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20 mai 2021 4 20 /05 /mai /2021 06:00

 

Le 16 mars 2020, nous apprenions qu’un vilain virus allait nous confiner pendant quelque temps ; 55 jours exactement. L’ensemble de la population française allait donc devoir apprendre l’art du confinement dans des espaces fort étroits. William Heath Robinson connaissait l’art d’occuper l’espace, et avait visiblement déjà réfléchi à la question. Son œuvre magnifique et superbement ignorée en France venait de tomber dans le domaine public ; l’occasion était trop belle de réparer un oubli incompréhensible avec l’adaptation de How to Live in a Flat, un ouvrage paru en 1936 sur un texte de K.R.G. Browne. C’est un classique en Angleterre, et un beau prétexte pour réunir un petit cercle d’amateurs de l’artiste pour une adaptation originale, à l’ère de la Covid-19. Jean-Luc Coudray, Isabelle Merlet, Philippe Poirier et David Rault ont relevé le défi, et l’ouvrage que vous tenez entre les mains est le résultat de cette fantaisie autour de l’univers unique, au trait incroyablement moderne, de William Heath Robinson.

Michel Lagarde

 

Heath Robinson Museum - Musée - visitlondon.com

William Heath Robinson par Julien Prost

lundi 29 décembre 2014

 

William Heath Robinson est une figure méconnue de l’illustration et de la bande dessinée. Son nom n’est aujourd’hui connu dans les pays anglo-saxons que comme une boutade, une référence à l’absurdité mécanique et à la bidulité ludique...

 

Et pourtant son apport est immense.

 

Issu d’une famille d’artistes bien sous tous rapports, le jeune William a du mal à s’insérer dans le moule de la tradition. Il commence à illustrer des textes classiques : Les Contes d’Andersen, Les mille et une nuits, les contes de Shakespeare et même Gargantua et Pantagruel. Le trousseau fondamental de tout aspirant artiste en somme. Ses dessins sont bons, il a réussi à développer son style, sa patte graphique, mais il lui manque quelque chose... Et c’est l’édition pour la jeunesse qui lui donne un second souffle. L’illustration qu’il fait d’un livre comme The Adventure of Uncle Lubin pose les fondements de son imaginaire : des dessins fouillés, représentant des inventions, des machines d’une ridicule et absurde complexité. On se perd avec délectation dans les moindres détails du graphisme, en essayant de démêler les fils et le fonctionnement de ces étranges pataquès.

 

Il met son humour et sa dérision au service de l’effort de guerre durant la Première Guerre Mondiale, en fournissant de nombreux dessins satiriques, inventant de nouvelles armes secrètes, choisissant de ridiculiser l’ennemi prussien plutôt que de le déshumaniser. C’est durant le conflit que pour la première fois son nom est ainsi détourné pour désigner une machine extrêmement, et inutilement, complexe : en anglais un Heath Robinson est donc une expression difficilement traduisible, mais qui signifie à la fois « usine à gaz » et « bidule ». La gloire par le petit bout de la lorgnette.

La suite ICI 

Absurdity and wonder: Heath Robinson at home | The Economist

13.10.2016 À 11

Le nom de Heath Robinson a été utilisé pour décrire des engins de fortune absurdement complexes depuis le début du XXe siècle, mais l'homme derrière le nom est en grande partie inconnu. WIRED enquête ICI 

 

 

Le William Heath Robinson Trust collecte des fonds depuis des années pour tenter de préserver son héritage dans un nouveau musée du nord-ouest de Londres, et grâce à 1,3 million de livres sterling de financement de loterie qui est maintenant devenu possible, rapporte la BBC . En mars 2015, le Trust a sécurisé les peintures et les dessins après avoir reçu des subventions du National Heritage Memorial Fund (NHMF) et du Art Fund, garantissant que les œuvres resteraient ensemble au Royaume-Uni - et maintenant dans leur nouvelle maison à Pinner, à Londres.

Heath Robinson: a museum fit for the cobbled-together contraption king |  Architecture | The GuardianWilliam Heath Robinson | Illustration, Méditation transcendantale, Miguel  angelAbsurdity and wonder: Heath Robinson at home | The EconomistWilliam Heath Robinson - An Ideal Home No. IV - Top Floor Chicken Farm  (1933)[813*1093] | Affiche imprimée, Illustrations, Illustration

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 06:00

https://www.francetvinfo.fr/pictures/brUaM2xKcfC96_5wM1r2U_mygrY/752x423/2020/01/21/phpYllklo.jpg

Je raille, je déraille, j’en conviens, ce n’est pas nouveau mais, comme les 1.407 couvertures auxquelles vous avez échappé(es) de Charlie hebdo, le premier jet du titre de cette chronique, auquel vous avez échappé, frisait l’insulte, l’outrage à la statue du Commandeur des dégustateurs. Ma publication n’étant qu’en recto le titre en question est renvoyé en bas de page.

 

 

La nuit portant conseil, je me suis dit mon coco (ce qui m’a fait penser à Karl et son Manifeste) qui suis-je pour oser un tel titre ?

 

 

 

Rien qu’un buveur de vins nu qui puent… immodeste, bien sûr…

 

Tu peux être irrévérencieux mais l’irrévérence à des limites, même si le papy Michel, en son temps, ne s’est pas privé de gratifier les vignerons bio du doux nom de « bio-cons »

 

Le texte du Manifeste est de la plume d’un certain Louis-Victor Charvet, qui se dit « rédacteur en chef et directeur de l’expertise Bettane+Desseauve »

 

Mazette, ça en jette grave, une belle tartine sur la carte de visite de L.V.C.

 

Le susdit, pour que nous ne le confondions pas avec un dégustateur lambda, nous met au parfum à propos de son job chez B&D « l’une de mes principales missions est de veiller à ce que notre prescription demeure forte et incontournable. »

 

J’adore ce qui, de manière péremptoire, est déclaré incontournable car, n’en déplaise à L.V.C, rien dans ce domaine ne l’est, et c’est heureux.

 

L.V.C, en bon vassal de son suzerain B&D, nous explique qu’il est adoubé :

 

« C’est l’héritage que m’ont confié Michel Bettane et Thierry Desseauve, et avec eux, toute une entreprise dont la bonne santé repose peu ou prou sur la vitalité de cette mission. »

 

Je m’attendais donc à l’équivalent de l’opus de Karl&Frédéric qui a bousculé le monde.

 

Déception !

 

Le Manifeste pour une nouvelle expertise est une pépite molle, un joyau musical de joueur de pipeau pour gogos, un ripolinage poussif de l’exercice de notation, une version incolore, inodore, sans saveur, de l’expression « C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe»

 

Pour être plus encore politiquement incorrect je cite Joseph Kessel dans Les Enfants de la chance (1934) « Je continue à voir les poules du coin, un peu vieilles, comme je les aime, quoi, je ne change pas : c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe. »

 

Je peux me le permettre puisque la maison Bettane+Desseauve abrite le pire : un certain Nicolas de Rouyn dit Rin de Rin, officiellement le rédachef d’En Magnum qui avait omis de mettre au parfum le directeur de la publication, ce pauvre Thierry Desseauve, que lui connaissait bien Fleur Godart et que la publication de la grosse merde sexiste de Régis Franc était ciblée.

 

Dans le duo B&D, la star c'est Bettane mais le drame de Michel Bettane se nomme Robert Parker, le plus grand dégustateur de tous les temps, le critique le plus puissant de la planète… (Lire plus bas)

 

Comment cet inculte fils de paysan du Maryland, petit avocat, a-t-il pu réduire, ceux qui se croyaient les seigneurs de la place, à un rôle subalterne de demi-soldes qu’on continue, par charité, à inviter ? Dans le même sac leurs consœurs et confrères de la vieille R.V.F, qu’ils ont quitté, ainsi que les autres petits couteaux  qui se la pètent tel Yohann Castaing ?

 

Il a imposé son tempo, ses goûts, sa note sur 100 : ça en jette plus qu’une note sur 20 au parfum de notre mammouth de l’Éducation Nationale. En accordant la note mythique de 100/100 aux vins qu’il jugeait exceptionnels, le critique américain Robert Parker a bouleversé le destin de nombreux domaines. Il a sorti les G.C.C des petits jeux de la place de Bordeaux, innové, même si les gardiens du Temple ont frisé le nez, fait gagner beaucoup d’argent aux heureux élus comme aux nouveaux venus type Valandraud de Jean-Luc Thunevin passé du statut de vin de garage à Premier cru.

 

Rassurez-vous je ne suis ni un adorateur de Bob Parker ni d’ « oxygénez, oxygénez… » j’ai nommé Michel Rolland le diable en personne, et je ne suis pas en train d’écrire que notre Bettane fut un dégustateur de seconde zone, je ne fais que constater le degré d’influence sur les faiseurs de vin comme sur les consommateurs.

 

Qui attend aujourd’hui avec angoisse les notes de la dream-team Bettane&Desseauve ?

 

Sans grand risque de me tromper, pas grand monde, et pourtant le Parker a vendu sa boutique, l’espace est donc ouvert.

 

De tout ceci il résulte que le fameux Manifeste tombe à plat, il a même quelque chose de pathétique, comme l’acharnement des interprètes de l’orchestre du Titanic.

 

En appeler aux mannes de Raymond Baudouin fondateur de La Revue du vin me fait penser à la Symphonie funèbre et triomphale de Berlioz.

