Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 janvier 2007 1 22 /01 /janvier /2007 00:08

 

En dépit d'un thermomètre s'adonnant à des températures élevées pour la saison, vous me direz que ce n'est pas vraiment une bonne période pour le pique-nique, bien que dans le South of France c'est de l'ordre du possible. J'en conviens mais ce matin, comme l'occasion fait le larron, profitant de cette bouteille achetée, au hasard de mes périgrinations, du côté du marché St Honoré (ouvrez le message ya de belles photos), je vous fais une petite piqure de rappel chers vous qui me reprochiez, il y a quelques temps, que notre club " Sans Interdit " ne vous proposait pas beaucoup de grain à moudre.

Notre invitation à venir vous joindre à nous pour concevoir, développer, promouvoir un évènement mobilisateur de tous ceux qui font, vendent, aiment le vin est l'occasion de passer à l'acte, de sortir de la déprime ambiante, d'aller au delà des mots, d'agir en direction de ceux qui sont ou feront l'avenir de notre divin nectar. Allez ne soyez pas timides, à vos souris : lepiknik-demonik2007@hotmail.fr ou précipitez-vous sur votre téléphone 06 80 17 78 25 vous serez bien accueilli... Bonne semaine à tous.


J'ai ouvert la bouteille hier, ça se laisse boire, et avec un saucisson beurre le cul sur l'herbe je pense que ce serait encore meilleur...

Partager cet article
Repost0
21 janvier 2007 7 21 /01 /janvier /2007 00:32

Aussi bizarre que ça puisse paraître, moi qui était né à quelques kilomètres de la mer je n'avais jamais quitté la terre ferme sur un quelconque bateau. L'avion, n'en parlons pas,  en ces années-là voyager était un luxe. A l'embarcadère de Fromentine, face à l'ïle de Noirmoutier, je découvrais notre navire propret, tout blanc, " la Vendée ". Les marins y embarquaient victuailles et fournitures entassées sur des palettes. Ils chargeaient aussi quelques voitures. Sur la jetée de bois, tout un petit monde de vacanciers, d'îliens, de passagers d'un jour se pressaient. Tout était allé si vite, je n'en revenais pas. Ma croyance dans les fenêtres ouvertes par le hasard se renforçait. Au téléphone avec Marie j'étais resté évasif, lui faire la surprise, aller la cueillir à son arrivée à Port-Joinville serait un vrai bonheur. Pour l'heure je me laissais aller à imaginer l'accueil de celui que je devais assister. D'une manière très étrange nous n'avions eu aucun contact. Au téléphone c'était son père, médecin de l'île, retraité, qui m'avait sondé. Plus exactement, l'homme, policé et courtois, m'expliquait que Jean, son fils, avait besoin d'une sorte de tuteur. Quelqu'un qui tienne les comptes, fasse les courses, la cuisine, assure en gros l'intendance générale du magasin de brocante de la Ferme des 3 Moulins. De prime abord étonné c'est avec un réel enthousiasme que j'avais accepté les conditions proposées.

Mon arrivée à Port-Joinville, sous un ciel si bleu, un air tendre et des bouffées de senteurs fortes, restera pour moi l'un des moments forts de ma vie. Jean Neveu-Derotrie était le sosie de Jacques Tati sans l'imperméable. Sa garde-robe se résumait en trois pantalons de tergal gris, deux chemises nylon blanches et une paire de sandales de plastic blanc. Mèche sur les yeux, pipe éteinte au bec, flanqué de son chien, appuyé aux ridelles d'une camionette C4 il me tendait une main ferme et chaleureuse. L'homme était merveilleusement loufoque, cultivé. Au bar de la marine il me comptait son histoire de rejeton d'une famille où l'on était médecin ou dentiste. Lui s'était fait visiteur médical. Il sillonnait la France en fourgonnette J7 pour placer des matelas anti-escarts dans les hopitaux et chiner toutes les vieilleries qui lui tombait sous la main. Militant au PSU, pacifiste, son sens des affaires consistaient à savoir acheter. L'argent ne représentait rien pour lui. Un vieux Rouen, une commode Régence ou un homme debout marqueté, ça lui parlait, ça le faisait bander. Capable des pires manoeuvres pour acquérir le meuble ou l'objet sur lequel il avait jeté son dévolu il se fichait ensuite pas mal de vendre. Jean n'aimait rien tant que de voir son magasin empli de belles choses. C'était un esthète, un pur esprit, notre accord fut instinctif, immédiat. Sans parole.

