 2022

 

Réalisé en toute indépendance par les membres de la Fondation du Vin, Le Vin de Demain n’est pas un classement exhaustif, c’est un recensement de 80 acteurs de l’industrie viti-vinicole, qui, par leur volonté, leur vision, leurs actions, leurs innovations ou tout simplement leur quotidien, donnent un avenir au vin, construisent Le Vin de Demain.

 

 

 Merci à Julia Bouchet pour sa sélection ICI

 

Le Classement ICI 

Le Dégustateur Guillermo Forchino Sculpture Petit Sommelier Comic Art  FO84007 | eBay

11 janvier 2016

Je vous préviens sieurs dégustateurs, vous allez salement déguster !

 

De nos jours, où que tu ailles, tu dois déguster !

 

 

 

Impératif catégorique !

 

 

 

Bonne dégustation par ci, bonne dégustation par là, n’en jetez plus la cour est pleine.

 

 

 

Si déguster c’est goûter un plat ou un vin pour en apprécier les qualités, les savourer, je n’y trouve rien à redire. Nous ne mangeons pas que pour vivre mais aussi pour éprouver du plaisir, un plaisir souvent partagé autour d’une table entre parents ou amis. Le vin, lui, a un statut particulier, longtemps boisson énergétique il s’est installé, dans nos sociétés d’abondance, comme un marqueur social.

 

 

 

Dis-moi ce que tu bois et je te dirai qui tu es !

 

 

 

À partir de cet impératif sont venus se greffer toute une engeance de dégustateurs professionnels pour qui déguster c’est juger, noter, classer, étiqueter, exclure…

 

 

 

Entendez-moi bien je ne développe aucune acrimonie à l’encontre de la fonction de critique qu’elle soit gastronomique ou œnophile et je ne dénie pas aux guides : le Michelin, le Gault-Millau, la vieille RVF et ses tous petits cousins, une fonction qui est justement celle d’un guide : orienter ceux qui veulent découvrir.

 

 

 

Du côté des blogueurs ils ont très vite pris le pli, les mauvais plis trop souvent.

 

 

 

À chacun de faire comme bon lui semble, avec ou sans béquilles, les conseilleurs ne sont jamais les payeurs.

 

 

 

Mon agacement, dans le petit monde du vin, a pour origine l’instrumentalisation de la dégustation, certains prétendent en faire un outil de sélection quasi-infaillible à la fois pour délivrer le bulletin de naissance de l’identité d’un vin et pour le situer dans une hiérarchie statutaire.

 

 

 

Nous vivons dans un monde où la main, de ceux qui ne font pas, a soi-disant plus de valeur que celle qui fait. ICI

 

 

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21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 06:00

Les Vins de barbec solidaires d'Eva - Le blog de JACQUES BERTHOMEAU

« Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage ! C’est la gastronomie française. »

 

La viande est rouge, normal Roussel est coco !

 

Bien sûr, comme Sardine Rousseau ce cher Salmon ignore que dans le couscous qu’aiment les Gaulois y’a du poulet en batterie, du veau, de l'agneau, des "enfants", mais ce sont des viandes blanches, entre-nous soi-dit le poulet vient souvent du Brésil…

 

L’amalgame fait par Salmon est malhonnête car Roussel dans ses discours, j’en ai auditionné un en Corse, précise qu’il faut manger de la bonne viande issue du  troupeau de nos verts pâturages.

 

Il est encore plus malhonnête quand il le fourre dans le même sac que Matteo Salvini, Boris Johnson, Donald Trump

 

Bien sûr Salmon n’est pas connu par le populo, il ne s’adresse qu’au petit cercle d’une écologie punitive, faites d’interdits, d’oukases, alors il soigne son fonds de commerce.

 

Que son discours éveille des applaudissements à droite ça ne m’étonne pas mais ça n’enlève en rien la sincérité du gars Fabien.

 

Il pense ce qu’il dit.

 

Il choque les culs pincés, ça me mets en joie.

 

Je respecte les choix des vegan mais dans un temps où l’on nous rebat les oreilles avec les restrictions des libertés, celle de manger, de bien manger, dans le respect des éleveurs, des animaux qu’ils élèvent, en est une.

 

Bref, sur l’air de Monsieur Béranger : « Défense est venu par dernier réseaux sociaux/ à tout petit coco de manger de l’aloyau /monsieur Salmon tu nous embêtes/monsieur Salmon tu nous fais chier… »

 

Quand je pense que je plaide pour défendre un coco, où vais-je ?

 

La viande maturée - Boucherie Liaigre

 

La gauche barbecue de Fabien Roussel, une idée fumeuse ICI

 

Christian Salmon — Édité par Thomas Messias — 15 février 2022 à 7h30

 

[Chronique #38] Le candidat communiste à la présidentielle n'a jamais autant fait parler de lui qu'en défendant la viande comme un incontournable de l'identité française.

Temps de lecture: 6 min

 

Fabien Roussel a du flair, sinon du goût. En enfourchant le cheval de la bonne chère à la française, il a donné un sursaut à sa campagne et s'est distingué de ses concurrents de gauche, dépeints comme de tristes mangeurs de soja. Cadet Rousselle avait trois maisons, Fabien Roussel, lui, a trois ingrédients: un bon vin, une bonne viande, un bon fromage! Quoi de plus revigorant dans le climat anxiogène nourri par la pandémie que d'invoquer la bonne chère!

 

 

Quand un couple s'ennuie, la question finit toujours par se poser: «Qu'est-ce qu'on mange ce soir?». Face à une campagne insipide qui peine à intéresser les électeurs, Fabien Roussel en bon père de famille a eu une idée de génie: faisons un barbecue. C'est la surprise du chef.

 

 

Dénonçant sans le nommer le candidat insoumis qui voudrait rendre «plus cher tout ce qui est gras, salé et sucré», il se fait le défenseur de ce qui est bon pour le bon peuple: «Ah! les gueux», s'exclame-t-il non sans démagogie. Roussel fait de la trilogie vin-viande-fromage, battue en brèche par la culture végane, la bannière tricolore d'une reconquête culturelle aux parfums de province. «Finie la coppa! Finie la panisse à Marseille! Finies les frites dans le Nord! Terminé! Mais on va manger quoi? Du tofu et du soja!»

 

José Bové avait fait du roquefort une arme politique dans sa guerre contre les géants de la malbouffe. Roussel va plus loin. Il politise les protéines. Il fait du cholestérol une arme de guerre culturelle. Il nationalise la boucherie. Il parle au ventre national.

 

Identité nationale

 

L'écologiste Sandrine Rousseau a eu beau jeu de rappeler que le couscous était le plat préféré des Français. C'était oublier la dimension quasi mythologique de la viande dans l'imaginaire national, très bien pointé par Roland Barthes dans ses Mythologies:

 

«Le bifteck participe à la même mythologie sanguine que le vin. Comme le vin, le bifteck est, en France, élément de base, nationalisé plus encore que socialisé [...] il participe à tous les rythmes, au confortable repas bourgeois et au casse-croûte bohème du célibataire [...] C'est le codeur de la viande, c'est la viande à l'état pur, et quiconque en prend, s'assimile la force taurine. [...] Manger le bifteck saignant représente donc à la fois une nature et une morale. [...] National, il suit la cote des valeurs patriotiques: il les renfloue en temps de guerre, il est la chair même du combattant français…»

 

Le candidat communiste a gagné en visibilité. Auprès de qui? C'est là que le bât blesse.

 

Les médias se sont empressés de faire prospérer la polémique, trop contents de monter en épingle l'opposition entre une gauche écologiste et végétarienne, et une gauche populaire et carnivore. La gauche Rousseau contre la gauche Roussel, en somme!

 

L'avantage gagné dans les sondages reste modeste pour le moment (1 point en plus selon le dernier sondage Ipsos) mais le candidat communiste a gagné en visibilité. Auprès de qui? C'est là que le bât blesse.

 

«Fabien Roussel s'est aussitôt attiré d'étranges commensaux», commente Daniel Schneidermann dans sa chronique de Libération. «En quelques heures, le bolchevique est devenu l'idole de C.News. Comment donc? On ne peut plus faire l'éloge du steak frites sans se faire traiter de racistes? Après nous avoir volé Napoléon et Colbert, les woke veulent cancel l'entrecôte, le brillat-savarin, ou le saint-amour?»

 

Mal accompagné

 

Car l'enjeu dépasse les goûts et les couleurs, ainsi que la compétition électorale. La viande est un marqueur identitaire. Elle est invoquée non pas seulement pour ses qualités gustatives ou son stock de protéines, elle véhicule des représentations identitaires. La discussion ne porte pas sur le menu, mais sur la manière dont nous nous identifions, comme individus et comme nation. C'est d'une guerre culturelle dont il s'agit. Et dans cette guerre, Fabien Roussel se trouve manifestement en mauvaise compagnie. En voici trois exemples: Matteo Salvini, Boris Johnson, Donald Trump.

