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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 14:00

Steve Mc Queen 002

 

Notre vigneron d’hier à écrit en commentaire « La poursuite de Bullitt est un monument: on attache la ceinture, et pas une goutte de sueur avec le col roulé. La classe jusqu'au bout, il évite le motard et  j'ai l'impression que SM Queen semble vérifier qu'il peut repartir.  

Et les rapports de vitesse sont beaux comme des doubles débrayages...

Et ce qui m'a toujours impressionné c'est qu'il y a autant de coccinelles vertes dans les rues de San-Francisco que d'enjambeurs bleus ici. »


Le Taulier l’avait mis en appétit avec « le feulement du V8 de la Ford Mustang Fastback 1968 4,6 litres de 315 chevaux verte (Dark Highland Green) de Bullitt, ses reprises grondantes, ces ahanements de vieille caisse sportive, le crissement de ses pneus à jantes larges, sa boîte manuelle 5 vitesses bien étagées, un cheval de feu que rien n’arrête.  Une voiture cultissime qui a fait rêver toute une génération de soixante-huitard avide de sensations fortes mais à l’époque sans un rond.


Il ne vous reste plus qu’à visionner la vidéo ci-dessous pour vous imprégner de la musique de Lalo Schifrin puis des seuls halètements du V8 et de sa course folle. Reste que pour personnifier Steve Mac Queen, tel que Claxton le décrit je ne vois qu’un seul flacon LES RACHAIS car il traduit l’élégance naturelle de ce grand acteur. »


Nous y voilà chez l’ami Francis Boulard en Champagne

.

Quel est la marque et la couleur de l’enjambeur de Francis ?

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 00:09

Si ce matin vous voulez bien mettre vos yeux dans mes lignes vous allez découvrir une drôle d’histoire, qui n’est pas forcément une histoire drôle, une histoire qui, en dépit d’une appropriation abusive par les Jhiras : les habitants Saint-Gilles Croix de Vie, autre port de pêche de la côte vendéenne, s’est déroulée à deux pas de chez, moi disons quelques kilomètres à vélo, sur la plage de la Parée à Brétignolles-sur-Mer, plus exactement au lieu-dit le « Trait Neù » selon Joseph Papin historien local brétignollais.


À mon grand désespoir j’ignorais tout de cette histoire. Alors comment l’ai-je découverte ? Par le plus grand des hasards mais aussi grâce à ma manie de draguer les livres dans les bonnes librairies. Le samedi où, rentrant de ma montée à Marx Dormoy  je suis passé rue des Écoles, tout près de la Sorbonne  et du Collège de France, à la librairie Compagnie 58 rue des écoles 75005 www.librairiee-compagnie.fr . Au sous-sol de cette librairie il y a le Saint des saints de la production intellectuelle. Il y règne une atmosphère monacale, seuls les initiés s’y risquent et sur les tables présentoirs sont couchés des lourdes sommes fruit d’années de labeur intense de philosophes, linguistes, historiens, psychanalystes, scientifiques, sociologues, anthropologues… bref que du beau monde qui ne se laisse pas aller à l’affriolant. Les jaquettes sont sobres, le sérieux est de mise, loin des paillettes de la production pour lecteurs de plage.


Sauf que samedi à la vue de ceci (ci-dessous) j’ai failli tomber à la renverse. Et pourtant l’opus de 300 pages publié aux éditions errance  www.editions-errance.fr 27€ était signé par un très sérieux directeur de recherche au CNRS Jean-Loïc Le Quellec.


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Passé ma stupéfaction je me suis bien sûr rué sur l’ouvrage pour en découvrir le contenu. Et là je tombe sur le premier titre VERSIONS VENDÉENNES et je n’en crois pas mes yeux « Les marins de la Chaume, grands amateurs de sobriquet, affublent volontiers les Jhiras ou habitants de Saint-Gilles (officiellement Gillo-Cruciens !) du surnom de « Buveurs d’eau-de-vie de singe ».


Mais c’est chez moi ça ! Je suis tout excité : quelle histoire ! Mais de quoi s’agit-il au juste ? L’auteur y répond de suite : les faits suivants se seraient déroulés durant l'hiver 1904. « Une barrique fut trouvée sur la plage de Saint-Gilles, roulée là par le flot, suite probable de quelque fortune de mer. On s’aperçut alors qu’elle contenait de l’eau-de-vie, gnole jugée excellente par nos inventeurs lesquels, aidés de quelques collègues, eurent rapidement vidé la barrique de son contenu liquide ; il s’avère alors qu’elle renfermait atre chose. Nos compères quelque peu titubants parvinrent à coups de hache à défoncer les douelles et nos Giras virent alors le singe… conservé dans l’eau-de-vie par quelque naturaliste d’alors… » Mornet 1989.


Mais cette histoire se décline sous  de multiples versions où le lieu varie : Saint Gilles ou Brétignolles, ceux qui ont trouvé le tonneau, la façon dont fut découvert le fameux singe, la nature du singe lui-même : jeune chimpanzé ou Orang-Outang…  Notre chercheur cherche et livre tous les récits avec de légitimes interrogations. Mais l’histoire semble véridique car selon Dominique Lambert, dans un écrit datant de 1987 « des personnes de Saint-Gilles ayant eu vent de l’histoire, dont M.Boutain, photographe, viennent chercher le singe et, avec la complicité de marins et d’un autre fût (probablement) font des photos qui illustreront l’histoire, en collection de cartes postales. Le singe a été exposé de nombreuses années chez M.Boutain, et à la devanture d’une pharmacie de la rue principale de Croix-de-Vie, non loin du pont, après le magasin Grasset. Ce singe venait, paraît-il de Sumatra, et était destiné à un musée. »


La version brétignollaise diffère bien sûr mais elle confirme l’exposition du singe « La déclaration de cette trouvaille fut faite à l’administration maritime de Saint-Gilles. Le singe fut transporté à Croix-de-Vie chez les frères Boutain. Ceux-ci  firent naturaliser et il fut exposé de nombreuses années dans leur magasin « Au Bazar de la tentation », près de la gare. » Je vous passe les détails de la guéguerre entre Roger Artaud, conseiller régional et maire de Brétignolles et M. Rousseau maire de Saint Gilles pour récupérer le dit singe qui selon Véronique Poingt responsable des Archives de la mairie de Saint-Gilles avait bien été acquis et exposé dans la salle des Archives où l’auteur l’a photographié en 1990.


