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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 00:03

 

Chloé, à peine maquillée, avec sa coupe Jan Seberg, tailleur pantalon YSL anthracite, chemisier blanc à poignets mousquetaires, escarpins vernis noir à talons d’acier, affichait la couleur exécutive woman. Lorsqu’elle se présentait à moi ainsi, je lui fis remarquer que, si j’appréciais l’ensemble à sa juste valeur Rive Gauche, je trouvais que sa tenue cadrait mal avec son statut officiel d’oie blanche du Berry. Elle éclatait de son grand rire cascadant. « Mon gentil légionnaire crois-tu vraiment que ce que nous allons faire tous les deux « cadre » bien avec la vie tranquille d’Ingrid et de François Dulong, nés et domiciliés à La Mothe-Beuvron ? Les dés sont jetés mon grand, ils ne peuvent plus reculer, alors peu importe ce qu’ils vont penser ces tas de merde ! Moi j’adore aller à la guerre en gants blancs… » Ce grand con de d’Espéruche buvait ses paroles et il opinait tout en préparant la dotation de jeux neufs que nous devions emporter. Notre stratégie bien huilée semblait imparable restait à la mettre en œuvre et je ne pouvais m’empêcher de craindre qu’un grain de sable ne vienne dérégler notre belle mécanique. Certes nos arrières étaient couverts mais je voulais que nous vainquions par nos seules forces. Ma position forcée de spectateur, d’un jeu dont je ne maîtrisais pas la dramaturgie, me plaçait dans une position étrange. Par tempérament j’aime être dans l’action, influer sur elle, me sentir maître de mon destin. Réduit au rôle d’un coach muet j’allais devoir me réfréner.

Annabelle, l’ex-meneuse de revue, peroxydée, anguleuse, caricaturale dans ses manières de demi-mondaine, nous accueillait dans un froufroutement soyeux. Comme le dirait les sportifs, nous jouions à l’extérieur. Les deux marseillais, costumes rayures tennis croisés, l’un bien en chair et jovial, l’autre sec et taciturne, présentés par la suite comme monsieur Paul et monsieur Albert, nous attendaient en éclusant du whisky. Dotés de tous les attributs du sud, gourmettes pesantes et lourdes chevalières en or jaune pétant, et bien sûr d’un accent qui vous donnait le sentiment qu’ils galéjaient même lorsqu’ils vous annonçaient les pires catastrophes, les deux pros ne purent réprimer un léger contentement d’eux-mêmes lorsqu’ils furent présentés à Chloé qui, en l’occurrence, se prénommait Ingrid. Du petit bois ils allaient en faire de cette gonzesse avec ses grands airs. Trop facile ! Opinion que ne paraissait pas partager Annabelle qui, tout en jouant les maîtresses de maison empressées, ne cessait d’observer Chloé d’un air que je trouvais de plus en plus soupçonneux. Jalousie de femme décatie face à la jeunesse triomphante ou inquiétude réelle face à une fille qui ne cadre pas avec ce qu’elle disait être ? Sans doute un peu des deux mais peu importait car elle ne pouvait, à ce stade, influer sur le cours des évènements. Je n’étais pas inquiet mais en revanche l’absence de cette petite gouape de Dick m’intriguait. En attendant de la hacher menu, monsieur Paul, plastronnait devant une Chloé jouant les radasses de luxe à la perfection, alors que monsieur Albert, bilieux type, le genre à se repaître de toutes les formes du malheur, m’entreprenait sur les circonstances de mon accident. J’allais lui répondre lorsque Dick, pour une fois sapé sobre, entrait flanqué d’un type dont la tête me disait quelque chose.

Mon interlocuteur ne pouvait réprimer un rictus mauvais lorsque, flanqué de Dick, le nouvel arrivant se dirigeait vers nous en étalant sur ses lèvres charnues un sourire obséquieux. En m’ignorant il posait, de manière théâtrale, ses mains sur les épaules de mon marseillais atrabilaire : « Quel plaisir de te retrouver mon cher Paul, ça fait un sacré bail que nous nous sommes vus ! C’était le bon temps de la rue Lauriston. Tu t’en es bien tiré, un pied dans chaque camp, une assurance tout-risque…Les idéalistes comme moi… » Cinglant, je le flinguais en plein vol « Pas de gros mots espèce d’étron gominé ! » Un grand blanc se plaquait sur le groupe. Chloé souriait. La grande Annabelle oscillait. Dick, pivoine, semblait en apnée. Monsieur Paul croisait ses grosses paluches sur sa bedaine avec un certain contentement. Albert, lui, ne pouvait réprimer une bordée de hoquets pleins de postillons qui se projetaient sur le plastron du matamore. Celui-ci me toisait d’un air mauvais. Je ne lui laissais pas le temps de contre-attaquer. « Que t’es les mains sales, passe encore, mais que tu oses t’en vanter ce n’est pas tolérable. Tu remballes tes conneries ou tu repasses cette porte illico. Tu saisis ducon… » Le blanc se transformait en sourde hostilité. Mon ton péremptoire troublait l’assemblée. Pour un pécore de la Mothe-Beuvron je ne manquais pas de coffre. Chloé, toujours aussi sagace, gazouillait « l’important petit frère c’est que monsieur, qui ne nous a pas été présenté, puisse être à la hauteur, après tout l’argent propre ou sale n’a pas d’odeur… »   

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28 février 2009 6 28 /02 /février /2009 00:03

La maison, ouvre une nouvelle rubrique : « documents d’archives » pour publier des textes, souvent désuets, bien écrits, reflets d’un temps, certes révolu, mais où le vin occupait une place centrale dans la vie des français. Au-delà du simple intérêt historique leur lecture permet de mieux comprendre comment se sont structurées, comment ont évolué aussi bien les ligues antialcooliques, les hygiénistes, la médecine de santé publique que les gens du vin. Le malentendu actuel se fonde sur le poids du vin dans la consommation de boissons alcoolisées, le fameux chiffre de la consommation moyenne, la base des buveurs chère à Sully Ledermann, qui en dépit de sa décroissance vertigineuse et surtout la modification radicale des modes de consommation, reste le socle fondateur des politiques de lutte contre l’alcoolisme. C’est une pure politique du rétroviseur qui ne tient aucun compte du non remplacement des gros buveurs et de la nouvelle hégémonie des occasionnels. Avec cette nouvelle base les risques d’addiction alcoolique sont structurellement minorés et la corrélation amoindrie, mais il est plus facile de vivre en maniant des images d’un autre temps que d’avoir le courage d’affronter la réalité.

