Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
Les agros, les purs, la crème de la crème, les futurs hauts-fonctionnaires du 78 rue de Varenne, pas tous, les futurs IGREF, sortaient non de la cuisse de Jupiter mais de l’INAPG Institut National Agronomique Paris-Grignon.
Je les ai côtoyé, j’ose : commandé, j’ai même eu l’outrecuidance de dresser avec le vice-président du corps, le président étant le Ministre qui s’en tamponnait le coquillard, leur tableau d’avancement, atteindre le Graal du grade d’Ingénieur Général.
Depuis, les appellations ont changées :
L’INAPG a disparu se fondant dans AgroParisTech en fédérant sous sa belle ombrelle : l’institut national agronomique Paris-Grignon, l’école nationale du génie rural, des eaux et des forêts (ENGREF) et l’Ecole nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires (ENSIA)
Le corps des IGREF est devenu celui des IPEF : Ponts, des Eaux et des Forêts, créé en 2009, est issu de la fusion de deux corps d’ingénieurs, celui des ponts et chaussées et celui du génie rural, des eaux et des forêts. Sans être mauvaise langue nos IGREF atteignaient ainsi un nouveau Graal : le sommet des échelles lettres.
Dernier acte du drame, celui du décès de l’Agro coupé en deux, les locaux du 16 rue Claude Bernard, le château et le domaine de Thiverval-Grignon vont être vendus.
Avant de proposer à votre lecture un article bien documenté, deux anecdotes :
Lors de l’examen du budget de fonctionnement du Ministre, en épluchant celui de la Direction de l’enseignement et de la recherche je m’étonnai de l’importance des frais de déplacement de celle-ci. Le directeur n’y alla par quatre chemins, il m’expliqua que les professeurs parisiens de l’INAPG bénéficiaient de frais de déplacement lorsqu’ils allaient enseigner à Grignon. France paradis de la bureaucratie, de la paperasserie, des ordres de mission, signés, tamponnés, les dépenses ordonnancées, visées par le contrôleur financier et bien sûr payées…
Lorsque je fus nommé professeur-associé de l’Université de Nantes pour 3 ans, en accord avec les autorités compétentes il fut convenu que devraient des heures à mon Ministère de rattachement en dispensant des cours à l’INAPG et à l’ENSA de Nantes. Ce que je fis, mais je ne le fis qu’une fois dans chacun de ses établissements. Bien sûr je m’étonnai auprès du Directeur de l’enseignement et de la recherche de l’absence de propositions, celui-ci, un grand courageux, me répondit en se tortillant « Tu comprends, tes interventions ne sont pas du goût du corps professoral… » Traduction, comment un pauvre docteur en droit, même s’il fut directeur du cabinet du Ministre, peut-il avoir la prétention d’aller transmettre son expérience de la prise de décision dans les instances communautaires, à la future crème de la crème des ingénieurs. Heureuse France des corporatismes, celle des enseignants est assez haut placée sur l’échelle de Richter du ne viens pas picorer dans mon écuelle.
Thiverval-Grignon : la vente du domaine bientôt scellée
Les candidats retenus pour le rachat des locaux que se partagent AgroParisTech et l’Inrae seront connus le 8 février. Parmi ces projets : celui d’un site de recherche agronomique mélangeant tourisme et innovation
Par Julie Ménard
Le 31 janvier 2021
Des logements sortiront-ils de terre sur le domaine historique de Thiverval-Grignon? Si ce n'est clairement pas la volonté des élus locaux, le destin de ce vaste parc de 310 ha est encore incertain. Appartenant à l'Etat, il est officiellement en vente depuis mars 2020. Les étudiants d'AgroParisTech et les chercheurs de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), qui l'occupent depuis 1826, plieront bagage en 2022 pour faire leur rentrée à Paris Saclay (Essonne).
Gérée par le ministère de l'Agriculture et la direction de l'immobilier de l'Etat (DIE, c'est-à-dire Bercy), l'acquisition avait un temps intéressé le PSG en 2016 avant qu'il n'opte finalement pour Poissy. À l'époque, l'annonce avait fait grand bruit et suscité une vive opposition.
« On nous proposait 400 logements, c'est non ! »
Depuis, le processus est tenu confidentiel « afin de garantir une égalité de traitement entre les porteurs de projets », indique le ministère en précisant que « la commune de Thiverval a été régulièrement informée de l'avancement de la procédure de cession ». Pourtant, la maire elle-même révèle ne savoir que très peu de choses « car l'Etat ne dit rien ». Nadine Gohard a bien reçu des promoteurs immobiliers dans son bureau il y a plusieurs mois ; il s'agissait de Nexity et Cogedim qui seraient toujours en lice pour le rachat du domaine. Depuis, plus rien.
Lors de cette rencontre, l'édile est restée ferme : « On nous proposait 400 logements, c'est non ! Ce domaine est dévolu à l'agriculture, c'est l'identité du village. On ne changera pas le fond du plan local d'urbanisme qui le préserve. » Ce PLU, c'est justement la contrainte majeure pour les promoteurs. Sur les 310 ha, 288 se trouvent en « zone naturelle à protéger en raison de la qualité du site ». Sur les 22 ha restants se trouve également le Château de Grignon, classé monument historique. Les possibilités d'aménagements sont donc limitées.
« Faire un mini Davos permanent dédié à l'agriculture »
« Le seul projet d'intérêt général qui respecte le PLU c'est le nôtre », lance Hervé Planchenault, président (DVD) de la communauté de communes Cœur d'Yvelines. La collectivité propose, en partenariat avec l'association Grignon 2000, de préserver les activités de recherche agronomique tout en ouvrant les lieux au public. Un hôtel avec des espaces d'accueil pour des séminaires, un incubateur d'entreprises innovantes et un lieu de recherche regroupant laboratoires privés et publics sont notamment prévus. Les bâtiments, eux, seraient en partie transformés en musées pour valoriser les vestiges de deux siècles d'histoire. « L'idée est de faire un mini Davos permanent dédié à l'agriculture et l'environnement », résume Hervé Lecesne, président de Grignon 2 000.
Les étudiants d’AgroParisTech rêvent d’un site consacré à la transition écologique. LP/Julie Ménard
Les étudiants rêvent d'un haut-lieu de la transition écologique
Mais pour les étudiants en 1re année d'AgroParisTech qui occupent le domaine nuit et jour, cette réflexion ne va pas assez loin. « On se coupe trop de la recherche agronomique, si on était cynique on pourrait dire que c'est du green washing », tacle l'un d'eux. « C'est trop partial, développe Boris qui souhaite un projet plus social et scientifique. Grignon pourrait devenir une référence de la transition écologique en créant un centre de permaculture pour alimenter tout le secteur et approfondir les recherches dans ce domaine. » Une position en faveur de la production intensive dans le respect des sols que défendent ces jeunes, conscients d'être « les inventeurs de l'agriculture de demain ».
« Tous ceux qui passent à AgroParisTech sont marqués par Grignon, enchaîne Elsa. On voudrait qu'il y ait une gouvernance partagée avec les étudiants, que l'on garde des chambres étudiantes. On a récemment rencontré Grignon 2000 à ce sujet, ils se sont montrés bienveillants et à l'écoute, ça nous rassure. » L'association, en majorité constituée d'anciens élèves d'AgroParisTech (NDLR : les Alumnis), se dit « tout à fait dans la ligne de ce qu'ils proposent là », confirme Hervé Lecesne.
Du côté de la communauté de communes en revanche, ces suggestions font plutôt sourire. « Il faut un peu de réalisme… Qui payera le chèque ? », interroge Bertrand Hauet, vice-président à Cœur d'Yvelines, en charge des finances. « Ce site est non viable pour maintenir une activité purement agricole, tranche d'emblée François Moutot, vice-président au développement économique et maire de Thoiry. Le château est dans un état déplorable, il faudrait plus de 20 M€ pour le rénover. Ce n'est pas la permaculture qui permettra ça. »
La crainte d'une logique économique
Quoi qu'il en soit, élus et étudiants s'accordent sur un point : ils redoutent que seuls les arguments économiques ne scellent la transaction dont la finalité est attendue au second semestre 2021. D'autant que sur les 130,7 M€ d'objectif que l'Etat s'est fixé pour la liquidation des 4 sites franciliens d'AgroParisTech, la somme de 110 M€ a déjà été atteinte avec la seule vente des locaux de la direction à Paris.
Ça fait un bail que je liche de la bière au chanvre ICI
Ça désoiffe bien…
Alors, lorsque je découvre que dans le grand vignoble de Bordeaux qui ploie sous un bashing d’enfer des bobos parisiens Le Burdi W, se présente comme le premier vin français au cannabis, je me marre grave…
Ce nouveau produit sera lancé lundi prochain sur le marché, via une campagne de commercialisation sur la plateforme KissKissBankBank. Quelque 500 bouteilles sont mises en vente, et d’autres devraient être produites très rapidement.
Là, je rends les armes, je crie halte au feu : ça a la couleur et la saveur des méthodes de bobos…
Pour ajouter une touche très GCC, ils ne peuvent pas s’en empêcher, ils nous sortent :L’œnologue-médecin Alain Raynaud, qui a validé le produit, et le célèbre œnologue bordelais Michel Rolland se sont prêtés au jeu de la dégustation, samedi dernier. « C’est une première expérience, je n’ai jamais goûté ce genre de produit, explique ce dernier dans une vidéo. Ce n’est pas tout à fait du vin, d’ailleurs c’est marqué dessus, mais ce qui me plaît, c’est que ça ressemble à ce que je connais, à ce que je déguste depuis quarante ans. C’est une boisson que je bois avec plaisir. »
Précision d’importance : légalement, on ne peut pas parler de vin, mais de boisson aromatisée à base de vin. Comme le rosé pamplemousse, quoi. Il y a plusieurs raisons à cela, la plus importante étant que le vin est transformé, puisqu’on lui rajoute du cannabidiol, ou CBD, une molécule présente dans le chanvre. Contrairement au THC, cette molécule est autorisée en France car elle ne provoque pas d’effet psychotrope mais possède des vertus relaxantes.
