Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 janvier 2021 7 10 /01 /janvier /2021 06:00

 

Jean Glavany, alors Ministre de l’Agriculture, me dépêcha au chevet du Cognac en pleine perdition, médiateur entre les deux familles, comme on le dit en Charente, celles des viticulteurs faisant pisser la vigne et les « saigneurs », pardon les seigneurs des grandes maisons : Hennessy, Martell, Rémy-Martin, Courvoisier ICI (Martell n’était pas encore tombé dans le giron  de Pernod-Ricard)

 

Les rapports entre les 2 familles étaient musclés, les communistes du Modef, fort alcoolisés, s’étaient fait la main sur le directeur du BNIC, un sous-préfet pantouflard ; la Confédération Paysanne, les va-nu-pieds, posait les bonnes questions mais n’arrivait pas à accoucher de propositions de compromis ; le restant des viticulteurs suivait à la lettre les volontés des Grands. « Si tu n’es pas d’accord tu peux te la garder ton eau-de-vie, la blanche ! » On comprend que ça donnait à réfléchir.

 

Je ne vais pas entrer dans le détail de cette mission qui me voyait prendre chaque semaine le TGV Paris-Angoulême avant de gagner Cognac à bord de la R5 d’un agent de la DDA, gros fumeur. Je logeais dans un hôtel pour VRP au centre-ville. Je refusais toutes les invitations à dîner.

 

Bref, ayant pacifié le territoire, je sollicitai Glavany pour qu’il vienne sur le terrain sceller les fragiles accords. Très mitterrandien, il fut le chef de cabinet de Tonton, ce qui le chagrinait c’était que ceux-ci reposaient sur, disons, les gens de droite. Je le convainquis.

 

Tout ça pour vous dire que sa visite commença par le pèlerinage de Jarnac pour se recueillir sur les mannes de  François le petit gars de Jarnac. Je ne l’accompagnai pas. Tout se passa bien ensuite même si les excités du Modef firent leur cinéma habituel. Glavany fut content et, quelque temps après il me mit devant le fait accompli : m’accrocher la Légion d’Honneur au revers de mon veston. Je résistai. Très Tonton dans le texte le petit Jean me somma « C’est la République Jacques ! » Je cédai mais, fort de l’expérience, lorsque Le Foll, suite à ma mission laitière, voulut me promouvoir ce fut un non ferme et définitif.

 

Pour illustrer mon propos charentais une vieille chronique :

 

21 septembre 2007

Du rififi à Cognac  ICI 

 

Pour en terminer sur ce coup de rétroviseur je ne peux résister au plaisir d'évoquer les chefs de famille dont fait état l'article de Sud-Ouest : " Jean-Pierre Lacarrière entouré de Philippe Boujut vice-président, de Yann Fillioux chef de la famille du négoce, et Bernard Guionnet, chef de la famille viticole..." Ce titre désuet je l'ai découvert dans les années 83-84, lors de la énième crise du Cognac, lorsqu'à la demande du Président de la République de l'époque, qui n'oubliait pas ses origines charentaises, mon Ministre me missionnait pour rencontrer les chefs de famille du Cognac. Je fus reçu avec les honneurs dans une belle demeure. Les chefs de famille prirent la parole. Le ton était feutré. Je pris bonne note, assurais mes interlocuteurs que tout serait mis en oeuvre pour évacuer " les fameux cognacs mauvais goûts...", repartais pour Paris en ayant dans la tête l'image de l'arrivée dans la cour du château des représentants du Modef tout de noir vêtus tels des apparatchiks du Kremlin. Le dénouement de l'histoire c'est le marché qui s'en chargea : les ventes repartirent plein pot et on oublia les bonnes résolutions.

 

A la recherche de l'héritage de Mitterrand ICI 

Paris Match | Publié le 08/01/2021 à 05h48

Caroline Fontaine et Mariana Grépinet

 

A l’occasion du 25e anniversaire de la mort de l’ancien président, Emmanuel Macron se rend à Jarnac, ce vendredi, où il se recueillera sur la tombe de François Mitterrand mais ne prononcera pas de discours. Il déambulera ensuite dans la ville et visitera sa maison natale.

 

Ce vendredi 8 janvier, lorsqu’il signera le livre d’or de la maison natale de François Mitterrand, à Jarnac, après s’être recueilli sur sa tombe pour la première fois, Emmanuel Macron lira peut-être ce qu’a écrit son prédécesseur François Hollande. Ce dernier y rendait hommage à l’homme qu’il avait «suivi» et «servi» et ajoutait : «Tout est continuité et tout est changement.» Macron avait 4 ans en 1981. Le 10 mai 2021, pour le quarantième anniversaire de l’élection de Mitterrand, il lui rendra hommage avec un discours. «Le président retient de lui d’abord la construction de l’Europe, qui préserve la paix sur le continent, explique son conseiller mémoire, Bruno Roger-Petit. Puis l’abolition de la peine de mort, qui a permis un bond civilisationnel important.» Le 9 octobre, le chef de l’Etat célébrera les 40 ans de la promulgation de cette loi. Mitterrand est aussi, selon l’Elysée, «l’homme qui a banalisé les alternances et contribué à apaiser la vie démocratique».

 

François Mitterrand : le mystère de la dernière photo ICI

 

Le 16 janvier 1996, « Paris Match » publiait le cliché de l’ancien président de la République sur son lit de mort. Qui a osé le sacrilège ? En 2007, « Le Monde », révèlait que ce portrait avait été commandé à Patrick Amory, un proche de Danielle Mitterrand.

Par  et 

Publié le 17 janvier 2007 

 

Promotion de la Légion d’honneur du 1er janvier 2020 : Jean Glavany promu chevalier ICI 
Partager cet article
Repost0
9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 08:15

 

 

« Apprenti-blogueur » j’ai fréquenté, à l’heure du déjeuner, le nouveau temple du vin Lavinia qui venait de s’ouvrir boulevard de La Madeleine, ça me changeait de mon placard de la rue de Rivoli.

 

Même  si ça vous semble étrange c’est là où j’ai fait la connaissance avec les premiers vins nature, qui ne portaient cette dénomination, ils étaient présentés dans un petit coin de la cave des grands vins au sous-sol, à laquelle on ne pouvait accéder qu’en compagnie d’un caviste.

