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23 décembre 2006 6 23 /12 /décembre /2006 00:05

Marie aimait l'océan. Dans son maillot de bain une pièce blanc nacré c'était une sirène. Elle glissait vers le large pour n'être plus qu'un petit point à l'horizon. Moi le terrien balourd je l'attendais sur le sable pour l'envelopper dans un grand drap de bain. La frictionner. La réchauffer. Lui dire que ne nous ne nous quitterions jamais. Elle répondait oui. La serrer fort pour entendre son coeur cogner contre ma poitrine. Ce premier jour d'elle, pendant tout le temps où elle n'était encore qu'elle, j'en garde bien plus qu'un souvenir, je le vis chaque jour. A ma question idiote elle avait répondu, en empoignant son cabas de fille, un oui extatique, en ajoutant " c'est mon univers Benoît..." Nous nous levions. Naturellement elle passait son bras sous le mien. Les cercles s'ouvraient. Nous les fendions tout sourire. Certains des à elle, et des à moi, nous lançaient des petits signes de la main. Aucun ne s'étonnait. C'était cela aussi le charme de mai, ce doux parfum de folle liberté, coeur et corps, hors et haut. J'étais fier. Elle traçait un chemin droit. Nous laissâmes le fracas de la nouvelle place du Peuple derrière nous. Sur le cours des 50 otages nous croisions un groupe de blouses blanches remontées., bravaches comme s'ils allaient au front. Dans le lot, un grand type tweed anglais, noeud pap et Weston, gesticulait plus que les autres, l'oeil mauvais et le rictus aux lèvres. A hauteur, il vociférait " alors Marie on se mélange à la populace..."

Les doigts de Marie se faisaient fermes sur mon bras. Nous passions outre. Elle, devenue enfin Marie par le fiel de ce grand type hautain, d'une voix douce, me disait comme à regret, " ne vous inquiétez pas Benoît, ce n'est qu'un de mes frères... Il est plus bête que méchant..." Tout en elle me plaisait. Elle m'emballait. Je la suivais. Elle me montrait un vieux Vespa vert d'eau. Je la suivrais tout autour de la terre, au bout du monde, là où elle voudrait. Pour l'heure, sans casque, nous filions vers Pornic. Filer est une façon de parler car l'engin ronronnait comme un vieux chat mais nous laissait le loisir d'apprécier le paysage et de papoter. Tout un symbole, elle conduisait et moi, avec délicatesse j'enserrais sa taille et je l'écoutais. Quel bonheur de se taire. Marie parlait. De moi surtout et j'avais le sentiment d'être dans sa vie depuis toujours. Spectatrice de nos palabres interminables elle avait su pénétrer dans les brèches de mon petit jardin d'intérieur. Moi, le si soucieux de préserver l'intégrité de celui-ci, je ne prenais pas cet intérêt pour une intrusion. Marie la douce me disait tout ce que je voulais ne pas entendre de moi et je l'entendais.  

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22 décembre 2006 5 22 /12 /décembre /2006 00:22

Au hasard de mes pas dans la grande vitrine mondiale de Vinexpo je suis tombé en arrêt devant un bag in box d'un grand vin de Bordeaux " élevé à l'ancienne " et je pensais à mon grand-père Louis avec sa moustache à la Foch dans sa cave pleine de toiles d'araignée en train de soutirer le ce qu'il appelait le vin de ses vignes. Bien sûr, le terroir de ma Vendée natale n'a jamais eu, et n'aura jamais le prestige du terroir de Bordeaux - bien que les terres à maïs... - mais les poulets de ma grand-mère Marie picorant dans l'aire en compagnie des poules essaimant des beaux oeufs roux en de multiples niches, c'était le bon temps chers lecteurs !

Nous y voilà : pour me référer à une image d'actualité ça me fait penser à José Bové pérorant dans son téléphone portable depuis le énième forum des alters à Barcelone au cours de l'émission de Karl Zéro sur Canal +. Notre beau pays adore ceux qui se réfèrent au temps soi-disant béni où les paysans grattaient une terre bien rude, pansaient leurs vaches, allaient à la foire en voiture à cheval, taillaient les haies l'hiver et saluaient bien bas en ôtant leur casquette : " bonjour notre maître..."

Vive l'agriculture paysanne ! Pour les autres bien sûr, entre deux avions bruleurs de kérosène, et bien sûr avec tous les à côtés de cette fichue société de consommation... Comme dab je force le trait et, croyez-le, l'alliance des Ingénieurs du Génie Rural et des chefs de la grande maison de la rue de la Baume, ne trouve pas plus de grâce à mes yeux. Eux, ya pas d'ambiguité : ils n'ont pas la queue d'une idée...