Burdi W est composé de 100 % de petit verdot [un cépage que l’on trouve habituellement dans moins de 10 % des compositions de certains grands crus classés du Médoc], et a été élaboré comme un vin classique », soutient le Bordelais Raphaël de Pablo, à l’origine du projet, et qui exploite par ailleurs La Ferme médicale, un champ de chanvre bio en Gironde. Sa culture est destinée à la production de cannabis bien-être, et a bien entendu servi à l’élaboration du Burdi W. La conception du vin a par ailleurs été supervisée par le directeur « d’un célèbre château bordelais », initiateur du projet également avec Raphaël de Pablo, et qui souhaite pour l’heure rester anonyme.
Garanti sans effet secondaire
Créer un vin au cannabis est une affaire sérieuse qui nécessite un savant dosage pour trouver le bon équilibre. Il a fallu plus de trois mois pour élaborer le Burdi W. « C’est très compliqué, car le cannabis est fort en terpènes il faut donc trouver la bonne association » explique Raphaël de Pablo. Il assure que le mélange cannabidiol/vin procure « un réel intérêt au niveau du goût », « surprenant ». « On obtient des notes très fruitées, avec une pointe de cassis [ce qui est assez classique avec le cépage petit verdot], et surtout on ressent vraiment cet effet relaxant après la dégustation… » Une boisson de 33 cl à base de CBD contient en moyenne 20 mg de cannabidiol, « là il y en a 250 mg par bouteille, en partant du principe qu’elle se boit à trois ou quatre personnes. » La dégustation est garantie sans effet secondaire, « puisqu’il n’y a pas de THC », la molécule du cannabis qui fait « planer ».
15 octobre 2018
Et vous prendrez bien un petit vert, le cannabis, nouvel eldorado des géants de l'alcool ? Qu’en pensent les chefs de l’ANPAA adeptes de la lettre ouverte à Mme Buzyn ? ICI
Pendant ce temps-là « … par peur de voir les jeunes délaisser bières et cocktails pour les joints ou les boissons à la marijuana, ou pour simplement profiter d'un marché prometteur, le cannabis est devenu un continent à explorer pour les géants de l'alcool.
Certains ont résolument sauté le pas, à l'image de Constellation Brands, la maison mère des bières Corona et de la vodka Svedka, qui a investi plus de 4 milliards de dollars dans une société canadienne spécialisée dans la drogue douce, Canopy Growth.
Le secteur du cannabis est "potentiellement l'une des opportunités de croissance les plus importantes de la décennie à venir", expliquait son PDG, Robert Sands, début octobre. Le marché devrait atteindre 200 milliards de dollars dans quinze ans et "s'ouvre beaucoup plus rapidement que prévu", faisait-il valoir.
Après l'Uruguay, le Canada deviendra mardi le deuxième pays au monde à autoriser l'usage récréatif du cannabis. Aux États-Unis, si la consommation récréative et/ou thérapeutique de la marijuana reste illégale au niveau fédéral, elle est autorisée dans plusieurs États.
Et, au-delà des traditionnels joints et brownies à l'herbe, les amateurs de haschisch deviennent de plus en plus créatifs. Fumer du cannabis reste le plus courant, mais on peut aussi le vaporiser, le manger sous forme de bonbons ou de glace, l'appliquer en crème. Ou le boire.
"Sans lendemain difficile"
Diageo, le numéro un mondial des spiritueux avec par exemple la vodka Smirnoff et le whisky Johnny Walker, serait selon l'agence Bloomberg en discussions avec des producteurs canadiens de cannabis. Contactée par l'AFP, la société a seulement indiqué qu'elle surveillait le secteur "avec attention".
Le brasseur Molson Coors a aussi annoncé cet été la création d'une coentreprise avec le groupe canadien The Hydropothecary Corporation (THC, comme le principe actif du cannabis).
D'autres hésitent encore.
Le PDG de Pernod Ricard, Alexandre Ricard, a ainsi expliqué fin août que son groupe regardait "de près" ce marché et cherchait surtout à comprendre si la légalisation du cannabis pouvait déboucher sur une éventuelle "cannibalisation" de la consommation des spiritueux haut de gamme.
Jean-François, vert un jour, vert toujours, ce qui ne l’empêche pas d’être un expert pointu, sans concessions, sur les difficiles questions touchant l’environnement, le climat. Merci à lui pour ce remarquable travail de décryptage des propositions de la conférence citoyenne pour le climat voulue parle président de la République et de leurs traductions dans la loi.
Pour sourire un peu dans ces temps anxiogènes : primo j’ai moi-même compris, c’est dire la faculté de Jean-François à éclairer les nuls dans mon genre ; deuxio je n’ai pas modifié son titre pour attirer le chaland puisqu’il y a le mot-clé pour un blog de vin : SOIF.
Bonne lecture.
En réponse à la crise des gilets jaunes, le président de la République a organisé une conférence citoyenne pour le climat chargée de proposer des solutions acceptables à la crise environnementale. Mais cette conférence n’est-elle pas un simulacre plutôt que la démocratie retrouvée ?
L’une de ses propositions phares, la création d’un crime d’écocide dans notre droit pénal, n’empêche pas la régression de notre droit environnemental consacrée par la loi ASAP (accélération et simplification de l’action publique). Quant à la proposition de réviser, une fois encore, notre Constitution, faite par cette conférence, elle ne pouvait pas mieux tomber pour le pouvoir exécutif. Les juges ne pourront pas se substituer au peuple pour assurer notre futur. Seule la délibération démocratique dans un cadre réinventé nous permettra de trouver et de mettre en œuvre des solutions aux crises environnementale, sociale et économique que nous traversons.
La tentation de mettre les sociétés en pilotage automatique
Nous vivons un lent processus d’enfermement de nos sociétés dans un ensemble de règles juridiques toujours plus précises, nombreuses, ne laissant plus de place à la délibération et aux choix collectifs des citoyens, et instaurant à leur place une sorte de pilotage automatique de nos vies sous le contrôle de juges - dans le meilleur des cas - ou d’autorités indépendantes - dans le pire des cas - ne rendant de comptes à personne.
Ce processus est presque achevé s’agissant de la politique économique.
Les gouvernements européens ne peuvent plus intervenir sur la politique monétaire, désormais conduite en toute indépendance par la Banque Centrale Européenne.
Ils sont autorisés à s’affranchir des règles budgétaires européennes lorsque survient une crise d’une ampleur exceptionnelle, comme en 2008 - crise financière- ou en 2020 – crise sanitaire. Mais c’est pour être rapidement rappelés à l’ordre lorsque la crise s’éloigne. Alors reviennent les examens des budgets nationaux par les instances de l’union européenne et les recommandations adressées au gouvernement, auxquelles ils devront se soumettre sous peine de sanctions financières « automatiques ».
Les politiques de préservation de l’environnement et de lutte contre le changement climatique sont l’objet d’une même passion de la réglementation, de la sanction, et de la restriction des possibilités de délibération démocratique que les politiques économiques.
La conférence citoyenne pour le climat : démocratie retrouvée ou simulacre ?
Emmanuel Macron a annoncé, en avril 2019, en conclusion du « grand débat » qu’il avait lancé pour mettre fin à la crise des gilets jaunes, l’organisation d’une Conférence Citoyenne pour le Climat. Elle a été constituée en octobre 2019, par tirage au sort de 150 citoyens auxquels il était demandé « de définir des mesures structurantes pour parvenir, dans un esprit de justice sociale, à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030 par rapport à 1990 ».
Les efforts des gouvernements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre sont engagés depuis 1992 et la signature à Rio, dans le cadre des Nations Unies, d’une convention internationale de lutte contre le changement climatique. Depuis lors, 24 conférences des pays signataires de cette convention, les fameuses « COP », ont été réunies et de nombreux textes additionnels à la convention ont été adoptés. Les objectifs fixés n’ont pas été atteints dans beaucoup de pays, ils ne l’ont pas toujours été en France non plus.
On peut se demander comment un groupe de citoyens tirés au sort pourrait trouver en quelques mois les solutions qui n’ont pas été trouvées par des milliers d’hommes et de femmes politiques, de fonctionnaires, de chercheurs et d’entrepreneurs en 30 ans ?
On peut aussi se demander quelle est la légitimité de ces 150 citoyens à faire des propositions que le Président de la République s’était engagé à reprendre « sans filtre » pour les transformer en textes législatifs, réglementaires, ou en action administrative ?
Les députés et les sénateurs, les élus locaux, les responsables d’administration, les centres de recherche, les organisations non-gouvernementales et les institutions spécialisées de toute nature ne méritent-ils pas tout autant d’être entendus et respectés que ces 150 citoyens dont la légitimité résulte essentiellement du calendrier politique du président de la république ?
D’autant qu’il me semble exister un problème originel dans l’organisation de ce type de conférences. C’est le gouvernement qui décide de leur création, au moment où cela lui rend service dans son calendrier politique. Il en définit le cadre de travail. Il pose la question à laquelle la conférence doit répondre. La conférence pour le climat n’a pas fait exception. Par ailleurs, alors qu’un gouvernement, un parlement, un responsable d’administration doit traiter les différents sujets dont il a à connaître en prenant en compte l’impact de ses décisions sur l’ensemble de la gestion des affaires publiques, les conférences citoyennes ne doivent répondre qu’à une question et n’ont ni le temps ni les moyens de mesurer l’impact de leurs propositions sur la marche d’ensemble des politiques publiques.
La conférence citoyenne pour le climat a présenté149 propositions de nature très diverse, transformées en un projet de loi de 65 articles qui vient d’être transmis par le gouvernement au conseil national de la transition écologique. Certaines de ces propositions relèvent de la simple déclaration d’intention comme : « inciter à utiliser des moyens de transport doux et partagé, » ou bien généraliser les mesures tarifaires attractives pour l’usage du train. Comme nos lois sont de plus en plus bavardes et constituent trop souvent des déclarations d’intentions plutôt que l’énoncé de droit et d’interdictions, ce qu’elles devraient être, nos assemblées adopteront sans doute un ensemble de dispositions creuses, qui contribueront à l’inflation législative dont nous souffrons, mais vaudront témoignage de l’engagement du gouvernement en faveur de l’environnement à peu de distance de l’élection présidentielle.
La « conférence citoyenne pour le climat » a aussi proposé un grand nombre d’interdictions ou d’obligations, par exemple : « contraindre les propriétaires occupants et bailleurs à rénover de manière globale d’ici à 2040 leur logement », « obliger le changement des chaudières au fioul et à charbon d’ici à 2030 dans le neuf et le rénové » et beaucoup d’autres encore dont l’impact sur chacun d’entre nous mériterait d’être bien évalué avant de les transformer en loi ou en décrets.
