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23 septembre 2019 1 23 /09 /septembre /2019 07:00
Au temps du fascisme les Italiens furent privés de vrai café, Mussolini au nom de sa politique protectionniste et autarcique leur imposa le surrogato fait avec des fayots…

Les retraites, les retraites… même les potes de Me Morain et icelui sont dans la rue… Y chante pas encore « Macron t’es foutu, les baveux sont dans la rue… », y sont pas encore affiliés à la CGT ni du genre RATP départ prématuré, mais moi qui le suis, retraité, je ne sais plus à quel saint me vouer dans ce maelstrom où chacun défend son bout de gras, ce sont toujours les autres qui sont les privilégiés.

 

 

Pour mon cas j’ai commencé à cotiser à 18 ans et je me suis arrêté à 67 ans, j’ai 5 caisses qui me versent des picaillons chaque mois : la retraite de la SS, de la MSA c’est le régime général et celles de mes complémentaires : IRCANTEC, AGIRC et ARRCO qui m’ont octroyé tout au long de ma vie professionnelles des points.  Si j’ai une bonne retraite c’est grâce à ces dernières qui me versent les 2/3 de ce que je touche.

 

Devrais-je ajouter mon grain de sel dans la mêlée actuelle ?

 

La réponse est non.

 

Certes je suis un privilégié, un de ces baby-boomers profiteurs des belles années, mais qui puis-je je n’ai demandé à personne de naître à cette époque dites bénie, suis allé à l’école, j’ai bossé dans le privé et dans le parapublic, tout ce que j’ai gagné, y compris lorsque j’étais membre de cabinet a été déclaré, j’ai donc cotisé sur chaque centime, alors ne comptez pas sur moi pour me couvrir la tête de cendres ou joindre ma voix aux porteurs de pancartes.

 

Bref, je vis mon bout de vie et je lis.

 

Dans ma razzia de livres j’inclus toujours des polars, et plus particulièrement ces derniers temps de la littérature policière italienne.  

 

Olivia Audin écrit dans son Petit Journal

 

« Depuis quelques décennies, la littérature policière italienne s’est nettement installée sur les étagères des librairies françaises. Les gialli (nom dérivé de la couleur de la couverture des romans policiers à l’époque) écrits par Macchiavelli, Camilleri ou Scerbanenko  mettent au centre de la narration l’Italie urbaine et ses fantasmes. Mais l’un des maîtres du genre est Maurizio de Giovanni, qui laisse, roman après roman, une trace noire et profonde dans la littérature. »

 

Sous sa plume, la Naples des années 30 est bien différente de celle d’aujourd’hui. Les femmes trop belles, comme la superbe Filomena, doivent se marier vite sous peine de devenir des proies faciles et peu crédibles pour les médisants. Les ragots des vieilles femmes, dans le basso, le quartier pauvre, courent plus vite que les policiers qui ne peuvent arriver sur le lieu d’un crime qu’en marchant. Le divisionnaire, dans les petits papiers de Mussolini, le Mascellone, cherche plus à s’élever socialement qu’à rendre la justice, et il exècre son subordonné, le commissaire Ricciardi, trop droit, dont l’attitude rebelle le pousse même, comble du mauvais goût, à ne pas porter de chapeau. Et pourtant la fureur et les passions sont identiques à celle d’aujourd’hui

 

Les personnages de De Giovanni sont attachants. Loin d’être parfaits, ils se montrent sous leur jour le plus réaliste. Et plus intéressante encore est la description de l’Italie fasciste symbolisée, selon Ricciardi, par le surrogato, ce faux café écœurant, aussi éloigné du vrai café que Mussolini ne l’est d’un vrai dirigeant. Plus vivante est la peinture de la Naples aux deux visages, de la recherche désespérée et impossible de l’amour, de la faim du peuple, origine de tout crime. Entre le fastueux théâtre San Carlo, où les dorures servent d’écrin aux bijoux de l’art lyrique, et le Paradiso, où les perles sont des prostituées de bas-étage, le commissaire voit tout de cette ville complexe, attirante et repoussante à la fois.

 

De Giovanni, qui partage encore son temps entre son métier de banquier et sa passion pour la littérature, a obtenu le prix Scerbanenko en 2012 pour La méthode du crocodile. Son écriture est douce et parfois poétique : le roman noir enrichit sa gamme de nouvelles couleurs.

 

A découvrir à partir du 5 juin prochain, L’Enfer du commissaire Ricciardi, le dernier livre d’une série de romans noirs.

 

 

J’ai connu Maurizio de Giovanni en achetant, sur les judicieux conseils du libraire de la librairie Companie  ce dernier livre.

 

J’ai donc commencé par la fin ce qui m’a permis ensuite de lire dans la foulée : l’hiver, le printemps, l’été et l’automne du commissaire Ricciardi.

 

Toujours soucieux de l’instruction des ignorants, loin des clameurs de la rue, je leur offre une petite parcelle d’histoire.

 

Nos braves « poulets de Napoli » sont obligés de boire du surrogato.

 

 

Qu’est-ce le surrogato ? ICI 

 

Ce fut, du fait de la politique économique d’autarcie du régime fasciste de Mussolini, dit Mascellone, qui avait relevé les taxes des produits importés, un ersatz de café fait avec des haricots (pendant l’occupation dans notre pauvre pays « protégé » par le vieux Maréchal c’était des glands). Nos amis italiens si friands de bon café devaient s’en passer. Lire l’excellent article de Pierre Milza ci-dessous.

 

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Mascellone, surnom donné au Duce : grosse mâchoire.

Image associée

 

L'Italie choisit l'autarcie et sombre avec Hitler

Par Pierre Milza

Publié le 05/01/2013 à 05:00

 

1925. AVANT LA GRANDE CRISE MONDIALE. Mussolini a imposé des mesures protectionnistes, c'est d'abord pour mener une politique de prestige monétaire. Ce n'est que dans un deuxième temps que la mobilisation économique visera à préparer le pays à la guerre.

 

Le choix d'une politique dirigiste destinée à assurer, dans divers domaines, l'indépendance économique de l'Italie, et à faire de la lire une monnaie forte, symbole de la «réussite» fasciste, ne date pas des premiers signes de la crise mondiale. Dès 1925, en effet, Mussolini a engagé l'économie italienne dans une voie clairement déflationniste, et ce, contre l'avis des milieux financiers.

 

Lancée en juillet 1925, la «bataille du grain» a donné lieu à un immense effort de propagande auquel prit part le Duce en personne. Cet effort de mobilisation permit d'accroître la production, passée en huit ans de 50 à près de 80 millions de quintaux. Un effort semblable fut accompli pour les autres cultures vivrières, ainsi que pour la production de viande, tout cela à des prix très supérieurs à ceux pratiqués sur le marché mondial.

 

Avec la crise de 1929, puis avec la guerre d'Ethiopie, il est apparu que les remèdes imaginés par les économistes libéraux pour sauver la lire, dévaluée trop tard (octobre 1936), et pour assurer l'autosuffisance de la péninsule en matière d'énergie, de matières premières, de produits alimentaires, etc. ne permettaient ni de freiner l'hémorragie de devises ni de faire sortir le pays d'un marasme économique caractérisé par une forte croissance du chômage, la multiplication des faillites, la raréfaction du crédit, le creusement de la dette publique, etc.

 

Pendant la courte période d'application des sanctions, à la suite de la conquête de l'Ethiopie, le gouvernement fasciste dut prendre des mesures qui renforçaient les tendances dirigistes et protectionnistes. Le discours du 23 mars 1936, dans lequel le Duce jugeait la guerre «inéluctable», a inauguré l'ère de la mobilisation économique. Sous l'impulsion de la Commission suprême pour l'autarcie, un effort immense fut entrepris pour permettre à l'Italie de limiter au minimum ses achats à l'étranger. Les syndicats, les corporations et les autres organisations du Parti furent chargés de faire passer dans la population les mots d'ordre autarciques, considérés à la fois comme répondant à une nécessité incontournable et comme un engagement patriotique.

