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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 11:00

J’ai connu Jacques Damitio par le rugby, plus précisément par un ancien joueur du PUC qui me présenta ce notaire, ancien président de la section rugby du club parisien, reconverti en vigneron languedocien au château le Thou. Il fut des 20 pères fondateurs du club « Sans Interdit ». Excellent cuisinier voir ICI link ce cher Jacques, avec qui j’adore me prends le chou en politique, lui aussi d’ailleurs, a ouvert il y a quelque temps, associé à l’un de ses complices, un restaurant « Pouic Pouic » dans l’une des rues qui enserre le Marché Saint-Germain  (9, rue Lobineau, VIe. Tél. : 01 43 26 71 95. Fermé dim. et lun. Menu au déjeuner à 16€).link 


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Je précise pour les petites louves et les petits loups ignorants des choses du 7e Art que « Pouic Pouic » est film de Jean Girault (1963), lui-même tiré de la pièce de Jacques Vilfrid (« Sans cérémonie », 1952) et surtout le premier rôle de Louis de Funès. Ce film est la première collaboration entre Louis de Funès et Jean Girault. S'ensuivront plus de dix films, dont la célèbre série des Gendarmes de Saint-Tropez.


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Bien évidemment j’ai posé, à plusieurs reprises, mes fesses sur le velours rouge des banquettes du Taulier Damitio mais ma réserve naturelle – plus exactement mon incapacité à faire le critique aussi bien pour les tables et pour les vins –  me retenait de faire un papier sur l’excellente table et la belle carte des vins de l’ex-notaire cordon bleu (il ne fait pas la cuisine à Pouic Pouic). Et puis, ce matin dans mon courrier électronique tombait une chronique de François Simon sur son blog « PARIS. POUIC POUIC, RESTAURANT DE CONNIVENCE... » Banco me dis-je, mais qu’est-ce donc une table de connivence ?


« Ce sont des tables de connivence où les ingrédients fonctionnent comme dans une chanson : les harmonies sont justes, le son clair, les paroles ingénues et les musiciens de bonne humeur. » la suite de la chronique ICI link


Dernières précisions : Pouic-Pouic est le coq qui a donné son titre au film. Un titre prétexte en forme de clin d'œil puisque le joyeux volatile n'a qu'un petit rôle : élevé par Jacqueline Maillan, la mère lunaire et ingénue dans le film, il se promène en laisse à ses côtés. C’est un clin d’œil au sieur Damitio : voir ci-dessous. Enfin, même s’il n’en est plus propriétaire Jacques Damitio sert toujours, et me dit-il avec succès, du château Le Thou à Pouic Pouic.


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Pouic-pouic - 1963 par mariodelpais

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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 00:09

Dans ma Vendée crottée, au temps de mes culottes courtes où je gardais les vaches du pépé Louis dans les pâtis qui bordaient le chemin de la Garandelière, de paisibles normandes aux yeux tendres, je me souviens que certaines filles du bourg, des pimbêches, traitaient les gars des fermes de bouseux. Mon activité purement bucolique ne m’incluait pas à leurs yeux dans cette appellation qu’elles voulaient méprisante car j’étais un gars du bourg mais, si ça avait été le cas, ça ne m’aurait pas vexé vu que ça venait de la bouche de filles que je n’aurais jamais invité à danser (je n’allais pas encore au bal vu mon jeune âge mais il m’arrivait de m’y glisser pour voir les grands frotter).


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Comme j’ai l’esprit de l’escalier alors que je rentrais hier d’une dégustation au Paul Bert, organisée par l’une des égéries des vins nus, dit natures, Solenne Jouan, et qu’en ce moment au musée de la Poste il y a une exposition, du 27 mai au 28 septembre 2013, de Chaissac - Dubuffet, entre plume et pinceau link je me suis souvenu que, dans mon petit jardin d’intérieur, l’Hippobosque du bocage, dans sa cabane aux épluchures, avait remisé un texte qui irait aux petits oignons aux vins nus. Me restait plus, en dépit du désordre qui règne toujours dans ce type de lieu, qu’à le retrouver. Pas simple mais rien ne peut arrêter votre Taulier lorsqu’il s’est foutu quelque chose en tête. Et, bien sûr, j’ai retrouvé, il s’agit d’une lettre à l’abbé Pierre Renou daté du 3 octobre 1962.


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Lisez-là attentivement, prenez le temps et, pour faire plaisir à Luc Charlier, commentez !


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« Mon mode d’expression en peinture, qui n’a rien à voir avec quelque chose d’épuré, de correct, est assez comparable à un dialecte et même au patois avec lequel on peut s’exprimer et qui peut même être particulièrement savoureux. Parmi ceux qui le goûtent il y a certes des bouseux sensibles à mon art et des gens d’un savoir infiniment plus étendu à qui il reste fermé. Moi-même je me suis assez analysé pour savoir que je ne suis pas autre chose qu’un bouseux. Il m’arrive même de dire très sincèrement à des campagnards : « De nous deux c’est moi le bouseux. » Il y a d’ailleurs dans mes dessins du temps où j’en savais encore moins qu’aujourd’hui des choses parfaitement valables. Certains ont même dit avec conviction que l’ignorance ne s’apprend pas. […]

P ;-S. – Mais vous ne conduirez pas les gens à goûter ma peinture sans éducation artistique. Et vous ne ferez pas leur éducation artistique en leur présentant ma peinture d’abord. Pour me faire des partisans je ne peux pas me passer de Saint-Sulpice. »


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1 juillet 2013 1 01 /07 /juillet /2013 11:00

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C’est Magalie qui le dit, et elle sait de quoi elle parle puisqu’elle vend des beaux fromages dans le plat pays et de l’autre côté du Channel link  : « Un fromage fermier, c'est un fromage fait à la ferme, non ? »


Et à chacun le soin d’imaginer la petite Perette qui mène ses vaches à la traite, moule à la louche ses bries et vendra ses fromages sur un petit marché local. Tout ça fleure bon la comptine pour enfant.


Mais si derrière les termes « fromage fermiers » il y a bien le lait d'un seul troupeau transformé sur le lieu de l'exploitation, la taille des exploitations et les techniques de transformation du lait varient grandement. De la petite famille savoyarde et ses 30 vaches à la ferme employant 40 personnes en région parisienne qui possède 130 vaches, 400 chèvres et une unité de transformation digne d'une laiterie, il y a un pas.