 

4 mai 2007

Vin de cheval ICI 

 

Quand j'ai déballé mon acquisition de Lavinia : le Bourgogne Pinot Noir 2005 Le Bedeau du domaine de Chassorney j'ai découvert au fond du sac un prospectus de la maison sur lequel figurait le dit domaine. Vous pouvez le visualiser ci-dessous et lire le texte. De cette magnifique photo j'ai bien sûr tiré le titre de cette chronique.

 

25 mars 2013

Y’en a que pour lui ce Château Le Puy, tout le monde parle de lui, même moi ICI 

 

Reste qu’à Paris, Château le Puy, a toujours eu dès son ouverture boulevard de la Madeleine, un soutien et une fidélité sans faille de LAVINIA. Dans les entrailles du grand caviste, au cœur de l’espace précautionneux, le Château le Puy occupait un bel espace. Chapeau aux dirigeants de Lavinia. Et ça ne faiblit pas puisque, un soir de cette semaine, rentrant sur ma flèche d’argent de dîner avec le Bout de ma langue, je découvrais une vitrine entièrement dédiée au Château le Puy. Vous me connaissez, samedi dernier j’y suis retourné et je suis tombé nez à nez avec Yannick Branchereau. Bien reçu le Taulier ainsi il a pu réaliser tous ses petits clichés en père peinard. L’a aussi dégusté le millésime 2008.

 

J’y suis allé déjeuner.

 

Petit à petit je m’en suis éloigné et puis je n’y ai plus jamais remis les pieds car l’offre ne correspondait pas à l’évolution de mes goûts.

L’affaire Sibard a bien sûr terni l’image de Lavinia.

 

 

Lavinia ferme son magasin à

 

Paris La Madeleine

Par Denis Saverot

 

Mis à jour le 07/01/2021

Après avoir tiré le rideau de son magasin dans le quartier d’affaires de La Défense, l'enseigne renonce à sa vitrine historique dans les quartiers chics de Paris. Un échec qui éclaire la mutation du marché de la vente de vin, très perturbé par le Covid.

 

C’est assurément une mauvaise nouvelle, qui montre la fragilité des métiers du vin en ces temps de Covid et qui va faire grand bruit : le magasin Lavinia, l’emblématique caviste du boulevard de la Madeleine, va fermer ses portes samedi 9 janvier au soir. L’une des plus belles vitrines du vin à Paris tire le rideau, après vingt années d’un travail ambitieux pour porter haut la réputation des meilleurs vins français et étrangers dans la capitale. Le bilan est lourd en terme d'emplois : 19 des 40 employés du magasin sont licenciés.

 

Que s’est-il passé ? Après des débuts difficiles en terme de rentabilité, l’enseigne créée en 1999 par Thierry Servant, ex-patron de L’Oréal Espagne et son associé Pascal Chevrot, avait fini par afficher des performances remarquables : près de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015 dont 17 millions pour le seul magasin de la Madeleine, son flagship. Dès sa création, Lavinia Madeleine avait vu grand et étonné Paris, proposant dans ses rayons 3000 références de vins français et surtout 2000 références de vins étrangers, une ouverture au-delà de nos frontières totalement inconnue en France à l’époque.

 

La suite ICI

Partager cet article
Repost0
9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 08:00

 

-Personne ne sortira de cette pièce avant que nous n'ayons pu répondre à ces deux questions:
 a) Qui a organisé cette réunion? b) Dans quel but ?

Le 29 décembre 2020 j’ai commis cette chronique :

 

Journal d’1 soumis au couvre-feu (15) pour accéder à la fameuse botte de l’ENA je propose des épreuves pratiques : préparer une carbonara par exemple. ICI 

 

« Patrick Gérard avance, bille en tête. Un arrêté, signé le 22 décembre, entérine les changements qu’il mûrit depuis trois ans. L’un d’eux est potentiellement détonnant. Le redouté classement de sortie va changer en profondeur. L’enjeu est immense : la hiérarchie qu’il établit détermine la distribution des postes qu’occuperont les énarques frais émoulus. Ceux qui se hissent dans les quinze premières places, la « botte », décrochent le Graal : l’accès aux grands corps (Conseil d’Etat, Cour des comptes, Inspection générale des finances [IGF]).

 

Or, jusqu’à présent, les épreuves du classement de sortie sont encore très académiques. M. Gérard décide qu’à partir de la promotion qui arrivera à Strasbourg en janvier 2021, les épreuves ne porteront plus tant sur ce que les élèves savent, que sur ce qu’ils auront appris à faire. « Au lieu de faire des épreuves académiques comme on faisait jusqu’à présent, droit, économie et finances, territoires…, on va faire des épreuves extrêmement pratiques, qui ont pour objet de vérifier que les élèves ont acquis chacune des compétences », a déclaré le directeur à l’Agence France-Presse (AFP), jeudi 24 décembre. Ce qu’il s’agit d’évaluer, ce ne sont plus tant les connaissances, maintes fois démontrées par ces jeunes au parcours académique ultrabrillant, que les compétences acquises à l’ENA. »

 

D’où ma proposition provocante : leur faire préparer une carbonara par exemple.

 

Et qui mieux que l’un des duos les plus célèbres de France : Alessandra Pierini&François-Régis Gaudry pour débourrer les futures élites de la République…

 

Le tablier de FRG est tendance, celui d’Alessandra beaucoup plus sage. Tous deux parlent beaucoup avec les mains. Beau geste de gaucher de FRG pour faire sauter la pasta dans la poêle.

 

Sans me vanter ma carbonara vaut aussi le détour mais je ne suis pas candidat pour déniaiser les futures élites de la République.

 

Petit reproche au duo italo-français : l’absence du verre de vin qui lubrifie le palais entre deux fourchées de carbonara...

 

François-Régis Gaudry, le gourmand intranquille, sur France Inter et Paris Première ICI 

 

Hyperactif et exigeant, le journaliste mitonne ses émissions au gramme près, mais avec, toujours, des enthousiasmes d’enfant.

Par Emilie Grangeray

Publié le 04 décembre

 

Écouter François-Régis Gaudry, c’est s’ouvrir l’appétit, et, avouons-le, finir par avoir faim et se retrouver, si d’aventure on l’écoute en replay, avec quelque chose sur le feu en plein après-midi. Aller le voir, c’est donc prendre quelques risques. Celui qu’il nous parle de la cuisine « généreuse, évidente » de sa mère et de sa grand-mère corses (courgettes farcies au brocciu et fiadone en rab). Celui qu’il nous raconte mille anecdotes : « Saviez-vous que la betterave est de la même famille que les épinards, celle des chénopodiacées ? » Celui qu’il évoque un ou deux plats – le tiramisu, roi de l’oxymore : « froid et douillet à la fois » – et nous donne envie de rentrer dîner.