 

La population fut fortement incitée à ne plus boire de café et à réduire sa consommation alimentaire. On interdit de servir dans les lieux publics plus de 50 g de pain. D'autres mesures ont porté sur la limitation du nombre de pages des journaux certains jours de la semaine, la fermeture à 23 heures des cafés, restaurants, théâtres et autres lieux festifs, la limitation à 30 l par mois des fournitures de carburant aux automobilistes : ce pour ne citer que les dispositions les plus spectaculaires. Le mot «autarcie», jusqu'alors ignoré des masses, fut érigé en consigne d'Etat et placardé, en lettres géantes, sur les façades des monuments publics.

 

Avec la crise économique mondiale, l'Etat fasciste allait aussi être conduit à se porter au secours du capitalisme italien. La stabilisation de la lire à un niveau trop élevé a créé une disparité entre les prix italiens et ceux du marché, d'où la difficulté à exporter et l'effondrement de la production industrielle (plus de 30 %), génératrice de chômage (1 million en 1932) et d'abaissement des salaires. Menacées de faillite, les grandes sociétés et les banques se sont tournées vers l'Etat, au moment où celui-ci s'engageait dans une politique de déflation qui ne suffira pas à redresser la situation. Ainsi, toujours obstiné à sauver une monnaie qui perdait chaque jour de sa valeur, Mussolini a-t-il décidé d'isoler son pays du monde extérieur en imposant le contrôle des changes, des droits prohibitifs sur tous les produits «non vitaux» et la conclusion d'accords de clearing avec l'Allemagne et avec certains Etats de l'Est européen.

 

En 1939, à l'heure où Mussolini s'apprête à suivre Hitler dans sa politique belliqueuse, l'économie italienne apparaît comme profondément déséquilibrée, artificiellement axée sur la préparation de la guerre.

 

Tout n'est pas négatif, certes, dans l'effort accompli par le régime pour permettre au pays de satisfaire lui-même ses besoins en carburant (recherche du gaz naturel et du pétrole dans la vallée du Pô), en lignite, en minerais, en produits tels que la cellulose et les textiles artificiels. Une politique dite de «bonification intégrale» a permis non seulement d'assainir et de mettre en culture plusieurs millions d'hectares dans la basse vallée du Pô, le long de la côte tyrrhénienne et surtout dans le sud du Latium, mais également d'y installer des colons et de créer toute une infrastructure et des villes nouvelles.

 

Un programme de grands travaux a été lancé dans l'objectif de résorber le chômage, mais aussi de répondre à des préoccupations économiques ou à des soucis de prestige : électrification d'une partie du réseau ferroviaire, mise en place du premier réseau routier européen, mise en valeur de la romanité, etc. Au total, des réalisations spectaculaires, mais partielles, et qui ont négligé un facteur essentiel. Depuis 1935, l'Italie s'est appliquée à produire à n'importe quel prix, sans tenir compte du coût réel des objets produits, et dans des conditions anti-économiques qui n'ont pu qu'encourager la spéculation et la corruption.

 

On considère souvent la fermeture de l'Italie au monde extérieur comme le produit d'un choix politique destiné à préparer le pays à la guerre, dès lors que celle-ci était jugée inévitable par le principal détenteur du pouvoir. En réalité, l'autarcie n'a pas visé, au début du moins, à la mobilisation économique «préventive» de la nation. Elle a été dictée aux dirigeants fascistes par les circonstances et notamment par l'entêtement du Duce à vouloir poursuivre, à n'importe quel prix, une politique de prestige monétaire. C'est après que la logique du système a nourri une politique extérieure qui conduira le chef de l'Italie fasciste à passer contrat avec Hitler.

 

Le paradoxe veut cependant que certaines réalisations effectuées par le régime mussolinien au titre de l'autarcie «patriotique», surtout l'équipement du pays en moyens modernes de communication et la mise en place des grands organismes semi-publics (IRI, ENI, etc.), ont constitué un héritage qui servira après la guerre de tremplin au «miracle italien».

 

* Pierre Milza est historien, spécialiste de l'Italie contemporaine. Dernier ouvrage paru : «les Derniers Jours de Mussolini», Pluriel, 2012.

** Article publié dans le numéro double 818-819 du magazine Marianne paru le 22 décembre 2012 

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22 septembre 2019 7 22 /09 /septembre /2019 07:00

Le dessinateur adepte de l’encre de Chine a commencé à 17 ans, en illustrant des couvertures du « New Yorker ». Le dessinateur adepte de l’encre de Chine a commencé à 17 ans, en illustrant des couvertures du « New Yorker ». THE NEW YORKER

Qui connaissait Pierre Le Tan ?

 

Votre serviteur ICI 

 

26 mai 2012

Éloge des gens de peu qui font pousser des plantes dans des boîtes de conserves, acte de solitude et de courage qui révèle le besoin que l’homme a de la terre…

 

Cette chronique tire toute sa substance du merveilleux livre Jardins Les vrais et les autres d’Umberto Pasti pour le texte et Pierre Le-Tan pour les dessins c’est chez Flammarion 20€ traduit de l’italien par Dominique Vittoz

 

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Denis Cosnard Journaliste au Monde. Dernier livre : Frede, Belle de nuit (éditions Les Équateurs) écrit :

 

« Le merveilleux dessinateur Pierre Le-Tan vient de mourir, emporté par un cancer à 69 ans. Il avait en particulier signé plusieurs livres avec son ami Patrick Modiano. »

 

Une vie entière dans les images, du premier au dernier jour. Mardi 17 septembre, alors que le cancer qui le minait depuis deux ans rendait sa respiration de plus en plus difficile, Pierre Le-Tan a jeté un œil minutieux sur les épreuves de son prochain livre, apportées à l’hôpital par son éditrice. Une version très augmentée de Paris de la jeunesse, dont la première édition était parue en 1988 chez Aubier avec une préface de Patrick Modiano. Depuis plus d’un an, le dessinateur avait décidé d’enrichir cet album qui lui tenait à cœur, en évoquant par le texte et l’image des lieux supplémentaires de son enfance, le square Alboni, la rue de Tournon… Une ultime vérification des couleurs, du cadrage des dessins, et Pierre Le-Tan a rendu son dernier souffle dans la nuit. En ayant peut-être en tête une de ces miniatures persanes qu’il collectionnait et qui lui apparaissaient depuis quelque temps dans ses hallucinations.

 

Lire la suite ICI 

 

« Je suis asiatique dans ma façon de dessiner des choses plutôt simples, avec des traits précis, minutieux, même quand il s’agit de représenter le flou »

 

Ses personnages qui figurent sur ses dessins. Ces êtres un peu décalés qu’il étudiait « comme un entomologiste examine les insectes, avec un mélange de ­tendresse et de cruauté »

 

Sa rencontre avec Patrick Modiano, en 1978, marque un tournant. Touché par les romans du jeune écrivain, Le-Tan en parle devant son père. « Modiano ? Mais j’ai très bien connu ses parents à Paris, pendant la guerre, répond celui-ci. Nous nous fréquentions. » Lorsque les deux artistes se voient, ils sont donc en terrain de connaissance, et ne tardent pas à élaborer un premier livre commun, Memory Lane, puis un deuxième, Poupée blonde.

Un des derniers dessins de Pierre Le-Tan, qui vient de mourir. C’était une commande de Kering pour les journées du patrimoine. Et même dans des travaux publicitaires de ce type, la finesse, la délicatesse de Le-Tan sautent aux yeux.

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22 septembre 2019 7 22 /09 /septembre /2019 06:00

 

Napoli, Maurizio De Giovanni, un petit tour d’opéra au théâtre San Carlo : Cavelleria rusticana de Mascagni et Paillasse de Leoncavallo…

L'air « Ridi Pagliacco » (« Ris donc Paillasse ») est l'un des plus célèbres de l'opéra italien. Il est chanté à la fin du 1er acte de « I Pagliacci » («Paillasse ») par Canio, désespéré d'apprendre que sa femme en aime un autre.

 

C'est à la voix de ténor que le compositeur Ruggero Leoncavallo a confié ce morceau de bravoure.