Mais tant que nous n'aurons pas en France les grandes étendues du Far West américain, le terme fermier restera tout de même un gage de qualité. D'abord la qualité du lait produit, puisque le producteur soigne et nourrit ses bêtes. Mais aussi et je dirais avant tout, la qualité éthique de l'achat du consommateur. En achetant un produit fermier, nous n'achetons pas nécessairement un produit gustativement supérieur, mais nous soutenons des familles, qui travaillent, matin et soir à l'heure de la traite, à transmettre un savoir faire à leurs enfants. Parce que n'oublions pas, les vaches ne cessent pas de donner du lait les dimanches et jours fériés, ne partent pas en vacances (sauf peut-être dans les alpages du Beaufortin) et n'envoient pas de cartes postales.

 

En bref : mangez fermier, mais avec modération (n'oublions pas que sur certaines AOP, à l'instar du comté, la production fermière est tout simplement exclue par l'AOP « Par respect pour les usages locaux, loyaux et constants, le Comté ne peut être fabriqué qu'à partir d'un mélange des laits de plusieurs exploitations et de plusieurs troupeaux nourris, gérés et traits de manière indépendante, de fait la fabrication de Comté fermier n'est pas possible », mais ce sera l'occasion d'une autre chronique)


Votre Taulier, qui ne peut s’empêcher de la ramener, dit à Magalie :


-          C’est bien joli Magalie mais y’a pas que des fromages au lait de vache ?


-          Bien sûr, c'est même parmi les chèvres que la production de fromage fermier s'est le plus maintenue avec 1/3 de la production de fromage de France AOC.


-          Tu me donne la liste ?


-          Je te la copie en bas de page mais sache que pour le Pélardon les 75  producteurs de fromage fermier représentent 66% de l’AOC !


-          Bien joué Magalie et du côté des brebis ça donne quoi tes histoires de fermière ?


-          Eh bien mon cher, plus aucun fermier pour l'AOC Roquefort mais dans ta Corse chérie 66  producteurs fermiers produisent 14% de l'AOC Brocciu et chez les basques 8% de l'AOC Ossau-Iraty est produit par 155  producteurs de fromage fermier.


-          Très bien mais revenons à tes braves ruminantes que je t’imagine traire, qu’en est-il  des fermières et des fermières ?


-          Ne m’en demande pas trop car la liste est longue mais sache que sur la plus haute marche il y a, et comme tu le sais ça ne peut pas en être autrement, 100% de l'AOC Salers avec 92 producteurs de fromage fermier mais seulement 6 fermiers en Salers Tradition avec des vaches de race Salers. Mais aucun fermier pour les AOC Bleu de Gex, Bleu des Causses, Comté, Fourme de Montbrison, fromage Mont d’Or où il existe semble-t-il une exception en avec un producteur fermier. Enfin la palme revient donc aux producteurs de Saint-Nectaire qui sont encore 260 à fabriquer du fromage fermier traditionnel.


-          Merci Magalie les fermières et les fermiers te sont reconnaissant de ta contribution à la défense de leur belle production.

 

Fromages de chèvre :


- AOC Chevrotin des Aravis ou des Bauges 34 fermiers 100%

- AOC Pélardon 75 fermiers 66%

- AOC Pouligny-Saint-Pierre 16 fermiers 41%

- AOC Rocamadour 38  fermiers 37%

- AOC Valençay 26 fermiers 35%

- AOC Picodon 124  fermiers et AOC Sainte-Maure-de-Touraine 58  fermiers 34%

- AOC Crottin de Chavignol  69  producteurs de fromage fermier 28%

- AOC Selles-sur-Cher 28  fermiers 20%

- AOC Banon de Banon 17 fermiers 14%

- AOC Chabichou du Poitou 6  fermiers 6%.


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1 juillet 2013 1 01 /07 /juillet /2013 00:09

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Combien de fois ai-je écrit sur un formulaire : nom, prénom, date et lieu de naissance : 12 juillet 1948 à La Mothe-Achard ?

 

Je ne sais.

 

Ce que je sais c’est que cette date, dite anniversaire, m’a privé de bulletin de vote lors de l’élection présidentielle des 1 et 15 juin 1969.  Je n’avais pas encore les 21 ans fatidiques. Pour me venger, ou pour pouvoir exprimer mon choix, je l’avoue, j’ai fait voter ma mémé Marie, qui m’avait demandé « pour qui faut ’y que je vote mon petit gars ? »,  pour Michel Rocard au premier tour (816 471voix 3,61 %) et bien sûr je n’en éprouve aucun remord puisque, par la suite, alors que j’aurais pu lui apporter mon suffrage, mon poulain resta au paddock pour laisser la place à Tonton. Ce fut donc une forme de vote par procuration qui ne changea rien au cours de l’Histoire mais qui marqua mon premier engagement derrière Michel Rocard.


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Ensuite, ou par la suite, je n’ai jamais été vraiment soucieux de mon âge, et d’ailleurs je ne le suis toujours pas, mais dans notre beau pays où nos dirigeants et les syndicalistes s’écharpent, et vont encore s’écharper sur l’âge légal du départ à la retraite, je suis contraint de tourner la page en ce mois de juillet 2013.               

 

Au premier août donc je serai officiellement à la retraite même si j’ai décidé de continuer de travailler pour le compte du Ministre de l’Agriculture : mes vaches toujours mes vaches.

 

Bref, puisque juillet débute cette année un lundi j’ai décidé, pour que vous entamiez avec moi ce dernier mois de travail officiel, de vous offrir cette belle chanson d’Angélique Kidjo « Il faut tourner la page » (ci-dessous) Si vous souhaitez écouter l'ensemble de l'album sur Deezer c'est ICI link merci Olivier... avec surtout une superbe reprise de Summertime link


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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 07:00