 

« Nous le savons, cet héritage, laissé par Raymond Baudouin, fondateur de La Revue du vin de France, est exigeant. Il implique des choix forts et nécessite une hiérarchie claire (mais jamais figée) entre les vins soumis à notre jugement. »

 

Sur mon lit d’hôpital en service de soins intensifs à Cochin, les soignants me demandaient de me situer sur l’échelle de 1 à 10 de la douleur. Ce n’était que mon ressenti. Noter les vins sur la base 100, même si on élargit l’écart entre les meilleures et les plus basses, est du même type.

 

« Nos notes pour le millésime 2020, que nous jugeons excellent, seront plus basses que celles attribuées par la plupart des experts admis et reconnus, qu’ils soient français, européens, chinois ou américains. »

 

J’adore, cette extension du domaine Bettanedesseauvien qui se contente et se cantonne à notre marché domestique peu consommateur de G.C.C. Comme le proclamait la pub « Vahiné, c’est gonflé ! »

 

L’ensemble du Manifeste ICI 

 

  Amazon.fr - Robert Parker : Les Sept Péchés capiteux - Simmat, Benoist,  Bercovici, Philippe - Livres

 

« Personne n'est capable de décortiquer un vin comme il le fait. Il peut déguster de 60 à 100 vins par jour, parfois davantage. Et le plus extraordinaire, c'est qu'il peut à la fin d'une telle journée, lors d'un dîner, identifier la quasi-totalité des vins qu'on lui présente à l'aveugle sans se tromper sur le domaine ni sur le millésime. Derrière le mythe Parker, il y a un palais et un odorat exceptionnels. »

 

« Robert Parker s'est imposé par son talent et sa capacité de travail, mais il a aussi bénéficié d'un contexte particulièrement favorable. Son talent s'est révélé avec le millésime 1982, qu'il a porté aux nues dès les premières dégustations et ce contre un bouclier d'avis autorisés. »

 

Le résultat c’est que tous ceux qui ont suivi ses conseils ont gagné beaucoup d'argent : «À la faveur du millésime 1982, une frénésie acheteuse sans précédent s'est emparée des Américains. Comprenant que les commentaires et surtout les notes de Parker forgeaient la demande aux USA, les Bordelais ont commencé à pratiquer une politique de rétention des vins visant à faire monter les cours. Par exemple, en 1985, la note parfaite attribuée au Mouton-Rothschild 1982 fait quadrupler le prix de la bouteille ! C'est à partir de ce moment-là que la place de Bordeaux est devenue la plus spéculative qui soit. Aujourd'hui, plus que jamais, le négoce et la filière attendent ses notes pour se positionner. Jamais personne n'a eu une telle influence sur le marché. »

 

Robert Parker s'impose au moment où beaucoup de choses basculent. « On constate dès le début des années 1980 une profonde métamorphose du monde du vin. Robert Parker accompagne et amplifie l'évolution commencée par l'œnologue Emile Peynaud vers des rouges fruités, mûrs, boisés, aux tannins souples. Mais la révolution n'est pas seulement d'ordre technique. Une mode se dessine. Le vin devient un facteur de promotion sociale. Il est de bon ton d'en boire, mais aussi d'en parler. Le vin prend encore une dimension financière à laquelle Robert Parker n'est pas étranger. Les bordeaux, qui demeurent la référence mondiale, lui ont permis d'asseoir sa notoriété. Mais ils lui doivent aussi d'avoir tenu leur rang dans la compétition mondiale. Il suffit qu'un cru soit évoqué par Robert Parker pour que son prix s'enflamme. Même s'il n'a pas voulu la spéculation qu'il alimente, il est aujourd'hui prisonnier de son système. »

 

La défense du consommateur le cheval de bataille de Robert Parker « il a surtout marqué les esprits en se posant comme un chevalier blanc, comme le plus intransigeant défenseur du consommateur. Il a fait de l'indépendance de la critique par rapport aux professionnels du monde du vin un principe absolu. ».

 

Mais, il faudrait être naïf en ignorant les réseaux bordelais de Parker « En évoquant ses relations avec l'œnologue Michel Rolland, les négociants Archibald Johnston, Jeffrey Davies, Bill Blatch et Dominique Renard, ses amitiés avec Jean-Bernard Delmas, l'ancien administrateur du grand cru Haut-Brion et la famille Moueix, je ne relate que des choses connues de tous. Loin de moi l'idée de qualifier ces liens. Je veux seulement démontrer qu'il y a un fossé entre son discours et ses pratiques. Comment expliquer qu'il qualifie d'« amis », voire d'« experts en amitié », certains éminents acteurs du monde du vin, tout en martelant par ailleurs qu'il n'a pas d'amis dans ce milieu et rappelant inlassablement l'impérieuse nécessité pour un critique de garder ses distances avec le négoce, sous peine de compromettre la fiabilité de ses avis ? »

 

Avec le Manifeste pour une nouvelle expertise Bettane&Desseauve mute en un nouveau variant Bêtasse&DeSauveQuiPeut du naufrage…

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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 06:00

 

Le confinement m'a poussé à aller explorer les derniers vendeurs de DVD d'occasion de la place de Paris. J'y ai fait une petite razzia et j'ai déniché des pépites dont ce film : « Que Dios nos perdone »de Rodrigo Sorogoyen. 

 

Que Dios nos perdone [Blu-Ray]: Amazon.fr: Antonio de la Torre, Roberto  Álamo, Javier Pereira, Luis Zahera, Raúl Prieto, María Ballesteros, Rodrigo  Sorogoyen, Antonio de la Torre, Roberto Álamo: DVD & Blu-ray

 

Après le classique La 317e section, Arte proposera Que Dios nos perdone, un film espagnol très réussi sorti au cinéma durant l'été 2017. Notez qu'il est également disponible en replay sur le site de la chaîne. 

 

Couston de Télérama aime, normal  il est gore, Sotinel  du Monde exècre, ça ne m'étonne pas, un peu pincé du c...

Críticas de cine: 'Que Dios nos perdone', un asesino anda suelto por el  Madrid más castizo

Télérama

AbonnéCritique parJérémie Couston

 

Après avoir longtemps et volontairement dissimulé l’Histoire sous le formalisme, les films policiers n’hésitent plus à inscrire l’enquête criminelle dans le contexte politique et social du pays où elle se déroule. En situant son polar en 2011, dans un Madrid étouffé par la canicule et envahi par les fidèles de Benoît XVI et les manifestants du mouvement des Indignés, le cinéaste permet à sa fiction de se confronter au réel. Pendant que la jeunesse catholique communie dans l’allégresse et que la gauche espagnole se réinvente collectivement à la Puerta del Sol, deux policiers enquêtent sur une série de viols suivis de meurtres. L’opposition entre le sacré et le profane, entre la pureté et la corruption, vient contaminer les policiers eux-mêmes, en proie à des pulsions de violence qui les rapprochent de l’homme qu’ils traquent. Le flic bègue, d’un tempérament calme à côté de son collègue au sang chaud, devient ainsi, en présence de la femme de ménage qu’il convoite, un prédateur sexuel malgré lui. Dans cette ville grouillante de touristes et de militants qui cohabitent dans une relative indifférence, le tueur en série à la gueule d’ange vient rappeler que le mal peut s’immiscer partout. Après La Isla mínima (d’Alberto Rodríguez), qui mêlait déjà les codes du polar à la politique contemporaine, ce thriller vient confirmer l’excellente santé du cinéma de genre espagnol.

Que Dios nos perdone  : serial killer de série

L’interminable film noir madrilène de Rodrigo Sorogoyen exécute le programme habituel du genre.

Par 

Publié le 09 août 2017 à 07h18 - Mis à jour le 09 août 2017
Raul Prieto et Antonio de la Torre dans le film espagnol de Rodrigo Sorogoyen, « Que Dios nos perdone ».

L’avis du « Monde » – on peut éviter

Pour passer les Pyrénées aujourd’hui, il semble bien qu’un film espagnol doive emporter dans ses soutes une cargaison de cadavres (sauf s’il est piloté par Pedro Almodovar). Que Dios nos perdone ne fait pas exception à cette récente régulation européenne, qui propose une collection de corps de vieilles femmes, assassinées dans des conditions atroces. Cette série de meurtres suppose l’existence d’un meurtrier en série qui lui-même appelle l’apparition de policiers lancés à sa poursuite. Et comme nous vivons dans l’ère après J.-E. (James Ellroy), ces policiers seront tourmentés par des démons qui valent presque ceux qui poussent le serial killer à hâter la fin de ses victimes.

La formule a fait ses preuves et Rodrigo Sorogoyen l’applique consciencieusement, n’épargnant rien au spectateur des autopsies des victimes ni des détails de leurs tristes fins. Quand aux tribulations de la paire d’enquêteurs madrilènes – une brute épaisse et machiste (Roberto Alamo) et un bègue au bord de la schizophrénie (Antonio de la Torre) –, sa composition respecte la vulgate contemporaine du roman noir qui veut que les policiers portent et commettent tous les péchés du monde pour en préserver le commun des mortels.

Nauséabond et ennuyeux

Tout ceci a déjà été exécuté avec plus de brio, plus de sadisme, plus de voyeurisme, parfois par des cinéastes qui se souciaient d’autre chose que de secouer le spectateur. On dirait que cette fois, le réalisateur se soucie surtout de ne pas sortir des rangs de l’ultraviolence en remplissant un hypothétique contrat qui le lierait à un spectateur amateur du spectacle de la chair morte et de la déréliction des fonctionnaires de police. Ce qui donne un film à la fois nauséabond, ennuyeux et, à plus de deux heures, interminable. 