 

« Nous sommes à Naples en 1931. En cette fin du mois de mars, un vent glacial souffle sur la ville et une nouvelle choquante frappe les esprits : le grand ténor Arnaldo Vezzi, voix sublime, artiste de renommée mondiale, et ami du Duce a été retrouvé sans vie dans sa loge du Théâtre royal San Carlo, juste avant le début d’une représentation du Paillasse de Leoncavallo. Sa gorge a été tranchée avec un fragment acéré de son miroir qui a volé en éclats. »

 

C’est L’Hiver du Commissaire Ricciardi de Maurizio de Giovanni

 

L'hiver du commissaire Ricciardi par Giovanni

 

Le commissaire Luigi Alfredo Ricciardi interroge Don Pierino un curé fondu d’opéra :

 

« Ah, je comprends votre étonnement : je vais vous expliquer. En général une représentation ne comporte qu’un seul opéra, en trois actes ou plus. Hier, exceptionnellement, il y en avait deux : Cavelleria rusticana de Mascagni et Paillasse de Leoncavallo, car ce sont des œuvres courtes. Elles datent à peu près de la même époque, la première de 90 et la seconde de 92, je crois.

 

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  • Et Vezzi ne chantait que dans l’un des deux ?

 

  • Oui, dans Paillasse. Il est… il aurait été Canio, le personnage principal. Un rôle difficile. J’ai lu que, dans ce rôle, il était encore plus grand que d’habitude.

 

  • C’était le second opéra alors.
  •  

Description de l'image Leonkavallo Postcard-1910.jpg.

  • Oui, exactement le second. En général on les donne dans cet ordre-là : d’abord Cavelleria, puis Paillasse qui est plus vivant et plus coloré, et que généralement les spectateurs préfèrent. Personnellement, du point de vue musical, je préfère Cavelleria, à cause de son intermezzo extraordinaire. Mais dans Paillasse il y a des airs magnifiques, en particulier dans le rôle de Canio. Vezzi, par exemple, n’aurait jamais chanté Turridu de Cavelleria »

[…]

  • Et les deux œuvres ? Dites-moi un peu de quoi elles parlent

 

  • Ah, les deux œuvres. Leurs arguments se ressemblent, même s’ils sont traités de manière différente. Cavelleria rusticana est tiré de Verga (1), et se passe en Sicile un matin de Pâques. Un seul acte, avec ce fameux intermezzo dont je vous ai parlé. Il y a Turiddu, un ténor qui est fiancé à Santuzza mais qui aime encore Lola, son ancienne maîtresse, mariée au charretier Alfio, un baryton. Deux couples en somme, un amour ancien et deux nouveaux. Santuzza, malade de jalousie, révèle à Alfio la liaison de Lola et de Turiddu et, dans un duel final, Alfio tue Turiddu. À mon avis, ce sont les rôles féminins qui sont les plus beaux : Lola, Santuzza et Lucia, la mère de Turiddu.

 

Paillasse au contraire se passe en Calabre. Il dure à peu près aussi longtemps que Cavelleria. Une troupe de comédiens arrivent dans un petit village : le directeur de la troupe est Canio, un ténor, que Vezzi devait interpréter. Ce n’est pas un homme gai, bien qu’il soit un bouffon dans la pièce ; à vrai dire il est fou de jalousie à l’égard de sa femme Nedda, qui tient le rôle de Colombine. Celle-ci le trahit, en effet, avec Silvio, un jeune homme riche qui habite le village. À  la fin, dans une scène magnifique et dramatique, on passe de la fiction à la réalité et Canio jette le masque pour tuer Nedda et son amant. Ce qui est beau, à part la musique, c’est le mélange de la réalité et de la fiction : le public ne sait plus si les acteurs jouent ou s’ils sont passés dans le registre de la réalité, jusqu’au moment où le sang coule.

 

Comme vous le voyez, commissaire, la thématique est la même : jalousie, amour et mort. Comme souvent, malheureusement, dans la vie de tous les jours, non ?

 

(1) A propos de Giovanni Verga lire :

2 juillet 2014

« À l’heure entre les vêpres et nones, où la femme pure ne se promène pas, gna Pina» proverbe sicilien ICI 

 

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ROBERTO ALAGNA dans Paillasse, au Metropolitan Opera – chapitre 3 – duo avec ALEKSANDRA KURZAK
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21 septembre 2019 6 21 /09 /septembre /2019 06:00

Aucune description de photo disponible.

Cher Bernard Farges,

 

Votre association Vin&Société nous conseille la modération, permettez-moi de vous dire qu’en ce qui concerne les débats de société qui, je vous le concède, tournent trop souvent au pugilat, votre proclamation est outrancière.

 

La bonne question est, pourquoi en sommes-nous arrivé là ?

 

Tout d’abord, ayant occupé des responsabilités politiques au 78 rue de Varenne je ne m’exonère pas de ma part de responsabilité dans les causes de ces controverses. Aux côtés de Ministres j’ai participé à la cogestion chère à la FNSEA de Raymond Lacombe et de Luc Guyau et au CNJA du peu courageux Christian Jacob. Ces sujets-là étaient tabous puisqu’ils étaient portés par les « zozos » de la Confédération Paysanne.

 

Le mythe de l’unité paysanne est tenace, mettre tous les agriculteurs dans le même sac est une facilité qui date d'un temps que les jeunes ne peuvent pas connaître, qui ne correspond plus à la réalité de le la diversité économique et sociologique de notre agriculture, à qui fera-t-on croire qu’un éleveur de broutards du Massif Central trouve son compte dans cette unanimité de façade ? Parliez-lui du traité CETA, à qui profite-t-il ?

 

Fils, petit-fils, de petits bordiers vendéens, et bien plus avant encore de laboureurs, j’ai bien connu et vécu l’antagonisme entre ceux qui, partis à la ville, aux chemins de fer ou à la Poste, et ceux qui restaient à la ferme. Mon aîné Alain, au retour de son service militaire en Algérie fut placé face à ce choix. Il resta. Il s’en tira, je n’ai aucune honte à le dire, grâce à l’aviculture intensive chère aux grands volaillers aujourd’hui disparus, Tilly et Bourgoin.

 

Ceux qui restaient étaient les péquenots, les pedzouilles, les pécores, ceux qui parlaient forts dans le métro pendant le Salon, les difficiles à marier, les qui finissaient parfois au bout d’une corde ou dans le fond du puits.

 

Je sais d’où je viens, d’en bas, et je ne l’oublie pas… je sais aussi là où je ne veux pas aller, dans le camp des arrogants et des stigmatiseurs.

 

Ce débat, je l’ai eu souvent dans mon bureau ovale du 78 rue de Varenne avec Luc Guyau, nous avons usé nos fonds de culotte sur les mêmes bancs de l’école d’agriculture de la Mothe-Achard.

 

À  force de résister aux attentes de la société, de tergiverser, d’être sourd, il ne faut pas s’étonner que, lorsque la digue cède, les radicaux sont à la barre. L’opinion publique c’est pour les politiques la somme de ses électeurs et pour vous gens du vin, des clients. La bienveillance des pouvoirs publics à votre égard perdure mais s’étiole sous la pression des consommateurs urbains.

 

En effet, peu de secteurs économiques ont des liens aussi forts et réguliers avec leur ministère de tutelle, on a coutume de dire que le 78 rue de Varenne n’est pas le Ministère de l’Agriculture mais celui des agriculteurs. Vous siégez dans de nombreux organismes de cogestion : INAO, FranceAgrimer… Le Ministre monte au créneau sans relâche pour contrer vos ennemis héréditaires du Ministère de la Santé. Le mouvement mutualiste est vivace, les coopératives pèsent lourds, le Crédit Agricole, même privatisé, reste « piloté » par des agriculteurs.

 

Les urbains se précipitent au Salon de l’Agriculture de la Porte de Versailles, les agriculteurs bénéficient encore d’une opinion très positive dans l’opinion publique et d’une empathie réelle face à l’importance des suicides de certains agriculteurs.

 

Alors, ce sont les minorités actives qui, dans la bulle des réseaux sociaux, vous mènent la vie dure, vous montre du doigt. Il n’y a pas ou plus de débat mais des échanges sans nuances. Chacun campe dans son camp, s’abrite derrière soit la « Science », soit des craintes et des peurs.

