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4 décembre 2006 1 04 /12 /décembre /2006 00:04

Chers lecteurs, je n'abandonne pas, comme certains on crut le lire, je continue différemment(lire le texte qui suit), en élargissant mon angle de vision, sans me restreindre au seul combat du vin, et bien sûr je reste disponible pour ceux d'entre vous qui voudront contribuer à faire des Assises de la convivialité, l'évènement des amoureux du vin. Encore faudrait-il que vous m'aidiez à élargir le cercle : par exemple en diffusant l'adresse de ce blog, ou en me faisant parvenir des adresses e-mail, ce que peu d'entre vous on fait... 


Quelques coups de pagaie et je m'aperçus que nous allions donner droit sur un vaste entonnoir, creux d'un bon mètre en son centre. J'eus une seconde d'hésitation : barrer à droite, à gauche ? Ma tête me dit de barrer à droite, pour écarter la pointe de cette cible où nous allions nous planter.


Mais c'était aussi offrir le flanc à la force d'attraction croissante, qui nous happa par le travers. Toutes les têtes se tournèrent vers moi. J'allais perdre le contrôle de l'embarcation et nous basculerions inexorablement au fond de l'entonnoir dans un tête-à-queue.


La voix du capitaine lança un ordre bref, cinglant, courroucé, et ma pagaie se redressa, visant le tourbillon ; nous l'effleurâmes de la pointe et il nous lança au loin comme une flèche en tangente, de toute sa force devenue centrifuge
.
C'était cela qu'il fallait faire, aller dans le sens du danger, le toucher du bout du doigt de telle façon que sa force elle-même nous rejette après nous avoir attirés.


Eussé-je écouté le corps de la pirogue, accepté spontanément que mon propre corps en fût partie intégrante, je n'aurais pas fait cette faute. Au lieu de quoi, placé dans une situation nouvelle, je m'étais précipatemment réfugié dans ma tête close, et ses raisonnements abstraits, et nous avions failli naufrager. Six mois à l'école des Indiens n'avaient donc pas suffi : j'étais encore indécrottablement rationnel, prétentieux, timoré et avare dans ce dedans de ma tête de Blanc qui croit détenir le pouvoir de commander au mouvement en s'opposant à lui, au lieu d'aller avec lui, de se fondre en lui, d'abord, et d'obéir ensuite à ce que décide le corps.
 

Extrait de La Transversale d'Alain Gheerbrant Babel n°320

en Amazonie le titre de cette rubrique : los Racionales y los Pelados

 

 

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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 00:05

Muni de cette vaisselle vinaire hétéroclite, après avoir donné un peu d'air aux grands crus, je procédai d'autorité à une distribution équitable. Le doyen, toujours aussi ramenard, délivrait de doctes appréciations, faisant étalage de sa science de la dégustation. A ma grande stupéfaction, un panel représentatif de l'orthodoxie prolétarienne, fit cercle autour de lui pour gober ses lieux communs. Magie du vin, la perfusion des nectars de haute extraction dans de jeunes veines révolutionnaires et, dans celles plus obstruées, des mandarins, déliait les langues, attisait l'esprit, donnait de la légèreté aux mots. Ils fusaient. L'euphorie montait. Le professeur Salin abandonnait Milton Friedmann en rase campagne pour raconter des histoires salaces. Ma Pervenche, seule femme dans ce marigot de mâles ennivrés, subissait les assauts conjugués de Dieulangard, le Spontex, et du doyen que j'avais surpris, quelques minutes auparavant, en train de siffler les fonds de bouteille. Nous étions tous pétés. A la reprise de la séance, sur proposition de Jean-Claude Hévin, un assistant famélique, spécialiste du droit de la Sécurité Sociale, le principe du passage automatique en année supérieure fut voté à l'unanimité. A la suite de ce vote historique, le doyen se levait pesamment pour porter un toast, en dépit de son verre vide, " au succès du plus grand mouvement populaire du siècle..."