Simplement, j'appelle de mes voeux, qu'un jour, une heure, nous puissions cesser de prendre la tête de la terre entière - elle s'en tamponne grave d'ailleurs - avec notre paille et nos sabots, pour nous contenter de conjuguer au présent de notre bien vivre, être accueillants, joyeux et aimables...

Et si, autre voeu pieux, nous les amoureux du vin, prenions l'initiative d'un grand éclat de rire sur notre passéisme national. A la bonne vôtre !

écrit le 27 juin 2005

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21 décembre 2006 4 21 /12 /décembre /2006 00:06

Nous les urbains du baby boom, parisiens de surcroît, sommes des petites bêtes bizarres, agitées, un peu légères, ceux qui nous ne nous aiment pas nous collent l'étiquette infâmante de bobo, pour beaucoup nous portons la lourde responsabilité d'avoir fait craquer les coutures trop étroites de la France des années 60, pourtant moi, qui suit un papy heureux, je ne me reconnais pas dans de telles caricatures et si, j'assume ma légèreté, c'est pour tenter de garder l'oeil ouvert, l'esprit libre et chercher auprès de mes semblables ce qui nous aidera à mieux vivre ensemble.

Les repas de quartier, à leur échelle, participent au retour de la convivialité, à la recherche de nouveaux liens, on parle de tout et de rien, on rit, on lève son verre de vin, le voisin de palier retrouve des couleurs, la mémé d'à côté de la chaleur et tout ceux qui baignent dans la solitude y puisent un peu d'espoir et de goût de vivre. Se parler s'en s'envahir, pour le plaisir, pour délier le noeud de l'isolement. Et si, au lieu de penser que la consommation du vin en France retrouvera un nouvel élan grâce à de la communication passe-partout, les gens du vin allaient au devant de tous ces urbains en quête de fête, celle qu'on faisait au village : un peu de chaleur dans un monde glacé ! Amplifier le mouvement, renouer des liens entre les rats des villes et les rats des champs... A la bonne vôtre les amis, vignerons si vous passez dans le quartier, pensez à apporter votre nectar...

écrit le 11 juillet 2005 c'était dans la lignée des assises de la convivialité...

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20 décembre 2006 3 20 /12 /décembre /2006 01:00

C'est une démarche qui agite les secteurs les plus créatifs de l'économie. La "pollinisation croisée " ou l'art de déclencher l'innovation par la " friction " de profils différents. la méthode permet, dit-on, de " sortir du cadre ", de dépasser les approches traditionnelles et de favoriser le saut créatif.

C'est la fin des réflexes de propriétaire en matière d'idées. Le programme d'exploitation informatique LINUX est un de ces modèles exemplaires d'innovation collaborative. des milliers de collaborateurs disséminés dans le monde développent gratuitement Linux.

La méthode du  "groupe stratégique " et son groupe de pilotage s'inscrivait dans ce type de démarche et, quel que soit le jugement que les uns et les autres puissent porter sur ses propositions, qui n'étaient après tout qu'une " note d'orientation stratégique " remise à un Ministre, elle a permis de déclencher un mouvement de réflexion dans le monde du vin.

Alors pourquoi ne pas remettre sur le métier l'ouvrage, retrouver cette dynamique dans ces temps difficiles, sortir de la tétanie de crise, redonner des perspectives en passant à l'acte. En effet, " si on a besoin de papillons dilettantes pour explorer des voies incongrues, il faut aussi des jardiniers pressés qui accélèrent le rythme ! "

Ecrit le 16 juin 2005 sur mon premier blog

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19 décembre 2006 2 19 /12 /décembre /2006 00:30

" Vous avez de tout temps inscrit bien haut, au fronton des appellations d'origine, l'exigence de la qualité. Il faut que par-delà les proclamations l'on retrouve dans chaque bouteille vendue sous le cachet de l'authenticité de l'appellation un produit irréprochable. Dans d'autres domaines certains producteurs ont payé et payent encore très cher les libertés qu'ils ont pris avec les exigences qualitatives.

En termes simples : surveillez les rendements, n'admettez pas facilement les dérogations, ne tolérez plus très longtemps mes délimitations imparfaites ou absentes, soyez exigeant lors de l'accession à l'appellation d'origine.