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2021 5 08 /01 /janvier /2021 08:00

 

Tout y est, scénario indigent, mise en scène des années 50, choix du lieu, des costumes, des vins, des grands bien sûr, Bettane tel qu’en lui-même, Desseauve post-moderne assurant le service, nul besoin de commentaires, vous les ferez vous-même, c’est une pépite, un diamant brut, un sommet de ringardise, j’en suis resté bouche bée ce qui ne m’a pas empêché de déguster, de savourer ce pauvre numéro de duettistes surgit de l’ancien monde.  

 

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2021 5 08 /01 /janvier /2021 06:00

 

Sous le nouveau  régime du couvre-feu je commençais à désespérer de voir mon ami Jean-François, privé de théâtre et de ciné, à la veillée, se pencher sur sa grimoire électronique pour me pondre une belle chronique pour mon espace de liberté.

 

Mais, comme notre Jean de La Fontaine national : « Patience et longueur de temps - Font plus que force ni que rage… »

 

« Tout vient à point à qui sait attendre. Même un steak bleu. »

Jean Yanne

 

Et ce texte vint atterrissant dans ma boîte électronique à 12 :11 le mardi 6

 

Vous avez dit souveraineté ?

 

Souveraineté alimentaire, sanitaire, industrielle, militaire…

 

Si j’étais courageux, ce que je ne suis pas, l’ai-je été d’ailleurs, je brocarderais les haut-parleurs de la FNSEA, nichés au POINT Géraldine Woessner et Emmanuelle Ducros à l’Opinion, qui ânonnent les mêmes sourates sur notre soi-disant souveraineté alimentaire.

 

Du côté de la souveraineté sanitaire, le retard à l’allumage de Sanofi-GSK, leader mondial des vaccins, pour la mise sur le marché de son vaccin anti-Covid 19, en dit plus long qu’un long discours de Macon sur ce sujet.

 

Du côté industriel c’est depuis fort longtemps la Bérézina… Baccarat vient de passer sous le contrôle d’un fonds chinois.

 

PORTRAIT

 

 

Louis Gallois, le plus beau CV de l'industrie française, tire sa révérence ICI 

 

Le président du conseil de surveillance de PSA officie à la dernière assemblée générale de sa carrière. Avec l'ancien patron de la SNCF, d'EADS, de l'Aérospatiale et de la Snecma, c'est une page qui se tourne, celle du capitalisme d'Etat à la française. Portrait d'un industriel de gauche.

 

Alors reste l’Europe : « Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l’Europe !", "l’Europe !", "l’Europe !", mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. »

De Gaulle, deuxième entretien radiodiffusé et télévisé avec M. Michel Droit, 14 décembre 1965.

 

Comme le disent les moutards nourris aux séries américaines : « objection votre Honneur ! »

 

- Objection acceptée  la parole est à Jean-François  Collin

.

 

Il est beaucoup question de la souveraineté depuis quelques mois, notamment dans les interventions du Président de la république depuis le début de la pandémie.

 

Ainsi, dans son intervention du 12 mars 2020 annonçant le premier confinement, déclarait-il :

 

« Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie, au fond à d'autres, est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. »

 

Il a réaffirmé cette intention à l’occasion de ses vœux le 31 décembre 2020 :

 

« Notre souveraineté est nationale et je ferai tout pour que nous retrouvions la maîtrise de notre destinée et de nos vies. Mais cette souveraineté passe aussi par une Europe plus forte, plus autonome, plus unie. C’est ce que nous avons bâti en 2020. »

 

Il y a loin de la coupe aux lèvres, hélas !

 

 Le 1er janvier 2021, le Sénat américain a adopté le budget du pays qui prévoit notamment 740 milliards de dollars (605 milliards d’euros) de dépenses militaires pour l’année 2021.

 

Les États-Unis dépenseront en un an 86 fois plus d’argent pour leur défense que l’union européenne en dépensera entre 2021 et 2027. En effet, celle-ci a prévu de consacrer 7 Md€ à la fantomatique défense européenne au cours de cette période, à l’occasion du conseil européen du mois de juillet 2020 considéré par E. Macron comme un grand moment de la construction européenne (la Commission de l’union européenne proposait de dépenser 13 milliards pour financer des projets de défense européens au cours de la même période, mais elle n’a pas été suivie par les Etats-membres).

 

Si l’on veut considérer les choses sous un jour plus favorable, en additionnant les dépenses nationales des pays de l’UE consacrées à leur défense, elles atteignaient 281 Md$ pour les 28 en 2018, avant le départ du Royaume-Uni donc, soit 1,5 % de leur produit intérieur brut.

 

Seule la France, la Grèce et l’Estonie consacrent plus de 2 % de leur PIB à leur défense. En valeur absolue, la France est le pays qui y consacre le plus de moyens (39,2 milliards d’euros en 2021, soit 22 % de plus qu’en 2017) ; le Royaume-Uni était le second contributeur le plus important, son départ de l’UE signifie donc un affaiblissement dans ce domaine. L’Allemagne y consacre une partie moins importante de ses ressources.

 

Bismarck avait coutume de dire que la diplomatie sans les armes c’est comme la musique sans les instruments… cet aphorisme est malheureusement confirmé par la réalité des relations internationales.

 

L’écrasante supériorité militaire des États-Unis ne s’exprime pas seulement, et peut-être pas principalement sur les champs de bataille où ils connaissent des fortunes diverses. En revanche, dans les relations politiques et économiques, elle s’exprime pleinement.

 

En même temps qu’il adoptait le budget 2021, le Sénat a décidé de renforcer les sanctions contre les pays et les entreprises européennes qui participent ou soutiennent la construction du gazoduc Nord Stream 2 qui transportera le gaz russe depuis Viborg et Oust Louga jusqu’à Greifswald en Allemagne.

 

Le renforcement des sanctions contre les entreprises participant à la construction de ce gazoduc est un véritable scandale du point de vue du droit international. Il s’agit d’un accord entre l’Allemagne et la Russie qui ne concerne en rien les États-Unis d’Amérique. Le gazoduc n’est pas construit dans les eaux territoriales américaines. Des entreprises de l’union européenne et de la Russie réalisent des travaux. On peut penser ce que l’on veut de ce projet, que l’Allemagne considère essentiel dans sa stratégie énergétique au moment où elle abandonne l’énergie nucléaire, mais les Etats-Unis n’ont rien à dire à ce sujet. Certains pays de l’union européenne ont fait connaître leur opposition à ce projet, comme la Pologne qui voit d’un mauvais œil tout ce qui renforce la position de la Russie. Mais elle ne dispose d’aucun moyen politique ou économique pour s’opposer à sa réalisation, bien qu’elle soit plus directement intéressée que les États-Unis. E. Macron ne soutient pas vraiment l’Allemagne et a déjà fait part de ses réserves sur le projet, sans pouvoir lui non plus l’empêcher. D’ailleurs des compagnies françaises y participent.

