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13 avril 2007 5 13 /04 /avril /2007 00:25

Pour moi, Peyrefitte, Alain, bien sûr, pas Roger - il changea de prénom afin d'éviter la confusion avec son présumé et sulfureux cousin - reste, à tout jamais, le Ministre de l'Information de Pompidou - quatre années de poigne de fer sur l'ORTF - et le calamiteux Ministre de l'Education Nationale de mai 68.

 

Avec ses sourcils méphistophéliques, ses oreilles en feuille de choux et sa voix cassante, une mauvaise foi en béton, et un côté très prononcé pour l'échine souple, il avait tout pour me déplaire. Et pourtant, le maire de Provins était un érudit, anthropologue au CNRS, normalien et énarque, qui saura, au travers de 18 séjours en Chine, pressentir l'énorme potentialité de ce pays qui semblait à tout jamais englué dans un régime communiste culminant dans le non-sens et la sauvagerie avec sa Révolution Culturelle instillée par madame Mao Tzé Dung et qui ne faisait fantasmer qu'une poignée de post-soixante-huitard parisiens de la Gauche Prolétarienne. Pied de nez de l'histoire, ce godillot de luxe, succédera à l'Académie Française, à Paul Morand que le Général avait privé de fauteuil pendant plus de dix ans avec la complicité de Mauriac. Bref, Peyrefitte nous a quitté en 1999 et, c'est fait, la Chine s'est éveillée avec fracas.

 

 

Et, contrairement à une idée reçue, les Chinois ne se contentent pas de nous inonder de textile bon marché, ils sont présents dans des domaines où on ne les attendaient pas forcément. Pour preuve, ce tableau de Wu Mingzhong, "Don't Touch Me" qui est présenté par la galerie chinoise Xing Dong Cheng sous la verrière du Grand Palais à l'occasion de le 9 ième édition d'Artparis. Le marché de l'art se porte à merveille. Les prix flambent sous la pression de la demande des nouveaux riches : russes, chinois, indiens et autres tigres du SE asiatique. Outre que ce tableau fait honneur à notre précieux nectar il m'inspire une réflexion que certains, j'en suis persuadé, vont trouver totalement loufoque. Tant pis, je me lance.

 

 

 

Connaissez-vous le musée d'art contemporain de Sérignan ?

 

Moi, avant d'écrire ma chronique vin de crise du 19 mars, j'ignorais jusqu'à l'existence de Sérignan. Il a fallu que j'invoque les mânes de Raoul Bayou pour découvrir virtuellement ce gros bourg de 7000 âmes. Léon Mazzella dans le supplément Paris-Obs du 29 mars, et je lui fais confiance, dit que c'est une petite bourgade sans relief et à l'architecture tristounette. Le peu que j'en avais vu sur la vidéo de l'inauguration des rues Saumade et Bayou me confirme cette impression. Mais, il y a un mais de taille : le fameux musée, moins connu que la gare de Perpignan chère à Salvador Dali, mais qui gagne à l'être sans aucun doute. Ben oui, 2500 m2 d'anciens bâtiments à usage viticole : gigantesque, ça fait à peu près 2 habitants par m2, pas mal non ! Et en plus ce n'est pas un machin traditionnel dédié aux vieilles décavailloneuses ou aux antiquités poussiéreuses. Non ! toujours selon Léon Mazella le musée propose des oeuvres de Klossowski, Alechinsky, Arroyo, Bioulès, Hantaï, Debré, Di Rosa, Fromanger, Messagier, Molnar, Parmentier, Viallat etc... Colonnes de Buren... Donc ça décoiffe !  ICI

 

 

 

 

 

D'accord me direz-vous mais quel rapport avec la Chine ?

 

Aucun apparemment, sauf avec le tableau de Wu Mingzhong, mais au risque de vous apparaître encore plus fou que d'ordinaire je pense que ce sont des initiatives de ce type qui constitueront des pôles d'attraction pour une nouvelle clientèle internationale. Les espagnols de la Rioja l'ont bien compris, avec leurs chais d'oeuvre, comme les volutes d'inox et de titane de Frank Gehry - l'architecte du Guggenheim à Bilbao - pour la bodega Marqués de Riscal 

 

S'en tenir, pour ce qu'on appelle l'oenotourisme, à des routes des vins ou à des musées ringards ou des lieux seulement dédiés au vin ne me semble pas suffisant. Pour le Languedoc, où l'on va commémorer le centenaire de 1907, les autorités régionales et locales, plutôt que de gaspiller les deniers publics dans des publicités nullissimes (cf celle du département de l'Hérault dans le Paris Obs : le vin mon Hérault) ou des voyages organisés à Tombouctou pour présidents et vendeurs de quelques caisses ou de vouloir régenter par subvention la fourmilière régionale, devraient lancer une grande initiative pour attirer le monde à lui.

 

Un truc du genre Christo - je l'ai vu emmailloter le Pont Neuf du temps où j'habitais rue Mazarine, le monde entier est venu - tendant ses toiles sur les cuves des caves coopératives. Rebondir, ne pas seriner les hauts faits du passé, les transcender, faire de cette histoire le terreau du XXI ième siècle vigneron. Soyez sûrs qu'ils viendront les chinois et les autres. Alors il sera plus simple de leur tendre un verre de vin, de leur prendre la main pour leur faire découvrir le terroir. La notoriété ne naît pas de la copie des recettes du succès des autres : Bordeaux c'est Bordeaux, l'Oc a d'autres atouts. Alors, que faites-vous gens de South of France ?  

 

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commentaires

L
Merci, cher Monsieur, d'avoir fait écho de mon article (paru dans l'Obs Paris) consacré à cette prodigieuse petite ville de Sérignan! LM
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