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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 00:09

Dès que le mercure se paye une déprime, qu’il dévisse au-dessous de zéro, un temps d’engelures que je n’ai jamais eu, qu’on se caille les miches ou les glaouis, me prends des envies, des folies de viande bouillie : au choix le pot-au-feu ou la poule au riz. L’avantage avec la viande bouillie c’est que par définition elle te permet de faire du bouillon, du bouillon gras avec plein de zieux dedans. Comme dirait les génies du marketing, genre Findus revisité par le couple débile de chez le jeune Leclerc, c’est un 2 en 1. Chez moi c’est encore plus car j’y mitonne des suppléments.


Vantard le Taulier quand y dit qu’il est le roi de la poule au riz de Paris ? Pas si sûr, n’en déplaise à ceux qui pensent qu’à part caresser sa souris dans le sens du poil il ne sait rien faire de ses dix doigts, car y sait maîtriser mes fondamentaux de la tortore qui vous ravit le corps. Démonstration !


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1-               Bien acheter sa poule : pas simple car les ignorants ignorent qu’une poule est poule parce qu’elle a passé sa vie à pondre des œufs pour que vous mangiez des œufs ou pour faire des poulets si elle a copulée avec un coq. Les végétariens qui bouffent des œufs, contrairement aux végétaliens, seraient bien inspirés de nous dire ce que l’on fait des poules lorsqu’on les réforme ? Bref, quand elle a fini de pondre, la poule n’est pas au mieux de sa forme alors il faut la requinquer avec un régime adapté. La mémé Marie savait y faire : elle les soignait au lait et à la bouillie. Donc, faut la trouver sa poule reliftée et ce n’est pas dans les rayons des vendeurs de Lasagnes équins que vous les trouverez. Pas simple mais tout à fait possible sur les marchés et chez les fermiers qui font de la volaille en liberté.


2-             Bien acheter ses légumes : poireaux, carottes, navets blancs et jaunes, oignon doux, branches de céleri…


3-             Bien acheter son riz : du rond type arborio ou carnaroli.link 


4-             Bien acheter sa crème fraîche : celle de vache jersiaise de Bernard Gaborit en Maine-et-Loire link

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5-             Faire cuire les légumes à part puis récupérer le bouillon pour y faire cuire votre poule.


6-             Lorsque la poule est bien chaude prélever le bouillon puis dans une grande poêle faite revenir votre riz pour qu’il blondisse dans du beurre ou de l’huile d’olive. Jeter le bouillon chaud sur le riz et faites cuire à feu doux.


7-              Lorsque le riz est à point : croquant mais pas dur, balancer des louchées de crème fraîche et mélangez.


8-             Un détail, votre bouillon vous le salez au gros sel gris.


9-             Découpez votre poule et placez les morceaux dans un plat


10-       Placez les légumes dans un plat creux.


11-          Mettez votre riz dans une belle écuelle.


12-        Le reste du bouillon dans une soupière avec une louche.


13-        Un petit coup de moulin à poivre sur tout le monde et c’est parti pour la meilleure poule au riz de Paris.


14-        Boire bon pour faire bien couler chaque bouchée  au choix :


-        Turner Pajot link 


-       Ivo Feirrera link


-        Clos romain link


-        Henri Milan link 

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 00:09

Angers, je sors de la gare, 20 minutes de station sous la « guenasse » pour attendre en me gelant le cul une navette : même pas capable d’ajuster les horaires à ceux des trains c’est tout le professionnalisme des organisateurs du salon. Le bus est bondé. Nous gagnons une triste zone sous la pluie. Si j’avais su je ne serais pas venu. Par bonheur, la première aire du salon est occupée par une poignée de vignerons vendéens et ça me réconforte. Je quitte ma mauvaise humeur en compagnie de Jérémie Mourat qui, avec sa gentillesse habituelle, me présente son nouveau vignoble : Moulin Blanc.


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Pour ceux qui n’ont jamais croisé Jérémie je lui laisse le soin de se présenter. Comme je suis un peu fainiasse, je le cite chez une consœur, Elizabeth Poulain, c’était le 13 avril 2012. « C’est la vitesse du changement qui me surprend actuellement, mais pas chez tout le monde bien sûr. Quand je dois parler de moi, je dis que je suis vigneron. Avec mes 118 ha, je suis un vrai terrien issu d’une famille de négociants ayant travaillé dans la vente. C’est comme ça aussi que j’ai commencé dans le métier, aux côtés de mon père Jean Mourat. Au fil du temps – j’ai actuellement 34 ans et j’ai commencé en 1999 – j’ai ressenti une frustration de ne pas élaborer à 100% le produit et pour assurer la qualité du produit depuis le début. Mon père qui avait repris la direction de la maison Mourat, n’avait pu faire autrement que d’acheter du raisin. Il y avait 24 ha aux vignobles Mourat à mon arrivée quand je l’ai rejoint. J’ai trouvé un vignoble en pleine mutation, avec des changements climatiques, des changements relationnels et une envie de faire autrement. C’est ce que je fais et continue à faire. La suite ICI link 


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Le Moulin Blanc, planté sur une butte de schistes pourpres, afin de prendre le vent de l’Océan, est situé à Rosnay. Entouré d’une parcelle de vignes de 6 ha, il domine les vallées du Lay et de l’Yon et il a été brûlé en 1794 par la colonne infernale Goix-Martinière. Quatorze habitants ont péri dans ce massacre… Pour les petites louves et petits loups qui ignorent l’Histoire de France, les colonnes infernales ont sévi en Vendée ; une Vendée où l’insurrection a touché un territoire de 10 000km2 regroupant 4 demi-départements : le sud de la Loire-Inférieure et du Maine-et-Loire et le nord de la Vendée et des Deux-Sèvres.


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« Les colonnes infernales se mettent en marche le 21 janvier 1794 : les généraux veulent ainsi célébrer à la « manière républicaine » l’anniversaire de la mort de Louis XVI. L’idée est mise au point le 15 janvier à Saumur, par Turreau, en réaction au plan Kléber jugé ambigu, restrictif et timoré. Elle est avalisée par la Convention le 8 février suivant par l’intermédiaire de Carnot. « Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et pures mais éloignées du théâtre d’opérations, il attend les résultats pour se prononcer : extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir.


Le pays insurgé doit être traversé en six jours. Les troupes réparties en douze colonnes, appelées par Crrier « les douze flambeaux », reçoivent l’ordre écrit de « livrer aux flammes tout ce qui est susceptible d’êter brûlé et de passer au fil de la baïonnette toutes ce qu’elles rencontreront d’habitants ». « Je sais qu’il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays, s’écrie le général Grignon, c’est égal, nous devons tout sacrifier […]. » les objectifs fixés sont atteints à la date voulue mais les résultats, selon les organisateurs, sont jugés insuffisants et de nouvelles « promenades » sont organisées jusqu’à la chute  de Robespierre et peut-être au-delà. ». Les généraux Turreau et Amey, à la tête de 60.000 hommes, libres de tout commettre sur « les vipères, leurs femelles et leurs petits vipéreaux ». Goy-Martinière se désole : « Je n’ai pu brûler les moulins à vent, à défaut de bois et à cause de leur hauteur. J’ai fait briser la fourche, le frein, le rouet, ce qui équivaut au feu. »

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Revenons à ce Moulin Blanc qui a entièrement été restauré par l’entreprise CROIX, de la Cornuaille dans le Maine & Loire : www.restauration-moulin.fr  qui est spécialisée dans la restauration de moulin à vent et moulin à eau depuis 1850 (cinq générations de charpentiers amoulageurs). Amoulageur ou amoulangeur  selon Marcel Lachiver, un savoir-faire inestimable pour aussi installer et rénover des moulins à meule (minoterie). « Du débit des grumes à la mise en service de votre moulin nous vous accompagnons dans toutes les étapes de la restauration. » Ce que fait la main, une part du génie des artisans qu’il nous faut mettre en pleine lumière.


