La vie de François Mitterrand : un roman !
Un homme à histoires c’est un roman de Patrick Rotman, grand arpenteur de la deuxième gauche gourmand d’un Mitterrand qui, au milieu des années 50, à la quarantaine aimante les femmes et collectionne les ennuis : l’affaires des fuites en 1954, le faux-attentat de l’Observatoire en 1959.
« Devant le miroir de la salle de bains, François Mitterrand refit son nœud de cravate et essuya à l’aide d’une serviette les traces de rouge à lèvres qui ourlaient son visage. Il dut frotter sous la mâchoire pour faire disparaître la traînée de carmin […]
… Mitterrand repassa dans la chambre. Des vêtements féminins étaient éparpillés sur la moquette. Un escarpin noir à talon aiguille avait atterri sur un fauteuil. Une jeune personne alanguie dormait dans le lit, tournée vers le mur. Le drap avait glissé, découvrant un dos large et bronzé zébré par les marques plus pâles des bretelles d’un soutien-gorge. Le député s’assit près du corps abandonné dans le sommeil après l’amour. Sa main glissa sur la peau douce entre les omoplates vers la déclivité des rien dont la douceur soyeuse lui rappela le velouté des feuilles de sauge de sa Saintonge natale […]
… les femmes s’abandonnaient au brun ténébreux sans qu’il ne levât l’index. Il se contentait de choisir sa partenaire d’un jour entre les innombrables sollicitations qui l’assaillaient […]
… La jeune femme quitta le canapé-lit défait dont les draps entortillés avaient reflués sur le parquet. Elle enjamba l’homme alangui à côté d’elle qui lui caressa le flanc au passage. Dans le cabinet de toilette exigu, elle enfila un peignoir, trop petit pour elle. Doué de parole, celui-ci aurait eu bien des corps à décrire. Elle s’approcha d’une glace fendillée sur le côté. Des traces de rimmel lézardaient ses pommettes proéminentes. Les pourtours de sa bouche, barbouillés de rouge à lèvres, ressemblaient à une framboise écrasée. Elle entreprit un ravalement de façade, avec la minutie nécessaire à une entreprise si délicate. Comme elle s’appliquait du mascara sur les cils qu’elle avait longs et recourbés, le visage de François Mitterrand apparut dans l’encadrement du miroir. Il s’était rhabillé de pied en cap et avait même pris soin de renouer sa cravate en soie bleu foncé. Il observa la femme qui lui présentait des hanches étroites avec la satisfaction d’un propriétaire heureux des services offerts […]
« Ce qui est admirable chez Mitterrand, c’est cette blessure en lui, si profonde, cette faiblesse intime qu’il dissimule avec tant d’obstination. Il a payé cher de s’être montré moins fort que ses adversaires. Moi, j’aile cette faille secrète. Elle témoigne qu’il appartient à une autre espèce que ceux qui ont tenté de la faire trébucher. »
François Mauriac à propos de la demande de lever l’immunité sénatoriale de Mitterrand suite à l’affaire de l’Observatoire.
Tourner la page Juppé, l’opération Chartrons commencée dans l’indifférence, les quolibets et même l’hostilité est un réel succès ; reste à l’intéressé de tenir la route pour transformer l’essai à la Primaire.
« À partir de là, comment expliquer que la droite républicaine choisisse aujourd’hui d’abandonner ses traditions les plus avérées alors que, sur le papier, le contexte politique lui donne l’occasion d’une victoire naturelle dictée, au-delà du rejet de l’adversaire, par l’adhésion de l’opinion à ses valeurs constantes ? La réponse, c’est la primaire.
Celle-ci a un effet excitant. Elle nourrit la surenchère. Elle incite à la radicalité. Elle pousse la droite là où elle penche. Rien de plus normal : c’est une compétition interne. La gauche, dans cette exercice, en 2011, recherchait le candidat le mieux placé pour gagner. Le cœur de son électorat le voulait modéré. Ce fut Hollande. La droite, en 2016, cherche une martingale du même genre, sauf qu’elle attend, pour sa part, un champion qui soit décomplexé. C’est le problème de Juppé.
Si on y regarde d’un peu plus près, les programmes des différents candidats – ordre et sécurité, libéralisme économique et flexibilité sociale – ne sont pas fondamentalement différents. Ceux qui jouent gagnant cherchent des points d’équilibre. Ceux qui sont challengers cherchent des angles. Les uns et les autres ne n’avancent pas au même rythme. Ils se distinguent plus par des postures que par des idées. Tous, en revanche, sont dans la même épure qui est celle d’une droite qui affiche clairement la couleur avec à la certitude d’être à nouveau dans le sens de l’Histoire.
C’est dans ces conditions que s’est imposé le thème de la rupture dans la rupture. Il sert de marqueur. Il atteste de la détermination des candidats à remplir leurs promesses, le moment venu. L’enjeu n’est pas mince aux yeux d’une opinion qui doute. Dans la primaire de la droite, en effet, personne n’est vraiment vierge. Sarkozy, Fillon et, avant eux, Juppé, ont déjà exercé les responsabilités du pouvoir au plus haut niveau. Le Maire, NKM ou même Morano ont été ministres dans un passé récent.