 

Matteo Salvini fut sans doute le premier à faire de la nourriture un argument de campagne et un drapeau de l'identité italienne. Il n'y a rien de mieux pour rassembler le peuple italien que la cuisine italienne, des cannelloni aux lasagnes et à la pâte à tartiner Nutella. Quand il était ministre de l'Intérieur, son compte Twitter était illustré de pizzas à son effigie ou de plats régionaux qu'il engloutissait à l'occasion de ses visites dans les régions italiennes.

 

Salvini et la pizza sur Twitter, Salvini et la pasta sur Facebook, Salvini et le saucisson sur Instagram. Salvini, un homme du peuple, qui mange comme le peuple et qui n'a pas peur de grossir comme le peuple!

 

Au Royaume-Uni, c'est le gâteau qui est devenu synonyme d'indépendance nationale au cours de la campagne pour le Brexit. Boris Johnson affirmait par exemple: «Nous pouvons récupérer notre gâteau et le manger si le Royaume-Uni quitte l'Union européenne», avec une variante pour ceux qui n'auraient pas compris: «Ma politique du gâteau c'est: je suis pour l'avoir et pour le manger!» («My policy on cake is pro having it and pro eating it»). L'actrice Emma Thompson, favorable au maintien dans l'Union européenne, répliqua en disant que le Royaume-Uni était «une vieille île grise remplie de gâteaux et de misère».

 

Aux États-Unis, la viande est devenue un enjeu central des luttes politiques et idéologiques entre Républicains et Démocrates. Les t-shirts pro-Trump de la campagne de 2016 affirmaient sans ambages: «C'est l'Amérique. Nous mangeons de la viande. Nous buvons de la bière et nous parlons un putain d'anglais.»

 

 

Les États-Unis en pleine guerre de la viande

Fox News s'est récemment illustré dans cette guerre de la viande en prétendant que Joe Biden avait un plan visant à supprimer 90% de la viande rouge de l'alimentation américaine, ne laissant au consommateur qu'une ration de quatre livres de viande par an, ou un hamburger par mois. La représentante du Colorado, Lauren Boebert, a demandé à Joe Biden de «rester en dehors de [sa] cuisine» pendant que des personnalités conservatrices protestaient contre l'intrusion de Biden «dans la salle à manger américaine».

 

L'information de Fox News était fausse, et la chaîne s'en est excusée, mais cela n'a pas levé l'hypothèse d'une guerre contre la viande menée par «les politiciens déconnectés et les élites hollywoodiennes». Un rapport de l'Agence de protection de l'environnement de 2019 a noté que l'agriculture était responsable de 10% de toutes les émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis.

 

Le Green New Deal défendu par Alexandria Ocasio-Cortez appelle à une forte réduction de la production animale. Biden a qualifié le plan de «cadre important» sans l'adopter. Une indécision qui encourage la propagande des Républicains, qui se plaignent de la guerre contre la viande menée par les Démocrates.

 

Le besoin d'affirmer la viande comme signifiant de l'identité masculine s'est accru.

 

Alors que de plus en plus d'Américains reconnaissent le lien entre la production alimentaire et le changement climatique, les choix alimentaires sont de plus en plus connectés à des enjeux politiques. Déjà, dans les États agricoles, le sujet de la consommation de viande a rejoint les thèmes de l'avortement, du contrôle des armes à feu et des droits des personnes transgenres comme des enjeux des guerres culturelles. Les Démocrates soucieux du climat sont accusés d'essayer de changer le régime alimentaire des Américains et, par conséquent, leur vie.

 

La guerre de la viande fait rage entre certains États comme le Nebraska, gros producteur de viande qui génère plus de 12 milliards de dollars par an, et son voisin le Colorado qui a choisi de participer à l'opération «Un jour sans viande» («MeatOut Day»). Le Nebraska a répliqué en déclarant «La viande au menu du jour» («Meat on the Menu Day»).

 

En Argentine, la viande rouge devient une affaire d'État

 

En 2018, Ted Cruz affirmait: «Si le Texas élit un Démocrate, ils vont interdire les barbecues dans tout l'État.» En 2016, alors candidat à la primaire républicaine, il avait publié une vidéo de campagne dans laquelle il faisait griller une tranche de bacon sur le canon de son fusil d'assaut. Une manière de combiner deux obsessions républicaines: les armes et la viande.

 

Il y a trente ans, Carol Adams, militante féministe et activiste pour les droits des animaux publiait La politique sexuelle de la viande, reliant la consommation de viande aux notions de masculinité et de virilité dans le monde occidental. Depuis, le besoin d'affirmer la viande comme signifiant de l'identité masculine s'est accru. Dans son livre The Pornography of Meat, qui date de 2020, Adams a d'ailleurs recensé des hamburgers portant le nom de violeurs célèbres, comme le burger Harvey Weinstein en Angleterre ou le sandwich Bill Cosby au Pakistan.

Le candidat à l’élection présidentielle pour le PCF, Fabien Roussel, au siège de son parti, place du Colonel-Fabien à Paris, le 2 février 2022.

Fabien Roussel, les nouveaux habits du communisme français

 

Le député du Nord, candidat à l’élection présidentielle, entend parler à un horizon de plus en plus inaccessible à gauche – les classes populaires – et s’emporte souvent contre une gauche écologiste jugée déconnectée, hautaine.

 

Par Julie Carriat

 

Dans son grand bureau de la place du Colonel-Fabien, vue sur Paris, Fabien Roussel met un peu d’ordre. Pour la photo, il range le livre du patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, que ce dernier lui a offert lors de leur débat pour le quotidien L’Humanité. « Ça va encore me faire des ennuis », dit-il.

 

Le député (Parti communiste, PCF) du Nord revendique de parler à tout le monde : les représentants du patronat et les syndicalistes, les électeurs de Marine Le Pen et les abstentionnistes. Qu’importe si ça fait hurler certains de ses rivaux à gauche, qui l’accusent de se faire à lui seul la caution de la droite. « On me caricature comme le candidat beauf, sauciflard, provincial, mais je ne suis pas seul. On est plein à être d’accord sur cette ligne : la volonté de reconquérir l’électorat populaire sur un discours de classe, avec du fond », leur répond-il.

 

Derrière lui, une petite équipe, composée notamment de l’élu parisien Ian Brossat pour la stratégie de campagne, de son ami d’enfance Olivier Marchais, le fils de Georges, pour la logistique, mais aussi, et surtout, l’appui d’un PCF qui voulait tourner la page du Front de gauche et du soutien à Jean-Luc Mélenchon.

 

Jamais avare d’une pique lancée à Mélenchon

 

Pour le reste, Fabien Roussel a apporté sa patte, celle d’un communiste né à Béthune (Pas-de-Calais) de parents militants, élevé en politique par le Nordiste Alain Bocquet.

 

Le maire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord) est aujourd’hui, « modestement », son suppléant à l’Assemblée nationale. Il l’a connu enfant, « un petit gars rieur, un peu déconneur ». L’a pris à ses côtés comme assistant parlementaire après son passage au cabinet de la secrétaire d’Etat au tourisme Michelle Demessine, dans le gouvernement de Lionel Jospin. Depuis, il distille, de loin, quelques conseils et peut se targuer d’avoir alimenté le réservoir à bons mots du candidat.

 

Dans l’histoire politique de Fabien Roussel, ancrée pour l’essentiel dans les structures du PCF du Nord, à l’exception de quelques années d’exercice dans le journalisme (à L’Humanité, mais aussi à France 3 comme caméraman), toutes sortes d’anecdotes de terrain et de rencontres au bistro qui composent aujourd’hui la musique de sa campagne.

 

Le « roussellement », par exemple, est né autour d’une bière. « Je suis presque tous les week-ends à Saint-Amand, le dimanche, je vais au café, sur le marché, et je fais mes permanences », souligne le secrétaire national du PCF, pas mécontent du contraste avec tous les adeptes du « tourisme électoral », à Marseille notamment, dit-il, jamais avare d’une pique lancée à Jean-Luc Mélenchon. Fabien Roussel est « un homme très à l’écoute, assure Alain Bocquet. Il note dans son petit carnet les phrases qu’il entend ». De l’air frais venu du Nord, loin de Paris et ses « révolutions de salon », nous promet-on.

 

Comment en est-il arrivé à incarner le renouveau du PCF ? Une occasion saisie plutôt que l’avènement d’une ligne claire. Certes, Alain Bocquet reconnaît avoir, toute sa vie, « été cité comme un orthodoxe, un stalinien » (ça l’énervait au début, et puis il s’y est fait). Mais son poulain a « été repéré par tout un tas d’amis politiques comme étant un homme pouvant exprimer [leurs] convictions avec une certaine fermeté, plutôt que de trouver des compromis avec la social-démocratie », explique le maire de Saint-Amand. Une attaque à peine voilée à l’époque où d’autres dirigeaient le parti.