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L’histoire pourrait en rester là si l’origine de ce fameux singe, un naufrage sur la côte vendéenne d’un navire en provenance de Sumatra, on n’en trouvait aucune trace dans les archives de l’administration maritime. Alors notre chercheur tenace va continuer de chercher et s’apercevoir que l’histoire du singe dans son tonneau d’eau-de-vie se délocalise à Longeville, à saint Martin de Brem, à Sainte Marie en Ré, en Bretagne en pays pagan, en Normandie, et surprise on le retrouve dans un ouvrage d’Henri Vincenot publié en 1975 sur la base d’un récit collecté dans le milieu des cheminots de Dijon.


C’est beau comme du Vincenot « par le terrible hiver de 186, un chef de train eut à loger dans son fourgon un colis énorme, assez long, fort lourd, et dans lequel, au cours de la manipulation, les wagonniers et les serre-freins crurent entendre des glougloutements caractéristiques : le colis contenait du liquide et, aux dires des connaisseurs qu'ils étaient tous, ce liquide était de l’alcool. Et même un alcool de haut degré. Grelottant dans son fourgon, le chef de train caressait ce curieux paquet du regard. A la fin, il n’y tint plus : écartant délicatement les toiles d’emballage, il s’aperçut que le colis était constitué par un récipient oblong, en boissellerie. Une sorte de tonneau, long et étroit. L’envoi était fait de Java. Oui, Java, dans les îles de la Sonde. Et le destinataire était le Professeur P… du collège de France. Pas de doute : ce tonneau contenait un alcool rare envoyé au Professeur par un de ses riches admirateurs. Le chef de train joua du vilebrequin et, ô merveille, le liquide qui s’échappa était bel et bien de l’alcool, un alcool ambré,  de goût très fin et très particulier. Le brave chef de train pensa immédiatement à la joie de ses coéquipiers, lorsqu’il leur offrirait cette merveille, ce délicieux breuvage exotique qu’il tint à goûter lui-même, plusieurs fois afin d’identifier si possible ce parfum très subtil et très are qui faisait le charme de cet alcool de luxe. Le train fut garé quelque part pour laisser passer un train express, et le chef de trin en profita pour convoquer ses serre-freins à la dégustation. A sept, on se contenta sagement de boire deux litres de breuvage javanais. On remit la cheville, très sagement, et le train express passé, on reprit la route, réchauffés, la bouche embaumée par ce liquide dont aucun n’avait pu identifier le bouquet.


A la gare destinatrice, tout le monde « donna la main » pour aider à décharger le précieux tonneau, et ces braves gens furent heureux de trouver là, sur le quai de déchargement, le Professeur P… lui-même, informé par télégraphe de l’arrivée de son précieux nectar. Le Professeur, un petit barbichu à lunettes, exigea que le colis fût ouvert afin, dit-il, de voir si la « pièce » n’avait pas été détériorée en cours de transport, et formuler éventuellement des réserves. On ouvrit donc précautionneusement ce curieux récipient, et les hommes virent alors, recroquevillé dans de l’alcool, le cadavre d’un grand singe de Bornéo que le Professeur contemplait avec ravissement, alors que les serre-freins et le chef de train devenaient verts et étaient pris de coliques rétrospectives. »


Oui j’avais omis de signaler que dans toutes les versions nos francs buveurs d’où qu’ils soient lorsqu’ils découvraient la réalité de la fonction de leur breuvage se vidaient, dégobillaient et même dans une version « certains seraient même morts sous le choc de l’horrible découverte. »


Fort bien, Vincenot en bon bourguignon avait la plume bien chantournée mais cette histoire de singe dans son tonneau d’alcool échoué sur une plage de Vendée est-elle un mythe ou une réalité ? Notre chercheur, ayant en bon écrivain maintenu le suspens, répond.


Dans un des États des Naufrages et Épaves déclarés dans les ports du sous-arrondissement de Saint Gilles Croix-de-Vie, du 7 juin 1899 au 4 novembre 1917  on y apprend que Monsieur arnaud, « garde-Côte à Brétignollles » récupéra «  à la côte de Brétignolles », le 27 décembre 1911, « une barrique contenant un cadavre de singe en assez bon état de conservation, sans marque extérieure ». l’ensemble fut mis en vente le 17 janvier 1912, permettant un produit brut de 40 francs (et net de 24,58 francs), dont le versement à la caisse des gens de mer porte le numéro de remise 1026.


Le Publicateur de la Vendée du 5 janvier 1911 indique « Saint Gilles-sur-Vie, Singulière trouvaille. La semaine dernière, il a été trouvé sur la côte de Brétignolles, un fût paraissant avoir contenu du vin ; or, les pêcheurs ayant constaté qu’il y avait, à la secousse, un bruit qui ne pouvait être produit par du liquide, défoncèrent le fût et y trouvèrent le corps d’un énorme singe. Cette pièce provenait certainement d’un navire sombré au large. » 

            

L’honneur des Brétignollais est sauf, c’est bien chez eux que le fameux tonneau fut découvert mais il reste que la taille du singe ne correspond pas à celui exposé à Saint Gilles et que le Journal des Sables du 14 janvier 1912 donnait une autre version (des pêcheurs de saint Marin de Brem mais la plage de la Parée est si proche que ça n’ a guère d’importance…) mais concluait « les malicieux disent que les pêcheurs, à qui l’eau-de-vie dans laquelle avait séjourné l’homme des bois (un orang-outang selon le rédacteur) avait paru si savoureuse, furent pris d’un tel dégoût qu’ils la rendirent plus vite qu’ils ne l’avaient absorbée… »