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15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 06:00

Angela Raubal en compagnie d’Adolf Hitler, lors d’un week-end en Bavière, en 1929. Rue des Archives/©Suddeutsche Zeitung/Leemage

Avec pour modèle évident La Trilogie berlinoise de l’Écossais Philip Kerr, Fabiano Massimi, bibliothécaire italien, marie avec talent le roman policier et le roman historique.

 

Le roman s’ouvre à Munich, le 19 septembre  1931. En pleine OktoberFest, la fête de la bière, dans un immeuble du très chic quartier de Bogenhausen, le cadavre d’une jeune femme vient d’être découvert, un pistolet Walther PPK à ses côtés. À première vue, tout porte à croire qu’elle s’en serait servie pour se tirer une balle dans la poitrine. Et pour corroborer cette version des faits, la chambre à coucher dans laquelle son corps a été retrouvé était fermée à clé de l’intérieur. Il s’agit d’Angela Raubal, 23 ans. Les enquêteurs, sous pression de leur hiérarchie, concluent à un suicide. Pourtant, des témoins assurent que son visage était abîmé, qu'ils y ont vu des traces de coups. Et qu’elle venait de se disputer avec son oncle, un certain Adolf Hitler. Les deux, dit-on, entretenait même une relation secrète. Voilà la trame du premier roman de l'Italien Fabiano Massimi, L'ange de Munich.

 

L'Ange de Munich - broché - Fabiano Massimi - Achat Livre ou ebook | fnac

 

Avec un Hitler sur la sellette, c’est à se demander pourquoi à peu près personne n’a entendu parler de cette affaire avant que l’Italien Fabiano Massimi n’en tire le roman policier L’ange de Munich.

 

« Moi aussi je ne la connaissais pas, explique Fabiano Massimi. Jusqu’en juillet 2018, cet été-là, il lit Munich de Robert Harris, un roman historique qui se penche sur les jours qui ont précédé les accords de Munich et qui, à un moment, mentionne l’existence de Geli et de sa chambre, conservée comme un mausolée. Ce moment, a changé sa vie. Il a toujours voulu écrire, mais il y a déjà tellement de bons livres qu’il se disait : « Pourquoi en écrire un de plus ? ». Grâce à Geli il a trouvé une raison valable d’écrire. « J’ai voulu raconter son histoire pour qu’elle ne soit pas oubliée, pour que Geli ne soit plus complètement effacée de l’Histoire. »

 

Fabiano Massimi (Italie) : bibliographie - Polars Pourpres

 

Dans la « vraie vie », Fabiano Massimi est bibliothécaire. Ce qui veut dire qu’il est capable de trouver à peu près tout ce qu’il veut dans les livres. « En quelques mois, j’ai ainsi pu récolter énormément d’informations sur Geli, faire des liens et établir une chronologie, précise-t-il. À l’heure actuelle, j’ai probablement plus de livres sur Geli que n’importe qui au monde ! Ça a été très dur pour mon épouse, car durant tout ce temps, ce n’était que Geli ci, Geli ça. J’étais complètement obsédé par elle ! Geli était une femme fascinante, et elle le savait. D’ailleurs, de son vivant, beaucoup de gens l’enviaient. Mais à cause de l’amour ambigu que son oncle Adolf lui portait, elle vivait dans une cage dorée et avait compris que jamais il ne la laisserait partir avec un autre. »

 

Entre fiction et réalité

 

En gros, presque tout ce qu’on peut lire dans L’ange de Munich est vrai. « Si on se fie aux documents, beaucoup de choses bizarres se sont produites après la mort de Geli, poursuit Fabiano Massimi. Il n’y a pas eu d’autopsie, sa dépouille a été envoyée à Vienne sans motif valable, toutes les photos prises par les enquêteurs ont brûlé dans un incendie... C’est comme si on avait cherché à la faire disparaître une deuxième fois. »

 

Si l’ouvrage s’appuie sur des faits (en plus d’être sa nièce, Geli était sa maîtresse, et Hitler avait un penchant pour des pratiques plutôt perverses), on peine à démêler le vrai du faux du récit.

 

Où s’arrête la fiction ?

 

Où commence la vérité ?

 

En réalité, la vérité du qui et du pourquoi a toujours été camouflée. Fabiano Massimi propose donc sa version, comprend-on dans sa (trop courte) note finale, un post-scriptum justificatif qu’on aurait souhaité plus explicatif, pour conclure une si vertigineuse et accrocheuse lecture.

 

Il en résulte un polar palpitant qui, en plus de rendre enfin justice à Geli, nous en apprend beaucoup sur le futur Führer.

 

Pour tenter de faire la lumière sur cette affaire, le commissaire Siegfried Sauer et son adjoint Helmut Forster ont rapidement été mandatés. Tous deux de la police criminelle de Munich, ils ont réellement existé et réellement enquêté sur la mort de Geli. Grâce à Fabiano Massimi, on pourra ainsi les voir à l’œuvre... et voir aussi à quel point l’époque était aux mensonges et aux faux-semblants.

 

 

Pour ce palpitant thriller historique campé en pleine ascension du fascisme, Fabiano Massimi reconstitue minutieusement le puzzle à l’aide de morceaux glanés patiemment au cours de ses recherches et d’éléments hypothétiques.

 

Si l’époque dépeinte donne déjà froid dans le dos, Massimi introduit dans le récit d’incontournables personnages historiques qui y ajoutent une dimension anxiogène, parmi lesquels Hitler, avec son « regard aussi dur et translucide que du diamant », ainsi que Himmler et son « sourire plus faux qu’un billet de trois marks ».

 

Le romancier se plaît aussi à épaissir le mystère et le climat de paranoïa à l’aide de scènes oniriques, d’apparitions de sosie et de personnages aux contours flous, de secrets honteux que l’on menace de déterrer et de laconiques messages que l’on retrouve près de cadavres… Détentrice de la vérité, la défunte Angela hante le lecteur autant que les personnages.

 

Sources : ICI 

 

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14 mai 2021 5 14 /05 /mai /2021 06:00

 

Sur Twitter, Vincent Pousson @VincentPousson

Le 25 avril,

Sulfate comme un malade l’interview de Me Morain par Ophélie Neiman dans le Monde :

Au moins, quand @lemonde  sert la soupe au baveux des khmers #woke du rouge, de nouveaux horizons s’ouvrent aux neurosciences.

« Le vin nature donne du plaisir! Au-delà de l’étiquette. Et si on n’aime pas, ce n’est pas grave. Quand on sert un grand vin, à l’inverse, on est déjà complètement conditionné. On goûte avec son cerveau. »

Eh, banane, en général, quand on ne goûte pas avec son cerveau, c’est qu’on le fait comme un pied !

Je vous offre gracieusement cette interview sans faire de commentaires ni sur le contenu, ni sur la mitraille de Pousson qui, entre nous soit dit, ne se prend pas pour de la petite bière de dégustateur, un côté Bettane du pauvre.

Ceci écrit je n’en pense pas moins, car « Le silence est un état d'esprit qui devrait faire plus de bruit. »

« Manier le silence est plus difficile que de manier la parole. »

Georges Clemenceau

Quoi de plus complet que le silence ?

Honoré de Balzac

« Le silence n'a jamais trahi personne. »

Rivarol

Comprenne qui pourra, voudra, seuls ceux qui me connaissent perceront peut-être le secret de ma petite Ford d’intérieur…

 

« Le jour où on aura à l’Elysée quelqu’un qui achète du vin nature, il y aura une vraie volonté politique de mettre le sujet sur la table de l’Europe »

Par Ophélie Neiman

ENTRETIEN : Pénaliste réputé, Éric Morain, 50 ans, a participé à la création du Syndicat de défense des vins naturels, qui garantit un vin issu de raisins bio vendangés à la main, et vinifié sans intrant ni technique d’œnologie corrective.

 

Eclectique, très actif sur Twitter, Éric Morain a notamment fait libérer Michel Cardon, l’un des plus vieux détenus de France, défendu l’une des accusatrices de Tariq Ramadan pour violences sexuelles et s’apprête à défendre le trésorier de la campagne de l’élection présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 au procès Bygmalion.

 

Ce bon vivant et gourmand est surtout connu dans le milieu viticole pour défendre des vignerons adeptes du mouvement nature. Il anime d’ailleurs une chronique dans l’émission de France inter du dimanche « On va déguster » et, signe de reconnaissance, en janvier 2021, il a été nommé « personnalité de l’année » par le magazine La Revue du vin de France.

 

Comment est né votre amour pour les vins nature ?

 

C’était il y a plus de quinze ans, lors d’un festival Omnivore, spécialisé dans la gastronomie. Jusque-là, j’étais un buveur d’étiquettes et un consommateur de restaurants étoilés. A l’époque, le poids des guides était très fort, on avait peu accès aux nouveaux mouvements culinaires. Et là, j’ai découvert un tout autre univers gastronomique. Avec un public très jeune, des cuisiniers que je ne connaissais pas à part le Catalan Ferran Adrià. Je me souviens d’un déjeuner sur des ballots de paille avec des assiettes incroyables. Il n’y avait pas de snobisme dans mon intérêt.

 

Pour la première fois, je faisais un repas qui sortait des conventions. Et le soir, le vigneron Nicolas Reau, un gros nounours à casquette, s’est assis à côté de moi avec une quille de sa cuvée « Enfant terrible » qu’il m’a servie dans un verre en Pyrex. J’ai immédiatement trouvé ça formidable, avec un goût inconnu. Ça m’a bousculé. C’est comme ça que tout a commencé. Quelques années après, il a donné mon nom à Olivier Cousin, un vigneron qui avait des soucis avec l’appellation anjou. J’ai alors signé mon entrée dans le vin naturel par le volet juridique.