Je salue volontiers volontiers votre orientation vers plus de rigueur, mais permettez-moi d'attendre un peu les résultats pour vous transmettre les félicitations. Bien sûr je ne suis pas là pour distribuer des bons ou des mauvais points mais pour encourager vos efforts..."

Extraits du discours de Michel Rocard, Ministre de l'Agriculture, devant la session itinérante du Comité National de l'INAO, le 17 mai 1984 à Montpellier. Je tiens à votre disposition l'intégralité de l'opus. C'était le premier Comité se tenant en Languedoc. Nous avons été privé de banquet par les CAV qui protestaient contre la venue des nantis de la viticulture dans leur région en crise. L'un de leur grand leader, ayant maintenant rang d'ambassadeur de France chez les mandarins, brandissait l'étendard de la révolte de l'Occitanie bafouée par le centralisme parisien. Tout change, sauf que 20 ans après je trouve savoureux les propos de Rocard. Il était ainsi, et ça faisait son charme, son parler vrai irritait, c'est normal les français, comme les viticulteurs préfèrent les joueurs de fluteaux...

Ecrit le 15 juin 2005 sur mon premier blog

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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 00:04

Je prête à rire mais je donne à penser écrit-elle...

 

Oubliez les souillures d'une main qui pense avec son entre cuisses.

 

Cette semaine j'ai pris la poudre d'escampette... La belle de Cadix a des yeux de velours... Alors je vous propose de lire certaines chroniques écrites en 2005, au tout début de mon aventure du blog, à vous de voir et, peut-être de me dire, de m'écrire, si elles ont pris des rides...

 

Avant de partir un petit clin d'oeil du cycliste parisien que je suis : une photo d'un pochoir de Misstic www.missticinparis.com/  qui depuis 1989 essaime dans Paris ses aphorismes poétiques (allez sur son site pour voir) Comme nous tous, elle a évolué, en a-t-elle pour autant vendue son âme au diable ?


Bref, moi j'adore :

 

" tes faims de moi sont difficiles "

à bientôt chers lecteurs...

 

 

 

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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 00:02

Le patron du Conti, gagné par la grâce, nous faisait servir à volonté des demis de bière. Comme je n'avais rien dans le ventre depuis mon café du matin, mes yeux se brouillaient, je me sentais à la limite de l'évanouissement. Une belle main se posait sur mon bras. Une belle voix me disait " Vous devez avoir faim... " L'autre main me tendait un sandwich pendant que la voix ajoutait " c'est un sandwich au saucisson sec comme vous aimez..." Je me cabrais. La voix riait, un rire clair. Je la contemplais, ahuri. Elle était étonnante, non, bien plus ! rayonnante. Une légère coquetterie dans l'oeil, des cheveux longs et soyeux qui s'épandaient sur ses épaules nues et, tout autour d'elle, comme un halo de sérénité. Elle n'était pas belle. Elle était plus que belle, incomparable. En la remerciant je me disais que, sa robe boutonnée du haut jusqu'en bas, d'ordinaire, j'aurais eu envie de lui ôter. Je crois qu'elle le sentait. Moi si j'avais su rougir j'aurais rougi. Je pointais mes yeux yeux vers le bout de mes pieds. Je rencontrais le bout des siens. Elle portait des ballerines noires. J'aimais.  "Mangez !" J'obéissais. Le sandwich mariait le craquant d'une baguette fraîche avec l'onctuosité du beurre et le fondant d'un saucisson coupé gros. J'appréciais. La bouche pleine j'osais un compliment. Sa réponse me fit avaler de travers. " Je l'ai fait pour vous " Elle me tendait un demi de bière. " Restez avec nous Benoît, ici, tout le monde vous adore..." Je fondais. Moi, c'était sûr, je l'adorais et par bonheur une chaise recueillait mes abattis.