 

Ce soir-là, Pervenche et moi, rentrâmes à pied. Nous devions distiller nos excédents avant d'aller dormir. Le ciel de mai était pur, l'air tendre et nous fîmes une longue pause sur les pelouses bordant l'hippodrome du Petit-Port. Couchés sur l'herbe, le nez dans les étoiles, Pervenche ayant posé sa tête sur mon ventre, nous étions restés un long moment silencieux. Même si mon alcoolémie voguait encore sur des sommets, ma lucidité restait intacte, vive, et je pressentais que ma compagne, qui ne quémandait que des caresses tendres, attendait de moi autrechose que l'expression animale de ma virilité. Ayant grandi dans les jupons des femmes j'ai développé un sentiment, dont on dit qu'elles sont supérieurement dotée, l'intuition. Ce sont des ondes fines, une faisceau sensible, comme une petite musique intérieure qui vous rend réceptif, prêt à accueillir et comprendre même l'indicible. L'autre le sent, s'ouvre, se confie et j'entendais Pervenche me dire " Benoît, j'aime les filles..."

" Tu en aimes une en particulier ? "
- Oui.
- Elle le sait ?
- Non.
- Alors, dis-lui...
- Non !
- Tu crois que ce n'est pas réciproque ?
- Oui...
- Tu en es sûre ?
- Oui !
- D'où tires-tu cette certitude ?
- Parce que c'est Anne Sautejeu...
- Non !
- Si !
- Mais c'est la reine des fafs de la Corpo...
- Je sais Benoît mais je l'aime...
L'irruption brutale dans ma petite tête bien pleine, de l'absolue irrationnalité de l'amour avec un grand A, me propulsait dans une abyssale attrition.
 

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2 décembre 2006 6 02 /12 /décembre /2006 00:23

L'état de droit, pour ceux qui n'ont jamais vécu dans un pays totalitaire où l'arbitraire des pouvoirs d'Etat est absolu peut paraître une évidence, un concept juridique sans contenu, un acquis. Les récentes affaires, Outreau entre autres, où des vies ont été fracassé par l'obstination et la cécité imbécile d'un petit juge ambitieux, par l'indifférence de ceux en charge de le contrôler, devraient nous amener non à réagir, mais à réfléchir et surtout à éviter d'entrer tête baissée dans la mécanique infernale du sensationnalisme des médias et au venin d'il n'y a pas de fumée sans feu. La présomption d'innocence est un bien trop précieux, l'expression la plus forte de notre état de droit, pour que face à certaines dérives, en tant que citoyen, nous restions les bras croisés.

Ce matin j'apporte à Julie Campos et Amaury Cornut-Chauvinc mon amitié et mon soutien dans l'épreuve qu'ils subissent. Je leur dis tenez bon, gardez la tête haute, ceux et celles qui ont de l'estime et de la considération pour ce que vous êtes et ce que vous faites vous gardent leur confiance. La justice des hommes doit s'exercer loin des passions, de la foule versatile et surtout respecter ses propres règles en évitant de jeter en pâture des citoyens présumés innocents. C'est l'honneur et la grandeur des démocraties que de tenir bon face aux dérives d'une société avide de sensationnel confortée en cela par des médias violant le secret de l'instruction.

Pour ma part, ayant dans l'affaire du Crédit Agricole de la Corse été entendu comme témoin - j'étais chargé du dossier Corse au cabinet du Ministre entre 1988 et 1990 - j'ai eu la désagréable surprise de découvrir sur l'internet, de la part d'un ragotier en mal de sensationnel, des insinuations et des sous-entendus basés sur une réthorique imparable : toute personne qui entre dans le cabinet d'un juge d'instruction est un coupable potentiel. C'est très grave car le juge instruit à charge et à décharge, il fallait donc que ce magistrat puisse remettre les faits dans leur contexte en auditionnant toute personne en capacité de nourrir son dossier. Des directeurs du Ministère eux aussi avaient été entendus, mais ce n'était que du menu fretin pour les délateurs, un ex-dir cab ça fait saliver dans les chaumières. Dans cette affaire, j'ai eu droit, à une pleine page dans un journal local : le Monde avec même un encadré où mon témoignage transcrit dans le PV était soumis à un autre témoin mineur : Pierre Joxe, Ministre de l'Intérieur à l'époque, et Premier Président de la Cour des Comptes lors de sa déposition. Témoin j'étais entré, témoin je suis sorti et ma vérité valait celle d'un plus puissant que moi...Tout ça pour quoi ? Pour alimenter le populisme des tous pourris. Comme si le témoin d'un accident par le fait même de sa présence sur les lieux puisse en être jugé responsable.