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Le Moulin blanc, nouvelle cuvée des Parcellaires de Jérémie Mourat après le Clos Saint André quintessence du Chenin, Grenouillère avec ses vieilles vignes de Négrette (le fameux ragoutant) et Terre Quartz (ex Terre Quart « Quarts-de-Chaume, qualifiant cette initiative de concurrence déloyale vis à vis du « Grand Cru" angevin!... Et menaçant au passage le domaine vendéen de représailles judiciaires, s'il ne changeait pas le nom de la cuvée!... On vit une époque formidable!... Résultat : alors que cette cuvée porte le nom même de la parcelle, elle va devoir changer d'identité pour Terres Quartz!... »)  le liquoreux, ce sont 15 ha de plantés principalement de vieilles vignes de Pinot Noir complétée par quelques arpents de chenin et de chardonnay. Les vignes sont conduites selon les méthodes traditionnelles favorisant le labour du sol, excluant tout désherbant ou engrais chimiques.


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4 cuvées : un blanc de blancs, un blanc de noir, un rosé et un rouge vinifié et élevé en cuves bois tout comme le blanc des blancs. Le blanc de Noir ainsi que le rosé sont vinifiés en cuve béton.

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L’ami Philippe Rapiteau écrivait le 12 août 2012 link à propos du Moulin Blanc flambant neuf « A l'intérieur, vont être installées des claies, permettant le séchage de raisins issus sans doute, dans un premier temps, d'un cépage rouge et peut-être de négrette. A noter que les vins issus de ce domaine, destinés, dans un premier temps, à grossir les volumes du Clos Saint André, seront finalement proposés sous leur nom propre, mais uniquement en IGP Val de Loire-Vendée, ce qui ne manque pas de faire grincer quelques dents dans le landerneau !... »


Bref, si vous allez en « pèlerinage » sur les terres du Taulier, Rosnay c’est tout près de la Mothe-Achard, alors prenez le chemin des écoliers sans GPS : la Chapelle-Achard D21, Grosbreuil, Nieul-le-Dolent D36, la Boissière-des-Landes D12, Champ-Saint-Père D19 puis D29 jusqu’à Rosnay. Si vous vous perdez demandez votre chemin à un gars du coin même si vous avez un numéro de parigot tête de veau y seront du genre bon samaritain. Avant d’y aller passez un petit coup de fil à Jérémie 02 51 97 20 10 ou envoyez-lui un e-mail jmourat@mourat.com en vous recommandant du Taulier. De toute façon bénédiction du Taulier ou pas vous serez bien accueillis et, cerise sur le gâteau, les vins de Jérémie feront taire ceux qui considèrent avec hauteur le terroir vendéen. Et puis, si ça vous chante, après la tournée des grands ducs faites celle des moulins link 

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 14:00

  Vendredi, Fabrice Luchini tel qu’en lui-même à la matinale de France-Inter de Patrick Cohen. Rappelant son passé de garçon coiffeur, à 14 ans, alors qu’il passait ses pauses à lire Freud, le virtuose de la pirouette, l’homme de l’année pour le magasine GQ «ambassadeur flamboyant de toutes les contradictions de l'esprit français: aisance et préciosité, goût du populaire, snobisme avéré, libertaire et réactionnaire», nous a délivré cette saillie d’un grand coiffeur : la « Luchina » (son surnom au salon) faute de se meubler le derche elle se meuble l’esprit pour souligner sa profonde connaissance des homos. Derrière lui, dans le palmarès de GQ bien sûr, le judoka Teddy Riner, Sébastien Téllier ou encore Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de Gauche, ont été désignés comme les personnalités qui ont marqué les douze derniers mois. Moi le Fabrice je l’adore, toujours en représentation : Jouvet, Raimu, Michel Simon, Sacha Guitry, des citations jaillissent, des anecdotes, il rebondit, il se contredit, me faire rire de toutes les couleurs.  


Allez écouter ces 4 minutes de Luchini sur France Inter c’est un vrai bonheur ICI :link

 

Du côté de son actualité, le film de Philippe Le Guay Alceste à bicyclette avec lui et Lambert Wilson autour du Misanthrope de Molière est un vrai succès avec déjà 800 000 entrées. Il pourrait atteindre le million. Luchini dit que c’est la preuve qu’il ne faut pas désespérer de notre pays. Tout à fait d’accord avec lui.

 

Il enchaîne, après l’immense succès de Knoch en 2001, sur la scène du Théâtre Antoine, dans UNE HEURE DE TRANQUILLITE une comédie de Florian Zeller, mise en scène par Ladislas Chollat. « Michel est un passionné de jazz. Ce matin-là, il vient juste de dénicher un album rare qu’il projette d’écouter tranquillement dans son salon. Il ne demande pas grand-chose : juste une petite heure de tranquillité. Mais le monde entier semble en avoir décidé autrement ! Sa femme voudrait lui parler, son fils débarque à l’improviste, son voisin frappe à la porte… Même sa maîtresse voudrait faire le point avec lui… Manipulateur, menteur, arracheur de dents, Michel est prêt à tout pour avoir la paix. Mais il lui faudra beaucoup d’énergie pour que cette douce matinée ne se transforme pas en un véritable cauchemar…

Florian Zeller nous livre un magnifique Feydeau contemporain dans lequel le talent de Fabrice Luchini peut s’exprimer pour notre plus grand bonheur ! »


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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 00:09

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Tous les jours je reçois des messages de ce style :


Bonjour,


Vignoble unique à Bordeaux de par son histoire, sa situation, son climat et l’élégance de ses vins, le Château LCHB, Grand Vin de Graves, fleuron de l’appellation Pessac Léognan écrit aujourd’hui une nouvelle page de son histoire.

Veuillez trouver ci-joint le communiqué de presse concernant le Château LCHB2010.

N’hésitez pas à nous contacter pour toute demande d’informations ou de visuels.

Bonne réception.

Bien à vous.


Et après j’en fais quoi de ça ?


Du copié-collé, pas le genre de la maison, alors en étant très poli des cocottes en papier, en étant très grossier : du PQ…


Vous me prenez pour qui au juste ? Et là je m’adresse aux clients de ces boites de communication qui m’inondent de leurs communiqués formatés… Qu’attendez-vous de moi ? D’être un larbin, je ne le crois pas mais tout de même si vous n’êtes pas capable de prendre en charge votre communication, que vous l’externalisez, de grâce impliquez-vous pour me convaincre. Libre à vous de jeter le peu d’argent dont vous disposez par les fenêtres ou même si vous en avez beaucoup ce n’est pas une raison pour se comporter ainsi.