 

Vous réclamez, à juste raison le respect, mais que n’ai-je entendu de mon temps actif de la part de beaucoup de dirigeants agricoles sur les sujets environnementaux, c’était le temps du mépris et du déni, avec une touche d’arrogance, pourquoi le nier.

 

Comme le proclamait ce cher Douglas MacArthur « Les batailles perdues se résument en deux mots : trop tard. »

 

Oui, Bernard Farges, vous et vos collègues dirigeants des OPA avez perdus la bataille de l’opinion publique, et même si je ne suis plus qu’un retraité sans responsabilités, je le regrette sincèrement.

 

Ma culture politique, qui me vaut les lazzis de la part de vos collègues, celle inspirée par Michel Rocard, le dialogue et le compromis qui ont permis sous ses auspices de faire voter à l’unanimité une loi sur l’enseignement agricole privé et à élaborer le compromis de Dublin qui a permis le rebond de la viticulture languedocienne.

 

Lorsque, suite à mon rapport en 2001, où je préconisais, afin de relever les défis de la mondialisation, comme toute première priorité pour la vigne France : le respect de l’environnement, non pour des raisons idéologiques mais pour renforcer notre compétitivité, vos pairs m’ont ostracisés, Jacques Gravegeal en tête accompagné par des influents bordelais, contraignant ce cher Hervé Gaymard à me remiser au placard.

 

Je n’en garde aucune amertume, c’est la vie, j’ai rebondi. Bruno Le Maire m’a confié une mission de médiation entre les géants du lait et des producteurs du Sud-Ouest abandonnés par leur collecteur espagnol Leche Pascual  Au passage, j’ai découvert qu’il y avait aussi des vaches en Gironde jusque dans le Bec d’Ambès.

 

Tout ça pour dire, Bernard Farges, que dans la bataille de chiffonniers sur les pesticides, les ZNT où les bios et les autres sont fourrés dans le même sac, la seule voie de sortie est la médiation et non les horions venant des deux bords.

 

Je ne suis pas candidat.

 

C’est simplement ma contribution citoyenne pour sortir de ce non-débat, de cette acrimonie se déversant à plein tonneaux sur ces foutus réseaux sociaux.

 

Que chacun mette un peu ou beaucoup d’eau dans son vin…

 

Sans doute suis-je d’une autre époque où, sans l’idéaliser, dans mon bled du bocage crotté de la Mothe-Achard, le vivre ensemble des gens du bourg et de ceux des métairies était une réalité qui se vivait chaque semaine le vendredi au travers des fameuses foires de Mothe où, sur le foirail et dans les cafés, les gens discutaient.

 

La ferme du Bourg-Pailler était sise à l’entrée du bourg et mon père, à côté de l’exploitation du pépé, était entrepreneur de battage, il se faisait payer en équivalent sacs de blé, ça m’a inculqué une éthique de vie. « Quand la récolte était bonne, on partageait la prospérité, quand elle était mauvaise la misère ».

 

De grâce revenons à l’essentiel, sortez, sortons de notre entre soi, du chacun pour soi, des positions défensives, agressives, pour ravauder le vivre ensemble qui s’effiloche, pour que le voisin, au masculin et au féminin, perçu comme un gêneur redevienne tout simplement quelqu’un travaillant et vivant sur le même territoire.

 

Pour finir sur une note pince-sans-rire, en parodiant l’un de nos slogans de soixante-huitard, « Nous sommes tous des Juifs allemands », pour soutenir Dany le Rouge expulsé vers la RFA, je proclame « Nous sommes tous des salauds d’agriculteurs… »

 

Balayons tous devant notre porte, asseyons-nous autour d’une table, partageons le pain et le sel avec un bon verre de vin, parlons-nous, écoutons nous et comme le proclame le frontispice de mon blog « un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... »

 

Bien à vous Bernard Farges.

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18 septembre 2019 3 18 /09 /septembre /2019 06:00
Le veganisme militant comme le communisme promet des lendemains qui chantent… pas si sûr…

Je comprends parfaitement que des gens ne veuillent pas consommer des produits animaux, en revanche j’ai beaucoup de mal à les suivre dans leur « guerre » contre l’élevage des animaux domestiques.

 

Pour les militants virulents la question de l'abolition de l'élevage est intrinsèquement politique :

 

« Il s'agit bien de changer le regard que la société porte sur les animaux. Ensuite, elle ne peut être qu'extrême, comme toutes les revendications abolitionnistes le sont : on ne demande pas « un peu » l'abolition de la peine de de mort, pas plus qu'on ne demande que les assassinats ou le viol soient « légèrement » interdits. Une position extrême ne peut en outre pas être disqualifiée sur ce seul critère, à moins de tomber dans l'effet bof  (encore un raisonnement fallacieux, et ce n'est pas le dernier) : la radicalité n'est pas intrinsèquement bonne ou mauvaise. »

 

Dans l’histoire contemporaine, sauf à être de mauvaise foi, la radicalité politique des minorités agissantes, nous a conduits aux pires régimes politiques, les lendemains qui chantent se sont transformés en goulags.

 

Les vegan radicaux sont les idiots utiles des grands prédateurs industriels.

 

En effet, pourquoi fabriquer des fausses viandes, du lait végétal… et autre produit industriel pour soi-disant sauver la planète ?

 

De même pour les godasses, oui y’a des Doc Martens vegan qui utilisent du plastique polyuréthane synthétique au lieu du cuir qui ont fait bondir les bénéfices de la marque.

 

Ce nouveau monde que nous promettent les vegan forcenés est pire que l’ancien, il nous met entre les mains des grands groupes industriels fabricant de formules chimiques dites de substitution.

 

Que l’élevage industriel soit en cause je suis le premier à le reconnaître, mais pour les vegan radicaux c’est l’éradication de l’élevage qui est le but ultime au nom d’arguments animalistes qui ne résistent pas à une analyse sereine.

 

L’assiette vegan est-elle vraiment bonne pour la planète?

 

Faut-il que l’humanité passe à une alimentation exclusivement végétale pour réduire son impact sur la planète? La question est plus complexe qu’il n’y paraît. Dans certains cas, l’élevage serait même bénéfique pour l’environnement.

 

La crise environnementale remet en question le contenu de nos assiettes. Faut-il réduire notre consommation de viande, de lait ou de poisson pour «sauver la planète», comme le conseille le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ? La pression s’accroît sur l’élevage, pointé pour son lourd bilan environnemental, et souvent accusé de maltraitance animale.

 

Plusieurs études scientifiques confirment les bienfaits de régimes végétariens (pas de produits carnés) ou véganes (alimentation exclusivement végétale) pour la santé de l’homme et de son environnement. Une récente analyse de l’Université d’Oxford et d’Agroscope suisse montre que la production d’aliments d’origine animale sollicite 83% des sols cultivables et génère 58% des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole. En limitant la consommation de viande et de produits laitiers ou en y renonçant complètement, on pourrait économiser jusqu’à 76% des terres et diminuer de moitié les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole.

 

Quel que soit le scénario envisagé, l’élevage a toujours plus d’impact sur l’environnement que des cultures végétales, conclut l’étude. Notamment à cause de la déforestation et de l’appauvrissement des sols utilisés pour produire de la nourriture pour les animaux, ainsi que des grandes quantités de méthane émises lors de la digestion des ruminants.

 

Il n’y a pas de régime universel pour sauver la planète

Pierre-Marie Aubert, IDDRI

 

Valorisation des espaces

 

Alors, tous véganes ?

 

Ce n’est pas si simple. «Une alimentation sans produits d’origine animale diminuerait la pression de l’homme sur l’environnement, confirme Thomas Nemecek, chercheur à Agroscope et l’un des auteurs de l’étude. Mais les effets d’un tel changement doivent encore être étudiés, comme l’utilisation des sols libérés, le remplacement des engrais de ferme, fourni par des animaux, par des engrais minéraux, les impacts sur la biodiversité et la qualité des sols, et les conséquences économiques dans différentes régions.»

