« @Taulier : Je suis très surpris de ne pas trouver ici de billet sur la mort de Whitney Houston. Non pas qu’elle soit mon idole, mais elle était jolie, avait quand même du talent et a dû pas mal faire bander Kevin Costner. »
Enfant : avancer en âge me disait-on, et en sagesse ajoutait-on, l’âge de raison, puis ce fut l’âge tendre avant l’âge ingrat de la puberté pour vivre le bel âge de ses 20 ans, la fleur de l’âge, atteindre la force de l’âge, s’entendre dire qu’on est d’un certain âge ou entre deux âges, soupirer qu’on a passé l’âge et que ce n’est plus de son âge parce qu’on se sent jeter dans le 3e âge, les seniors puis pour nous consoler affirmer qu’à chaque âge ses plaisirs…
J’avoue que j’étais fier adolescent de m’entendre dire que je faisais plus vieux que mon âge car c’était bon avec les filles et pour aller au cinéma voir des films interdits au moins de 18 ans… À mon âge, plus j’avance en âge moins j’avance en sagesse et plus je me fous de faire mon âge ou plus jeune que mon âge ou l’inverse, ce qui me cause souci, me fait peine c’est de voir partir des gens que j’aime quel que soit leur âge. Certes y’a pas d’âge pour mourir, mais je suis bien plus furieux de voir partir une Amy Winehouse qu’un ou une qui frise avec l’âge canonique.
Comme je tiens chronique tout naturellement j’ai versé dans la chronique nécrologique dès qu’un être connu, acteur-actrice, chanteur-chanteuse, surtout cher à mon cœur passe de vie à trépas. Maintenant que je suis doté d’un petit cancrelat, un IPhone fabriqué par des salariés chinois d’une société taïwanaise Foxconn Technology 1 million de personnes travaillent pour elle dont la moitié à Shenzhen en Chine) qui me balance des alertes dès qu’un célèbre trépasse je suis informé en quasi-direct live. En conséquence j’ai tendance à me ruer sur mon clavier dès que c’est quelqu’un que j’ai beaucoup aimé. Une façon de conjurer la faucheuse de lui faire un bras d’honneur, et en définitive de me rappeler de bons moments des beaux âges de ma vie.
Je ne sais pourquoi en ce moment, les week-ends sont meurtriers et, comme je me dis qu’il ne faut pas trop vous abreuver, vous saouler, avec un flux trop intense de mes chroniques, je retiens ma plume. Tel fut le cas dimanche pour Whitney Houston. Après réflexion je me suis contenté de poster ses albums via Deezeer sur Face de Bouc pour faire de la musique pour mes amis. Mais comme notre Léon se refuse à toute incursion sur les réseaux sociaux, il ne put en profiter. D’où son étonnement.
Ça m’a interpelé et, comme je ne perds jamais une occasion de chroniquer, je me suis dit « Taulier, n’y aurait-il pas une raison plus profonde, que le pur respect de tes abonnés, qui te pousserait à modérer ta plume de chroniqueur nécrologique ? » en dépit de mon âge cette interrogation n’est pas restée sans réponse.
La réponse la voici, elle n’a rien à voir avec celle que j’ai suggéré dans le titre : à savoir que je serais inquiet de savoir qui rédigera la mienne sur cette espace de liberté, en effet le jour où il n’y aurait plus de lumière, que le gaz sera coupé, l’écran vide et le silence tiendront lieu de faire-part. Ne me taxez pas d’idées noires, évoquer sa propre fin n’a rien de déprimant, c’est assumer le seul risque connu et certain de notre vie. Bref, pourquoi cette soudaine retenue de la part d’un chroniqueur chronique ? Tout simplement parce que le risque de la chronique nécrologique c’est de tomber dans l’hagiographie, à verser dans l’éloge funèbre, de se laisser aller à magnifier le disparu, à le transformer en statue, à l’affadir, à faire jolie. Même si ça va vous paraître prétentieux, suffisant, je ressens le besoin de réserver ma plume pour le petit cercle de ceux qui ont vraiment compté pour moi et Whitney Houston n’y entrait pas. Pour autant comme je suis devenu un petit commerçant j’offre à Luc Charlier la voix de la diva disparue.