Je trouve ça triste, surtout lorsque dans le lot il y a des gens que j’aime bien. De grâce réfléchissez une petite minute : soit vous considérez les blogs comme des médias, certes minuscules, vous permettant de toucher un nouveau public de consommateurs et alors ne leur appliquez pas les vieilles recettes, qui déjà sont d’une efficacité très relative auprès des médias traditionnels ; soit vous nous considérez comme de la roupie de sansonnets alors dans ce cas-là  pour ma part je vous demande de me foutre la paix.


Le problème chers vignerons de tout calibre c’est que vos belles agences que vous rémunérez pour soi-disant vous faire connaître ou reconnaître, ne nous lisent même pas et donc ce que je viens d’écrire c’est comme si je pissais dans un violon. Elles disposent d’un fichier et elle balance sans même nous saluer par notre nom et prénom. C’est de l’envoi en nombre qui va direct à la poubelle : no credible…

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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 00:09

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Parodiant le célèbre poème “If-” de Rudyard Kipling (1910) dont le titre en français est sa chute, « Tu seras un homme mon fils ! » j’aurais dû le féminiser car les filles font une entrée en force dans l’univers mâle du vin. Cependant, je ne vais pas vous pondre une énième réflexion sur cette arrivée. Mon propos du jour m’est venu dans le TGV qui me menait au Salon d’Angers.


Par la grâce de la réservation en ligne j’étais doté à l’aller d’une place en première, au sous-sol, dans les nouvelles rames à étage. Confort, prise, ambiance feutrée, seule la contrôleuse jurait : voix de stentor, look de gardienne de square (je suis fasciné par les dégaines des contrôleurs et contrôleuses de la SNCF, nous devrions demander à Pepy d’organiser un défilé). J’étais à une place isolée et à mon côté 3 jeunes gens : une fille bien sapée sourire scotchée aux lèvres, un mâle dominant barbu et un mâle soumis avec barbe de 3 jours. Des commerciaux, deux Smartphones chacun, ils se rendent à Nantes et causent boulot. Je perçois des bribes de leur conversation menée par le mâle dominant, assez satisfait de lui, les autres rient de concert à ses saillies. J’ai du mal à comprendre ce qu’ils vendent mais le dominé ouvre son ordinateur pour montrer à ses collègues une présentation PowerPoint. Là je découvre que ces jeunes gens bossent pour TRECA

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Et là dans ma vieille cervelle de Taulier une question jaillissait : comment peut-on  se passionner lorsqu’on est jeune pour la vente de matelas ? D’où, pour introduire mon jus de tête, la grosse vanne estampillée Almanach  Vermot : – Comment vas-tu yau de poêle?

– Et toile à matelas?


En effet, depuis que je blogue, soit plus de 8 ans, j’en ai croisé des jeunes, des petites louves et des petits loups, et j’en croise encore, qui  m’ont confié leur passion pour le vin. Rien de très original à cela, sauf que ces jeunes voulaient vivre leur passion en consacrant leur vie professionnelle au vin. Fort bien, devenir vigneron ou vigneronne, ce n’est pas simple mais c’est du domaine du possible même si l’on n’est ni héritier, ni d’une famille vigneronne. Mais ces enthousiastes, ces passionnés, et ce n’est pas médire d’eux, ne se voyaient pas vraiment dans les vignes ou dans les chais mais à s’occuper du vin fait. Fort bien, faire du commerce, acheter pour revendre, c’est un métier qui peut s’exercer avec passion, même d’une certaine façon avec un zeste de militantisme, mais pour en vivre vraiment, pérenniser une petite entreprise il faut trouver une réelle chalandise qu’elle soit au coin d’une rue ou sur le Net.


Mais, tout à côté de ces métiers traditionnels, se loge ceux qui se rassemblent dans le grand fourre-tout des services : les conseilleurs de tous poils, les communicants, les attachés de…, les animateurs, les blogueurs qui veulent rendre des services payants… Là c’est l’océan rouge, tout le monde se bouscule, s’agite, chalute, et pour l’heure ceux qui cherchent ce type de services ne savent plus où donner de la tête. Nous sommes dans une phase de surabondance d’offre face à une demande dont la solvabilité est liée à la production de vins qui ne passionnent pas les passionnés.


Contrairement à mes jeunes vendeurs de matelas TRECA du TGV nos petits loups et louves passionnées de vin, eux, ne se voient pas, dans leur grande majorité, se mettre au service de Pierre Castel ou de Joseph Helfrich, d’une grosse Union de Coopé… Reste le haut du panier : les GCC, les belles maisons bourguignonnes et autres, les grandes marques de champagne, mais là il va leur falloir souvent mettre un grand mouchoir sur leur passion pour se mettre au service exclusif de la maison. C’est le lot de la plus grande majorité des salariés que de se retrouver glissés dans un costume un peu étriqué.


En écrivant cela je ne joue pas les rabats joies, ni le vieux sage qui cherche à doucher l’enthousiasme de jeunes pousses pleines d’ambition et de passion. Simplement je tente d’expliquer à celles et ceux qui m’interrogent que le monde du vin n’est pas un eldorado où il suffit d’entrer pour gagner sa vie en vivant une passion. Beaucoup d’appelés peu d’élus, car si l’accès est beaucoup plus facile qu’autrefois, par le biais des nouveaux médias numériques où les jeunes excellent, la rémunération des services rendus est beaucoup plus difficile car « la gratuité » du Net met à mal les médias traditionnels et ne permet pas aux nouveaux de se trouver un modèle économique pérenne. Vivre de bouts de ficelle, se débrouiller, profiter de la relative incompréhension du système par ceux qui expriment des besoins : accès au marché, recherche de notoriété, positionnement… pour ramasser des miettes…etc. ne durera qu’un temps.

 

Les temps sont difficiles car le modèle économique de notre vieux monde a atteint un degré de maturité tel que la contradiction entre une consommation à tout va, au moins cher du moins cher, et une désindustrialisation qui en est la conséquence directe : faire produire ailleurs ce que l’on consomme brise des emplois qui ne sont pas compensés par l’émergence de ceux dit des services. Les émergents, les ADPIC, génèrent eux une croissance débridée créatrice d’une grosse classe moyenne avide de consommer comme nous et de nouveaux riches boulimiques de luxe et d’ostentation. Pour le vin, notre marché domestique est pauvre : prix bas, absence de stratégie des leaders du marché, émiettement, promotion presqu’exclusivement collective via les interprofessions, concurrence inter-régions,  arrivée massive de petits vignerons sur le marché, ce qui ne permet pas de générer des flux financiers en capacité de développer un véritable rebond de la consommation à moyen terme. Tous nos petits loups et louves nagent ainsi dans l’océan rouge français et s’ils souhaitent faire leur vie professionnelle dans le vin il va leur falloir vivre avec une valise à roulettes et internationaliser leur activité. Les blogs sans une extension anglaise et en mandarin n’ont aucun avenir. De même pour les fournisseurs de services en tout genre, une remise en cause de leurs pratiques est nécessaire car je doute fortement de l’efficacité de celles qu’ils vendent à leurs clients : déjeuners de presse, communiqués de presse, voyages de presse etc. Quant aux stratèges, aux marqueteurs, aux conseilleurs en réseaux sociaux, je préfère me taire car mes mots risqueraient de dépasser ma pensée.