 

Que s’est-il passé ?

 

Olivier Cousin a débarqué au cabinet avec un magnum de vin et m’a expliqué sa situation. Je suis tombé des nues. Comment peut-on à ce point empoisonner la vie d’un vigneron qui ne cause de tort à personne et qui travaille bien ? On cherchait à l’éloigner de son appellation. Il était cité par le procureur de la République d’Angers pour avoir écrit « AOC, Anjou Olivier Cousin » alors que son vin ne relevait pas de l’AOC, appellation d’origine contrôlée, anjou. On lui a reproché ce jeu de mots. Par ailleurs, il avait imprimé le millésime sur le bouchon : hors AOC, on n’a pas le droit de le mentionner. Mais cette interdiction n’est liée qu’à l’étiquette.

 

Franchement, qui trompe qui ? S’il y a bien un élément important pour le consommateur en termes d’information, c’est de savoir si le vin a 20 ans ou 2 ans. Nous avons obtenu une dispense de peine, mais j’avais compris qu’il y avait là un problème plus profond.

 

En quoi le fait que des producteurs de vins nature comme Olivier Cousin ou Alexandre Bain [dont le domaine est basé sur l’aire d’appellation pouilly-fumé] ne puissent pas revendiquer leur AOC vous pose problème ?

 

Dans AOC, il faut se battre sur le O, origine. On est les rois du C, du contrôle. Mais si ce vin vient d’une aire déterminée, il doit bénéficier de son appellation. Peu importe le cépage, la hauteur de l’herbe dans les vignes, il a le droit de dire son origine. C’est terrible d’en être privé. On voit des vignerons stars, qui sont adorés, exclus de l’appellation dont leurs parcelles relèvent, parce que, par exemple, lors de dégustations par la commission organoleptique, les juges considèrent que le vin n’est pas typique. Ces derniers sont perdus car le goût ne ressemble pas à ce qu’ils connaissent. Mais en quoi est-ce un problème, tant que le raisin vient de là et que les clients et sommeliers s’arrachent leurs bouteilles ?

 

Mais quel préjudice subit un vigneron qui ne peut revendiquer une appellation d’origine contrôlée ?

 

Quand on est en dehors, on devient une sorte de pauvre avec des mots confisqués, interdits : vos raisins proviennent à 100 % d’Anjou ? Vous n’avez pas le droit de le dire. Vous habitez dans un château, vous avez un clos ? Vous n’avez pas le droit de l’afficher sur votre étiquette ! Ce système met en avant une certaine aristocratie du vin face à la plèbe, qui est en réalité pour beaucoup des baronnies de copains. On reproche aux vignerons que je défends de tromper le consommateur mais je rappelle que dans un « vin de France » (hors AOC), il peut y avoir jusqu’à 49 % de vin de l’Union européenne.

 

« Le vent de l’histoire, aujourd’hui, c’est une vigne plus propre et un chai débarrassé au plus possible de poudres de perlimpinpin. »

 

Alors à nouveau, qui trompe qui ? Beaucoup de vignerons ont quitté une appellation ou se sont installés hors appellation, cela doit interroger. Ça ne veut pas dire qu’il faut jeter l’AOC avec le moût du raisin, mais cette remise en cause se fait difficilement. Car chacune est gérée localement. Dans l’appellation pouilly-fumé, sur quarante domaines, deux seulement sont en bio, un troisième en conversion. Donc le poids d’une appellation comme celle-ci repose sur ceux qui ne sont pas en bio et qui ne veulent pas en entendre parler.

 

Pourtant, il est possible de se réformer. Par exemple patrimonio, en Corse, est la première appellation qui a inscrit dans son cahier des charges l’interdiction totale des pesticides il y a deux ans. Le vent de l’histoire, aujourd’hui, c’est une vigne plus propre et un chai débarrassé au plus possible de poudres de perlimpinpin. Le but doit être de tendre vers un mieux.

 

Vous êtes devenu l’avocat référent pour ce type de vignerons. Vous intervenez dans une centaine de conflits judiciaires. Pourquoi une telle nécessité ?

 

J’ai découvert que les organismes de défense et de gestion (ODG), les syndicats viticoles, l’INAO [Institut national de l’origine et de la qualité] se comportent en juges, en réalité plutôt en procureurs, mais sans donner à leurs interlocuteurs les règles fondamentales d’une procédure. Forts de leur puissance publique, ils imposent leur volonté. Les vignerons transigent beaucoup trop sur leurs droits.

 

« Ces vignerons dérangent. Certains continuent à acheter des pesticides mais à ne pas les mettre dans leurs vignes, car s’ils n’en achètent pas, ça se sait et ils sont mis au ban. »

 

Ils pensent que les autorités ont forcément raison. Je suis là pour leur dire qu’ils peuvent ne pas être d’accord, qu’un cabinet d’affaires international peut les défendre. Ce sont des gens entiers, dévoués à leur terre, qui font juste leur métier, il faut leur ficher la paix. Mon travail d’avocat a été de me plonger dans les cahiers des charges, qui sont des mille-feuilles de règles formant le droit qu’on applique aux vignerons.

 

Mais, dans la très grande majorité, ce type d’affaire démarre par de la dénonciation. Car ces vignerons dérangent. Ce sont souvent de grandes gueules, ils ont du succès et ça se voit, ils ont droit à leur portrait dans les journaux. Ils sont sur les tables de restaurants dont on parle. J’ai défendu des vignerons, et j’en connais d’autres, qui continuent à acheter des pesticides, à ne pas les mettre dans leurs vignes et à les revendre nuitamment en Allemagne. Car s’ils n’en achètent pas, ça se sait, et ils sont mis au ban. Parce que le vendeur ira dire aux voisins qu’il n’a pas vu Machin cette année. Et ça remonte aux oreilles des instances de l’appellation. C’est une réalité et ça n’est pas arrivé qu’une fois.

 

Vous avez participé, en juillet 2019, à la création du Syndicat de défense des vins nature’l. Pourquoi était-il nécessaire de se syndiquer ?

 

Il existait déjà plusieurs associations mais on voulait taper au plus haut niveau en trouvant une voie politique médiane, afin de contourner la réglementation européenne qui interdit d’accoler « nature » au mot « vin ». Et qui, en conséquence, ne permet pas de réglementer le vin nature. Nous sommes allés au ministère de l’agriculture, à l’INAO, et on a trouvé un compromis : « vin méthode nature ». C’est un label né en février 2020, officiellement validé par les services des fraudes, avec une charte en douze points. En résumé, elle garantit un vin issu de raisins bio vendangés à la main, et vinifié sans intrants ni technique d’œnologie corrective. Le label a été ralenti par la pandémie mais on rassemble plus d’une centaine de vignerons, 400 cuvées en tout. C’est un premier pas.

 

Les institutionnels, en fait, n’attendaient que cela. Ils savaient qu’il y avait un problème dans la notion floue de vin nature, mais ils ne savaient pas comment le gérer. Le fait qu’on soit arrivé en qualité de syndicat agricole offrait un début de solution. Ce n’est pas la panacée mais il y a un chemin possible. Des verrous se sont débloqués. On a parlé à des gens haut placés qui adoraient le vin nature.

 

Le jour où on aura à l’Elysée ou à Matignon quelqu’un qui achète du vin nature, il y aura une vraie volonté politique pour mettre le sujet sur la table de l’Europe. Il faut néanmoins mesurer le pas de géant que ce vin a accompli. En 2012, quand la réglementation sur le vin bio est sortie, les instances n’avaient pas la moindre idée de ce qu’était un vin nature.

 

Un autre de vos combats porte sur l’étiquetage avec la composition des vins. Avez-vous bon espoir que cela aboutisse ?

 

Ce n’est pas un espoir. Cela va arriver, d’ici à 2024 ou 2026, même si l’Union européenne a d’autres chats à fouetter en ce moment. Le moyen trouvé est un QR Code sur l’étiquette, cela me convient. Car actuellement on est privé de cette information.

 

« Il n’y a pas que du raisin dans la plupart des bouteilles de vin. Et les consommateurs ne le savent pas. »

 

Ce combat, en l’absence de lobby des vins naturels dans l’Union européenne, est porté par le lobby de lutte contre l’obésité, afin d’obtenir le degré de sucre. C’est quand même le seul produit alimentaire qui ne le mentionne pas.

 

On sait au milligramme près ce qu’il y a dans des croquettes pour chats mais là on ne sait rien, car le vin n’est pas considéré comme un produit alimentaire. C’est important car il n’y a pas que du raisin dans la plupart des bouteilles de vin. Et les consommateurs ne le savent pas. Encore une fois, qui trompe qui ?

 

Aujourd’hui, que buvez-vous ?

 

J’ai redécouvert les vins blancs. Je faisais partie de ceux qui n’en buvaient jamais, avec l’argument connu du mal de tête, et j’avais toujours cette espèce de goût métallique, agressif en bouche. Et là, j’ai découvert une palette aromatique sans commune mesure. Des rosés nature aussi, des vins corses, de Provence, de Loire… et puis je n’oublie pas les beaujolais, le champagne… c’est dur de choisir ! Là je bois un chenin merveilleux, signé Olivier Lejeune, du domaine Clos des Plantes, dont les vignes sont voisines de celles du grand vigneron Richard Leroy. J’ai goûté son premier millésime en 2018 et je l’ai rencontré au salon des Greniers Saint-Jean à Angers.