 

Texte publié en 1926 sous le titre JUSTIFICATION de la publication de l’ALMANACH du FRANC BUVEUR

 

« Pourquoi publier encore un almanach ? Et pourquoi lui donner ce titre de mauvais ton alors qu’il semble nécessaire, de plus en plus, de plier le genou devant les tenants d’une excessive modération ?

La vague d’imbécillité, qui depuis la guerre nous roule comme des fétus, tend à rejeter bien loin, ur le sable sec des dunes, tous ceux que n’ont pas étouffés les flots d’une jouissance bestiale, ou les tentacules des pieuvres chimiques. Par crainte de se confondre avec les intoxiqués de tous ordres, les hommes sacrifient à l’idole Abstinence. Rééditant Gribouille, ils se privent de la vie pour ne pas risquer de la perdre. Entre les deux camps souffle une cruelle bise de mépris. Il faut être bien solide ou bien couvert pour n’y pas succomber.

Ainsi l’humanité court à sa perte avec le minimum jouissance, car si l’abstinent ne connaît qu’une joie sadique et malveillante, l’ivrogne gâte par sa brutalité les meilleurs plaisirs que puisse légitimement goûter la carcasse humaine.

Dans l’espace immense dégagé par ces deux troupeaux massés vers leurs pôles, nous avons la prétention de nous ébattre librement, goûtant la vie et ses trésors dans la mesure de nos moyens, sans qu’aucun plaisir ne nous impose le refus d’un autre. Vivre sans joie ou dans l’esclavage d’une passion, que les jours soient rares ou nombreux, ce n’est pas vivre, et nous retournons leur mépris à ces ilotes antagonistes annhilés par la bestialité ou par la peur.

Il est entendu que certains abstinents sont hors de cause, ceux dont le régime est exactement conforme au caractère et ne doit rien à une règle formulée ; mais pour les autres, dont l’action stérilisante et funeste pour l’esprit autant que l’alcoolisme pour le corps, mais pour tous ceux qui se sont jetés dans la dévotion, par crainte et par faiblesse, nous ne saurions avoir plus de considération que pour les faibles de l’autre bord, qui du moins n’ont pas menti à leur tempérament. Nous les fuyons tous également, pour vivre avec les hommes capables de vivre sans code, de boire à leur mesure ou à celle de l’occasion, jusqu’à se griser s’il échet, assurés qu’ils sont de reconquérir sans la moindre lutte leur équilibre intégral. »

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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 00:06

 

 

* la formule est attribuée par les auteurs à Pierre Le Grand qui boit brutalement « à la cosaque »

Dans l’excellent et très gouteux petit livre de Corinne Lefort et de Karine Valentin : « Grands Palais 2500 ans de passion du vin » Les Idées Claires   www.lesideesclaires.net / 287 pages 27 euros - avec une photo, en première de couverture, géniale : Jacky Kennedy née Bouvier, summum du chic à la française, face au Général en grand habit et lunettes lors de la réception à l'Elysée en 1961, un must absolu - de nos 6 présidents de notre Ve République, seuls, le père fondateur de la nouvelle République : Charles de Gaulle, son successeur Georges Pompidou et leur « éternel » opposant François Mitterrand, y trouvent place. Normal, tous ceux dont il est question dans le livre sont morts. Cependant, si elles  avaient souhaité disserter sur les 3 autres, la tâche n’aurait pas été aisée. Valéry Giscard d’Estaing, bon vivant, qui s’est intercalé entre le président Pompe et Tonton, seul survivant, souffre d’une étrange amnésie de la part des français : beaucoup ont oublié qu’il fut un jeune et fringant président adepte de la marche à pied, des petits déjeuners avec les éboueurs, des invitations chez les français et bien sûr de l’accordéon. Pour Jacques Chirac, grand ripailleur et tâteur de culs des vaches, l’histoire ne retient que son goût pour la bière, même s’il affirmait aimer les bons vins. Pourtant il existe en Corrèze un domaine Chirac qui produit du vin paillé. Pour notre président actuel, hormis une incursion chez Alphonse Mellot à Sancerre pendant la campagne présidentielle, l’univers de notre nectar ne lui semble pas familier mais la nouvelle première dame pourrait bien convertir cet amateur de cigare.

En dehors de nos présidents, ces dames passent en revue de grands hommes, une femme : Colette, et deux autres : Jacky Kennedy et Marie-Antoinette en compagnie de leur homme, de Toutankhamon à Kennedy, en passant par nos grands rois : Charlemagne, François 1ier, Louis XIV, nos grands philosophes : Montesquieu et Voltaire, Mozart, Napoléon et Nelson, Dumas et Hugo, Pasteur bien sûr, Picasso et Buñuel et bien d’autres.   Pour vous mettre en appétit je vous propose des extraits, en sachant que les anecdotes historiques sont de la plume de Corinne Lefort et que les morceaux choisis des dégustations imaginaires : Le vin du retour sont de celle de Karine Valentin. (les titres en gras sont de moi).

 

De Gaulle avant tout un militaire : « Pour Charles de Gaulle, les préoccupations d’ordre culinaire et œnologique étaient secondaires. Que ce soit à l’Elysée, dans sa maison de Colombey-les-deux-Eglises ou lors de ses successifs commandements militaires à l’étranger – Trèves, Istanbul –, son épouse, tante Yvonne, ainsi appelée affectueusement par les français veillait à ce que le table familiale soit substantielle, et le vin une simple présence. »

 

[…] Par contre lorsque Yvonne, en bonne chrétienne, décidait de faire maigre le vendredi et dissuadait ainsi le sommelier de servir du vin blanc au Général, celui-ci tempêtait à son encontre en lui rappelant qu’un militaire pouvait se dispenser de se plier à cette pratique. »

 

Le vin du retour : […] « Que le sixième président de la Ve République française ne boive quasiment pas de vin n’est pas en soi un problème majeur pour l’Etat français. Toutefois, le patrimoine viticole se doit d’être préservé et, en son honneur, les caves de l’Elysée méritent des égards, sous peine de voir la chienlit s’installer dans les régions viticoles […]

De Gaulle souhaite constater par lui-même que la cave de l’Elysée est toujours digne de représenter le vignoble français […]

Le général descend avec Joël Normand et […] pour sceller leurs retrouvailles les deux hommes ouvrent une Cuvée Grand Siècle de Laurent Perrier.