Fermez le ban ! Oui comme le souligne la quatrième de couverture « Le Quellec nous entraîne dans une étonnante enquête… » et que la lecture de son texte « où l’érudition, souvent pimentée d’humour, est au service d’une recherche passionnante, vous captivera. » Si tous les ouvrages érudits étaient de ce tonneau ils se placeraient facilement dans la catégorie des best-sellers de l’été en lieu et place des pavés insipides de Marc Lévy…


Si ça vous dit allez acheter « Alcool  de Singe et Liqueur de Vipère » Légendes urbaines de Jean-Loïc Le Quellec aux éditions errance 27€ vous ne serez pas déçus du voyage…

 

Ci-dessous la plaque émaillée photographiée aux Puces d'Ajaccio dimanche dernier : le Taulier a du nez pour dégoter des trucs qui collent a ses chroniques : même les italiens s'y mettent pour lui faire plaisir...

 

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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 14:00

Ce matin je quitte Patrick Baudouin et grâce à la musique je vole « Associer le vin et la musique est un geste sans fondement, un parcours guidé par aucune étoile polaire... » voilà une fraîche honnêteté qui laisse bien augurer du projet de ces « dégustateurs de vinyles » et « écouteurs de bulles», ces iconoclastes, ces provocateurs : un DJ gastrophile musical et « un buveur qui écrit pour se payer le vice et se bat pour un développement buvable » deux italiens Donpasta né dans le talon de la botte le Salento dans les Pouilles, adepte du farniente « les montagnes il les contemple de loin, et ça le fatigue déjà... » Candide, « napolitain dans l’âme et gitan par choix, raconte être né sur la terrasse d’un café, où se trouvent ses seules racines et où il veut mourir. » Des phrases appelées à devenir culte telle que « Et surtout, le verre doit être troué, il se vide tout seul ! » Je partage avec eux la même philosophie sur le vin « il faut le boire. Rien ne sert d’en parler, et encore moins d’écrire dessus. » et la « même envie d’extraire le vin de la mise en scène théâtrale dans laquelle il est souvent enfermé. »


Dans Wine Sound System les couples se forment :Léonard Cohen & Patrick Baudouin, Francis Boulard & Nina Simone, Amy Winehouse & …


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Dans ma chronique « Je déteste voir mourir des grandes filles de 27 ans : Amy Winehouse un diamant brut redevient poussière. » j’écrivais « Sale coïncidence, dans ma chronique de lundi sur le livre Wine Sound System, l’un des auteurs évoquait Amy Winehouse (1). C’était une reine ! Elle a brûlé sa vie par tous les bouts diront les cons. Et alors, même brève sa vie en vaut bien d’autres et Back to Black est et restera une œuvre magnifique. Il n’empêche que je déteste voir mourir des grandes filles de 27 ans alors je vous l’écris tout simplement. »


(1)             « Mais pour une fois, je vais t’épargner le plaisir mélancolique de l’association vin rouge et chanson triste existentielle que j’aime tant, et je vais laisser la reine, Amy Winehouse, accompagner mon chablis. D’ailleurs, avec un nom pareil, elle doit s’y connaître »


Les artistes sont éternels et l’alliance du Chablis Bel Air et Chardy 2006 et Amy Winehouse l’est aussi.  

 

Quel est le nom du vigneron produisant ce Chablis ?  

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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 00:09

Le campagnard, le gars qui parlait fort dans le métro pendant le salon de l’agriculture, le plouc, le péquenot, le bouseux, est une espèce en voie de disparition tout comme la campagne d’ailleurs. Il a laissé la place au rural grand fourre-tout qui accueille les derniers paysans, quelques natifs du cru et bien sûr, plus on va vers le Sud, le soleil quoi, tout une palanquée de résidents secondaires, retraités ou voisins du gros patelin d’à côté. En parodiant Jean Ferrat je dirais « que la campagne est belle… » depuis qu’il n’y a presque plus de paysans… J’exagère sans doute mais, à la réflexion, je mets le doigt sur la contradiction la plus forte des habitants des villes, les urbains, face à ceux des champs, les ruraux dans lequel se nichent ces rares paysans dont les vaches pètent la couche d’ozone, les cochons puent, les tracteurs pétaradent à pas d’heures et qui passent leur temps sur M6 à chercher des fiancées car « l’amour est dans le pré » dit-on.


Les paysans, les urbains les aiment dans un monde fantasmé, rêvé, joyeux mélange d’images d’Epinal, de regrets, qui trouve sa quintessence dans la grande ferme du salon de l’Agriculture avec ses animaux bien brossés, choyés, bêtes à concours. Idylle contrariée, surtout du côté des écolos, par toutes les saloperies qu’ils foutent dans la nature qu’ils ont déjà bousillée en arrachant les haies pour que leurs gros engins aillent plus vite. Bon, ça n’empêche pas les résidents secondaires de bourrer leur coffre de victuailles ramassées chez Lidl ou Leclerc, normal ça coûte moins cher. Bien sûr j’évite de parler du sujet qui fâche le plus bobonne : ce putain de coq qui chante dès le lever du soleil. Bref, l’amour est certes dans le pré mais vaudrait mieux que les vaches aillent ruminer ailleurs.


Tout ça vient de loin bien sûr car chez nous « la Terre ne ment pas » mais elle a beaucoup servi aux hérauts de notre belle et intelligente droite qui aime tant les paysans, ces campagnards qui savent si bien voter avec leurs sabots. Pour preuve, ce que mettaient en avant, pour promouvoir la « campagne », au début des années 70, un groupe parlementaire rassemblant 180 députés UDR et Républicains Indépendants (le GEPAR) emmené par son fringant président, l’ondoyant Jean-Pierre Soisson bas-bourguignon d’occasion et menteur comme un arracheur de dents. Lors de leur première journée nationale le 11 avril 1972, sans doute avec force de Chablis qui est le lait de Jean-Pierre, le député-maire d’Auxerre explicitait leur programme.