Abasourdi par la révélation de mon ami, son je viens de vivre dix années dans un monastère… délivré d’un ton neutre, comme s’il revenait de faire le tour du pâté de maison après avoir acheté un paquet de cigarettes, je restais coi.  Gabrielle, elle, au grand dam de son pâle chevalier-servant, reprenait vite la main avec une ironie légère Je suis sûre que la robe de bure vous allait à ravir… susurrait-elle avant de s’installer, avec aisance et grâce, au centre de la conversation qui se résuma alors en un strict dialogue entre elle et mon défroqué. J’en étais bien aise admirant l’art et la manière de Gabrielle fait de rouerie et de séduction. Mon grand dadais d’ami, imperturbable, comme si ça vie en dépendait, répondait à la batterie de ses questions, d’apparence anodines, comme s’il se trouvait dans le cabinet d’un juge d’instruction. Le bar grillé à l’unilatéral accompagné de panais et de jeunes navets du jardin d’Alain ne souffrait nullement de l’intensité de leur tête à tête, le ballet de leurs fourchettes ponctuait chaque échange. En bon couard qu’il était, le bellâtre se taisait en se vengeant sur le Blanc Fumé de Dagueneau 2010 qu’il éclusait, verre après verre, d’un trait. Ce qui devait arriver arriva, cinglante Gabrielle lui balançait, en le toisant droit dans les yeux, « Te gênes pas mon grand ! Ce n’est pas de la limonade de ta maman alors tu te calmes… » S’ensuivit une description sans concession du haut nectar de Dagueneau. Nous fûmes éclairés sur les appâts de ce Pouilly-Fumé, vocabulaire précis, le grand jeu, subjugué, sous le charme, mon pauvre ami buvait les paroles de Gabrielle. La fusion se révélait totale et il ne me fallait pas être un grand clerc pour comprendre que ma mission prioritaire autour de cette table consistait à mettre tout en œuvre pour exfiltrer la tronche de courge. Je m’y employai sans tarder. Avec la complicité d’un collègue de la Grande Maison, alerté par mes soins via un sms, je jouai sur sa vanité en lui offrant une porte honorable de sortie. L’appel mit la grande courge dans tous ces états. Il balbutia le Ministre de l’Intérieur veut me voir de suite… se leva tout branlant, l’empoignant par le bras j’allai le déposer dans le taxi que j’avais commandé.


M’éclipser à mon tour me tentait mais je n’eus même pas le temps de mettre mon projet à exécution car, à peine avais-je de nouveau  posé mon cul sur la chaise face aux deux tourtereaux, mon très cher ami m’annonçait, comme si ça allait de soi, que son Falcon EX nous attendait au Bourget. Tel une carpe manquant d’air je balbutiais ton Falcon EX… Gabrielle ajoutait à ma totale déréliction nous partons pour Kiev en fin d’après-midi. L’envie de crier pouce, de tout rembobiner, de retrouver la maîtrise du scénario, mais Gabrielle m’achevait sur le ton de l’évidence d’un Antoine est le conseil d’Andreï Gavrilov l’oligarque… À cet instant précis, en ma pauvre tête en friche, je m’inquiétais de ma santé mentale Antoine, quel Antoine ? Face à moi, mon très cher ami se contentait de jouer avec sa bague d’officier sertie d’un gros rubis en me contemplant d’un petit air de commisération attristé qui me soufflait avec toi j’ai été à bonne école. Combien de passeport à ton actif. À mon tour de jouer dans ta cour, aujourd’hui je suis Antoine et va falloir t’y faire… Résigné, vaincu, mais aussi émoustillé par la tournure prise par les événements, je rengainais toutes mes objections : visas, Jasmine, les enfants... mes écrits. Je m’enfilais trois cafés pour me remonter. Gabrielle s’inquiétait de sa garde-robe. Son Antoine la rassurait, elle pouvait garnir la soute du Falcon FX à son gré. Reprenant mes esprits, en un rapide retour en arrière je me remémorais les circonstances de la « disparition » de ce foutu Antoine. Les pièces du puzzle, doucement, se remettaient en place, et au fur et à mesure je comprenais que tout ce qui était arrivé était cousu de fil blanc. Le pur et dur, que je vais m’efforcer d’appeler Antoine, nous avait tous roulés dans la farine afin de virer de bord, de changer de vie. Ma seule interrogation à ce stade était mais pourquoi diable sort-il aujourd’hui de son anonymat ?


Prétextant mon besoin urgent d’avertir ma petite famille de mon départ impromptu pour Kiev je filai en taxi tout droit vers la Grande Maison où j’avais convoqué en urgence ma fine équipe. Il me fallait amasser en un temps record un maximum de matériaux, et sur Antoine, et sur son commanditaire Gavrilov. Par précaution, afin d’assurer mes arrières,  je rédigeai une note blanche à l’attention du Ministre sur la base de tout ce que nous venions de rassembler. C’était du lourd, de la dynamite, de la haute voltige internationale, ça me rajeunissait. Restait Gabrielle, l’embarquer dans un tel maelström n’était pas dépourvu de risques mais je ne disposais pas d’assez de temps pour la convaincre de renoncer à ce voyage au pays des mafias. D’ailleurs, quand bien même je l’aurais eu ce temps je ne voyais pas très bien quel baratin j’aurais pu lui vendre pour la persuader. En revanche, sans même solliciter l’accord d’Antoine, je décidai de demander au service action de m’accorder un soutien pour ce qui devenait une mission. En une petite heure, avec l’accord express du cabinet du Ministre, l’affaire fut réglée, au téléphone YC, l’éminence grise de MV, m’annonçait que j’allais toucher un jeune lieutenant frais émoulu d’un stage de commando et qu’il fallait me rendre immédiatement à son bureau. Ce que je fis. Dans l’antichambre, debout, dos tournée, contemplant la cour par la fenêtre, se tenait une grande asperge blonde, cheveux courts, bien foutue, moulée dans un jean délavé. Je me posais sur un fauteuil sans qu’elle ne prenne la peine de se retourner. L’huissier me fit signe que je pouvais entrer. Yves me tendait la main Comment la trouve-tu ? Face à mon air étonné il souriait la belle plante que tu as croisée dans l’antichambre. Je bougonnais pas mal de dos mais ne me dit pas que tu m’as affecté cette nana ! Il haussait les épaules c’est tout ce que j’ai de disponible en magasin mais je t’en prie  ne ronchonne pas Adeline est une perle…

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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 01:28

Même si l’adage de mon pépé Louis me reste toujours profondément chevillé au cœur « les conseilleurs ne sont pas les payeurs » face à la recrudescence, forme de pandémie des temps modernes, de la fonction de consultant en tout et en rien et bien sûr en vin, je me dis mon gars t’es bien con de ne pas vendre tes éminents talents à tous ces chalands qui t’aiment tant. L’important dans ce genre de biseness c’est de faire chic, tendance je lève des fonds – de mon temps on se contentait de lever les filles – genre crownfunding ça fait start-up et ça fait bander les banquiers qui préfèrent sniffer des lignes plutôt que d’ouvrir des lignes de crédits. Va falloir que je consulte Antonin pour qu’il me trouve un nom américain genre « no wine is innocent ». En effet j’avais pensé baptiser le bébé « aux innocents les mains pleines » mais ça fait vraiment trop 68 huitard retraité et non révisé.