Ce n’est pas celle que le Général préfère mais Joël Normand sait qu’elle lui doit son nom. Lors de sa création en 1957, Bernard de Nonencourt, président de la maison Laurent Perrier, avait demandé à de Gaulle son avis pour la baptiser. On était à la veille de la naissance de la Ve République, la cuvée magnifique était un assemblage des meilleures années et des meilleurs crus de Champagne. De Gaulle répondit « Grand Siècle, Nonencourt, Grand Siècle ! »

 

Pompidou le normalien de Montboudif passé par la banque Rothschild : « Georges Pompidou nous apparaît comme un amateur de bonne chère et de valeurs fleurant bon la France rurale, celle de la gastronomie et des vins qu’ils soient grands crus ou simples vins de terroirs. Il aimait autant les repas pris à la campagne que les dîners mondains. Selon les tables, il s’y montrait en dégustateur averti de grands crus ou curieux des plaisirs gouleyants de vins robustes ou d’appellations régionales […]

 

[…] C’est ainsi que sous sa présidence en 1973, le Château Mouton-Rothschild bouleversera l’ordre immuable du classement de Grands Crus du Médoc en se voyant autorisé à passer au rang de 1er Grand Cru de Pauillac sur arrêté ministériel, signé alors par Jacques Chirac en charge de l’Agriculture. »

Le vin du retour : Moulis-en-Médoc 2005, Château Poujeaux

Je ne vous livre que la chute, mais l’histoire est savoureuse. Elle a pour cadre un compartiment de 1ière classe d’un train partant de Bordeaux : « Il – Pompidou – aimerait allumer une cigarette mais toujours, ce panneau d’interdiction de fumer sur la porte du wagon. Dubitatif sur l’évolution des libertés dans ce XXe siècle naissant, l’homme fort de 68  se rassure en dégustant son poujeaux 2005 : « Au moins, l’interdiction de boire du vin dans les lieux publics ne pourra jamais être instaurée dans la France viticole ! »

 

Mitterrand le fils du vinaigrier de Jarnac élevé chez les bons frères : « François Mitterrand, que l’on peut qualifier de fin gourmet, appréciait il est vrai, la cuisine plutôt allégée et savoureuse. Il buvait modérément, se contentant de quelques gorgées de chablis, de Clos des Mouches de Beaune, de meursault ou encore du puligny-montrachet Clos du Cailleret, sans pour autant prétendre à devenir un connaisseur. Mais son attitude à table dépendait surtout de celui ou de celle qui partageait son repas. Il se comportait alors en modeste ou bien en grand aristocrate […]

Amateur invétéré de crustacés et de poisson, l’ex-député de la Nièvre avait instauré pour ses proches et ses nombreux courtisans un incontournable déjeuner dominical dans un salon privé du chef étoilé Jacques Le Divillec. Confiant dans sa cuisine, il laissait le soin aux sommeliers de lui choisir les meilleurs sancerres ou les vins de Loire pouvant accompagner le fin des fins des saumons, les douceurs des coquilles St Jacques ou le blanc de langoustine au pistil de safran. »

 Le vin du retour : Cuvée Pierrefolle, Pouilly-Fuissé, Château des Rontets

« La discrétion poussée jusqu’au secret laisse l’homme seul, le vigneron s’est retiré, tout juste averti de la venue de cet amateur mystérieux. Il se sert, hume longuement le vin, examine la couleur et boit lentement une gorgée, deux, repose le verre. Le vin concentré, complet, à la finale minérale, le séduit. Il s’adresse au chauffeur d’un air entendu : « Cette couleur, c’est l’ocre des fresques romanes. A la Chapelle aux Moines de Berzé-la-Ville ! »

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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 00:04

Éric Orsenna, page 315 de son livre « L’avenir de l’eau », déclare tout de go, avec jubilation, et une belle mauvaise foi : « j’en avais marre de l’eau […] de son sérieux, de sa fadeur, de sa pureté et, par-dessus tout, de son IMPORTANCE. Un impérieux besoin de PLAISIR m’était soudain venu. Le genre d’appel auquel je n’ai jamais su résister, et moins encore aujourd’hui que l’âge vient.

Bref j’avais envie d’une récréation.

Voilà pourquoi, le 17 janvier 2008, je pris le train pour Dijon, en savante compagnie de mes amis du bureau de l’Académie du vin de France, pour l’une de ces « voyages d’études » qui agrémentent fort l’existence. Bernard Pivot s’était fait excuser. Une mauvaise bronchite. Oh ! comme nous l’avons plaint.

En Bourgogne, on appelle »climat » une entité géographique : composition, texture et profondeur du sol ; mais aussi exposition de la parcelle, altitude, degré d’inclinaison… Le mot « climat » dit mieux et plus que le mot « terroir ».

Le climat que je veux saluer se trouve sur les Côtes de Nuits, à mi-pente, comme tous les grands crus. Plus haut, l’eau ruisselle trop, la terre s’assèche trop vite. Plus bas, l’eau stagne.

Ce climat mesure 1,8 hectare et ne produit que six mille bouteilles (les bonnes années, car les mauvaises, comme en 1968, on ne vinifie rien…).

Le prénom de ce climat, c’est Romanée, par référence à l’occupation romaine… Son nom, c’est Conti : il vient de la famille qui, longtemps, posséda le domaine.
Sous la conduite du maître des lieux, Aubert de Villaine, nous avons parcouru les vignes. Puis, dans la cave, à la lumière des bougies, religieusement dégusté. Comme à son habitude, Jacques Puisais, notre génial chimiste promenait son pendule sur les millésimes pour tenter d’en percer les mystères.

Les autres vins soulignent les saveurs ou les parfums qu’ils offrent. Ils font la roue. Ils bavardent, commentent, précisent : maintenant je sens la violette ; vous avez reconnu le goût de griotte ? Et là, que dites-vous de cette bouffée de framboise ? Soyez francs, aimez-vous cette brève irruption de pain grillé, de vieux cuir ?

La Romanée Conti rassemble. Bien malin – ou menteur – celui qui distingue. Chacune des composantes est trop intimement liée aux autres. On passe de l’une à l’autre insensiblement, les barrières des frontières sont levées. On qualifie la Roman ée Conti de « vin complexe ».À l’évidence. Mais qu’est-ce-que la complexité sans l’union ? Et qu’est-ce que la diversité sans l’équilibre ?

Les autres vins s’épuisent, même les plus riches. Il arrive un moment où l’on arrive au bout des saveurs. Fin du parcours.

La Romanée Conti poursuit. Nous nous promenons parmi les fruits, nous voici dans la forêt, à humer les sous-bois. Le gibier n’est pas loin. Bientôt, nous plongerons dans la terre, en nous approchant de la truffe. Et voici que nous partons pour une nouvelle escale, la réglisse. D’autres vont suivre. Heureusement que notre planète est ronde, nous ne reviendrions jamais.

Et puis, brusquement, alors que vous croyiez avoir épuisé tous les plaisirs connus, vous arrive un miracle, une caresse, une douceur, le souffle d’un pétale de rose juste avant quelle ne fane.