La création d’un crime d’écocide sera sans conséquences, tandis que la loi ASAP consacre un véritable recul du droit de l’environnement
Parmi les propositions de la conférence citoyenne pour le climat, celle « d’adopter une loi qui pénalise le crime d’écocide pour sauvegarder les écosystèmes » a fait particulièrement débat.
Cette proposition n’est pas nouvelle et le Parlement français a déjà rejeté à deux reprises la création d’un crime d’écocide dans notre droit pénal. Il avait de bons arguments pour cela, en particulier le fait qu’il n’y a pas de crime sans intention de le commettre dans notre droit pénal. Du coup, il sera difficile de définir le moment auquel une atteinte à l’environnement se transforme d’un simple délit en un crime.
La conférence citoyenne proposait de qualifier de crime « les atteintes aux écosystèmes dépassant les limites planétaires ». Ces limites n’étant pas connues et définies aujourd’hui, la même conférence proposait la création d’une « Haute Autorité des limites planétaires » qui serait chargé de fixer les seuils auxquels les juges pourraient se référer pour condamner les criminels.
Cette proposition d’ajouter une nouvelle institution à un appareil bureaucratique qui n’en manque déjà pas, entre l’Office Français de la Biodiversité, le Haut conseil pour le climat, l’Autorité Environnementale, le Conseil National de la Transition Ecologique et beaucoup d’autres si l’on voulait être exhaustif, n’a pas été retenue pour le moment par le gouvernement. En revanche, l’article 65 de son projet de loi est consacré au crime d’écocide qui fera donc son entrée dans notre droit pénal si le Parlement adopte cette loi. Le juge devra alors déterminer l’intentionnalité des atteintes portées à l’environnement, ce qui sera plus compliqué qu’on ne peut le penser. Les auteurs des atteintes aux écosystèmes sont le plus souvent des personnes morales, des sociétés qui ne peuvent être mises en prison. Seuls pourront l’être leurs dirigeants à condition de démontrer leur implication et leur intentionnalité.
En bref, cette disposition, si elle est adoptée, constituera une victoire politique symbolique pour les militants écologistes et les associations. Mais sa portée réelle, en termes de protection de l’environnement, sera très limitée.
Des mécanismes de pénalisation des atteintes aux écosystèmes existent déjà. Ils sont rarement mis en œuvre non pas en raison de la mauvaise volonté des juges, mais de la complexité des affaires.
Il serait plus efficace de spécialiser des juges dans les contentieux de l’environnement qu’ils connaissent souvent mal, afin de les rendre plus efficaces dans le traitement de ces affaires, de recruter des magistrats et de leur donner les moyens de travailler. Mais cela, c’est beaucoup plus difficile et coûteux que d’adopter un texte de loi, et chacun aura compris que nous sommes dans une lutte symbolique et politique dont les protagonistes se soucient peu des résultats concrets.
La célébration de cette grande victoire permettra d’oublier que la loi « ASAP » (accélération et simplification de l’action publique), voulue par E Macron et qui vient d’être adoptée, rend moins contraignante la législation sur les installations classées pour la protection de l’environnement, permet au préfet de remplacer des enquêtes publiques par des consultations électroniques, ainsi que d’autoriser l’exécution anticipée de travaux de construction avant que l’autorisation environnementale ait été délivrée. Bref, sous couvert de simplification, la loi ASAP est un véritable recul par rapport à la législation environnementale existante avant 2020. Comprenne qui pourra…
Une nouvelle révision de la constitution, bien inutile…
Pendant qu’il détricotait le droit de l’environnement, le gouvernement a adopté un projet de loi constitutionnelle modifiant l’article premier de notre Constitution, ainsi rédigé :« Elle (NB : il s’agit de la France) garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et lutte contre le dérèglement climatique. »
Le conseil d’État a rendu un avis très critique sur cette proposition. Il rappelle dans son premier considérant qu’il est saisi pour la troisième fois en un peu plus de trois années d’un projet de réforme constitutionnelle portant sur la question environnementale. Il rappelle également que la protection de l’environnement a déjà valeur constitutionnelle depuis que la mention en est faite dans le préambule de la constitution. C’est une façon de dire que cette révision de la Constitution est inutile.
On pourrait ajouter que la constitution de 1958, dont on ne cesse de nous rappeler qu’elle a instauré un régime politique stable et durable, a été modifiée 24 fois depuis 1958 et que son texte actuel n’a plus grand-chose à voir avec celui qui avait été adopté par référendum en 1958.
Non seulement le texte de la constitution a été modifié à de très nombreuses reprises, mais le Conseil constitutionnel n’a pas cessé d’élargir le « bloc de constitutionnalité », d’abord en rendant ses décisions non seulement au regard du texte de la constitution mais en prenant en compte des principes consacrés par d’autres textes : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le préambule de la Constitution de 1946, plus récemment la charte de l’environnement. Il ne s’est pas arrêté là et a progressivement consacré un certain nombre de principes comme ayant une valeur constitutionnelle (principe de continuité de l’État et du service public, liberté d’entreprendre, liberté d’aller et de venir, liberté personnelle du salarié, sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme d’asservissement et de dégradation, inamovibilité des magistrats du siège, principe pollueur-payeur, fraternité). Et comme il devenait difficile de concilier entre eux ces différents « principes à valeur constitutionnelle », le même Conseil constitutionnel a inventé des « objectifs à valeur constitutionnelle » comme l’objectif de sauvegarde de l’ordre public, la possibilité pour toute personne de disposer d’un logement décent, l’accessibilité et l’intelligibilité du droit, la lutte contre la fraude fiscale, le bon emploi des deniers publics, la bonne administration de la justice, la protection de la santé, la protection de l’environnement, etc.
Ces « objectifs de valeur constitutionnelle » doivent permettre au juge constitutionnel de hiérarchiser en quelque sorte les principes de valeur constitutionnelle en assurant la cohérence entre eux.
En élargissant ainsi le référentiel à l’intérieur duquel il rend ses décisions, le conseil constitutionnel a renforcé progressivement son pouvoir sur le législateur.
Les pouvoirs de ce malheureux législateur ne sont pas simplement limités par le contrôle du conseil constitutionnel, mais également par le développement d’un droit européen. La cour de justice de l’union européenne a décidé par un arrêt de 1963, Van Gend en Loos, que les traités européens s’appliquaient directement aux citoyens des Etats membres, renversant l’ordre juridique traditionnel dans lequel un traité n’entrait en vigueur qu’après sa validation par le Parlement national. En 1964, l’arrêt Costa contre Enel a considéré que désormais les règles juridiques européennes supplantaient le droit national y compris les constitutions.
Les gouvernements n’ont pas protesté, ni les parlements nationaux. Le conseil constitutionnel français, puis le conseil d’État, après avoir traîné des pieds, ont fini par s’incliner.
Ainsi, les directives sont-elles transposées en droit français après une approbation par le parlement, généralement sans débat. Lorsqu’une norme européenne est contraire à la constitution, nous modifions notre constitution, là encore sans que cela ne suscite de grands débats.
S’agissant du dernier projet de loi de réforme constitutionnelle, le conseil d’État attire l’attention du gouvernement sur les dangers qu’il comporte pour lui. En effet, en indiquant que la France « garantit la préservation de l’environnement et de la biodiversité et lutte contre le changement climatique », la Constitution ouvrira aux citoyens la possibilité d’exiger du gouvernement les résultats de cette garantie. Les formulations antérieures, y compris dans la charte de l’environnement étaient moins prétentieuses et se contentaient d’indiquer que pouvoirs publics « favorisaient » ou « concouraient » à l’action de préservation de l’environnement.
En imposant aux pouvoirs publics une obligation de résultat dans ce domaine, le droit ouvre un champ de contentieux considérable.
D’ores et déjà, une commune du littoral du Nord de la France, la commune de Grande-Synthe, a saisi le conseil d’État d’un recours pour inaction climatique, le maire considérant que les mesures permettant une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre n’avaient pas été prises par le gouvernement. Le Conseil d’État a déclaré cette action recevable et a demandé au gouvernement des éléments d’information lui permettant de décider si les mesures prises avaient été, oui ou non, suffisantes.
Une mise en cause de la responsabilité du gouvernement sans proportion avec la capacité d’agir contre le changement climatique
On est en pleine absurdité à de nombreux égards. D’abord parce que la contribution de l’action du gouvernement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre est assez difficile à évaluer. Ainsi, l’institut Rexcode a publié, le 18 janvier dernier, une étude dans laquelle il considère que la France est bien partie pour respecter ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il indique que la récession économique consécutive à l’épidémie de Covid-19 explique pour 70 % la forte baisse prévisionnelle des émissions de gaz à effet de serre dans les prochaines années.
Faut-il considérer que le gouvernement, dès lors, a fait son travail ?
Féliciter le virus pour ces résultats ?
Exiger que le gouvernement se fixe de nouveaux objectifs plus ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre ?
Le conseil d’État explique l’accueil favorable qu’il a réservé à la plainte de la commune de Grande-Synthe par le fait qu’elle est particulièrement exposée aux effets du changement climatique, s’agissant d’une commune littorale.
Il n’est pas hors de propos de rappeler que la France compte pour 0,9% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Nous ne sommes décidément qu’une puissance moyenne… L'Union européenne à 27 représente 8,1 % des émissions mondiales, tandis que la Chine en représente 30 %, l’Amérique du Nord 16 % et l’Inde 7 %.
L’impact de l’action ou de l’inaction du gouvernement français sur le sort des communes littorales françaises, dans un contexte d’augmentation mondiale des émissions de gaz à effet de serre, est dérisoire. Cela ne signifie pas qu’elle ne doit pas être menée, mais la responsabilité du gouvernement français doit être proportionnée à sa contribution au problème et au bénéfice que la population peut tirer de son action. De plus, cette action n’a de sens que si elle est coordonnée avec les efforts conduits dans le reste du monde. Poursuivre pénalement tel ou tel responsable français, ou condamner administrativement le gouvernement n’a aucun sens dans ce contexte.
Les juges ne peuvent pas arrêter les choix collectifs à la place des peuples et de leurs représentants
Il n’est pas question de contester la nécessité d’une action de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais les pouvoirs publics la conduisent en tenant compte de toutes les dimensions de la situation économique et sociale du moment.