Quand je repense à dimanche dernier où j’évoquais les vêpres link je me dis rétrospectivement franchement Taulier avec des références de ce tonneau tu vas tout droit au fiasco. Pour réussir dans le service moderne et innovant, celui qui astique les réseaux sociaux, qui brique le Tweet, Instagramise la moindre lichette de sushi, faut pratiquer, mieux que Philippe Candeloro le faisait de la double boucle piquée, l’anglais de cuisine et l’instantanéité. L’important c’est de tirer le premier, d’alimenter le flux, de faire genre je suis capable de vous déniaiser en trois clics bien placés. Ça épate, c’est porteur, très Vinocampeurs en goguette, reste que pour vivre de ses services si c’est du vent ça ne dure pas très longtemps car le cochons de payant veulent très vite du retour sur investissement. Amusez-vous jeunes gens, c’est de votre âge, mais courrez très vite car le vieux monde a de forte chance de vous rattraper.


Coït interruptus, je rentre d’une soirée bourguignonne aux Climats et je reprends le fil de ma chronique. Il est tard dans la nuit je vais donc faire dans l’efficacité, en effet pour vendre ses services mieux vaut passer à l’acte, c'est à dire les proposer, appater le client. Donc ce que je vous propose en ce dimanche matin ce ne sont que des amuses bouches pour vous attirer dans mes rets, je suis trop fatigué pour vous donner toutes les clés. L'art et la manière de susciter l'intérêt c'est de se faire désirer. Rendez-vous donc dans la semaine pour mieux découvrir la palette des services que vous pourrez acheter chez votre Taulier préféré.

 

1-      Conseil pour faire avec quelques tomates, du basilic, de la mozzarella di Bufala de Campana DOP, huile d’olive, aceto balsamico di Modena, sel et poivre de belles assiettes.


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2-      Conseil pour bien traiter le chat de ses voisins.


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3-      Conseil pour s’offrir un petit canon pour la route.


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4-      Conseil pour découvrir du côté de Pantin un fondeur de chocolat Jacques Genin et une fondue de l’écriture Ingrid Astier, affaire à suivre...


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5-      Conseil pour retrouver Rachkam le rouge dans l’univers  des sushis.


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6-      Conseil pour démasquer les rouquins masqués, affaire  à suivre.


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Conseil pour savoir si Bacchus était une femme.


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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 11:00

Au classement 2013 des plus grosses fortunes de France du magazine Capital le vin est très bien représenté. ICI galerie de photos link  


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N°1 Pierre Chanau fortune estimée : 24,55 milliards d'euros il vend beaucoup de vin et pas que du bon…


N°2 Liliane fortune estimée : 21,66 milliards d'euros elle fait plutôt dans la savonnette et le shampoing mais il y a eu via son gendre des connections avec le vin 1855…


N°3 Familles Dumas, Puech, Guerrand : fortune estimée : 18,06 milliards d'euros maison très prisée par les messieurs dames des GC C et les propriétaires du château Fourcas-Hostein Listrac, les frères Renaud et Laurent Momméja, sont deux héritiers du fondateur de la maison Hermès.


N°4 Bernard : fortune estimée : 18 milliards d'euros, lorgne sur le précédent et vend beaucoup de vins  du côté de grande épicerie du Bon Marché. Accessoirement fait aussi dans le Cognac, les Champagnes et les GCC…


N°5 le fils de Marcel fortune estimée : 10,38 milliards d'euros, a graissé la patte à la FEVS pour que l’on parle plus des Airbus mais des Rafale et y’a maintenant un château au nom de famille du génial Marcel qui fut député de l’Oise…


N°6 François fortune estimée : 6,8 milliards d'euros, ce n’est pas le locataire de l’Elysée mais c’est un breton amateur d’art contemporain qui a passé la main au fiston mais qui continue d’adorer le Bernard. Très beau portefeuille de propriétés, Latour, de belles ouvrées et Château Grillet…


N°7 les propriétaires de Coco et de chevaux fortune estimée : 6,07 milliards d'euros, propriétaires de Château Rauzan-Ségla à Margaux et Château Canon à Saint-Émilion.


N°8 Pierre Castel fortune estimée : 5,61 milliards d'euros N°3 du vin dans le monde, propriétaire et négociant je ne fais pas la liste des marques et propriétés…


N°9 Monsieur Free fortune estimée : 5,34 milliards d'euros sans doute l’exception qui confirme la règle. Je suppose qu’il en boit...


N°10 Vincent fortune estimée 5,16 milliards d'euros propriétaire du domaine de la Croix et de la Bastide Blanche en Provence...

 

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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 00:09

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En lisant, au cœur de la nuit ma chronique sur le débat de la RVF à Vinexpo à propos de la puissance chinoise analysée par deux grands experts de la planète vin link le jeune et sémillant Olivier Legrand qui sait être pertinent, surtout dans le domaine du basket, m’avait prévenu dans l’un de ses nombreux Tweet que je n’allais pas me faire que des amis avec mes écrits !


J’m’en doutais : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge! » Voltaire.


Le blogueur chroniqueur que je suis, sorte d’adventice tout juste digne d’un jet de Round Up, s’il veut couler des jours heureux en ce gentil monde du vin plein de gens qui s’aiment, s’adorent, se congratulent, le mieux pour lui c’est de pisser de la copie pour plaire à ses commanditaires. Il faut surtout ne pas perdre les bonnes habitudes de la gente de plume installée sinon le désordre règnerait en maître. Par bonheur, les bougres de blogueurs apprennent vite, prennent le bon pli et c’est un vrai plaisir de les embarquer au bain de mer car ils frétillent comme du menu fretin.


Moi j’en n’avions point de commanditaires, même pas Marie-Claire, mais je sentions de plus en plus poindre chez certains une forme non dissimulée d’irritation.


T’es qui toi pour réagir comme un simple lecteur d’article de la RVF ?


T’es n’importe qui donc tu écris n’importe quoi.