 

Qu’est-ce qui vous plaît tant, dans ce type de vins ?

 

Le vin nature donne du plaisir ! Au-delà de l’étiquette. Et si on n’aime pas, ce n’est pas grave. Quand on sert un grand vin, à l’inverse, on est déjà complètement conditionné. On goûte avec son cerveau. Attention, j’aime retrouver des vins plus classiques, qui vont me procurer une émotion affective, mais ce n’est pas la même chose. Pour faire découvrir le vin nature autour de moi, j’y vais par étapes. Le truc qui marche à tous les coups, c’est le tavel rosé d’Eric Pfifferling (Domaine l’Anglore), ça a même marché avec ma belle-mère. Tout le monde aime. Le problème, c’est qu’on ne peut pas en boire tous les jours, il n’y en a pas assez !

 

Faut-il parler de vins naturels ou de vins nature ?

 

Ce débat n’a aucune importance. C’est comme pâté croûte ou pâté en croûte, il faut dépasser cette futilité.

 

Ophélie Neiman

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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 06:00

Le hameau de la reine | Château de Versailles

Audrey Bourolleau, je l’ai croisé lorsqu’elle officiait à Vin&Société, nous avons même déjeuné aux Climats, elle a dépoussiéré et dynamisé cette structure de lobbying. Puis en 2016, elle s’est mise En Marche aux côtés du sémillant Macron, le château conquit, Audrey Bourolleau se glissa dans la peau d’une éminence grise, devint la conseillère agricole du nouveau président. Cette fonction, au temps de Tonton, a propulsé, le sphinx Nallet, au 78 rue de Varenne, la nuit où ce cher Rocard, qui n’en ratait pas une pour déplaire à Mitterrand, démissionna. Avec le florentin de Jarnac, si tu voulais rester dans ses petits papiers il fallait chausser ses bottes pour aller dans le terroir profond conquérir une circonscription.

 

Nallet, ex-jaciste, plume de Debatisse à la FNSEA, penseur de la gauche paysanne à l’INRA du passage Tenaille, repaire de gauchistes guidés par Michel Gervais, ne présentait guère le profil du jeune loup du PS. En première intention il jeta son dévolu sur une circonscription de la Manche, Thérèse son épouse, qui adorait les biscuits*, était native de ce département. Les parachutés, dans la Manche comme ailleurs, les caciques n’aiment pas. Recalé, Pierre Joxe qui, étrangement pilotait au PS le projet agricole, propulsa Nallet dans l’Yonne, à Tonnerre. Par la grâce d’une proportionnelle mijotée par Tonton et Charasse, Henri fut élu. En 1988, Tonton repique au truc, Henri Nallet retrouve, Rocard 1er Ministre, le 78, moi aussi. En 1990, il profite de l’exfiltration du gouvernement de l’insuportable Arpaillange, pour gagner la place Vendôme, Garde des Sceaux.

 

« Si j’avais su, j’aurais pas venu » la phrase culte du petit Gibus, dans la Guerre des Boutons, s’applique à la suite de la carrière politique d’Henri Nallet. En avril 1991 éclate l'affaire Urba, relative au financement occulte du Parti socialiste français. Le juge d'instruction Thierry Jean-Pierre perquisitionne au siège d'Urba à Paris. Henri Nallet, Garde des Sceaux, mais aussi ancien trésorier de la campagne de François Mitterrand, dénonce l'action du juge comme « une équipée sauvage » et fait dessaisir le magistrat. Tonton, gentiment, profite de l’expulsion d’Edith Cresson pour exfiltrer Henri Nallet du gouvernement Bérégovoy.

 

Après cette date, Henri Nallet se consacre alors principalement à sa carrière politique locale. Il conserve ses mandats de maire de Tonnerre, où il a été élu en 1989, et de conseiller général de l’Yonne (canton de Tonnerre), qu’il détient depuis 1988. En décembre 1992, il est nommé conseiller d'État. Tonton est bon. Il est à nouveau élu à l’Assemblée nationale en 1997 jusqu’en 1999. La suite est connue.

 

Bref, au temps de Tonton, le conseiller agricole du Président pesait lourd, tel ne fut pas le cas d’Audrey Bourolleau au château. La politique agricole de Macron est d’une fadeur et d’un convenu remarquable, alignement total sur la FNSEA. La valse des Ministres fut aussi la marque de fabrique de ce presque terminé quinquennat, y’en a pas un pour racheter l’autre. Sans être désagréable, le bilan d’Audrey Bourolleau se rapproche de zéro. Les chefs du vin me contrediront car pour eux elle fut une digue efficace les protégeant des affreux défenseurs de la loi Evin. Je ne le conteste pas mais ça ne fait pas une politique novatrice.

 

Enfin, le temps est révolu où les éminences grises chaussaient les bottes des élus de terrain, aujourd’hui l’heure est de passer de la start-up Nation à la start-up tout court par la grâce du ruissellement des premiers de cordée.

 

À quarante ans, elle a décidé de changer de vie. Audrey Bourolleau, ancienne conseillère du président Emmanuel Macron, chausse des bottes d’agricultrice pour créer, avec le milliardaire Xavier Niel, un vaste campus près de Paris destiné à former les « entrepreneurs agricoles de demain ».

 

Une formation pour adultes

 

À la fin de 2019, elle annonce son projet de fonder une nouvelle école d’agriculture qui a pris depuis le nom de Hectar. L’achat du domaine a coûté 19 millions d’euros et les travaux cinq millions de plus. L’objectif affiché du projet Hectar est de « sensibiliser ou former deux mille personnes par an » aux métiers de la sphère agricole. Le programme phare de l’école sera tourné vers la formation d’adultes désireux de se reconvertir dans l’agriculture. D’une durée de six mois, « gratuite pour l’apprenant », elle sera dispensée par des agriculteurs et des formateurs professionnels.

 

« Nous sommes confrontés à un défi de génération très conséquent. En France, 160 000 fermes sont à reprendre d’ici à trois ans. Il faut former la prochaine génération », souligne Audrey Bourolleau. Pour les nouveaux entrants qui ne seront pas « dans un schéma de transmission familiale, la marche va être très haute ». « Il faut leur donner des modèles qui tournent économiquement, soient socialement justes et durables. Ce que nous voulons leur donner, c’est vraiment une posture de chef d’entreprise agricole », explique-t-elle.

 

Face aux défis climatiques, l’école entend mettre l’accent sur les techniques de préservation des sols agricoles. Hectar proposera aussi des formations sur le salariat agricole, en manque de bras.

 

Certains vont m’objecter qu’il est facile d’ironiser sur des porteurs de projets « innovants ». Tel n’est pas mon cas, qui vivra verra, l’exemple du Pôle universitaire Léonard-de-Vinci dit « Fac Pasqua » n’est guère probant. Ce qui m’interroge dans ces belles et bonnes intentions, c’est qu’au temps du château Audrey Bourolleau ne se soit pas colletée à dépoussiérer et redynamiser, comme le dirait les biodynamistes, l’enseignement agricole du Ministère de l’Agriculture bien encroûté.

 

ICIhttps://images.bfmtv.com/tutaCh9T-dTVm7sq_JY65mceDiM=/0x0:1280x720/images/Audrey-Bourolleau-Fondatrice-d-Hectar-l-ecole-agricole-gratuite-ce-sont-des-metiers-de-sens-qu-il-faut-rendre-remunerateurs-1021598.jpg

 ÉCOLE HECTAR

Audrey Bourolleau, de l’Élysée aux champs ICI

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11 mai 2021 2 11 /05 /mai /2021 06:00

 

Sans me vanter j’ai du nez, à la veille de la commémoration du 10 mai 1981, 40 ans déjà, certes Tonton n’est pas Napoléon, il a ses grognards, mais nous commémorons beaucoup dans notre vieux pays.

 

Du côté de ce qui reste du PS, le dimanche 9 mai, au Creusot, la Fondation nationale des élus socialistes et républicains, la Fneser, a organisé de son côté  une journée consacrée à l'héritage de l'ancien chef de l'État socialiste. François Hollande a été invité par les organisateurs à prononcer un discours, annoncé comme très politique. Outre cette intervention de l'ex-chef de l'État, plusieurs tables rondes sont prévues pour cette commémoration « officielle », avec ou en présence de personnalités telles que les anciens ministres Bernard Cazeneuve, Jean Glavany, Lionel Jospin, Pierre Joxe, François Rebsamen, Jean-Pierre Sueur mais aussi la maire PS de Paris Anne Hidalgo, potentielle candidate socialiste en 2022 ou encore Anne Lauvergeon, Béatrice Marre, Gilbert Mitterrand...

 

Francois Hollande avec Lionel Jospin, Anne Hidalgo au Chateau de la Verrerie au Creusot

 

Du côté du maigre côté gauche de Macron celui-ci va réunir tous les anciens collaborateurs de Mitterrand, en guise d'hommage. L'événement ne figure pas à l’agenda d'Emmanuel Macron. Ni hommage officiel ni message prévu, à l’occasion du quarantième anniversaire de l’élection de François Mitterrand. Néanmoins, d’ici à deux semaines, Emmanuel Macron organisera à l’Élysée « un moment de convivialité », dans le respect des règles anti-Covid, pour réunir tous les anciens collaborateurs des deux septennats de Mitterrand (1981-1995). Le service RH de la présidence a ressorti les listes, cela représente une centaine de noms.