L’objectif était de « faire prendre conscience au pays avant qu’il ne soit trop tard de la chance que constitue son retard en matière d’industrialisation et d’urbanisation pour proposer un type de société original. » En clair, ces aménageurs, nous sommes avec notre palanquée de grands Ingénieurs des Ponts, des Mines, du Génie Rural un peuple d’aménageurs, veulent bâtir une politique ambitieuse de la campagne destinée à défier « une modernité d’aujourd’hui (1972) qui engendre l’abstraction et l’uniformité ». Ils se veulent le contrepoids de la civilisation industrielle afin de contenir « une industrialisation qui s’effectuerait au détriment de la vraie nature de la France. »


Le mot est la lâché : la vraie France c’est la France verte des vaches, cochons, couvée, revivifiée. C’est la France contrepoids salutaire de la France grisâtre des ZUP où s’entassent pêle-mêle des populations émigrées de l’intérieur et de plus en plus de l’extérieur via nos anciennes colonies. Renault manque de bras, mais Renault est à l’Ile Seguin aux portes de Paris et Citroën après avoir quitté le quai de Javel dans le XVe monte ses bagnoles à Aulnay-sous-Bois dont les bois ne sont plus qu’un souvenir. Des usines à la campagne donc… loin des banlieues rouges… des usines dans les prés avec des ouvriers-paysans comme à l’usine Citroën de Rennes. Ces chantres de la campagne bénéficiaient du climat particulier qui régnait autour de Georges Pompidou, homme de Montboudif dans le Cantal, avec Pierre Juillet, Jacques Chirac… Le Cantal, la Creuse, la Corrèze deviennent les références d’une France qui doit y ressourcer ses valeurs.


Pierre Juillet, le campagnard du Limousin, confiait à Alain Peyrefitte : » Alors que tout bouge autour de nous, l’essentiel est de garder notre équilibre, d’éviter les écueils et de ne pas sombrer ! Dans le tourbillon des découvertes, des innovations technologiques, des échanges internationaux, ce qui importe au contraire, c’est de rester soi-même au milieu du changement qui s’accomplit de toute façon, que nous le voulions ou non ! C’est de préserver nos valeurs fondamentales ! »


Les valeurs fondamentales de notre vieux pays se trouvent dans le noyau dur d’une France provinciale qui allie les idées des radicaux et une forme de poujadisme latent : il y a du Juillet dans Guaino ! Henri de Gastines, prototype du hobereau paysan de l’Ouest, décrit bien le ressort profond du crypto-agrarisme de la République pompidolienne. « Il était né (Pierre Juillet) dans ce milieu, son père était gendarme, son frère est devenu préfet. C’étaient des gens qui avaient du tempérament et qui étaient très enracinés. C’était l’époque où les instituteurs jouaient un très grand rôle dans la nation, où ils étaient officiers de réserve, où ils étaient très patriotes et en même temps ils avaient été nourris aux mamelles de la paysannerie, sur le terrain, sachant ce qu’était la vie dure des paysans. Il était imprégné de tout cela, c’était vraiment cela le fondement de son raisonnement. »



Dit par Chirac Ministre de l’Agriculture, le 7 novembre 1973,ça donne ça : « Nous vivons dans un monde qui évolue très rapidement, marqué par une certaine agitation due au développement de processus dont nous contrôlons pas très exactement les conséquences, qu’il s’agisse du progrès technique, de la concentration de la population, de la pollution, de la destruction des milieux naturels, de l’urbanisation. Ces processus ont tendance, si l’on n’y prend pas garde, à remettre en cause non seulement les éléments temporels de notre civilisation mais aussi, on s’en aperçoit depuis quelques années, les fondements mêmes sur lesquels sont assises nos civilisations et l’organisation de nos sociétés. Quel que soit le sens qu’on donne à ces valeurs traditionnelles qui ont toujours marqué les sociétés organisées, par opposition aux sociétés d’anarchie, il faut remarquer que le monde rural est le seul, par a nature, à être capable de puiser dans son travail un certain sens de l’harmonie de la vie. Nous ne devons jamais l’oublier. »


Reste que dans la compétition internationale qui s’ouvrait avec l’amplification du démantèlement des barrières douanières (GAAT) et de la mise en œuvre des fameuses politiques agricoles commune du Marché Commun, c’est l’agriculture productiviste et le paysan-entrepreneur qui vont triompher. Le génie de Chirac fut de montrer de l’empathie pour les oubliés de la PAC tout en défendant mordicus les grandes cultures. La gauche de Mitterrand fut incapable de sortir du piège tendu par la FNSEA, sauf en viticulture où cette maison n’avait aucune prise. Quand à Sarkozy ce monde lui est totalement étranger c’est enfant de la ville et il s’est planté en dépit de son forcing final pour brosser les paysans dans le sens du poil. Reste notre PNR qui renoue avec la tradition corrézienne, revendiquant sa filiation avec le petit père Queuille, aura-t-il ou souhaitera-t-il aller au-delà d’un ruralisme mou ? Je ne sais, mais les intentions affichées du Ministère d’être à la fois celui des agriculteurs et celui de l’agro-alimentaire exige bien plus que des bonnes paroles ou des incantations de redressement industriel, c’est l’acceptation de la réalité et sa prise en compte qui accoucheront d’une campagne vivante.