De tout cœur, je vous souhaite ce voyage une fois, rien qu’une fois dans votre vie. »

 

Voilà bien un académicien, malicieux et fort courtois qui sait vivre et écrire, dégustateur modeste et éclairé, je ne sais si l’un des locataires du 78 rue de Varenne a eu l’heureuse initiative de l’élever dans l’un des grades du Mérite Agricole – le vert du poireau et celui de son habit formeraient un bel ensemble – pour ma part, ayant souvent présidé le Conseil de l’Ordre, en lieu et place de mon Ministre, je l’y verrais bien. Qu’en pensez-vous mes chers lecteurs ? Dois-je actionner notre Ministre ?

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25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 00:03

Après deux jours à nous prendre le chou pour cause de riposte à ceux qui nous veulent du bien : une petite pause pour nous détendre avec cette sombre histoire de meurtre, celui de René Paquet du très connu et unique Guide des vins Paquet&Paquet. Voici les dernières paroles du regretté René Paquet.

 

« Coteaux du Crapaunais rouge 2001. Cuvée Réservée. Élevé en fût de chêne… Domaine du Castel de la Gerbe. À l’œil : MMM… Robe cerise violacée avec déjà des traces d’évolution brune perceptibles sur les bords du verre. Le nez est discret : on décèle après un moment d’aération… quelques aromes convenus de fruits noirs, de réglisse et de poivre. À l’attaque en bouche, ça se gâte… Que dire ? Hum… Une sorte de limonade de raisin où baigneraient des copeaux de chêne. Un milieu de bouche où quelques tanins anémiques soutiendraient vaille que vaille une sorte de bourbier confituré façon grand-mère alzheimerée… Et en final, le palais s’engluerait dans l’ennui d’une compote sans autre persistance que l’idée de se laver les dents au plus vite… 5/20… et je suis généreux mon bon Lucien…

 

-         Si vous voulez mon avis, monsieur, cette cave sentait le tripatouillage de cuve à plein nez… l’additif de circonstance et le frelaté pervers…

 

-         Je l’affirme donc haut et fort : après en avoir visité toutes les caves et goûté tous les vins, force est de constater que le Crapaunais est décidément une région viticole sans grand intérêt, peuplée de vignerons à la moralité douteuse et qui seraient bien inspirés de se reconvertir dans le commerce de solvant industriel au vu des dégâts que, j’imagine, leur vin est capable de faire à mon appareil digestif.

 

-         Oh, la… La, vous êtes dur patron… Très dur… Vous allez nous provoquer une crise de l’emploi dans le Crapaunais… Ça sent l’arrachage de vigne, le chômage et son triste cortège de misère…

 

-         - Le guide des vins Paquet&Paquet est une référence, Lucien, une bible qui ne souffre aucune concession humaine, sociale ou politique ! Nous rentrons à la maison Lucien. »

 

J’adore. L’enquête va être menée par le célèbre inspecteur Canardo qui continue de cloper du bout du bec. C’est du grand SOKAL. Les personnages sont des pièces d’anthologie : Lucien le chauffeur qui « travaille pour la maison Paquet depuis plus de 30 ans… » et dont Raymond Paquet le frère du défunt dit qu’ «  Il est délégué syndical et je crains qu’il ne soit à jour de cotisation dans quelque parti prolétarien pittoresque… » Les frères Paquet d’extraction modeste et Raymond décrit sa vocation « Mon père était un petit ouvrier qui se saoulait sans arrêt au mauvais vin… Snif… L’odeur de vinasse a noyé notre enfance. Sachez mon ami , que je ne supporte plus désormais que la fréquentation des Grands Crus Classés… Le vin de table me donne des boutons…À ce titre mon frère était plus costaud que moi : son organisme tolérait encore le vin de pays… C’est sans doute ce qui l’a perdu. »

 

Tout est de ce tonneau. Si vous ne possédez pas ce bijou sorti en 2003 chez Casterman sachez ce qu’il vous reste à faire… On le trouve facilement sur les sites d’achat d’Internet. Bonne journée.



Le fameux recrachage par le nez avec récupération linguale de Raymond Paquet

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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 00:04

Monsieur le Président de la Ligue contre le Cancer,

 

Je n’ai pas l’honneur de vous connaître mais ayant fait parti, pendant un temps, du Comité de la Charte dont votre association faisait partie au même titre que l’ARC, les Restaurants du cœur et les 40 plus grandes associations caritatives faisant appel au don public, je sais que vous êtes une institution sérieuse qui travaille depuis longtemps à combattre le Cancer.

J’étais présent le dimanche 16 novembre lors de la Vente des Hospices de Beaune, et plus précisément au grand moment de la Vente à la bougie – comme au bon vieux temps - du tonneau que, depuis 1945, les Hospices de Beaune mettent aux enchères pour soutenir une ou plusieurs œuvres caritatives. On la dénommait « pièce de charité » c’est désormais la « pièce des présidents » : cette année Jean-Pierre Marielle et Michel Blanc, flanqués de Sophie Vouzelaud 1ière dauphine de Miss France, une frêle et volontaire jeune fille affectée d’une surdité de naissance. Cette année cette pièce était un Pommard 1er Cru « Dames de la charité ». Marielle soutenant la Ligue contre le Cancer et Blanc lui l’association Enfants d’Asie qui vient en aide à plus de 8000 enfants, orphelins ou en situation de détresse au Cambodge, au Laos, au Vietnam et aux Philippines.

Pour ne pas trop rallonger mon courrier je cite un extrait de ma chronique : « Les enchères virevoltaient, 20 000 devant, 35000 ici, 40 000 au fond, le commissaire-priseur se prenait pour Karajan, je retenais mon souffle comme si par je ne sais quel sortilège je prenais le parti de mon énigmatique voisin écossais. Ils n’étaient plus que deux, dont mon favori. Un blanc, le temps suspendait son vol, l’enchère à 50 000 et, il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que ce serait le prix de marteau de la pièce que je préfère appeler « pièce de charité ». Adjugé à : James Thomson, mon inconnu récupérait une identité. À la tribune, entouré des deux présidents, notre homme, se fendait d’un bref petit speech en anglais. Manifestement mon favori n’était pas du genre à faire étalage de sa générosité. Il avait déjà acquis, en 2004, la pièce de charité, un Mazis Chambertin Grand Cru " Cuvée Madeleine Collignon" »

Voilà donc 50 000 euros, dont une belle partie irait conforter vos efforts, Monsieur le Président. Mon bonheur serait, comme le vôtre, parfait si ces derniers jours je n’avais découvert dans la presse les propos étranges du Directeur Général de la Santé, du Président de l’INCA et d’une sous-fifre de l’INRA. Que lis-je dans la presse : « pas un seul verre… » Je traduis « même pas un de Pommard 1ier cru « dames de charité ». Vous vous êtes donc associé, monsieur le président, à une entreprise de perversion du bon peuple de France. Vous avez pactisé avec « des bootleggers bourguignons » Auriez-vous ramassé de l’argent « sale » issu du commerce pernicieux de ces marchands du Temple ? À aucun moment je ne mets en doute votre bonne foi et soyez sûr que suis à vos côtés pour affronter l’opprobre de ceux qui manient avec une légèreté blâmable d’études qui, quand on prend, comme moi, la peine de les lire, ne disent pas ce qu’ils disent.