A loisir je la contemplais. Elle avait l'air du jeune fille sage mêlant romantisme et pieds sur terre. Moi si disert, je restais sans voix. Comme un enfant face à son bol de soupe je faisais durer le plaisir de mon sandwich. Bien sûr, je me couvrais de reproches. Comment avais-je pu ne pas la remarquer ? Peu importait puisqu'elle était là. Qu'elle me donnait du Benoît. Me préparait un sandwich au saucisson sec. Qu'elle savait que j'aimais le sandwich au saucisson sec. C'était une apparition. Mon retrait du cercle n'avait en rien perturbé la discussion. Un autre de mes camarades avait naturellement pris le relais. C'était aussi ça la magie de mai. Elle et moi, comme isolé du monde, nous étions seul au monde, sur une île, genoux contre genoux car elle venait de s'asseoir face à moi. Ce elle me crispait. L'échange était inégal. Insoucieuse de mon infériorité, elle se penchait vers moi pour me murmurer à l'oreille, en pouffant, " vous croyez que nous allons bâtir un monde meilleur..." Tout en m'extasiant sur ce nous, que je réduisais à deux, je réfrénais mon envie d'effleurer de mes lèvres la peau ambrée de son cou. Une trace de sel, d'embruns, je la sentais naïade. Tel un naufragé, abandonnant le souci du bonheur de l'humanité opprimée, je m'agrippai à cette intuitition en lui posant cette question étrange : " aimez-vous la mer ? "   

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16 décembre 2006 6 16 /12 /décembre /2006 00:04

Pendant que les tracteurs tournaient autour de la fontaine de cette place encore Royale, j'étais de ceux qui, installés dans la verrière de la terrasse du café le Continental, prèchaient la bonne parole à un auditoire rétif mais attentif. Le Conti c'est le QG des jeunes gens de la bonne bourgeoisie nantaise, majoritairement des étudiants en médecine car le CHU était à quelques encablures de la place. En ces temps agités les carabins, du moins ceux qui réfléchissaient, pas encore obnubilés par la hauteur de leur chiffre d'affaires ou le niveau de leur standing social, très " on fait médecine comme on s'engage dans une grande aventure ", un vrai combat, presque un apostolat, ne supportaient plus l'omnipotence des mandarins et la sclérose d'une bonne part de leur enseignement. Eux, comme les malades, devaient subir sans moufter les diktats et les caprices de grands patrons absenthéistes et pas toujours compétents. De plus ils marnaient comme des forçats pour des prunes. Notre contestation, échevelée et festive, cadrait assez bien avec leur goût très prononcé pour une langue crue et la main aux fesses des infirmières. Ils charriaient gentiment notre sabir de plomb et notre obsession maladive à nous référer à des modèles illusoires, mais nous leur rendions la monnaie de leur pièce en raillant l'illusion de l'apolitisme et la césure qu'ils maintenaient entre l'hôpital et la cité. Avant le évènements nous nous croisions dans les tonus - bals chics et chauds - aux salons Mauduit, concurrents pour les filles, acolytes au bar. Depuis que tout pétait, et que mandarins et politiques se planquaient, nous discutions ferme.

Au début de l'après-midi de ce vendredi 24 mai un franc soleil noyait la place toujours Royale. Nous étions inquiets, le Général privé de ses godillots, pour tenter de reprendre la main sur la chienlit, allait jouer le soir à la télé le énième remake de moi ou le chaos. Coincé entre le couille-mollisme de ses barons et l'intransigeance de la rue, le héros du 18 juin ne comprenait rien au film. Exaspéré par la lâcheté de ceux qui lui devaient tout, et incapable de comprendre nos ressorts profonds, il allait ressortir de son képi le coup du référendum. A cet instant de la journée nous ignorions que son intervention vaseuse allait faire un flop. Dans la touffeur de la verrière nous sentions bien que la situation pouvait basculer à tout moment, le pouvoir étant à la ramasse, les plus conscients d'entre nous, certes pas très nombreux, savions que personne n'était prêt pour le prendre dans des conditions qui nous aillent. La CGT et les alliés du Kremlin freinaient à mort, la vieille gauche agonisante, Mitterrand en tête, étaient à côté des pompes du mouvement, restait Mendès, qui faisait du Mendès, se méfiant des humeurs de la rue. En attendant, notre seule certitude, était qu'à l'Université nous détenions le pouvoir et qu'il nous fallait empocher un maximum d'avancées irréversibles avant que le reflux, que nous pressentions et craignions, nous renvoie dans nos amphi. 

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15 décembre 2006 5 15 /12 /décembre /2006 00:02

" La première réaction des vignerons, en effet, lorsque leurs dirigeants leur déclarèrent que, s'ils voulaient obtenir une répression des fraudes efficace, il fallait qu'ils financent eux-mêmes en payant une taxe spéciale, fut négative. Mais, de Congrès en congrès, l'idée fit son chemin et, en 1931, fut votée à l'unanimité la création du Syndicat National de Défense des AOC avec cotisation obligatoire. Il fallait une loi pour imposer l'obligation de la cotisation. Elle ne fut pas obtenue."