Les marins l'appellaient le " marchand de vermoulu " et se faisaient un devoir de lui faire prendre, à chacune de ses sorties, une muflée. Mon baptême du feu se révéla redoutable. Après les bières nous étions passés au pastis et, sans nous avoir mis une quelconque nourriture sous la dent, l'heure du Cognac sonnait. Je pratiquais, autant que je le pouvais, la politique du verre plein sans toutefois pouvoir éviter d'en descendre quelques-uns. Jean semblait imperturbable. Droit, rallumant ostensiblement sa pipe toujours éteinte, dans le brouhaha, il me narrait sa "guerre d'Algérie" comme infirmier. Achille, le chien, me fixait de ses yeux tendres. Tous les deux nous allions aussi former une belle paire d'amis. On m'observait. Soumis au rite initiatique d'admission dans le cercle restreint des gus capables de marcher droit après une poignée d'heures passées à écluser sec je devais triompher. Aux alentours de minuit, avec la raideur hésitante de ceux qui sont pleins comme des huîtres mais qui veulent encore porter beau, Jean et moi, côte à côte, sans nous porter secours mutuel, quittions le bar en saluant les derniers piliers de bistrot. La C4 nous mena sans encombres jusqu'à la Ferme des 3 Moulins.

Pensez-y : lepiknik-demonik2007@hotmail.fr ou le 06 80 17 78 25 pour un grand mouvement ludique autour de notre produit. Créons des liens ! A vos souris chers lecteurs...

Partager cet article
Repost0
20 janvier 2007 6 20 /01 /janvier /2007 00:04

L'ordre régnait à nouveau. Le pouvoir n'était plus à prendre. A la Sorbonne le comité d'organisation décidait de chasser les "Katangais" et de fermer les portes pour quarante-huit heures ; y'avait beaucoup de détritus. Daniel Cohn-Bendit, convoyé par Marie-France Pisier, rentrait en Allemagne avant que le pouvoir ne prononce la dissolution de plusieurs organisations gauchistes. Le 16 juin, la Sorbonne capitulait sans heurt. Le 17 juin, les chaînes de Renault redémarraient. Le 30 juin, au second tour des législatives, c'est un raz-de-marée, les gaullistes et leurs alliés obtenaient 358 des 465 sièges de l'Assemblée Nationale. Nous à Nantes, forts du sérieux de notre organisation, face à des caciques revigorés, nous sauvions les meubles. Ici, le vent de mai, laissera des traces durables, aussi bien chez les paysans, que dans les organisations ouvrières et politiques : la deuxième gauche allait prendre d'assaut le Grand d'Ouest et investir la plupart des places fortes d'une démocratie chrétienne à bout de souffle et incapable d'influencer son camp : Nantes, Rennes, La Roche sur Yon, Brest, Lorient viendraient s'ajouter au fief de St Brieuc.

Mon parcours d'avant-mai me valut d'être exempté de tout examen. C'est Hévin qui me l'apprit. Mon premier mouvement fut de refuser. " Evitez la bravoure Benoît, en septembre ça va être un véritable carnage. Vous avez été le témoin de leur lâcheté, ils ne vous le pardonneront pas. Examen ou pas, quelle importance pour vous, ça n'est pas du favoritisme mais l'application pure et simple de l'accord conclu. Partez en vacances ! On aura besoin de vous l'année prochaine pour tenir le choc de l'onde en retour..." me dit-il en me prenant par le bras. Marie, consultée, abonda dans le même sens. En quittant la Fac, je me sentais vidé, sans ressort. Qu'allais-je faire de ces longues vacances ? J'étais raide. Depuis plus d'un mois je n'avais pas mis les pieds ni chez mes curés, ni chez ma vieille logeuse, il me fallait aller apurer mes comptes. Mon arrivée à l'Institut Richelieu, alors que les élèves sortaient du réfectoire, déclencha un mouvement étrange. On fit cercle autour de moi, des jeunes et des profs : " alors raconte-nous ? " me dit un grand boutonneux de Terminale. Le tutoiement, un silence attentif, du respect dans leurs regards, autant de marques de la reconnaissance de mon nouveau statut d'ancien combattant de mai. A l'étage du Père Supérieur, l'accueil fut plus protocolaire, avec jusque ce qu'il faut d'ironie moqueuse, on me règla mon solde de tout compte sans discuter. Ma logeuse, elle, faillit avaler son dentier. Je fis mon balluchon en silence et la laissai en plan sans autre forme de procès.