Mon petit voyage depuis plus d’une année dans les plis et les replis de la France du lait, celle des producteurs du Grand Sud-Ouest, de la Normandie, du Forez et d’ailleurs et des grandes entreprises privées et coopératives qui transforment et vendent des produits laitiers, m’ont appris une chose : si le Ministère de l’Agriculture veut faire la preuve de son utilité il se doit de réinvestir le terrain, là où tout se noue, de cesser de croire que tout se joue dans les négociations communautaires, de se transformer en seul gestionnaire de primes européennes diverses et variées, d’oublier que dans les années qui viennent le sourcing va plus encore qu’aujourd’hui la clé du devenir de ces espaces ruraux dont on ne parle que dans les discours mais qui sont abandonnés à la seule loi du marché. C’est un travail de fourmi, de mise en relations, d’accouchement de groupes régionaux viables, se contenter de jouer les mauvais pompiers, comme dans le dossier Doux où ce cher Charles fait restructurer sa dette au détriment des éleveurs et des salariés, c’est à terme négliger l’essentiel : l’anticipation des grandes évolutions…

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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 07:00

Je signale aux nouveaux entrants sur cette page que, ce qui suis, est pure fiction, un petit roman en ligne commencé depuis l'origine de ce blog et publié le dimanche. Il ne s'agit pas d'une autobiographie et le héros s'exprime en son propre nom. Merci de ne pas en faire un autre usage.

Depuis le début de la semaine ce n’est que du bonheur je va-et-vient, sans aucunes difficultés, avec ma petite auto dans les rues de Paris, pourtant éventrées par de multiples travaux de voiries. Le beau s’est installé et vire même à la franche canicule. J’en profite pour aller me réfugier, tôt le matin, dans la fraîcheur d’un bureau de DCRI, bien climatisé, où je me plonge dans les fichiers bien tenus de mes collègues actifs. Mes hautes relations, et ma réputation sulfureuse, m’ont largement facilité cet accès : j’ai obtenu en une vitesse record tous les pass et les codes des fichiers. La période de vacances facilite largement ma venue discrète : peu de monde dans les bureaux donc peu de trafic surtout à l’étage de la direction où je suis logé. Celle-ci, sans même me rencontrer, a mis un point d’honneur à m’octroyer un bureau accessible par un ascenseur privatif qui m’évite les rencontres avec la piétaille toujours encline au bavardage de coin de bistrot. Je bosse dur même si parfois je m’impose des plaisirs anciens, disons aussi anciens que le bureau privatif où il fait bon recevoir de la visite. Ça plaît beaucoup à ma belle amie. Je bois beaucoup de café mais ne prend aucune note. Ma plongée dans les us et coutumes de la Fédération UMP des Hauts-de-Seine, la plus importante en nombre d’adhérents, mais aussi et surtout une machine de guerre bâtie par le père Charles, sur les bases des bons vieux principes du clientélisme et des réseaux qui vont avec, est très importante. L’ex s’en est servi avec succès avant de se heurter à son nouvel ennemi intime l’Arménien. Je mémorise les noms, les coups fourrés, les trahisons, les alliances temporaires, les affaires de cul, les vilenies, et bien sûr je m’intéresse de près aux pratiques du couple infernal de Levallois, les amis du petit.


Ce qui me frappe, en dehors du jeu des chefs, de leur porte-flingues et des cercles, des jeunes excité aussi, c’est que ce parti n’est pas un parti de militants mais essentiellement un parti d’adhérents qui veulent avoir un chef qui les mène à la victoire. Les idées, les débats, les procédures démocratiques, n’y ont qu’une place restreinte. Le Général détestait les partis, les vilipendaient, la démocratie parlementaire l’excédait, c’était un militaire qui ne croyait qu’aux états-majors seuls en mesure d’interpréter, de mettre en musique, les décisions du chef. Chirac avait, avec le RPR et sa base arrière de la Ville de Paris, instillé plus encore de clientélisme et de distribution de prébendes aux affidés. Après l’OPA sur les mous de l’UDF le grand Jacques avait fait la grossière erreur de ne pas carboniser le petit Nicolas en le nommant à Matignon et celui-ci, avec son art absolu du sans-gêne, sa prise de la mairie de Neuilly au nez et à la barbe de Charly, comme le débauchage de Cécilia des bras de ce pauvre Jacques Martin, en témoignent s’était emparé de la machine UMP tout en revenant à l’Intérieur pour contrôler les élections et les agissements de Cécilia. La bonne connaissance des pratiques en vigueur dans la principauté des Hauts-de- Seine constituait pour moi un besoin vital pour me mettre dans la peau  d’un adhérent de l’UMP. Et celui-ci, en dépit de l’agitation de son secrétaire-général le petit roquet, des prétentions du cocker sournois, des dents longues des jeunes : la belle NKM et le prétentieux Le Maire, de la fausse bonhomie de l’assureur de Saint-Quentin, de la stupidité infinie du motard niçois, n’apprécie qu’à moitié cette campagne électorale interne pour élire le chef.


Dans la presse du dimanche je lis même que dans certaines fédérations, cette campagne a un goût inconnu pour les militants UMP, dont certains sont peu habitués au processus de primaire interne. « Par exemple dans les Alpes-Maritimes, bastion sarkozyste. Eric Ciotti, président du conseil général, dirige la campagne de M. Fillon. Michèle Tabarot, députée et secrétaire départementale, soutient activement M. Copé. Et M. Estrosi, maire de Nice, laisse planer le doute sur sa propre candidature. J’ai reçu une même journée trois coups de téléphone de trois permanences différentes m'invitant à accorder mon parrainage à... trois candidats différents », raille Alain D., juriste et militant à Cannes. C'est d'ailleurs dans ce même département que se réunit, les 24 et 25 août, la première rencontre de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy. L'ancien chef de l'Etat reste omniprésent dans l'esprit des militants UMP, quel que soit leur favori. René F., qui se définit comme « gaulliste depuis 1947 », soutiendra François Fillon « si Nicolas Sarkozy persiste dans son intention de se retirer de la vie politique – ce que je regretterai », dit-il. « L'idéal serait le retour de Sarkozy, mais faute de Sarko, pour moi c'est Copé ! », assure Pierre-Henri L… » Sarkozy, le retour : 53 % des sympathisants veulent que Nicolas Sarkozy « revienne dans la vie politique et soit candidat de la droite lors de l’élection présidentielle de 2017 » et 40 % préfèrent qu’il « revienne dans la vie politique mais uniquement en s’exprimant sur différents sujets ». Seuls 7 % souhaitent qu’il ne revienne pas. Autre vœu qui va pourrir la vie de Copé et de Fillon, 52 % des sympathisants sont favorables à des accords électoraux UMP/FN aux élections locales (municipales, cantonales, régionales), selon cette étude (48 % ne sont pas favorables)… Reste les motions, base des futurs courants, on se croirait au PS, 25 % des sondés disent préférer celle de Luc Chatel « la droite moderne », 17 % celle de Jean-Pierre Raffarin motion « centriste et humaniste », 16 % celle de Guillaume Peltier « la droite forte », 5 % celle de Thierry Mariani la « droite populaire ». C’est du lourd, du très lourd, à vous tomber des mains. L’important c’est de gagner les élections, non !