 

Stratégie de reconquête

 

Le sénateur (PCF) de Paris Pierre Laurent, son prédécesseur au secrétariat national, reste toutefois président du conseil national du PCF et assure une certaine continuité. Il était, dimanche 6 février, à Marseille, au premier rang pour écouter le candidat discourir devant l’image projetée d’un énorme drapeau français. Sans doute pas celle qu’il aurait choisie, en fervent internationaliste, mais pas de quoi pour autant susciter de levée de boucliers. Sur le papier, Fabien Roussel a donné des gages à toutes les composantes du parti, sauf peut-être à celle qui était restée attachée au soutien à Jean-Luc Mélenchon.

 

S’il lui arrive de fâcher les siens, c’est surtout quand il est loin du siège du Colonel-Fabien, sur des plateaux de télévision. Son début de campagne – présence à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale, propos sur les déboutés du droit d’asile – a donné lieu à quelques recadrages. Depuis, sans nouvelle incartade et avec des sondages en hausse, la plupart des communistes sont montés dans son bateau avec plus ou moins d’allant.

 

Les attaques en droitisation liées à ses déclarations sur la gastronomie française ont même tellement indigné qu’elles ont poussé des réticents à s’impliquer. Les autres élus en désaccord avec l’orientation, à l’instar d’Elsa Faucillon (députée des Hauts-de-Seine), pourraient donner leur parrainage à Jean-Luc Mélenchon, quand ils ne rejoindront pas, comme le député de Seine-Maritime Sébastien Jumel, son parlement de campagne.

 

Pour sa campagne, Fabien Roussel fait les péages, les écoles de boucherie, les manifestations, les gares autoroutières et les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap), promet des voitures électriques subventionnées, le permis gratuit aux jeunes et une électricité pas chère grâce au maintien et au développement du nucléaire. Il déroule une certaine idée des classes populaires, cet horizon rêvé de tous les candidats de gauche qui semble de plus en plus hors de portée, entre abstention et incompréhension.

 

Dans cette stratégie de reconquête, il s’emporte souvent contre une gauche écologiste jugée déconnectée, voire hautaine. « Les classes populaires, ce sont elles qui sont à chaque fois mises sous pression, ou de la finance, ou de celle d’excessifs, d’écologistes, qui leur disent : “Non, pas d’auto, ni d’avion !” Comment est-ce que ceux qui ont tout peuvent dire à ceux qui n’ont rien ce qu’ils ont le droit de faire ? »

 

« Gauche bac pro »

 

Autour de lui s’organise une bataille d’image. Qu’il prend soin de traiter par le silence, la plupart du temps. Politiquement, il n’est pas toujours utile, en effet, de recevoir les louanges de Bruno Le Maire, de Gérald Darmanin ou de Jean-Michel Blanquer, qui juge que « son logiciel républicain est dans une bonne tradition ».

 

Mais il y a des soutiens dont il s’accommode mieux. Par exemple, celui de l’écrivain Nicolas Mathieu, qui a dit, dimanche sur France 5 : « C’est bien qu’il y ait une gauche hypokhâgne, lyrique, érudite, ouverte sur le monde. Mais c’est bien aussi qu’il y ait une gauche bac pro, qui s’intéresse aux gens qui bossent dans les entrepôts, aux infirmières, aux gens qui conduisent des camionnettes. » « Merci », lui a répondu le candidat communiste.

 

Dans les jeunesses communistes, décimées par des années de crises et d’affaires d’agressions sexuelles et de harcèlement, le candidat ne fait pas consensus. Des responsables, autonomes en vertu des statuts, ne participent pas à sa campagne. Un an après le suicide du jeune Guillaume T., qui accusait deux élus PCF parisiens de viol et dont le témoignage avait lancé le mouvement #metoogay, une partie des jeunes communistes juge sa mémoire bafouée. Et ces questions insuffisamment prises en compte par le parti.

 

Fabien Roussel est peu friand, c’est vrai, des débats sur les particularismes des luttes. « Je n’ai aucun sujet tabou sur les sujets sociétaux, dit-il. Ce sont des sujets, ils sont tous importants pour ceux qui les vivent. Toutes les discriminations sont importantes, mais je ne scinde pas les sujets, je ne suis pas dans “l’intersectionnalisme”. C’est un tout. »

 

« Il est très déstabilisant »

 

Ses détracteurs voient parfois en lui un objet de marketing politique, droitier dans l’enrobage, rouge à l’intérieur. « Il est très déstabilisant, c’est la première fois que j’entendais un communiste parler de charges sociales », relève l’écologiste Sandrine Rousseau.

 

Son directeur de campagne, Ian Brossat, le réfute : « Fabien n’est pas fabriqué, il est comme ça, il est sincère. Ce qu’il dit est lié à ce qu’il est, il s’adresse à la France à laquelle la gauche ne parle plus. » On le compare à Marchais, pour l’accent sur la France, à Robert Hue aussi, pour le côté sympathique. Car c’est aussi ça, Fabien Roussel, beaucoup de blagues, même s’il se retient d’en faire de trop grasses, ces derniers temps. Un leitmotiv – « un militant triste est un triste militant » – qui oblige à un communisme rigolard.

 

 « Il faut être heureux, épanoui, moi je le suis », dit-il. « Il va réussir son coup : remonter le PCF au-dessus des 2 %. Avec un visage plutôt joyeux, c’est un séducteur, Fabien », dit de lui Hélène Hardy, membre de la direction d’Europe Ecologie-Les Verts, qui ne lui tient pas rigueur de ses attaques en bien-pensance. Les piques envers les concurrents, Fabien Roussel les mâtine de la proposition de rassembler aux législatives, sans que ça n’aboutisse pour le moment.

 

Quand on évoque le Parti socialiste (PS), qu’il devance désormais dans les sondages, il évite les critiques : « Le PS a aussi des racines dans ce pays… J’imagine qu’aujourd’hui ça doit être difficile pour eux. » PS, PCF, deux partis à la mémoire d’éléphant, qui se retrouvent aujourd’hui parfois encombrés de leur histoire. Optimiste, Fabien Roussel a la solution : « Ceux qui ne veulent pas voter communiste parce qu’ils ne se retrouvent pas dans le PCF, je leur dis : “OK, votez Roussel !” »

 

Julie Carriat

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19 février 2022 6 19 /02 /février /2022 06:00

 

Un soldat ukrainien dans le village de Pavlopol, bombardé en 2014 et 2015, sur la ligne de front dans les faubourgs de Marioupol, à quelques kilomètres de la partie du Donbass contrôlée par les séparatistes pro-russes. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Un soldat ukrainien dans le village de Pavlopol, bombardé en 2014 et 2015, sur la ligne de front dans les faubourgs de Marioupol, à quelques kilomètres de la partie du Donbass contrôlée par les séparatistes pro-russes. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Andreï Kourkov j’ai lu son désopilant premier livre, devenu un best-seller « Le Pingouin » qui racontait l’histoire, à Kiev, de Victor Zolotarev, un journaliste sans emploi et de son pingouin Micha rescapé du zoo de la ville en pleine débine. Tous deux tentaient péniblement de survivre, entre la baignoire et le frigidaire de l'appartement. C’est alors que le patron d'un grand quotidien offrit à Victor d'écrire les nécrologies - les « petites croix » - de personnalités bien portantes. Bien évidemment,  Victor  s’empressait d’accepter ce job tranquille et bien payé. Mais comme à Kiev la vie est loin d’être un long fleuve tranquille, un beau jour, les fameuses « petites croix » se mettaient à passer l’arme à gauche, de plus en plus nombreuses et à une vitesse alarmante. Victor et son pingouin neurasthénique se trouvaient alors plongé dans la tourmente d’un monde impitoyable et sans règles, celui d’une république de l’ancien  empire soviétique.

 

Le Pingouin - Andreï Kourkov • Éditions Liana Levi

 

J’ai lu ensuite tous ses livres et le dernier Les abeilles grises est un petit bijou d’humour et d’humanité, pour moi le plus abouti.

 

Les abeilles grises - Andreï Kourkov • Éditions Liana Levi

 

À l’occasion de la publication de son nouveau roman intitulé Les abeilles grises, Andreï Kourkov a fait une escale sur le plateau du JT de 23h de France info ICI. Interrogé au sujet de la présence russe à la frontière de l’Ukraine, l’écrivain analyse : "Les ukrainiens sont habitués à vivre dans une instabilité normale. Il y a toujours des crises, toujours des problèmes dans la politique, dans l’économie du pays. Mais les ukrainiens s’adaptent aux problèmes."

 

Poésie et abeilles

 

Dans cet ouvrage, l’auteur conte l’histoire d’un apiculteur de 49 ans qui va prendre la route avec ses abeilles. Il a la volonté de trouver un endroit plus confortable pour les protéger à tout prix. Des abeilles comme un symbole du prix de la vie, de la poésie, du printemps et de l'espoir. « Des rêves de gens simples sur l’avenir du communisme », résume l’auteur qui explique que son personnage « pense que l'abeille est le seul animal à achever une société parfaite ».