Dans la vie que l'on vit, seuls les bras croisés, les yaka, les fokon, s'exonèrent à bon compte, lapident ceux qui agissent, qui prennent des risques, le risque de croiser des escrocs, de travailler avec des gens sans parole, le risque de faire dans le cambouis du quotidien, le risque parfois - et je l'écris - de sa vie comme Lucien Tirroloni le président de la Chambre d'Agriculture de Corse du Sud, qui était mon ami, et qui a été lâchement abattu par des soi-disant "purs". La santé d'une démocratie se mesure à la capacité des médias d'informer les citoyens sur la face cachée des "grands de ce monde" mais à la condition de tirer ses informations non dans les poubelles, les rumeurs d'officines, mais dans l'enquête sérieuse et vérifiée. Souiller, bafouer l'honneur d'hommes et de femmes innocents est trop souvent une marque indélébile, un sceau d'infâmie intolérable. 


 

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1 décembre 2006 5 01 /12 /décembre /2006 00:32

Aphasie, alexie, agraphie, apathie, aboulie, ataraxie... à quoi bon continuer de ramer avec une petite pagaie dans ma coque de noix sur une mer d'huile, vide, sans horizon ? Je ne suis pas Bombard dans son canot, je n'ai rien à prouver, ni à vendre. Alors, décembre aidant, sans tambour ni trompette, sur la pointe des pieds, je vais me retirer sur l'aventin. Me mettre en jachère. Bien sûr, comme je suis soucieux de l'environnement, je vais maintenir un couvert scriptural sur mon blog. Vous allez enfin pouvoir respirer, vous occuper plus encore de vos affaires, ne pas distraire ces quelques minutes matinales de votre précieux emploi du temps. Tout compte fait j'ai mieux à faire que de continuer à secouer un cocotier qui ne porte pas de fruit.

Et pourtant, je n'ai pas à me plaindre. Vous me lisez fidèlement. Le lectorat augmente. Alors pourquoi ce retrait ? Parce que, à quelques exceptions près, vous êtes de bons consommateurs mais vous restez amorphes, sans réaction. Ce blog ne créé pas de liens, ces fils qui nous permettraient d'aller au-delà de la simple protestation. Nous encorder pour remonter la pente. Chacun vaque à ses occupations. Les miennes vont être autres car je n'ai pas vocation à prècher dans le désert. D'ailleurs personne ne me le demande, personne n'attend de moi que je soulève la pâte. Dans la vie il faut savoir prendre du champ, attendre que le temps soit venu, faire comme les opportunistes, les ouvriers de la dernière heure, récolter les fruits des autres. Se les attribuer.

Ce blog ne va pas s'auto-dissoudre pour autant, je vais mettre le vin entre-parenthèses, continuer de batifoler, d'écrire des chroniques quand ça me chantera, quand l'envie m'en prendra, tous les jours, plusieurs fois par jour, ou pas du tout, sans vous envoyer, pour ceux qui sont abonnés, le petit message matinal. Vous irez me lire, ou pas, si vous le voulez, quand vous aussi l'envie vous en prendra. Ce blog fut pour moi une belle expérience. Il m'a fait rencontrer des gens sympathiques. M'a fait aussi prendre conscience de la vanité de vouloir, par la simple force des idées, changer le monde. Les forces d'inertie sont les plus fortes. La France adore les réformateurs quand ils sont à la retraite ou au cimetière. Pour autant ne pensez pas que j'abandonne le combat. Je vais le mener ailleurs, autrement.