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26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 00:09

Dans les eaux tièdes de la baie de Tiuccia des bans de barracudas indolents guettent le Taulier en se pourléchant leurs petits crocs affutés. Que fait-il là cet intrus avec son masque et ses palmes ? Mais les gros oblades aux écailles argentées, d’apparence si paisible, qui eux aussi en bans serrés vont et viennent autour du taulier entubé qui se prend pour un mérou, le trouvent parfois bien encombrant.

 

Cette parabole des jeunes aux dents longues et des vieux, grisonnant et un peu rond du bidon, vaut pour le Taulier en congepés réponse aux quelques-uns qui, débarquant sur son espace de liberté, avec leurs petites grolles modernes accueillant leurs chevilles enflées ou leurs gros sabots de gens à qui on ne la fait car ils connaissent tout du vin, et qui n’aiment pas que le vieux mérou se rebiffe parce qu'ils viennent lui chercher des poux sur la tête. Charbonnier est maître chez soi, la gratuité, la liberté d’accès ne vaut pas sésame pour le sans gêne.

 

La blogosphère du vin est, sans jeu de mots, un océan rouge où l’on se bouscule pour se faire une place. Normal, ainsi va la vie d’un écosystème. Pour autant, les nouveaux entrants imberbes ou les vieilles barbes qui se pointent aussi, doivent savoir que c’est dur de durer et que si, de temps à autre, le vieux mérou les remet en place ce n’est pas parce qu’ils prennent sa place mais que très franchement leur intrusion le gonfle. Ça me rappelle une vieille histoire que l’on se racontait en Vendée. Elle est toute bête : un couple qui n’en finissait pas de s’incruster chez des gens, un soir à la veillée, a vu soudain l’hôte se lever et dire à sa femme « Viens, y’allons nous en aller je pense que nous dérangeons… »


C’est clair !


Oui j’ai la grosse tête : j’ai des opinions sur tout et rien, plutôt sur rien que sur tout d’ailleurs, mais nul n’est obligé de me lire alors de grâce que l’on m’épargne de prise à témoin du genre : voyez comme ce type est impossible ! Oui je suis impossible, je me la pète grave mais ça me va bien au teint, je me porte bien mais je me soigne : la preuve ci-dessous sur le divan. Le vieux mérou veut tout ce que l’on veut sauf que l’on vienne se draper dans une dignité outragée par son mauvais caractère. La maison est grande ouverte, les commentaires sont libres mais lorsque je ne suis pas content je le dis. Rien à traire des barracudas ou des oblades qui ont la peau fragile ou la couenne sensible.

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Les dessins sont d’UNTER et les scénario de WANDRILLE et sont tirés de PSYCHANALYSE du Héros de Cartoon éditions Vraoum www.vraoum.eu 5€


Avant de vous quitter sachez que les chroniques des 3 semaines à venir sont en boîte, pendant ce temps-là je bullerai, je me contenterai de provoquer les barracudas et les oblades avec mon tuba et mes palmes, je lirai, je me baladerai, je jetterai un coup d’œil à mes vaches, mes pensées seront ailleurs mais je ne vous direz pas où bien sûr, il m’arrivera même de réfléchir, de boire aussi et que ça ne vous empêche pas de commenter (quand les commentaires sont ouverts, ce qui n’est pas le cas pour le Grand Jeu de Piste Normal de l’été…)


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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 14:00

Dans le métier de chroniqueur, sur le Net qui n’en est pas un d’ailleurs, il est des jours où vous regrettez de vous adresser à certains lecteurs qui vous prennent pour ce que vous n’êtes pas et qui vous tancent parce que pour eux tout est possible sur la Toile : c’est gratuit, il ne faut pas se gêner. Nul n’est obligé de supporter ma prose mais pour autant je n’ai pas de gants à prendre lorsque j’estime que le sans gêne a des limites. On peut me tailler tous les costards de la terre ça m’indiffère mais de temps à autre me mettre en colère me fait du bien. Sans doute suis-je injuste, discourtois, mais un peu de mauvaise foi ne nuit pas.


Par bonheur, il est des lecteurs fidèles qui savent vivre, ne déboulent pas comme des éléphants dans un magasin de porcelaine, c’est le cas de Jean Clavel qui ne manque jamais une occasion de déposer des commentaires pertinents, documentés et parfois plein d’humour. Tel est le cas de ce qui  suit. Merci Jean.

 

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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 00:09

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Alors que la majorité des travailleurs rentrent de congepés votre Taulier lui, part. Vous savez tous où, alors je ne vous fais pas ce matin de dessin mais je vous offre une belle ritournelle pour m’accompagner dans une Ile dites, à juste titre de beauté. Comme je suis démago je commence par la version de Tino Rossi qui n’est pas vraiment ma tasse de thé. Ensuite, pour respecter les paroles originales : la version roucoulante de Julio Iglesias puis celle plus celle de facture plus classique de Placido Domingo. Mais cerise sur le gâteau, celle que je préfère est celle totalement déjantée d’Arno. J’adore… elle est jubilatoire… elle donne envie de boire et de danser… Comme je suis bon je vous ai épargné la version de Mireille Matthieu le rossignol d'Avignon.


