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28 juillet 2010 3 28 /07 /juillet /2010 00:09

Dans le vocabulaire ordurier l’insulte « Résidu de F... C... » proférée à l’égard d’un individu se place en bonne position dans l’ignominie. Certains mots ont dans leur phonétique un poids spécifique annonciateur d’une forme de haut le cœur. Résidu est de ceux-là même si, comme le souligne le Robert, il est passé d’une forme neutre : ce qui se dépose après une opération chimique à une valeur péjorative. Alors la conjonction de résidus au pluriel avec l’abomination de la désolation des pesticides débouche sur un cocktail explosif, anxiogène.

En mon temps de sauvageon du bocage vendéen nous mangions des fruits cueillis dans les arbres et les buissons sans nous poser de questions et les navets du pépé, qui nous servaient à chasser de notre haleine le parfum des P4 que nous venions de fumer en cachette, nous les croquions sitôt tirés du rang. Heureux temps s’exclameront les Verts ! Pas si sûr car j’ai vu le pépé, avec son pulvérisateur sur le dos, traiter comme il disait. Vous dire quel était le produit de traitement je ne saurais vous le dire. Bref, notre ignorance nous protégeait de toute angoisse et, comme nous n’habitions pas très loin du lieu dénommé le « bourrié » où les détritus putrescibles ménagers du village étaient entassés avant de devenir le réceptacle du contenu des fosses, outre les fortes fragrances estivales, je ne suis pas certain que ce riche amendement fut indemne de résidus divers et variés.

Lisez-moi bien et ne me faites pas dire ce que je n’écris pas : toute forme de résidus qui pourraient nuire à la santé de ceux qui consomment le produit sur lequel ils sont déposés me dérange. Ma problématique aujourd’hui se limite à la qualité de l’information du consommateur. Il existe en effet des normes : les LMR limites maximales de résidus qui sont les niveaux supérieurs légaux de concentration de résidus de pesticides dans ou sur les aliments destinés à l’alimentation humaine et animale. Ces LMR sont basées sur de bonnes pratiques agricoles et requièrent que les pesticides autorisés soient utilisés au plus bas niveau nécessaire à une protection efficace des végétaux. Face à la situation présente, qui est une donnée, un constat, pas un acte d’accusation, il me semble que l’important est de briser le face à face stérile des « dormez braves gens votre santé est sous notre bienveillant contrôle » et des « on vous empoisonne braves gens vous allez tous mourir à petit feu » je plaide, pour que dans notre beau secteur du vin, où la question des résidus quoiqu’en disent certaines ONG n’atteint pas l’acuité et la dangerosité constaté dans les fruits et légumes consommés frais, au lieu de construire une échelle de Richter fondée sur le seul « je suis propre que mon voisin » se mette en place un outil d’information fiable des consommateurs.

En effet, lorsque je prends connaissance du communiqué de presse de l’EFSA Autorité européenne de sécurité des aliments (écrit en français alors que le rapport lui est publié exclusivement en anglais) annonçant la publication de son rapport annuel pour 2008 sur les pesticides que lis-je ?

« Le rapport, préparé par l’unité PRAPeR de l’EFSA — l’unité en charge de l’examen par les pairs des évaluations des risques liés aux pesticides — constate que 96 % des échantillons analysés sont conformes aux limites maximales de résidus (LMR) légales et que 4 % les dépassent, par rapport à 5 % en 2006[3].

Au total, en 2007, plus de 74.000 échantillons issus de près de 350 types d’aliments différents ont été analysés du point de vue de leur teneur en résidus de pesticides, ce qui représente un accroissement de 13 % par rapport à 2006. Les États membres ont fait des efforts considérables afin d’étendre la portée des méthodes analytiques, rendant par là même possible la détection de 870[4] pesticides en 2007, une augmentation de 13 % par rapport aux années précédentes[5].

Afin de protéger les consommateurs, les LMR sont établies à des niveaux qui sont sûrs pour eux tout en correspondant à la plus petite quantité de pesticide nécessaire sur les cultures pour obtenir l’effet recherché. L’EFSA précise que la présence de pesticides dans l’alimentation — et même le dépassement d’une LMR — n’entraîne pas nécessairement de problème du point de vue de la sécurité des aliments. Quand une LMR est dépassée, l’exposition doit être calculée de façon à pouvoir évaluer si ce dépassement présente un risque potentiel pour les consommateurs.

Pour évaluer l’exposition chronique (à long terme) du consommateur, l’EFSA a appliqué une approche de précaution, en utilisant des hypothèses prudentes qui surestiment l'exposition. Pour tous les pesticides évalués, excepté un (le diazinon), l’exposition chronique ne doit pas susciter d’inquiétude pour la santé du consommateur. Il est à noter que, depuis le mois de décembre 2007, toutes les autorisations concernant cette substance ont été retirées et les LMR ont été abaissées.

Pour évaluer une exposition aigüe (à court terme), l’EFSA a également envisagé les scénarios les plus pessimistes. Pour ces estimations, elle a donc pris en considération une consommation alimentaire élevée, combinée au plus haut niveau de résidus observé dans le programme de surveillance de l’UE en 2007. En réalité, il est très peu probable que de tels cas critiques d’ingestion se produisent. En supposant que ce scénario se présente, on ne pourrait cependant pas exclure un risque potentiel pour le consommateur pour certains des résultats concernant 52 combinaisons de pesticides/aliments ; dans plusieurs de ces cas, le problème a déjà été traité en retirant les autorisations ou en abaissant les LMR.

L’EFSA a établi un ensemble de recommandations pour les futurs programmes de surveillance sur les résidus de pesticides, notamment la modification des modalités de signalement afin de garantir des résultats plus détaillés qui permettront une évaluation plus précise de l’exposition. Ces améliorations contribueront à mieux informer les gestionnaires des risques et les aideront à règlementer une utilisation sûre des pesticides. »

 

La dépêche de l’AFP à propos de ce communiqué de presse précise elle « L’agence relève également que la présence de pesticides est supérieure dans les denrées importées de pays situés hors UE (7,6%) que dans les échantillons produits au sein de l’UE (2,4%). Les dépassements des limites autorisées ont surtout concerné les échantillons d’épinards (6,2%), d’oranges (3%), de riz, de concombres, de mandarines, de carottes et de poires. Concernant les aliments pour bébé (2062 échantillons), 76 présentaient des résidus de pesticides dont 4 seulement excédant les normes maximales recommandées. »

 

Tout ça n’est que de la communication qui passe largement au-dessus de la tête des pousseurs de caddies qui, peut-être, ne retiendront seulement que 4 pots pour bébé étaient infestés de résidus de pesticides car je ne sais plus qui en aura causé à la télé. La question vaut mieux que ces volutes de pseudos informations qui exacerbent les batailles des chiffonniers qui ne débouchent sur rien de bien concret. Pour alimenter le débat, et si vous avez eu le courage de me lire jusque-là, je verse une info au débat.

 

 

« La Vieille Ferme adhère à la démarche « +NATURE by EXCELL » basée sur un référentiel spécifique pour contrôler la qualité de ses approvisionnements.

La Vieille Ferme est ainsi capable de garantir à ses consommateurs des vins de qualité dont la teneur en résidus de pesticides a été sérieusement réduite en quantité et en nombre de molécules présentes.... Perrin et fils est un des premiers intervenants vinicole de la vallée du Rhône qui propose sous la marque La Vieille Ferme trois vins sous AOC : un rouge Côtes de Ventoux, un blanc Côtes du Lubéron et un rosé Côtes de Ventoux. La Maison Perrin et fils commercialise chaque année plusieurs millions de bouteilles sous cette marque. Ces vins sont à la fois plébiscités par les français et à l’export au Canada, aux USA et au Royaume Uni, des marchés très sensibles aux produits éco-responsables. Sans être issus strictement de l’agriculture biologique les vins de La Vieille Ferme offre aux consommateurs des produits contrôlés de la vigne à la bouteille dans le cadre d’une démarche raisonnée.