Bref, Monsieur le Président, je ne vais pas m’étendre mais, au passage, ne pensez-vous pas que le Directeur de la Santé devrait prendre une mesure administrative de fermeture des Hospices de Beaune puisque ces établissements vivent du produit de leurs vignes, donc de la destruction de la santé du bon peuple de France et d’ailleurs – mais d’eux Houssin s’en fiche ils sont hors sa circonscription administrative ? Le Cancer est un mal trop sérieux pour que la lutte menée contre toutes ses formes tombe dans une communication faisant la part belle au sensationnel, à la mise en avant d’interdits d’un autre âge. C’est faire injure au sens des responsabilités de nos compatriotes. C’est nous transformer en un troupeau triste et soumis. D’ailleurs, lors du déjeuner qui succédait aux AG de l’ARC, où je participais en tant que censeur de l’association, il y avait du vin servi au buffet. Nous étions dans le domaine de la raison et non dans celui du slogan.

Je m’en tiendrais là, monsieur le Président, et comme vous avez pu le constater il n’y avait dans mon propos aucune agressivité mais une certaine tristesse de voir que dans notre beau pays nous en soyons encore à ce niveau de débat. Que la stigmatisation de ceux, pères et mères de famille eux-aussi, que l’on encense par ailleurs pour leur rôle éminent sur nos beaux territoires viticoles, pour leur contribution à une richesse nationale mise à mal par la mondialisation, soit ainsi maniée en des conférences de presse peuplées de journalistes conquis, ne semble une lâcheté indigne de serviteurs de l’Etat.

Sans trop savoir si ce courrier parviendra jusque sous vos yeux je vous prie tout de même d’agréer l’expression de mes salutations les meilleures.

 

Jacques Berthomeau  


Note de bas de page :
LaNutrition.fr a recueilli l’avis de Michel de Lorgeril, cardiologue et nutrionniste, chercheur au CNRS à Grenoble : « il n’existe pas à ce jour de démonstrations scientifiques absolument intangibles dans un sens positif ou négatif car il manque un argumentaire décisif en recherche médicale humaine, l’essai clinique, qui seul peut montrer des relations de causalité indéniables ». Manque d’étude ou divergences de points de vue ? Les parties en opposition devraient peut-être régler leurs différends autour d’un verre...

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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 00:59

 

Nos grands experts de Santé Publique, à défaut d’être efficaces, sont de grands communicants. Emmenés par l’inénarrable Didier Houssin directeur d’une DGS, qui s’est illustrée lors de la canicule par son sens de l’anticipation et de l’humanité, suivi de Dominique Maraninchini de l’INCA dont j’espère qu’il tirera moins sur les notes de frais que son prédécesseur David Khayat débarqué en 2006, et d’une soi-disant directrice de recherche de l’INRA Paule Martel, ces maîtres de notre santé nous ont joué leur partition habituelle. « Pas de dose protectrice» pour le premier. « Les petites doses, avec leurs effets invisibles, sont les plus nocives » pour le second. « Toute consommation quotidienne de vin est déconseillée » surenchérit la dame de l’agronomie qui doit sans doute encore porter des pantys.

 

Profitant de la sortie de la brochure : Préventions Nutrition& Préventions des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations  destinée aux professionnels de Santé qui remplace une première édition parue en 2003  intitulée « Alimentation, nutrition et cancer : vérités, hypothèses et idées fausses ». Ils nous ont refait le coup du premier verre. Le n’y touchez jamais. Bref, sur un sujet aussi sensible dans la population qu’est le cancer ils étaient sûrs de leur effet.

 

Pour ceux qui en auront le courage je vous propose l’extrait concernant l’alcool. Rien de nouveau sous le soleil. Extrapolations, amalgames, le convaincant et le probable de leurs statistiques amalgamées et invérifiables sont érigés en oukases. Ces messieurs, veulent terroriser le bon peuple. Ils ont tort. La communauté scientifique médicale, que je respecte, ne peut s’ériger ainsi en pouvoir dictant les règles de conduite de la vie des hommes en Société. C’est un abus de pouvoir car il n’y a pas de contre-pouvoir. Les détenteurs de la « Science » se contrôlent entre eux et dans le domaine de certaines études le doute est plus que permis sur leur méthodologie. De grâce revenons à la raison nous sommes déjà dans une société hautement anxiolytique alors n’en rajoutons pas messieurs une couche supplémentaire.  

 

Ils  « s’appuient » sur le rapport du WCRF/AICR « Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer : a Global Perspective »3 qui a été publié en novembre 2007, à l’issue d’une expertise collective internationale de grande envergure, et qui était l’actualisation complète du premier rapport publié en 1997, il fait le point des connaissances dans le domaine des relations entre nutrition et cancers. Ce rapport a été analysé par moi-même aussitôt. Je vous redonne ci-dessous ma chronique de l’époque. Sans vouloir ramener ma fraise je suis en droit de m’interroger sur l’utilité de certains payés pour ça et qui ne sont même pas capable de faire ce travail c'est vrai que c'est plus rigolo de se payer des 4X3 dans le métro...

 

Voici ma chronique du 9 janvier 2008

"Les morts des « suites d’une longue maladie » peuplent notre quotidien. Le cancer, les cancers de tout acabit emportent nos proches, nos amis, nos enfants et l’odieux chancre fait peur. La lutte contre le cancer est donc, à juste raison, une grande cause nationale mais, à trop vouloir agiter des épouvantails, formes modernes des spectres, à trop vouloir prouver, les scientifiques, toujours à la recherche de liens de causalité pour prévenir le mal, se coupent du corps social, lui donnent le sentiment de le priver des plaisirs de la vie, de l’assimiler aux souris de leurs laboratoires, de le réduire à des séries statistiques aussi froides que les murs de leurs hôpitaux.   La complexité de la vie, la diversité de nos modes de vie, les écarts qui se creusent à chaque extrémité de l’échelle sociale, l’extrême hétérogénéité des situations économiques et sociales nées de la mondialisation, font que les méta-analyses, chères à nos chercheurs, sont à manier avec bien des précautions. La mise en ligne du rapport « Alcool et risques de cancers » : état des lieux des données scientifiques et recommandations de santé publique est caractéristique de l’effet « tour d’ivoire » caractéristique de ces expertises scientifiques qui font subir au mot risque des glissements sémantiques qui n’ont rien de scientifiques.