Merci de leur fidélité à tous ceux qui m'ont soutenu, encouragé, engueulé ou moqué. Par avance je remercie ceux qui continueront de lire ce blog dans sa nouvelle formule. Ne croyez pas que je sois triste ou amer. Bien au contraire, je me suis lancé de nouveaux défis et l'avenir nous dira si, cette fois-ci, le papy Berthomeau, si Dieu lui prête vie, a réussi.

  

  

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30 novembre 2006 4 30 /11 /novembre /2006 00:04

Comme promis je vous propose la première partie du rapport du Baron LE ROY, Président de l'INAO au 1er Congrès de l'Origine à Deauville juin 1948, la lecture en est instructive appliquée au temps présent 

Cette création, contrairement à ce qu'on pourrait croire, n'a pas été une simple conception de l'esprit transformée ensuite en texte législatif. Elle est le fruit d'une longue entreprise de persuasion des Associations viticoles de producteurs de vins fins, conseillées et guidées, à partir de 1930, par mon regretté et éminent prédécesseur, le Président Capus, qui fut, en outre, leur interprète convaincant auprès du Parlement et du Gouvernement.
Quelle fut la genèse de cette institution ?
Elle prit naissance lorsque fut établie la solidarité de tous les producteurs de vins fins de France.
C'est à Alphonse Perrin, l'apôtre Champenois, que revient le mérite d'avoir songé à convoquer à Paris, en 1923, les présidents des syndicats de protection des appellations les plus agissantes. Il y avait là, autour de Perrin : d'Angerville, Laligan, Doyard, Checq, un ou deux autres dont j'ai oublié les noms, et votre serviteur, tout frais élu président du syndicat de Châteauneuf-du-Pape qu'il venait de créer. Le but principal de la réunion était de dégager les principes généraux du droit de l'appellation qui permettraient de trancher le conflit champenois opposant la Marne(Perrin) à l'Aube(Checq). C'est dire qu'il y fut longuement question des cépages et que la discussion y fut vive. En dépit de l'opposition de l'Aube, le rôle capital du cépage fut retenu. On peut affirmer que c'est là que naquit la loi du 22 juillet 1927 et l'arbitrage du président Barthe sur le problème champenois.
Mais il y eut un autre résultat constructif. Les présidents décidèrent d'adhérer à la Fédération des Associations Viticoles de France et d'Algérie et de s'y grouper en une section spéciale qu'ils dénommèrent plus ou moins heureusement : la section des Grands Crus. Pourquoi en ai-je été désigné le Secrétaire général, fonctions que j'ai exercées pendant douze ans ? Je me le demande encore.
En tout cas, la solidarité était née. Tous les syndicats de défense des appellations se firent inscrire à la Section des Grands Crus dans les deux années qui suivirent. Elle ne tarda pas à arrêter unanimement les grands principes indispensables et à élaborer une doctrine commune.
Mais, une fois ce résultat obtenu, il fallait encore arriver à convaincre les viticulteurs de la nécessité d'un effort de discipline et d'un effort financier, convaincre le Gouvernement qu'une organisation nouvelle était indispensable pour maintenir la qualité et la réputation mondiale des Grands Vins de France. Cinq autres années furent nécessaires..."

A suivre...

 

 

 

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29 novembre 2006 3 29 /11 /novembre /2006 00:36

Au temps de la France qui fleurait bon le terroir, celle où le lait se parait encore d'une épaisse peau crémeuse, celle des poules picorant dans l'aire de la ferme, celle où l'on allait à la messe ou au marché en char à bancs, celle où l'on disait aux enfants " si tu manges ta soupe tu deviendras grand..." les hussards noirs de la République, comme les soutanes d'en face, n'avaient de cesse de faire émerger, des bancs rapeux de leurs écoles mal chauffées, de petites pousses afin qu'elles aillent fournir les hautes serres où l'on formatait les élites de notre vieux pays.