 

Les cartons d’invitation sont prêts à partir : Jacques Attali, Ségolène Royal, Jean-Louis Bianco... En revanche, pour l’anecdote, pas de trace d'un certain François Hollande dans les fichiers.  En 1981, il était pourtant chargé de mission à l’Elysée.

 

les vieux éléphants ressassent le passé mitterrandien  ICI

 

En Taulier peu porté sur les hommages aux anciens combattants des guerres politique j’ai choisi de rappeler aux Français encore confinés que le premier estampillé socialiste aux commandes de la France fut Léon Blum

 

Le 13 février 1936, la voiture de Léon Blum est attaquée par des nationalistes d’extrême droite à sa sortie de la Chambre des députés. « À mort Blum ! » hurle la foule. Il est roué de coups et n’évite le lynchage que grâce à l’intervention de la police et de passants qui ont accouru. Trois mois plus tard, la France se donne, en toute connaissance de cause, un président du Conseil juif et socialiste. On est là au cœur de la grandeur et du mystère français.

 

Frédéric Salat-Baroux : « Léon Blum incarne l’idéal de justice »

Frédéric Salat-Baroux : « Léon Blum incarne l’idéal de justice » 

 

- Vous êtes gaulliste, vous avez été le bras droit de Jacques Chirac, dont vous avez épousé la fille, Claude. Pourquoi avoir choisi d’écrire sur l’homme du Front populaire, une icône de la gauche ?

 

Pour moi, la République est un bloc constitué de valeurs issues de la droite et de la gauche. Après avoir écrit sur de Gaulle, il m’a semblé naturel, nécessaire de mieux comprendre Blum et ce qu’il incarne : l’idéal de justice, l’importance de la culture comme ciment d’une nation.

 

La suite ICI 

 

Frédéric Salat-Baroux livre une biographie sensible de Léon « Blum le Magnifique »

 

Comment se forge un destin ?

 

Il y a un « mystère Léon Blum », écrit Frédéric Salat-Baroux, et c’est le cœur de ce livre consacré aux années de formation de l’homme du Front populaire. L’ancien secrétaire général de l’Elysée (sous Chirac) raconte les ambiguïtés, les fragilités aussi, de cet « homme double » ayant longtemps privilégié la littérature et l’amour plutôt que le pouvoir. L’affaire Dreyfus, d’abord, puis la mort de Jaurès le conduiront à la politique. En filigrane, Salat-Baroux peint le portrait d’une époque, bouleversée par le triomphe du capitalisme et la montée de l’antisémitisme, avant la guerre qui vient.

 

Tout au long du livre, l’auteur laisse filtrer une discrète tendresse pour son sujet dans lequel, on le sent, il semble parfois se retrouver. Il le cache à peine d’ailleurs, quand il décrit cet homme « mince, de haute stature », au « regard tout de douceur, un peu perdu », travaillé par une « lave intérieure » et plus de « frustrations » qu’on ne le croit. Blum fut aussi, un siècle avant lui, commissaire du gouvernement au Conseil d’Etat.

 

Blum le Magnifique

Léon Blum, les lettres avant l’Etat

 

 

 

LIVRES

 ABONNÉ

La passionnante biographie de Frédéric Salat-Baroux raconte l’itinéraire d’un leader socialiste français écartelé entre sa passion de l’écriture et celle de la politique. Avec Jean Jaurès en modèle.

Richard Werly

Publié vendredi 7 mai 2021

«Pourquoi le Conseil d’Etat ?

À première analyse, il s’agit d’une évolution assez logique du parcours que Léon Blum a voulu se construire en refusant de choisir entre le monde des lettres et la vie professionnelle.» Frédéric Salat-Baroux est un haut fonctionnaire, ancien secrétaire général de la présidence sous Jacques Chirac. Conseiller d’Etat lui-même, il connaît par cœur, place du Palais-Royal, «ce long couloir de bois verni et de tapis rouge qui mène à la salle de l’Assemblée générale» de la plus haute institution juridique française, «sorte de cathédrale de la République». Voilà sans doute pourquoi sa biographie Blum le magnifique donne au lecteur cette impression de proximité. Le leader socialiste français (1872-1950), l’homme du Front populaire, n’y est pas seulement dépeint sous l’angle de la politique et du pouvoir. C’est l’intellectuel Blum qui, sous sa plume, apparaît comme magnifique.

Deux éléments, à eux seuls, justifient de se plonger dans ce récit assez court (240 pages), dont les racines plongent dans la jeunesse de Léon Blum, en pleine affaire Dreyfus (1894-1906). Le premier est le goût de l’auteur pour l’itinéraire personnel de celui qui deviendra l’un des ténors du socialisme européen. Etre un jeune homme juif, prix du concours général de philosophie, dont l’ambition est de servir la République, devient, alors que «l’affaire» fait rage, une charge très lourde à porter. «Je suis né à Paris, Français de parents français […] Mon père est né dans un village d’Alsace, Westhoffen, il y a maintenant plus d’un siècle, de parents français», écrira Léon Blum dans Le Populaire, en 1938, en réponse aux odieuses allégations de Charles Maurras le traitant de «juif allemand naturalisé».

 

L’intelligence de Frédéric Salat-Baroux est de dresser, en même temps que la jeunesse de Blum, l’arrière-plan de cette France où «les juifs sont une forme d’harmonie intérieure car ce pays, qui fonde la Nation sur l’adhésion à des valeurs, ne les oblige pas à mettre en balance cette fidélité à leur appartenance et la fidélité à leur religion».

 

Le second élément mis en avant par Frédéric Salat-Baroux est l’amour de Blum pour la littérature et le théâtre. Ce combattant politique dont Jean Jaurès est d’abord le modèle nourrit une «passion de la littérature qui répond à une double aspiration; un désir d’assimilation propre à tant de juifs européens de l’époque et une volonté de rupture avec l’ordre établi». Voici Blum au théâtre, dans les couloirs de l’imprimerie de L’Humanité, ce journal fondé par ce Jaurès qu’il dit être frappé «par le sceau du génie». Blum admire le lutteur chez Jaurès, mais aussi sa profonde connaissance historique de la France. Il a trouvé un maître, dans tous les sens du terme.

Pour L’Humanité, il tient une chronique littéraire à connotation sociale. Solidaire, il cotise lorsque la survie économique de ce journal (déjà) est menacée. La presse, parce qu’elle est indissociable de l’action, est son terrain de jeu littéraire: «Je suis critique de profession et, j’ose dire, de vocation», écrit-il en 1913. Un projet de roman est abandonné. Deux pièces de théâtre sont inachevées. «Blum avait fait le choix de mêler critique et militantisme socialiste», raconte Frédéric Salat-Baroux.

Prince des artistes

Les contours d’un homme peuvent être tracés par les mots qu’il écrit. Ce sera le cas de Léon Blum tout au long de sa vie. Salat-Baroux a retrouvé ses écrits. Il a lu Blum lorsqu’il écrit sur Goethe, prince des artistes. Il s’est penché sur ses lettres d’amour pour les deux femmes qui marqueront sa vie, côte à côte, en parallèle, son épouse Lise et sa maîtresse Thérèse. Les batailles politiques et la «naissance d’un chef» ne sont pas oubliées dans ce livre d’un biographe clairement sous le charme de son personnage. Léon Blum est vivant lorsque Frédéric Salat-Baroux nous le dépeint, entre théâtre, livres et journaux. L’évocation du Front populaire, puis de la Seconde Guerre mondiale ponctue évidemment l’ouvrage. Ce Léon Blum plongé dans l’écriture apparaît tel que Jaurès: doté d’une immense humanité.

 

 

 

 

Les multiples vies de Léon Blum

Brillant normalien, héritier de Jaurès, captif des Nazis... Deux précieux ouvrages explorent toutes les facettes de la grande figure du Front populaire.

Par 

Publié le 06 juin 2016

 

 

Léon Blum. Un portrait, de Pierre Birnbaum, Seuil, 264 p., 20 €.

Léon Blum. Le socialisme et la République, d’Alain Bergounioux, Fondation Jean-Jaurès, 149 p., 6 €.

Léon Blum (1872-1950) fut sans doute le plus haï et attaqué des hommes politiques français. On sait que le 6 juin 1936, alors même qu’il venait de présenter à la Chambre le programme de son gouvernement de Front populaire, il fut injurié par le député Xavier Vallat qui monta à la tribune pour le disqualifier en tant que juif. Quatre mois plus tôt, Blum avait failli être lynché en pleine rue. Sous l’Occupation, c’était presque quotidiennement qu’une presse abjecte le prenait pour cible. Dans le beau livre qu’il lui consacre, Pierre Birnbaum restitue l’antisémitisme virulent qui accompagna l’action et la vie de ce « juif d’Etat » venu à la politique et au socialisme au temps de l’affaire Dreyfus.

 

Mais il montre que la judéité de Blum ne se réduit pas à ces vilenies : cette identité qu’il ne renia jamais, sans non plus l’opposer à un parfait patriotisme républicain, explique également son attention et son soutien au projet sioniste jusqu’à la ­naissance de l’Etat d’Israël, en 1948, ­révélant par là « l’intensité d’un engagement largement ignoré par l’historiographie ».