Restait pour moi à faire un retour au pays. Voir mes parents. Au Conti, avant mon départ, Marie me pressait " allez, soit pas fier, viens avec moi à l'Ile d'Yeu..." Je haussai les épaules sans répondre. " Alors on ne va pas se voir pendant deux mois ? " Elle tapait là où ça faisait mal. Je me regimbais.  " T'en fais pas, je vais me débrouiller. Je t'appelle ce soir..." Aux Sorinières, le pouce levé, je regrettais ce départ précipité. Le stop marchait encore. A la maison on me ne posa pas de questions. Maman trouvait que j'avais maigri. Le clan des femmes s'activa pour me faire festin. Papa, pour la première fois, me parla politique. Notre première proximité. La mémé Marie, qui elle avait tout compris, interrompant son rosaire, me dit " elle est doit être jolie cette petite..." En lui montrant une photo de Marie je lui fis remarquer que maintenant j'avais deux Marie dans ma vie. Dans l'après-midi, le docteur Lory vint délivrer l'ordonnance de calmants pour le dos de la tante Valentine. C'était un type froid, avare de mots. Pourtant, ce jour-là, aimable, il me demandait " tu fais quoi de tes vacances ? " Ma réponse évasive me valait une proposition qui me laissait pantois " Mon cousin, Jean Neveu-Derotrie, brocanteur, cherche, disons un homme à tout faire, pour l'aider. Deux mois à l'Ile d'Yeu ça te dirais ? "

Simple rappel : le club Sans Interdit se mobilise pour organiser le pique-nique de la convivialité, rejoignez-nous pour réfléchir à cet évènement : lepiknik-demonik2007@hotmail.fr ou 06 80 17 78 25 c'est mon téléphone... Agissons ensemble pour mettre un peu de douceur dans ce monde de brutes... 

           

Partager cet article
Repost0
19 janvier 2007 5 19 /01 /janvier /2007 00:01

" En juillet dernier, rue du Pas-de-la-Mule, j'ai assisté au départ de trois autobus de TCRP (Transports en Commun de la Région Parisienne) remplis de familles juives que des agents avaient tirés de leurs logements. Incroyable ! Sur le trottoir était parqué un dernier ramassage en attente d'un prochain transport. Je connaissais de vue presque tout le monde, puisque nous vivons dans le même quartier. Une femme, qui avait servi de remplaçante à la concierge pendant les vacances, me fit signe d'approcher. " Emmenez ma petite fille, madame. avec vous elle n'aura pas peur de me quitter. Je ne veux pas qu'elle connaisse ce que je pressens qui nous conduira vers la mort. " L'enfant ma prit la main et me suivit à la maison.
- Vous avez pris une grosse responsabilité, et aussi un grand risque, lui dis-je.
- Mais, répondit-elle, je ne pouvais pas faire autrement.
Mon amie, arrivée entre temps, ajouta : " Ca allait de soi."

Ceci est l'histoire de Madame Collin et de sa fille institutrice, relatée par Lucie Aubrac.

La photo ci-dessus est celle de Daniel Trocmé, le cousin du pasteur Trocmé, l'une des 19 victimes de la rafle de la maison des Roches, mort au camp de Maïdanek en avril 1944

" Ca allait de soi..." phrase d'une simplicité lumineuse, expression du courage anonyme des gens de peu. Moi, enfant de l'après-guerre, très tôt, la période grise du régime de Vichy, absente des livres d'histoire, ce temps de la collaboration, des délateurs, mais aussi de la résistance, me troublait au plus profond. Aurais-je saisi cette main ? ou comme le montrait si bien le film document d'Harris et Sédouy " Le chagrin et la pitié " me serais-je réfugié dans un attentisme frileux comme la grande majorité de nos concitoyens ?

Le courage est la vertu du commencement nous dit Jankélévitch. " Or commencer - commencer de lutter, commencer de résister - non seulement ne va pas de soi, mais peut aller aussi contre soi-même, malgré soi. Malgré la peur, malgré l'inertie, malgré ce qui nous permet et pousse aux douces lâchetés, aux serviles abandons..." écrit Michel Klein dans la préface du numéro d'Autrement Le courage février 1992. Nous les enfants de la paix, retrouvons humilité et modestie face au courage des humbles, tous ces " justes parmi les nations ", reconnus ou anonymes. Inclinons nous face au courage du pasteur Trocmé répondant au préfet qui lui annonçait un recensement des juifs sur le plateau de Chambon : " Nous ignorons ce qu'est un juif, nous ne connaissons que des hommes ". Avec lui, tout le village de Chambon-sur-Lignon et ses alentours a sauvé des milliers de juifs de la déportation et de la mort. Honneur à eux ! Je me sens tout petit.