 

L'Ukraine en zone grise, article de Rafael Vilasanjuan - Actu24

 

Andreï Kourkov est un «habitant de la guerre», comme les personnages de son nouveau roman. L'écrivain ukrainien russophone raconte le road-movie de son personnage, un apiculteur de 49 ans, et commente les tensions actuelles à la frontière de l'Ukraine, région où la guerre menace... et confie également son goût pour la langue française. ICI 

 

Dans un petit village abandonné de la « zone grise », coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte : Sergueïtch et Pachka. Ennemis d'enfance, désormais seuls habitants de ce no man's land, ils sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer. Et cela, malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Sergueïtch sympathise avec un soldat ukrainien qui lui rend des visites furtives ; Pachka fréquente en cachette ses « protecteurs russes » pour se procurer des denrées alimentaires.

 

Leurs conditions de vie sont rudimentaires : charbon pour se chauffer, conserves pour se nourrir, bougies récupérées dans une église détruite pour s'éclairer. Les journées monotones de Sergueïtch sont cependant animées de rêves visionnaires et de souvenirs. Ce qui lui importe avant tout, ce sont ses abeilles. Apiculteur dévoué, il croit en leur pouvoir bénéfique qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances de « thérapie curative ». Alors que l'hiver les abeilles demeurent dans sa grange, à l'abri du froid et des bombardements, il décide, le printemps venu, de leur chercher un endroit plus calme. Ses six ruches chargées sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l'aventure. Mais même au coeur des douces prairies fleuries de l'Ukraine de l'ouest et le silence des montagnes de Crimée, le grand frère russe est là, qui surveille...

 

https://www.leparisien.fr/resizer/jzp8euvC8fTwT0GcNh9AQfLXpNo=/622x725/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/leparisien/YURAZFYNEFAANAQOKSKCECZMWU.jpg

 

« Les Abeilles grises » d’Andreï Kourkov : périple en Ukraine ICI  

Critique Andreï Kourkov empreint de tendresse et de merveilleux la ligne de front où l’armée ukrainienne fait face aux rebelles séparatistes du Donbass.

Alain Guillemoles, le 09/02/2022 à 14:35

Traduit du russe (Ukraine) par Paul Lequesne, Liana Levi, 400 p., 23 €

 

Andreï Kourkov a pris son temps. Mais il a fini, dans son nouveau roman, par s’emparer du conflit qui s’est installé en Ukraine depuis sept ans et qui inquiète particulièrement ces jours-ci les dirigeants du monde entier. Il le fait à sa façon, à travers un conte plein de rebondissements, où le cocasse voisine avec le tragique, le merveilleux avec la cruauté. Et au milieu de ce grand drame collectif subsiste toujours un espoir, grâce à des personnages emplis de bonté et d’humour. Résultat : on retrouve, dans ces Abeilles grises, Andreï Kourkov à son meilleur, avec son talent de conteur qui sait émouvoir, surprendre, et se situer à hauteur d’homme.

 

Les soubresauts de la vie politique locale en arrière-fond

 

Depuis Le Pingouin, en 1996, le roman qui l’a fait connaître internationalement, Andreï Kourkov a tenu régulièrement la chronique des premiers pas de l’Ukraine indépendante. Les soubresauts de la vie politique locale se retrouvent souvent dans ses romans, même s’ils sont toujours transfigurés de façon drolatique. On se souvient du Dernier Amour du président, en 2005, dans lequel il campait un dirigeant ressemblant beaucoup au président de l’époque, Leonid Koutchma, transformé en spectateur de son propre destin. Mais depuis que l’Ukraine est entrée dans une zone de grandes turbulences, en 2014, cette veine semblait tarie.

 

 

Avec ces Abeilles grises, Andreï Kourkov livre à nouveau un roman ancré dans les événements présents. Et il parvient à en tirer un propos plus universel. Il met ainsi en scène un apiculteur qui vit dans l’est du pays, dans cette région où l’armée ukrainienne fait actuellement face à une rébellion séparatiste soutenue par la Russie. Sa maison se trouve précisément au milieu des lignes de front, dans un petit village de la « zone grise », coincé entre les deux armées.

 

Parfois, les combattants de l’un ou l’autre camp arrivent jusqu’à lui. Un seul voisin est également resté dans sa maison. Les autres habitants ont fui. Il n’y a plus d’électricité. La canonnade retentit régulièrement dans les environs. Mais Sergueï n’imagine pas de vivre ailleurs que chez lui, dans l’attente du moment où la paix reviendra, et dans celle du printemps qui lui permettra de sortir à nouveau ses ruches.

 

Ce miel qui guérit

 

Sergueï, en effet, est apiculteur. Ses abeilles occupent le centre de son monde. Lorsque vient le printemps, il charge ses ruches à l’arrière de sa vieille voiture, et s’engage dans un périple qui l’amène bien plus loin que prévu…

 

On ne peut dévoiler l’histoire. Mais ce qu’on peut en dire, c’est qu’elle nous offre une lecture des événements en cours, sans pour autant se soucier de géopolitique ou de grandes considérations. On y croise des vétérans de la guerre et des agents des services de sécurité russes qui exercent une surveillance étouffante. Il n’est ici question que de sentiments et d’humanité.

 

Sergueï est un homme simple, endurant et droit. Il est toujours prêt à partager ce qu’il a, c’est-à-dire bien peu de choses, à part son miel. Il a une capacité infinie à écouter ses semblables, tout en vidant quelques verres de horilka, cet alcool blanc ukrainien que les Russes préfèrent appeler vodka. Et il nous démontre à quel point les abeilles sont sages. Elles savent l’apaiser et le guérir de tous les maux.

 

Les habitants de la ruche : le faux Bourdon -

 

EXTRAIT pages 363-64

 

« La vie semblait y battre son plein. Rien d’étonnant : les abeilles s’animent avec les premiers rayons du soleil et se mettent aussitôt au travail. On les voyait atterrir sur la planche d’envol, les pattes chargées de pollen destiné à leur communauté. Elles atterrissaient lourdement, avec maladresse parfois, repoussant leurs sœurs et leurs frères attardés devant le trou d’entrée.

 

Leur manège sur la planche était toujours fascinant. L’apiculteur pouvait passer facilement une demi-heure à observer « l’aérodrome » des abeilles. Il lui semblait même parfois en reconnaître certaines « à leur tête » ! D’autres fois il avait l’impression que les abeilles lui montraient un film. Comme en cet instant, par exemple, où plusieurs faux-bourdons étaient poussés dehors par l’orifice d’entrée, affaiblis et incapables de se défendre, du fait que les abeilles gardiennes les empêchaient d’accéder à  la nourriture. Les faux-bourdons ne sortaient ni ne s’avançaient hors de la ruche, mais paraissaient en tomber, aussitôt suivis par de vigoureuses gardiennes, sûres de leur bon droit et de leur force, qui alors poussaient leurs victimes vers l’extrémité gauche de a planche d’envol. Tels de petits bulldozers ailés, elles les refoulaient jusqu’au bord, et les malheureux allaient voler dans l’herbe.

 

« La mort les y attend, songea, Sergueïtch sans pitié particulière. Mais bon, le plaisir se paie. Ils volent, récoltent du pollen, bâtissent des rayons, vivent comme le prolétariat, de la naissance à la mort. Certains n’ont pas le temps de grandir qu’ils sont expédiés dans le lit de la reine, où ils passent tout le reste de leur courte existence, comme dans un bordel, livrés du matin au soir aux plaisirs charnels. C’est bien sûr utile, profitable à la famille. Mais quel respect l’abeille ouvrière peut-elle nourrir à l’endroit du faux-bourdon ? Même s’il est son père. Aucun. Alors elles les chassent avant la venue du froid, afin de ne pas gaspiller miel et sirop pour ces parasites. Mais viendra le temps où la reine donnera naissance à de nouveaux pique-assiettes et de nouvelles ouvrières.

 

La sagesse de la nature, voilà ce qui enchantait Sergueïtch. Partout où la sagesse de la nature lui était apparente et intelligible, il en comparait les manifestations avec l’existence humaine. Il les comparait et ce n’était pas à l’avantage de la seconde. »

Chamonix. Andrei Kourkov : un regard sur l'Europe, ses racines et ses  déracinés

 

L'écrivain ukrainien Andrei Kourkov juge «immoral» de défendre la langue russe en Ukraine ICI

Par Le Figaro avec AFP

Publié le 13/02/2022 

La ligne de front avec les séparatistes soutenus par la Russiedans la région de Donetsk, 01.02.2022La ligne de front avec les séparatistes soutenus par la Russiedans la région de Donetsk, 01.02.2022 Crédits : ANATOLII STEPANOV - AFP

La vie en "zone grise" : l'Ukraine de l'écrivain Andreï Kourkov

ÉCOUTER (43 MIN) ICI

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18 février 2022 5 18 /02 /février /2022 06:00

 

Ce fut une longue et rude bataille, telle la chèvre de monsieur Seguin, les organisations professionnelles du vin, se sont battus pour s’opposer aux exigences d’étiquetage des ingrédients et des calories contenus dans leur nectar. Le vin, n’était pas une boisson comme les autres, le discours culturel, le terroir et patati et patata, permettait de le justifier, mais le vin est aussi une boisson alcoolisée comme le cidre, les alcools, les spiritueux, alors comme les boissons alcoolisées sont le dernier produit alimentaire préemballé à ne pas devoir étiqueter les ingrédients et les calories, la pression pour mettre fin à cette exception a été de plus en plus forte : le Parlement Européen et certains Etats Membres y étaient  favorables, les associations de consommateurs sont de plus en plus offensives…

 

Les naturistes aussi

 

En mars 2017, dans un rapport, la Commission Européenne a annoncé sa volonté de mettre fin à cette exemption et donné alors un an à l’ensemble des filières des boissons alcoolisées – vins, bières, spiritueux, cidres – pour faire une proposition d’autorégulation sur le sujet.