 

La question se pose notamment pour les pays qui vivent de l’élevage et dépendent des protéines animales à défaut d’alternatives végétales en quantité suffisante. Mais pas seulement. «Malgré leur lourde empreinte écologique, les animaux d’élevage valorisent certains espaces, en transformant en nourriture les ressources qu’on ne peut ni consommer ni utiliser pour réduire l’impact environnemental», relève Patrice Dumas, chercheur au Centre français de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et auteur de plusieurs études sur l’adaptation de l’agriculture au changement climatique. Il s’agit notamment de pâturages alpins et de sols arides, impropres à la culture ou à l’implantation de forêts. En renonçant à l’élevage sur ces terres, on perdrait une source de nourriture et augmenterait la pression sur d’autres ressources pour la compenser.

 

Un risque pour la Suisse la suite ICI 

 

 

Agroalimentaire. Le pois jaune, nouveau chouchou de l’industrie du vegan ICI

 

La protéine extraite de cette légumineuse entre dans la fabrication des fausses viandes, du lait végétal ou des compléments pour sportifs. La pénurie guette.

 

Les substituts de viande à base de végétaux connaissent une popularité croissante, et le secteur a désormais une nouvelle star : l’humble pois. De [la société californienne] Beyond Meat, dont l’action a crevé le plafond depuis son introduction en Bourse au mois de mai, au producteur de viande américain Tyson en passant par le suisse Nestlé, les entreprises de l’agroalimentaire s’intéressent maintenant au pois jaune, source de protéines et ingrédient essentiel des alternatives au burger, au bacon, au thon ou au yaourt.

 

Face à la demande croissante des consommateurs, les producteurs se dépêchent d’ajuster leur offre, et on a frisé la pénurie. Le problème n’est pas la rareté du pois jaune – les réserves sont abondantes, encore renforcées par les restrictions chinoises sur les importations canadiennes, dans le sillage du litige autour de Huawei, et par la décision de l’Inde d’imposer des barrières douanières sur les légumineuses –, mais le nombre insuffisant d’usines capables de produire la poudre de protéine extraite du légume. Les industriels n’ont tout simplement pas pu suivre le rythme.

 

Ainsi, la production de Meatless Farm, une start-up de Leeds [au Royaume-Uni] qui vient de signer un accord de distribution aux États-Unis avec Whole Food Markets, chaîne d’épiceries haut de gamme [et filiale d’Amazon], a été  multipliée presque par 30 depuis la création de l’entreprise, l’an dernier. Or, récemment, la société n’a reçu que 25 % d’une commande de protéine de pois, les fournisseurs ayant fait dévier le reste pour satisfaire d’autres acheteurs.

 

Les consommateurs se détournent du soja

 

“La hausse de la demande a eu des conséquences peu reluisantes, concède Morten Toft Bech, fondateur de Meatless Farm, qui admet que sa principale préoccupation est de s’assurer qu’il peut continuer à fournir ses clients. Nous avons commencé à constituer des stocks. Comme tout le monde.”

 

Le pois jaune, qui fait partie de la même famille que le soja, la lentille et le pois chiche, est devenu la source de protéine de prédilection pour de nombreuses entreprises agroalimentaires, alors que les consommateurs se détournent du soja. Si ce dernier reste la source la plus abondante et la moins onéreuse de protéine végétale, c’est également un allergène, et, aux États-Unis, il est souvent génétiquement modifié. Il est riche en phyto-œstrogènes, et d’aucuns redoutent qu’il n’ait des effets négatifs sur la santé de certaines personnes.

 

“Les consommateurs réclament des protéines ‘propres’, autrement dit : sans OGM, voire bio, explique Tyler Lorenzen, directeur exécutif de Puris, à Minneapolis, le principal producteur américain. La croissance est exponentielle.” La consommation de protéines de pois a presque doublé depuis 2015, atteignant 275 000 tonnes, selon Henk Hoogenkamp, consultant auprès de sociétés agroalimentaires. Il s’attend à une progression du marché de 30 % l’an prochain et au chiffre de 580 000 tonnes en 2025.

 

L’approvisionnement en question

 

Comme la protéine de pois des industriels chinois est moins chère que celle de gros producteurs comme [le français] Roquette ou le belge Cosucra, les prix n’ont pas explosé, précise Hoogenkamp. Il n’existe pas de Bourse de l’isolat de protéine de pois, et l’évolution des prix est difficile à surveiller, mais on estime que cet ingrédient se vend entre 4 200 et 4 600 dollars [entre 3 700 et 4 100 euros] la tonne. L’isolat de protéine de soja, lui, vaut environ 3 500 dollars [3 200 euros] la tonne.

 

Reste que la demande est tellement importante que les acheteurs peinent à assurer leur approvisionnement sur le long terme. “Alors que les entreprises [acheteuses] voudraient verrouiller les prix jusqu’en 2020, les fournisseurs rechignent à leur garantir la livraison de plus grandes quantités pour un prix plus bas”, poursuit Hoogenkamp.

 

En juin, à l’occasion de la publication des résultats trimestriels de la société, Ethan Brown, le fondateur de Beyond Meat, a avoué qu’il était “quelque peu préoccupé” par ce problème d’approvisionnement. Beyond Meat a signé un contrat de trois ans avec Puris, qui complète celui passé avec le français Roquette, expirant à la fin de l’année. L’entreprise cherche à agrandir son réseau de fournisseurs, souligne Brown.

 

Les entreprises agroalimentaires misent sur la protéine de pois

 

Ripple Foods, une start-up californienne qui produit du lait végétal à base de protéine de pois, a vu ses ventes doubler chaque année depuis sa création, en 2016. L’entreprise, qui compte la banque Goldman Sachs parmi ses investisseurs, a passé des accords commerciaux avec des agriculteurs dont elle traite la production pour en extraire les protéines. Ripple Foods est ainsi à l’abri des fluctuations de prix, explique son cofondateur, Adam Lowry : “Cela nous sort du marché de la protéine de pois”, résume-t-il.

 

Un nombre croissant d’entreprises agroalimentaires investissent dans la protéine de pois depuis quelques années. En 2018, le géant du Minnesota Cargill a injecté 25 millions de dollars dans la société Puris, avec laquelle il a créé une coentreprise.

 

De nouvelles unités de production devraient voir le jour d’ici l’année prochaine. Au Canada, Roquette fait construire une usine au Manitoba, tandis que Verdient Foods, un producteur de protéine végétale établi dans la Saskatchewan et soutenu par James Cameron, le réalisateur de Titanic, prévoit également d’augmenter ses capacités.

 

Le marché devrait cependant rester tendu. “Il y a eu des annonces, et les premiers coups de pioche ont été donnés, mais il va falloir attendre entre six mois et un an avant de voir la production démarrer”, tempère Chuck Penner, du cabinet d’analyse LeftField Commodity Research, à Winnipeg [Manitoba].

 

En attendant, de nouveaux produits devraient prochainement être commercialisés, annonce Pascal Leroy, vice-président de la filière pois et nouvelles protéines de Roquette. “La croissance est vraiment impressionnante. C’est la protéine de prédilection des dix prochaines années.”

Emiko Terazono

 

 

Le succès des Dr Martens vegan fait bondir les bénéfices de la marque

 

La gamme végan représente maintenant 4 à 5 % du total des ventes de la marque.

Par Marion Durand

 

MODE - Ces chaussures iconiques, portées aussi bien par les stars internationales que par les fans de mode, sont pour beaucoup un classique à avoir.

 

Si au début des années 2000 la marque a connu un léger déclin dans ses ventes, depuis 2012 l’entreprise a su se renouveler et a réussi a quasiment triplé ses revenus.

 

Mais c’est incontestablement sa gamme “vegan”, lancé depuis trois ans, qui séduit de plus en plus de consommateurs. Kenny Wilson, directeur général de la marque, a déclaré qu’au cours des dernières années, les ventes de ses chaussures végétaliennes avaient augmenté de “plusieurs centaines de pour cent”. Ces chaussures, fabriquées sans produit animal, représentent désormais 4 à 5 % des ventes totales de la société, peut-on lire sur le site The Guardian.

 

Selon Independent, l’augmentation des marges sur ces produits s’est traduite par une hausse des bénéfices d’environ 70% en un an, avec un total de 8,3 millions de paires de chaussures vendues en 2018.