 

Excell, expert en analyses de traces, est un partenaire incontournable du milieu agroalimentaire et plus spécifiquement vitivinicole.

Pour répondre à la demande des professionnels et après deux années d'étude et de recherche sur les pesticides des vins, Excell a élaboré un nouveau concept "+NATURE by Excell".

La démarche "+NATURE by Excell" permet au consommateur d'identifier en un coup d'œil les produits agricoles ayant significativement réduit l'usage des pesticides quel que soit leur mode de production.

La marque "+NATURE by Excell" est décernée suite au contrôle des teneurs en résidus des produits finis livrés au consommateur et non plus seulement sur la foi de l'examen de documents fournis par les producteurs, comme c'est souvent le cas lors des procédures basiques d'éco certification.

Les produits répondant aux exigences du référentiel pourront signaler leur appartenance à cette nouvelle démarche éco responsable en utilisant la marque distinctive "+NATURE by Excell" sur leur étiquette. »

 

J’en ai fini, si ça vous dit : commentez !

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27 juillet 2010 2 27 /07 /juillet /2010 11:00

Chers lecteurs je propose à votre lecture cette tribune publiée dans le Monde du 27 juillet par le Directeur général du grossiste Metro Cash&Carry France. Il me semble intéressant à méditer tout particulièrement par les gens du vin. Il ne vous est pas interdit de faire des commentaires avant ou après votre sieste.

 

 Ce n’est pas l’interdiction de fumer qui met en péril les cafetiers, mais la standardisation

 

Pascal Gayrard Directeur général du grossiste Metro Cash&Carry France

 

Les cafés boivent la tasse, trinquent, prennent l’eau… »

 

Depuis quelque temps, les journaux,  alertés par un tout récent rapport du Senat constatant la disparition de plus de 150000 d’entre eux en quelques décennies, rivalisent d’imagination pour prononcer l’éloge funèbre

 

De nos chers bistrots « à la française »

 

Aveyronnais, né dans ce milieu puisque mes parents tenaient un café, et aujourd’hui directeur général en France de Metro Cash &Carry France, grossiste au service des professionnels (dont les cafés, bars), je suis certes touché par ces témoignages de sympathie à l’égard d’une profession durement éprouvée et en réel danger si elle ne réagit pas rapidement.

 

Mais, de grâce, ne nous trompons pas de diagnostic, au risque de préconiser les mauvais remèdes! Non, la disparition progressive dont la presse se fait l’écho n’est pas due d’abord a l’interdiction de fumer dans ces établissements, ni même à la crise économique! Non, le remplacement du troquet du coin si convivial par une agence bancaire n’est pas une fatalité ! Il est temps, je crois, de rétablir un certain nombre de vérités.

 

A commencer par celle-ci : la fréquentation et le chiffre d’affaires des cafés ont commencé à baisser inexorablement bien avant l’entrée en vigueur de la loi antitabac et la crise économique, même si l’une et l’autre ont évidemment eu leur incidence.

 

En fait, pour cette profession, si ancrée dans le paysage culturel français et pourtant aujourd’hui menacée de disparition, il s’agit bien d’une crise d’identité doublée d’une crise de son savoir-faire. Certes, les Français restent majoritairement très attachés aux cafés traditionnels. En effet, selon une étude que nous venons de mener avec BVA, 82% d’entre eux les plébiscitent par rapport aux établissements franchisés. Mais le fameux bistrot du coin se meurt de s’être laisse dessaisir de son indéniable compétence au profit d’autres professionnels mieux organisés – enseignes, chaines…

 

Facteur aggravant: peu de fournisseurs des cafetiers ont anticipé l’aide qu’ils pouvaient leur apporter dans cette conjoncture difficile, et certains ont préféré se tourner vers les chaines, privant ainsi les cafés-bars de l’organisation et de la logistique nécessaires pour rebondir. Dans cette période d’adversité, certains cafés ≪à la française≫ ont aussi perdu leur âme. Décor ≪BCBG≫, ambiance pub, lumière tamisée ou psychédélique et profonds canapés club ne remplaceront jamais pour les consommateurs de tous âges, la qualité d’un ≪plat du jour≫ bon marché, le goût d’un bon café noir, la saveur d’un sandwich de pain frais ou d’une vraie pression servie ≪sans faux col≫.

 

Ce métier s’est fait voler la qualité d’un expresso par des fabricants de machines ou celle d’un ≪ jambon beurre ≫ par les rayons produits frais des grandes surfaces. Quant au traditionnel≪plat du jour≫, blanquette de veau ou petit salé aux lentilles, le voilà qui disparait au profit des formules proposées par les fast-foods!

 

Nul doute que même les jeunes consommateurs apprécieraient de retrouver, dans un authentique ≪bistrot ≫, la valeur sûre d’une cuisine familiale à un bon rapport qualité-prix, pour peu qu’on leur offre également l’accès a Internet ! La preuve que ce retour en grâce du café traditionnel est possible est d’ores et déjà faite.

 

Et, en misant sur ces valeurs sures, en sélectionnant mieux leurs fournisseurs, les cafetiers ont réussi à doubler ou tripler leur chiffre d’affaires. C’est au prix de cette exigence et de ce ≪savoir-faire≫ retrouvés que le café traditionnel dont le rôle positif en France n’est plus a démontrer, tant sur le plan de la mixité sociale qu’en termes d’aménagement du territoire, pourra redorer son blason et même retrouver une nouvelle jouvence.

 

Arrêtons de tirer sur l’ambulance en ne faisant que des constats, et arrêtons d’assimiler un peu trop facilement ≪bistrot du coin≫ et alcool, au même moment où il est si facile d’acheter ce même alcool dans les stations-service.

 

Au contraire, j’aimerais bien voir de nombreux fournisseurs se mobiliser comme nous le faisons pour laisser aux cafés leur indépendance en leur apportant un support personnalisé, adapté au village ou au quartier dans lequel il est installé. Sinon il faudra simplement accepter dans le futur les mêmes couleurs, les mêmes goûts bien standardisés et, pourquoi pas, les mêmes horaires d’ouverture.

 

 

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26 juillet 2010 1 26 /07 /juillet /2010 00:09

 

Prétentieux en plus de ça le dégustateur imposteur !

Pas si sûr, l’abus d’un recours systématique à la culture du vin pour le défendre nuit à sa bonne santé.

Bien sûr qu’il y a une culture du vin : « la culture du vin » naît au néolithique, dans les régions montagneuses du Proche Orient situées entre le Taurus, le Caucase et les monts Zagros. Double acception qui lui vaut cet entre guillemets, « plante à haute capacité d’adaptation, la vigne qui accompagnait les voyageurs a conquis le monde entier ». Elle a structuré les espace, façonné les paysages et « modelé les sociétés». Raphaël Schirmer et Hélène Vélasco-Graciet, deux géographes amoureux du vin l’écrivent mieux que moi, le vin « possède une valeur symbolique » car il est la « pièce maîtresse » des temps sociaux : le quotidien et l’exceptionnel. « Tour à tour aliment ordinaire, objet de distinction, corps sacré et rituel, un imaginaire social complexe s’exprime à travers lui ». Mais pour autant le vin est aussi un objet économique et commercial, une marchandise, il fait naître des « rentes territoriales et financières », les marchands, de tout temps, ont contribué à la diffusion, à la renommée, à la compétition mondiale du vin.