Partager cet article
Repost0
18 janvier 2007 4 18 /01 /janvier /2007 00:37

Vous souvenez-vous du télégramme d'Yves Montand avec Simone Signoret en dame du téléphone ? C'est bien vieux me direz-vous : 1950. Ce fut un tube radiophonique. C'est tombé dans la trappe de l'oubli... Et pourtant, c'était un bijou. C'est toujours un bijou. Si vous souhaitez soit le  découvrir ou, pour les plus anciens d'entre vous, le redécouvrir clicquez sur  ce lien :
 www.paroles.net/chansons/22419htm 
Pour la version sonore c'est dans le volume 2 du coffret " Yves Montand les 100 plus belles chansons " chez Mercury novembre 2006.

Mon télégramme à moi, ce matin, est moins poétique, mais j'espère qu'il trouvera un écho favorable et enthousiaste parmi ceux d'entre vous, chers lecteurs, chaque jour plus nombreux, mais un petit peu mou du clic, qui trouvent que les éminences grises de Sans Interdit, dans leurs hautes sphères parisiennes, n'étaient pas jusqu'à présent très partageuses de leurs réflexions.  

Sans Interdit réuni le 17/01 aux aurores dans un troquet  du côté de la gare St Lazare - stop - Assises de la Convivialité comme casse-croûte - stop - Cherchons personnes intéressées pour bosser sur le projet pique-nique et plus si affinités - stop - Si vous vous sentez concernés - stop - D'abord souriez - stop - Ensuite vite à vos claviers - stop - Merci de nous communiquer vos coordonnées - stop - Remue-méninges assuré - stop - On se fait une petite bouffe après - stop - à vous lire - stop - vous voir,- stop - vous entendre - stop - On vous fait la bise - stop - à plus - stop - amitiés -

signé : les conjurés de la convialité (06 80 17 78 25 ou contact au bas de ce blog noyé dans le fond rouge en tout petit)

Je viens de créer une adresse spécifique pour l'opération : lepiknik-demonik2007@hotmail.com  vous pouvez l'utiliser pour me communiquer vos coordonnées ou commentaires... A vous lire. Merci.

 


Partager cet article
Repost0
17 janvier 2007 3 17 /01 /janvier /2007 00:31

 

Dans mon pays, la belotte était l'apanage des gars du bourg, l'aluette un jeu de paysans. Comme la Mothe-Achard était un gros bourg de commerçants, et comme un commerçant c'est quelqu'un qui veut être bien avec tout le monde, les concours de cartes organisés pour remplir les caisses des pompiers, des anciens d'AFN ou de la Vaillante Mothaise, étaient toujours mixtes. Ma génération considérait le bistro et les jeux de cartes comme des trucs de vieux. Nous préférions courir les filles. Quand nous nous alignions dans les concours, officiellement pour nous fendre la gueule, c'était l'aluette que nous choisissions. Pour deux raisons, d'abord parce que nous y retrouvions les figures les plus emblématiques du pays - des tronches en général affublés de sobriquets savoureux : Bite au dos, Lucien dit le Caïphe, Morisset dit Cécette, Romain dit Maës... -ensuite, parce qu'à l'aluette on joue à la parlante (voir § 3)et qu'on se fait des signes. Y'avait donc une ambiance pagnolesque, l'accent en moins. Du côté jaja, on barbottait dans l'infâme et le toxique.


Vous allez me dire, l'aluette ce n'est qu'un jeu de cartes parmi d'autres. Détrompez-vous, les 48 cartes de luette sont héritées des Maures et leur symbolique est très intéressante.

 

Elles sont divisées en 4 séries de 12 cartes :


- les bâtons ou massues représentant les paysans
- les deniers (pièces de monnaie) représentant les marchands
- les épées représentant les nobles
- les coupes ou calices représentant les prêtres.
(chaque série comprend as, roi, cavalière,valet, pas de 10 et la bigaille 9,8,7,6,5,4,3 à l'exception des cartes d'aluette et de double)


Les cartes d'aluette:


le 3 de "denier" dit Monsieur
le 3 de "coupe" dit La grande Dame
le 2 de "denier" dit Le Borgne
le 2 de "coupe" dit La Vache
 

Les cartes de double :


le 9 de "coupe" dit le Grand neuf
le 9 de "denier" dit le petit neuf
le 2 de "bâton" dit deux de chêne ou la balançoire
le 2 d' "épée" dit le deux d'écrit

le 5 de denier dit Bise-dur est très populaire bien qu'il n'ait aucune valeur particulière.

