Ce n’est pas un poisson d’avril.
Ma candidature à l’une de vos commissions de dégustation, va sans doute vous paraître incongrue, outrecuidante, inappropriée comme le disent certaines hautes personnalités, mais j’ose vous la présenter.
Que suis-je donc pour me mettre ainsi en avant ?
Rien qu’un simple buveur de vin, en l’occurrence ici ceux de la Basse et de la Haute Bourgogne fruit du labeur de vos ouailles donc, un client versant son écu pour chaque flacon bu.
Je ne possède aucune autre qualification que celle-ci n’étant adhérent à aucun cercle, forum, club d’amateurs, petits ou grands ; pire encore, quoique chroniquant depuis une décennie pour l’extension du domaine du vin, je ne me suis jamais risqué à noter ou à commenter un vin sur mon espace de liberté.
En résumé je ne fais pas partie de la famille, même pas une branche rapportée même si je compte beaucoup d’amis tant parmi les vignerons bourguignons que du côté du négoce.
Il y a fort longtemps j’ai fait profession de marchand de vin dans une grande maison, un embouteilleur de place disait-on, et comme pour vendre il faut d’abord acheter je me suis donc soumis à la dégustation d’échantillons.
Exercice difficile car il fallait que je m’efforce de me glisser dans la peau de mes clients.
Ha, le client ! Drôle d’oiseau que ce monsieur et madame tout le monde qui, tout au bout de la chaîne de distribution, semble trop souvent être considéré par les professionnels du vin comme le chaînon manquant.
Simple consommateur, et fier de l’être, j’ai, j’en conviens, une tendance très prononcée à emprunter des chemins de traverse qui risquent de déplaire dans vos cercles qui me semblent, vu de chez moi, assez fermés.
Ouvrir les portes et les fenêtres, laisser entrer un léger zéphyr dans ce relatif confinement m’apparaîtrait porteur d’une anticipation propre à prendre en compte les attentes des nouveaux consommateurs.
Je n’en suis pas un, j’en conviens, mais depuis que je bourlingue sur la toile et que je fais des travaux pratiques dans les lieux où ces nouvelles pousses découvrent et apprécient le vin, j’ai élargi ma culture du vin.
D’ailleurs ma candidature n’est que symbolique je suis tout prêt à céder la place que vous m’accorderiez à l’une de ces jeunes pousses.
Bref, comme je me doute que vous fussiez fort occupée madame la directrice, j’en resterai là tout en vous avouant que je suis fort marri de voir recaler des vins que je retrouve sur les plus belles tables de Paris ou d’ailleurs.
« L'ennui naquit un jour de l'uniformité. »
Pourquoi cet entre soi ?
Vous allez me rétorquer que vous n’êtes que l’exécutante patentée des fameuses ODG.
Je le sais mais au-delà de la lettre il y a l’esprit et je suis persuadé qu’en sortant un peu de vos rigidités vous pourriez faire évoluer un système qui amène beaucoup des vins d’AOC à leur perte.
Par avance je vous remercie d’avoir pris la peine de me lire même si je n’ai que peu d’espoir de voir ma requête prise en considération.
Bien à vous.
Avec l’expression de mes salutations les meilleures.
Un chroniqueur buveur de vin.