Abstiens-toi me conseille-t-on, laisse la parole aux gens compétents, critiques reconnus ou faiseurs de vin made in monde, qui battent les estrades, hantent les hubs et ne fréquentent que le gratin de la profession.


Pour sûr que je comprends parfaitement leur courroux face à un petit blogueur de M, qui ne fait rien d’autre que de lire la RVF, rien de plus. T’avais qu’à être là con, sinon ferme ta grande gueule pauv’con ! Pour ma misérable défense je plaide que je ne suis pas responsable du choix des citations d’un article de la RVF relatant un débat organisé par la RVF et animé par le boss de la RVF qui aime tant faire du scooter ? Minable ver de terre d’une terre bien labourée je n’ai rien inventé me contentant sottement de m’offusquer du ton sans pour autant mettre en doute le fond. Comment puis-je oser objecter que nos amis chinois, tout impérialistes qu’ils fussent, du moins leurs dirigeants, sont très sensibles au ton, à  la manière de dire les choses ? Comment un type comme moi peut-il affirmer qu’il ne voit pas au nom de quoi la fermeté à leur égard rimerait avec une forme de grossièreté reprenant des clichés éculés ?


La réponse est que pour mon plus grand malheur de simple chroniqueur j’ai l’heur de croire, de soutenir plutôt à juste titre, que le marché mondial du vin, des vins, ne se réduit pas à celui dit des grands vins qui sont certes de grands outils de notoriété mais qui ne sont que l’épaisseur du trait. L’histoire du vin dans notre vieux pays de vin, en une forme de pied-de-nez aux grands amateurs, fait que le principal groupe de vin français dans le monde, baptisé du nom de son fondateur, un château dans son genre, fut et reste encore un groupe qui commercialise essentiellement des vins de modeste extraction, y compris en Chine. Faites le compte des GCC rachetés par des gens fortunés ou des institutionnels depuis une dizaine d’années et vous m’expliquerez en quoi cela n’a pas profondément bouleversé l’écosystème des châteaux bordelais et de leurs appellations. Pour sûr on ne parle que qualité, jamais de la valeur du foncier...


Ceci dit, je ne tire aucune gloriole de l’urticaire que je provoque chez certains experts patentés en m’élevant, avec une certaine véhémence je le concède, contre des formules à l’emporte-pièce qui ne font guère progresser un débat qui, je le rappelle, était initialement voué aux différences de goût entre nos deux pays. Simplement je note avec un plaisir non dissimulé que mon vulgaire espace de liberté, si peu couru au dire de l’un des protagonistes, a eu droit à des réponses circonstanciées des deux intéressés. Pourquoi diable ce soudain intérêt pour un torchon (sic) qui ne sent ni l’encaustique Johnson ni le parfum d’encens qui sont les seules fragrances en vogue au « Davos du vin » où se retrouvent tous, comme chacun ne le sait pas,  les plus grands experts mondiaux de l’industrie du vin.


Oui, je le concède, nous vivons une époque formidable, comme l’écrit l’un de mes contempteurs, pensez-donc un gugusse comme moi sorti de nulle part ose contester non les dires, qu’il ne fait que lire, mais la façon de le dire, de gens qui analysent le monde du vin du haut de leur chaire et de leurs compétences, que je ne conteste d’ailleurs pas. Qu’ils se rassurent je suis vacciné depuis fort longtemps et j’attends avec gourmandise la prochaine charge que je sens poindre chez certains. Avant-hier au soir je me suis fait traiter d’encarté, demain ce sera sans doute de suppôt du gouvernement et après-demain je l’espère de fossoyeur de la France qui bosse. C’est ainsi que va la vie dans notre beau pays mais rassurez-vous, en dépit des confidences que beaucoup me livrent, mon déjà qualifié de torchon ne virera ni du côté de Médiapart ni de celui Voici, et Dieu sait pourtant qu’il y aurait matière.


Et voilà qu’écrivant faisant je suis rattrapé par mon sujet. En effet alors que je suis en train de commettre cette chronique j’apprends que les Caves Legrand viennent d’être rachetées par la famille japonaise Nakashima, « spécialiste des grands vins au Japon et propriétaire d’un vignoble en Nouvelle-Zélande, mais qui a fait fortune dans l’agroalimentaire avec, entre autres, la célèbre mayonnaise Kiewpi consommée par tous les Japonais, et qui a elle seule réalise 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. »


La famille Nakashima s’est portée acquéreur des 78% du capital de Legrand jusque-là détenus par Christian de Chateauvieux, qui avait lui-même racheté l’entreprise à la famille Legrand en 2000 avec son associé Gérard Sibourd-Baudry. Ce dernier, âgé de 64 ans, conserve ses 22% de Legrand ainsi que la direction générale de l’entreprise qui est passée de 1,5 à 25 millions d’euros de chiffre d’affaires en 12 ans. La transaction valorise l’entreprise 20 millions d’euros, l’acquéreur ayant signé un chèque de 16 millions pour l’acquisition des 78%. Legrand était conseillé par la Banque Rothschild. » note Challenge.link


Mes contradicteurs vous l’avaient bien dit, tout fout le camp ma bonne dame, bientôt il ne nous restera plus que nos beaux yeux pour pleurer mais, comme à toute chose malheur est bon, je pourrai ainsi fourguer les mouchoirs de Cholet de mon pépé Louis qu’étaient presqu’aussi grands que les torchons de mémé Marie. Ainsi je ferai fortune dans l’authenticité et je pourrai enfin m’offrir un GCC dans le bordelais ou un paquet d’ouvrées en Côtes-de-Nuit. Bien sûr, comme en-dehors de produire du torchon, je ne sais rien faire de mes dix doigts, pour conduire mon vignoble et mener à bien mes vinifications, mon petit doigt me dit que je devrais solliciter qui vous savez. Chiche !


Sans vouloir revenir aux temps anciens, qui ne sont pas si lointains, au détour des années 2000, autour de René Renou et de quelques autres les débats dans notre monde du vin volaient bien plus haut, au niveau de l’ensemble des vignerons, loin des vases clos où chacun s’empresse de faire reluire son ego. Aujourd’hui les affaires sont les affaires et surtout qu’on ne vienne pas me chanter le contraire sinon je serais capable de sortir mon révolver… à bouchons.