À un titre ou un autre, ils sont donc tous comptables de l’inefficacité puis des échecs de leur camp. C’est d’ailleurs ce que leur reproche la fraction de leur électorat qui s’est laissé séduire par le Front national. Pour la convaincre que, cette fois-ci, le changement serait bien au rendez-vous, les candidats à la primaire, quel que soit leur statut, ont été contraints de donner des gages. Le peuple de droite, au sens large, attend des actes et non des mots. Quelle meilleure réponse que la mise en place, dès le lendemain de la présidentielle, de procédures garantissant, via le référendum ou les ordonnances, le changement annoncé ?
La chronique ICI
Pourquoi Hollande et Sarkozy n'ont pas encore perdu contre Juppé
« Hollande c’est fini. Et Sarkozy aussi. Le Pen, c’est impossible. Les autres n’existent pas. Ce sera donc Juppé président en 2017. C’est ainsi. Sondage après sondage, le vainqueur de la prochaine élection présidentielle parait déjà élu. Fêté. Encensé. Alain Juppé ne dit rien, c’est qu’il écrit. Alain Juppé ne fait rien, c’est qu’il se prépare. Toute interprétation négative de la vie et l’œuvre d’Alain Juppé en ce début de printemps hollandais (il pleut) est impossible.
Alain Juppé n’est pas âgé, il est expérimenté. Il n’est pas vieux, il est sage. Il n’est pas rigide "droit dans ses bottes", il est déterminé. Il n’est pas l’homme de tous les échecs, il est opiniâtre. Il n’est pas le Premier ministre qui a précipité la France dans la rue en 1995, il est un visionnaire qui avait vingt ans d’avance. Il n’est pas un produit des années Mitterrand-Chirac, il est ancré dans l’histoire. Il n’est pas un vieux cheval de retour, il est le renouveau. Et tout le reste à l’avenant.
Tout argument qui devrait handicaper l’ancien (double) ministre de François Mitterrand et Premier ministre de Jacques Chirac se retourne désormais en sa faveur. Sans que cela paraisse pensé par d’habiles communicants politiques. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. Quand on contemple l’émergence d’un phénomène Juppé, on a le sentiment de relire les premières notes de Jacques Pilhan et Gérard Colé consacrées à ce que devrait être la campagne 1981. La même dialectique est à l’œuvre, qui consiste à retourner les handicaps en qualités, peindre le plomb en or. C’en est même troublant.
Comme le dit un communicant historique qui se définit comme un ingénieur social : « En 2007, les Français ont élu Saint-Tropez. Raté. En 2012, ils ont élu Tulle. Raté. En 2017, ils voudront quelqu’un qui a de l’allure ». « De l’allure », c’est-à-dire qui sache incarner cette forme particulière fonction qui est celle de président de la Ve République, surtout dans un pays qui doute de ses élites (quand il ne les rejette pas) en mal de rassurance et de compétence. Juppé est fort de ce qu’il apparait le meilleur remède aux maux incarnés par les deux derniers présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Sa popularité nait de l’anti-sarkozysme et de l’anti-Hollandisme qui structurent aujourd’hui la vie publique. »
Sarkozy, chronique d’une désillusion
« A quelques mois de la primaire des Républicains, alors que le monde médiatique bruisse de rumeurs sur la possible candidature de Nicolas Sarkozy, je ne peux m’empêcher des haussements d’épaules, partagé entre incrédulité et lassitude. Y songe-t-il seulement ? Pense-t-il que ce qui avait si bien marché en 2007 et échoué en 2012 pourrait soudain, dix ans après, reconquérir le coeur des Français ? Je ne pense pas. Ou plutôt, je n’y crois plus, au sens presque religieux du terme.
Engagé à l’UMP en 2011, j’ai fait partie, en modeste militant, des foules extatiques qui agitaient des drapeaux aux meetings de la Concorde, de Villepinte et du Trocadéro l’année suivante. Je vibrais au son des discours, tractais le matin devant le métro avant de partir en cours et faisais partie d’une cellule de réflexion au sein du bureau des Jeunes populaires chargée de préparer un programme pour les moins de 30 ans. Alors que tous les sondages prévoyaient un désastre électoral, je ne me résignais pas, honnêtement convaincu qu’il pouvait l’emporter. J’étais submergé par cette ivresse des campagnes, perdu dans le mirage de l’idéalisation d’un homme dont les contradicteurs étaient forcément des menteurs et les critiques forcément des billevesées. Le 6 mai au soir, à la Maison de la Mutualité, j’étais saisi par l’émotion, transi de voir apparaître sur les écrans le visage de François Hollande, forcément élu par défaut, forcément mauvais.