 

De quel droit les États-Unis sanctionnent-ils des entreprises européennes par des moyens divers (saisie de leurs avoirs aux États-Unis, exclusion des marchés américains, augmentation des droits de douane etc.), alors que toutes ces mesures sont contraires aux nombreux traités signés par les États-Unis avec l’union européenne, aussi bien qu’aux règles de l’Organisation Mondiale du Commerce ?

 

Au nom du droit du plus fort, il n’en est pas de meilleur.

 

La pratique américaine consistant à considérer que ses lois ont une effectivité extraterritoriale est connue. Elle leur a permis d’extorquer des milliards de dollars de pénalités à des entreprises françaises et européennes.

 

En même temps que les États-Unis renforçaient leur arsenal pour empêcher la réalisation du gazoduc Nord Stream 2, ils ont étendu  le champ des sanctions prises dans le cadre du conflit qui oppose Boeing, le constructeur d’avions américains au bord de la faillite après l’échec retentissant de son dernier modèle de long-courrier cloué au sol bien avant la pandémie en raison des problèmes techniques et de sécurité qu’il rencontrait, et Airbus qui occupe une place de plus en plus importante sur le marché mondial. Les États-Unis ripostent en imposant des surtaxes sur les tarifs douaniers sur un ensemble de produits, en ciblant certains pays de l’union européenne. S’agissant de la France, une partie des exportations de vin était déjà touchée par ces surtaxes de 25 % de droits de douane l’année dernière. En 2021 cette surtaxe est étendue à tous les vins et aux spiritueux.

 

Tout cela est parfaitement contradictoire avec les règles de l’organisation mondiale du commerce dont l’union européenne et les États-Unis sont membres, mais qu’importe.

 

La riposte de l’union européenne à ces diverses sanctions américaines a été terrible. Joseph Borel, le « ministre des affaires étrangères de l’union européenne » a déclaré au cours de l’été 2020 (c’était avant que des mesures encore plus dures soient prises en ce début d’année 2021) « que ces mesures étaient inacceptables et contraires au droit international ».

 

Ces déclarations n’ont bien entendu été suivies d’aucune mesure de rétorsion prise par l’Union européenne.

 

Du côté français, la riposte est tout aussi terrifiante après l’annonce de l’extension des sanctions des surtaxes visant les exportations de vins français aux États-Unis. Notre gouvernement a produit un communiqué qualifiant « d’illégitime » la décision américaine.

 

On imagine les tremblements de terreur de l’autre côté de l’Atlantique…

 

Il faut préciser que tandis que nous nous passionnons pour les combats qui opposent Donald Trump à Joe Biden, les Républicains et les Démocrates sont parfaitement d’accord lorsqu’il s’agit de décider de sanctions unilatérales contre tel ou tel partenaire qui leur pose un problème politique, économique ou commercial, et dans ce cas contre nous.

 

Inutile d’attendre le salut de l’investiture prochaine de Joe Biden, car vous risquez d’être déçus.

 

Parler de souveraineté européenne dans ces conditions n’est qu’une fable.

 

 

L’Europe est l’organisation de notre impuissance collective face aux États-Unis aussi bien que face à la Chine, les deux puissances continentales qui dominent le monde.

 

L’union européenne continue à signer joyeusement des accords de libre-échange avec le plus grand nombre possible de pays dans le monde.

 

Elle vient d’approuver un accord sur les investissements avec la Chine, en faisant semblant de croire que celle-ci allait respecter les règles européennes sur les subventions aux entreprises, presque interdites chez nous quand elles sont la règle en Chine, sur la fin du travail forcé dans les usines chinoises, imposé notamment au Ouïgours. Je constate d’ailleurs que le jour où la Présidente de la commission européenne officialisait cet accord sur les investissements avec la Chine, en parlant naturellement d’un grand succès et des perspectives considérables qu’il offrait aux entreprises européennes, le parlement turc entamait la discussion d’un projet de loi sur les conditions du renvoi en Chine des Ouigours, projet très bien accueilli en Chine.

 

La souveraineté n’est pas une vague idée. Elle signifie le droit pour un Etat et pour un peuple de décider librement des règles auxquelles il accepte de se soumettre, sur le territoire national qu’il occupe. Elle est la condition de la démocratie qui suppose que les règles de vie d’une Nation ne lui soient pas imposées par une volonté extérieure.

 

À l’évidence, nous en sommes très loin.

 

Le constat est posé, depuis longtemps, par le Président de la République lui-même. Mais la solution ne peut consister à réaffirmer que l’approfondissement de la construction européenne y apportera la réponse. Soixante ans de construction européenne témoignent du contraire.

 

On est en droit d’attendre des candidats à l’élection présidentielle, qui focalise déjà toutes les attentions, qu’ils nous disent précisément comment ils comptent répondre à cette question qui est au fond la plus importante pour les citoyens que nous sommes, puisqu’elle est celle de notre liberté.

 

5 janvier 2021

Jean-François Collin

Partager cet article
Repost0
7 janvier 2021 4 07 /01 /janvier /2021 08:00

 

La stratégie vaccinale du gouvernement bute, nous expliquent sur les plateaux de télévision des experts en tout et en rien, des yaka, faukon, sur son incapacité à maîtriser la logistique du dernier kilomètre.

 

Notre guide élyséen, très féru d’Histoire, collectionnant les hommages de De Gaulle à Mitterrand, a fait sienne la célèbre réplique du premier à l’un de ses officiers qui s'inquiétait des contraintes pratiques de sa stratégie «L'intendance suivra» En clair, les moyens devront s'adapter, coûte que coûte, à la décision du commandement.