Faut-il condamner pénalement Emmanuel Macron parce qu’il a reculé devant les gilets jaunes, c’est-à-dire respecté l’opposition d’une partie significative de la population à sa politique ?
Quel serait le sens d’une telle condamnation ?
Faut-il infliger une amende administrative à Édouard Philippe pour n’avoir pas poursuivi l’augmentation prévue de la fiscalité sur les carburants ?
L’action climatique est importante, mais elle n’est pas supérieure à d’autres impératifs. Le conseil constitutionnel a été confronté lui-même aux difficultés qu’il a créées en multipliant les principes à valeur constitutionnelle.
Comment concilier par exemple le droit de chacun à disposer d’un logement décent et la lutte contre le changement climatique, alors que l’une des principales sources d’émission de gaz à effet de serre, à côté des transports, est la construction de logements ?
Faut-il arrêter de construire des logements pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ?
La consommation de « biogaz », c’est-à-dire de gaz obtenu par la dégradation biologique de matières organiques, est infiniment préférable, du point de vue des émissions de GES, à la consommation du gaz naturel fossile que nous utilisons depuis des décennies. Mais la production de biogaz n’est pas non plus sans inconvénients. Par exemple, la production d’électricité avec du biogaz coûte beaucoup plus cher que tous les autres modes de production d’électricité et la différence ne peut être comblée que par des subventions publiques. Or le Conseil constitutionnel considère que la bonne gestion des deniers publics fait partie des « objectifs à valeur constitutionnelle ». S’il est beaucoup moins cher de subventionner la production d’électricité d’origine éolienne ou solaire, subventionner le biogaz n’est pas forcément un bon usage de l’argent public. Il faut donc concilier deux objectifs contradictoires ayant tous les deux une valeur constitutionnelle.
Des questions de cette nature ne devraient-elles pas être plutôt tranchées par une décision des citoyens, par leurs représentants ou directement, plutôt que par un juge ?
Le groupement « l’affaire du siècle », constitué de quatre ONG (Notre affaire à tous, Greenpeace France, Oxfam France et la Fondation Nicolas-Hulot), a saisi le tribunal administratif de Paris pour que celui-ci condamne l’État pour inaction climatique. La décision n’est pas encore rendue, mais la rapporteure publique a indiqué lors de l’audience que la demande des associations était légitime et que le retard de l’action publique par rapport au calendrier de réduction des émissions de gaz à effet de serre devait être justifié. Sans aller jusqu’à recommander de sanctionner le gouvernement, elle recommandait de verser un euro symbolique pour indemniser le dommage moral subi par les associations requérantes.
Rien ne peut remplacer la délibération démocratique pour trouver des solutions à la crise sociale, environnementale et économique que nous traversons
Les émissions de gaz à effet de serre ont des causes extrêmement nombreuses. La cause première, c’est l’existence d’êtres humains sur la terre. La croissance démographique et la consommation de ressources qu’elle entraîne est le principal facteur de dégradation des écosystèmes. La population est passée de 2 milliards à 7,6 milliards d’êtres humains entre 1950 et 2017. Nous pourrions être 11,2 milliards en 2100. L’Afrique comptera pour la moitié de la croissance de la population d’ici à 2050 et 85 % d’ici à 2100.
Depuis le milieu des années 1970 jusqu’à la fin des années 1990, les émissions de CO2 par habitant sont restées stables grâce à leur diminution en Amérique du Nord, leur stabilité en Europe et une augmentation modérée en Asie, pourtant les émissions annuelles totales de CO2 sont passées de 14 à 20 milliards de tonnes. La croissance démographique est la principale raison de l’augmentation des émissions pendant cette période. Les perspectives démographiques laissent penser que même si nous continuons à progresser dans la réduction des émissions individuelles de GES, les émissions globales ont de fortes chances de continuer à augmenter.
Faut-il que les gouvernements imposent un quota d’enfants par famille ?
Un budget carbone individuel et quels seront alors les moyens de contrôler le respect de ce quota et les sanctions prises en cas de dépassement du quota autorisé?
Toutes ces questions sont vertigineuses et ne peuvent assurément pas être réglées par la seule voie du droit et de décisions de la justice pénale ou administrative. Les solutions ne pourront être trouvées que lentement, péniblement, par le débat démocratique à l’intérieur des nations et dans les enceintes internationales.
Les associations qui réclament sans cesse plus de lois, de réglementations et de sanctions, entretiennent l’idée fausse que la solution est à portée de main, et que si nous ne l’atteignons pas c’est en raison de l’inconséquence de quelques-uns ou de l’irresponsabilité des dirigeants politiques qu’il suffirait de sanctionner pour régler le problème.
Si elles avaient raison nous pourrions espérer avoir vite réglé le problème.
Mais elles ont tort et leurs actions ne font que retarder la délibération politique nécessaire sur les voies et moyens qui nous permettront de sortir de la crise sanitaire, environnementale, sociale et économique dans laquelle nous nous trouvons.
La démocratie n’est pas le problème, elle est la solution.
Une affaire digne d’un roman d’espionnage à la française : un sinistre mélange des genres entre des agents des services de renseignements DGSE et DGSI et des membres de sociétés de sécurité.
Plusieurs personnes ont été placées en garde à vue au cours de la semaine écoulée dans le cadre d’une tentative de meurtre imputée l’été dernier à deux militaires de la DGSE, les services de renseignement extérieurs français. Parmi les suspects interpellés après six mois d’enquête de la police judiciaire parisienne figure un homme présenté comme le commanditaire de ce "contrat". Il a été arrêté le vendredi 29 janvier.
L’affaire prend corps le 24 juillet 2020, à Créteil (Val-de-Marne) à l’occasion d’une banale intervention de police. Ce jour-là, deux hommes sont arrêtés dans leur voiture, une Clio volée. Habillés de vêtements sombres, gantés, ils sont soupçonnés de préparer un cambriolage. Au pied du siège passager, dans un sac de sport, un pistolet Browning, une balle engagée dans le canon et un silencieux bricolé. La brigade criminelle de Paris hérite du dossier.
Deux "cambrioleurs" qui appartiennent à la DGSE
Placés en garde à vue, les deux "cambrioleurs" revendiquent aussitôt leur appartenance à la DGSE. Vérification faite, ils disent vrai : ces caporaux, Pierre B. et Carl E., sont bel et bien affectés à la surveillance de la base de Cercottes, dans le Loiret, le centre parachutiste d’entraînement spécialisé du service Action. Ils répondent aux pseudos d’Adelard et Dagomar. La suite est à peine croyable.
Si Adelard et Dagomar étaient en planque à Créteil ce matin-là, c’était de leur propre aveu pour… assassiner une femme, coach en entreprise, en raison des liens qu’elle entretient − selon eux − avec le Mossad, les services secrets israéliens. Une mission "homo" dans le jargon de l'espionnage, une opération en théorie prohibée sur le sol français. Ils ont songé à l’empoisonner, à la jeter d’un pont, à poser une bombe sous sa voiture ou encore à simuler un accident de la circulation. Pour organiser le guet-apens du 24 juillet, à proximité de son domicile, ils avaient pris soin de placer une balise sous la voiture de leur cible.
Des magistrats lors de la cérémonie des voeux de la cour d'appel de Paris, le 11 janvier 2011 au palais de justice de Paris —Martin Bureau AFP
Pas vus pas pris !
« Pris la semaine, – touché le prêt, – été voir Angelina, découché, – pas vu, pas pris »
Sauf que vendredi dernier dans un restaurant parisien de l'Île de la Cité l'Annexeils ont été vus par une patrouille à vélo de pandoresà vélo et pris les mains dans le pot de confiture.
Ils une dizaine de clients et le comble, c'est qu'il s'agissait essentiellement de magistrats.
C'est d'autant plus embarrassant que l’Annexe est située boulevard du Palais, non loin de la Cour d’appel de Paris (4e).à quelques mètres seulement de la préfecture de police.
Des flûtes de champagnes sur les tables, quelques assiettes aussi, une dizaine de magistrats, non masqués, ont mangé debout dans une terrasse abritée de 15 m2, à la vue de tous et surtout, d'une patrouille à vélo.
Les agents sont alors entrés dans ce restaurant, l'Annexe. Le contrôle s'est tendu lorsque les clients ont dévoilé leur identité. Les magistrats ont tenté de déstabiliser les policiers. Mais rien n'y fait : dix clients ont été verbalisés. L'addition est salée : 135 euros d'amende chacun.
«Cela brouille le message» : à Paris, des magistrats verbalisés dans un restaurant clandestin
Par Nicolas Goinard (avec F.L.)
Le 31 janvier 2021
Il y avait du champagne dans des flûtes sur les tables et des assiettes pleines de nourriture sur les plateaux. C'est ce qui a alerté les policiers à vélo qui, vendredi midi, entrent dans la terrasse fermée de L'Annexe, restaurant de l'île de la Cité (Paris, 4e) qui fait face à la cour d'appel de Paris. L'adresse est aussi à une petite centaine de mètres de la préfecture de police. Des panneaux posés au sol annoncent de la vente à emporter. Sur l'ardoise, on trouve de la « pièce de boucher Aubrac, frites », « omelette mixte frites » ou encore du « tartare de bœuf ».
Mais dans les faits, au moment où les agents interviennent, ces plats ont été emportés à quelques petits mètres. Une dizaine de personnes mangent et boivent debout dans quinze mètres carrés sur cette terrasse abritée. Les masques sont absents des visages. Sur les tables de bistrot, disposées le long de la vitrine, les policiers comptent cinq assiettes avec des restes de repas.
Seul un homme est assis devant son assiette à l'intérieur de la salle. Il est visible depuis l'entrée. Devant lui une corbeille de pain et des verres. Le patron explique aux policiers qu'il s'agit de son fournisseur. Lui et les employés de L'Annexe sont les seuls à porter des masques.
«Il faut bien se restaurer»
Lorsque les agents demandent les identités des clients, l'ambiance se tend un peu. Et pour cause : la plupart sont des magistrats qui travaillent à la cour d'appel.
S'ils sont là, c'est qu'« il faut bien se restaurer » pendant la pause méridienne, justifient-ils. Pis, ils tentent également de déstabiliser les fonctionnaires en leur demandant dans quel cadre ils interviennent… Les policiers obtiennent tout de même leurs identités et les font sortir. Au total, dix personnes sont finalement verbalisées, 135 euros par client.