 

Cette énumération, en dehors des noms, montre la hiérarchie sociale des inventeurs du jeu : les marchands ont 3 cartes maîtresses, dont la plus importante ; les prêtres aussi, mais ils n'ont que la seconde carte maîtresse, les paysans et les nobles doivent se contenter d'une carte en 7 et 8 ème position. Pour la règle allez sur le net si ça vous intéresse.


Moi ce matin c'est de vous offrir une petite tranche sonore de ce jeu de bandits  www.arteradio.com/son.html?2163 Cliquez sur ce lien et écoutez bien, ça ne dure que 2mn15 et vous entendrez aussi des petits chocs qui vous réjouiront le coeur. Dans ce jeu, ce qui compte c'est la bande sonore liée au fait que si la partie se joue par couple, l'un des deux partenaires, celui qui estime avoir la meilleure donne, commande le jeu. Pendant qu'on s'échange des signes, fusent des "oui j'y suis mais au dessus de la dessus" et "deux fois en dessous de la dessous", ça y va sec, et quand la partie commence ce sont des : viens à moi tout petit, file tes belles, fait pourri (couvrir avec une carte de même valeur pour qu'il n'y ai pas de plis)... Cette dernière stratégie, en général, prépare le plus beau coup du jeu "faire mordienne" c'est-à-dire gagner en remportant les dernières levées sans avoir amassé de plis auparavent et sans qu'un des derniers plis ait été pourri. On l'annonce à son partenaire en se mordant les lèvres. On empoche deux points.


Si je vous parle de ce jeu de bandits venu comme il l'est dit dans la bande sonore, par la mer, le port de la Chaume aux Sables d'Olonne, des mauresques, c'est pour rappeler à certains en Vendée même, le Vicomte pour être précis, pronant la fermeture de nos frontières, le repli sur soi, que nous sommes des gens de sangs mêlés, des métèques et que, pour ma part, j'en suis fier car j'en suis.


 

 

 

Partager cet article
Repost0
16 janvier 2007 2 16 /01 /janvier /2007 00:03

C'est une revue tout ce qu'il y a d'officielle du Ministère de la Culture  Direction du Patrimoine : TERRAIN 13 carnets du patrimoine ethnologique. Un numéro d'octobre 1989 : Boire avec, entre autre, un article " Des caves et des hommes en Vendée " par Christian Hongrois. Comme à l'accoutumée je vous en livre quelques extraits. Ceux qui seraient intéressés par l'intégralité du texte peuvent me le demander. Je le scannerai et leur ferai parvenir.

 

" En Vendée, dans le canton de La Châtaigneraie où s'est déroulée cette recherche, la "cave" est non seulement le lieu où se fabrique et se garde le vin mais l'espace d'une sociabilité masculine qui s'exprime tout particulièrement au cours des "descentes" et des "visites" que se rendent les hommes à l'occasion de tournées rituelles qui concernent les jeunes.
Par elles, chaque garçon est conduit jusqu'à l'âge d'homme. Il en gravit les degrés, pris en charge par le groupe qui en a défini coutumièrement les passages. Cet apprentissage, en Vendée, se fait dans le cadre d'une institution : la conscription. C'est elle qui organise le temps de la vie de garçon et lui fournit son langage. Ici "la synchronie absolue du temps militaire a permis d'inscrire dans chaque destin un point de repère fixe autour duquel prennent place des évènements qu'une série continue de rites s'efforcent de capter ". ces derniers s'articulent donc autour d'un lieu : la cave ; d'un objet : la bouteille ; et d'un état : l'ivresse. Celle-ci réelle ou "jouée" apparaît bien comme une manière d'être entre deux statuts qui s'accorde aux moments du changement, du passage.
Tout "honnête homme" en Vendée se doit d'avoir "sa cave". Les meilleures caves sont connues et deviennent l'objet d'une concurrence acharnée tant pour la quantité et la qualité des vins que pour l'esthétique et l'originalité du lieu. Marcel H., d'Antigny, nous explique avec insistance qu'elle ne fut sa surprise quand des nouveaux amis du Nord de la France vinrent leur rendre visite en juillet 1984 en avouant qu'ils ne savaient pas ce que signifiait "descendre à la cave" et encore moins ce qu'était une "cave". Par la suite, il leur fit faire une "tournée des caves" des copains au cours de laquelle ses amis purent prendre des photos et goûter aux vins de pays en général prohibés par la loi : variétés Noa, Oberlin...
Dans les fermes, il s'agit souvent d'une cave souterraine ou simplement de l'ancien fournil ou d'un coin d'écurie aménagés en cellier. Lorsque la place le permet, nous retrouvons dans cette pièce le pressoir à vis ainsi que tout le matériel de vendange, vinification et conservation du vin. Chaque ferme possède plusieurs "milliers de mètres carrés" de vigne soigneusement entretenus, fournissant les deux ou trois barriques de vin nécessaires à la consommation annuelle. Quand un fermier a plusieurs enfants exerçant une autre profession, la récolte est partagée également, soit en vendange, soit en vin, aussi point n'est besoin d'être récoltant pour avoir "son vin" : les ouvriers ou fonctionnaires détachés de cette répartition vinicole achètent du moût ou du vin nouveau en vrac qu'ils mettent en barrique, le temps de la fermentation, puis en bouteille. Très souvent, lorsqu'ils ne possèdent pas de cave assez fraîche pour conduire au mieux la vinification, ils achètent le vin "en cubi" et le conditionnent aussitôt. Il s'agit souvent de vin d'Anjou ou nantais - muscadet - et, dans chaque commune, un correspondant de viticulteur permet un achat en gros. Ce vin acheté est au préalable goûté chez le correspondant, qui propose un "cubi" de démonstration. Chaque commerce, chaque entreprise possède un lieu spécialement aménagé pour recevoir des bouteilles et, quelle que soit son importance, cet endroit est appelé "cave". Nous y trouvons rarement des sièges, le vin doit être consommé debout. Quand la cave est assez grande, les hommes peuvent y jouer aux palets, nodules de fonte lancés dans un sabot, de préférence, pour mieux constater l'"état" du lanceur (...)