 

Pas simple d’imaginer les moyens à mettre en œuvre pour programmer la livraison d’un vaccin, hautement sensible à la chaleur, en de multiples points du territoire, en ville comme à la campagne. Notre administration n’est guère apte à le faire. À sa décharge, même les grands de la GD, rois de la logistique, ce sont cassés les dents lorsqu’ils ont voulu livrer des produits achetés sur le Net. Ils ont fait machine arrière en proposant le drive : c’est le client qui va récupérer le produit. Bref, le succès d’Amazon tient surtout au fait qu’il livre à la vitesse de l’éclair des produits non périssables et généralement de faible poids et volume.

 

Alors pourquoi diable ce matin exhumer l’hectomètre ?

 

Tout simplement en me souvenant d’une chronique d’Aurélien Bellanger : les hectomètres.

 

 

Hectomètre. C’est la raison secrète pour laquelle je regarde du cyclisme à la télévision.

 

C’est le seul domaine où ce terme est encore en usage. Quand j’avais appris en primaire le système métrique, j’avais eu un peu pitié de l’hectomètre, le moins aimé des termes de longueur. Carl Lewis était champion du monde du cent mètres, pas de l’hectomètre. Quand j’avais été initié au concept de l’hectare — et de la façon la plus concrète qui soit, en déroulant avec mon grand-père une bobine de fil bleu pour mettre une parcelle de prairie en culture — on ne m’avait pas dit que c’était un carré d’un hectomètre de côté.

 

Le plus subtil marqueur du passage d’une culture rurale à une culture urbaine est sans doute à chercher dans le triomphe du millimètre, au détriment de l’hectomètre. C’est simple : il n’y a que Jalabert, le héros cycliste moyen de mon adolescence, devenu consultant pour France Télévision, qui parle encore d’hectomètre. C’est juste avant que le sprint s’élance, et on voit presque sa bouche éternellement maussade dans le H aspiré « des derniers hectomètres ».

 

Mais où sont donc passées les petites bornes blanches marquant les hectomètres au bord de nos routes nationales, départementales ?

 

 

Je propose donc d’inclure dans les questions du grand oral de l’ENA de l’hectomètre ainsi que l’hectare, l’are et le centiare. Je n’irai pas jusqu’à exiger que l’on y inclue la boisselée… Trop subtil pour eux…

 

La boisselée : « superficie de terre qu’on peut ensemencer avec un boisseau de grains, superficie très variable qui correspond aux variations du boisseau. » Marcel Lachiver

 

                                                                                   Boisseaux creusés dans la pierre

 

« Avec (...) ses cent cinquante boisselées (...) de vigne » Roger Martin du Gard, Le Testament du Père Leleu, 1920.

 

1 boisselée = environ 430 mètres carrés

 

8 boisselées = environ 1 arpent (soit 3418 4/5 mètres carrés)

LES BORNES ROUTIÈRES HECTOMÉTRIQUES ICI

Publié le  par Les RENDEZ-VOUS de La REINE  

Borne en ciment peinte en blanc avec un chiffre noir peint. La borne hectométrique 5 de la photo a été prise sur une petite départementale aux alentours des portes des Cévennes dans le département du Gard. Elle indique qu’elle se situe à 500m de la borne précédente et donc à 500m de la prochaine à venir. 500m + 500m = 1km

Partager cet article
Repost0
7 janvier 2021 4 07 /01 /janvier /2021 06:00

 

Longtemps j’ai attendu ce moment, vous comprendrez que satisfait je suis.

 

Bravo les gars du LeRouge&leBlanc !

 

Sonia, je la connais depuis quelques années, j’ai suivi son parcours, elle est compétente, bosseuse, précise, curieuse de tout, sa collaboration au  LeRouge&leBlanc la révèle journaliste.

 

Denrée rare dans le petit monde du vin, loin des approximations de certains, des œillères des révolutionnaires en peau de lapin, des partis pris de ceux des deux bords, qui défendent leur fonds de commerce, Sonia fait le job et elle le fait bien.

 

Au temps de son blog elle se présentait ainsi : De l’ethnologie à l’œnologie, il n’y a qu’un pas ! Ethnologue de formation, lorsque l'on me demandait ma profession, c'était souvent la même chose « Ha œnologue ! Vous êtes dans le vin! ». Il me fallait donc partir dans de longues explications quant au métier d’ethnologue (à ne pas confondre avec anthropologue préhistorien et blabla…). Mais ce quiproquo s’est révélé prémonitoire car j’ai fait du vin, mon métier. J’étais depuis longtemps une passionnée de la « dive bouteille », partant à la découverte des différents terroirs en France et ailleurs (et oui, une ethnologue, ça voyage). Et comme je ne suis pas avare de mes découvertes, j’ai organisé des soirées dégustation pour mon entourage. Finalement, la graine a germé et j’ai décidé de sauter le pas pour suivre une formation au lycée viticole de Beaune et à Agrosup Dijon. Me voilà donc devenue une professionnelle du vin ! »

 

Bref, je propose à votre lecteur l’édito qu’elle a signé dans le dernier numéro du LeRouge&leBlanc :

 

HVE : Haute Valeur …d’Enrichissement ?

 

Peu connue du grand public, la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) a été propulsée sur le devant de la scène médiatique en septembre 2020, à la suite de la publication d’un communiqué de presse de l’Association Alerte aux Toxiques. Ce texte dénonçait la présence de résidus de pesticides dans des bouteilles de vins certifiés HVE en se fondant sur une analyse effectuée par un laboratoire reconnu. La presse et les réseaux sociaux s’emparèrent du sujet et accusèrent le label de tromper le consommateur et de pratiquer le “greenwashing” (blanchissement écologique).

 

L’idée initiale du label HVE était bonne et constituait un réel progrès puisqu’il s’agissait d’amener l’agriculture française à un changement progressif vers des pratiques moins dépendantes des pesticides chimiques et des engrais azotés. Cet itinéraire vertueux pouvait même conduire jusqu’à l’agriculture biologique. Mais sa mise en place a été guidée par la volonté d’inclure le plus grand nombre. Cet œcuménisme “médiocrisant” a entraîné une succession de baisses du niveau d’exigence dans l’obtention de la certification.

 

Aucune interdiction d’utilisation de produits phytosanitaires, y compris pour les molécules CMR (Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques) n’a été incluse dans les conditions d’homologation. D’ailleurs de nombreux professionnels certifiés HVE déplorent ce laxisme et sont favorables à une certification plus restrictive. On peut également se poser la question de l’intérêt de garder les deux premiers des trois niveaux de la HVE car ils sont peu discriminants voire inutiles : il suffit de respecter la loi européenne en termes d’environnement pour le niveau 1 ou de travailler en agriculture “raisonnée” pour atteindre le niveau 2.