Le titre initial de cette chronique était : « Casse-toi pauv’con de Taulier remballe ton torchon te reste plus que tes yeux pour pleurer dans le mouchoir de Cholet du pépé Louis qu’était aussi grand que les torchons de mémé Marie… »

 

Trop long coco aurait dit Saverot alors j’ai coupé.

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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 12:29

Cher Patrick Böttcher,


M’atteler à une tâche, celle qu’en tant que grand Chambellan de ce vendredi du vin tu nous a confiée,  dont je sais par avance, avant même d’avoir tenté de m’imaginer l’accomplir, qu’elle sera vouée à l’échec, me plonge dans une forme profonde d’attrition créative.


Qu’est-ce donc que ce jargon ?


Rien d’autre que l’envie de faire semblant de me coltiner cette tâche pour mieux me laisser-aller à emprunter l’un de ces chemins de traverse que j’aime tant en espérant arriver à l’endroit où toi tu nous as dit d’aller.


C’est clair comme du jus de boudin, mais le boudin est si  injustement décrié par les vegan que cette image me va comme un gant en peau de porc.


Donc, permets-moi Patrick de commencer ce périple en évoquant les mammas « Oh, les mammas sont nos pires ennemies. Ces mammas siciliennes qui font des fils et ensuite les avalent. » écrivait le sicilien Brancati dans son roman les Années perdues publié en 1941 alors qu’avant lui, le pur et austère sarde, Gramsci répondant à sa mère qui s’inquiétait de sa santé écrivait « Oh ! ces mammas, ces mammas ! Si le monde était resté entre leurs mains, les hommes vivraient encore à l’intérieur des cavernes, vêtus seulement de peaux de bouc. »


« Les mammas sardes sont maigres, sèches et silencieuses. Elles ne crient ni ne pleurent. Elles se tiennent droites sur leur seuil, à l’image des blocs de granit qui scandent leur horizon. Rien de l’affalement bruyant ni de la redondance sentimentale de leurs consœurs siciliennes. »


Ce figlio di mamma « tant qu’il n’est pas marié (…) reste chez ses parents, où il se fait servir en tout repos de sa conscience. J’ai vu (c’est Dominique Fernandez le narrateur qui l’écrit dans Le voyage d’Italie *) des gaillards de trente ans, sans travail, sans occupation, attendre tranquillement que la mère ait mijoté les plats du déjeuner (toujours compliqués, même la simple pasta, à cause de la sauce tomate qui doit être faite à la maison : gare à celle qui oserait la sortir d’une boîte !) puis mis le couvert, s’attabler et manger à leur aise, retourner ensuite s’asseoir dans un coin de la pièce pour digérer, pendant qu’elle emporte les assiettes et lave la vaisselle. Jamais il ne leur viendrait à l’idée de prêter main-forte, de rendre tant soit peu de cet aiuto dont ils quémandent sans cesse les bienfaits. L’homme n’entre pas dans la cuisine : de cet axiome dont il a fait un des articles de son code d’honneur, le Latin se sert pour se tenir à jamais exempt des corvées ménagères. »


Bien sûr, j’entends déjà nos amies féministes, emmenées par Sandrine Goeyvaerts, aiguiser le fil de leurs longs couteaux pour couper court à cet insupportable machisme mais je les supplie de les rengainer car cette évocation n’avait que l’humble ambition, cher Patrick, de vanter la naturalité de la sauce tomate des mammas italiennes qui accompagne une belle platée de pasta.


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Après ces pertinentes références, je me suis imaginé face à un plat de spaghettis fumants et, dans ma petite Ford intérieure, je me dis vais-je manger ces spaghettis comme Alberto Sordi ?


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Là je sens Patrick que tu perds pied et pour te sauver d’une hydrocution mal venue je me permets de faire un petit retour en arrière : octobre 2008, je lisais alors le beau roman de Sandro Veronesi «Chaos calme» chez Grasset (Prix Méditerranée et Nanni Moretti en a fait un film) et, l’effet madeleine de Proust, avait  joué. Si vous voulez savoir pourquoi allez ICIlink .


Patrick puisque je t’ai lancé une bouée ne perd pas le fil de mes divagations qui doucement nous mène à pied sec au port. Juges-en par toi-même en lisant ce qu’écrivait Sandro Veronesi.


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« Ah ah !  Ça y est ! crie-t-il à travers la porte. Trente seconde de plus et ils n’étaient plus du tout al dente.


Par la porte arrive le bruit des opérations qu’il accomplit, si net et précis qu’il me semble voir la scène : les spaghettis qui tombent dans la passoire, la casserole posée dans l’évier, les spaghettis qui tombent dans la passoire, la casserole posée dans l’évier, les spaghettis bien égouttés, transvasés dans la poêle avec la sauce et repassés sur le feu resté allumé. Et il y a maintenant un fumet de sauce tomate qui arrive de la cuisine, me chatouille les narines et sort par la fenêtre, si intense et si délicieux qu’il me semble le voir lui aussi – sous forme d’épais nuage comme dans un dessin animé. »


« Il attaque ses spaghettis bille en tête, à croire que son temps est compté. Il ne les enroule pas : il les fourre dans sa bouche comme si c’était du foin, et avec sa fourchette, il se contente de les accompagner au fur et à mesure qu’ils montent. Ça aussi c’est romain, une saine façon de manger populaire – incarnée par Alberto Sordi aux prises avec des macaronis – qu’ici à Milan on prend pour une absence de bonnes manières. »


« Ce n’est pas bon pour vous de ne manger que des sandwiches, vous savez ? Une belle assiette de pâtes al dente, avec de la tomate fraîche et un filet d’huile, est beaucoup plus indiqué pour la santé. »


Il remplit les deux verres de vin, à ras bord, comme à la campagne.


« Goûtez-moi ça. Ce n’est pas un grand cru, mais c’est un bon petit vin pas trafiqué. »


Il me tend un verre, prend le sien, le lève.


« Santé. »


Il boit une gorgée franche, décidée, et vide la moitié de son vin. J’en bois moins. C’est un de ces vins forts, âpres dont on ne comprend pas s’ils le sont par hasard ou de façon délibérée


« Il vous plaît ?


-         Oui. Il est bon.


-         Frascati. C’est ma sœur qui me l’envoie, de Velletri. Qui me l’envoyait : dorénavant, j’irai le chercher moi-même. »


« Un bon petit vin pas trafiqué… » ça doit te plaire mais, pas sûr, cher Patrick, qu’il existât un Frascati nature ?