L’extraction du vin de son contexte économique et social, son rattachement à une forme anesthésiante d’exception culturelle, son classement dans un conservatoire des chefs d’œuvre en péril, sa contemplation dans un mausolée, l’extrait de la vie, de la vraie vie, celle que l’on vit. L’intellectualisation du vin, sa confiscation par une élite, ou qui se proclame telle, lui fait perdre ses racines populaires. L’assimiler à une culture peau de chagrin qu’il faut défendre becs et ongles, comme le livre, le cinéma ou toutes les formes d’art c’est le cantonner dans une prison, lui faire perdre sa vitalité et, somme toute, laisser le champ libre aux vrais marchands du temple. Nier qu’il y ait un marché du livre, du cinéma, de l’art contemporain dans lequel se croisent des purs produits commerciaux, formatés, marketés, brossant les potentiels acheteurs dans le sens du poil, et des œuvres plus indépendantes, moins massiques, moins putassières, est une forme de thérapie à l’usage de ceux qui ont peur de tout. Ce foutu marché est un tout que ça plaise ou non. Si l’on veut en dénoncer les dérives, les excès, rien ne vaut d’y patauger, de le connaître, d’en analyser les ressorts.

Comme l’écrit Jean-Claude Michéa dans « Les intellectuels, le peuple et le ballon rond » merveilleux petit livre écrit en hommage au bijou de l’uruguayen Eduardo Galeano « Le football, ombre et lumière » note que nous vivons à une époque « où le mépris des sentiments et des passions populaires est devenu un métier et passe pour une vertu. » En effet, les gens cultivés, ou ceux qui s’estiment tels cultivent l’exclusion, la bonne conscience satisfaite des classes moyennes qui « se font les grandes expos, achètent le dernier livre d’Eric Chevillard ou de Jean-Philippe Toussaint, le vin nature d’X ou Y », qui se complaisent dans le retrait face à toute la piétaille de ceux qui ne  sont pas de cette culture qui se rattachent à une forme de celle-ci ne trouvant pas ses racines  dans le monde virtuel des signes. En écrivant cela je ne minore en rien la valeur des œuvres visitées, des livres proposés ou des vins achetés, mais je mets en lumière une césure artificielle entre deux mondes qui n’en font qu’un.

Je m’explique, toujours en référence aux propos de Michéa, « de la même manière, celui qui ne parvient pas à ressentir avec son corps et son intelligence, la voluptueuse inutilité du sport (lequel, notait encore Lasch, satisfait « l’exubérance que nous gardons de notre enfance » et entretient le plaisir « d’affronter des difficultés sans conséquences » ne parviendra pas non plus à saisir l’étendue réelle de sa mutilation présente, ni l’ampleur des nuisances qui menacent son avenir. ». En clair, et ramené au vin, j’affirme que si l’on veut vraiment comprendre et dénoncer dans la totalité de ses effets les dérives liées à une hyper-marchandisation du vin, il faut être un connaisseur, un aficionado diraient les gens du Sud.

En revenant un instant au football, souvenir du Stade Marcel Saupin sur les bords de la Loire, les derbys Nantes-Bordeaux, les confrontations flamboyantes Nantes-St Etienne, debout dans les populaires (3 francs) au coude à coude avec de connaisseurs, de ceux qui étaient en capacité de « lire le match », d’en discuter à la mi-temps et après le match sur la base de critiques fondées sur l’amour du jeu. Tout sauf supporter même si notre cœur battait de concert pour les Canaris, applaudir les stéphanois, vibrer pour la fluidité du jeu à la nantaise, pester contre la rugosité girondine, fondaient une partie de notre sociabilité. Pendant des décennies les vertus du football « esprit de création, intelligence tactique, maîtrise technique, plaisir de jouer » ont fait de lui le sport du peuple. On venait d’abord regarder un match avant de supporter une équipe. Nul besoin pour cela de « commentaires » d’experts récitants, tel Christian Jeanpierre sur TF1  à chaque passe le club européen de rattachement des joueurs des équipes de la Coupe du Monde, de consultants statisticiens sans grand charisme et de l'attirail dérisoire des communicants.

Vous allez m’objecter que j’extrapole, que je tire avantage de comparaisons osées entre un sport populaire et le vin populaire. Je suis prêt à en convenir mais comme ici je plaide pour un retour à la célébration du plaisir et de la volupté je suis un peu contraint de forcer le trait. Il n’empêche que la connaissance, cet acquis lentement accumulé, mélange de découvertes, d’écoute, de curiosité intellectuelle, d’ignorance assumée, de lecture aussi, reste pour moi le ressort profond d’une culture vivante du vin loin du technicisme d’œnologues, d’experts, de juges aux élégances. Bien sûr l’acquis peut aussi passer par l’apprentissage dans un cours, par l’enseignement de la dégustation mais à la seule condition que ce ne soit pas un simple placage, un vernis, mais une réelle appropriation. Cette intériorisation permet à tout un chacun d’assumer sa timidité et sa peur d’affronter le puritanisme et le conservatisme de ceux qui disent faire profession d’un savoir qu’ils confisquent.

Pour moi la culture du vin est une culture ouverte bigarrée, celle de la rue comme celle des Grands Crus, où la passion, la simplicité restent au cœur du geste. Boire, apprécier, ce n’est pas se prendre la tête, faire genre, prendre des poses, camper dans des chapelles barricadées, mais c'est aussi porter sur le voisin un regard intéressé même s’il en reste à son petit Bordeaux ou à un vulgaire Vieux Papes. Cette compréhension de l’intérieur, dans la vie avec tout ce qu’elle comporte de compromis, de difficultés, de petitesses ou de gestes gratuits, permet vraiment de porter un regard critique et pertinent sur les dérives d’une société d’argent roi et de chacun pour soi. Comme le disait Joseph Delteil qui recevait dans son ermitage aussi bien l’écrivain Henry Miller que le premier gugusse venu « J’ai des amis du haut en bas comme le ramoneur, de toutes gueules et de toutes couleurs... »

Oui je plaide pour que la culture du vin « garde un cœur d’enfant » qu’elle veille sur cette part d’enfance où l’on joue pour jouer, où l’inutile prévaut sur ce qui va me servir. Oui taper et courir derrière un ballon c’est con pour un intellectuel mais c’est beau aussi bien dans les favelas de Rio que sur les pelouses de l’Esplanade des Invalides. Cette culture universelle populaire, seule antidote à la globalisation, c’est la respiration de notre vie sociale, trinquer, se parler autour d’un verre, échanger entre amis pendant un repas où le vin est l’invité obligé, c’est l’avenir de ce produit millénaire qui gagne chaque jour le cœur de milliers d’individus de part le monde. À trop vouloir pour certains d’eux en faire des objets d’un luxe inaccessible, pour d’autres à les réduire à une morne reproductibilité, pour d’autres enfin à le cantonner dans un univers d’initiés, on oublie ce qui a fait la force du vin, sa capacité à traverser les âges, c’est de faire partie de l’imaginaire des peuples. Cultivons nos différences, acceptons la diversité, redonnons au vin sa fonction totémique.

Confus, touffu, j’énerve certains je le sais mais que voulez-vous pour moi une seule chose compte dans cette affaire « l’extension du domaine du vin » alors ça vaut le coup d’agiter les eaux calmes du long fleuve tranquille des idées reçues, de mettre un peu d’animation dans le convenu de l’imagerie papier glacé qui nous endort. Pour ce faire je préfère le vin car ainsi l’amour me réveille encore...  

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25 juillet 2010 7 25 /07 /juillet /2010 00:08

Et oui, au XIXème siècle les prénoms Jacques, Gilles et Guillaume désignaient le « simple d'esprit » ou le benêt du village. Bien avant, les nobles nommaient leurs paysans, leurs vilains des « Jacques » ce qui fit désigner sous le nom de Jacquerie le soulèvement des paysans français contre leurs seigneurs en 1358. Le mépris de la haute société puis du bourgeois des villes pour les bouseux, les péquenots, les ploucs firent que les jeunes des années 60 n’eurent de cesse de se débarrasser beau mot paysan pour revendiquer l’appellation d’agriculteur : va pour les jeunes agriculteurs. Et puis, le productivisme perdant des couleurs pour laisser la place au vert tendre voilà que notre « Jacques Bonhomme » redevient le chouchou, surtout s’il est petit, des bobos des villes qui rêvent d’être des bobos des champs. Reste, cerise sur le gâteau l’expression « faire le Jacques » datée de 1880 qui signifie toujours, même si elle est peu usitée, « faire l’idiot, faire le con » et qui, je suis prêt à en convenir avec mes détracteurs, me va comme un gant sur cet espace de liberté.