 

En outre, le troisième et dernier échelon permettant d’accéder à la certification peut être gravi par deux voies d’exigence très inégales. La voie “A” requiert de satisfaire à une série de critères concernant quatre grandes thématiques : la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et de l’irrigation. Mais dans le barème actuel l’agriculteur n’a besoin d’atteindre que 40 % du maximum des points attribuables pour valider l’ensemble. La voie “B” se contente, elle, de deux indicateurs : la surface des structures agroécologiques (bandes enherbées, haies, etc.) doit représenter plus de 10 % de la surface agricole utilisable et le pourcentage du chiffre d’affaires consacré aux achats d’intrants doit être inférieur à 30 % du chiffre d’affaires total.

 

Si la voie “A” n’est pas sans défaut et devrait être plus exigeante, elle implique néanmoins un réel effort de l’agriculteur. En revanche, la voie “B” est la cible de toutes les critiques, de la part des détracteurs du label HVE mais également de ses défenseurs, voire de… ses créateurs. Les associations HVE Développement et France Nature Environnement – à l’origine du projet – ont en effet demandé à plusieurs reprises la révision de cette seconde voie, jugée trop permissive pour les productions à forte valeur ajoutée comme le vin, et l’installation de garde-fous dans les règles de calcul des intrants.

 

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si plus de 80 % des exploitations certifiées HVE font partie du secteur viticole et que 39 % d’entre elles se situent dans les vignobles de Bordeaux et de Champagne. Malgré les demandes répétées de HVE Développement pour une plus grande transparence du mode d’accès à la certification, le ministère de l’Agriculture refuse de communiquer la proportion de certifiés “A” et “B”, entretenant ainsi la suspicion du “blanchissement écologique” et encourageant une HVE plus quantitative que qualitative.

 

On peut comprendre le désir d’attirer toutes les bonnes volontés pour sortir du schéma mortifère de l’agriculture chimiquement intensive en proposant un modèle de transition écologique.

 

Mais ce modèle doit guider vers un réel changement et non maintenir le statu quo par des manipulations comptables. La certification HVE ressemble malheureusement à un rendez-vous manqué, faute de transparence et d’une plus grande exigence dans ses ambitions écologiques. En revanche, un des principaux acteurs économiques accueille avec enthousiasme ce récent label : la grande distribution. Elle y voit l’opportunité de pallier la faiblesse des volumes de l’agriculture biologique face à la forte demande des consommateurs, tout en augmentant ses marges sur des produits non “bio”. Si la HVE n’est pas forcément à Haute Valeur Environnementale, elle semble ainsi pouvoir se doubler pour la grande distribution d’une Haute Valeur… d’Enrichissement. Cherchez l’erreur…

 

Sonia Lopez Calleja

 

3 septembre 2012

Sonia je l’ai rencontrée chez Eva et LaurentAntonin, grand vindicateur organisateur de descente de quilles exotiques nous avait dit « Sonia arrive de Clermont-Ferrand avec ses enfants... très nature bien sûr... y’en a même qui portent des tongs...» Comme de bien entendu, par l’odeur alléché Guillaume Nicolas-Brion dit GNB était de la partie avec sa moitié et votre Taulier s’était laissé tenter par ce raid sur Montreuil-sous-Bois, à l’ombre des hauts murs de la mairie où le petit père des Peuples – ne pas confondre avec Nicolas, l’autre et le nôtre sans talonnettes – aurait aimé pour y établir son PC. Je suis même passé par la place Jacques Duclos : bonnet blanc et blanc bonnet. Samia était aussi là. Que du bonheur ! Sauf que votre taulier était dans ses petits souliers vu qu’il débarquait les mains nues en plein territoire naturiste. Dans sa petite Ford intérieure il se disait cette Sonia ce doit-être une pasionaria des vins qui se font tout seul après avoir eu rendez-vous avec la lune, oh, la, la... va falloir que je m’accroche... et puis patatras, la susdite Sonia se révélait être, tout simplement, une vraie passionnée, au meilleur sens du terme, loin de la mademoiselle je sais tout, précise, concise, avec ses petits échantillons de roches volcaniques et sa petite marmaille de quilles, elle me bluffait par sa simplicité nature bien sûr. 

 

 

La suite ICI

Partager cet article
Repost0
6 janvier 2021 3 06 /01 /janvier /2021 08:00

 

ARIEGE : LE SABOTIER ICI 

 

 

Dans la chronique du jour sur les soudiers il est écrit qu’ils n’avaient les deux pieds dans le même sabot.

 

 

Ça m’a fait penser aux sabots de bois du pépé Louis et au sabotier qui les fabriquait.

 

 

13 décembre 2008

Le temps de l’Avent et l’arbre aux sabots

 

 

À la veille de Noël, sans tomber dans la nostalgie, je dois avouer qu’en ce temps de l’Avent (pour les mécréants du latin adventus, « venue, avènement s'ouvre le 4e dimanche précédant Noël) je pense à mes jeunes années d’enfant de chœur turbulent à l’église Saint Jacques le Majeur de la Mothe-Achard.

 

 

Notre sacristain, un petit bonhomme, aussi noueux qu’un sarment de vigne, exerçait la profession de sabotier ; profession en pleine déconfiture depuis que les paysans avaient adopté les chaussures, des brodequins ou des godillots (du nom d’Alexis Godillot fournisseur de l’armée).

 

 

La fonction de sacristain, elle aussi, se réduisait comme une peau de chagrin et notre homme, les jours de semaine, suppléait Gégène l’aveugle préposé à l’harmonium. Il jouait d’oreille et, comme il n’en avait plus, les offices du matin prenaient des airs de concerts de musique concrète.

 

 

Mon pépé Louis portait des sabots quand il s’occupait de ses bêtes. Il les garnissait d’un lit de paille douce et, été comme hiver, il y glissait ses pieds nus. Comme tous les enfants j’adorais lui emprunter ses sabots, bien trop grands, pour m’amuser. Mémé Marie s’inquiétait de mes chevilles mais moi j’adorais la tiédeur de ces mastodontes.

 

La suite ICI 

Partager cet article
Repost0
6 janvier 2021 3 06 /01 /janvier /2021 08:00

 

J’ai reçu, par les bons soins d’Hervé Neveu-Derotrie, le beau livre de photographies de Michelle Neveu-Derotrie : Regards de femme. L’Île d’Yeu au début du XXe siècle.

 

 

J’en profite pour vous faire découvrir une activité qui a disparue : les soudiers, les ramasseurs de goémon.