à suivre... 

 

Comme ma très chère soeur a épousé un fils Ouvrard d'Antigny (les établissements Ouvrard font dans la machine agricole et bien sûr la machine à vendanger) j'ai pu de visu apprécier "la qualité" du vin et du décor des caves : ça craignait grave mais ça aurait plu à nos adorateurs du bon temps des fermiers en sabots et de la fermière en quichenote avec le bon beurre, les bons poulets et tout ce qui fleurait bon la sueur et le petit porte-monnaie... Le service militaire a disparu. C'était il y a 15 ans, de l'ethnologie mais, croyez-moi, les émules de la Croix d'Or et leurs héritiers hygiénistes ont puisé dans ce terreau des motivations pour leur lutte sans merci contre le vin et, aujourd'hui encore, ce type de consommateur dans ces régions créé de l'illusion chez certains viticulteurs en vente directe. Ils vont disparaître sans remplaçant

 

.

Partager cet article
Repost0
15 janvier 2007 1 15 /01 /janvier /2007 00:04

Nouvelle pratique des jeunes, produit d'importation en provenance des pays autrefois non buveurs de vin, le binge-drinking (1) ou, dans le français que l'on cause aujourd'hui, se déchirer grave, consiste en fin de semaine à ingurgiter des doses d'alcool pour atteindre la limite et même la dépasser en sombrant dans des comas éthyliques. Envoyé spécial, l'émission de reportage de la 2, consacré à ce phénomène, a ému et inquiété beaucoup de mères ou de parents. Je n'ai pas vu l'émission mais je puis vous assurer qu'autour de moi, chez des personnes ne pratiquant pas un quelconque ostracisme à l'égard des boissons alcoolisées, le trouble était réel. D'autant plus que ces beuveries avaient pour cadre des soirées organisées par des associations d'étudiants. Certains me diront, puisque ça n'est pas avec du vin qu'ils le font ça ne nous concerne pas ou mieux ça renforce notre combat pour la consommation modérée de notre produit. A ceux-là, même s'ils ont en parti raison, je réponds : essayez donc ce type de réponse auprès de parents confrontés à ces pratiques ravageuses. Il tombe à plat. On ne s'appuie pas sur du négatif pour promouvoir une autre approche de consommation.

 

Ces jeunes, pour la plupart, sont majeurs, Bac plus quelquechose, et s'en tenir en guise de diagnostic au laxisme des parents ou au il faut que jeunesse se passe ou ils le font sous la pression des alcooliers ou aux explications sociologiques à la mort moi le noeud habituelles ne nous mènerait pas loin. Le phénomène existe et ses conséquences irréversibles sur l'avenir de ces jeunes doivent nous préoccuper. Comment ? En premier lieu, en tant que prescripteurs de boissons alcoolisées quelles qu'elles soient, en adoptant une attitude d'absolue responsabilité excluant toute bataille de parts de marché ou de pratiques d'incitation à la consommation immodérée sous le couvert de la teuf. En urgence, un code de bonne conduite doit être élaboré entre les associations d'étudiants, les producteurs et les distributeurs afin de tracer la ligne qu'on s'engage à ne pas dépasser et de définir les moyens pour être sans concession face aux dérives. Créer des consommateurs : oui, des alcooliques : non ! La marge est peut être étroite mais, n'en déplaise aux prohibitionnistes, elle est à l'image de la plupart des actes de notre vie : à risque.