 

La mise en place d’un étiquetage nutritionnel et d’une liste dématérialisée des ingrédients a été définie par la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC 2023-2027). « On va indiquer sur l’étiquette le côté calorique par un symbole : E, pour énergie, avec un numéro indiquant le niveau calorique. Le label est encore à développer. Il y aura un QR Code pour un accès [par smartphone] au site de l’opérateur indiquant le contenu énergétique de la bouteille et en donnant les ingrédients (hors allergènes) »

 

« Si seule la seule valeur énergétique (qui pourra être exprimée avec le symbole (E)) figure sur l’étiquette ou l’emballage, la déclaration nutritionnelle devra être fournie par voie électronique, sans être affichée avec d'autres informations destinées à des fins de vente ou de marketing et sans collecte de donnée de l'utilisateur. La liste des ingrédients pourra également être fournie par voie électronique, sous les mêmes conditions » précise le ministère de l’Agriculture, ajoutant qu’avec ces nouvelles mentions, « l’objectif est d’assurer un haut niveau d’information du consommateur, selon des modalités adaptées aux spécificités du vin et qui restent simples pour les opérateurs ».

 

Transparence accrue

 

Le Copa-Cogeca (Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l'Union européenne et Comité Général de la Coopération Agricole de l'Union européenne) salue « l'objectif d'une transparence accrue envers le consommateur et ont soutenu que les technologies d'étiquetage électronique seraient les plus appropriées pour fournir des informations complètes et précises tout en évitant de perturber les flux commerciaux ». La tenue en ligne des teneurs énergétiques (dépendant du degré alcool, et donc du millésime) et des listes d’ingrédients (potentiellement variables selon les vendanges) permet davantage de flexibilité dans l’actualisation des données.

 

Qu’est-ce qu’un « ingrédient » selon la filière viticole ?

 

Comme pour l’ensemble des produits agroalimentaires, il faut distinguer pour le vin, les additifs des auxiliaires technologiques. Les premiers – par exemple acide ascorbique, gomme arabique ou sorbate de potassium –  sont considérés comme des ingrédients et doivent être indiqués aux consommateurs. Les seconds – par exemple le kaolin, le calcium ou la gélatine – ne sont plus présents dans le produit fini et ne sont pas considérés comme des ingrédients. La distinction entre additifs et auxiliaire technologiques se fonde sur une liste établie par l’Organisation Internationale de la Vigne et du vin (OIV). Ensuite, la filière propose que toutes les substances naturellement présentes dans le raisin et utilisées pour ajuster l’acidité ou la teneur en sucre soient exclues de la liste des ingrédients. Appartiennent à cette catégorie les acides citrique, lactique, tartique et malique ainsi que le sucre, le Moût Concentré (MC), le Moût Concentré Rectifié (MCR) et la liqueur de tirage dès lors qu’ils sont convertis en alcool lors de la fermentation et qu’ils ne servent pas à édulcorer le vin. Enfin, pour limiter au maximum les contraintes techniques les organisations suggèrent de laisser le choix à l’opérateur : soit de publier la liste des ingrédients présents dans chaque bouteille, soit de fournir les ingrédients selon un processus de vinification « habituel » (c’est-à-dire les ingrédients habituellement utilisés pour fabriquer un vin depuis plusieurs années), soit de renvoyer à l’ensemble des ingrédients potentiellement utilisables pour faire du vin.

 

Comment déterminer le nombre de calories d’un vin ?

 

Détailler une déclaration nutritionnelle complète – valeur énergétique, quantité de graisse, acides gras saturés, glucides, sucre, protéines, sel – ne présente pas beaucoup d’intérêt pour le vin. Il sera donc possible de limiter la déclaration nutritionnelle à la valeur énergétique du vin sur la base de 100 ml (volume de référence européen pour l’étiquetage des denrées alimentaires). Pour une compréhension plus simple pour le consommateur, l’opérateur pourra choisir d’ajouter le nombre de calories par portion (1 portion = 10g d’alcool soit environ 1 verre de vin). Pour évaluer le nombre de calories, l’opérateur aura plusieurs solutions : calculer lui-même le nombre de calories présents dans ses vins ou indiquer le nombre de calories selon une base de données européenne qui indiquera le nombre de calories généralement contenu selon le type de vin. Enfin, pour éviter les problèmes de traduction les complications à l’export, il sera possible d’utiliser le symbole international « E » (« Energy »).

 

Mais, horreur, malheur, un autre loup pointe le bout de sa truffe : «Le vin nuit à votre santé» et là, les naturistes, qui lichent sec, risquent de crier avec leurs ennemis au crime de lèse jaja !

 

 

Une étiquette «Le vin nuit à votre santé» est à l’étude au Parlement européen

 

À Strasbourg, on se prononcera la semaine prochaine sur le projet d’inclure un avertissement sur les risques pour la santé liés à la consommation de vin et autres boissons alcooliques. L’industrie vitivinicole, y compris suisse, y est opposée, et défend à la place une consommation raisonnable

 

En Suisse, l'étiquetage comprenant un avertissement de risques à la santé liés à la consommation de produits alcooliques serait contesté. —

 

Publié vendredi 11 février 2022 à 17:19

 

Des étiquettes sur les bouteilles de vin et d’autres alcools pour prévenir des risques sur la santé, comme sur les paquets de cigarettes? Une recommandation allant dans ce sens sera soumise au vote mardi prochain au Parlement européen. L’initiative revient à la Commission parlementaire spéciale sur la lutte contre le cancer (BECA) qui relève qu’en Europe 10% des cancers chez les hommes sont attribuables à l’alcool et 3% chez les femmes.

 

Alors que les producteurs de whisky, gin, vodka et autres gardent profil bas, en tout cas à ce stade, sur ce sujet, l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) s’y oppose et affirme qu’une consommation raisonnable du vin ne nuit pas à la santé. Sur son site internet, cette organisation intergouvernementale qui réunit les Etats producteurs de vin, dont la Suisse, dit défendre sa position sur la base de nombreux travaux de recherche sur les effets sur la santé d’une consommation modérée de vin.

 

Intérêts économiques non négligeables

 

Le secteur vitivinicole représente des intérêts économiques non négligeables au sein de l’Union européenne (UE). Les activités ont pesé près de 180 milliards de francs en 2019, un chiffre qui devrait atteindre 220 milliards en 2025, selon la banque de données Statista. En outre, il fournit quelque 2 millions d’emplois directs et indirects, soit 15% de tous les emplois liés à l’agriculture. Sur le plan mondial, l’industrie du vin a brassé un chiffre d’affaires de près de 340 milliards en 2020. L’Europe est aussi un exportateur majeur de vin, avec 22 millions d’hectolitres en 2010, contre 15,8 millions en 2010. En France, en 2018, les vins et spiritueux étaient le deuxième groupe de produits d’exportation (11,7 milliards d’euros), derrière les avions (20 milliards).

 

Le débat européen ne laisse pas l’industrie vitivinicole suisse indifférente. «Il ne nous appartient pas de commenter les démarches du Parlement européen, déclare d’emblée Olivier Savoy, secrétaire général de l’Association suisse du commerce des vins. Toutefois, sur le fond de la question, il n’est pas impératif de mettre des informations sur les risques de santé sur les étiquettes de vin.»

 

Selon Olivier Savoy, le secteur n’ignore pas les risques sur la santé et travaille depuis des années selon les principes du concept du programme européen Wine in moderation (WiM). «Au contraire d’avertissements anxiogènes, il sensibilise et informe de façon concrète et respectueuse sur une consommation responsable et modérée de vin, dit-il. Nous défendons et continuerons de défendre cette solution, en Suisse aussi.» WiM promeut un idéal «de responsabilité sociétale du secteur vin, qui, entre autres, incite les consommateurs à avoir une relation responsable au vin et à sa culture, dans un esprit de partage.»

 

«Le vote de la semaine prochaine, s’il est favorable à un étiquetage strict, n’aura qu’une valeur de recommandation, rappelle un porte-parole du Parlement européen. Seule la Commission a le pouvoir de proposer une législation – qui serait alors, elle aussi, votée et amendée par le Parlement et le Conseil.»