Demain je me laisserai aller sur ce thème, à bientôt donc sur mes lignes… Si ça vous chante lisez ou relisez la version française du poème de Kipling dans sa traduction d’André Maurois.


220px-Kipling_nd.jpg        

 

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie

Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,

Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties

Sans un geste et sans un soupir ;

 

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,

Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,

Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,

Pourtant lutter et te défendre ;

 

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles

Travesties par des gueux pour exciter des sots,

Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles

Sans mentir toi-même d’un mot ;

 

Si tu peux rester digne en étant populaire,

Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,

Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,

Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

 

Si tu sais méditer, observer et connaître,

Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,

Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,

Penser sans n’être qu’un penseur ;

 

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,

Si tu peux être brave et jamais imprudent,

Si tu sais être bon, si tu sais être sage,

Sans être moral ni pédant ;

 

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite

Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,

Si tu peux conserver ton courage et ta tête

Quand tous les autres les perdront,

 

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire

Seront à tous jamais tes esclaves soumis,

Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire

Tu seras un homme, mon fils.

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 14:00

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Le gros livre rouge Le Who’s Who in France est plus connu en France sous le nom de Who’s Who. Créé par Jacques Lafitte en 1950, est un dictionnaire biographique qui répertorie les personnes qui comptent en France, en affirmant se fonder sur 4 critères : « la notoriété, l’honorabilité, le mérite et le talent [qui] contribuent à l’activité et au rayonnement de la France ». Il est actuellement présidé par Antoine Hébrard.


La rédaction du Who’s Who établi chaque année une liste de personnalités représentatives de l’actualité politique, économique, scientifique, culturelle ou sportive qui  font l’objet d'un examen par un comité de sélection qui juge de l’intérêt des celles-ci ainsi que de la pérennité des carrières. Le sélectionné reçoit alors un « dossier biographique » à compléter. La majorité accepte mais certains refusent d’y figurer. Chaque année, selon la rédaction du Who’s Who, environ 1000 personnes entrent et 1000 sortent de ce livre rouge. On ne paie pas pour entrer dans le Who’s Who.


Le WHO’S WHO International Vins&spiritueux qui, il y a 20 ans, créait l’évènement en regroupant dans un ouvrage de référence les bios des gens du vin est de retour. Comme le secteur a changé de nouvelles tronches de cake vont faire leur entrée : les bloggeurs tout particulièrement. Il paraîtra en  avril 2013 en français et en anglais et les données seront accessibles sur le site payant www.winewhoswho.com


Bref, mon petit doigt me dit que ceux qui y seront déclareront qu’ils y sont à l’insu de leur plein gré et que ceux qui n’y seront pas c’est parce qu’ils auront refusé. Qui vivra verra. Ego quand tu nous tiens tu ne nous lâche pas…


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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 00:09

Je trouve cette affirmation générique stupide, bien dans l’esprit du temps, simple pendant à ceux qui affirment que le dit vin est mauvais pour la santé. C’est quoi la santé au juste ? L’OMS répond que c’est « un état complet de bien-être physique, mental et social ne se caractérisant pas uniquement par l’absence de maladie ou d’infirmité. »


C’est large. C’est vaste. La santé s’est maintenant promue en style de vie, elle est vendue comme le sont aujourd’hui la plupart de nos actes quotidiens. Pour s’en convaincre il suffit soit de pousser la porte d’une pharmacie où le marketing santé oriente ou même pousse à la consommation, soit de contempler les présentoirs de magazines qui regorgent de publications sur la dite santé. Le marché de la santé, comme le marché des biens domestiques, s’étend, propose toujours plus.


Comme l’écrit Georges Vigarello dans Histoire des pratiques de santé « Le processus de civilisation déplace depuis longtemps les frontières entre le supportable et le non-supportable, approfondissant le sensible, rendant moins tolérés des « mal être » auparavant acceptés. L’exigence n’est pas nouvelle. Elle s’est à coup sûr intensifiée. »


Et de citer pour souligner ce phénomène l’accélération des maladies déclarées par les personnes interrogées : il s’était accru de plus des ¾ entre 1970 et 1980. On passait de de 37 637 maladies déclarées à  60 058 soit 1,62 maladie par personne à 2,28. Chiffre sans grand rapport avec les affections réelles. La France n’était pas plus malade en 1980 qu’elle ne l’était en 1970. Bien au contraire puisqu’u cours de la même période l’espérance de vie était passée de 76 à 79 ans pour les femmes, et de 68 à 71 ans pour les hommes. La tendance s’est accélérée, intensifiée depuis car la vigilance sur soi s’est accrue comme s’est déplacée la frontière entre santé et maladie.


En effet, nous sommes entrés dans l’ère des exigences du « mieux être » car « c’est le thème du plaisir que manie la rhétorique sanitaire : « choisissez de vous faire du bien », cet été réveillez vos sens », « mariez plaisir et bien-être ». Il y a un versant hédoniste, bien sûr, dans cette insistance à « jouer la carte du bien-être ». Vigarello note « C’est le triomphe d’un individu plus indépendant, plus narcissique sans doute, comme d’innombrables textes l’ont souligné dans les années 80, le renouvellement de l’investissement sur le corps s’est imposé comme une vérité d’autant plus tangible que sont tombés les « au-delà », ou que se sont effacés les « grands messages ». la chute des transcendances, politiques, morales, religieuses, renforce cette importance de la conscience corporelle : mieux s’éprouver, accroître le registre des sensibilités, ne pas vieillir. Elle suggère l’investissement physique comme une ressource ultime, de durée, de certitude, d’engagement très personnalisé, installant une maîtrise de soi totalement traversée par l’attention au physique et à son immédiateté. »


La dictature de la minceur en est le plus bel exemple conjuguée avec l’efficacité, la performance « Nous vivons dans un monde impitoyable où être le plus fort, le plus débrouillard, le plus malin, le plus rapide, mais aussi le plus résistant est devenu une condition nécessaire sinon suffisante pour exister, pour réussir ou plus simplement pour tenir » La pression grandit pour une promotion de chacun : le fil des réseaux sociaux le montre chaque jour de plus en plus avec une inexorable fuite en avant sans beaucoup de débouchés concrets. Le gagneur, même s’il est un peu moins flamboyant avec les dérives des faiseurs de fric d’un seul petit clic, reste la référence y compris chez les petites louves et les petits loups qui s’affichent « rebelles ».


Le vin dans cette quête a un statut ambiguë car il est tout à la fois vecteur de plaisir, de bien-vivre, marqueur social de réussite mais aussi un « risque » que les faiseurs de forme agitent sous le nez de la nouvelle race des winner (l’utilisation de l’anglais sur Twitter me fascine, elle est souvent inversement proportionnelle à la réalité du statut de celui qui l’utilise comme langue véhicule). L’apport énergétique est un indice du sain et du malsain. On associe la basse énergie alimentaire conjuguée à une haute dépense énergétique : le cas de notre ancien président de la République reflétait bien cette obsession : pas de vin, une lutte contre son addiction au chocolat, ses joggings permanents…


Un nouveau modèle s’est donc imposé, où les critères subjectifs de santé sont dominants : celui d’un corps directement connecté et alerté par ses sensations, machine informationnelle aux circuits maîtrisés. L’ « écoute des sens » appuyé sur la vérification via le Net : on sait tout sur tout avant même la consultation médicale. « Prendre conscience de son corps avec toutes ses articulations pour qu’il puisse s’exprimer librement. »


Pour moi le vin se situe dans un espace de liberté, sous l’exigence de la responsabilité personnelle, loin très loin des engeances qui s’autoproclament gardiennes de ma santé, de mon mieux-être et de ce fait je banni celles et ceux qui jouent sur les peurs, y compris les défenseurs des vins propres. Le combat pour la durabilité de notre planète vaut mieux que les bisbilles entre maîtres de chapelles.