" Tu seras bonimenteur mon fils ! " s'écrient une grande majorité de parents scotchés à leur télé en voyant Arthur, avec ses polos en cachemire, et son air de matou patte douce ou patte griffue, encourager, réprimander, consoler les filles et les garçons de son émission prime time : "A prendre ou à laisser" En d'autres temps, ce garçon, avec son bagout, ses plaisanteries à deux balles, aurait fait un franc succès à la foire exposition de Château-Chinon ou à la fête foraine de la Roche-Migennes " Approchez, approchez, braves gens, venez tenter votre chance à la grande loterie où l'on fait tourner la Roue de la fortune (Dechavanne) et Vous gagnerez des Millions (Foucault) de trucs à la con..." Normal, la réussite exemplaire de ces bateleurs télévisés, ceux qui font rentrer le blé, ne peut que susciter l'admiration du bon peuple laborieux.

Quel rapport avec le divin nectar que je suis censé encenser chaque matin ? Aucun ! Sauf que, ségala, avec tout leur blé, sont sûrement de bons clients pour les hautes bouteilles de nectar sacré : des vins de propriété cienbur. Mécépapourça que j'ai commis ce billet. Non j'ai écrit ce papier comme un De profondis, joyeux et ludique, pour les élites défuntes. Personne ne les pleurera, sauf moi qui me sent orphelin des grandes voix, des belles plumes, de celles et ceux qui ont encadré mes jeunes années. Nostalgique ? Pas du tout, atrocement réaliste et, pour vous le prouver, je vous annonce que moizoci je me suis reconverti dans l'animation.

Venez tous jeudi 30 novembre à 15 heures dans le cadre de Vinitech Bordeaux assister au Grand Débat animé par Jacques Berthomeau (voir photo en haut à gauche)
Pour le meilleur et pour le pire : quel avenir nous prépare la nouvelle réforme de l'OCM ?
Avec : Joel Castany président du COPA-COGECA
            Jean Huillet président de la C.N.V.P. *
            Michel Issaly secrétaire-général des VIF
            Bruno Kessler président de l'AFED
            Alain Vironneau président du CIVB

* s'est fait porter pâle

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28 novembre 2006 2 28 /11 /novembre /2006 00:02
Le jeudi 23 novembre 17 h 45 une dépêche AFP en provenance de Rome s'affiche à la Une de Yahoo ! France Actualités :
Italie : un Brunello di Montalcino élu meilleur vin 2006 au monde.

C'est le n°1 du TOP 100 de Wine Spectator,
- un 2001 Casanova di Neri (4830 caisses) 70$
suivent
- n° 2 Quileceda Creek cabernet sauvignon Washington 2003 (3400 caisses) 85$
- n° 3 Château Léoville-Barton St Julien 2003 (18330 caisses) 75$
- n° 4 Concha y Toro Cabernet Sauvignon Puente Alto Don Melchior 2003 (10500 caisses) 47$
- n° 5 Domaine du Pégaü Châteauneuf-du-Pape Cuvée Réservée 2003 (5830 caisses) 70$.

Quelques remarques en vrac :
- le meilleur score 98 est obtenu par deux vins français le Léoville-Barton et un Krug 1995,
- la France classe 3 vins dans les 10 premiers à égalité avec les USA, 15 vins dans les 50 premiers à égalité avec les USA,
- dans les challengers le Chili et la Nouvelle-Zélande classent 1 vin dans les 10 premiers,
- le premier vin australien est 43 ième,
- l'Espagne ne classe aucun vin dans les 50 premiers et propose la bouteille la moins chère en 67 ième position : 12$,
- les trois bouteilles les plus chères sont françaises : le Krug 224$, un Clos de Tart Mommessin 2003 200$, un Hermitage La Chapelle 2003 Paul Jaboulet 155$,
- dans les 100 : la France et les USA placent 28 vins chacun, l'Italie 11, l'Australie 10, le Chili, la Nouvelle-Zélande et le Portugal  4 chacun, l'Espagne et l'Argentine 3 chacun, Afrique du Sud et la Hongrie 1 chacun.
- Au total des places/nombre de bouteilles : les USA l'emportent d'une courte tête sur la France : 48,45 contre 48,85
- par grande région française Bordeaux place 10 bouteilles, la vallée du Rhône : 9, la Bourgogne la Champagne et la Loire 2, la Provence et l'Alsace 1 chacune.
- le chouchou français est incontestablement Châteauneuf-du-Pape avec 5 représentants.