Ce dimanche midi, l'établissement est fermé. En vitrine un mot datant du 6 octobre dernier, date à laquelle les brasseries étaient encore ouvertes, précise pourtant : « Port du masque obligatoire même entre les plats et pour tout déplacement ». L'ardoise annonçant « L'Annexe est ouvert » a été remisée et risque de l'être pour 15 jours encore, la durée prévue en cas de fermeture administrative, ce qui entraînerait la perte des aides de l'Etat. «C'est une vente à emporter qui a dégénéré, avance un proche du restaurant. Il y a 150 policiers qui passent tous les jours devant, le préfet Lallement qui passe par la porte juste à côté, le gérant aurait aimé qu'on vienne lui dire que ce qu'il faisait n'était pas dans les clous ».
«Ce n'était pas caché dans une arrière-salle à l'abri des regards»
Pierre, qui travaille sur l'île de la Cité, reconnaît y avoir mangé récemment. « Ce n'est pas un restaurant clandestin comme ce qu'on peut voir un peu partout, estime le trentenaire. Ce n'était pas caché dans une arrière-salle à l'abri des regards. Ça fait plusieurs semaines que c'est comme ça. Il y a juste des tables qui permettent aux gens de déjeuner debout sur la terrasse plutôt que de se cailler dehors. C'est devenu un vrai casse-tête de savoir comment on va manger. » Amandine, qui vit sur le boulevard Saint-Michel, a aussi pris, il y a peu, un café sur l'une de ces tables. « J'y ai même vu des policiers venir acheter à manger alors que des personnes étaient sur les tables, se souvient-elle. Ça n'a jamais posé de problème… »
Néanmoins, la présence de magistrats dans ce restaurant fait tache. « Cela brouille le message et laisse entendre qu'il y aurait des passe-droits pour les gens qui sont censés faire respecter les lois », s'emporte une magistrate parisienne qui cite au passage un récent article du Parisien dans lequel il était déjà question d'un restaurant proche d'un tribunal fréquenté par des policiers et des magistrats.
«On va créer des Al Capone de la restauration»
Car ces cas ne sont pas isolés et ils dérangent toute une frange de la profession. L'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) se désolidarise d'ailleurs de ces ouvertures. « Nous sommes des légalistes et tout ce qui est interdit par la loi, on ne le défend pas, répond Jean Terlon, vice-président de l'Umih pour le secteur de la restauration. C'est déloyal d'ouvrir dans ces conditions. »
Pour répondre à la multiplication de ces restaurants clandestins, les contrôles se sont intensifiés pour freiner la propagation du virus et de ses variants et ont débouché sur la découverte dans la capitale, entre jeudi et vendredi, de vingt-quatre établissements qui ne suivaient pas les règles. Tous vont faire l'objet d'une fermeture administrative de 15 jours. La mesure « sera notifiée à chacun de ces établissements dans les prochaines heures », a précisé la préfecture de police de Paris dans un communiqué diffusé samedi. Lassé, un patron de brasserie lâche : « Si cette crise dure, on va créer des Al Capone de la restauration. »
Un vice-procureur et un commissaire surpris dans un restaurant clandestin
Les deux hommes ont été contrôlés en train de déjeuner dans un restaurant clandestin du Vaucluse, samedi. Le ministre de l’Intérieur a demandé la suspension du commissaire.
Un contrôle embarrassant. Samedi 30 janvier, un commissaire avignonnais et un vice-procureur de Carpentras, dans le Vaucluse, ont été surpris lors d’un contrôle dans un restaurant carpentrassien ouvert illégalement, rapporte Franceinfo ce lundi 1er février en citant des « sources concordantes ».
Le procureur, membre du Conseil supérieur de la Magistrature et délégué de l’Union syndicale des Magistrats (USM), et le commissaire de police étaient en train de déjeuner, selon les informations de France-Bleu Vaucluse. Ils ont été entendus au commissariat d’Avignon, où ils ont reconnu les faits. Selon le média local, le parquet de Nîmes devrait se saisir de l’enquête.
« Pour être respecté, il faut être respectable »
Interrogé sur France-Inter lundi matin, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu’il avait « demandé au directeur général de la police nationale, dès [dimanche] soir, de suspendre [le commissaire] et de lui retirer son poste de commandement ». « Pour être respecté, il faut être respectable », a-t-il ajouté.
Citant un « devoir d’exemplarité », il a également appelé chacun à « faire extrêmement attention ». « Ce n’est pas pour embêter les Français, mais pour éviter le poids très dur du reconfinement », a-t-il ajouté. Car malgré les annonces de Jean Castex vendredi, la menace d’un troisième confinement plane toujours sur l’Hexagone.
Plus de 20 000 soldats de la garde nationale déployés, Washington barricadée, une cérémonie sous haute tension : l’investiture de Joe Biden, le 20 janvier, s’annonçait hors norme.
Nos conditions de bouclage (les pages sont envoyées à l’imprimerie le mardi) ne nous permettant pas de couvrir cet événement, nous avons choisi de revenir sur les événements gravissimes du Capitole, qui risquent de marquer durablement les débuts de la présidence Biden. “Insurrection le 6 janvier, impeachment le 13, investiture le 20” : pour le New York Magazine, “les trois premiers mercredis de l’année 2021 sont autant de marques sur le visage de l’Amérique”.
La semaine dernière, nous nous demandions comment Joe Biden allait “réparer” l’Amérique. Cette fois, c’est la censure inédite des réseaux sociaux contre le président sortant et ses partisans que nous avons choisie de décrypter car, là aussi, c’est la démocratie américaine (et pas qu’elle) qui risque d’être un peu plus fragilisée. C’est d’abord Twitter qui a frappé fort en annonçant la suppression du compte de Donald Trump. Un compte aux 88 millions d’abonnés. Puis, dans la foulée, Facebook, TikTok… Par ce geste, les géants de la Silicon Valley ont devancé le Congrès et mis le locataire de la Maison-Blanche hors d’état de nuire, explique The Atlantic. “Donald Trump, célébrité et homme d’affaires, avait promis de purger le marigot qu’est, selon lui, Washington.
Il échappera à toute forme de sanction dans cette ville, mais il est rattrapé par la justice du secteur privé”, écrivait le magazine à la veille du vote de la Chambre des représentants en faveur d’une nouvelle procédure de destitution. Le problème, c’est que les Gafam qui censurent aujourd’hui Trump ont largement contribué à la radicalisation de ses partisans. Pourquoi réagir aujourd’hui et pas dès 2016 ?
Pourquoi des autocrates comme le président philippin Duterte, le Premier ministre indien Modi… ont-ils encore des comptes, eux, se demande ainsi The Atlantic dans un autre article ? Twitter pratique une politique de “deux poids, deux mesures” en censurant les comptes conservateurs et en tolérant les “incivilités graves, [les messages] d’incitation à la violence et même de haine raciale” émanant d’“individus considérés comme appartenant au bon côté, au camp progressiste”, estime un éditorialiste de UnHerd dans une opinion tranchée traduite sur notre site. Le réseau social Parler – refuge des conservateurs et des complotistes – a été l’autre grande victime du “nettoyage”des géants de la tech. Et même s’il renaîtra sans doute très vite ailleurs, ce bannissement interroge sur la surpuissance d’Amazon et consorts. “Si on cherchait une preuve que ces géants sont des monopoles, qui agissent en violation de la réglementation antitrust et élimineront toute tentative de concurrence, on ne saurait trouver mieux que le fait qu’ils aient employé leur puissance à détruire un concurrent émergent”, analyse sur son blog Substack Glenn Greenwald, le journaliste célèbre pour avoir publié les révélations d’Edward Snowden. Tout le débat est là.
Est-ce à des entreprises privées de fixer les limites de la liberté d’expression ?
Sûrement pas.
Mais comment réguler l’information en ligne ?
Pour Quartz, il faudrait gérer Internet comme un service public. “Près de quarante ans après la création d’Internet, la question de savoir quand et comment des entreprises privées peuvent utiliser leur puissance pour contrôler le flot d’informations et d’idées n’est pas tranchée. Et les événements récents ont démontré à quel point il est important de réfléchir à des mécanismes de réglementation et de supervision des infrastructures Internet et de réclamer plus de transparence sur les décisions des entreprises qui les gèrent – ou de créer de véritables entreprises d’utilité publique.” Autre question récurrente : comment limiter la propagation des opinions extrémistes en ligne ?
Et qui est responsable ?
Après avoir reconnu un ex-collègue du site Buzzfeed parmi les manifestants du Capitole, Ben Smith, chroniqueur media du New York Times, prend sa part : “Son évolution me pousse à m’interroger sur la part de responsabilité que nous portons aujourd’hui, nous les pionniers de l’information sur les réseaux sociaux. Avons-nous contribué, ainsi que les créateurs de ces plateformes, à ouvrir une boîte de Pandore ?” Cette question, tous les médias peuvent se la poser
C’est la “big tech” qui a destitué Trump en premier ICI
En privant Donald Trump de ses plateformes préférées, des entreprises privées comme Facebook, Snapchat, Twitter et consorts ont devancé les élus du Congrès et mis le locataire de la Maison-Blanche hors d’état de nuire, constate The Atlantic.
On ne peut pas abandonner le contrôle des opinions et des informations circulant en ligne à de grands groupes privés, estime ce site américain, qui dresse un parallèle avec la gestion de l’eau ou de l’électricité.
De l’ivresse du buzz à l’assaut du Capitole
Parmi les insurgés du Congrès, le chroniqueur médias du New York Times a reconnu un ex-confrère. Il s’interroge sur la responsabilité des pionniers de l’information virale dans la radicalisation des réseaux sociaux. —
The New York Times (extraits) New York
Rien ne le distinguait particulièrement, dans notre studio de Los Angeles, des autres personnages iconoclastes, ambitieux et doués d’un talent peu ordinaire qui travaillaient là. Tous avaient un don pour faire des vidéos capables de créer le buzz. Il s’appelait Anthime Joseph Gionet, et sa valeur ajoutée pour BuzzFeed était évidente : il était prêt à tout pour un bon Vine, la plateforme de vidéos qui a brièvement connu la gloire avant d’être écrasée par Instagram et Snapchat en 2017.