 

 

« En ce moment à la pointe nord on s’agite énormément, on travaille ferme, on n’a point  comme on dit vulgairement, les deux pieds dans le même sabot, que dis-je ? les sabots sont relégués au second plan ; pieds nus, le long râteau à la main, hommes et femmes recueillent avec ardeur le précieux goémon que la grosse houle détache des rochers, roule dans ses tourbillons et jette dans toutes les criques et sur toutes les grèves. 

 

C’est un va et vient perpétuel des modestes porteurs aux longues oreilles qui, toujours graves, toujours pensifs, vont sous la conduite des femmes et des enfants, déposer la récolte tout humide sur le gazon où elle devra sécher un peu avant d’être mise en barge. Pour être pittoresque, le travail n’en est pas moins très pénible. Avant que le goémon soit transformé en soude il aura fallu supporter bien des fatigues.

 

Ne  serait-il pas fâcheux, bien fâcheux que des efforts si méritoires et si dignes de respect, ne fussent récompensés que par un peu d’argent ? Qui que vous soyez, travailleurs, restez chrétiens, remplissez les devoirs du chrétien, gardez vos âmes pures et votre travail, offert à Dieu, méritera des récompenses éternelles.»

 

La Croix de l’Ile d’Yeu, 15 mai 1898

 

11 novembre 2019

37 - Le goémon nourricier du Loch ICI 

 

Le brûlage du goémon

 

   Les fours à goémon (forn zoud) consistaient en une tranchée de forme rectangulaire à section trapézoïdale, creusée dans le sol, longue de 6 à 9 mètres, large de ± 60 cm, profonde de ± 50 cm. Les parois et le fond de cette tranchée étaient dallés de pierres plates et lisses, assemblées avec de l'argile.

 

   Le brûlage avait lieu à la fin de l'été et pouvait durer 20 jours, en fonction de la quantité de goémon séché et du nombre d'opérateurs. L'allumage du four avait lieu vers 7 heures. Il se faisait, dans chaque compartiment, avec des fagots de genêt ou d'ajonc ; puis le goémon était jeté par petites poignées dans le brasier qu'il fallait alimenter sans interruption toute la journée. Des goémoniers défaisaient les tas, apportaient les algues sèches, d'autres s'occupaient du four. Les opérations se faisaient dans une chaleur d'enfer, toujours opposées au vent de façon à éviter les fumées épaisses et âcres. Pendant les brûlages, amers, rochers et falaises devenaient souvent invisibles. Ce qui obligea les instructions nautiques de l'époque à mentionner la dangerosité de certaines côtes.

 

L'art de l'incinération consistait à réguler le tirage du foyer sur toute sa longueur : la température devait être suffisante pour faire fondre les cendres des algues, mais sans être excessive pour éviter l'évaporation de l'iode, très volatil.

 

 

 

En fin d'après-midi, le four était rempli de cendres en fusion. On homogénéisait cette masse incandescente (à l'aspect de lave) en la brassant et en la malaxant (meska ar zoud). Ce travail pénible, appelé « pifonnage » durait une à deux heures. Il s’achevait lorsque la soude, se refroidissant et s'épaississant progressivement, devenait compacte. Le magma obtenu recevait alors sa forme à coups de houe.

 

  Si la soude en fusion n’était pas bien remuée, elle se solidifiait mal et restait granuleuse et cassante. Par contre, ce malaxage prolongé provoquait l'évaporation de l'iode. Pourtant, malgré les recommandations des usiniers, les soudiers étaient plus sensibles à la présentation de leurs blocs, de leurs pains de soude, qu'à la teneur en iode de leur fabrication !

 

   Traditionnellement, on cuisait les repas sur la bouillie brûlante. On posait, sur les blocs, pommes de terre, poissons, berniques et oignons qui s'imprégnaient du goût incomparable de l'iode. La journée pouvait se terminer fort tard. Le reste de la nuit, les pains refroidissaient lentement, sans surveillance.

 

   Le lendemain matin, vers cinq ou six heures, on procédait au démoulage des pains. Armés de barres à mine et de piques, les goémoniers extrayaient les blocs du four (8 à 10 pains de 60 à 80 kg chacun). Pour ce faire, et pour éviter de casser les blocs de soude, ils commençaient par démolir une des extrémités du four. La section trapézoïdale du four facilitait quelque peu les opérations. Les pains de soude, grisâtres, étaient entreposés près des fours, sous une bâche (la soude ayant tendance à s'effriter dès qu'elle prenait de l'humidité). Il restait à reconfigurer le four et à préparer la place pour une autre fournée.

 

   En douze heures, on brûlait en moyenne 3 tonnes de goémon sec pour le transformer en 600 Kg de soude. Une fois traité à l'usine du Stum on pouvait obtenir ainsi 6 à 9 Kg d'iode.

 

 

A l’usine

 

    Les pains étaient transportés en char à banc jusqu’à l'usine du Stum, puis pesé. Le goémonier était ensuite payé en fonction de la teneur en iode de sa production après prélèvement et analyse d'échantillons sur chaque pain réalisé par le laboratoire de l'usine.

 

Le traitement des pains de soude pouvait débuter, il se prolongeait tout l'hiver. Diverses opérations permettaient d'extraire l'iode de la soude. Les pains étaient d'abord concassés par des femmes et passés très lentement à l'eau pour en extraire les iodures, les chlorures de sodium et de potassium. Puis, par chauffage, on provoquait l'évaporation de l'eau et la séparation des chlorures ; on éliminait les sulfures avec de l'acide sulfurique ; on recueillait alors l'iode en « produit pur ». Par vent de nord, les habitants d'Audierne et de Poulgoazec recevaient des bouffées d'hydrogène sulfuré (odeur d’œufs pourris), mal odorantes mais sans danger ! Les sous-produits extraits des pains de soude étaient revendus comme engrais

 

Mathurin Joseph Meheut


(1882, France - 1958, France)

 

Ramasseurs de goémon

 

[1912]

Partager cet article
Repost0
5 janvier 2021 2 05 /01 /janvier /2021 08:00

 

L’heure est à la vaccination de masse pour atteindre la fameuse immunité collective des « larges masses » contre le Covid 19.

 

Les gaulois ne sont pas chaud, le Président leur a promis qu’ils auraient le choix, alors le gouvernement décrète d’y aller mollo. Les gaulois sur les réseaux sociaux crient au scandale : faut y aller presto.

 

Bref, les Français tels qu’en eux-mêmes, jamais contents.