Quelques petits commentaires :
- c'est sur Yahoo, c'est bien présenté, ça émane des USA, on tient notre rang mais on laisse la main à nos chers collègues américains, c'est vrai que ce sont eux qui achètent, donnent la tendance et font le marché,
- même si je ne suis pas friand de classements celui-ci donne la tendance et nous aurions tort de jouer les pas concernés,
- ce classement est très politique, redoutable car il met dans le même panier des vins qui ne font pas dans le même registre, un peu comme si on mettait dans le même hit parade une interprétation des concertos de Mozart pour violon et orchestre sous la baguette de Nikolaus Harnoncourt et le dernier tube de Robbie Williams,
- mais surtout expliquez-moi pourquoi, avec tous nos grands dégustateurs, tous nos faiseurs d'élégances,  n'avons-nous pas été capable de créer notre propre classement et de l'imposer comme référence incontestable ?

www.winespectator.com pour plus de détails




 

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27 novembre 2006 1 27 /11 /novembre /2006 00:04

" Oublié, les limousines, manteaux de fourrure et diamants gros comme le Ritz aux doigts de leurs épouses. Le dernier "joujou" à la mode lorsqu'on est une (très) grande fortune, c'est le vignoble. Un peu de terre dépassant de la semelle, ça a plus de chic qu'un de ces gadgets tape-à-l'oeil(...)
Pourquoi un tel engouement ? Bien sûr, les grands crus sont un symbole de luxe, de prestige, de la "fameuse exception française" (...)
Evidemment, le vignoble réunit toutes les "bonnes" valeurs de l'époque : la culture, le retour à la terre, l'amour de la simplicité (apparente), l'humilité face aux éléments, le goût de l'exception d'autant plus chérie qu'elle n'est à savourer qu'avec parcimonie. L'abus de grands crus, comme de bibine, nuisant gravement à la santé, voilà qui met tout le monde à égalité (...)

Une troisième raison, moins avouable, pourrait être...le régime fiscal. En effet, quand le fisc considère le vignoble comme un outil de travail, il peut exonérer son propriétaire de l'ISF, et le faire bénéficier d'abattements en cas de succession ou de donation (...)

Extrait de : Comment vendangent...les grandes fortunes signé Hélène Piot dans Challenges n°56 du 16 Novembre 2006.

C'est beau comme la futilité française, tout y est, une pincée de people de luxe, une dose de lieux communs, quelques gouttes de vraie foutage de gueule vis à vis du petit peuple, un kilo de mépris du vin de monsieur et madame tout le monde, un fumet d'une France rentière,  ce texte est a méditer par ceux qui se disent les porte-paroles de notre secteur. Nous avons bonne mine avec nos équivalents Airbus. Tout le monde s'en tamponne la coquillette. Que notre secteur soit à la veille d'une mutation aussi douloureuse que celle de la sidérurgie n'intéresse absolument pas nos "journalistes économiques". Il faudra attendre que ça saigne pour qu'ils viennent se pencher avec une commisération feinte sur les brancards...