Un jour, il s’est renversé 3 litres de lait sur la tête et la vidéo de cet exploit a été vue des millions de fois. C’était l’époque où les blagues potaches de ce genre amusaient les internautes américains. En ce sens, il était naturellement fait pour BuzzFeed quand il est arrivé au printemps 2015, alors que j’étais rédacteur en chef du site. Embauché pour gérer le compte Vine, son travail consistait à condenser en six secondes les vidéos les plus drôles et les plus improbables concoctées par ses collègues.
À l’époque, nous étions les meilleurs en matière de création de contenus pour les réseaux sociaux, la plupart du temps des listes, des quiz, de courtes vidéos, et à l’occasion des retransmissions en direct, comme celle où deux de mes collègues ont fait exploser une pastèque à grand renfort d’élastiques.
Et c’est pourquoi j’ai reconnu le ton de Gionet, aujourd’hui âgé de 33 ans, le mercredi [6 janvier]: “Vous êtes plus de 10 000 à nous suivre en direct, allez, c’est parti!” disait-il avec ferveur. Anthime Joseph Gionet se trouvait alors [au Capitole], dans le bureau dévasté du sénateur de l’Oregon Jeff Merkley, et faisait une vidéo en direct pour l’une des rares plateformes ne l’ayant pas encore banni, lui et d’autres fidèles de Donald Trump. Cela ressemblait à la conclusion logique d’une évolution professionnelle que certains pourraient qualifier de faiseur de farces sur Internet ou de spécialisation en trolls, mais qu’on pourrait décrire plus justement comme de la violence performative.
Après avoir vu Gionet, j’ai appelé quelques anciens collègues. Ils se souviennent de lui avec un mélange de dégoût et de perplexité. Ils décrivent un homme susceptible, en perpétuelle quête de popularité, mais qui pouvait aussi se montrer très contrarié si l’on se moquait de sa grosse moustache et de sa coupe de cheveux mulet. Deux de ses amis au bureau avaient d’autres origines ethniques que lui et ne se considéraient pas du même genre, et ils se sentaient parfois unis par le sentiment de ne pas faire partie du clan. L’un d’entre eux évoque un homme triste dont les opinions politiques ne dépassaient guère la culture plutôt rugueuse et sexiste de Vine, et qui était hanté par une enfance très solitaire en Alaska. Il semblait vide à l’intérieur.
Pendant la campagne [présidentielle] de 2016, il a commencé à se construire un personnage de militant politique. Il a d’abord posé la photo de Bernie Sanders sur son bureau, puis s’est mis à arborer une casquette MAGA [“Make America great again”, le slogan de Donald Trump] au bureau. Cela n’a pas manqué de faire sourciller certains collègues plus progressistes – bien que relativement apolitiques –, mais c’était encore l’époque où certains pensaient que l’on pouvait être “ironiquement” d’extrême droite.
Quelques mois plus tard, quand il a quitté BuzzFeed pour devenir l’“agent” de Milo Yiannopoulos, coqueluche de l’“alt-right” raciste et antisémite, ses collègues sont restés cois. Puis ils ont remonté son fil Twitter et découvert que ses messages de plus en plus nauséabonds étaient retweettés par des personnalités d’extrême droite et que son évolution n’était donc en fait pas si surprenante.
Il ne s’agit pas ici de faire le portrait d’un homme sympathique qui aurait mal tourné. L’histoire parle selon moi d’autre chose, comme si les réseaux sociaux étaient désormais dotés d’une sorte de pouvoir que nous avons contribué à affûter avec BuzzFeed.
Pour ceux qui n’ont jamais vu un de leurs contenus littéralement embraser les réseaux sociaux, il est difficile de comprendre l’attrait de cette incroyable montée d’adrénaline. Vous vous retrouvez soudain au centre de la galaxie numérique, observé par une foule de gens inimaginable.
Après son renvoi en 2014 de BuzzFeed pour plagiat, il a poursuivi sa carrière en prenant la tête de Turning Point USA, sorte de mouvement de jeunesse trumpiste, et en animant une émission sur Newsmax [un site d’information et d’opinion conservateur]. Il met désormais ses talents de “spécialiste de la narration politique en ligne”, affûtés avec nous à BuzzFeed, au service d’une nouvelle génération de personnalités d’extrême droite comme Lauren Boebert, représentante du Colorado, qui s’est notamment fait connaître en jurant de venir travailler au Congrès avec son arme. (Ni Anthime Joseph Gionet ni Benny Johnson n’ont souhaité répondre à nos sollicitations.) Alors que nous affinions ces nouvelles pratiques des réseaux sociaux chez BuzzFeed, nous avons mis du temps à comprendre que l’extrême droite suivait attentivement notre travail et nous imitait. John Peretti, fondateur du Huffington Post et de BuzzFeed, a été stupéfait d’entendre Steve Bannon, alors responsable du site Breitbart [porte-étendard de la droite radicale], déclarer qu’il s’était inspiré de son travail pour définir la stratégie de campagne de Donald Trump en 2016. Avant les élections, Steve Bannon m’avait d’ailleurs confié son étonnement de voir que nous n’avions pas transformé BuzzFeed en machine de guerre pour Bernie Sanders, ainsi que Breitbart l’était devenu pour Donald Trump. “Certaines des techniques innovantes que nous avons lancées, plus adaptées au fonctionnement des réseaux sociaux et des médias numériques, ont été reprises par des mouvements d’extrême droite, des groupes racistes et les partisans MAGA”, reconnaît mon ancien patron Jonah Peretti [après l’assaut du Capitole]. Optimiste invétéré, Peretti souligne néanmoins que ces mêmes dynamiques ont également joué un rôle crucial dans la mobilisation de mouvements progressistes ces dernières années, comme Black Lives Matter ou #MeToo.
J’entends déjà deux théories apparemment divergentes pour expliquer ce qui s’est passé à Washington [le 6 janvier] : pour les uns, cette foule majoritairement blanche et ouvertement raciste est l’incarnation d’un mal américain profondément enraciné et toujours présent; pour les autres, les réseaux sociaux ont radicalisé les identités de base de certains Américains.
La trajectoire d’Anthime Joseph Gionet montre que ces deux explications ne s’excluent pas mutuellement. Un homme dont les anciens collègues se souviennent comme d’un être à la dérive s’est construit une identité reflétant de vieux démons de l’Amérique et est devenu ce que de nombreux Américains voulaient qu’il soit.
Pour les mitterrandolâtres la Bièvre c’est la rue de Bièvre Ve arrondissement, à deux pas de l’Ile Saint-Louis et de Notre-Dame de Paris, où Tonton logeait avec Danielle sa légitime au 22. C’est en 1971, que le couple Mitterrand acquiert cet ancien relais de poste alors en piteux état doté d’un escalier en fer forgé du XVIIe siècle. Leur ami Stéphane Jouanneau, avocat à Grenoble, que j’ai bien connu, qui cherche un logement pour sa fille étudiante, devient également propriétaire de cet appartement. Après deux ans de travaux pour le remettre en état et le diviser en appartements, François et Danielle Mitterrand s’installent.
Le rez-de-chaussée, donnant sur la cour intérieure, est occupé par la cuisine/salle à manger, un séjour avec tomettes et un débarras. Au premier étage, on y trouve une grande chambre occupée en son temps par Danielle Mitterrand avec une salle de bains et un petit dressing. Le futur chef de l’État dormait au second et possédait au grenier un bureau avoisinant une bibliothèque. Danielle Mitterrand logea dans cet appartement jusqu’à sa mort en 2011.
Cet appartement de 79 m² a été proposé à la vente e 2019 pour 1,375 million d’euros (dont un peu plus de 65.000 euros de frais d’agence) par l’agence de Philippe Ménager et Nicolas Hug.
Dans les années 80j’allais, avec mon patron de l’époque, déjeuner rue de Bièvre, pour déguster « Le couscous président » – il se disait que Tonton y venait avec Roger Hanin, son beauf, en catimini (pas évident avec le Roger). Pas de chichis, tout était dans le couscous, la graine fine et onctueuse, succulent et le patron ne profitait pas de la proximité présidentielle pour alourdir la douloureuse.
La Bièvre était une rivière normale avant de disparaître sous le macadam, son histoire tourmentée est indissociable de l’industrie et de la pollution.
Non navigable à cause de sa faible largeur, le cours d’eau a d’abord alimenté en eau les jardins et les terrains de communautés ecclésiastiques. Au XIIe siècle, un canal est ainsi creusé dans Paris pour dévier la Bièvre jusqu’à l’abbaye Saint-Victor, dans le centre de la ville.
Un affluent très pollué
Assez vite, le cours d’eau fait aussi tourner des moulins et sert à des blanchisseries. « Son usage bascule vraiment à la fin du XVIIe siècle », analyse l’historien Thomas Le Roux, spécialiste de l’industrie à Paris et coauteur de La Contamination du monde (Seuil, 2017). En 1672 et en 1673, les autorités ordonnent de déplacer les tanneries, mégisseries et teintureries situées au bord de la Seine. Elles polluent trop. « L’objectif est de donner à Paris le lustre d’une capitale administrative et monumentale, embellie, débarrassée des artisans les plus voyants, note Thomas Le Roux. La qualité de l’eau doit y être préservée. »
Où délocaliser ces industries jugées inopportunes sur les berges de la Seine ?
La solution est vite trouvée : sur la Bièvre. En particulier au faubourg Saint-Marcel, un quartier alors situé près de la ville, donc des clients, sans être pour autant intégrés à Paris.
C’est ici qu’est déjà implantée l’ancienne teinturerie des Gobelins, devenue manufacture royale. Elle vient d’expérimenter un nouveau procédé de teinture en rouge à base de cochenille qui fait fureur. Au fil des ans, tout ce faubourg devient ainsi un centre économique clé, et la Bièvre, une véritable rivière industrielle, gérée par les tanneurs, teinturiers et mégissiers qui utilisent son eau.
Mais, en transférant les activités polluantes du fleuve vers son petit affluent, les autorités n’ont fait que repousser le problème. Au XVIIIe siècle, puis, surtout, au XIXe, l’insalubrité de la Bièvre devient un énorme sujet de préoccupation. Les brasseries, boucheries, tanneries, etc., transforment la rivière en égout à ciel ouvert et empuantissent l’air. En 1777, Buffon se plaint déjà de l’odeur puissante et « fort incommode » pour tous ceux qui fréquentent son Jardin des plantes. « La rue Croulebarbe est devenue la rue Croule-Peste ! », s’émeut Le Petit Parisien un siècle plus tard, lors d’un été dont la chaleur transforme le secteur en cloaque. Les germes véhiculés par la rivière ne risquent-ils pas d’atteindre les quartiers bourgeois ?