 

(voir ma chronique du 22:09/2006 


- Vivre tue

 

et celle du 22/11/2006 


- Le risque

 


La part de risque, celle que tout individu se doit d’assumer aussi bien en tant que personne exerçant sa responsabilité individuelle et en tant que citoyen enserré dans un corps de règles de vie en commun, est toujours difficile à quantifier.

 

L’excès, même s’il prête à interprétation, est assez facile à identifier : l’abus de consommation alcoolique est chiffrable. En revanche, la plage entre l’abstinence et la consommation modérée a des contours difficiles à délimiter. En ce domaine, comme dans tous les autres, le mieux est l’ennemi du bien : prôner, comme le Pr Houssin, la prohibition, relève d’une conception infantilisante de la société. Le n’y touchez jamais est l’équivalent du « cachez-moi ce sein que je ne saurais voir », pure hypocrisie et méconnaissance dramatique des ressorts profonds de l’être humain.

 

Nos politiques de santé publique, si elles ne veulent pas se réduire à de piètres campagnes de communication, doivent se frotter à la société telle quelle est et non, continuer de véhiculer des présupposés idéologiques. L’entre-soi, qui vaut aussi bien pour les hygiénistes que pour ceux d’entre-nous qui font semblant d’ignorer les méfaits de l’alcoolisme, n’est plus de mise dans une société démocratique. Même si ça choque les beaux esprits pudibonds, je préfère le modèle politique à l’ancienne, bon vivant, soucieux des libertés publiques, aux tenants d’une société pure et dure, liberticide où le risque de mourir n’est plus assumé.

   

 

Pour ne pas être en butte aux critiques des « scientifiques » j’ai lu les 60 pages de l’expertise collective et je vous en livre quelques morceaux choisis.
 

Page 11 

 

AUGMENTATION DU RISQUE DE CANCERS

 

Depuis plusieurs décennies, les études épidémiologiques ont montré clairement que la consommation de boissons alcoolisées augmente, chez l’homme et la femme, le risque de cancers, dont certains sont fréquents en France.

 

La consommation de boissons alcoolisées augmente fortement le risque des cancers des voies aérodigestives supérieures* (VADS). Le niveau de preuve est jugé convaincant.

 

La consommation de boissons alcoolisées augmente le risque de cancer du foie, généralement après le développement d’une cirrhose alcoolique.

 

Les études récentes montrent également une association entre la consommation d’alcool et le risque de cancer du sein chez la femme, et le risque de cancer colorectal dans les deux sexes. Bien que l’augmentation du risque soit modeste, en raison de l’incidence très élevée de ces cancers en France, la prévention ciblée sur ce facteur de risque contribuerait également à réduire fortement l’incidence et la mortalité des cancers liés à l’alcool.

 

Pour d’autres types de cancers, le rôle potentiel de l’alcool est moins bien établi.


Page 13 

 

1. INTRODUCTION GÉNÉRALE

 

Les cancers sont des maladies multifactorielles impliquant des facteurs individuels et des facteurs environnementaux au sens large. Le développement de  ces maladies se déroule généralement sur une ou plusieurs décennies. Pour identifier les facteurs de risque ou de prévention il faut faire appel à différents types d’études. Les études épidémiologiques d’observation (études cas-témoins, études de cohortes) permettent d’établir des associations entre l’incidence des cancers et certains facteurs de risque. Les études  expérimentales sur animaux ou cellules permettent de proposer des mécanismes biologiques plausibles. Pour les facteurs de risque (y compris l’alcool), pour des raisons éthiques, on ne peut entreprendre des études d’intervention chez l’Homme qui permettraient d’établir facilement la causalité entre le facteur étudié et le risque de cancers. Dans ce cas, la causalité est démontrée par le grand nombre et la cohérence des résultats des études cas-témoins et des études de cohortes, confortés par des mécanismes biologiques vérifiés. Selon les données disponibles, le niveau de preuve sera jugé convaincant, probable, possible ou insuffisant [WCRF, 1997].

Page 37 : ces petits crobars quantifient le risque selon la dose ingurgitée, on peut remarquer malgré le flou qu'à dose zéro le risque est souvent équivalent jusqu'à 20g/jour...


Vaches-001-copie-2.jpg

 

Page 40 à propos des bienfaits du vin sur MCV


Par ailleurs, il est également apparu que les relations  entre alcool et MCV ainsi que les relations entre types de boisson alcoolisée et MCV sont complexes. En particulier, divers facteurs alimentaires et socioculturels, qui sont difficilement dissociables de l’effet lié à l’alcool proprement dit ou à tel ou tel type de boisson alcoolisée [Tjonneland, 1999; Reynolds, 2003], ne sont généralement pas pris en compte dans les études comme facteurs de confusion. C’est ce que démontre l’étude de Ruidavets les consommateurs d’une quantité modérée de boissons alcoolisées (1 à 19 g/j) et les buveurs de vin ont une alimentation et un style de vie plus favorables à la santé que ceux qui n’en consomment pas et que ceux qui en consomment plus. Il est donc possible que l’association de la consommation modérée d’alcool ou de vin avec la faible incidence de MCV résulte en fait de l’effet du profil alimentaire et du style de vie favorable qui caractérise les consommateurs d’une quantité modérée de boissons alcoolisées et les buveurs de vin [Johansen, 2006].