En second lieu, certains diront que je radote, nous les gens du vin devons nous inscrire dans le combat de la civilité, de la convivialité, aider à recréer des liens, à produire comme nous l'avions écrit dans Cap 2010 " un peu de douceur dans ce monde de brutes ". Mais la convivialité ne se décrète pas, elle nait d'une alchimie à la fois simple et complexe, du  regard porté sur l'autre, les autres, de notre capacité d'accueil, cette chaleur communicative, le quignon pain partagé, des trucs risibles dans nos sociétés dures toutes entières tournées vers la froide efficacité. Bref, bien plus que le combat pour la défense de notre produit contre ceux qui veulent, dit-on, le naufrager, attelons-nous à une tâche plus rude : redonner à nos concitoyens le goût de la responsabilité, du bien vivre ensemble et de la convivialité. En effet, et si c'était l'image de ce monde impitoyable que ces jeunes qui se déchirent grave voulaient exorciser à nous de montrer l'exemple d'une autre façon d'être citoyenne, ludique et porteuse d'un réel espoir d'un monde plus vivable.

  

(1) Pour plus d'informations sur le Binge-Drinking aller sur http://en.wikipedia.org/wiki/Binge_drinking  http://news.bbc.co.uk/1/hi/health/3121440.stm

Partager cet article
Repost0
14 janvier 2007 7 14 /01 /janvier /2007 00:35

 

Au lever du jour, investit par le frère de Marie - celui que nous avions croisé le premier jour - et quelques-uns de ses acolytes, l'appartement se transforma en repaire de conspirateurs. Ignorant notre présence, exaltés, ces jeunes gens se préparaient à la grande manif commanditée par une étrange coalition de gaullistes, d'anciens pétainistes, de partisans de l'Algérie française et des fafs habituels de la Fac. La spontanéité de la marée des Champs-Elysées, et des foules des grandes villes de province, s'appuyait sur l'art consommé de la vieille garde du Général à mobiliser ses réseaux de la France libre. Mobilisation amplifiée par l'adhésion d'une partie du petit peuple laborieux excédé par le désordre et de tous ceux qui voulaient voir l'essence réapparaître aux pompes pour profiter du week-end de la Pentecôte. La majorité silencieuse, mélange improbable de la France des beaux quartiers et du magma versatile de la classe moyenne, trouvait ce jeudi 30 mai sa pleine expression.

 

La journée plana, d'abord suspendue à l'attente du discours du voyageur de Baden-Baden avant de prendre son envol avec le bras-dessus, bras-dessous des Excellences soulagées sur les Champs-Elysées, elle s'acheva, telle une feuille morte se détachant de sa branche, dans un mélange de soulagement et de résignation. Mai était mort et tout le monde voulait tourner la page, oublier. L'allocution du Général est prononcé sur un ton dur, autoritaire, menaçant. L'heure de la normalisation a sonné. De Gaulle ne sait pas encore, qu'en fait, c'est une victoire à la Pyrrhus, une droite réunifiée et les veaux français ne tarderont pas à le renvoyer à Colombey pour élire Pompidou le maquignon de Montboudif. Avec Marie, en cette fin de journée, nous sommes assis dans les tribunes du vieux Stade Marcel Saupin, au bord de la Loire, tout près de l'usine LU pour assister au match de solidarité en faveur des grévistes, entre le FC Nantes et le Stade Rennais. En ce temps là, les footeux, parties intégrantes de la vie des couches populaires venant les supporter match après match, osaient mouiller le maillot, prendre parti  pour eux. José Arribas, l'entraîneur des Canaris, républicain espagnol émigré, à lui tout seul personnifiait cette éthique.