 

Toujours est-il, selon lui, que la proposition d’étiquetage figure aussi dans les plans de l’exécutif européen dans le cadre de la lutte contre les cancers au sein de l’UE. En effet, le rapport de la BECA salue l’objectif de la Commission de réduire d’au moins 10% la consommation d’alcool d’ici à 2025 et l’encourage à promouvoir des actions de réduction de la consommation grâce notamment à l’amélioration de l’étiquetage des boissons alcoolisées par l’ajout d’avertissements sanitaires. A présent, l’étiquette sur la bouteille de vin doit obligatoirement donner trois informations: provenance, taux d’alcool et volume.

 

L’OMS s’engage aussi

 

En réalité, le débat sur des étiquettes responsables sur les bouteilles de vin ne se limite pas à l’Europe. A Genève, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’en est également saisie depuis des années. «Pour l’instant, nous rassemblons les bonnes pratiques concernant les étiquettes de mise en garde sanitaire sur les boissons alcoolisées, précise l’organisation dans une note adressée au Temps. La suite dépendra des résultats de cette première phase des travaux.» Dans le cas du tabac, l’OMS tient un langage ferme et affirme qu’il s’agit d’un produit cancérigène.

 

Du reste, l’OMS a accueilli une délégation de l’OIV le 3 février dernier pour discuter de la réduction de la consommation nocive de l’alcool. Cette dernière a plaidé avant tout pour distinguer le vin des autres boissons industrielles et du tabac par rapport aux risques pour la santé. Selon nos informations, l’OMS devrait adopter «une stratégie mondiale visant à réduire l’usage nocif de l’alcool» en mai. Il serait question notamment de politiques transparentes de prix et de taxation, ainsi que de la mise en œuvre d’étiquettes d’avertissement des risques pour la santé liés au vin et aux autres boissons alcoolisées.

 

Une tempête parfaite : Nutri-Score, alcool et santé ICI

Une tempête parfaite se prépare en Europe. Et l'un des facteurs clés est le vin.

Alain Tardi

14 février 2022

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16 février 2022 3 16 /02 /février /2022 06:00

1840 L'Indochine Française Carte n°29, par Pierre Desfontaine. Carte  scolaire [...] | lot 61 | Indochine. Collection Maison Denis Frères et  divers - 1ère Partie chez Lynda Trouvé OVV | Auction.fr

Lorsque j’usais mes fonds de culotte sur les bancs de l’école Sainte Marie de la Mothe-Achard, les murs étaient couverts de cartes Vidal de la Blache, l’une d’elle affichait le plus gros morceau de l’empire colonial français situé en  Afrique : AOF-AEF, Madagascar… L’Indochine était loin, une contrée exotique où pourtant se déroulait le premier conflit  de la décolonisation.

 

L’Indochine française regroupait ces trois pays de l'Asie du Sud-Est que sont aujourd'hui le Cambodge, le Laos et le Vietnam, sans oublier une portion de territoire chinois située dans l'actuelle province du Guangdong, le Kouang-Tchéou-Wan. Celui-ci était un petit territoire de 1300 km² situé au sud de la Chine continentale, dans la péninsule de Leizhou, cédé par bail à la France en 1898, mais rétrocédé à la Chine en 1945. ICI 

 

Histoire de la guerre d'Indochine pOURGuerre oubliée, l'Indochine, "l'Indo"  pour ceux qui l'ont vécue, reste un exemple parfait de décolonisation  ratée, sur laquelle se greffent les enjeux de la guerre froide. Pour les  cartes vous pouvez regarder cette histoire ...

 

Les colonies pour moi c’était tout d’abord ma marraine Gaby l’épouse de Philbert Gravouil, l’un des frères de maman qui travaillait dans une banque en AOF, Bangui, les boys, les cadeaux exotiques ; ce fut aussi l’oncle Gilbert, dit Gomina, le mari de la tante Agnès sœur de maman qui, lassé de son job de boulanger s’engagea pour aller en Indochine où il coula des jours tranquilles dans l’intendance ; puis les documentaires des pères blancs où je contemplai pour la première fois des seins nus.

 

https://webdoc.rfi.fr/grande-guerre-afrique-colonies-1914-1918/img/carte-afrique-1920.jpg

 

L’Indochine c’était vraiment très loin et, comme le corps expéditionnaire était composé exclusivement de soldats de métiers, des Tirailleurs africains et maghrébins, pas de contingent comme ensuite en Algérie où nos frères arpentèrent les djebels, alors ça n’intéressait pas grand monde, sauf que ça coûtait cher et que beaucoup se posaient la question : « Que fout là-bas ! » Mon père, lui, féru de politique, suivait de près l’évolution de cette guerre des rizières et il était de ceux qui pensaient comme Mendès-France qu’il fallait négocier avec Hô Chi Minh et se retirer honorablement. De son passé militaire il ne portait guère les culottes de peau de l’état-major dans son cœur et le retentissant désastre de Diên Biên Phu le conforta dans cette opinion.

 

Alors vous comprendrez mieux pourquoi lors d’une de mes razzias de livres je tombais en arrêt face à un petit livre dont le titre : Une Sortie Honorable convoqua mes souvenirs ; de plus la photo de couverture me plut ; je lus la 4e de couverture et je sus de suite que j’allais revisiter ce morceau flou de mes souvenirs.

 

 

« Une sortie honorable », d’Eric Vuillard, Actes Sud, « Un endroit où aller », 208 p., 18,50 €,

 

Je souligne, à l’intention des petites louves et des petits qui croient savoir tout que la guerre d’Indochine de 1946 à 1954, rebaptisée « guerre du Vietnam » de 1955 à 1975, très long conflit dans lequel deux grandes puissances mondiales furent vaincues par un tout petit pays, est peu étudiée dans les programmes scolaires.

 

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Explication du Titre ICI 

Lorsque le général de Lattre de Tassigny s’adressait à dix millions d’Américains

Un prodigieux charabia

 

Les critiques

 

  • Critique par Nathalie Crom Télérama ICI 

Publié le 18/01/2022

 

Navarre et de Castries | Safe for Democracy

 

« Une sortie honorable », c’est l’ordre de mission que s’est vu confier en 1953, par le président du Conseil René Mayer, le général Henri Navarre, tout nouveau commandant en chef des forces françaises en Indochine. On sait ce qu’il en fut : si la sale guerre d’Indochine s’acheva bel et bien pour la France l’année suivante, ce fut après que ledit Navarre eut orchestré le retentissant désastre de Diên Biên Phu. « Le déshonneur eut peut-être mieux valu » que les centaines de milliers de victimes que fit cette guerre – cela sans compter les autres centaines de milliers de victimes de l’occupation coloniale. Telle est l’ironique et désespérante conclusion à laquelle aboutit Éric Vuillard, au terme de cet opus brillant et séditieux, lapidaire et cinglant, dans lequel l’écrivain revisite, à la façon qu’on lui connaît désormais, les cinq dernières années de la présence coloniale française dans la péninsule indochinoise.

 

Expérimentée dans La Bataille d’Occident (2012) et Congo (2012), peaufinée dans Tristesse de la terre (2014), 14 juillet (2016), L’Ordre du jour (prix Goncourt 2017) et La Guerre des pauvres (2019), la manière Vuillard consiste à exfiltrer des livres d’histoire des faits et des figures –  ayant trait toujours aux thèmes de l’impérialisme politique, militaire ou économique –, à braquer sur eux un regard romanesque et acéré, pour projeter sur les épisodes historiques ainsi revisités un éclairage inédit et hautement critique. Cette méthode atteint une sorte d’acmé dans Une sortie honorable – où il n’est, en fait, question d’honneur qu’en quelques pages superbes, que Vuillard consacre à décrire la prise de parole, à l’Assemblée nationale, le 19 octobre 1950, de Pierre Mendès France estimant qu’il n’y a d’autre issue au conflit indochinois que la recherche d’un accord politique avec le Vietminh. « C’est si difficile de décrire un visage, mélange de chair et de pensée. Il y a dans le visage de Mendès quelque chose de rassurant et d’inquiet, de fragile et de cartésien, de coriace et d’hésitant… », écrit Vuillard, avant de s’en retourner, bien moins ému, bien moins amène, à sa grimaçante galerie de personnages, dûment nommés : des militaires, des politiques, et au sommet de la pyramide, des hommes d’affaires, tous membres d’une caste dirigeante endogame et cupide, ayant confisqué la démocratie à cette ambition de dominer et posséder («Un conseil d’administration pour diriger la France ! »). Ça semble caricatural, d’ailleurs ça l’est, mais la force de conviction d’Éric Vuillard est à la hauteur de son indignation – considérable, formidable.