 

 

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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 00:42

 

Du poker je ne connaissais que les images du film « Le Kid de Cincinnati » où mon idole Steve Mac Queen, le jeune et beau kid de Cincinnati, affrontait le vieux Lancey Howard, Edward G. Robinson, un maître incontesté du poker. Autant avouer que je n’y bitais que dalle. D’Espéruche me rassurait, les Marseillais jouaient un poker classique, qui est  le plus ancien, celui que l'on voit dans les vieux films de western, le fermé, où les joueurs qui reçoivent les 5 cartes sont les seuls à les voir. Assimiler la valeur des cartes, les combinaisons gagnantes, leur hiérarchie et les règles de base ne me paraissait pas insurmontable, suivre le jeu et bluffer non plus, mon handicap principal étant que je maniais les cartes comme un branque. Les pros ne s’y laisseraient pas prendre. Indifférente à mes tourments Chloé, dans sa tenue préférée, la nudité totale, finissait de se faire les ongles de pieds en sifflotant l’Internationale, ce qui avait l’heur d’exaspérer d’Espéruche. En l’observant du coin de l’œil, pendant que la culotte de peau s’échinait à m’enseigner l’art du brassage et de la coupe des cartes, je percevais dans son air faussement détaché une once de provocation. Impression confirmée lorsqu’elle sollicitait d’Espéruche en minaudant : « François vous seriez un amour si vous veniez souffler sur mes ongles pour hâter le séchage… ». Tendant ses longues jambes elle frétillait des doigts de pieds ce qui, comme elle avait glissé entre chacun d’eux une poupée de coton, ne manquait pas d’électriser mon professeur de poker. Sans demander son reste, Franchey d’Espéruche balançait les cartes sur la table et venait s’agenouiller au pied de Chloé qui, en tortillant son popotin, me toisait : « mon beau légionnaire si tu étais, comme tu le crois, indemne de tout machisme, tu m’aurais proposé pour la partie de demain soir. »

D’Espéruche lui baisa les pieds avec frénésie. La scène prenait un tour obscène lorsque cette vieille ganache, au lieu de s’en tenir à sa démonstration de reconnaissance, crut bon d’abjurer ses profondes convictions antiféministes. Emporté par l’élan de sa violente contrition il se grisait de mots qui d’ordinaire lui écorchaient la gueule. Contente d’elle Chloé s’épouillait. Les petits boudins de coton maculés de vernis jonchaient le tapis. Sans même qu’elle ne le lui demandât d’Espéruche se précipitait vers notre cabinet de toilettes pour en rapporter un peignoir de bain blanc, siglé CP en lettres d’or, qu’il l’aidait à passer en protestant encore de sa reconnaissance éternelle pour ce qu’elle allait entreprendre pour lui. Je réfrénais mon envie de le remettre à sa place car je craignais de me faire contrer par l’intraitable Chloé qui, comme d’ordinaire, reprenait toujours la main avec maestria. Elle se roulait un petit joint. D’Espéruche lui présentait la flamme de son briquet. Le grésillement caractéristique très vite doublé du parfum âpre du chanvre ne troublait pas le partisan de l’ordre moral et des valeurs millénaires de l’Occident chrétien. Il béait d’admiration en regardant Chloé manipuler, avec un doigté fluide, les 52 cartes d’un jeu neuf qui se trouvait sur la table. En m’asseyant face à elle je soupirais fataliste: « en plus de tout… tu sais jouer au poker…tu n’en finiras jamais de m’étonner…»  et je l’entendais me répondre, pince sans rire : « rassure-toi mon beau légionnaire, il n’y a qu’une seule chose que ma mère m’est appris aux cartes c’est à tricher… »

La grande maison, plus exactement l’étoile montante des RG, le protégé de Marcellin, le commissaire Bertrand, qui commençait, telle une fourmi besogneuse à accumuler des fiches sur la volaille politique, s’était fait un plaisir de me communiquer par radio l’essentiel du pedigree de la table que Chloé allait devoir affronter. À l’exception de Dick, doté de plusieurs condamnations pour attentat à la pudeur, rien que des braves gens, dépourvus de casier, mais connus pour bénéficier de la protection du plus discret et du plus influent caïd de la cité phocéenne qui recyclait le blé de la French Connection dans le béton de la Côte d’Azur. Les Frenkel, désireux de pouvoir jouer les blanchisseurs, toléraient leur présence sur leur croisière à la condition qu’ils plument la volaille sans faire de vague. Pour faire avaler, sans éveiller de soupçons, mon retrait de la table et mon remplacement par ma sœur, le médecin du bord me plâtra le bras droit. Le beau Dick vendit mon accident avec conviction. D’Espéruche ravi et converti à la fumette soumettait Chloé à un entraînement intensif et très vite la quinte flush royale et le full aux rois passant par les 10 n’avaient plus de secrets pour elle. Quand au bluff, nul besoin d’entraînement, elle le pratiquait avec un naturel hautain et implacable. Plus l’heure de la partie s’approchait plus nous étions excités comme des puces. L’adrénaline y’a que ça de vrai.

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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 00:12

En rangeant des vieux livres j’ai retrouvé la réédition de 1958 de « La Vendée » de Louis Chaigne (1ière édition 1935). Je l’ai feuilletée et j’y ai retrouvée les traces de ma jeunesse sauvageonne. Alors, ce matin, sans tomber dans la nostalgie, je vous fais entrer dans mon bourg natal, La Mothe-Achard, par la route de Nantes, celle qu’empruntaient les cars Citroën reliant la capitale de la Bretagne aux Sables-d’Olonne. J’espère que vous partagerez avec moi un peu de ce parfum d’enfance que seuls les noms de lieu, par-delà les bouleversements du temps, sont capables de restituer.

 

« Devant nous, c’est le Bocage, un Bocage moyen, modéré, qui se dénude aux approches de la mer. Les Moulières : ce gros village aux maisons modestes se tient en avant-garde de la Mothe-Achard. La route toute droite, sans détour, est comme lustrée. Déjà l’horizon s’élargit. On aperçoit les lointains estompés qui recouvrent l’océan.

La Mothe-Achard, arrosée par la discrète Auzance, est un gros bourg commerçant qui bénéficie des allées et venues de la Roche aux Sables. Riche d’histoire avec son ancienne baronnie qui fut, comme Tiffauges, un fief de Gilles de Retz, il ne comprend guère qu’une seule rue. Vêtu de beaux arbres, le château de la Forêt, demeure des Brandois, est devenu, sous l’égide des Frères de Saint-Gabriel, une école d’agriculture qui renouvelle, peu à peu, la Vendée paysanne. C’est le soir qu’il faudrait venir là tendre l’oreille au silence émouvant de la campagne, se prêter au recueillement universel, saisir dans l’arrêt apparent et momentané de la vie, les grandes lois qui, par-delà la nature, commandent nos corps et atteignent la surface de nos âmes. Symboles des puissances que nous détenons au plus secret de nous-mêmes, vous surgissez alors, plus éloquents, plus impérieux, arbres, champs, molles et douces collines (1) !

Mais voici l’horizon plus dégagé encore. Le Bocage, moins boisé disparaît bientôt. Tout découvert dans le ciel, le clocher de Saint-Mathurin pointe : sa sévérité romane est atténuée par sa jeunesse. Devant nous s’étale un éventail largement déployé et piqué de plusieurs flèches. Nous retrouvons Pierre-Levée et tout à l’heure nous nous arrêterons devant le monument de la Gorgone hystérique qui veut sur une place des Sables, représenter la France en danger. »

 

(1)      Pour aller de la Mothe-Achard aux Sables-d’Olonne, il est recommandé d’emprunter la route départementale qui passe par le Plessis-Jousselin, la Chapelle-Achard, Sainte-Foy et Pierre-Levée. C’est le chemin des écoliers, mais l’école est ouverte, en réalité, tout au long du parcours, avec des réalisations modestes, peut-être, mais inoubliables.