Donc en attendant de trouver la perle rare, puisque nous sommes à quelques encablures d’un Tour de France qui a pris la mer – je n’ai pas osé écrire a pris l’eau – pour partir de Porto-Vecchio en Corse, une Grande Boucle qui reste populaire, en dépit des « pots belges » modernes, aussi bien dans la Péninsule que dans le Plat Pays, j’ai  décidé, toujours pour te faire patienter, d’évoquer l’Ange de Coppi.


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C’est un livre d’Ugo Riccarelli chez Phébus qui exalte la beauté des athlètes qui avaient du sport la plus haute idée, pour pousser le bouchon au plus loin des athlètes nature !


Me suivre peut paraître une forme absolue du non-sens mais, si tu te laisses aller Patrick tu  ne pourras que constater que nous allons bien au contraire dans le bon sens et le bon sens ne saurait mentir comme dirait Lance Armstrong et Bernard Tapie réunis (ce dernier a fait aussi dans le genre avec La Vie Claire une chaîne de magasins bio)


« Ce soir-là, Biagio Cavanna l’aveugle, et ses mains de magicien vint les rejoindre. « Ils se saluèrent chaleureusement, prenant toujours bien garde de ne jamais évoquer les histoires extra-conjugales de Fausto avec la signora Giulia, la Dame blanche. Ettore Milano était là lui aussi et ils discutèrent ensemble des projets futurs, de la belle journée qui s’annonçait et, d’ici peu, du voyage en France pour les Six jours de Paris.


Coppi guida Cavanna jusqu’à sa chambre . [...]


Cavanna avait le sourire de celui qui voit, de celui qui peut tout distinguer à partir d’une pensée.


-          Les diables sont des anges déchus, dit-il au Champion, ce sont des êtres qui errent sans paix de par le monde. Et celui-là, c’est sûr, a hâte de retourner par le monde. Et celui-là c’est sûr, a la hâte de retourner d’où il vient. Il ne peut pas courir, il veut fuir. Tu t’es mesuré à tant d’autres diables, tant d’autres démons. Louison Bobet, Koblet, Trompe-la-Mort (surnom de Robic), Magni. Tu te souviens de Van Steenbergen ? Ou de Gino, le maudit Toscan, et de Ferdi Kübler, rejeté dans le décor sans qu’il ait le temps de dire amen ? Rappelle-toi Archambaud, des minutes que tu sas mises dans le nez, et de tous les autres qui restent sagement alignés derrière ta roue. Laisse tomber, Fausto, celui-là a un autre destin, il s’en fiche de courir, il veut fuir. »


Avec Fausto, nous sommes loin des bodybuildés à l’EPO, tiroir-caisse sur 2 roues, mais c’était bien joli de batifoler ainsi avec les forçats de la route, je devais partir déjeuner avec Fleur chez Simone fille du vent. Je posai donc mon ouvrage pour me rendre chez Simone qui est à deux pas de chez moi. C’est un caviste nature de chez nature qui vient avec des associés d’ouvrir un resto à côté au 33 Bd Arago. J’y ai déjà becté le soir de la fête de la musique avec mon ogresse préférée. J’arrivai cool Raoul chez Simone avec une bouteille sous le bras pour dégustation impromptue et je m’installais en commandant un verre de Puzelat.


La suite, cher Patrick, fut ce que le Taulier adore par-dessus tout : un enchaînement indescriptible de circonstances étranges et heureuses qui m’ont apporté sur un plateau, sans le moindre effort, tel Salomé recevant la tête de saint Jean-Baptiste, le fameux vin nature italien que tu appelais de tes vœux. La chance ne sourit pas qu’aux audacieux, elle n’a aucune pudeur à venir draguer des gars comme moi qui ne savent rien faire de leurs dix doigts. Ça en est honteux mais j’avoue que j’aime ça. J’en jouis sans retenue ni honte bue.


Le résultat est là. Un pur vin de Sicile recommandé par mes amis de la cave SIMONE. Pas encore bu mais suivant le bon vieil adage de mémé Marie la bonne viande on la trouve chez un bon boucher.


A bientôt Patrick pour une virée chez Cantillon.


Sincères amitiés.


Jacques

 


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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 00:09

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Cette chronique du 28 juin 2013 je la remets en ligne en hommage à Denis Dubourdieu qui vient de nous quitter. Je m'incline devant la peine et la douleur de sa famille et de ceux qui lui étaient chers. Je leur présente mes plus sincères condoléances.

 

Le 14 novembre 2008 il avait eu l’amabilité de répondre à mes « 3 mêmes questions à Denis Dubourdieu un œnologue de référence » ICI

 

Longtemps je me suis demandé si j’allais titrer cette chronique : « Denis Dubourdieu l’Extravagant »link mais au dernier moment j’ai préféré laisser de côté ce qui aurait pu être perçu par les non-initiés comme une provocation, alors que ce n’aurait été qu’un clin d’œil à l’une de ses belles réalisation, pour m’en tenir, pour une fois, à une formulation simple.

 

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Dubourdieu « Il n’y a ni Dieu ni bourg là-dedans » comme le dit avec humour le titulaire du patronyme. En effet, « le bourdieu est une propriété qui appartenait à quelqu’un de Bordeaux, selon les savants géographes bordelais, René Pijassou et Philippe Roudier. Du Bourdieu désignait quelqu’un d’une telle propriété sans savoir s’il y taillait la vigne ou s’il en était propriétaire. Les bourdieu sont les ancêtres des crus. »

 

Bonne origine ne saurait donc mentir le CV de Denis Dubourdieu est dense et riche : œnologue, chercheur et professeur d’université directeur de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin, consultant et vigneron mais je dois avouer que c’est sur cette dernière facette que l’homme se révèle passionnant car ses attaches terriennes et familiales donnent à ses réponses une belle chaleur et une vraie sincérité.  « Celui qui peut, agit. Celui qui ne peut pas enseigne. » G.B.Shaw.