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Comme nous sommes dimanche, pour la St Jacques, je vous offre l’un des meilleurs albums du rock 'n' roll des années 70. Cosmo's Factory le quartette le plus roots du rock américain. Du rock brut millimétré, cocktail génial de tubes et de standards du patrimoine rock. Le tout enveloppé dans une pochette absolument « à chier » décor improbable d’un entrepôt de Berkeley, moquette rouge vermillon, fuseau moule-burnes assorti à la moquette du batteur Doug « Cosmo » Clifford juché sur son vélo de course, Marcel caca d’oie et grôles « Vieux Campeur » aux pieds, l’archétype du baba américain, ça vaut son pesant d’art nouille.

 

« Creedence, en 1969 et 70, est une impressionnante usine à tubes, à albums et à tournées. Sans doute le plus grand groupe de rock de ces deux années-là, succédant souvent aux Beatles dans les référendums des lecteurs, faisant la nique aux Stones et à Led Zep. Mais qui s'en souvient aujourd'hui ? Car leur musique regardait déjà en arrière, vers la source, c'est-à-dire la marmite des musiques venues du deep South : blues, country, rhythm and blues et rockabilly. A l'époque, c'était la matrice du rock qu'on appelle aujourd'hui « classique ». John Fogerty, homme à tout faire de Creedence, composait comme un Dieu (« Lookin' Out My Back Door », « Proud Mary »), jouait de la guitare avec une énergie et un son incroyable (l'intro de « Up Around The Bend »), chantait d'une voix qui n'avait rien à envier à Little Richard (« Travelin' Band »). Des mélodies simples, directes, avec un son qui évoquait le bayou de Louisiane et les studios Sun de Memphis mais made in San Francisco Bay. »

 

Rien que pour vous une vidéo et l'intégrale de l'album Cosmo's Factory :

1- Ramble tamble

2- Before you accuse me

3- Travelin'Band

4- Ooby Dooby

5 - Lookin'out my back door

6- Run through the jungle

7- Up around the bend

8- My baby left me

9- Who'll stop the rain

10- Heard it through the grapevine

11 - Long as I can see the light

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 00:06

Il y a en France deux grandes catégories de producteurs.

Tout d’abord les producteurs de nos grands crus : Champagne, Bourgogne, Bordelais, Vallée de la Loire, Châteauneuf-du-Pape, etc. ..., qui sont toujours restés en dehors des lois votées. Ils n’ont été que les spectateurs de la comédie viticole et nos producteurs de grands vins n’auraient pas toléré un seul instant que les procédés qui ont été appliqués aux vins de consommation courante fussent valables pour eux. De même, les Eaux-de-vie de Cognac et d’Armagnac, les marcs de Bourgogne, etc. ... dont la réputation est universelle, sont restés en dehors les règlementations sur les alcools.

En second lieu, les producteurs de vin  de consommation courante, c’est-à-dire la grande majorité de la production française et algérienne au point de vue volume. Ce sont ces vins seuls qui ont été soumis à une réglementation complexe et draconienne, toujours inspirée d’un esprit démagogique et d’un esprit de malthusianisme.

Le premier principe appliqué par la loi de 1930 fut le blocage. On décida que chaque année une certaine partie de la récolte serait bloquée chez les propriétaires récoltant plus de 400 hectolitres. Nous avions pourtant sous les yeux de multiples exemples du résultat désastreux du blocage lorsqu’il s’agit de relever les cours : l’Amérique avec ses blés, son café et son coton en avait fait l’expérience. Tant que le commerce sait qu’il existe une certaine quantité de vin bloquée pouvant être libérée, il n’achète qu’au jour le jour. Les cours restent dans le marasme.

Rapidement, on en vint à un second procédé : la distillation obligatoire. Chaque année, les propriétaires récoltant plus de 400 hectolitres étaient obligés de livrer à l’alambic une partie de leur récolte. On assista alors à cette chose surprenante : les propriétaires récoltant moins de 400 hectolitres pouvaient vendre tous leurs vins, si mauvais fussent-ils, et même d’affreuses « queues de cave », alors que les autres envoyaient à la chaudière jusqu’à 50% de leur récolte : ainsi des centaines de milliers d’hectolitres de vin d’excellente qualité furent distillés tandis que le consommateur absorbait des breuvages douteux.

J’ai souvent frémi à la pensée qu’un pays de bon sens comme la France ait pu admettre une mesure d’une telle stupidité.

Les sacrifices énormes imposés à certains producteurs posaient un grave problème : que faire des alcools provenant de la distillation des vins ? Car il fallait payer ces alcools un certain prix pour ne pas entraîner la ruine immédiate des viticulteurs frappés par les lois viticoles [...]

Pour le budget, cette opération était tellement désastreuse qu’on se demande comment elle a pu être réalisée. Je m’abstiens de citer des chiffres trop précis de l’ordre de plusieurs centaines de millions. Disons cependant que, lorsque l’Etat achetait les alcools de vin à 567 francs il les revendait à la carburation 126 francs environ. Et il y avait les frais de transport et de dénaturation ! On voit quel déficit s’inscrivait ainsi dans le budget de la Caisse des Alcools et quels prodiges il fallait pour le combler, si l’on pense que l’Etat achetait l’alcool par milliers d’hectolitres. [...]

 

Ces mesures ne suffisant pas à assainir le marché viticole, le Parlement eut recours à trois procédés plus draconiens encore que les précédents, afin de paralyser encore plus la production viticole française.

 

Le premier fut l’interdiction de planter des vignes. Cette atteinte à la liberté qu’ont, en temps de paix, les paysans français de cultiver leurs terres comme bon leur semble constituait une innovation incroyable. Mais elle fut néanmoins votée, avec quelques palliatifs, car les protestations montaient de ton. Cette interdiction s’accompagna d’une seconde mesure baptisée du nom de « taxe au rendement ». Le but en était de rendre infertile les vignobles.

Certes, les duc de Lorraine avaient jadis interdit à leurs sujets de fumer leurs vignes, mais c’était avec l’intention égoïste d’avoir sur leurs tables des vins de qualité supérieure. On comprend très bien, lorsqu’il s’agit de grands crus, à la renommée mondiale, qu’on interdise, à la rigueur, l’emploi de fumier ou des engrais azotés, préjudiciables à l’obtention de produits supérieurs. Il n’en est pas de même pour les vins de consommation courante, pour le vulgaire « pinard » que boit le peuple de France, et l’emploi des engrais s’était généralisé dans le vignoble dès la fin de la guerre 1914-1918. [...]

Malgré ces mesures, une série d’années particulièrement favorables permirent à la production franco-algérienne de se maintenir. Le Parlement n’hésita pas alors à employer un troisième procédé encore plus brutal que tous ceux déjà imaginés : on décida d’arracher une partie du vignoble français. »

 

Docteur Roger Rouvière « La question du Vin » LA REVUE des DEUX MONDES 1941

 

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 00:02

J’ai beaucoup de respect pour le talent d’Enrico Bernardo élu en 2004 meilleur sommelier du monde à l’âge de 27 ans, pour preuve j’ai offert son livre « Savoir Goûter le Vin » chez Plon à Cédric jeune amateur de vin.