 

20 juillet 1954: comment l'Indochine a signé les accords de paix - L'Express

  • « Une sortie honorable », d’Eric Vuillard : le feuilleton littéraire de Camille Laurens

 

 

CHRONIQUE ICI 

Camille Laurens écrivaine

 

PERTES ET PROFITS

 

« L’histoire est un roman vrai », disait l’historien Paul Veyne. Une telle assertion, floutant la frontière désormais poreuse entre fiction et non-fiction, pourrait justifier la mention « roman » sur le nouveau livre d’Eric Vuillard, Une sortie honorable. Celui-ci lui a pourtant préféré, comme pour ses précédents ouvrages fondés sur des faits historiques, le mot « récit ». Sans doute est-ce pour souligner à la fois la relative brièveté du texte eu égard à l’ampleur des événements racontés – la guerre d’Indochine –, la place qu’y tient l’auteur et le refus de toute invention. Le récit, loin d’une vaste fresque à la Tolstoï, choisit de mettre en perspective quelques journées et personnages en déplaçant la focale et la lumière sur des moments obscurs, néanmoins décisifs. Congo et 14 juillet (Actes Sud, 2012 et 2016) proposaient déjà ce choix narratif, tout comme L’Ordre du jour (Actes Sud, prix Goncourt 2017), qui montrait l’ascension du pouvoir nazi dans les années 1930 à travers différents épisodes méconnus ou apparemment anecdotiques.

 

La pédagogie de Vuillard, qu’on sent à l’œuvre – parfois un peu trop –, consiste à expliquer le déroulement des faits en juxtaposant des scènes qui rendent lisibles causes et conséquences. Ainsi, les premières pages décrivent une plantation de caoutchouc en 1928 et la torture de trois coolies, ligotés par un contremaître avec du fil de fer, après avoir tenté d’échapper aux cadences infernales. « C’était une scène d’épouvante », surligne l’auteur. Puis il enchaîne avec la réunion, quelques années plus tard, d’André Michelin et de F. W. Taylor, le théoricien du management industriel. Une troisième scène montre le président de l’Assemblée nationale, Edouard Herriot, rendant hommage à « nos héroïques soldats » en Indochine.

 

L’efficacité de ce montage est redoutable. Le dispositif repose essentiellement sur une opposition entre nantis et dominés, soutenue par une idée simple et juste : l’histoire bâtit toujours « cet immense édifice qu’est le pouvoir » grâce à la même « immense communauté de poncifs, d’intérêts et de carrières ». Aussi Vuillard présente-t-il tous les puissants – ceux qui savent qu’ils auront « des rues à [leur] nom » – par une sorte de fiche généalogique où les alliances ont quelque chose d’incestueux et où « un bel héritage est pris pour un destin ». L’une des dernières scènes du récit dépeint les membres du conseil d’administration de la Banque de l’Indochine, le « fil d’or » qui les lie à la fin de la guerre après qu’ils ont « spéculé sur la mort » : « On perdait en gagnant et en gagnant prodigieusement », « le dividende était multiplié par trois. Il était rigoureusement proportionnel au nombre de morts. »

 

La pédagogie d’Eric Vuillard consiste à expliquer le déroulement des faits en juxtaposant des scènes qui rendent lisibles causes et conséquences de la guerre d’Indochine

 

Le sens de la formule-choc et l’ample puissance littéraire de certaines pages sont cependant parfois affaiblis par la volonté que semble avoir l’écrivain de marquer le récit de son empreinte. L’usage de l’ironie, en particulier, quoique jubilatoire par endroits, peut aussi être potache, voire lourdingue. Est-il besoin, par exemple, de traiter de «pauvre chou» le général de Lattre de Tassigny ou de recourir à l’argot pour se moquer des dominants, de leur « binette », de leur « bénard » ou de leurs « roustons » ? Sans doute s’agit-il, par le langage, de leur enlever toute leur (fausse) noblesse, mais cela reste besogneux. D’autre part, le refus du roman oblige Vuillard à limiter sa capacité imaginative, si bien que l’incarnation de ses personnages par de petits effets de réel sent un peu le déjà-vu. Ses « parlementaires-barriques » sont tous pourvus de « gigots », « d’arrière-trains prenant leurs aises » ou d’un « gigantesque baba » ; tous ces assis fument le cigare, boivent de la fine. A sa décharge, il faut bien dire que le cliché a un fort ancrage dans la réalité !

 

Reste que la guerre, d’être décrite en coulisse plus que sur le terrain, froide mécanique d’intérêts, n’en est que plus terrifiante. Certes, à Dien Bien Phu, « on crève de partout. On recule de trou en trou, on empile des cadavres pour se protéger ». Mais « si l’on veut vraiment connaître l’horreur (…), il faudrait pouvoir pénétrer en silence dans le bureau où causent Eisenhower et Dulles ». Vuillard nous invite à prolonger notre réflexion en mettant son tressage subtil en regard des tragédies contemporaines. Car l’histoire n’est pas du passé, c’est d’ailleurs souvent au présent qu’il nous la raconte. Déjà, La Guerre des pauvres (Actes Sud, 2019) suggérait un parallèle entre le soulèvement des paysans allemands au XVIe siècle et le mouvement des « gilets jaunes ». De même, Une sortie honorable, dont le titre ironique reprend un syntagme figé cher aux politiques et aux militaires, interroge tacitement la façon dont la France négocie son retrait de conflits sanglants – au Mali, en Afghanistan… – au mépris de toutes les valeurs humaines et tout particulièrement de l’honneur. Le récit d’Eric Vuillard, par sa force de conviction, tient allumé en nous « ce petit lampadaire qu’on appelle la conscience ».

 

Bataille de Diên Biên Phu sur HistoriaGames

  • UNE SORTIE HONORABLE ICI  

 

Un récit brillant, bon sur la forme mais contestable sur le fond

FRANÇOIS DUFFOUR

Le 22 janvier 2022

 

THÈME

La guerre d’Indochine et son épilogue, Dien Bien Phu ; une guerre analysée dans ses causes diffuses et ses ultimes soubresauts, de l’impasse coloniale à la compromission des élites françaises, toutes liées par une communauté d’intérêts incarnée par la bourgeoisie réputée solidaire.

 

 Ainsi est-il question tout à trac et sous la forme d’une enquête à charge, des mauvais traitements de Michelin à l’égard de ses ouvriers indigènes sur une plantation d’hévéas, de la condescendance du blanc révélée par un guide de voyage, des bâillements des parlementaires indifférents aux débats de l’Assemblée nationale traitant de la poursuite de la guerre, de l’ego surdimensionné des militaires et de leurs erreurs d’analyse, de la spéculation financière associée à cette aventure.

 

 Les héros ou simples acteurs du drame indochinois sont ainsi condamnés. Edouard Herriot et René Pleven pour les élus de cette IVème République déclinante, Jean de Beaumont, administrateur de la Banque de l’Indochine puis Président de la Banque Rivaud pour les banquiers avides, Henri Navarre, commandant en chef du corps expéditionnaire, Jean de Lattre de Tassigny aux mêmes fonctions avant lui, le colonel de Castries commandant la place de Dien Bien Phu et ce pour les militaires. Les mêmes encore et collectivement, car à lire l’auteur, tous sont issus des mêmes rangs, l’aristocratie et la bourgeoisie, des mêmes grandes écoles et autres universités, des mêmes quartiers et des mêmes familles par l’effet d’alliances consanguines.

 

POINTS FORTS

La méthode démonstrative et féroce ;  le style, excellent, incisif, à l’instar du modèle  L’ordre du jour primé par le Goncourt (2017).

 

La proposition sous-jacente, une « comédie humaine » à la Balzac, très condensée et sous son approche morale, à la manière de Plutarque et dans le ton de La vie des hommes illustres.

 

QUELQUES RÉSERVES

 

Un talent indéniable au service d’une cause biaisée, niant une partie de l’histoire et abimant des héros d’hier pour les réduire à la dimension de personnages de romans auxquels on peut impunément imputer tous les crimes.

 

 Ainsi le général Navarre, malheureux stratège de l’opération « Castor », n’a-t-il pas démontré plus tôt sa détermination contre le régime nazi, avec l’opération « Desperado » et dans la clandestinité ? Quant au colonel de Castries, est-il indécent de rappeler qu’il a résisté 57 jours à la tête de 14000 hommes dans la cuvette de Dien Bien Phu sous la mitraille Viet-Minh qui en comptait trois fois plus dans des conditions qui réduisent l’évocation de son dandysme à la caricature ?

 

Enfin et sur ce thème, on s’interrogera à l’envie sur l’opportunité de sabrer la famille Vallery-Radot, sans lien avec l’histoire, ou de gloser sur la carrière et les rémunérations d’Henri de Castries à la tête d’Axa, jusqu’au nom de jeune fille de sa femme, lui qui n’était pas né le jour de la reddition de Dien Bien Phu. Quel intérêt sinon celui d’abattre un monde plutôt que d’écrire l’histoire ?

 

ENCORE UN MOT...

 

Eric Vuillard s’attache à l’histoire récente, s’inspire de faits avérés, de chiffres officiels et de quelques autres documents hétérogènes, souvent mineurs ou isolés, pour en définir le contexte… et du contexte, gloser sur la cause et l’effet, cet exercice étant certes mené dans un enchaînement brillant et romanesque, mais pour aboutir finalement toujours au même constat un peu naïf selon lequel et de manière universelle, les peuples sont toujours assassinés par les élites.