Nina, lorsque pour ma vie je suis parti

Quittant des belles Antilles le ciel bénit

Tandis que sur le rivage toi tu pleurais

Nina, belle fleur sauvage que j’adorais

Ta colombe si chère ta Paloma

Vint se poser légère sur le gravât

Puis me quittant bien vite vers toi revint

J’accompagnais sa fuite de ce refrain

Con ta Paloma

Vers toi belle Nina

Toujours s'envole

D’une aile fidèle vers toi mon cœur s’en va

Con ta Paloma

Vers toi belle Nina

Toujours s'envole

D’une aile fidèle vers toi mon cœur s’en va

(Changez !)

Longtemps sur la mer si belle j’ai voyagé

Pourtant mon amour fidèle n’a pas changé

 

 

 

 

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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 14:00

Comme je ne suis pas allé à l’île de Behuard avec lui et que ça fait une éternité que je lui ai promis que nous irions déjeuner un de ces 4 à l’Abélia chez mon filleul Vincent Berthomeau www.restaurantlabelia.com  il ne me restait plus qu’à mettre le cap sur CHAUDEFONDS-SUR-LAYON où sur le frontispice de son domaine il est écrit :


« La Moselle, le Rhin, l’Anjou, Bordeaux et bien d’autres lieux fameux par leurs vins attestent que la viticulture peut donner sur les roches cristallines, les schistes primaires ou les alluvions siliceuses d’aussi nobles produits que sur les calcaires. Aussi le rôle du terrain, dans l’élaboration d’un grand cru, ne va-t-il guère au-delà de celui de la matière dans l’élaboration d’une œuvre d’art. » Roger Dion


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Votre Taulier dans une chronique dont le titre était le même que celui d’aujourd’hui j’écrivais « Patrick Baudouin mon vigneron amoureux... de son coin de Loire... où il est né... de ses cieux, de ses pierres, de ses coteaux, de ses petits chênes... de ses vignes... en avait à revendre. Trop peut-être et je me souviens d’un article de Véronique Maurus dans le journal le Monde du 21 mars 2005  sur les francs-tireurs de la Vigne où notre René Renou, qualifié de puissant président de l’INAO par la journaliste, soupirait… « Patrick, c’est…

 

C’était qui d’après René Renou ?

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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 00:09

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Tirer le portrait d’Olivier Dauga me turlupinait depuis que nous nous étions croisés à Vinexpo en 2009 link J’avais écrit ce jour-là « Olivier Dauga, né dans les vignes, sa carrure de rugbyman, ses lunettes, ses santiags, un style qui décoiffe l’establishment bordelais, une philosophie fondée sur l’harmonie entre terroir, raisin et la personnalité du propriétaire, une conception de l’environnement du produit résolument moderne pour toucher le consommateur, un vision très haute-couture par le sens du détail, une passion de l’excellence, des aphorismes percutants « la plus grande bouteille est celle qui se boit. » Mais la roue tourne, chacun suit son chemin, on se recroise de temps à autre sans prendre le temps de s’arrêter pour aller au-delà des clichés aussi réducteurs que commodes. En effet, s’en tenir aux chemises à fleurs d’Olivier, à ses grôles, à sa dégaine de 2de ligne et à ses aphorismes un peu provocateurs c’est tout bêtement passer à côté du bonhomme. Bon, pour certains de ses confrères passer à côté de leur personnalité n’est pas un problème car en fait ils sont tellement engoncés dans l’image qu’ils se sont fabriqués que dessous ça sonne le creux. En dehors du vin, point de salut, c’est le toujours plus, une course effrénée à la notoriété dont a bien du mal à saisir la finalité.


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Olivier s’affiche, s’expose, au risque de se surexposer mais ça n’est pas qu’un jeu il y a sous le faiseur de vin affiché un gars qui a du cœur et un réel amour de la terre. Fort de cette intuition, et mes copines attesteront que j’en suis bien doté, il ne me restait plus qu’à soumettre Olivier, non pas à mes questions mais au plaisir d’une vraie conversation à bâtons rompus autour d’une table, fourchettes et couteaux, verres bien emplis qui délient l’esprit. Rendez-vous pris sur les hauteurs de Paris, du côté d’Abbesses un midi pour déjeuner. Je rejoins Olivier et nous marchons sur les pavés disjoints d’une de ces petites rues de la Butte qui mènent à la rue Lepic, tout en haut, au-dessus du Moulin de la Galette où Antoine Westermann vient d’ouvrir Coq’rico. Nous bavardons et tout à coup je me viande lourdement, mon pied droit ayant glissé sur un pavé. Olivier, en bon deuxième ligne, s’en veut de n’avoir pu me rattraper afin d’éviter ma chute, par ailleurs sans gravité. Ça c’est Olivier, l’esprit d’équipe, le bon geste, la solidarité. Arrivé à Coq’rico nous nous installons à la table d’hôte tout au fond, à un bout, à l’autre un couple déjà installé. Commande d’un poulet de Challans, des œufs en entrée et une bouteille de côte roannaise proposée par Olivier. Le décor est planté et nous sommes idéalement en situation de tenir une vraie conversation.