 

La gamme vegan n’est pas la seule à séduire autant les clients, la collection de sandales, les versions pour enfants et certaines collaborations comme celle avec les Sex Pistols, Marc Jacobs ou la marque Lazy Oaf expliquent aussi en partie ce succès.

 

Cette collection végétalienne remplace le cuir par un matériau synthétique, appelé “Felix Rub Off”. La société affirme que le matériau fonctionne aussi bien que ceux avec du cuir et est fabriqué avec “absolument aucun produit animal”.

 

 

La gamme, qui a remporté l’année dernière la meilleure collection de bottes végétaliennes aux trophées de la mode PETA, utilise du plastique polyuréthane synthétique au lieu du cuir.

 

En mars 2019, l’entreprise Dr Martens possédait 109 magasins propres, dont deux nouveaux sites au Royaume-Uni et quatre nouveaux magasins aux États-Unis.

 

L’histoire des Dr Martens

 

A l’origine cette célèbre paire de chaussures appartient à un docteur allemand, Klaus Maertens, qui, à la suite d’un accident pendant la Seconde Guerre mondiale, décide de se créer une paire de chaussures orthopédiques.

 

Même si la famille Maertens était propriétaire de la marque, c’est une société privée anglaise, Griggs Ltd, qui obtient la licence de fabrication de la chaussure. La première paire à être commercialisée est la “1.4.60”, dont le nom est la date de fabrication (1 avril 1960). Elle sera à jamais, celle qui marquera les esprits.

 

Avant de devenir une chaussure emblématique, les Dr Martens sont d’abord des chaussures destinées aux ouvriers qui s’en servent comme chaussures de sécurité. Son bout coqué la rend solide et résistante, le cuir fin et la semelle remplie d’air quant à eux la rendent confortable.

 

C’est dans les années 60, pendant que se créer une libération intellectuelle et vestimentaire, que cette paire de chaussures ouvrière va devenir le symbole de toute une génération et surtout d’un style: le punk. Au fur et à mesure du temps, tous les mouvements contestataires de l’époque qui arborent des styles différents (gothiques, rock, etc) seront attirés par les Dr Martens.

 

Les leaders d’opinion ont amplement contribué à son succès, comme Madonna les portant dans les années 80 et plus récemment par des stars comme Miley Cyrus ou encore Kanye West.

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17 septembre 2019 2 17 /09 /septembre /2019 06:00
Un curé pas ordinaire, plus Peponne que Don Camillo  « si l’évangile ne marchait pas, la Juventus marcherait » « mais comment ça se fait qu’il gagne toujours le maçon, vu qu’il est communiste ? »

J’adore ce genre d’histoires vraies.

 

C’est l’histoire d’un prêtre, cousin éloigné du narrateur, curé d’un petit village des Collines métallifères. La Maremme.

 

 

C’était pour lui « la punition, comme aller en Sardaigne pour un militaire : tu te fais chier. Personne ne va à l’église, seulement quelques rares femmes pieuses et les touristes en été. »

 

Il décida que « si l’évangile ne marchait pas, la Juventus marcherait »

 

« Il fonda un club de supporters, puis la gérance d’un bar du village  et le recouvrit de posters. À l’école, pendant l’enseignement religieux, à la place des santons, il offrait des images à collectionner, mais seulement celles avec les joueurs de la Juve. Au lieu du Notre-Père, c’est la formation qu’il nous demandait de savoir par cœur (Zoff-Gentile-Cabrini-Brio-Scurea et ainsi de suite) et il organisa même des pèlerinages, comme en 1983, où il emmena quelques personnes en bus jusqu’à Athènes pour voir la Juventus perdre un à zéro contre Hambourg lors de la finale de la Coupe des champions. »

 

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C’était un énergumène à la force herculéenne.

 

Un jour, la maîtresse du narrateur amena sa classe à sa messe, où il y avait seulement deux vieilles et une femme avec un enfant qui n’arrêtait pas de pleurer.

 

Il expédiait la messe à toute vitesse dans un grommellement incompréhensible, entrecoupé  de rares amen.

 

Il s’adressa à la maman du chiarre braillard « Madame, si l’enfant pleure, mettez-lui une chaussette dans la bouche. »

 

Il se débarrassait de ses fidèles d’un sonore et libérateur « Allez en paix » qui avait tout l’air d’un « Allez vous faire foutre »

 

Plus jeune il concluait la cérémonie ainsi :

 

« La messe est finie… Allez manger des tortelli que vos mamans vous ont préparés. Moi maintenant je suis libre, si quelqu’un voulait m’inviter… voyez un peu ce que vous pouvez faire. »

 

Quand il passait bénir les maisons il fallait planquer tout ce qui était alcoolisé.

 

« Il y avait dans la rue une aimable veuve et à sa vue son cœur semblait s’attendrir, il laissait une lire aux enfants de chœur pour qu’ils aillent au magasin s’acheter des bonbons et qu’ils débarrassent le plancher.

 

Enfin, il arrivait chez nous, faisait main basse sur le vin et les œufs et bénissait. Il réapparaissait à Noël, lorsqu’il remettait le prix de la meilleure crèche. Ça étonnait beaucoup qu’il fasse gagner le maçon stalinien qui habitait à l’angle. Ma grand-mère disait : « mais comment ça se fait qu’il gagne toujours le maçon, vu qu’il est communiste ? » Elle avait de bons rapports avec le maçon et elle alla le lui demander. Il lui répondit : mais tu parles, la crèche d’Égypte. Le prêtre, il vient chez moi boire le vin, bourrique de Maremme, il sait bien que dans la rue c’est moi qui est le meilleur. La crèche, mon œil. »

 

« Le prêtre ne devait pas non plus être une mauvaise personne, étant donné qu’il collaborait avec les résistants. Même les nazis ne réussirent pas à le descendre, et ils essayèrent. Les fascistes voulaient sa mort (on murmure que c’est à cause d’histoires de femmes), mais le boche qui devait le tuer changea d’avis et le libéra : et c’est ainsi qu’il continua à manger les tortelli, à réclamer les œufs et le vin et à faire peur aux femmes, jusqu’à ce que le Très-haut le rappelât à lui, au grand soulagement des maris cocus. »

 

Alberto Prunetti  Amianto Une histoire ouvrière Agone

 

Les collines métallifères

 

ICI 

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16 septembre 2019 1 16 /09 /septembre /2019 06:00

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On demandait à un élégant Bordelais le nom des fleurs qui ornaient un parterre de son château médoquin : « Je ne sais pas, répondit-il, mais en Angleterre on les appelle bégonias. »

 

« Bordeaux, anglaise jusqu’à la fin du XVe siècle, tout comme Londres elle a sa rue Saint-James, anglomane depuis Louis XV ne s’intéresse que fort peu à ce qui se passe à Paris. »

 

« Dans mon enfance on parlait plus volontiers d’un raout (mot démodé depuis plus de cent ans en Angleterre) que d’un cocktail. Les Misses appelaient les enfants au jardin public an criant « Tea time, children », et les Maud, Eddy, Jane, Willie répondaient dans un accent encore proche du terroir. Une dame vous invitait à des réunions en petit comité : ses in-between. »

Brown-Cantenac

 

Image associée

 

Le bégonia (Begonia) est une plante originaire des régions tropicales ce qui explique qu'elle soit frileuse et donc cultivée en annuelle en extérieur ou comme plante d'intérieur. Son très grand nombre d'espèces réunit des vivaces herbacées, des arbustes persistants, des grimpantes succulentes et des épiphytes. Les racines sont fasciculées, rhizomateuses ou tubéreuses avec des tubercules qui entrent en dormance en hiver.

 

Certains bégonias sont appréciés pour leur feuillage original, asymétrique, simple ou composé, vert ou bronze pourpré, mais la plupart des variétés sont choisies pour leurs fleurs unisexuées. Souvent groupées en cymes ou en grappes, doubles ou simples, elles arborent des couleurs lumineuses pouvant aller du jaune pâle au rouge foncé. Les fleurs mâles comptent de 2 à 4 pétales inégaux tandis que les fleurs femelles en ont de 2 à 6 qui sont égaux.