Ces mêmes années, l’écrivain et critique Joris-Karl Huysmans dépeint la Bièvre en « fille de la campagne » tombée aux mains d’« âpres négociants qui se la repassent » et l’emprisonnent à tour de rôle : « Jour et nuit, elle lave l’ordure des peaux écorchées, macère les toisons épargnées et les cuirs bruts, subit les pinces de l’alun, les morsures de la chaux et des caustiques. »
Le résultat ?
« Globulée de crachats, épaissie de craie, délayée de suie, elle roule des amas de feuilles mortes et d’indescriptibles résidus qui la glacent.»
Le verdict, lui, est limpide : la Bièvre doit disparaître.
Les tentatives pour améliorer son débit et empêcher la stagnation des eaux qui aggrave les pollutions n’ont pas suffi. Concilier l’industrie et la pureté des eaux semble impossible. C’est ainsi que, à partir de 1875, le « ruisseau infect » dépeint par le préfet Haussmann est enterré, canalisé. A Paris, la dernière portion est couverte en 1935. En proche banlieue, dans les années 1950. Ultime clou dans le cercueil de béton.
Et au milieu de Paris recoulera peut-être la Bièvre ICI
Alors que plusieurs communes de la grande couronne ont remis cet affluent de la Seine à l’air, Anne Hidalgo en a aussi fait la promesse. Symbole d’une capitale qui cherche à retrouver la nature sous le béton.
Etienne Daho lui consacra une chanson dans son album La Notte, la Notte. Elle fut le premier coup de foudre de cinéma du jeune cinéphile Claude Chabrol, et si le réalisateur Barbet Schroeder a prénommé sa fille Laura, ce n’est pas un hasard… Visage de porcelaine aux pommettes saillantes, bouche subtilement ourlée, avec ce petit défaut qui fait les grandes beautés : des dents très légèrement en avant car Gene Tierney avait refusé tout net de se les faire refaire, même sous la pression des studios. Et, surtout, ce regard bleu transparent, légèrement bridé, qui fige le temps, qu’elle soit douce ou vénéneuse à l’écran.
Tel un moissonneur infatigable – normal je ne fiche rien – vautré dans mon fauteuil, j’entasse des gerbes de DVD de ciné.
Je complète ma culture du 7e Art
Gene Tierney pour moi se résumait à :
1944Laurad’Otto Preminger
1947 L'aventure de Madame Muir de Joseph Mankiewicz
Dans ma moisson, après avoir revu Laura, j’ai aligné sans souci de chronologie :
1949 Le mystérieux docteur Korvo de Preminger
1950 Les forbans de la nuit de Jules Dassin puis Mark Dixon, détective de Preminger
Et pour terminer 1946 Le château du dragon de Mankiewicz
Dans les DVD se nichent des BONUS que je ne visionne jamais, mais pour Le château du dragon je lis sur la pochette : Gene Tierney, une vie tourmentée 9 mn.
Curieux comme je suis, je visionne et je découvre :
Sur le plateau du Château du dragon, son regard, se portant vers la caméra, plonge "dans les plus beaux yeux bleus" que la comédienne ait pu voir. Le visiteur du film de Mankiewicz est un lieutenant de vaisseau, célibataire et catholique, répondant au nom de John Fitzgerald Kennedy. Lequel présente la comédienne à sa famille et l'entraîne, un soir, à un concert d'Édith Piaf. Mais Kennedy a l'âme d'un politicien, et un futur Président américain ne peut épouser une star, aussi sublime soit-elle. Gene, en miroir de Marilyn...
Embrassée par une admiratrice lors d'un gala pour l'effort de guerre, l'actrice, alors enceinte, contracte la rubéole. Née huit mois plus tard, la petite Daria en portera à jamais les stigmates, à la fois sourde, aveugle et attardée mentale. Malgré la naissance d'une autre fille, Christina, le couple formé avec Oleg ne s'en remettra pas. Une longue dérive, psychique et sentimentale, attend alors Gene.
Déprimes et angoisses
Pour guérir, mais sans trop y croire, elle se noie dans les tournages, y gagne le surnom de "One-take Tierney" pour son professionnalisme et confie, le coeur brisé, sa petite Daria à une institution spécialisée. Histoire de faire le tour du malheur, et tandis qu'Oleg l'a abandonnée pour Grace Kelly, Gene joue dans d'ultimes diamants noirs signés Preminger et vit d'insatisfaisantes liaisons avec Kirk Douglas et Spencer Tracy.
C'est alors qu'elle rencontre, à Paris, le prince Ali Khan, aimable jet setter tout juste remis de son divorce avec Rita Hayworth. Ils s'éprennent l'un de l'autre et entament une liaison de dix-huit mois. "À une période où j'en avais besoin, confessera Gene, Ali ramena la joie dans ma vie." Leur séparation est une nouvelle déchirure qui plonge l'actrice dans l'affliction. Aux déprimes succèdent l'angoisse, les troubles de la mémoire, la dépression.
Gene Tierney dans Laura, d’Otto Preminger (1944), avec Dana Andrews.
Lire aussi Elle était « la plus belle femme de l’histoire du cinéma », selon Darryl F. Zanuck, le fondateur du studio 20th Century Fox. Le célèbre producteur ne s’y trompera pas en la repérant sur les planches de Broadway : son visage, l’un des plus mémorables de l’âge d’or de Hollywood, envoûtera d’Ernst Lubitsch à Otto Preminger. ICI
« Un Vin sans qualités » * ou la fragilité des qualités...
Dans notre société frileuse, craintive, perméable aux grandes peurs, où les individus, tout en revendiquant haut et fort le respect de leur liberté personnelle, rejettent toute forme de responsabilité individuelle pour se réfugier dans un système où la loi s’immisce dans les moindres replis de leur vie, s’il est un mot largement galvaudé c’est bien celui de qualité.
L’irruption, dont je ne conteste pas les principes, des normes d’hygiène dans notre univers alimentaire fait que, le plus souvent, un produit dit de qualité en possède bien peu.
Le camembert Président est un produit de qualité mais est-ce un camembert ?
Mais à contrario, le camembert Président dit de « campagne » révèle bien plus de qualités que certains camemberts de Normandie d’appellation d’origine contrôlée. Rien d’étonnant à cela beaucoup de ceux-ci sont fabriqués à partir de lait de vaches qui ruminent de l’ensilage.
* référence au livre de Robert Musil L'homme sans qualités
23 mars 2012
Afterwork du taulier : les secrets du succès des campagnes électorales par un expert du double jeu
Se faire élire par ses concitoyens n’est pas chose aisée. Autrefois les candidats se contentaient des préaux d’école, de banquets, de quelques affiches, de poignées de mains dans les comices, de canons dans les estaminets. De nos jours ce qui compte c’est la mise en scène pour l’œil inquisiteur des caméras de télé *. Alors ceux qui sollicitent nos suffrages remettent au goût du jour les vieilles recettes sauf que les hérauts discourent devant des parterres de supporters qui ne sont pas là pour écouter et comprendre mais faire la claque.
Comme votre taulier est bon prince, et qu’il a lu le Prince de Machiavel, il s’est dit qu’en ce temps de fièvre électorale il se devait d’alléger la peine de nos pauvres candidats qui s’échinent à nous séduire.
Comment faire ?
Tout simplement en retrouvant dans son tas de livre un petit opus « fièvre électorale à Pompéi » car là-bas, juste avant la chute « toute la ville semblait obsédée par les élections ». Donc, je vais mettre en ligne les secrets du succès des campagnes électorales à Rome contenus dans « Commenentariolum petitionis » de Quintus Tullius Cicéron, sous la forme d’une lettre à son frère aîné, le célèbre orateur Marcus Tullius Cicéron. Celui-ci, dans sa campagne électorale en 64 av J.C. a dû les mettre à profit, car il fut élu en 63 av J.-C. consul romain.
*En 2021, remplacer par réseaux sociaux.
Une candidate UDI en Normandie invente le... camembert de campagne ICI
AFP, publié le mercredi 13 janvier 2021
"Un vrai camembert de Normandie, au lait cru": la sénatrice de l'Orne Nathalie Goulet est "très fière" de sa trouvaille, un produit local typique à son effigie, comme "produit d'appel" pour sa campagne pour les élections régionales.
Ce "goodie" original, qui sera distribué gratuitement lors de la campagne, est une boîte de camembert orné d'une étiquette où la candidate UDI pose, souriante, sur fond de pâturages verdoyants, avec un rappel de son slogan "Normandie avec Nathalie Goulet".
"Dans les conditions actuelles, extrêmement difficiles du fait de la pandémie, j'ai essayé d'innover", a expliqué à l'AFP la tête de liste UDI en Normandie pour les prochaines régionales, dont le report de mars à juin doit être soumis au Sénat fin janvier.
La sénatrice fustige "une campagne qui n'en finit pas et pose énormément de problèmes" et une incertitude sur la date qui donne "une prime gigantesque aux sortants".
Pour malgré tout pouvoir "aller vers les gens", Nathalie Goulet a misé sur la "créativité", avec ce camembert de campagne à son effigie, mais aussi "un bureau ambulant" pour ses co-listiers, un minibus qui commencera à tourner dès ce weekend dans le Calvados puis dans l'Eure.
Pour la sénatrice, sa candidature aux régionales vise d'abord à "reconstituer des réseaux UDI en Normandie", aujourd'hui présidée par le centriste Hervé Morin, et "identifier des candidats pour les prochaines législatives".
Quant à l'étiquette de son camembert de campagne, il devrait faire le bonheur des tyrosémiophiles (collectionneurs d'étiquettes de fromages) ...
DVD toujours, j’ai revu Belle de Jour de Luis Buñuel, tiré du roman de Joseph Kessel qui fit scandale lors de sa parution en 1928 chez Gallimard qualifié par le scénariste Jean-Claude Carrière, d'ouvrage mineur : « un petit roman de gare, tout au plus ».