 

Afin de déplomber l’ambiance je vous livre un petit texte sur la cuti-réaction.

 

 

«  Il ne fait pas si chaud que ça, dans l’infirmerie. C’est une pièce qu’on ouvre une fois par an, vers la mi-octobre, pour la visite médicale. Elle est peinte dans ce vert d’eau si pâle qu’il semble avoir été dilué par une administration avare pour enseigner aux enfants des classes laborieuses l’art de lésiner sur la décoration. L’odeur est celle des choses médicales, une odeur désinfectante et fadasse, avec des notes plus âcres de détergent, et elle s’accorde avec une lumière parcimonieuse qui donne mauvaise mine à tout le cours moyen première année.

 

Il est là, le cours moyen, frissonnant et filiforme, car en ce temps-là, on ne trouve qu’un obèse par classe, nous ne sommes pas très loin de la guerre. Il est là, en slip de coton à côtes. Toujours un peu trop grands, les slips – pourquoi ? hérités d’un frère aîné ? achetés pour « faire » deux ou trois ans ? Ou bien ce sont les fesses qui sont trop maigres. Comme les épaules. Frêles et osseuses, les épaules. Même chez les futurs costauds, qui laissent paraître des esquisses de biceps. Devant moi, au contraire, des omoplates bien saillantes. La nuque est tondue à ras, sur chaque oreille décollée je vois dépasser le bout d’une branche de lunettes. C’est le petit Bergonzo. On l’appelle Berlingot, il est faible et orphelin. Il y a au moins cinq orphelins par classe, que la nation protège tant bien que mal.

 

Le docteur est une doctoresse. Dans les écoles, il n’y a que des doctoresses, plutôt usées, du reste, pour ne pas dire avachies. À ses oreilles sont branchés en permanence (c’est dire si elle écoute nos réponses !) les embouts d’un stéthoscope dont elle plaque l’écouteur glacé sur nos bréchets en nous demandant de tousser. La maîtresse lit notre fiche au fur et à mesure de notre comparution devant ce dragon assis. Bergonzo tousse. Il ouvre la bouche, il tire la langue. Il pivote et tend son bras gauche. La doctoresse mouille un tampon de coton d’un jet d’éther – odeur inoubliable, si étonnante, si agréable, excitante – et le frotte sur le haut du bras. Avec une sorte de plume Sergent Major, elle trace d’un geste implacable deux griffures verticales d’un petit centimètre de long. Puis, avec une sorte de palette, elle dépose sur la griffure de gauche un liquide mystérieux, et sur l’autre une sorte de teinture d’iode. Le petit Bergonzo s’est raidi. Une larme, peut-être. De nos jours, cent mille parents, dont les enfants se feront plus tard tatouer un peu partout des dauphins, des Mickey Mouse ou des feuillages maoris, dénonceraient avec force cette scarification barbare pratiqués sur leur « petit bout ».

 

 

 

La cuti-réaction, c’est la cérémonie médicale de nos huit ou dix ans. Un moment hygiénique, égalitaire, obligatoire, autoritaire et gratuit. En un mot, républicain.

 

QUAND UNE " CUTI " DEVIENT POSITIVE ICI

 

Par Docteur H. F.

Publié le 15 juin 1951

Systématiquement pratiquée dans les écoles une ou deux fois par an, la cuti-réaction est un test extrêmement précieux destiné à rechercher la sensibilité cutanée d'un sujet à la tuberculine (1).

Dans la grande majorité des cas la " cuti " est négative chez les individus qui n'ont pas été contaminés par le bacille de Koch ; elle est positive chez ceux qui ont été atteints par le microbe de la tuberculose, ce qui ne veut pas dire qu'ils sont tuberculeux pour cela. Mais ce qui doit surtout retenir l'attention c'est moins le caractère positif ou négatif d'une " cuti " que le moment où cette dernière, jusqu'alors négative, devient positive.

Ce " virage " révèle en effet une contamination récente (la " cuti " vire six semaines en moyenne après le contact infectant). Comment l'organisme va-t-il réagir à cette première agression du bacille ?

La " phase primaire " de la tuberculose, ou " primo-infection ", est pour l'enfant une période critique suivant son état de fatigue, de déficience, l'importance de la contagion, son " terrain " particulier et bien d'autres facteurs. Il présentera donc une simple réaction cutanée à la tuberculine (la primo-infection reste latente), parfois aussi des altérations pulmonaires à l'examen radiologique, ou bien encore une véritable maladie, une tuberculose plus ou moins grave.

Entre quatre et dix ans, après la petite enfance et avant la puberté, la primo-infection est presque toujours bénigne ; la plupart du temps tout se réduit au virage de la cuti. Le nourrisson, l'adolescent, l'adulte jeune, ont plus souvent une maladie tuberculeuse. Or s'il y a quinze ou vingt ans 90 % des adolescents citadins présentaient une cuti positive, actuellement ce pourcentage décroît de façon considérable, peut-être du fait du moins grand nombre de contagieux en circulation et d'une amélioration des conditions d'hygiène. Parmi les jeunes gens de seize à vingt ans, 50 à 60 % ont encore des cuti négatives ; leur entourage peut toujours se demander comment ils réagiront à une première atteinte. La vaccination obligatoire par le B.C.G. va sans doute singulièrement restreindre leur nombre. Sans risques l'allergie aura été conférée au vacciné. La primo-infection disparaîtra-t-elle pour autant, comme certains se plaisent à le dire ? L'immunité acquise artificiellement par le B.C.G. est-elle aussi durable que l'immunité naturelle ? On ne pourra répondre que dans quelques années.

Que faut-il donc faire lors du virage de la cuti ? Demander à un médecin d'examiner l'enfant, le faire suivre pendant quelques mois, mais aussi surveiller le sommeil, l'alimentation, supprimer toute cause de surmenage physique ou scolaire, imposer trois à six mois de grand air si les réactions cutanées sont accompagnées de la moindre lésion.

Cette surveillance devra s'étendre sur une assez longue période (dix-huit mois à deux ans).

Même dans le cas d'une primo-infection latente, un séjour à la mer peut être dangereux, et les bains de soleil doivent être proscrits ; ils ont été à l'origine de granulies ou de méningites fatales avant la découverte de la streptomycine.


(1) Obtenue par filtration d'une culture de bacilles de Koch, la tuberculine ne contient pas de microbes ; elle ne peut donc pas donner la maladie, comme l'imaginent certains parents.

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Archives

Articles Récents