 

Cette route je l’ai faite à vélo. Elle passait d’abord par la Chapelle-Achard, devant le magasin de tissus et d’épicerie de mon grand-père maternel, puis elle serpentait entre les hautes haies, s’enfonçait dans des boqueteaux, plongeait soudain vers des petits vallons, regrimpait pour musarder sur des croupes herbeuses. Elle côtoyait un moment le parc du château du Plessis-Jousselin où maman avait commencé son apprentissage de couturière.

 

Si vous passez par chez moi et que vous ayez la bonne idée de vous écarter des grandes tranchées routières, vous égrènerez des noms de lieu-dit, de métairies où la batteuse de mon père, après la moisson, en une tournée bien réglée (le premier servi de l’année n devenait le dernier de l’année n+1) clôturait le grand moment du cycle paysan. Grande fête que ces battages avec des repas plantureux et arrosés. Ces noms sonnent bien : la Louvrenière, la Lézardière, la Célinière (où mes parents se sont mariés et où mon frère et ma sœur sont nés) la Mouzinière, la petite et la grande Poissolière, le château du Plessy-Landry (fief d’Antoine Morrisson de la Bassetière propriétaire de la plupart des métairies), le Moulin du Retail, le Pécabré, le grand et le petit Douard… et bien d’autres si vous vous perdez ou si au lieu de vous rendre aux Sables-d’Olonne vous filez sur la route de St Gilles-sur-Vie. Là, tout en haut de la rude côte de la Giraudière, vous passerez à côté de la ferme du Pierrou qui, dans mon esprit de petit crotté du bocage, est longtemps restée associé à l’expression « ce n’est pas le Pérou » que je ne comprenais guère au vu de ce lieu qui n’avait rien d’extraordinaire mais qui un jour pris pour moi un intérêt majeur lorsqu’il abrita une belle plante aux appas que je jugeais irrésistibles.

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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 00:03

Au temps de mes culottes courtes lorsque je suivais le pépé Louis, qui tenait fermes les manchons de la charrue « Brabant », tout en encourageant de la voix sa paire de bœufs indolents, « Jaunet&Blandin », j’étais toujours stupéfait à la vue, sur les flancs de la terre fraîchement retournée, des colonies d’achées se tortillant, s’enlaçant, se confondant avec la glaise humide, tels des lianes rouges ou brunes. Dans ma Vendée bocagère, le ver de terre, le lombric nous le nommions achée* car il servait d’appât pour les pêcheurs à la ligne. Ignorant de sa fonction naturelle nous le respections pour la simple raison que sa présence en nombre marquait la fécondité de cette terre.


Que mon achée vendéen ne soit guère sexy j’en conviens même si je lui ai toujours trouvé un aspect très clean. Comme le fait remarquer Marcel Bouché, spécialiste des lombrics de son état, – il n’en existe qu’une petite poignée dans notre vaste monde – « Les lombrics n’attirent pas les naturalistes car ce ne sont pas des jolies fleurs ou de beaux papillons », ils sont associés à la décomposition, à la mort. Et pourtant, ils sont un maillon essentiel au cycle de la vie comme l’explique notre chercheur de l’INRA : « La plante absorbe l’énergie du soleil et la fournit à ce beau monde d’en bas sous forme de tiges, de feuilles, de fleurs. Les vers de terre broient et mélangent ces éléments nutritifs, à la manière des brasseurs de bière. De leur côté, les micro-organismes assurent la décomposition. Ce qui permet de redonner des éléments nutritifs pour les nouvelles générations de plantes…»


Comme quoi, pépé Louis et moi, aussi manichéens que nous puissions être : d’un côté les animaux utiles, ceux de la ferme, de l’autre les nuisibles, ceux qui bouffaient les cultures, nous pressentions que nos achées étaient de bons révélateurs de l’état des sols, rejoignant en cela l’autodidacte Marcel Bouché. J’aime bien son histoire à cet homme qui déclare : « pour ce qui est de la culture générale je n’ai pas dépassé le certificat d’études primaires… » Tout d’abord diplômé comme jardinier de la Ville de Paris, il entrera à l’INRA comme aide de laboratoire « l’équivalent du travail d’une femme de ménage » précise-t-il. Découvrant le monde scientifique il intégrera la Fac des Sciences en prenant des cours par correspondance pour revenir à l’INRA où on lui confiera « l’étude des vers de terre dont personne ne voulait. » En 1963, il commencera à faire l’inventaire des vers de terre : « j’ai fait une sorte de tour de France des vers de terre en parcourant le pays avec la carte Michelin et tous les 30km je faisais des prélèvements. À l’époque, nous en avions recensé 170. Aujourd’hui, on doit être à 300 espèces répertoriées en France et plusieurs milliers dans le monde… »


Bien évidemment je me doute que mes histoires de vers de terre font penser à certains d’entre vous que je m’égare. Pas si sûr mes chers lecteurs. J’en viens là où je souhaitais vous mener. Mes achées, comme le dit plaisamment Marcel Bouché : « sont parfois « ratatinés » par les actions agronomiques aveugles de l’homme, telle que l’utilisation excessive de pesticides dans les cultures. Et, d’une manière générale, ils souffrent des pratiques agricoles intensives qui n’évaluent pas leur impact sur l’environnement. » D’ailleurs, ajoute-t-il, et on aurait tort d’en sourire, que ces gueules noires : « en creusant des galeries dans le sol […] assurent une irrigation naturelle des sols. Certaines inondations dans le Midi auraient ainsi pu être évitées si l’on avait maintenu des populations de vers de terre. Dans la garrigue, l’eau s’infiltre sans aucune difficulté, mais pas dans les vignes ou les zones céréalières, traitées aux pesticides, où les vers on disparu. »

 

Sachez aussi que mes fichus achées constituent aussi une masse énorme de viande de très haute qualité du point de vue nutritionnel, riche en protéines, en corps gras insaturés, en iode… Marcel Bouché, avec humour, signale que « lorsqu’on mange une bécasse sur canapé, celui-ci est composé du contenu intestinal de l’oiseau…constitué à 93% de vers de terre ! » Et qu’est-ce que vous boirez pour faire couler la bouchée ?

  

* les achées définition dans le Dictionnaire du Monde Rural les mots du passé de Marcel Lachiver

 

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