 

Contrairement aux autres fleurs qui ne cessent de parler d’amour, dans le langage des fleurs, le bégonia est le symbole de la cordialité et d’une amitié sincère. Par ailleurs, son nom lui a été donné par l’homme qui l’a découvert, Charles Plumier, au XVIIIème siècle lors d’une expédition en Amérique du sud. Il choisit ce nom en l’honneur de Michel Bégon, administrateur et intendant de Marine mais également collectionneur passionné de botanique, qu'il avait connu aux Antilles.

 

 

Famille : Bégoniacées

Type : vivace cultivée en annuelle

Origine : Amérique du sud, Afrique du Sud, Asie

Couleur : fleurs rouges, roses, jaunes, blanches, abricot...

Semis : oui

Bouture : oui

Plantation : mars

Floraison : de mai à octobre

Hauteur : jusqu'à 80cm

 

 

Géographie : L'origine des Begonia

Patrick Rose

ICI 

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15 septembre 2019 7 15 /09 /septembre /2019 06:00

Donald Trump, left, and Bette Midler are bickering online — and have been for years.

(Alex Brandon / Associated Press, left; Ricardo DeAratanha / Los Angeles Times)

« Mon mari m’a dit : « Bette, si tu veux apprendre à cuisiner, on peut licencier notre chef », et j’ai répondu : « Martin, si tu veux apprendre à faire l’amour, on peut virer le chauffeur. »

Bette Midler

 

J’ignore tout de la vie conjugale de Bette Midler, « Depuis novembre 1984, Bette Midler partage la vie de l'artiste Martin von Haselberg (né le 20 janvier 1949) - qu'elle a épousé le 16 décembre 1984, soit six semaines après leur rencontre. Ensemble, ils ont eu une fille, nommée Sophie Frederica Alohilani von Haselberg (née le 14 novembre 1986). »

 

« J'ai épousé un allemand. Tous les soirs je me déguise en Pologne et il m'envahit. »

Bette Midler- La Bette et le bête

 

« Bette Midler est une femme répugnante, mais je ne le dis pas, car je suis politiquement correct », balançait un Donald Trump hautement magnanime il y a quelques années. En cause, une blague de la comédienne sur son improbable crinière. Quel toupet !

 

BIOGRAPHIE ICI

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13 septembre 2019 5 13 /09 /septembre /2019 06:00

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Comme mes fidèles le savent j’ai occupé, au temps de mes culottes courtes, les éminentes fonctions d’enfant de chœur à la paroisse Saint Jacques le Majeur de la Mothe-Achard.

 

Même si je dusse choquer certains d’entre vous la cérémonie que je préférais, avec les Rogations (là c’était dans les champs), c’était les enterrements car nous allions accompagner le ou la défunté (e) au cimetière.  

 

Nous précédions le corbillard tiré par une haridelle poussive drivé par je ne sais plus qui, ma mémoire flanche. Je me souviens des plumeaux, des cordons du poêle, du cérémoniel mais pour le nom du cheval et de son cocher que dalle !

 

Image associée

 

Nous revêtions les soutanes noires, surplis blanc empesés par les bonnes sœurs, au tour du catafalque dans l’église je passais l’encensoir au curé pour enfumer notre client (désolé) puis, flanqué de mes deux assesseurs portant leurs faux cierges calés à la hanche, je portais la croix. Le curé nous suivait drapé dans sa chasuble noire brodée de fils d’argent, un enfant de chœur à ses côtés portait le seau du goupillon rempli d’eau bénite qui servirait au cimetière à asperger le cercueil avant qu’il ne soit descendu dans la fosse ou pour les riches glissé dans le caveau familial.

 

Nous passions devant le Bourg-Pailler.

 

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Le corbillard de Vercel - Arnaud Poirier - france-sire.com

 

Tout ça sans tambour ni trompettes, seuls les ahanements de la haridelle, le bruit de ses sabots sur le macadam, ses flatulences, ponctuaient notre montée vers le cimetière. Parfois, le cheval faisait une pause pour se soulager en liquide ou en solide, ou les deux à la fois, ça nous faisait prendre des fous-rires de penser que les accompagnants allaient patauger dans le crottin ; des garnements nous étions mais il n’y avait aucune malice de notre part, hormis ce petit moment de relâchement nous gardions notre sérieux, le curé-doyen Bailly y veillait.

 

Au retour, le corbillard revenait au petit trot et nous nous retroussions nos soutanes pour courir derrière, je portais la croix sur mon épaule comme Jésus au Golgotha, en plus décontracté bien sûr.

 

Mon rêve caché c’est un enterrement avec de la musique comme ici dans le roman de Maurizio De Giovanni L’été du commissaire Ricciardi.

 

L'été du commissaire Ricciardi par Giovanni

 

« Quand Ricciardi et Maione tournèrent l’angle de la piazza Santa Marie la Nova, les attendaient des funérailles de première classe. Le corbillard était déjà arrivé et à lui seul, il était tout un spectacle. Huit chevaux attelés deux par deux, noirs, grands et magnifiques, écumaient sous leur charge et sous la chaleur : sur la tête un grand plumet, noir comme le harnais. Spécialement dressées, les somptueuses bêtes ne faisaient aucun bruit : pas un piétinement, pas un hennissement ou un ébrouement. Derrière eux le corbillard proprement dit : une marqueterie rococo de bois, de stuc et de verres translucides. Un dernier voyage en grand pompe, sous les yeux émerveillés de l’assistance.

 

Le silence qui écrasait la place n’avait rien de naturel. Une foule bigarrée s’entassait le long des demeures et de l’église ; seul l’espace autour du corbillard était vide, comme si la mort, dans sa représentation la plus populaire, était contagieuse. Le cocher, en queue-de-pie noire, coiffé d’un chapeau haut de forme brillant, attendait, debout, son fouet à la main, près de la roue arrière plus haute que lui. Devant, en quête d’un espace ombragé, les huit musiciens qui allaient ouvrir le cortège et jouer des marches funèbres attendaient en fumant et en maudissant la chaleur ; le soleil éclaboussait les instruments posés à terre et qui lui renvoyaient des éclairs dorés. »

 

[…]

 

« De la partie ouverte du portail sortit don Pierino qui avait revêtu les parements des funérailles, deux enfants de chœur à ses côtés. Derrière lui, le cercueil, en bois sombre sculpté, porté sur les épaules par quatre croque-morts. Le prêtre bénit la bière qui fut hissée dans le corbillard. Le soleil désormais haut dans le ciel rendait la chaleur insupportable. »

 

[…]

 

« Une fois la porte du corbillard fermée, le cocher monta sur son siège et fit claquer son fouet. Les musiciens attaquèrent la marche funèbre de Chopin et les chevaux se mirent en route, calquant leurs pas sur le rythme de la musique. »

 

[…]

 

« Le cortège funèbre devait parcourir la première partie du rectiligne corso Umberto pour se dissoudre piazza Nicola Amore : pour les Napolitains, il s’agissait toujours du Rettifilo et de la piazza Quatro Pallazzi : un trajet d’une certaine longueur, surtout sous ce soleil brûlant. À chaque pas martial des huit chevaux la foule s’amenuisait, au fur et à mesure qu’elle se rendait compte que les principaux protagonistes avaient tirés leur révérence et que la représentation n’offrirait plus de coups de théâtre. »

 

[…]

 

« Au passage du cortège, les magasins encore ouverts fermaient, les femmes se signaient et les hommes portaient la main au chapeau dans un geste de salut militaire. »

   

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12 septembre 2019 4 12 /09 /septembre /2019 06:00
Voyager pour « frotter et limer notre cervelle contre celle d’aultruy » Montaigne « Ne voyage pas en épicier ou en commis-voyageur » Flaubert en Corse

« La Corse apparaît comme une terre étrangère, ni parfaitement italienne, ni totalement française, qu’on ne sait trop sous quelle latitude situer. Que vient-on chercher en Corse ? Un peu d’Italie ? Un ailleurs ? »

Eugène F.-X. Gherardi Revue des Deux Mondes 1829-1831

 

Flaubert part de Toulon le 4 octobre, il arrive aux abords d’Ajaccio le 5 octobre, secoué par les assauts du « perfide élément » Il est reçu à dîner, avec son accompagnateur le docteur Cloquet, par le préfet Honoré Jourdan, homme à la cordialité tout insulaire.