Dernier point, et il est fichtrement d’actualité avec le médicament Diane 35 : « L’ANSM a réévalué le bénéfice/risque de Diane 35 dans sa seule indication autorisée : le « traitement de l’acné chez la femme. L’efficacité est modérée et ne s’observe qu’après plusieurs mois de traitement », précise l'Agence. Elle ajoute : « De nouvelles données démontrent notamment un risque thromboembolique veineux quatre fois plus élevé que celui des femmes qui ne prennent pas ces traitements. Il existe par ailleurs des alternatives pour le traitement de l’acné. Dans ce contexte, l’ANSM considère que le rapport bénéfice/risque de Diane 35 et ses génériques est défavorable dans le traitement de l’acné.»


« La santé consommée promeut aussi ses pharmacologies incontrôlées… »

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 00:09

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Ce qui me fascine dans le micro-débat qui agite en ce moment la petite bassine de l’Internet du vin à propos des vins dits « nature » c’est que chaque camp dégaine au final l’argument fatal censé tuer le match, comme disent les commentateurs sportifs, mettre les adversaires plus bas que terre : le sectarisme. Pour un vieux routier comme moi ça en devient risible car, en ce domaine, le je ne vous fréquente pas, je ne me mélangerai jamais avec vous, le je ne boirai jamais de ce type de vin sont des attitudes largement partagée par les leaders charismatiques des deux camps. Oui, je l’affirme, parmi les minoritaires de toutes les chapelles y’a les pires sectaires, tout comme chez les majoritaires le modèle déposé du type Allègre est très développé. Tout ce beau monde est à chier et me fait chier. Me gonfle. M’horripile. Me prends la tête. Le ce n’est pas moi c’est l’autre qui a commencé nous amène dans la petit cour de récréation ou pire dans la basse-cour pleines de petits coqs vindicatifs.


Pour autant, je ne fuis pas la question de l’innocuité ou de la toxicité des substances utilisées, les produits phytosanitaires, les pesticides, insecticides, désherbants, traitements pour la vigne et les produits œnologiques pour l’élaboration du vin. Il s’agit alors d’aborder de difficiles problèmes de santé publique, celle des viticulteurs eux-mêmes, de leurs voisins, des consommateurs, de protection de l’environnement, de la qualité des eaux, d’impact carbone etc. mais surtout pas de jouer dans la cour des excellences du goût qui notent les vins pour le microcosme du vin. Alors Pierre Guigui contre Bettane ou le patron de la FNSEA contre Bové, ça fait peut-être du buzz, surtout pour les deux derniers, mais ça ne fait guère avancer les choses.


Loin de moi de jouer les pères la rigueur, mais lorsque Pierre Guigui dans un bel élan s’emporte en empruntant le dur sentier de la morale, j’ai un peu de mal à le suivre. Libre à lui, et c’est tout à son honneur de s’engager aussi clairement, mais en cela il participe gentiment à la confusion générale (à lire chez Vindicateur).link

  

Que dit Guigui ? « 60% des vins sont la honte de la production française, et les 200 cuvées «nature» posent problème ? C’est à mourir de rire. »


Non Pierre reste avec nous car ensuite tu t’aventures sur un terrain encore plus mouvant : celui de la qualité des vins.


« Et la qualité des vins ? Plus personne ne conteste le fait que, parmi les meilleurs vins de France, figure une proportion très importante de bio. Une proportion qui dépasse leur représentativité dans la production globale. »


Là, comme Michel Bettane dans l’autre crèmerie pour son propre argumentaire, Pierre tu te contentes d’avancer un % invérifiable. D’où tu sors ça ? De ton expérience personnelle, d’une étude, par ailleurs infaisable, non, alors ce n’est qu’une pétition de principe sans fondement qui ne fait guère avancer le débat vers la qualité des arguments. Come ton 60% trouve sa source surtout dans les grosses sources, allez je suis sympa je cite des noms pour t’aider : à Bordeaux, dans l’IGP Oc, dans les Côtes de Gascogne, dans l’IGP Ardèche, dans le cabernet d’Anjou, dans la Champagne, dans les vins pour faire du Cognac etc. Mais là ça risque de fâcher.


Revenons à ton sujet, comme tu es plus fan du bio et de la biodynamie que du nature, à chacun son pré-carré, tu te rattrapes aux branches « Mais là n’est plus le débat, il est aujourd’hui focalisé sur les vins dits « nature ». Que sont-ils en fait ? Moins de 0,1%, appréciés par quelques jeunes consommateurs qui s’écartent de la masse, de la vague gigantesque, du tsunami déferlant de vins sans âme, sans identité, sans aucun intérêt, qui sont la honte des vins français. »


Belle envolée Pierre : la masse, la vague gigantesque, le tsunami déferlant de vins sans âme, sans identité, sans aucun intérêt, qui sont la honte des vins français. Bravo ! Tu appuies là où ça fait mal à ton avis « Et là il ne s’agit plus de 100 ou 200 cuvées, mais bien de milliers et de milliers de vins qui représentent plus de 60% de la production. Des vins produits bien souvent de façon intensive et industrielle. » Puisqu’en ce moment les agriculteurs votent, donc les viticulteurs aussi, tu devrais Pierre prendre ton bâton de pèlerin pour porter la bonne parole à la coordination rurale, au couple FNSEA-CNJA et bien sûr à la Confédération Paysanne. Convaincre en leur disant « les gars vous êtes des producteurs de vins de la honte : changez ! »


Pas sûr que tu fasses un grand succès car, à partir de ce constat là on fait quoi, tu fais quoi, cher Pierre Guigui ? Tu te lances : «Quelles sont les vraies questions à se poser ? Où sont les vrais problèmes ? » La pollution provoquée par le mode de production des bio ? La qualité des 200 cuvées « nature » ? Non, ce débat est partisan et ne s’en prend qu’à la minorité. Un débat peu argumenté, fondé sur des aprioris, des impressions, et surtout une bonne dose de sectarisme.» le mot  choc est lâché.


Fort bien mais, si je suis en total accord avec toi sur l’insignifiance du débat qui intéresse tant celui qui accueille tes réponses, tu en restes là. Sans doute me rétorqueras-tu que ce n’est pas ton job que d’aborder les questions de fond qui ne t’apporteraient que des plumes et du goudron. J’ai déjà entendu ça en 2001 et pourtant on ne fait bouger les lignes en ne balançant que des jugements moraux ou des diatribes. Ton constat est incontestable : « 95% de la viticulture pollue avec pas moins de 10000 tonnes de matières actives.