 

De la responsabilité des industriels et des banquiers allemands dans l’ascension du Troisième Reich dans L’Ordre du Jour, à la compromission des industriels et banquiers français dans l’affaire indochinoise, à la pusillanimité des parlementaires et à l’ego surdimensionné des militaires, Vuillard dénonce les influences, les solidarités et autres complaisances successives qui, dans un ballet analogique vertigineux et par capillarité, vont provoquer selon lui la mort de milliers victimes civiles et militaires, pour ces dernières des français d’adoption, maghrébins et indochinois ou légionnaires apatrides embrigadés dans une cause perdue, l’Indochine française et la colonisation en général.

 

L’exposé néglige une partie du puzzle ; le peuple allemand ayant placé Hitler au pouvoir par l’effet d’élections libres, quand l’affaire indochinoise, désastreuse et humiliante pour la France, ne se réduit pas à ces pseudo-compromissions actives ou passives, alors que les japonais et les américains sont dans la cause, Staline et le communisme aussi, la Corée voisine, sans négliger la haine d’Ho Chi Minh et l’implacabilité du général Giap.

 

C’est sans doute la difficulté et la limite du « récit » qui, pour préserver son intérêt littéraire, tord le cou à l’histoire et réduit les états de service des acteurs cités à la seule dimension de la démonstration requise quand ils méritent pour la plupart un meilleur traitement.

 

UNE PHRASE

 

“Or justement cette fois-ci il savait. Cela dura une minute. Pendant une minute, il ne pensa plus comme un officier sorti de Saint-Cyr, il ne pensa plus comme un capitaine participant sans remords à la pacification du Maroc, non, pour un court instant, il vit que toute sa rhétorique habituelle, l’honneur, la patrie, était un leurre”.

 

“…il existe toujours une bonne raison de se marier, soit avec la sœur ou le frère de son beau-frère ou de sa belle-sœur, comme plusieurs Michelin en ont montré l’exemple, soit avec un cousin ou une cousine, croisé ou parallèle, peu importe, la bourgeoisie étant en termes de mariage arrangé encore plus permissive que le Coran, afin de tendre vers la structure de parenté la plus simple que l’on puisse concevoir et qui puisse exister afin que tout, voitures, maisons, actions, obligations, fonctions honorifiques, postes, rentes, demeurent pour l’éternité dans la famille et cette structure élémentaire de la parenté du 8ème au 16ème arrondissement de Paris, (NDR manque sans doute un « qui ») ramenée à sa forme la plus essentielle, s’appelle l’inceste”.

 

Navarre: The Man We Hate Part 1 | posting about the Điện Biên Phủ

  • «Une sortie honorable», la Quatrième République de long en charge par Philippe Lançon

 

Éric Vuillard, Prix Goncourt 2017, poursuit au nom du peuple sa démolition des élites et de quelques sinistres épopées occidentales. Une sortie honorable, son nouveau livre, est un remède de cheval contre l’histoire de France selon Zemmour et une dénonciation de la démocratie représentative, telle en tout cas qu’elle s’est jusqu’ici développée. La cible, cette fois, est la Quatrième République et l’Indochine: ses plantations esclavagistes, ses mines de charbon et d’or, ses banques avides et cyniques, sa guerre meurtrière et perdue, ses politiciens et ses généraux exclusivement croqués, à l’exception de Pierre Mendès France et du député communiste arabe de Constantine, Abderrahmane-Chérif Djemad, comme imbéciles, odieux, vendus, amoraux, lâches, ridicules. L’apparition sarcastique de certaines expressions, comme «premier de cordée», souligne que, pour Vuillard, la France d’aujourd’hui n’a guère changé.

 

Portrait d’Edouard Herriot, président de la Chambre des députés en 1950, maire de Lyon, notable d’entre les notables: «Il était midi quinze, le président reboutonna sa veste, comme les hommes d’affaires et les politiciens sont accoutumés à le faire par une sorte de réflexe conditionné. Les ouvriers, les employés des postes, les cheminots, les grutiers ne reboutonnent jamais leur veste, ils foutent les mains dans leurs poches, sur leurs hanches, et l…

 

Bataille de Diên Biên Phu — Wikipédia

  • Cet article vous est proposé par le chroniqueur Chris L. ICI 

 

Une sortie honorable dans les arcanes de la guerre d’Indochine

 

La guerre, sujet déjà abordé par Éric Vuillard dans La Bataille d’Occident relatif au conflit de 1914-1918, dans L’Ordre du jour qui évoque la contribution des industriels allemands à l’ascension des nazis, à l’Anschluss, aux décisions prises dans des salons, en petits comités, aux conséquences criminelles. Avec Une sortie honorable, au lendemain de la seconde guerre mondiale, en pleine guerre froide et de lutte exacerbée contre le communisme, ce sont les arcanes de la guerre d’Indochine, guerre coloniale, qui sont explorées. Depuis Paris, New York, des champs de batailles, juste ce qu’il faut, ce sont presque trente années qui défilent, à des moments clés.

 

Pour mieux ancrer la réalité, il faut débusquer certains évènements ou comportements qui expliquent le rejet des occupants français puis américains. Ainsi dans son premier chapitre, Éric Vuillard restitue quelques éléments d’une publicité d’un guide de voyage pour une armurerie d’Hanoi, ainsi qu’un petit manuel de conversation pour le touriste, révélateurs du mépris patent à l’égard des autochtones. Plus édifiant encore est le rapport d’une inspection du travail en juin 1928 dans des plantations d’hévéas de Michelin, suite à une épidémie de suicides. Le traitement des coolies est digne de sévices et tortures moyenâgeux. L’entrée en matière est efficace, factuelle, sans émotion, véritable marque de fabrique de l’auteur.

 

Quatre temps forts avec des scènes d’anthologie

 

Une sortie honorable se déploie en quatre temps forts avec des scènes d’anthologie. Après le désastre de la bataille de la RC 4 (route coloniale n° 4) ou bataille de Cao Bang, en octobre 1950 l’Assemblée nationale présidée par Édouard Herriot, homme haut en couleurs, se réunit pour tirer les conclusions de ce cuisant échec. C’est l’occasion de faire revivre moult députés, d’apprécier le courage politique et clairvoyance de Pierre Mendès France. La galerie de portraits très bien croqués, est sans compromis, ni pitié. La réflexion sur la IVe république, traditionnellement considérée comme instable est battue en brèche. Quelques députés constituent un véritable clan, participant à toutes les combinaisons gouvernementales, défenseurs de leurs propres intérêts. S’éloigner du sujet principal, est ce qu’aime faire Éric Vuillard et ce qu’apprécient ses lecteurs (ou pas pour certains). C’est avec la même délectation, un peu plus tard, qu’est suivie la carrière des frères Dulles avec leurs terribles manipulations, ainsi que les évènements au Congo indépendant débouchant sur l’exécution de Patrice Lumumba en janvier 1961.

 

Autre moment, celui du voyage du général De Lattre aux Etats-Unis le conduisant sur le plateau de la célèbre émission « Meet the press », créée en 1947 et encore active aujourd’hui, où il se trouve piégé. Au milieu d’un charabia d’anglais jaillissent quelques phrases limpides, dictées par Henry Cabot Lodge, apprises scrupuleusement et qui répondent à ce que les Américains ont envie d’entendre. Une véritable leçon de manipulation !

 

Une sortie honorable, telle est la mission reçue par le général Henri Navarre, lors de sa nomination par le Président du Conseil, René Mayer. Au nom de ce militaire, basé à Saigon, est associé celui de Christian de La Croix de Castries, ultime défenseur de Den Bien Phu, nommé général au cours de la bataille. Deux tempéraments différents face à une tâche insurmontable, livrés à eux-mêmes, sans soutien politique de la métropole, le soutien logistique étant assuré depuis longtemps pour une large partie par les Etats-Unis.

 

Le roman le plus fort d’Eric Vuillard

 

Dans ces récits qui s’emboitent à la perfection sont mis en relief les faiblesses humaines, les violences politiques et sociales, l’exploitation de pays opprimés. L’alliance entre puissants s’exerce à la Banque d’Indochine, au siège social Boulevard Haussmann, où par les liens du mariage entre familles détenant le capital, toutes les richesses acquises prospèrent à leur profit  et celui de leurs descendants. Incontestablement c’est dans ce milieu impénétrable que les plus fortes révélations d’Une sortie honorable sont dévoilées. Descriptions cinglantes, glaciales, d’un milieu où durant la guerre «…ils avaient, lui, et les autres membres du conseil d’administration, spéculé sur la mort. »

 

Éric Vuillard, ni moraliste, sans état d’âme, signe sans doute son roman le plus fort, didactique, aux phrases calibrées qui tombent justes, aux points de vues affirmés, disséquant des personnes ayant œuvré dans l’ombre des pièces feutrées, durant cette interminable guerre entre puissants et faibles, éternellement renouvelée. De l’excellente littérature concise qui éclaire, interroge et enrichit.

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