 

En effet je dois avouer que je préfère lorsque Denis Dubourdieu nous parle de sa grand-mère maternelle Jeanne Masencal plutôt que de l’élevage du sauvignon sur lie ou de la fermentation en barriques. Ceci souligné j’ai tout lu avec beaucoup d’attention et j’ai en partie comblé mes immenses lacunes dans les domaines de l’art du vin, surtout pour ce qui concerne la pourriture noble « En quoi réside notre savoir-faire pour obtenir une pourriture noble rapide et précoce ? (ndlr celle qui favorise l’explosion du fruit et non la seule concentration en sucre). Il n’y a pas de secret. C’est simplement en pratiquant la viticulture la plus traditionnelle qui soit, celle de mes grands-pères et  de mon père, ni plus, ni moins. C’est en ayant cette passion folle, ruineuse, du sol extrêmement bien travaillé qui, dès le printemps, amorce la précocité du  cycle de la vigne. Nous sommes certainement les seuls crus de Barsac qui travaillons l’intégralité de nos sols à la charrue, l’intégralité ! Aucune parcelle n’est désherbée chimiquement ou enherbée, aucune ! Ce sol de Barsac, à la fin du mois de février, est d’un beige grisâtre, battu par les pluies de l’hiver mais quand le labour le retourne, il devient tout d’un coup magnifique ; il prend la couleur fauve d’une robe d’alezan ou de setter irlandais. A ce moment-là, toute la chaleur des premiers rayons de mars vient s’y emmagasiner. Cette forte évaporation le ressuie par le haut ; les racines se réchauffent, la vie débute… »

 

Là je comprends, je retrouve mes racines si je puis m’exprimer ainsi. Mais, comme je suis un petit  chroniqueur qui aime bien mettre les pieds dans le plat, je ne puis m’empêcher de citer le Denis Dubourdieu qui ne va guère plaire aux adorateurs des vins nus « Mais que de bêtises entend-on dans ce métier ! Que de vins sans finesse, que de grossières caricatures, justifiés par des argumentations simplistes, retiennent l’intérêt de certains critiques : vins ni collés ni filtrés, vins naturels, vins sans sulfites, vinifications intégrales, élevage des vins rouges sur lies, cuves ovoïdes, champ telluriques dans les caves…, etc. Je me suis toujours demandé si les gens qui racontent ces âneries y croient ou s’ils pensent que le public est tellement naïf qu’on peut lui faire avaler n’importe quoi. » J’adore les ânes Denis Dubourdieu et j’écris tellement d’âneries que je suis sans aucun doute un bon public mais, à mon âge, on se refait pas et je reste totalement allergique aux exercices dégustatifs entre grands amateurs. L’émotion du vin ne passe pas par ce vocabulaire qui n’évoque rien pour moi. Sans doute en écrivant cela je n’arrange pas mon cas mais il n’empêche que ma sensibilité n’en est pas moins exacerbée que celle des susnommés.

 

Mais laissons là les sujets qui fâchent et revenons à Jeanne Masencal qui a régalé Denis et ses parents lors des déjeuners dominicaux et repas de fête à Cantegril. « Toute la bonté et la générosité de Jeanne s’exprimaient dans sa cuisine. Avant  de se mettre au fourneau, point n’était besoin pour elle d’aller au marché ou si peu. Il y avait presque tout à Cantegril ; on aurait pu tenir un siège. Un potager admirable donnait à profusion légumes et petits fruits ; la basse-cour ne fournissait pas seulement de poulets et des œufs, mais aussi dindons, pintades, canards et pigeons. Il y avait une dizaine de clapiers et, évidemment, un parc à cochon. Le verger comptait toutes les vieilles variétés de pommes, poires, pêches, abricots, prunes, cerises, noix et noisettes. Les confitures, gelées et fruits à l’eau de vie étaient millésimés et mis en bocal au château. Jeanne ne se contentait pas de régner sur cet empire domestique, elle en assurait, pratiquement seule, l’entretien, non par seul souci d’économie mais pour le plaisir d’offrir à ceux qu’elle aimait, le fruit de son travail. Des nécessiteux de sa connaissance et même des vagabonds de passage profitaient de ses dons. Cantegril, c’était alors, à la fois, la banque alimentaire et le « resto du cœur » mais 3 étoiles. Qui  ferait cela aujourd’hui ? […]

 

Et Denis Dubourdieu se souvient « des menus pantagruéliques de Cantegril et des plats savoureux de ma grand-mère. Il y avait les pâtés de porc et les galantines de volaille, le lapin en gibelotte aux petits oignons ou à la persillade, les civets de lièvre, la poule au pot et son bouillon, les escargots ramassés après les pluies d’orage et préparés au hachis de jambon, les volailles à la broche et à la « tue cochon », des boudins incomparables et des « costillons » (petites côtes) à se damner. Et puis les petits oiseaux en brochettes ou confits, les grives de vendanges grillées sur les braises de sarments de vigne. Je me souviens aussi, avec l’eau à la bouche, d’autres plats que je dégustais plutôt chez mes parents : le perdreau au verjus, la bécasse rôtie flambée à l’armagnac dont la saveur unique défie la description, la lamproie au vin rouge ou au barsac confectionnée selon la recette de ma mère toujours inégalée. A la table de la grand-mère maternelle de Florence (ndlr l’épouse de Denis Dubourdieu), j’ai savouré la palombe rôtie flambée au lard, gibier tenu pour « sec dans ma famille et pourtant onctueux lorsqu’il est accommodé ainsi ; étonnement, c’est aussi dans ma belle-famille que j’ai  découvert l’alliance magique des vins blancs liquoreux et de l’alose grillée entière sur les sarments entre des feuilles de laurier sauce. Ce mariage parfait, je le célèbre encore moi-même, à Reynon, chaque année à la saison, en servant nos vins de Barsac sur l’alose grillée par mes soins. »

 

Vous allez me dire que je n’ai guère parlé vin. Normal, m’aventurer sur ce terrain eut été bien présomptueux de ma part. Le mieux que vous puissiez faire si vous souhaitez mieux connaître et Denis Dubourdieu et ses vins c’est de faire l’acquisition, dans la collection Autour d’une bouteille avec, du livre de Gilles Berdin « Denis Dubourdieu l’œnologie dans tous ses états » chez Elytis 16€. Enfin, pour clore cette chronique,  à l’heure où je l’écris, l’ensemble des 130 ha des propriétés de Denis Dubourdieu termineront leur conversion en Agriculture Biologique. « Par réflexe de survie, d’une prise de conscience, certes tardive, des dangers des pesticides pour nous –mêmes et notre environnement. Risques sous-estimés par l’administration mais inquiétants pour le consommateur. »

 

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