« La viticulture représente 2,6% à 3% de la surface agricole et utilise 20% des produits phytosanitaires (source INRA). »


« Si la bio n’utilise pas de produit chimique de synthèse, elle utilise du cuivre. Certes polluant, il est réglementé et limité à 6 kg hectare/an au maximum. »


« Ne parler que de la pollution induite par 4000 producteurs (certifiés et non en conversion) utilisant 6 kilos de cuivre an/ha (au maximum), c’est taire que 95% de la viticulture pollue avec pas moins de 10000 tonnes de matières actives (Union des industries de la protection des plantes), mais aussi, bien souvent, un ou deux passages de cuivre/soufre par an en plus.»


« C’est oublier de dire que l’on trouve des résidus de pesticides dans 96% des eaux superficielles et dans 61% des eaux souterraines (Institut français de l’environnement). »


Que faire et surtout comment faire ?


J’entends ta réponse : c’est aux politiques de faire. Oui mais aborder la question de cette façon en stigmatisant les gros, sales et méchants, est le meilleur moyen de freiner le mouvement. Va donc avec Antonin faire un petit séjour au 78 rue de Varenne et vous aurez une petite idée des difficultés à faire bouger les lignes. Bien sûr, la radicalité est bien portée en notre cher pays, surtout chez Antonin, mais elle n’est que trop souvent une posture facile qui évite de se taper le cambouis. Les minorités agissantes, l’avant-garde de la classe ouvrière aujourd’hui vigneronne, ça fait plaisir mais ça ne donne pas beaucoup de résultats. Pour autant, je ne suis pas en train de justifier l’immobilisme, bien au contraire, mais je plaide pour un cessez-le-feu généralisé entre les parties. Que tout le monde sorte de sa casemate, grande ou petite, cesse de se balancer des horreurs à la gueule, se respecte a minima, ne se drape pas dans sa dignité outragée, afin d’avancer vers une viticulture de plus en plus propre, des vins dénués d’artifices, des vins sains, des vins simples, authentiques, sympathiques… achetables aussi… Une dernière question Pierre Guigui que fait-on de ceux qui produisent les Vins de la Honte française, ces 60% ? On ferme leurs boutiques comme à Aulnay-sous-Bois ou à Amiens-Nord ? J’avoue que je ne sais pas que faire et je me pose aussi la question : mais quels sont les abrutis qui les boivent ces 60% de vins de la honte ? Putain si on les fout au caniveau ces vins honteux ça va faire baisser durement la conso par tête de pipe. Et si je te suis bien Pierre ces honteux on les trouve dans toutes les catégories y compris les dit Grands. J’espère ne pas les retrouver dans le Guide.


Voilà c’est dit Pierre, comme je me rends lundi à l’inauguration du salon des vins de Loire je me ferai ton porte-parole : statistiquement y aura bien un beau % de vins de la honte à Angers. Certes il y aura les off pour rattraper le coup… mais ça ne fait pas le compte tout ça. Bonne dégustation Pierre moi ce que je dis c’est pour de rire et je ne souhaite pas te voir mourir de rire.


Pour retomber sur mes pattes je vous livre une citation de l’Encyclopédie méthodique de 1789 que j’ai découverte dans le livre de Georges Vigarello Le Propre et le Sale au chapitre la nature et l’artifice à propos de la chimie qui viendrait secourir la nature. Elle est péremptoire « La plupart des fards sont composés de minéraux plus ou moins malfaisants mais toujours corrosifs, et de funestes effets sont inséparables de leur usage. »

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 00:09

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Chez les Godart on est aviculteur, à la ferme des Grands Champs, en Dordogne, de père en fils depuis 1928 link. C'est sans doute pour cela que Fleur Godart, la fille d'Étienne, n'est pas avicultrice – je plaisante bien sûr – mais éleveuse de vins – je plaisante toujours car elle fait plutôt vendeuse-livreuse-diseuse de belles quilles sur son scooter parisien. Qui c'est cette Fleur ? Tout le monde connaît Fleur dans le Terroir Parisien. Elle n'oublie pas son papa en prospectant les bons bistros, pour parigots tête de veau, afin d'y placer les volailles de Qualité Fermière de la Ferme des Grands Champs. Comme je suis un bon zig je vous filerai la liste des meilleurs en fin de chronique.

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Papa Godart m'écrit très régulièrement car je suis un vieux client. Ainsi le 24 janvier sa lettre embraye direct sur les chapons et ce qu'il dit est intéressant pour les petites louves et les petits loups des villes qui ne sont pas capables de distinguer une poule d'un poulet. « Le chaponnage n'a pas pour but de faire grossir les animaux. Les poulets chaponnés sont gros car ils sont âgés. Un poulet « entier » au même âge est un peu moins lourd, mais c'est parce qu'il est plus actif, il se bagarre, galope les poules. Le chaponnage n'est pas un acte magique qui fait enfler les animaux. C'est plutôt pour changer la répartition chair/graisse : on obtient des « infiltrations graisseuses », donnant une chair persillée : une viande tendre sans être trop grasse. Cette précision pour expliquer la très faible différence de poids entre les pintadons (pintades-chapons) et les pintades qui ne grossissent plus guère après 4-5 mois. Pourquoi ne vend-on pas de poulets aussi âgés que les chapons ? A partir de cet âge-là, ils deviennent trop fermes pour les rôtir et sont agressifs dans les poulaillers. A la naissance, ils sont aussi nombreux que les femelles, mais adultes, ce sont de sacré coureurs de jupons puisqu'il leur faut 7 à 8 poulettes pour les satisfaire ! Donc, ils sont en surnombre et se battent ».


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Précision le poulet « entier » n'est pas le total de 4 cars de poulets, désolé Manuel je vais avoir les syndicats de la PP sur le dos. En ce qui concerne le côté volage des poulets entiers, leur insatiable ardeur sexuelle, leur agressivité, ça c'est la nature alors on chaponne (ne pas confondre avec chaperonner, car ça c’est pour les petites dindes, les oies blanches mais pas pour les petites poulettes). Trêve de plaisanterie de corps de garde revenons au chaponnage. Pour édifier les jeunes générations je livre les explications de l'Union des Aviculteurs vendéens sur la question à la fin de ma chronique.


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Le chapon, vous me direz c’est pour les fêtes de fin d’année mais mieux vaut tard que jamais car, comme mes chroniques vivent leur vie de façon quasi-éternelle, contrairement au papier journal dont le destin est plus fatal (je n’ose pas vous dire lequel), vous pourrez vous y référer. Sur le tarif de papa Godart on trouve :


-        Chapon au lait 15,40€ le kg

-        Chapon loupé au lait 11,80€ le kg

-        Pintadon (nov. et déc.) 30,00€ pièce

-        Dindon-Chapon (nov. et déc.) 8,20€ le kg


La volaille d’Étienne Godard est mieux que fermière : « l’aliment est fabriqué sur place et le maïs (sans OGM) vient d’un voisin. Les volailles sortent à partir de 10 semaines. L’âge étant le facteur primordial pour le goût, nos poulets sont sacrifiés qu’à partir de 15 semaines (11 en industrie fermière label). Nos volailles sont produites sur l’exploitation depuis « l’adolescence » (pintade, lapin, canette, oie) ou la naissance (autres volailles). » Les animaux sont abattus dans l’abattoir agréé de la ferme des Grands Champs.