 

« Nous sommes partis d’Ajaccio pour Vico le 7 octobre, à 6 heures du matin. Le fils de M. Jourdan nous accompagnés jusqu’à une lieue hors la ville. Nous avons quitté la vue d’Ajaccio et nous nous sommes enfoncés dans la montagne. La route en suit toutes les ondulations et fait souvent des coudes sur les flancs du maquis, de sorte que la vue change sans cesse et que le même tableau montre graduellement toutes ses parties et se déploie avec toutes ses couleurs, ses nuances de ton et tous les caprices de son terrain accidenté. Après avoir passé deux vallées, nous arrivâmes sur une hauteur d’où nous aperçûmes la vallée de la Cinarca, couverte de petits monticules blancs qui se détachaient dans la verdure du maquis. Au bas s’étendent les trois golfes de Chopra, de Liamone et de Sagone ; dans l’horizon et au bout du promontoire, la petite colonie de Cargèse. »

 

Note de votre serviteur qui fut « monsieur Corse » sous Michel Rocard devenu « Corse d’honneur » depuis qu’il repose au cimetière de Monticello

 

J’ai laissé couler le temps puis je suis revenu tous les ans passer des vacances en Corse, à Tiuccia, commune de Calcatoggio, juste avant Sagone.

 

Cette année, au lieu de prendre l’avion, j’ai embarqué ma petite auto sur un ferry partant de Toulon. Sans le savoir j’ai mis mes pas dans ceux de Flaubert, à la différence près que la mer était d’huile et que la douceur de l’air m’a permis de dormir sur un transat sur l’un des ponts.

 

L’autre différence de taille c’est la route reliant Ajaccio à Sagone. Au tout début on grimpait jusqu’au col de San Bastianu, des virages des virages, des slogans peints en noir dénonçant la répression coloniale la DNAT de JP Chevènement, une chaussée pleine de trous, puis on plongeait vers la baie de la Liscia, la plus profonde de Corse, des virages des virages, les insulaires qui vous collent au cul pour tenter de vous doubler, faut s’y faire.

 

Et puis, il y eu le Tour de France en Corse, le ruban de la chaussée devint aussi lisse que le crane de Yul Brunner mais toujours des virages des virages et toujours la rage des insulaires face au pilotage des pinzutu, cependant année après année ma parfaite connaissance de la route me permettait de me la jouer tango corse sans toutefois me lancer dans des dépassements aussi hasardeux qu’inutiles.

 

Bref, cette année que vis-je en me rendant à Tiuccia avec ma petite Twingo, des travaux, des flancs de collines arasés, des énormes engins à l’arrêt, bien sûr je consultai Corse-Matin :   

 

Ajaccio-Sagone - D'importants travaux de sécurisation sur la RD81 / © FTVIASTELLA

 

Ajaccio-Sagone - D'importants travaux de sécurité sur la RD81

 

La route départementale 81 reliant Ajaccio et Sagone fait peau neuve. Les travaux ordonnés par l'ancien Conseil départemental de la Corse du Sud visent à sécuriser et fluidifier la circulation par la construction de deux ronds-points et de deux créneaux de dépassement.

 

Une stèle au bord de la chaussée pour rappeler que parfois, la route tue. La RD 81 entre Ajaccio et Sagone en est parsemée. C'est pour éviter des drames mais aussi pour fluidifier la circulation que des travaux ont été programmés.


Ronds-points, voies de dépassement, revêtement neufs, il en coutera 12 millions d'euros financés à 70% par l'Etat, via le PEI. Durant la pleine saison, chaque jour, un peu plus de 15 000 véhicules empruntent la RD 81. Les travaux sont prévus pour durer deux ans.

 

Pour Monsieur Bianchi mon propriétaire, ça fera gagner 10 mn sur le parcours car on pourra enfin dépasser les envahisseurs estivaux.

 

 

 

Laissons de côté les travaux publics pour revenir à la culture, le voyage de Flaubert :

 

 

 

« Nos chevaux broutaient dans le maquis, toute la nature rayonnait de soleil, la mer au fond scintillait sur le sable et ressemblait avec ses trois golfes à un tapis de velours bleu découpé en trois festons. »

 

[…]

 

« Il y a en effet en Corse une haine profonde pour l’Angleterre et un grand désir de le prouver. »

 

[…]

 

« … un Corse ne voyage jamais sans être armé, soit par prudence ou par habitude. On porte le poignard soit attaché dans le pantalon, mis dans la poche de la veste ou glissé dans la manche ; jamais on ne s’en sépare pas même à la ville, pas même à la table. »

 

[…]

 

 « Le système montagneux de la Corse à proprement parler, n’est point un système ; imaginez une orange coupée par le milieu, c’est la Corse. Au fond de chaque vallée, de temps en temps un village, et pour aller au hameau voisin il faut une demi-journée de marche et passer quelquefois trois ou quatre montagnes. »

 

[…]

 

« … le paysan cultive encore son champs comme l’Arabe : au printemps il descend pour l’ensemencer, à l’automne il revient pour faire la moisson ; hors de là il se tient chez lui sans sortir deux fois de son rocher où il vit sans rien faire. »

 

[…]

 

« Il ne faut pas juger les mœurs de la Corse avec nos petites idées européennes. Ici un bandit est ordinairement le plus honnête homme du pays et il rencontre dans l’estime et la sympathie populaire tout ce que son exil lui fait quitter de sécurité sociale. »

 

[…]

 

« Rien n’est défiant, soupçonneux comme un Corse. Du plus loin qu’il vous voit, il fixe sur vous un regard de faucon, vous aborde avec précaution, et vous scrute tout entier de la tête aux pieds. Si votre air lui plaît, si vous le traitez d’égal à égal, franchement, loyalement, il sera tout à vous dès la première heure, il se battra pour vous défendre, mentira auprès des juges, et le tout sans arrière-pensée d’intérêt, mais à charge de revanche. »

 

[…]

 

« C’est du reste, une chose à remarquer en Corse que le rôle insignifiant qu’y joue la femme ; si son mari tient à la garder pure, ce n’est ni par amour ni par respect pour elle, c’est par orgueil pour lui-même, c’est par vénération pour le nom qu’il lui a donné. »

 

[…]

 

« La femme compte pour peu de chose et on ne la consulte jamais pour prendre mari. »

[…]

 

L’esprit des Corses n’a rien de ce qu’on appelle l’esprit français ; il y a en eux un mélange de Montaigne et de Corneille, c’est de la finesse et d’héroïsme, ils sous disent quelquefois sur la politique et sur les relations humaines des choses antiques et frappée à un coin solennel ; jamais un Corse ne vous ennuiera du récit de ses affaires, ni de de sa récolte et de ses troupeaux ; son orgueil, qui est immense, l’empêche de vous entretenir de choses vulgaires. »

 

[…]

 

Ils arrivent finalement à Bastia le 16 octobre. Un bateau les attend le 18 octobre, qui accoste à Toulon le lendemain.

 

[…]

 

« Il ne nous restait plus qu’une journée, qu’une journée et tout était fini ! Adieu la Corse, ses belles forêts, sa route de Vico au bord de la mer ; adieu ses maquis, ses fougères, ses collines, car Bastia n’est pas la Corse ; c’en est la honte, disent-ils là-bas. Sa richesse, son commerce, ses mœurs continentales, tout la fait haïr du reste de l’île. Il n’y a que là, en effet, que l’on trouve des cafés, des bains, un hôtel, où il y ait des calèches, des gants jaunes et des bottes vernies, toutes les commodités des sociétés civilisées. Biastiacci, disent-ils, méchants habitants de Bastia, hommes vils qui ont quitté les mœurs de leurs ancêtres, pour prendre celles de l’Italie et de la France. Il est vrai que les petits commis des douanes, les surnuméraires des domaines, les officiers en garnison, toute la classe élastique désignée sous le nom de jeunes gens, n’a pas besoin, comme à Ajaccio, de faire de temps en temps de petites excursions à Livourne et à Marseille pour y bannir la mélancolie, comme on dit dans les chansons ; ces messieurs profitent ici de l’avilissement du caractère national. »

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