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26 novembre 2006 7 26 /11 /novembre /2006 00:25

Le Comité de grève, réuni dans la salle des professeurs, recevait le Doyen, Claude Dupond-Pronborgne, flanqué de quelques professeurs, ceux qui ne s'étaient pas tirés, d'un paquet de maîtres-assistants et d'assistants penchant vers nous. Nous avions convoqué le Doyen - avec la dose de grossièreté qui sied à une assemblée dont c'était le seul ciment -  pour vingt heures, afin qu'il prenne acte de nos exigences. Pas question de négocier avec lui, même si nous n'étions d'accord sur rien, sauf de maintenir la mobilisation, il devait bouffer sa cravate. Sans protester, le Doyen et son dernier carré avait tout avalé. Tous arboraient le col ouvert, le tableau était pathétique. Tous à plat ventre, même Salin, l'un des futurs thuriféraires des papes de l'Ecole de Chicago nous donnait du cher collègue. Mais si eux étaient pathétiques nous, nous étions lamentables. Nous pratiquions une forme très primaire de langue de béton brut mal décoffré, grisâtre, granuleuse, du genre de celle qu'on utilise pour se lester avant de se jeter à la baille un jour de désespoir sans fond. " Sous les pavés, la plage..." Nous étions à cent lieux de la poésie de nos grafittis.


Vers onze heures, face à l'enlisement, je pris deux initiatives majeures : ouvrir en grand les fenêtres - le nuage de notre tabagie atteignant la cote d'alerte - et proposer une pause casse-croûte. Pervenche, avec son sens inné de l'organisation, à moins que ce fusse son atavisme de fille de chef, nous avait fait porter par le chauffeur de son père - sans doute était-ce là une application directe de l'indispensable liaison entre la bourgeoisie éclairée et le prolétariat qu'elle appelait de ses voeux - deux grands cabas emplis de charcuteries, de fromages, de pain et de beurre, de moutarde et de cornichons, de bouteilles poussiéreuses de Bordeaux prélevées dans la cave de l'hôtel particulier de la place Mellinet. Rien que de bons produits du terroir issus de la sueur des fermiers des Anguerand de Tanguy du Coët, nom patronymique de mon indispensable Pervenche. Quand au Bordeaux, le prélèvement révolutionnaire s'était porté sur un échantillon représentatif de flacons issus de la classification de 1855. Face à cette abondance, la tranche la plus radicale du Comité hésitait sur la conduite à tenir : allions-nous nous bâfrer en laissant nos interlocuteurs au régime sec ou partager avec eux notre pitance ? Ces rétrécis du bocal exigeaient un vote à bulletins secrets. A dessein je les laissais s'enferrer dans leur sectarisme.


Sans attendre la fin de leur délire je sortais un couteau suisse de ma poche, choisissais la plus belle lame et tranchais le pain. Face à ce geste symbolique le silence se fit. De nouveau je venais de prendre l'avantage sur les verbeux, leur clouant le bec par la simple possession de cet instrument que tout prolo a dans sa poche. Eux, l'avant-garde de la classe ouvrière, à une ou deux exceptions près, en étaient dépourvus. Dupond-Pronborgne étalait sur sa face suffisante un sourire réjoui : il exhibait un Laguiole. Je lui lançais " au boulot Doyen, le populo a faim ! " Spectacle ubuesque que de voir notre altier agrégé de Droit Public ambeurrer des tartines, couper des rondelles de saucisson, fendre des cornichons, façonner des jambons beurre avant de les tendre à des coincés du PCMLR ou des chtarbés situationnistes. Nous mâchions. Restait le liquide et là, faute de la verroterie ad hoc, nous séchions. Se torchonner un Haut-Brion au goulot relevait de la pire hérésie transgressive dans laquelle, même les plus enragés d'entre nous, ne voulait pas tomber. Que faire ? Face à cette question éminemment léniniste, nous dûmes recourir à l'économie de guerre, c'est-à-dire réquisitionner les seuls récipients à notre disposition soit : trois tasses à café ébréchées, oubliées là depuis des lustres ; deux timballes en fer blanc propriété de deux communistes de stricte obédience qui les trimballaient dans leur cartable, un petit vase en verre soufflé et quelques gobelets en carton gisant dans une poubelle.  