 

Multiples vies

 

Ce n’est en réalité que l’une des facettes ici renouvelées par le recours à de nombreux documents inédits. L’auteur propose un portrait complet, vivement rythmé, éclairant les multiples vies de Léon Blum : le brillant normalien devenu dandy stendhalien, le conseiller d’Etat à l’impeccable culture juridique, le socialiste lucide, en héritier de Jaurès, sur la « cruauté » bolchevique, le captif de Vichy et des nazis, enfin, à l’humanisme inentamé au retour de Buchenwald.

 

Et pour qui veut lire la pensée souple et convaincue de Blum dans le texte, il faut se reporter au précieux petit livre d’Alain Bergounioux. Outre un portrait politique bref mais précis et bien pensé, il donne de très larges extraits de quatre grandes allocutions de Blum : son discours d’investiture de 1936 déjà mentionné, celui de 1920, au congrès de Tours, où il s’oppose à la bolchevisation du Parti socialiste, ses réponses aux juges lors du procès de Riom le 11 mars 1942, et, enfin, son ultime prise de parole désenchantée lors du congrès de la SFIO en 1946 au cours duquel il fut mis en minorité, longue méditation sur le difficile exercice du pouvoir « dans les cadres du régime capitaliste ».

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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 06:00

110 Propositions pour la France

J’avais, bien sûr, voté Mitterrand aux deux tours, sans grand enthousiasme, ses 101 propositions pour la France ICI, grand fourre-tout, rassemblait une seule ligne programmatique qui cachait des conceptions divergentes entre les différents courants, Chevènement, Poperen, Deferre, et cette foutue deuxième gauche venue rejoindre le char du PS d’Epinay tardivement avec le chouchou des sondages, Rocard.

 

À l’occasion d’un colloque célébrant les trente ans du 10 mai 1981, le mitterrandiste historique Pierre Joxe entreprit par ces quelques phrases de minimiser la contribution des programmes électoraux à la victoire de François Mitterrand. L’ancien ministre expliqua par ailleurs que les discussions programmatiques menées avec le Parti communiste au cours des années 1970 n’avaient été au fond que de simples « opérations de vérification d’orientations politiques ».

 

« François Mitterrand ne croyait pas aux programmes. Il n’en voulait pas. Il a dû s’en accommoder. C’est contraint et forcé par Chevènement, il faut le dire, qu’il est entré dans la mécanique infernale des programmes. […] L’histoire a montré qu’on ne gagne pas avec un programme. Un programme est une illustration, est un catalogue, est un prospectus, mais la volonté politique, l’ambition politique, la certitude de la volonté de gouverner ensemble ne tenaient que partiellement à un programme dont tout le monde savait à l’avance ce qu’il y aurait dedans et ce qu’il n’y aurait pas. »

 

Le 10 mai 1981 fut le triomphe de l’ambiguïté, dont on ne sort qu’à son détriment (cardinal de Retz pour la mouche), cher au florentin de Jarnac, le tournant de la rigueur de mars 1983, sonna à la fois la fin de la récréation et le glas des illusions.

 

« L’idée appelée socialisme est morte », écrit le Wall Street Journal après le tournant de la rigueur annoncé par François Mitterrand en mars 1983. Pierre Mauroy, lui, est bien vivant, malgré une bataille longue de plus d’un an qu’il a dû mener, avec le soutien indéfectible de Jacques Delors, contre le président de la République qui, sourd à ses appels à la prudence, lançait à l’un de ses ministres : « Quand même, la France n’est pas à 100 milliards de francs près ! » Si, Riboud (le frère d’Antoine le fondateur de Gervais-Danone, Fabius, Bérégovoy et quelques autres « visiteurs du soir » avaient imposé leurs vues, la France serait sortie du système monétaire européen, l’ancêtre de l’euro.

 

J’ai vécu cette période aux côtés d’un Mitterrandien pur sucre, Louis Mermaz, guère féru d’économie, proche de Delors, se méfiant aussi bien de Fabius que Chevènement, ça tanguait fort sur le char de l’Etat. Delors menaçait chaque matin de démissionner, Rocard dans son placard du Plan est inaudible.

 

Jacques Delors sort de son isolement après la première dévaluation du franc, le 4 octobre 1981. Lors d'une réunion gouvernementale, il formule le vœu de réduire le train de vie de l'Etat et d'améliorer la compétitivité des entreprises. Mais il n'est pas entendu. Il n'obtient que des miettes : une réduction des dépenses de l'ordre de 15 milliards de francs (soit 2,29 milliards d'euros) et des conseils sans lendemain visant à modérer la hausse des salaires...

 

Un mois plus tard, lors d'un passage à la télévision, Jacques Delors réclame une pause dans les réformes. L'expression est forte, elle fait explicitement référence à un discours prononcé par Léon Blum, président du conseil du Front populaire, le 17 février 1937. Ce sera peine perdue.

 

La parenthèse enchantée durera à peine deux ans, après quoi les Français devront ingurgiter la potion amère de l'austérité. Le 23 mars 1983, il y a trente ans, la France inaugure la politique de la rigueur, toujours bien présente dans l'actualité, même si son nom n'est pas cité. ICI

 

C’était le début de la fin de l’Union des gauches inconciliables que le jeune Macron désintégrera en 2017. Il aura fallu plus de 30 ans et les couplets pour le grand rassemblement des gauches en 2022 se briseront sur le pic nommé Mélenchon qui se la joue Tonton : la troisième fois l’on gagne.

 

Donc, le 10 mai 1981, j’étais sur le flanc, coincé par mes vertèbres, je ne pus me rendre à la Bastille à la grande fête de Popaul, Paul Quilès le député de mon 13e arrondissement. Et pourtant, la victoire de Mitterrand allait changer le cours de ma vie par l’entremise de mon ami Jean-Michel Belorgey qui sera élu à Vichy dans la vague rose. Il m’appellera à mon bureau de l’Office du Vin « Veux-tu occuper de le hautes fonctions ? » Ahuri je répondis « Dis comme ça, pourquoi pas… ». Ce ne fut pas Matignon auprès de Mauroy mais ce fut l’hôtel de Lassay dans l’équipe du président de l’AN.

 

Ma vie prenait un tournant imprévu, en petit soldat rocardien je prêchais la bonne parole pendant près de 3 ans, puis je rejoignis mon « idole » au 78 pour négocier la réforme de l’OCM vin, puis 76 je me mis à embouteiller du rouge et à le vendre, enfin en 1988 avec Tonton 2 et mon « idole » à Matignon retour au 78 avec des galons.

 

J’ai donc servi pendant 10 ans sous les ordres du Pacha de l’Elysée, je ne crache pas dans la soupe mais je ne peux me départir de mon absence d’admiration pour Tonton.

 

 

« On entre dans un nouveau monde »

 

De Château-Chinon à la Bastille, ceux qui ont vécu la victoire de François Mitterrand racontent.

 

Dimanche 10 mai 1981. Second tour de l'élection présidentielle. Le face-à-face s'annonce prometteur. D'un côté, le président sortant, Valéry Giscard d'Estaing, qui a recueilli 28,32% au premier tour. De l'autre, le leader socialiste, François Mitterrand, déjà candidat en 1965 et 1974 et qui a obtenu 25,85% des suffrages quinze jours plus tôt. Les voix de Georges Marchais, le patron du Parti communiste français, lui semblent acquises, mais que feront les électeurs de Jacques Chirac, arrivé troisième avec 18% des voix ? L'attitude dans l'entre-deux-tours du chef de file du RPR, qui a ouvertement refusé d'appeler ses troupes à voter Giscard, porte à croire qu'en ce jour de mai, la France peut basculer à gauche.

 

Quarante ans plus tard, France-info a recueilli les témoignages de ceux qui ont vécu au plus près cette élection. Dans ce récit choral, les leaders du PS, de l'UDF, du RPR, les proches de François Mitterrand, les journalistes stars du petit écran mais aussi des Français de tous bords racontent cette journée entrée dans l'Histoire.

 

Propos recueillis par Margaux Duguet ICI 

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9 mai 2021 7 09 /05 /mai /2021 06:00

Mamert, Pancrace, Servais sont les trois saints de Glace, mais Saint-Urbain  les tient tous dans sa main. - Juvelize - Moselle

S’assurer proclame le chœur des assureurs !

 

 

La côte a éteint ses bougies. Les hélicoptères se sont posés. La vague d’émotion se tasse. Dans le silence et la transparence regagnée de l’air, la sérénité revenue, on s’attend à d’autres propos que l’émotion et la compassion, une vision plus à distance. Une vaque de froid traverse la France. Nous prenons, nous citoyens, politiques, journalistes, administrations etc. d’un coup tous conscience de la fragilité des exploitations agricoles : quelques degrés en moins, un coup de grêle, trop d’eau, pas assez, et le revenu d’une année  s’évapore. Je dis bien le revenu, car le travail est toujours là. Ce n’est pas lui qui disparaît. Mais est-ce aussi accidentel, aussi fatidique que ce que l’on se plait à croire ? Ne s’agirait-il pas plutôt de la fragilité structurelle des exploitations qu’il faudrait évoquer ? Les vieux réflexes veillent. Les technocrates,  les chercheurs, les politiques, ont dans leur chapeau quelque palliatif tout prêt. Tous se penchent sur notre petit monde maintenant avec compassion,  commisération mais aussi parfois avec une certaine goujaterie.  

 

Deux articles sur le sujet, au moins, cette semaine m’ont interpellé. Du premier, j’ai juste le titre, mais il donne le ton ICI

 

Le second, paru dans The Conversation, pourra être l’objet d’une autre chronique.