   

Le stade semblait abasourdi, comme si on venait de lui faire le coup du lapin. Les Gondet, Blanchet, Budzinsky, Le Chénadec, Suaudeau, Simon, Boukhalfa, Robin, Eon, conscients de la gravité du moment, nous offraient un récital de jeu bien léché, à la nantaise comme le dirait bien plus tard, un Thierry Rolland revenu de ses déboires de mai. Il fera parti de la charrette de l'ORTF. Comme quoi, mai, ne fut pas, contrairement à ce nous serine l'iconographie officielle, seulement un mouvement de chevelus sur-politisés. Marie, ignare des subtilités de la balle ronde, applaudissait à tout rompre. A la mi-temps, en croquant notre hot-dog, dans la chaleur de la foule, sans avoir besoin de nous le dire, nous savions que ce temps suspendu que nous venions de vivre marquerait notre vie. Nous ne serions plus comme avant. Lorsque l'arbitre siffla la fin du match, l'ovation des spectateurs, surtout ceux des populaires, sembla ne jamais vouloir s'éteindre. C'était poignant. La fête était finie, personne n'avait envie de retrouver la routine du quotidien. Dans la longue chenille qui se déversait sur le quai, le coeur serré je m'accrochais à la taille de Marie comme à une bouée.

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2007 6 13 /01 /janvier /2007 00:03

Le soir du mardi 28 mai, coup de théâtre, tel un grand fou rire, la nouvelle se propageait sur les ondes : Cohn-Bendit, en dépit de l'interdiction qui lui a été notifiée de rentrer en France, réapparaît à la Sorbonne. Tout le monde rit, jaune pour certains, le pouvoir connaît quelquechose de pire que l'impuissance, le ridicule. Christian Fouchet, car les télévisions des chaînes internationales sont là, est la risée du monde entier. Avec Marie, alors que nous redescendions sur Nantes dans notre 2CV capotée, nous l'avions entendu sur le transistor miniature, made in japan, que nous avait offert son père. Cet épisode, grand guignolesque, devait conforter le général dans son incompréhension de cette chienlit si éloignée de l'ordre militaire. Mais comme nous l'avait expliqué le père de Marie, il le tenait de l'épouse du Premier Ministre qui appréciait sa peinture, ce que de Gaulle supportait mal c'était de voir beaucoup des Excellences du gouvernement - la saillie est de Bernard Tricot - se " décomposer biologiquement". Seuls quelques originaux, du style Sanguinetti, ne cédaient pas à la panique. Le Vieux, ne pouvait camper sur cette position désabusée. Son goût du poker politique, qui l'avait vu affronter des pointures comme Churchill et Roosvelt, allait le pousser à un dernier coup de bluff.

A Nantes, le front ouvrier est solide. La Faculté de Lettres est un cloaque. En Droit, tout est figé. Seuls les médecins, partis sur le tard, hors structures syndicales, ruent dans les brancards. Avec Marie je participe à l'intendance du mouvement en tirant des affiches à l'atelier improvisé dans la buanderie du CHU. Les carabins ont une bonne descente, un goût prononcé pour la copulation, alors les fins de soirée s'apparentent à de quasi orgies. Le nouveau statut de Marie, la nana du grand juriste gaucho, la préservait de leurs assauts, car même si le carabin est chaud il reste encore très respectueux des codes de la bienséance. A notre retour de Paris nous fûmes traités tels des émissaires venant de rendre visite au grand Mogol. En dépit de ses protestations, je laissai la parole à Marie. " My chérie c'est la meilleure thérapie que je connaisse pour guérir tes chers collègues de leur machisme policé..." Le résultat dépassa mes espérances, les blouses blanches lui firent une standing ovation. Il faut dire que l'amour de ma vie, fine mouche, avait su brosser un tableau de la situation qui ne pouvait que satisfaire ces grands jeunes gens dont l'immaturité politique était proportionnelle au sectarisme des extrémistes des deux bords.

Ce soir-là Marie voulut que nous couchions chez sa mère. A peine rentré le téléphone sonnait. C'était son père. La nouvelle était d'importance : de Gaulle venait de quitter Paris en hélicoptère. Le grand poker menteur venait de commencer. Flore dînait en ville. Plus exactement elle passait sa soirée chez son notaire. Seuls dans le grand appartement, étendus sur le grand canapé du salon, nous écoutions Procol Harum en boucle en sirotant de grands verres de citronnade glacée. Mai, ce mois de mai fou, échevelé, toujours à la limite sans jamais la franchir, retenait son souffle, en apnée, tel un courreur insoucieux de ses forces qui, dans le dernier virage, alors que la ligne d'arrivée est proche, sait qu'il va perdre ; que ceux qu'il a nargué pendant sa folle chevauchée vont fondre sur lui, le laisser sur place, gagner. La France qui avait peur, celle qui se terrait, allait débouler sur les Champs Elysées, le tricolore allait flotter, la Marseillaise sortir des gosiers jusqu'ici serrés de trouille. Marie, en se blotissant contre moi, me disait " il est à nous ce mois, ça il ne pourrons pas nous l'enlever..." 

 

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Archives

Articles Récents