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Ce jeune homme distingué et raffiné se veut le héraut des grands vins, des vins de terroir qu’il met en avant dans son restaurant IL VINO 13, boulevard de La Tour Maubourg dans le VIIe arrondissement de Paris ouvert en 2007 et étoilé au Michelin dans la foulée.

enrico-bernardo.jpgJusqu’ici tout va bien, notre sommelier-restaurateur se situe dans une posture conforme à son statut de « coqueluche » d’un petit monde parisien qui n’aime rien tant que d’aller dans lieux où il faut aller afin de se donner le sentiment d’en être. C’est un marché fructueux et je n’aurai pas la mauvaise manière de reprocher à Enrico Bernardo de le cultiver.

 

Et puis, au détour d’une interview entendue lors de l’émission « On va déguster » sur France Inter voilà que cette star du VIIe arrondissement s’érige tout d’abord en juge inflexible : pour lui 90% des vins français valent au mieux le caniveau pour ensuite mieux se dresser en un procureur impitoyable pour qui les producteurs de ces vins feraient mieux de cultiver des carottes, pour enfin délivrer du haut de sa suffisance une sentence sans appel : 10% des vins français sont dignes d’être admis dans le Gotha des petits marquis du vin.

 

C’est beau comme l’antique non ! La foule des esthètes applaudit l’Imperator ! J’adore ! Je trouve que ce cher jeune homme atteint les sommets de la vulgarité. Mais bon c’est l’époque qui veut cela : plus c’est toc plus ça rapporte.

 

Et puis au fil des communiqués de presse estivaux que lis-je ?

Que le petit producteur italien, bien connu, Martini®, lance son SPUMANTE PERLA.

Fort bien me direz-vous mais que vient faire ce petit vin de terroir dans l’univers merveilleux d’Enrico Bernardo ?

 

Voilà la réponse :

 

L'EXPERTISE D'ENRICO BERNARDO

 

Elu en 2004 meilleur sommelier du monde à l'âge de 27 ans seulement, Enrico Bernardo a collaboré avec les œnologues dédiés aux produits MARTINI, Luciano Boero et Franco Brezza, pour créer Spumante Perla.

 

COMMENTAIRES DE DÉGUSTATION D'ENRICO BERNARDO

 

A L’OEIL

Une robe rose saumonée aux reflets étincelants

AU NEZ

Un bouquet raffiné aux notes finement mêlées de rose et de fruits rouges, tels que la framboise et la fraise des bois

AU PALAIS

Une saveur délicieusement douce et sucrée, ponctuée en fin de bouche par une note de fraise.

Une acidité bien maîtrisée confère à ce vin un bel équilibre.

 

C’est t’y pas beau ça braves gens ? Pour augmenter votre plaisir je vous livre la littérature qui va avec le produit. C’est beau à faire pleurer dans les chaumières des Corbières. Vraiment je propose un triple ban pour ce cher Enrico Bernardo jamais avare de donner un coup de main au petit producteur de terroir qui sue sang et eau pour extraire de la terre ce qui pourra devenir peut-être un jour le sang du Christ ou même ses larmes...

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UN SAVOIR FAIRE ITALIEN EXCEPTIONNEL : LA METHODE MARTINOTTI

En 1895, Federico Martinotti met au point une méthode révolutionnaire pour élaborer un nouveau type de vin italien équilibré et finement pétillant. Ce processus consiste à réaliser une seconde fermentation dans une petite cuve au lieu de le mettre à refermenter directement en bouteille. Grâce au contrôle du processus de fermentation, Martinotti obtient un vin d’une qualité constante et exceptionnelle. L’arrêt de la fermentation au milieu du processus – avant que le sucre du raisin n’ait eu le temps de fermenter complètement – confère au produit une saveur naturellement douce et légère.

Authentique hommage aux terres ensoleillées de la Méditerranée, SPUMANTE PERLA célèbre la rencontre d’une nature prodigue et d’un savoir faire ancestral, cultivé et enrichi par MARTINI® depuis 1863.

DES INGREDIENTS DE QUALITE

Issus de producteurs locaux soigneusement choisis par MARTINI® pour la qualité de leurs raisins, les vins sont sélectionnés selon un critère “d’équilibre parfait” entre les quatre saveurs fondamentales (sucré, salé, amer, acide) puis délicatement assemblés jusqu’à obtenir cette harmonie aromatique complexe qui confère à SPUMANTE PERLA sa saveur incomparable, à la fois intense et agréablement fruitée.

SPUMANTE PERLA, DES AROMES RAFFINÉS DÉLICATEMENT FRUITÉS

Sous son étincelante robe rosée perlée de fines bulles, SPUMANTE PERLA dévoile un éventail aromatique tout en finesse et en élégance, exhalant des arômes délicats de fruits rouges et de fleurs.

 

À votre avis serais-je le bienvenu à IL VINO lorsque j’y pointerai mon nez de « dégustateur imposteur » en costar Victoire ? Dites-moi tout ! Rassurez-moi, j’angoisse !

 

Pour ceux qui voudraient déguster comme je suis bon zig et que je ne touche aucune royaltie  :

 

OU RETROUVER SPUMANTE PERLA ?

SPUMANTE PERLA est disponible :

- chez Monoprix, Monop' et Auchan

- chez certains cavistes des grandes villes

- dans les épiceries fines parisiennes : Lafayette Gourmet, la Grande Epicerie de Paris, le Publicis Drugstore.

Dans le circuit CHR (Cafés Hôtels Restaurants), Spumante Perla sera à la carte des restaurants italiens Fuxia et d'établissements tels que le Mood, le Café Etienne Marcel, le Cineaqua, le Bus Palladium, le Saut du Loup...

Prix moyen observé : 11.63 la bouteille de 75cl.

Source: Nielsen

 

 

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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 00:09

De doctes experts se penchant sur le berceau des vins dit de qualité décrètent, sans possibilité d’appel, « au-dessous d’un prix de vente de x euros – le chiffre variant en fonction du poids spécifique médiatique du dit expert – un vin n’est pas digne de se voir décerner le titre d’AOC ». Ça a le mérite de la simplicité, ça frappe les esprits simples mais c’est pourtant souvent une idiotie. En effet le prix de vente au consommateur n’a, parfois, que peu de corrélation avec le prix de revient du vin.

Je rappelle à ceux qui s’en soucient comme de leur première chemise que dans la valeur du vin, comme dans toute activité économique, il y a la valeur du travail de celui qui cultive la vigne, fait le vin, le vend, la rémunération du capital engagé pour le foncier, l’exploitation. Quelle que soit sa dimenssion une entreprise vigneronne se gère, a un banquier, des clients, des fournisseurs. Bref, au bout du bout le prix des vins qu’elle propose sur le marché va bien sûr, autant que faire se peut, dépendre de ce qu’il lui a coûté mais aussi de bien d’autres facteurs qu’elle ne maîtrise pas forcément : notoriété de l’appellation, sa notoriété propre, le volume global de la récolte, la qualité du millésime, l’état de la demande locale, du marché domestique ou d’exportation, sa présence commerciale, sa politique de prix...

Ce que beaucoup de ces messieurs qui ne s’intéressent qu’à la bouteille ignorent ou feignent d’ignorer c’est la marge très large qui existe entre la survie d’une entreprise, son pur maintien juste au-dessus de la ligne de flottaison, sa prospérité et somme toute sa pérennité.

Combien de vignerons rémunèrent-ils correctement la somme de travail engagé, tout particulièrement dans l’acte commercial ?

Combien sont en capacité de le faire pour leur capital d’exploitation ?

Je n’ose aborder la question du foncier où le faire-valoir direct mine beaucoup de nos exploitations viticoles.

L’avenir étant à une viticulture de précision, soucieuse à la fois de l’environnement, de la qualité sanitaire de la vigne et du raisin, minorant ainsi les intrants et leurs coûts afférents, le prix du vin doit être appréhendé par rapport à sa capacité, dans un système de production donné, à permettre à une entreprise vinicole d’assurer sa pérennité. Donc au-delà des approximations, des points de vues à l’emporte pièce, du toujours moins de rendement comme seule variable qualitative, des interdits collectifs sur l’appréhension du stress hydrique, ce qui importe c’est la capacité de notre viticulture, segment de marché par segment de marché, à faire accepter un positionnement prix lui permettant d’assurer son développement.