J’ai pris, une fois n’est pas coutume, des notes afin de ne pas me planter mais, comme ça fait quelques mois de ça, elles me paraissent bien maigres sans liens. Peu importe, plus que le détail des paroles c’est la musique qui compte et d'elle je me souviens bien. Ce qui me frappe tout d’abord c’est qu’Olivier est certes né dans un milieu viticole, Vérac le château du Pontet, mais son père est membre de l’UNCAC, l’Union Nationale des Coopératives d’Approvisionnement et de Céréales, la coopération, le mutualisme, il relance le bœuf de Bazas. Avec Olivier il est facile de parler d’autre chose que du vin, sa culture est aussi agricole. Même que nous abordons un instant ma mission laitière, le monde est petit pour ceux qui veulent bien ouvrir portes et fenêtres. Le père d’Olivier créera aussi Sol Dive, une belle marque de melon. Bien sûr Olivier s’intéresse au vin, tout comme Michel Rolland, il passe par le lycée agricole de Saintes l’Oisellerie mais comme il le dit c’est le temps de l’insouciance, Cognac, Martell, il joue au rugby, rejoint le Bataillon de Joinville pour faire son service militaire, y côtoie, Gérard Bertrand, Aubin Hueber, Olivier Roumat. Une autre époque, un temps où l’on forgeait des jeunes hommes dans des principes qu’on a aujourd’hui trop tendance à railler. Olivier rejoint le SBUC à Bordeaux. Sans doute ne suis-je pas exhaustif et ma chronologie est un peu ollé, ollé, mais il y a un temps pour tout et celui-ci pour Olivier lui permet aujourd’hui, permettez-moi l’image, d’émerger de la mêlée avec une belle part d’humanité, d’épaisseur humaine qui allie le goût de la compétition avec une forme de respect de l’environnement humain.


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Ensuite, et là je me perds dans le bazar de mes notes, autrefois les grands reporters étaient équipés des merveilleux Nagra, mais Olivier me confie, et j’aime la formule « Le Médoc était à cette époque-là un truc invisible… » Et puis Alfred Minot (je ne sais plus qui c’est) envoie des gars à Sociando-Mallet et c’est la rencontre avec Jean Gautreau. Olivier découvre un homme hors normes doté d’un sens du détail exceptionnel qui se donne les moyens de sa politique : grâce à lui il sort de sa culture familiale, ouvre grande ses élytres, engrange de l’expérience, une école d’humilité. Ensuite la direction technique de la Tour Carnet. C’est la rude école où sa combativité est mise à l’épreuve et comme il me le confie en 96 il sort la tête hors de l’eau, il lève le nez au-dessus du guidon et, sans aucun doute, dans sa tête un grand désir d’indépendance s’installe. Son passage chez Jean Guyon, à Roland de By et haut Condissat, où Olivier accomplit le dernier pas de son parcours : il apprend au côté d’un homme qui n’est pas du sérail : le faire-savoir, il ne suffit pas de faire du vin il faut vendre des bouteilles.


Enfin, le grand saut, la question s’installer, oui mais le coût du foncier est un facteur limitant. Alors, à l’image des Michel Rolland, Stéphane Derenoncourt, du professeur Dubourdieu et d’autres : devenir consultant. 2 ou 3 clients au départ, le bouche à oreille, tenter d’apporter autre chose, de ne pas se substituer  au propriétaire, garder son caractère entier et indépendant… Alors ne pas s’en tenir à la place de Bordeaux, voir ailleurs dans les vignobles proches : la Navarre en Espagne ou plus lointain : le choc de l’Australie avec ses autres méthodes, son approche du vin entièrement tournée vers la recherche de nouveaux consommateurs. La Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud sont des pays de consultants, alors s’y établir. Le chemin des hommes est rarement rectiligne, il est pavé d’hésitations, d’enthousiasmes ou parfois d’impasses. Qu’importe l’important c’est d’avancer vers le but qu’on s’est fixé. En 2003, avec sa compagne Cathy Olivier se pose les termes de l’alternative de tout jeune entrepreneur qui a atteint une certaine notoriété : se développer ou en rester à une forme de cousu-main ? C’est la deuxième voie qui est choisie avec des relations privilégiées avec les vignerons. Ne pas se mettre en avant, bien identifier son vignoble, son potentiel, le faire s’exprimer. Dit comme ça, tout paraît  simple, banal, mais n’est-ce pas là le lot de toute activité humaine, ce que fait la main qui n’est en rien de la pure mécanique mais l’expression la plus aboutie de la pensée.


D’autres chantiers sont en cours tels le suivi des vins de la Cave en ville de Monoprix, la Cuvée Mythique du Val  d’Orbieu… mais ça sera pour une autre fois car chacun d’eux requiert de ma part une attention particulière car nous sommes dans le domaine des vins du plus grande nombre, ceux que mes chers confrères confinent dans la zone grise, celle qui n’est pas intelligible à leur haute compétence, tous ces vins de monsieur et madame tout le monde qu’au fond ils méprisent absolument. Le temps passe si vite lorsqu’il est empli d’une conversation suivie et j’ai tout juste le temps d’amener Olivier à des confidences qui paraîtront à certains hautement futiles mais qui dans la trame qui compose la personnalité sont tout autant révélatrices que la hauteur du CV. Olivier aime les tissus, leur texture, leur toucher, c’est un tactile et comme en toute chose, la beauté de la matière, sa densité, son origine, son mode de fabrication, est à la base de tout. Cette animalité, cette sensualité que je partage avec Olivier, ôte à l’intellect pur, sa froideur, son inhumanité. Le contact est essentiel, il donne aux gestes comme aux mots leur chaleur, leur densité, leur force. Le faiseur de vin est tout entier dans cette sensibilité, cette simplicité, ce faire qui manque si souvent à celles et ceux qui se contentent de refaire le monde sur leur canapé ou sur les lignes de leur science.


Si j’avais encore du temps, nous aborderions un sujet cher à Olivier : la Ford Mustang dont j’ai  évoqué le mythe récemment à propos d’un film culte Bullitt  avec Steve Mac Queen et une poursuite extraordinaire dans les rues de San Francisco link   Un de mes lecteurs vigneron à écrit en commentaire : « La poursuite de Bullitt est un monument: on attache la ceinture, et pas une goutte de sueur avec le col roulé. La classe jusqu'au bout, il évite le motard et  j'ai l'impression que SM Queen semble vérifier qu'il peut repartir.

Et les rapports de vitesse sont beaux comme des doubles débrayages... »

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