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25 novembre 2006 6 25 /11 /novembre /2006 00:05
Pour ceux d'entre vous qui ont perdu le fil ou pour ceux qui débarquent sur ce blog, depuis le samedi 7 octobre il vous est proposé de découvrir, le samedi et le dimanche, une fiction écrite, au jour le jour, en direct. Alors pour les plus courageux reportez-vous au : 7-8-14-15-22-28-29 octobre 4-5-11-12-19- 20 novembre. Bonne lecture au coin du feu.

Sur l'estrade la foire d'empoigne, entre la nébuleuse, pileuse et hirsute, des multiples groupuscules politico-syndicaux, pour prendre la direction du mouvement faisait rage. Contraste étonnant entre le joyeux bordel de la base et la teigne des apparatchiks, image saisissante de ce que ce mouvement véhiculera d'images contradictoires. Les émeutes du Quartier Latin, relayées par les radios périphériques, l'ORTF étant muette, nous avaient électrisés, la bonde était ouverte et plus rien ne semblait pouvoir arrêter le flot de nos délires. Pour ma part, même si je restais encore en retrait, sous l'action conjuguée de Pervenche l'insurgée et du grand Boulineau, j'appréciais l'irruption dans ma vie de coq en pâte d'une forte dose d'extraordinaire. Sans que je puisse l'expliquer, ce chaos naissant m'apparaissait comme une chance à saisir,un temps où tout devenait possible, un moment d'histoire dont j'allais être acteur.

Tout est allé très vite. Lors d'une brève accalmie sur l'estrade, je me levais pour me saisir du micro et, face à l'amphi bruissant, au lieu de brailler comme mes prédécesseurs, de servir des tonnes de camarades, de proclamer ma foi en la révolution prolétarienne, de faire allégeance à une bannière, sur le ton de la confidence je me suis entendu me présenter comme le porte-parole de ceux qui n'avaient jamais eu la parole. Très vite le silence se fit. Etonnés, pris de court, les chefs de meutes ne purent que me laisser faire. Alors, sans trémolo ni grosse caisse, j'ai parlé des gens de peu de mon pays crotté, de notre servitude séculaire, de toutes ces années de génuflexion et de tête baissée. Des milliers de paires d'yeux me soutenaient. J'enchaînais sans élever la voix, en disant que le temps du silence, de la frustration et de l'obéissance venait de prendre de fin. On m'applaudissait. Je levais la main et l'amphi refaisait silence. J'osais. Oui cette parole arrachée à ceux qui nous en privaient nous n'allions pas nous la faire confisquer par d'autres. Les nouveau chefs conscients du danger voulaient me jeter. L'amphi grondait. Ils reculaient. Alors, avec un aplomb que je ne soupçonnais pas, je proposais l'élection d'un Comité de grève. L'amphi m'ovationnait. Immédiatement je me portais candidat en tant que représentant des étudiants salariés. A mains levées il m'élisait. Tout étourdi de mon audace je rendais le micro à Dieulangard, leader de la tendance dure des Maos Spontex, qui me toisait.

" T'es qui toi ? "
- Un mec qui va te marquer à la culotte...
- Faudra d'abord ôter tes couches branleur !
- Et toi compter sur les doigts d'une main tes clampins décervelés...
- Tu nous cherches ?
- Non camarade je t'explique que le rapport de force est en ma faveur et faudra que tu en tiennes compte...
- Que tu dis...
- C'est pas ce que je dis bouffeur du petit Livre Rouge. C'est ! Regarde bien cet amphi. Ta Révolution, versus longue marche, ils s'en branlent. Ce qu'ils veulent c'est que ça change même s'ils ne savent pas ce qu'ils veulent changer...
- T'es qu'un petit bourgeois vérolé ! Tu n'as aucune perspective historique...
- Coupes ton magnéto petit Mao je connais par coeur tes sourates...
- On t'écrasera comme une punaise !
- Avec tes potes staliniens versus Budapest...
" Libérez nos camarades...Libérez nos camarades..." L'amphi
tonnait.
 

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