Et c’est bien là où tout ce complique. En effet, le vieil adage, « Le cher est toujours meilleur marché » qui m’a servi de titre, qui signifiait que le niveau du prix était à coup sûr gage de qualité, qu’ainsi une bonne paire de chaussures valait mieux que 3 paires de godasses à deux balles, n’a plus vraiment cours.

Parfois les prix sont tombés sur la tête, ou plus précisément ceux qui les fixent ou ceux qui les acceptent l’ont perdue comme le dit avec son bon sens charentais, Alfred Tesseron de Pontet-Canet « Si j’annonce un prix trop bas, on traduit que le vin est mauvais, si j’affiche un prix trop haut, on me prend pour un cinglé. Le job des courtiers est de dire ce que je viens de dire en des termes diplomatiques » C’est fabuleux, inouï, stupéfiant, qu’en ce début du XXIe siècle dominé par l’instantanéité électronique il faille encore des missi dominici, des hommes en chair et en os, qui jouent les intermédiaires entre une petite poignée de propriétaires et une grande brassée d’acheteurs.

Et pendant ce temps-là « Plus de la moitié des producteurs de Bordeaux sont en difficulté financière », titrait le magazine Decanter. À côté des 700€ la bouteille des douze grands châteaux, « le prix de la barrique de 900 litres – 1200 bouteilles- fixé par les courtiers et négociants de l’AOC Bordeaux est tombé à 600€ », écrit Jane Anson à Bordeaux. La journaliste cite Bernard Fargues, président du Syndicat de Bordeaux : « Les producteurs qui sont en difficulté ne sont pas en mesure de résister à la pression de chute des prix ». 

Si je cite les difficultés de la viticulture bordelaise c’est pour des raisons de proximité géographique mais, sans atteindre de tels écarts, le fossé se creuse dans toutes les grandes régions entre une viticulture en capacité de capter de la valeur sur le marché en le persuadant que « le cher est toujours meilleur marché » et une autre qui subit, d’enfonce, bataille encore en tirant toujours plus sur les prix, vit d’expédients ou de fuite en avant.

Et qu’on ne vienne pas me dire que, même elle y a aussi sa part, c’est le pur résultat de la mondialisation. En effet, ces vins du bas – aussi bien des AOC que des vins de Pays – qui garnissent largement les rayons de la GD et du hard-discount se bataillent sur le marché domestique français où la concurrence se fait essentiellement entre les grandes régions de production. Bien sûr la crise mondiale, qui a frappé très fort les vins exportés, a provoqué un effet de repli de vins d’en haut vers le marché français, à des prix cassés, qui n’a fait qu’empirer la situation.

Comme nous avions tenté de l’expliquer dans notre note stratégique Cap 2010 ce que nous allions devoir affronter n’était pas une simple crise d’ajustement mais un changement d’ère. Nos concurrents produisaient du vin alors que nous continuions de nous accrocher à un modèle tout AOC générateur de nivellement et d’absence de réelle gestion de notre ressource raisin. Certains, les tenants de l’immobilisme, ont amusés la galerie en laissant accroire que nous voulions saper le bel édifice des AOC alors que nous souhaitions lui redonner tout son sens. Ce n’était ni pour faire joli, ni pour faire plaisir aux docteurs de la loi mais tout bêtement pour que notre viticulture, dans toute sa diversité, puisse vivre.

Pourquoi cette nième piqure de rappel ? Tout bêtement pour répondre au questionnement de beaucoup – je l’ai vérifié lors de l’émission de France Inter « On va déguster » – mais cette histoire européenne d’AOP et d’IGP et de vin sans IG ça sert à quoi au juste ?

Ma réponse est sans ambigüité : à strictement rien si certains de nos vignobles, par la voix de ceux qui en ont la charge, se refusent à adapter leurs conditions de production aux vins qu’ils veulent mettre sur le marché.

En clair produire le raisin dans les conditions économiques optimales par rapport au segment sur lequel le vin sera vendu : mieux vaut faire un bon vin de pays qu’une AOC ni bonne ni mauvaise mais qui n’intéresse plus grand monde. De même certains vins de pays volumiques seraient bien inspirés d’aller chercher leur salut du côté des vins sans IG. Le temps de la bistrouille, des raisins voyageurs, des acrobaties diverses et variées, des assemblages incertains devrait être derrière nous.

L’AOC est certes toujours un droit que l’on peut revendiquer pour ses vins mais se faisant elle se dénature en laissant la porte ouverte à ceux qui veulent à Bruxelles la noyer dans le grand tonneau des IGP ou à ceux qui en tireront des dividendes en produisant des vins de qualité dans de biens meilleures conditions économiques. Ainsi va la vie, la France peut très bien abandonner sa position de grand pays généraliste du vin tout d’abord à ses voisins espagnols et italiens mais aussi à ceux des nouveaux venus qui sauront mieux que nous conjuguer le Vin dans tous ces états. Pas grave diront les grands maîtres du vin mais à propos « de quoi vivrons-nous demain ? »

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 00:09

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Il fumait des « Disque Bleu », beaucoup. C’était un fou de foot. «Il a même offert des maillots à la Jeunesse sportive lourmarinoise ». En 1958, avec le chèque du Prix Nobel, il s’offre une ancienne magnanerie à Lourmarin. «Il a retrouvé ici la lumière et les couleurs de son Algérie natale». Chaque fois que je séjourne sur le plateau des Claparèdes un matin je descends à Lourmarin. Il y ait enterré. Le restaurant Ollier, où il avait coutume de boire son pastis, n’est plus tout à fait ce qu’il était. Chaque matin, de très bonne heure, il partait faire son « tour de plaine » sur la route de Cavaillon « dans cette campagne austère, lumineuse, paisible, qui a bien peu changé en un demi-siècle » Lors de mon dernier passage, j’ai acquis à la librairie « Le Thé Dans L'encrier » rue de la Juiverie un petit opus de José Lenzini « Les derniers jours de la vie d’Albert Camus » publié chez Actes Sud.

  

 

À lire absolument !

 

Le domaine viticole Le Chapeau du Gendarme

 

« Tout avait passé si vite depuis le 7 novembre 1913. Albert était né à 2 heures du matin. Beaucoup de souffrances par une nuit froide et boueuse, dans cette charrette qui n’en finissait pas de s’enfoncer et de gémir sur des chemins détrempés. Et puis il était venu. Sagement. Sans pousser le moindre cri. Un deuxième garçon après Lucien qui avait déjà trois ans... C’était bien ! Le père était content. Elle aussi. Tout était prévu pour accueillir le bébé dans la petite maison de Mondovi. C’est là, au domaine viticole Le Chapeau du Gendarme que le père travaillait comme caviste. Ce village agricole situé dans l’Est de l’Algérie, près de Bône, était bien agréable. On y vivait bien. On avait le bon air de la campagne. Et il n’y avait presque plus de malaria »

 

Le foot

 

« Il quitte la grande maison sans éteindre le poste de radio qui crachote des informations sportives « ...ah ! vraiment une belle rencontre que celle qui a opposé le Racing à Angers, malgré... » Il sait, pour avoir entendu un précédent bulletin, que le terrain était gras, que les Parisiens ont largement dominé grâce à Ujlaki, Majhoub ou Bollini.

« Pas sûr qu’ils renouvellent l’exploit aujourd’hui contre Strasbourg ! »

(...)

« Ce sera sans doute un beau match, lance Camus dans une volute de fumée.

- Et vous voyez quel score ?

- Pas facile... Mais actuellement le Racing est en jambes : 72 buts en 22 matches, c’est un record ! Par contre, faudrait voir du côté d’Angers... Ils risquent de tenir la dragée haute au Stade de Reims !