Belle de Jour fut pour moi un film initiatique :
12 novembre 2006
Le clone de Giovanni Drogo
Tout près de la frontière, aux confins de mon univers connu, j'attendais le jour où la vraie vie commencerait. J'étais le clone de Giovanni Drogo, ce jeune ambitieux pour qui « tous ces jours qui lui avaient parus odieux, étaient désormais finis pour toujours et formaient des mois et des années qui jamais plus ne reviendraient... »
Aux yeux du clan des femmes je croissais, en âge et en sagesse, dans l'étroit périmètre de notre bocage cernée de hautes haies, alors que je ne poussais vraiment que dans l'obscurité du Rex et du Modern. Perfusé par les yeux verts et le nombril de Debra Paget dans le Tigre du Bengale et par les bas de soie glissant sur les cuisses diaphanes de Catherine Deneuve dans Belle de Jour, je me lignifiais en silence. Jour après jour j'accumulais la chlorophylle des belles étendues sur le papier glacé des magazines de mode de ma mère. Je thésaurisais de la beauté pour gagner les centimètres qui me placeraient au-dessus du commun. C'était le bonheur de jours passés à regarder filer les heures, hors des limites du réel, avec pour seule ligne d'horizon la belle destinée qu'allait m'offrir la vie, au plus haut, à l'étage des seigneurs. Quand parfois le doute m'effleurait - allais-je pouvoir m'extraire de ce monde contraint ? - je me parais des oripeaux d'Edmond Dantès, le trahi, le paria surgi de nulle part accomplissant son implacable vengeance : les yeux topaze d'Yvonne Furneau m'irisaient...
Après avoir visionné le film, qui n’a pas pris une ride, j’ai cliqué sur le bonus Histoire d’un film où Jean-Claude Carrière, que j’apprécie beaucoup, donne un éclairage très intéressant sur la genèse et le tournage du film, sur Catherine Deneuve aussi.
Bonne pioche je suis tombé sur Jacques Lacan !
Avant détail géographique :
« Séverine, Catherine Deneuve… se rend un jour chez Madame Anaïs, qui tient une maison de rendez-vous rue Virène, et fait acte de candidature comme pensionnaire en demandant de ne travailler qu’entre 14h et 17h. »
Il n’y a pas de rue de Virène à Paris, en revanche, à deux pas de chez moi, la rue Léon-Maurice Nordmann, commence rue de la Santé. J’y passe souvent sur mon vélo.« Cette voie faisait précédemment partie de la rue Broca et avant 1890 de la rue de Lourcine. Un arrêté du 18 décembre 1944 lui donna le nom de l'avocat résistant Léon-Maurice Nordmann (1908 - Mont Valérien, le 23 février 1942), fusillé par les nazis.
Plusieurs plans du film Belle de jour de Luis Buñuel ont été tournés dans le square Albin-Cachot, renommé pour l'occasion « cité Jean-de-Saumur » où est situé l'appartement de Mme Anaïs. Catherine Deneuve rentre au no 3 du square, numéroté 11 dans le film. L'appartement est situé au no 3, mais la cage d'escalier est située à un autre numéro. L'appartement utilisé était celui de l'assistant de Buñuel.
Ensuite je fouine sur Google et je tombe sur un excellent article :
Pourquoi il faut absolument redécouvrir "Belle de jour", de Luis Buñuel ICI
« À quoi penses-tu Séverine ? » Dans le miroir embué de la salle de bain, Pierre contemple le reflet de sa femme, en train de se réveiller. Les deux ne font pas encore chambre à part, mais dorment déjà dans des lits séparés. « Je pensais à toi. À nous deux. Nous nous promenions ensemble dans un landau », répond la blonde. En vérité, celle-ci rêvait quelques minutes plus tôt d'abjection et de dégradation. De souillure et de soumission. La séquence inaugurale de Belle de jour montre en effet le couple lors d'une balade romantique en calèche dans les bois, rythmée par le tintement des grelots. Mais soudain le fiacre s'immobilise et Séverine, sur l'ordre de son mari, est empoignée par les deux cochers qui déchirent sa robe et abusent d'elle. Attachée à un arbre, bâillonnée puis cravachée, Séverine est livrée au valet de pied… et semble aimer ça !
D'une brutalité inouïe, les premières images du long-métrage de Luis Buñuel nous plongent dans la psyché féminine. Mêlant adroitement rêve et réalité, ce film au climat onirique est fréquemment émaillé de visions, nées de l'imagination fertile de son héroïne, en proie à des pulsions masochistes et à des fantasmes avilissants. Venu du surréalisme, le grand réalisateur espagnol formé par les jésuites est un habitué de ce genre de scène (on se souvient tous de la main pleine de fourmis et de l'œil coupé au rasoir d'Un chien andalou, coécrit par Dalí). Avec Belle de jour, Buñuel parle cette fois de ce qui nous trouble le plus : notre part animale. Cinéaste de l'inconscient, l'auteur de L'Âge d'or élabore, avec cette œuvre subversive, un dispositif sadien qui, cinquante ans plus tard, suscite encore l'émoi du spectateur. À l'origine, Belle de jour est un roman de Joseph Kessel qui fit scandale lors de sa parution en 1928 chez Gallimard.
Récit d'une libération, l'ouvrage raconte le parcours d'une jeune femme issue de la bonne bourgeoisie, qui n'a jamais éprouvé de plaisir auprès de son mari, et qui décide de mener une double vie et de se prostituer dans un luxueux bordel parisien, où se déclinent toutes les perversions. Raymond et Robert Hakim, deux juifs d'Alexandrie, achètent les droits du livre. Ces deux frères, qui avaient déjà produit un biopic sur Marthe Richard, prostituée qui a donné son nom à la loi de fermeture des maisons closes en France en 1946, puis Casque d'or avec Simone Signoret en putain flamboyante, voient en Belle de jour un sujet racoleur au fort potentiel commercial. Les Hakim proposent ainsi à Buñuel l'adaptation de la nouvelle de Kessel avec Catherine Deneuve en tête d'affiche. Au départ, le cinéaste n'est convaincu ni par le livre ni par l'actrice. Il appelle à la rescousse son scénariste du Journal d'une femme de chambre (1964), Jean-Claude Carrière, qui juge à son tour l'ouvrage mineur (« un petit roman de gare, tout au plus »).
Catherine Deneuve subit les pires outrages
Le metteur en scène et le scénariste décident alors de remanier l'intrigue et d'y introduire une dimension fantasmatique et psychanalytique. En effet, Buñuel, âgé de 67 ans, a d'autres ambitions avec ce film de commande qu'un simple produit mercantile (gravement malade, il avait annoncé que ce serait son ultime long-métrage. Ce ne fut heureusement pas le cas). À ses yeux, Belle de jour devait être une exploration de ce que Freud appelait « le continent noir », la sexualité féminine (plus tard, Lacan projettera d'ailleurs le film à ses élèves au cours de séminaires).
Catherine Deneuve dans Belle de Jour de Luis Buñuel en 1967Photo : AFP
ÉCHOS DE LA SOIRÉE CINÉMA AVEC LACAN A PROPOS DU FILM « BELLE DE JOUR » DE LUIS BUÑUEL ICI
Le réalisateur Buñuel, s’attaque là à des territoires obscurs, celui du féminin et du désir qui ne sont pas sans soulever des polémiques, des incompréhensions et des tensions, quotidiennement. Donnant toute sa valeur actuelle au film, Fouzia Taouzari a ouvert le débat en inscrivant l’énigme féminine au-delà de la guerre des sexes : « Il y a une dimension du féminin qui fait horreur aux femmes et aux hommes ».
[…]
Face à cet abîme où la tendresse de son mari ne répond pas aux attentes de Séverine dont le désir se trouve en impasse avec son lot de frigidités, elle imagine des scénarios dans une sorte de rêverie. Dans ses rêveries, elle met en scène son mari, la faisant battre par des hommes de mains, ordonnant qu’on la maltraite, qu’on la diffame. Ces scénarios fantasmatiques sont bien loin de la réalité où son mari vient chaque soir la border, pour l’endormir dans un lit séparé d’elle. « Cet homme très amoureux n’est pas porté sur la chose », ponctuera Fouzia Taouzari. Il porte un très grand soin à sa femme, n’entend pas lorsqu’elle lui dit qu’elle n’est pas femme à se laisser endormir ! L’amour écrase le désir, il endort.
Avec ses courbes à se damner, sa moue innocente et sa beauté magnétique, Catherine Deneuve a marqué le cinéma avec son rôle sulfureux dans "Belle de Jour". Elle y incarne Séverine, l'épouse d'un interne en médecine qui, voulant assouvir ses fantasmes, se livre à la prostitution occasionnelle. Parce que la fraîcheur qu'elle dégage à l'écran nous inspire encore, flashback sur 10 clichés de l'actrice dans le film de Luis Buñuel. ICI
"Belle de jour" de Joseph Kessel : l'ouvrage reparaît dans la Pléiade et fait l'unanimité au Masque & la Plume ICI
"Sublime", "unique", "courageux" et "moderne"… Ce sont les quatre maîtres-mots employés par les critiques du Masque & la Plume pour exprimer leur unanimité quant à l'un des plus grands classiques de l'œuvre de Joseph Kessel. "Belle de jour" est paru en 1928 et a été adapté au cinéma par Luis Buñuel en 1967.
Votre Taulier ne rechigne jamais, même pendant les mois d’été, à explorer les plis et les replis de la libido du buveur. Mais, comme il est aussi un fieffé ramier, il ne crache pas sur le recyclage de chroniques anciennes. Pour sa défense, celle que je...
Puisque certains n'ont pas compris mes conneries de la saison 1 ICI link j'en remet une louchée. C’est donc l’histoire d’un mec qui passait sa vie avec les bandits manchots dans les casinos. Il jouait à tout. Il pariait sur tout. Il grattait. Il se faisait...
Fenêtre sur cour, L’amour Est un crime parfait, Des mots noirs De désespoir Jetés sur un petit carnet. Mère au foyer sans foyer À nue Toute nue. Sur sa peau lisse tout glisse. Ses grains de beauté Fixés sur mes clichés volés. Sente blanche de ses hanches...
1- J'adore les mecs, le cul vissé sur le siège de leur scooter, qui m'invectivent parce que sur mon vélo je ne démarre pas assez vite aux feux tricolores... Bienheureux les beaufs ! 2- J'adore les nanas, les fesses posées sur le cuir des sièges de leur...
Sur la Toile faut s’attendre à tout lorsqu’on est comme moi un VB, vieux blogueur, un VC, vieux con, un VD, vieux débile qui crache sa bile comme dirait l’immense Mimi, mais un qui a aussi le bras très long, un influenceur de Première League, un gars...
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