Pour les parisiens ou franciliens qui souhaiteraient acheter une des petites bêtes d’Etienne Godart ils pourront se rendre au marché des Enfants Rouges 39 Rue de Bretagne  75003 Paris, les 2 et 3 février, les 23 et 24 février, les 16 et 17 mars, les 6 et 7 avril, les 4 et 5 mai, les 18 et 19 mai, les 1 et 2 juin, et les 8 et 9 juin 2013. Et aussi aux manifestations ci-dessous.


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Du côté préparation du CHAPON pour moi c’est Simple c’est Nature sans aucune adjonction de matière grasse :


-        Rôti

-        A l’étouffé en cocotte

-        En croûte de sel.

L1000445

Du côté boisson je me tourne vers Fleur et c’est aussi nature : « je bois volontiers un joli chenin de Loire (Domaine les griottes, cuvée Navine, riche et tendu à la fois, légèrement oxydatif  ou un maccabeu, celui de Cyril Fahl au Clos du rouge gorge est mon préféré »

 

FHAL Cyril 6 place Marcel Vié 66720 LATOUR DE France

04 68 29 16 37

06 31 65 25 89

cyrilfhal@gmail.com

 

Domaine des Griottes  Saint Lambert du Lattay link

Tél. 06 82 56 80 75

Tél. 06 82 00 32 67

la-navine.800.jpgclos-rouge-gorge-blanc.jpg

Le chaponnage:


« Chaque région de France possède des élevages qui élèvent des volailles toute l'année et des chapons pour les fêtes: les gélines de Touraine, les volailles des Landes, de Bresse et la noire de Challans et j'en oublie certainement. Dans les métairies, l'élevage des chapons faisait partie des traditions et était réservé aux repas de fêtes. C'est au XIXe siècle que le commerce des chapons se développe parallèlement à la naissance des recettes gastronomiques traditionnelles. Maintenant c'est des milliers de chapons qui sont élevés tous les ans ,élevés au maïs qui leur donne leur saveur. La plupart des éleveurs de ces races originales produisent des volailles de grande qualité dont l'élevage a fait l'objet de soins attentifs.


Qu'est-ce que qu'un chapon ? C'est un poulet que l'on a châtré et qui n'est élevé que pour sa chair. Car poulets et chapons proviennent des mêmes souches. L'opération qui consiste à lui ôter les testicules, appelée le chaponnage, doit être faite avec beaucoup d'attention, lorsque le poussin est âgé de 9 ou 10 semaines. Pour pratiquer cette opération, il convient de choisir l'époque de l'année qui correspond au repos relatif des organes sexuels, c'est-à-dire en septembre pour les coquelets et à la fin de l'automne pour les coqs adultes. Quelques connaissances anatomiques doivent tout d'abord être exposées. Les glandes génitales sont situées dans la cavité abdominale, au-dessous de la colonne vertébrale, en arrière des poumons et en avant de la partie antérieure des reins, qui chez les volailles forment deux languettes aplaties, irrégulières, prolongées de chaque côté de la colonne vertébrale jusque dans le bassin, ou cavité pelvienne. Ces glandes, dont le volume varie d'un pois à celui d'un gros haricot, sont presque en contact l'une de l'autre. Le mode opératoire: le poulet préalablement mis à jeun depuis 24h ,est tenu couché sur le flanc , pattes attachées et l'aile soulevée, enlever les plumes au niveau des côtes, mettre de la Bétadine (diluée avec de l'eau) l'incision de 2 à 3 cm est faite entre les 2 dernières côtes, à l'aide d'une lampe frontale et d'une pince à caster et d'un écarteur, nous arrachons délicatement le testicule. Nous rapprochons les lèvres de la plaie sous l'aile au moyen de 2 points de suture, puis l'application de la Bétadine sur la plaie. Nous pratiquons la même opération de l'autre côté pour ôter le testicule opposé. Après l'opération, isoler les chapons dans un local clos où ils seront à l'abri des attaques des coqs de la basse-cour. Supprimer les perchoirs pour éviter qu'ils ne fassent des efforts qui pourraient nuire à la cicatrisation de la plaie du flanc; leur donner une alimentation peu consistante, telle que pain délayé, pâtée de son ou de farine, et de l'eau pure à discrétion. Surveiller 1 à 2 jours, si ils ne sont pas gonflés, autrement avec une aiguille percé légèrement sous l'aile et appuyez sur l'abdomen pour faire sortir le gaz. 8jours après, ils pourront, sans inconvénient, rejoindre la basse-cour.


A la suite de ce chaponnage, le jeune chapon perdra sa voix et sa crête ne poussera plus. Durant 10 semaines les jeunes poussins et leurs futurs chapons mènent la même existence. Ils grandissent en toute liberté en attendant la castration sur un parcours au sol de 3 à 4 m2 par sujet. Entre la 6e et la 10e semaine, le poulet est castré chirurgicalement; il est interdit de parcours 2 jours avant et 6 jours après. En perdant ses testicules, il perd son caractère mâle: crête et barbillons ne pousseront pas et il va se conduire comme une poule avec les poussins.

Les chapons sont ensuite remis en liberté sur des parcours à raison de 10 chapons/ m2 jusqu'à 115 jours et ensuite 5/m2 pour les 4 dernières semaines dans un bâtiment. A partir du 29 e jour, la nourriture est faite de 85% de céréales: maïs, farine de luzerne et de produits laitiers. Autrefois, le chapon élevé en épinette (cage de bois montées sur pied et divisées en compartiments, ces cages sont installées dans une salle sombre et calme, à proximité du foyer) était nourri à l'herbe et au froment concassé mélangé au lait entier de vache. La durée totale d'élevage est d'au moins 150 jours. A ce terme, le chapon pèse 3.5 kg et sa chair est blanche et savoureuse. Abattu, puis plumé à la main, à l'exception d'une collerette en haut du cou, la tête et le corps sont préparés: la collerette, le cou, la tête, les ergots sont nettoyés. L'opération suivante est le roulage: on enveloppe le corps du chapon jusqu'au cou dans une toile de lin, de chanvre ou de coton que l'on coud serré ce qui permet aux graisses de se répartir autour de la chair et à l'air contenu dans la bête de se vider assurant une conservation optimum. Le chapon ainsi bridé est suspendu 1 ou 2 jours, puis la toile retirée. Le chapon a maintenant cette forme d'obus si caractéristique, d'une belle couleur blanche, ailes et pattes incrustées dans le corps. L'ensemble des différentes opérations: castration, alimentation, vie à l'air puis confinement, la croissance lente, l'âge de l'abattage et le roulage confère à la chair abondante du chapon, une texture moelleuse et fondante, un persillé provoqué par une infiltration régulière de la graisse dans les tissus, une viande juteuse et très gouteuse. A nulle autre pareille. »

 

 Champagne 044


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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 00:09

Même si ça ne se voit pas à l’œil nu, si ça ne vous saute pas à la tronche, vu ma dégaine de gandin avec ses écharpes pétantes de couleurs vives, ses beaux souliers, j’ai bénéficié d’un élevage 100% naturel entre les hauts buissons du bocage de ma Vendée crottée qui cernaient de gras pâtis où paissaient les vaches du pépé Louis. Pour être naturelles elles étaient naturelles les prairies qui descendaient mollement jusqu’aux rives de l’Auzance. À part la bouse de vache des vaches et leur pisse chaude l’herbe qui y poussait ne vivait que de soleil et d’eau fraîche. Faut dire qu’ils étaient beaux les pâtis du pépé Louis, indemnes de chardons, parfois piquetés de petits rosés bien blanc (je n’ai pas forcé sur la bouteille, il s’agit de champignons), pleins de pâquerettes et de boutons d’or. L’été, avec les frères Remaud, nous allions pisser dans les trous des Cri-Cri pour les faire sortir de leur tanière. Au printemps le beurre de la tante Valentine était jaune bouton d’or et la crème fraîche sortie de l’écrémeuse toute mousseuse avait gout de noisette en été lorsque les vaches avaient moins de lait et sentait le foin en hiver lorsqu’elles se prélassaient bien au chaud à l’étable.