- Vous croyez ? Avec Kopa, Fontaine, Piantoni ou Jonquet... ça devrait être une balade de santé !

- Pas sûr, au foot, il ne suffit pas d’avoir des vedettes, il faut se battre. Et en équipe ! »

 

La danse

 

« C’était un après-midi où le mois de mars précédait un printemps de glycines. Moins casanière qu’à son habitude, sa mère avait accepté de l’accompagner pour une balade au grand air, du côté de Sidi-Ferruch. Mais à peine avait-il dépassé les Bains Padovani qu’il avait souhaité s’arrêter « juste un moment » dans une de ces salles où les grands animateurs du moment, Dany Romance ou bien Lucky Starway et son Grand Orchestre de Radio Alger, menait la cadence. La halte se prolongea jusqu’à la fin de la soirée, pour la plus grande joie de Mme Camus qui, pourtant, était restée sur sa chaise immobile, mais qui le lendemain confia à une de ses voisines : « L’Albert, c’est que... il dansait bien ! », joignant le geste d’une main virevoltante à sa parole saccadée pour se faire bien comprendre. Albert était fier et ému. Faute de pouvoir apprécier ses qualités littéraires, sa mère avait dit son admiration pour le danseur. Elle était même sortie de son mutisme pour le dire. »

 

Le Nobel et son pantalon froissé

 

Marcel Camus entreprend de raconter à sa mère « ces journées mémorables » de la remise du Nobel « Il extirpait de sa serviette des coupures de presse, lui montrait des photos... Là, c’était lui en habit, avec un col cassé et un nœud papillon... »

 

« (...) Soudain d’un geste de la main, elle lui fit signe de s’interrompre, se leva et lui dit de sa voix hésitante : « A’bert...ton pa’talon froissé. Faut repasser. Enlève ! »

Alors que la vieille installait sur la table de la salle à manger une couverture et un vieux drap jauni des stigmates du fer brûlant, il défit sa ceinture et enleva son pantalon qu’il tendit à sa mère. Bientôt le fer, au contact de la pattemouille, se mit à souffler comme un chat énervé, libérant des odeurs de roussi et de chemin d’hiver. Il était là, en chaussures, chaussettes et slip, finissant sa cigarette, un sourire aux lèvres : il imaginait l’un de ses détracteurs parisien découvrant la scène.

Son repassage terminé, la mère posa délicatement le pantalon sur un dossier de chaise. Albert savait qu’il lui fallait attendre un peu pour éviter qu’il ne se fripe à nouveau s’il l’enfilait trop vite. Il retrouva cette hâte d’adolescent avec les habits propres et repassés du lundi matin qu’on s’empressait de revêtir pour humer la bonne odeur  chaude du propre qui, une fois par semaine, sentait le neuf. »  pt24880.jpg

« Le 6 janvier 1960, une foule d’anonymes et quelques amis se retrouvent devant la grande maison de Lourmarin où le corps d’Albert Camus a été transporté dans le nuit. Quatre villageois portent le cercueil que suivent son épouse, son frère Lucien, René Char, Jules Roy, Emmanuel Roblès, Louis Guilloux, Gaston Gallimard et quelques amis moins connus, parmi lesquels les jeunes footballeurs du village. Le cortège avance lentement dans cette journée un peu froide et atone de ce « pays solennel et austère » - malgré sa beauté bouleversante. »

 

« Je commence à être un peu fatigué de me voir, et de voir surtout de vieux militants qui n’ont jamais rien refusé des luttes de leur temps, recevoir sans trêve leurs leçons d’efficacité de la part de censeurs qui n’ont jamais placé que leur fauteuil dans le sens de l’histoire, je n’insisterai pas sur la sorte de complicité objective que suppose à son tour une attitude semblable. »

 

En janvier 1960 je n’avais que 11 ans mais par la suite, vous le comprenez en me lisant chaque matin, entre Camus et Sartre, pour moi, « il n’y a jamais eu photo ».

 

 

 

 

 

 

 

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16 juillet 2010 5 16 /07 /juillet /2010 00:09

Soit Gary Vaynerchuk un fils d’émigrés soviétiques, « un gamin du New Jersey, un gars de la côte Est des Etats-Unis avec une grande gueule, qui ne sait pas être discret, qui frise l'odieux », qui ose poser des questions aussi subtiles que « Quel vin prenez-vous avec vos céréales ? », qui dirige l'un des dix premiers réseaux de distribution indépendants de vin aux Etats-Unis, qui énerve les puristes mais qui, au travers de son émission vidéo quotidienne, « tente de mettre le vin à la portée de tout le monde, de le démystifier, de le rendre moins intimidant. Le plus important pour moi n'est pas de faire le pitre mais de faire comprendre que le vin ce n'est pas seulement le Bordeaux et le Cabernet. Ma démarche va bien au-delà de la volonté de m'amuser en parlant du vin. Il y a un effort délibéré de ma part de sensibiliser le palais du public américain. »

Et moi, modeste chroniqueur freenchie du vin. Qu’avons-nous en commun ?

À priori rien, face à sa gouaille new-yorkaise j’ai vraiment l’air, en dépit de mes efforts pour jouer dans la cour de l’humour, d’avoir avalé mon pébroc. Certes y’a chez lui du Michaël Young mais comme il le souligne « je suis dans le business du vin depuis l'âge de 15 ans, je sais aussi que je maîtrise mon sujet. Et que lorsque je parle d'un Chinon ou d'un Bourgueil, je sais de quoi je parle. » Gary est donc tout sauf un bouffon. Certes il en fait des tonnes mais il renouvelle le vocabulaire de la dégustation « des arbres brûlent dans votre nez quand vous reniflez ce vin ! » tout en s’essuyant la bouche d’un revers de manche. Bien sûr, les belles âmes vont me reprocher de céder à la vulgarité, de verser dans une forme de démagogie populacière. Je suis prêt à en convenir mais il y a un mais, un gros mais.

En effet, Gary Vaynerchuk et moi partageons la même ambition, même si nous n’empruntons pas les mêmes sentiers : « L’extension du domaine du Vin » Que déclare-t-il en effet ? « Grâce à l'utilisation des réseaux sociaux - j'ai 850 000 fans sur Twitter ! - et aux émissions de télévision grand public, j'ai accédé à la "culture pop" aux Etats-Unis. J'atteins ainsi des gens qui n'avaient jusque-là jamais été exposés au vin. Et j'en suis fier. Je suis fier aussi du fait qu'il n'y ait pas beaucoup d'autres acteurs aux Etats-Unis qui ont créé autant de nouveaux amateurs de vin. Je dis bien créer car le secteur du vin a tendance à recycler les mêmes individus. On voit toujours les mêmes spécialistes, dans les mêmes forums, qui parlent toujours aux même gens. J'ai réussi à toucher les 20-30 ans et à amener au vin des gens qui ne le connaissait pas. »

Que voulez-vous moi ça me plaît bien plus que les jérémiades de ceux qui psalmodient « nous ne pouvons rien faire à cause de la loi Evin », que les recettes éculées de ceux qui nous servent et resservent les mêmes baratins. Tant que nous n’aurons pas compris, comme le note très justement Gary que nous recyclons toujours les mêmes individus, ce que j’appelle moi en bon fils de paysan la surpâture, nous continuerons de nous réconforter dans nos petites chapelles ou nos grandes cathédrales, de nous plaindre que le monde entier nous en veut, que nous sommes des incompris, de camper sur notre haute conception du vin.