Quand je repense à cette période, je me demande si j’étais inconscient ou tout simplement naïf. Peut-être « puceau de l’horreur » comme disait Céline : c’est-à-dire incapable de me formuler l’existence d’un monde que je ne connaissais pas, que je n’entrevoyais qu’en surface et qui m’aura à force d’épreuves totalement meurtri tant il est violent. Car quatre ans après, je n’ai que mépris pour la personne que j’étais et avoue ma honte d’avoir sincèrement cru en cet homme. »
Présidentielle 2017 : « Les jeunes se positionnent nettement plus à droite qu’à gauche, aujourd’hui »
« La spécificité d’un « vote jeune » tend à s’effacer. Cette classe d’âge suit désormais les fluctuations et les mouvements de l’ensemble du corps électoral. L’ancien tropisme de gauche est en voie de disparition. Les jeunes, aujourd’hui, se positionnent nettement plus à droite qu’à gauche. Si l’on additionne les intentions de vote des « primo-votants » en faveur des candidats du centre, de la droite et de l’extrême droite, on arrive à 66 % dans l’hypothèse d’une candidature de Nicolas Sarkozy et à 69 % si c’est Alain Juppé.
Au sein de la jeunesse, comme dans le reste de la population, les orientations politiques sont liées à des clivages socioculturels, notamment le niveau de diplôme. Les intentions de vote des jeunes étudiants restent par exemple moins favorables à Marine Le Pen que celles des jeunes actifs, avec ou sans emploi. A contrario, ils se tournent davantage vers les partis de gouvernement, LR et PS, qui font jeu égal, ainsi que vers les écologistes. La jeunesse non scolarisée, ou faiblement diplômée, est sensiblement plus abstentionniste. »
L’ascenseur social bloqué en Allemagne
« Lettre de Berlin. Les absurdités qui découlent de la bureaucratie allemande sont parfois insondables. Prenons l’exemple de Klaus Leichsenring. Ce paisible sexagénaire de la Saxe est ce que l’on appelle un « Hartz IV ». Il vit comme environ sept millions d’Allemands des prestations sociales mises en place par le gouvernement Schröder en 2003, notamment pour les chômeurs de longue durée. Un système équivalent au RSA français qui permet à M. Leichsenring de ne payer qu’une partie de son loyer, l’autre partie étant prise en charge par les pouvoirs publics, selon des critères extrêmement précis.
Or, justement, dans le cadre d’un programme de rénovation, le bailleur de son immeuble a décidé d’ajouter un balcon à chacun des 24 appartements de la résidence pour un coût de 30 euros par mois. Mais contrairement à ses 23 voisins, M. Leichsenring estime la dépense trop élevée pour son maigre budget, et l’Etat n’entend pas augmenter sa participation. Résultat : le balcon a bel et bien été construit, mais pas la porte qui permet d’y accéder.
Supposée simplifier les dispositifs en vigueur et favoriser le retour à l’emploi, la quatrième loi Hartz (la fameuse Hartz IV) se révèle d’une complexité inouïe. En moyenne, chaque dossier comporte 650 pages, ce qui en dit long sur le degré d’intrusion des pouvoirs publics dans la vie privée des bénéficiaires. Par exemple, l’aide reçue pour votre consommation d’eau ne dépend pas seulement du nombre de personnes dans votre foyer, mais également de leur âge, voire de votre possession (ou non) d’une bouilloire électrique. Quant au système de remboursement des semelles orthopédiques, il semble davantage conçu pour inspirer les héritiers spirituels de Kafka ou Courteline que pour servir l’intérêt général. »
Michel Onfray tout ça c’est la faute de Jean XXIII
« J'ai vu les effets de Vatican II à la messe étant gamin, avant on avait les filles d'un côté, les garçons de l'autre et le prêtre de dos, les yeux tournés vers le soleil levant et cela faisait sens. On attendait la Lumière car le Christ était la Lumière.(...) Le prêtre s'adressait à Dieu et était l'intercesseur de ses ouailles qui étaient derrière lui mais tous tournés dans le même sens. Et d'un seul coup on a dit : on change tout ça, on installe l'autel au milieu du cœur et on tourne le dos à Dieu puisque le Tabernacle est derrière (...). Et puis, on dit que la musique n'a plus besoin d’être sacrée, d’où la guitare dans La vie est un long fleuve tranquille, on a le curé qui s'habille en jean. Maintenant, on tutoie Dieu et on ne parle plus en latin. L'Eglise a dit : « on n'a plus besoin de sacré, la transcendance est dans l’immanence », c'est-à-dire qu'elle avalise l'évidence de ce que la civilisation dit : nous avons perdu le sens du sacré judéo-chrétien. »
Acratopège
Définition du CNRTL « Sans qualités particulières, qui ne sort pas de l'ordinaire. »
4 synonymes banal, commun, ordinaire, plat.
13 antonymes bizarre, brillant, curieux, étonnant, étrange, extraordinaire, insolite, original, paradoxal, rare, remarquable, singulier, surprenant.