Angers, je sors de la gare, 20 minutes de station sous la « guenasse » pour attendre en me gelant le cul une navette : même pas capable d’ajuster les horaires à ceux des trains c’est tout le professionnalisme des organisateurs du salon. Le bus est bondé. Nous gagnons une triste zone sous la pluie. Si j’avais su je ne serais pas venu. Par bonheur, la première aire du salon est occupée par une poignée de vignerons vendéens et ça me réconforte. Je quitte ma mauvaise humeur en compagnie de Jérémie Mourat qui, avec sa gentillesse habituelle, me présente son nouveau vignoble : Moulin Blanc.
Pour ceux qui n’ont jamais croisé Jérémie je lui laisse le soin de se présenter. Comme je suis un peu fainiasse, je le cite chez une consœur, Elizabeth Poulain, c’était le 13 avril 2012. « C’est la vitesse du changement qui me surprend actuellement, mais pas chez tout le monde bien sûr. Quand je dois parler de moi, je dis que je suis vigneron. Avec mes 118 ha, je suis un vrai terrien issu d’une famille de négociants ayant travaillé dans la vente. C’est comme ça aussi que j’ai commencé dans le métier, aux côtés de mon père Jean Mourat. Au fil du temps – j’ai actuellement 34 ans et j’ai commencé en 1999 – j’ai ressenti une frustration de ne pas élaborer à 100% le produit et pour assurer la qualité du produit depuis le début. Mon père qui avait repris la direction de la maison Mourat, n’avait pu faire autrement que d’acheter du raisin. Il y avait 24 ha aux vignobles Mourat à mon arrivée quand je l’ai rejoint. J’ai trouvé un vignoble en pleine mutation, avec des changements climatiques, des changements relationnels et une envie de faire autrement. C’est ce que je fais et continue à faire. La suite ICI link
Le Moulin Blanc, planté sur une butte de schistes pourpres, afin de prendre le vent de l’Océan, est situé à Rosnay. Entouré d’une parcelle de vignes de 6 ha, il domine les vallées du Lay et de l’Yon et il a été brûlé en 1794 par la colonne infernale Goix-Martinière. Quatorze habitants ont péri dans ce massacre… Pour les petites louves et petits loups qui ignorent l’Histoire de France, les colonnes infernales ont sévi en Vendée ; une Vendée où l’insurrection a touché un territoire de 10 000km2 regroupant 4 demi-départements : le sud de la Loire-Inférieure et du Maine-et-Loire et le nord de la Vendée et des Deux-Sèvres.
« Les colonnes infernales se mettent en marche le 21 janvier 1794 : les généraux veulent ainsi célébrer à la « manière républicaine » l’anniversaire de la mort de Louis XVI. L’idée est mise au point le 15 janvier à Saumur, par Turreau, en réaction au plan Kléber jugé ambigu, restrictif et timoré. Elle est avalisée par la Convention le 8 février suivant par l’intermédiaire de Carnot. « Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et pures mais éloignées du théâtre d’opérations, il attend les résultats pour se prononcer : extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir.
Le pays insurgé doit être traversé en six jours. Les troupes réparties en douze colonnes, appelées par Crrier « les douze flambeaux », reçoivent l’ordre écrit de « livrer aux flammes tout ce qui est susceptible d’êter brûlé et de passer au fil de la baïonnette toutes ce qu’elles rencontreront d’habitants ». « Je sais qu’il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays, s’écrie le général Grignon, c’est égal, nous devons tout sacrifier […]. » les objectifs fixés sont atteints à la date voulue mais les résultats, selon les organisateurs, sont jugés insuffisants et de nouvelles « promenades » sont organisées jusqu’à la chute de Robespierre et peut-être au-delà. ». Les généraux Turreau et Amey, à la tête de 60.000 hommes, libres de tout commettre sur « les vipères, leurs femelles et leurs petits vipéreaux ». Goy-Martinière se désole : « Je n’ai pu brûler les moulins à vent, à défaut de bois et à cause de leur hauteur. J’ai fait briser la fourche, le frein, le rouet, ce qui équivaut au feu. »
Revenons à ce Moulin Blanc qui a entièrement été restauré par l’entreprise CROIX, de la Cornuaille dans le Maine & Loire : www.restauration-moulin.fr qui est spécialisée dans la restauration de moulin à vent et moulin à eau depuis 1850 (cinq générations de charpentiers amoulageurs). Amoulageur ou amoulangeur selon Marcel Lachiver, un savoir-faire inestimable pour aussi installer et rénover des moulins à meule (minoterie). « Du débit des grumes à la mise en service de votre moulin nous vous accompagnons dans toutes les étapes de la restauration. » Ce que fait la main, une part du génie des artisans qu’il nous faut mettre en pleine lumière.
Le Moulin blanc, nouvelle cuvée des Parcellaires de Jérémie Mourat après le Clos Saint André quintessence du Chenin, Grenouillère avec ses vieilles vignes de Négrette (le fameux ragoutant) et Terre Quartz (ex Terre Quart « Quarts-de-Chaume, qualifiant cette initiative de concurrence déloyale vis à vis du « Grand Cru" angevin!... Et menaçant au passage le domaine vendéen de représailles judiciaires, s'il ne changeait pas le nom de la cuvée!... On vit une époque formidable!... Résultat : alors que cette cuvée porte le nom même de la parcelle, elle va devoir changer d'identité pour Terres Quartz!... ») le liquoreux, ce sont 15 ha de plantés principalement de vieilles vignes de Pinot Noir complétée par quelques arpents de chenin et de chardonnay. Les vignes sont conduites selon les méthodes traditionnelles favorisant le labour du sol, excluant tout désherbant ou engrais chimiques.
4 cuvées : un blanc de blancs, un blanc de noir, un rosé et un rouge vinifié et élevé en cuves bois tout comme le blanc des blancs. Le blanc de Noir ainsi que le rosé sont vinifiés en cuve béton.
L’ami Philippe Rapiteau écrivait le 12 août 2012 link à propos du Moulin Blanc flambant neuf « A l'intérieur, vont être installées des claies, permettant le séchage de raisins issus sans doute, dans un premier temps, d'un cépage rouge et peut-être de négrette. A noter que les vins issus de ce domaine, destinés, dans un premier temps, à grossir les volumes du Clos Saint André, seront finalement proposés sous leur nom propre, mais uniquement en IGP Val de Loire-Vendée, ce qui ne manque pas de faire grincer quelques dents dans le landerneau !... »
Bref, si vous allez en « pèlerinage » sur les terres du Taulier, Rosnay c’est tout près de la Mothe-Achard, alors prenez le chemin des écoliers sans GPS : la Chapelle-Achard D21, Grosbreuil, Nieul-le-Dolent D36, la Boissière-des-Landes D12, Champ-Saint-Père D19 puis D29 jusqu’à Rosnay. Si vous vous perdez demandez votre chemin à un gars du coin même si vous avez un numéro de parigot tête de veau y seront du genre bon samaritain. Avant d’y aller passez un petit coup de fil à Jérémie 02 51 97 20 10 ou envoyez-lui un e-mail jmourat@mourat.com en vous recommandant du Taulier. De toute façon bénédiction du Taulier ou pas vous serez bien accueillis et, cerise sur le gâteau, les vins de Jérémie feront taire ceux qui considèrent avec hauteur le terroir vendéen. Et puis, si ça vous chante, après la tournée des grands ducs faites celle des moulins link