Ecoutons encore notre déconoclaste à propos des vins français aux USA « Quand les gens pensent aux vins français, ils pensent aux grands crus comme Lafite, Latour ou les Châteauneuf-du-Pape. Toutefois, ils représentent une infime minorité des vins produits en France. En revanche, quand je pense à la France, je pense plutôt aux Languedoc, aux Madiran, au Cahors et à Gaillac. Pour moi, un Morgon ou un Moulin-à-Vent sont parmi les meilleurs rapports qualité prix au monde. Pour environ 120 dollars, on peut se procurer un grand cru du Beaujolais, c'est incroyable ! Même parmi les Bordeaux, il y a tellement de petits châteaux dont le prix ne dépasse pas 20 dollars la bouteille. A mon avis, les vins français sont très mal promus aux Etats-Unis car ils sont perçus comme étant chers. Qui sait que l'on peut acheter un Côte du Rhône 2007 pour dix dollars ? C'est prodigieux pour un aussi bon cru. »

Attention, lisez-moi bien, je ne pratique pas le sport national français : la division en laissant à penser que le style Gary Vaynerchuk doit devenir la norme. Bien sûr que non, c’est un plus, une autre voie, un autre style : quand saurons additionner nos forces, admettre la puissance de la différence assumée ? Ma réponse est sans appel : lorsque ceux qui se disent en charge de la promotion du vin français : interprofessions ou grands opérateurs auront l’audace de soutenir en pur mécénat des initiatives innovantes sur le Net. Des trucs qui décoiffent, qui sortent des sentiers battus, autre chose que des messieurs propres sur eux qui ont l’air d’avoir des balais dans le cul ! Suis-je vulgaire ? À mon sens bien moins que le sommelier Enrico Bernardo qui déclare du haut de sa suffisance que 80% des vins français ne valent pas mieux que le caniveau et que beaucoup de vignerons feraient mieux de cultiver des carottes... »

Je suis remonté et candidat déclaré pour produire un truc du genre « la minute de Monsieur Cyclopède » revisitée par les Gary Vaynerchuk français sur le Net. Merci aux décideurs de ne pas trop se bousculer pour me répondre...

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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 00:09

Cette importante interrogation, certes formulée sous une forme triviale, disons populaire, m’a été inspirée par le « Ben moi parfois je me dis « c'est en buvant n'importe quoi, que l'on devient n'importe qui » de Jean-Baptiste posté en commentaire sous ma chronique inoubliable du 14 juillet « C'est en faisant n'importe quoi qu'on devient n'importe qui » que j’avais confiée en images à l’inimitable Rémi Gaillard.

  

En effet, puisque Jean-Baptiste, au plus profond de lui-même, pense que ceux qui boiraient n’importe quoi deviendraient des n’importe qui, laisse à penser que la nature de la boisson, sa qualité, même plus encore – je pousse la logique à l’extrême – son authenticité, transforme les hommes.

 

Attention, j’exclue de mon champ d’investigation à la fois les boissons non alcoolisées afin d’éviter la facilité du « Coca rend con » et les enfileurs de degrés, les grands avaleurs, les adeptes du shoot, qui bien évidemment boivent souvent n’importe quoi. Pour autant, même si ça déplaît aux prohibitionnistes, je n’utiliserai pas à l’appui de mon exclusion le célèbre adage « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » car il y a ivresse et ivresse. Je reviendrai dans une prochaine chronique sur l’Ivresse.

 

Mon buveur à moi, c’est monsieur et madame tout le monde, pas un pilier de bistrot ni une alcoolique mondaine, pour qui boire un verre fait parti des petits plaisirs de la vie. Au risque de les froisser je fourre dans mon grand sac les grands amateurs de vins qui, après tout, eux aussi, même s’ils sont passés maîtres dans les figures imposées de la dégustation, boivent.

 

La population de mon étude étant cernée – je cause riche ce matin – il ne me reste plus qu’à circonscrire son rayon d’action. Pour faire bref, pour ne pas vous prendre la tête, je vais laisser de côté la bière et tous les alcools TGV (Tequila-Gin-Vodka) pour m’en tenir au Vin et aux quelques bouteilles qui traînent dans le bar de votre beau-père pour l’apéritif et le digestif.

 

Me voilà maintenant au pied du mur et, pour tout vous dire, bien embarrassé par l’extrême flou des concepts utilisés : c’est quoi le n’importe quoi et c’est qui le n’importe qui. Croyez-vous qu’avec un tel vocabulaire je pourrais postuler pour une chaire au Collège de France ? Comme vous vous tamponnez de mes hautes ambitions, afin d’affiner, comme dirait mon fromager, je vais commencer par tenter de vous dire qui est le qui du n’importe qui ?

 

Le n’importe qui c’est le premier venu, l’inconnu, le tout venant, le beauf, ou pour rester dans le vulgaire le premier con venu. Le père Sartre, toujours sympa, le souligne « C’est dur, hein, de se sentir n’importe qui ? »

 

Pour le n’importe quoi c’est plus simple puisqu’il s’agit d’une tendance lourde des temps présents : dernier exemple la grève de l’entraînement des joueurs professionnels de l’équipe de France annoncée par leur entraîneur lisant un communiqué soi-disant rédigé par eux dans un car.

 

Mes concepts étant à point comme le dit mon fromager de son Pont-l’Evêque et de son Livarot je vais tenter de pousser le bouchon du n’importe quoi vers les rives agitées de nos vins. Pour ce faire je vais soumettre 5 cas pratiques à votre réflexion pour que vous puissiez insérer le produit et ceux qui vont le consommer dans la bonne catégorie :

 

1° Marcel et sa Ginette sortent de leur supérette avec leur pack de « Vieux Papes », de « Listel » et quelques bouteilles de « Kriter » dans leur cabas, y z’ont aussi tout ce qu’il faut pour leur barbecue du dimanche dans le jardin du pavillon. Y sont contents pour une fois que tous les gamins seront là avec leur marmaille.

 

2° Paul-Henri et son épouse Hildegarde achètent leur GCC de Bordeaux en primeurs, ça les excite, c’est vraiment bien mieux que la Bourse avec ses produits toxiques ou pourris, ils s’en donnent à cœur joie même que pour le millésime 2009 c’est de la folie. Vont-ils être obligés de vendre l’un de leur Dufy ou de céder la moitié de leur pur-sang à l’Aga Khan ?

 

3° Chico et Pâquerette, lui est dans la pub, elle dans la mode, sont dans tous leurs états, ils viennent de jeter leur dévolu – acheter est vulgaire pour des alter – sur une superbe petite lignée de vins natures que leur a déniché Paul-Louis un ancien trader reconverti en courtier de vins non-sulfités. Ils bichent, au prochain croque carottes avec leurs potes ceux-ci seront verts...

 

4° Marin et César sortent du salon des VIF de la Porte de Versailles, ils ont fait une belle moisson de petites bouteilles de petits vignerons de petites appellations et ils sont vraiment contents de leur virée. Leur chien Droopy frétille lui aussi. Bonne pioche encore cette année.

 

5° Dumichon qui vit seul sort de chez Lidl avec son BIB de vin de pays d'Oc. C'est un monsieur bien propre, discret, qui lit le Parisien et écoute les Grosses Têtes sur RTL. Son petit verre lui égaie un ordinaire bien ordinaire. Moumousse son gros Persan, lui, il lui offre du Sheba. Et dire que ses enfants ne l'appellent même pas. 

 

Donc, chers lecteurs, que des gens heureux, ou presque !

 

Exemples tendancieux, excommunication immédiate par les zélotes de Bourdieu, je cours et j’assume le risque. Et, pour ceux qui pensent que je n’ai pas répondu à la question de mon titre: « boire bon rend-il moins con ? » ils n’ont pas tout à fait tort mais ils peuvent convenir avec moi que c’était vraiment une question à la con.

 

En effet, derrière tout ça, en parodiant François Mauriac et sa célèbre phrase à propos du « Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es », « il est vrai. Mais je te connaîtrai mieux si tu me dis ce que tu relis » ce qui est sous-jacent est bien le besoin de représentation sociale que beaucoup cherchent dans le vin et sur laquelle beaucoup de gens du vin surfent et il facile d’arriver jusqu’au « Si tu bois et rebois n’importe quoi c’est que t’es n’importe qui... »

Détrompez-moi, Benoît !

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