Le Baron Le Roy entame alors une longue digression soulignant la ténacité du Président Capus, s'inquiétant de l'éventualité de la mainmise de l'Etat sur les fonds des viticulteurs si on passait par lui pour les encaisser, pour confier que lors d'un congrès viticole à Cognac, visitant les parcs à huîtres de Marennes il eut sa révélation en contemplant les étiquettes vertes.

" Ce fut pour moi une révélation. Il n'y avait qu'à calquer le système. Les vins à appellation ne pourraient circuler qu'avec un titre de mouvement de couleur verte délivré contre une taxe de 2 francs par hectolitre assurant le financement du Comité des Appellations.
Vous m'excuserez, Messieurs, d'entre dans de pareils détails. Ils sont destinés à vous démontrer que l'institution que vous m'avez chargé de vous expliquer est le fruit d'une longue et pénible gestation. Et encore, je ne vous parlerai pas de l'hostilité rencontrée dans les milieux commerciaux où l'on voyait d'un mauvais oeil la Viticulture disposer d'un organisme centralisé aussi puissant (...) "

C'était, comme promis, pour faire plaisir à Tchho, la suite de la chronique : comment naquit l'INAO... N'en déplaise à S.Courau, sa lecture est instructive au regard du temps présent...

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14 décembre 2006 4 14 /12 /décembre /2006 00:04

Voici revenu le temps de la révérence, de nouveau on fait attention à vous, on s'inquiète de vous, on sent même poindre sous la déférence une forme de crainte. Ainsi va la France de ceux qui en sont et celle de ceux qui veulent en être, elle sait courber l'échine, vibrionner, ondoyer, mettre son mouchoir sur son amour-propre, jamais atteinte par le syndrôme du chant du coq. Comme la foule, celui ou celle qui sert le public près du pouvoir, et qui par un étrange mimétisme s'identifie à lui, est versatile. Il ou elle enscence, flatte, se pousse du col, adapte sa pensée et ses écrits au courant dominant, sans pour autant se priver de volter, le moment venu, pour se placer dans les nouveaux vents portant. Rien de bien nouveau me direz-vous, l'homme est ainsi fait, ses fidélités ses sincérités, comme ses amours, sont successifs.


La passation des pouvoirs entre locataires d'un portefeuille ministériel, lors des mouvements de balancier, est un grand moment de l'expression de la révérence. Quel bonheur de voir le moutonnement, les manoeuvres d'approche du petit monde des happy few, ceux de la maison comme ceux des OPA. Ils sont sur leur trente-un. Les plus hardis, avec une forme innée de l'à propos, se sont placés au premier rang, ce qui leur permettra, dès la fin des speechts, de fondre sur le nouvel arrivant. Les astucieux, l'air dégagé, attendront le moment où, comme par le plus heureux des hasards, le chef se trouvera à leur portée. Restent ceux, forts de leur appartenance au clan, qui attendront que les collaborateurs du premier cercle du Ministre tire celui-ci jusqu'à eux.


Lors d'une dissolution délicieusement ratée, alors que je coulais les jours heureux d'un PDG, j'ai vécu un sommet de la révérence. J'aurais du m'en douter puisque dès l'annonce des résultats mon téléphone s'était transformé en standard à l'heure du Téléthon. Que du beau monde s'inquiétant de mon avenir. Vous en êtes ? Bref, au début de l'après-midi, au 1er étage de l'Hôtel de Villeroy, la cérémonie. Le grand Louis, avec son large sourire, succède à un Philippe sous le choc. Courtoisie de rigueur. Je papote au fond de la salle à manger. Les mouvements classiques de houle révérencielle vont et viennent. Soudain une main se pose sur mon épaule, Louis le Finistérien, homme de la mer, m'invite à le suivre dans son bureau. Je sens le poids des regards. Ils s'imaginent. Le il faut que je te parle est plus qu'un adoubement c'est l'onction absolue d'avoir l'oreille du Patron. Louis m'avait pratiqué au temps de son passage au DOM-TOM, nous aimons bien tous les deux le petit Michel, l'homme à la grosse serviette et au phrasé de mitraillette. Louis cherchait ses marques dans cette grande maison à haut risque que je connaissais bien. J'allais l'aider, lui donner un coup de main. Rien de plus, mais le fait d'avoir été son premier invité fit de moi un homme d'influence. La révérence est une affection chronique sans thérapie connue, comme le ridicule elle ne tue pas...   

 

 

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