La nature nous ne savions pas ce que c’était au juste car c’était notre champ libre où nous montions aux arbres, bâtissions des cabanes au cœur des épais buissons. Nous nous goinfrions de fruits sauvages ou de ceux du jardin jusque parfois à attraper de belles chiasses. Nous croquions de l’oseille et mangions des navets pour faire passer le goût des P4 (cigarettes de marque Parisienne vendues en paquet de 4) afin que nos mères à l’odorat affuté ne soupçonnent pas que nous avions transgressé leur interdiction.  Tout ça poussait tout seul ou presque. Mémé Marie sacrifiaient d’une main ferme : poulets, poules, canards et lapins. Je ramassais chaque soir dans les buissons les œufs de nos poules vagabondes. On tuait le cochon. J’en avais marre de bouffer des haricots verts mais j’adorais le temps des asperges. Le poisson frais venait tout droit des Sables d’Olonne et les coquillages nous allions les ramasser sur la côte sauvage. Oui nous étions nous aussi des sauvages même que nous nous lavions dans la buanderie dans la grande bassine qui servait à Alida Cantin à faire la lessive de notre linge.


Restait les vignes du pépé Louis qui m’ont toujours semblé être le cadet de ses soucis. Le cousin André Neau assurait la taille. Avec le pépé Louis et Nénette, la jument, un petit coup de charrue vigneronne de temps en temps et je crois bien que c’était tout. Ce dont je suis sûr c’est qu’il n’y avait au Bourg-Pailler aucun appareil de traitement sauf  un pulvérisateur à dos pour sulfater la treille. La vigne poussait toute seule. Nous la vendangions quand mon père trouvait le temps, et il n’en avait guère mon pauvre père avec son entreprise de travaux agricoles et de battages. Les paysans sont jamais contents alors comme clients c’étaient la croix et la bannière. Nous possédions un pressoir mobile que l’on plaçait sur le trottoir au bord de la nationale devant la maison et j’adorais le cliquètement lorsque les hommes actionnaient avec une grande tige de fer la roue qui s’enroulait sur la vis sans fin pour presser le raisin. Le jus coulait dans un grand bac de bois et il fallait actionner la pompe à bras pour que le gros tuyau qui plongeait dans la mousse aspire et refoule le mout dans les barriques. Il allait bouillir.


Le vin du pépé Louis était 100% nature dans sa fabrication sauf que, bien sûr, le pépé méchait à mort la futaille. Bien sûr vous allez me dire que le vin nature du pépé Louis issu de vils cépages sur des terres grasses n’était qu’une horrible piquette. J’en conviens aisément mais permettez-moi de vous dire avec un grand sourire que je lui garde une large place dans mon cœur et ma mémoire de sauvageon vendéen. Tout ça pour vous dire, pour dire, surtout à ceux qui ironisent sur les déviances des jeunes amateurs de vin nature, que tous les chemins mènent au vin, même ceux qui ne sont en apparence des chemins de traverse. De grâce messieurs les grands prêtres laissez à tous et à chacun ses expériences, ses transgressions, ses folies, et surtout ses envies de boire ce que bon lui semble car, à force de gloser sur les grands vins à tout bout de champ vous en devenez très chiant.


Le vin posé sur un piédestal n’est pas dans ma culture, tout comme l’adoration de la haute cuisine, ce qui ne signifie pas pour autant que je n’apprécie pas certains de ces vins qualifiés de grands ou beaucoup de ces mets raffinés. Dans nos micro-débats règne une grande confusion intellectuelle : de qui et de quoi parle-t-on en se contentant de se balancer des horions ? De tout et du contraire de tout et surtout pour beaucoup d’amateurs rien que du vin. Pour eux ce qui compte c’est la fin peu importe les moyens. Cette opinion dominante régresse sous la pression non seulement des défenseurs patentés de l’environnement mais d’une part  de plus en plus importante de l’opinion publique. Les rapports de force ça existe et les oppositions même frontales, rappelez-vous la fureur au moment du PACS, produisent à terme du consensus.


Alors, il serait bon d’aborder les questions concernant la santé de la vigne et du vin en prenant soin de se situer à 3 niveaux :


-        la terre ou le terroir qui englobe ce que la main de l’homme y a implanté, en l’occurrence ici des ceps de vigne ;


-         l’homme : le vigneron ;


-        le produit donc le vin.

 

J’avoue que je suis plus enclin à défendre le respect de l’intégrité de l’homme et de la terre qu’à m’engager sur celui du terrain mouvant de la naturalité du produit. Je suis ici plus campagnard qu’urbain et j’ai du mal à m’associer aux petites joutes des uns contre les autres pour ou contre certains types de vin. Pour les plus jeunes ils jettent dira-t-on leur gourme et rien ne peut présager de leurs futurs engagements : les ex-soixante-huitards en sont la preuve ; les plus vieux eux cultivent avec une certaine condescendence la tendance à magnifier leur expérience, leur sagesse. Ce qui est rassurant dans toute cette agitation c’est qu’on n’en parle jamais ou presque aux informations. Tout le monde s’en fout ou presque.


Moi j’en suis resté à ce que mon maître vigneron, le frère Henri Bécot, m’a inculqué. Voilà ce qu’écrivait sur lui Jean Huguet dans les vins de Vendée :


«  Bécot, dans l’immédiat après-guerre 1945, fit avancer l’idée d’un vin de qualité primant sur le vin de petite façon, donc de quantité. On l’a dit apôtre des hybrides. Des bons hybrides, oui ; mais des grands cépages aussi. Quand il me conviait à la découverte d’une cave, c’était avant tout pour apprécier tel sauvignon, tel groslot, tel traminer (eh ! oui) ; je ne me souviens pas qu’il m’ait « débauché » pour quelque seibel, ravaz ou orberlin, même s’il ne les dédaignait pas. Ce professeur de géographie et d’histoire, né au pays de Vallet, mais originaire de Bazoges-en-Pareds, fidèle à ses racines paysannes, n’avait cure d’économie vinicole. Ce qui le préoccupait, c’était le bonheur du vigneron occasionnel, dont le labeur céréalier ou le soin asservissant des bêtes méritait la récompense du fier plaisir de la vendange. Il condamnait fermement les étranges fidélités qui l’attachaient, ce paysan, aux plants américains et prêchait pour qu’on les remplaçât par les meilleurs hybrides français couronnés à la foire annuelle de Chantonnay où son inusable soutane et son rabat bleu flottaient au vent de son enthousiasme comme l’emblème de la vigne vendéenne. »

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