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28 janvier 2021 4 28 /01 /janvier /2021 08:00

Photo d’archive du 18 mai 1981, lorsque François Mitterrand fraîchement élu président de la République quitte son domicile en compagnie de son épouse Danielle et de son frère Robert.

 

La bièvre - Lézarts de la bièvre

Pour les mitterrandolâtres la Bièvre c’est la rue de Bièvre Ve arrondissement, à deux pas de l’Ile Saint-Louis et de Notre-Dame de Paris, où Tonton logeait avec Danielle sa légitime au 22. C’est en 1971, que le couple Mitterrand acquiert cet ancien relais de poste alors en piteux état doté d’un escalier en fer forgé du XVIIe siècle. Leur ami Stéphane Jouanneau, avocat à Grenoble, que j’ai bien connu, qui cherche un logement pour sa fille étudiante, devient également propriétaire de cet appartement. Après deux ans de travaux pour le remettre en état et le diviser en appartements, François et Danielle Mitterrand s’installent.

 

Vue du porche du 22, rue de Bièvre dans le 5e arrondissement de Paris.

 

Le rez-de-chaussée, donnant sur la cour intérieure, est occupé par la cuisine/salle à manger, un séjour avec tomettes et un débarras. Au premier étage, on y trouve une grande chambre occupée en son temps par Danielle Mitterrand avec une salle de bains et un petit dressing. Le futur chef de l’État dormait au second et possédait au grenier un bureau avoisinant une bibliothèque. Danielle Mitterrand logea dans cet appartement jusqu’à sa mort en 2011.

 

L’appartement se compose de deux niveaux: 42 m² au rez-de-chaussée et 37 m² au 1er étage.L’annonce précise qu’il est possible de diviser le logement en deux appartements.Dans sa configuration actuelle, le logement ne comprend qu’une chambre avec sa salle de bains.L’acquéreur devra prévoir d’effectuer des travaux.

 

Cet appartement de 79 m² a été proposé à la vente e 2019 pour 1,375 million d’euros (dont un peu plus de 65.000 euros de frais d’agence) par l’agence de Philippe Ménager et Nicolas Hug.

 

Dans les années 80 j’allais, avec mon patron de l’époque, déjeuner rue de Bièvre, pour déguster « Le couscous président » – il se disait que Tonton y venait avec Roger Hanin, son beauf, en catimini (pas évident avec le Roger). Pas de chichis, tout était dans le couscous, la graine fine et onctueuse, succulent et le patron ne profitait pas de la proximité présidentielle pour alourdir la douloureuse.

 

 

La Bièvre était une rivière normale avant de disparaître sous le macadam, son histoire tourmentée est indissociable de l’industrie et de la pollution.

 

Non navigable à cause de sa faible largeur, le cours d’eau a d’abord alimenté en eau les jardins et les terrains de communautés ecclésiastiques. Au XIIe siècle, un canal est ainsi creusé dans Paris pour dévier la Bièvre jusqu’à l’abbaye Saint-Victor, dans le centre de la ville.

 

 

Un affluent très pollué

 

Assez vite, le cours d’eau fait aussi tourner des moulins et sert à des blanchisseries. « Son usage bascule vraiment à la fin du XVIIe siècle », analyse l’historien Thomas Le Roux, spécialiste de l’industrie à Paris et coauteur de La Contamination du monde (Seuil, 2017). En 1672 et en 1673, les autorités ordonnent de déplacer les tanneries, mégisseries et teintureries situées au bord de la Seine. Elles polluent trop. « L’objectif est de donner à Paris le lustre d’une capitale administrative et monumentale, embellie, débarrassée des artisans les plus voyants, note Thomas Le Roux. La qualité de l’eau doit y être préservée. »

 

Où délocaliser ces industries jugées inopportunes sur les berges de la Seine ?

 

La solution est vite trouvée : sur la Bièvre. En particulier au faubourg Saint-Marcel, un quartier alors situé près de la ville, donc des clients, sans être pour autant intégrés à Paris.

 

C’est ici qu’est déjà implantée l’ancienne teinturerie des Gobelins, devenue manufacture royale. Elle vient d’expérimenter un nouveau procédé de teinture en rouge à base de cochenille qui fait fureur. Au fil des ans, tout ce faubourg devient ainsi un centre économique clé, et la Bièvre, une véritable rivière industrielle, gérée par les tanneurs, teinturiers et mégissiers qui utilisent son eau.

 

Mais, en transférant les activités polluantes du fleuve vers son petit affluent, les autorités n’ont fait que repousser le problème. Au XVIIIe siècle, puis, surtout, au XIXe, l’insalubrité de la Bièvre devient un énorme sujet de préoccupation. Les brasseries, boucheries, tanneries, etc., transforment la rivière en égout à ciel ouvert et empuantissent l’air. En 1777, Buffon se plaint déjà de l’odeur puissante et « fort incommode » pour tous ceux qui fréquentent son Jardin des plantes. « La rue Croulebarbe est devenue la rue Croule-Peste ! », s’émeut Le Petit Parisien un siècle plus tard, lors d’un été dont la chaleur transforme le secteur en cloaque. Les germes véhiculés par la rivière ne risquent-ils pas d’atteindre les quartiers bourgeois ?

 

Ces mêmes années, l’écrivain et critique Joris-Karl Huysmans dépeint la Bièvre en « fille de la campagne » tombée aux mains d’« âpres négociants qui se la repassent » et l’emprisonnent à tour de rôle : « Jour et nuit, elle lave l’ordure des peaux écorchées, macère les toisons épargnées et les cuirs bruts, subit les pinces de l’alun, les morsures de la chaux et des caustiques. » 

 

Le résultat ? 

 

« Globulée de crachats, épaissie de craie, délayée de suie, elle roule des amas de feuilles mortes et ­d’indescriptibles résidus qui la glacent.»

 

Le verdict, lui, est limpide : la Bièvre doit disparaître.

 

Les ­tentatives pour améliorer son débit et empêcher la stagnation des eaux qui aggrave les pollutions n’ont pas suffi. Concilier l’industrie et la pureté des eaux semble impossible. C’est ainsi que, à partir de 1875, le « ruisseau infect » dépeint par le préfet Haussmann est enterré, canalisé. A Paris, la ­dernière portion est couverte en 1935. En proche banlieue, dans les années 1950. Ultime clou dans le cercueil de béton.

 

Et au milieu de Paris recoulera peut-être la Bièvre ICI 

Par Denis Cosnard

Publié le 22 janvier 2021 

REPORTAGE

Alors que plusieurs communes de la grande couronne ont remis cet affluent de la Seine à l’air, Anne Hidalgo en a aussi fait la promesse. Symbole d’une capitale qui cherche à retrouver la nature sous le béton.

 

La Bièvre à l'air libre à Arcueil et Gentilly ICI
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