 

 

https://images.lindependant.fr/api/v1/images/view/607d5497d286c26fa2136456/hd/image.jpg?v=1

 

 

M. Assemat est président de Groupama Aude. Nous prend-il pour des dindons ? Sa phrase est assez crue, et assez subtilement méprisante, non ? 

 

J’ai caressé un moment le projet d’une assurance production. Ce ne sont pas les montants qui m’ont arrêté ni une attirance particulière pour les tracteurs. En fait, plus que le prix, c’est l’analyse de fond qui pousse à mettre en place cette assurance  fond qui pose question. Les discussions ultérieures avec les assureurs ont achevé de me convaincre de ne pas le faire.

 

Bien sûr, le montant de la prime est assez élevé. Et il dépend aussi de ce qu’on assure. Car la question est bien là : qu’assure-t-on ? Les coûts de production, le manque à gagner ou le chiffre d'affaires ? Je veux bien assurer juste les coûts de production, mais je ne vis pas de mes coûts de production. Je vis de ce que dégage comme résultat mon exploitation. Pas très facile d’assurer son revenu, non ? Admettons que l’on y mette juste les coûts de production. Dans ceux-ci, entrent les fermages ou les locations. On les assure aussi. Si je suis propriétaire des terres, j’assure tout ou partie de mon revenu. Si elles sont louées, on assure une rente. Là aussi, c’est douteux… Donc l’objet de l’indemnisation est assez mal cerné. Dans mon projet, j’avais assuré le coup de production, les fermages – revenus familiaux - et mes revenus propres, incluant les remboursements d’emprunt. Quelle franchise choisir ? 10 % ? 30 % Quel seuil d’intervention ? Tout devient très compliqué. En cas de perte complète - elle peut survenir – quel capital estimer du coup ? Parce qu’avec 30 %, on ne touche que 70 % du montant assuré. Il faut gonfler les montants pour être certain de couvrir ses frais et assurer du vent. Rien de très clair juridiquement.

 

2 autres éléments viennent perturber le système d’assurance. Déjà le versement des indemnités. Il survient dans l’année en cours. Dans le cas d’un vignoble comme celui de la Côte de Nuits, les conséquences économiques dus à un accident climatique surviennent généralement un an, voire 2 ans après. Les indemnités surviennent donc  à contretemps, à un moment où il y a du revenu – donc imposition et taxation sociale – puis ne sont pas là quand on en a besoin. 

 

Le deuxième élément est le mode de calcul de la production. Jusque-là, nous avons parlé argent. Nous allons parler du volume de production. Pour savoir ce qui a été perdu, on part d’une moyenne calculée sur les 5 années antérieures, dont on détourne l’année de plus forte production et celle de plus faible. Moyenne sur 3 ans disons en fait. 3 années de grêle de suite sur la Côte de Beaune, une de gel. On élimine le gros millésime, il en reste 2 petits et un moyen. C’est à ce niveau qu’achoppent les discussions entre les producteurs et les assureurs. Mais si je partage le point de vue de mes collègues, j'adhère à la logique de l’argument des assureurs. Ils ne sont pas là pour assurer une production qui n’est pas adaptée au lieu. Assez logique, mais pas facile à comprendre dans un vignoble, plantation pérenne, et d’appellation de surcroît.

 

J’en suis donc resté avec le projet. Aux préliminaires, pour filer subtilement la métaphore de M. Assemat.

 

Car pour moi, il y a un leurre. L’assurance est un outil tout trouvé, efficace sans conteste, mais ce n’est qu’un outil. En assurant un capital, peut-être un jour un revenu, on évite de se poser véritablement les questions sur la stabilité et la pérennité de son exploitation. « Une stratégie de d’évitement » me dit souvent un ami Bruno, professeur de révérenciel bondissant.

 

Et l’évitement n’est en aucun cas la bonne méthode

 

 

© Jean-Christophe Bott/Keystone

 

Après l’épisode de gel de fin avril 2017, il y a celui de mi-avril 2021. Les pertes sont considérables pour l’agriculture. Ces événements désastreux sont-ils appelés à se répéter plus souvent en raison du changement climatique, qui entraîne un réveil de la végétation toujours plus précoce?

Les experts répondent par la négative

Grégoire Baur

Publié dimanche 25 avril 2021

 

Mamert, Pancrace, Servais et Boniface. Ces noms ne vous disent peut-être rien. Ils représentent les saints de glace, qui correspondent, en Europe centrale, aux journées du 11 au 14 mai. Traditionnellement, ils font référence à une croyance d’un refroidissement des températures durant ces quatre jours. Cette période traversée, le gel ne représente plus de risque pour l’agriculture. Certaines coutumes ajoutent d’autres dates, comme la Saint-Urbain, autrefois célébrée le 25 mai, qui une fois passée, selon le dicton, rassure le vigneron. Mais ces traditions sont mises à mal par le changement climatique. Et si l’on voulait toujours parler de saints de glace, il faudrait alors changer les dates.

 

 

Au fil des décennies, et en raison du réchauffement climatique, le démarrage de la végétation s’est décalé dans le temps. Le réveil de la nature est ainsi plus précoce au printemps. Cette réalité pourrait donc entraîner un risque accru face au gel. Il n’en est pourtant rien, pour l’instant. Du moins en plaine, à moins de 800 mètres d’altitude, assure Martine Rebetez, professeure à l’Université de Neuchâtel et à l’Institut fédéral de recherches WSL.

 

 «On lutte donc plus tôt, mais pas plus souvent»

 

Autrice de deux études récentes sur l’impact du gel sur les cultures, la climatologue souligne que «sur les 150 dernières années, il n’y a pas de tendance à une péjoration de la situation». Et pour cause: le décalage du réveil de la végétation se fait en parallèle et approximativement à la même vitesse que celui de la date du dernier gel. «On lutte donc plus tôt, mais pas plus souvent», résume Danilo Christen, le responsable du groupe production fruitière en région alpine à l’Agroscope de Conthey, qui a cosigné l’une des deux études avec Martine Rebetez. Cela se ressent dans les dates de différents grands épisodes de gel: celui de 1867 a eu lieu fin mai, en 2017 c’était un mois plus tôt et cette année, mi-avril déjà.

 

Pour certains arboriculteurs, c’est le travail de toute une année qui a été détruit ces dernières semaines. Sur le coteau valaisan par exemple, les dégâts dus au gel concernent la quasi-totalité des abricotiers. En moyenne cantonale, la perte de récolte du prince du verger avoisine les 70%. Le bilan provisoire dressé par le service valaisan de l’agriculture est supérieur aux 50% de pertes de production dues à l’épisode dévastateur de 2017. Au niveau national, un état des lieux est en cours de réalisation, indique Fruit-Union Suisse. Il sera communiqué ce mardi.

 

Si l’arboriculture a été touchée de plein fouet, la viticulture n’est pas forcément mieux lotie. En Valais, les cépages les plus précoces, comme l’emblématique cornalin, ont également été touchés, dans une proportion qu’il n’est pour l’heure pas possible de mesurer. Et ce n’est pas fini. «La période de gel printanier n’est pas encore terminée et de nouveaux épisodes pourraient survenir», prévient l’Etat du Valais.

 

Des arbres pas adaptés à nos régions

 

Pour Martine Rebetez, cette triste réalité n’est pas une surprise. «Les arbres fruitiers proviennent de régions, comme l’Iran, où une fois l’hiver terminé il n’y a pas de retour en arrière. Ils ne sont donc pas tout à fait adaptés à nos régions, où l’afflux d’air du nord entraîne régulièrement des vagues de froid après des périodes douces», appuie-t-elle. Ces épisodes de gel ne vont donc pas s’arrêter. Ils reviendront périodiquement, sans que l’on puisse prédire quand.

 

Pour y faire face, les agriculteurs ont recours à la lutte par aspersion, l’utilisation de bougies à la paraffine ou encore celle de brûleurs au gaz. Mais, on l’a vu cette année, cela ne suffit pas toujours. «Les agriculteurs doivent faire face à de nombreux aléas climatiques. Après le gel, il peut y avoir la grêle, la sécheresse ou des précipitations trop intenses au moment de la récolte. Si les pertes sont trop lourdes et qu’elles ne peuvent pas être compensées par les bénéfices des bonnes années, les producteurs et productrices pourraient devoir cesser leurs activités ou changer de cultures», souligne Martine Rebetez.

 

Des arbres dont la floraison est plus tardive?

 

Une autre solution paraît toutefois envisageable. Favoriser des arbres dont la végétation se réveille plus tardivement serait bénéfique, puisque l’impact du gel est moins fort en tout début de végétation. «Pour l’heure, nous n’avons pas focalisé nos recherches sur ces types de variétés, car nous avions d’autres urgences, notamment celle liée à la résistance aux maladies», indique Danilo Christen, qui reconnaît peut-être «une erreur de ne pas avoir lancé des recherches liées au gel». L’ingénieur agronome assure que cette anomalie sera corrigée.

 

L’objectif est donc de trouver des arbres dont la floraison est plus tardive, mais dont la récolte des fruits demeure aux périodes actuelles. En d’autres termes, le cycle végétatif doit être plus court. «Prenons les abricots, ce sont des fruits d’été. S’ils arrivent sur les étals à fin août, le marché n’en veut plus. Ce sont d’autres fruits, comme les poires ou les pruneaux, que l’on retrouve dans les rayons», appuie Danilo Christen.

 

Le marché semble dicter sa loi à la nature. Cela ne peut-il pas évoluer? «Si le marché change, c’est que le consommateur a changé. Seul le comportement de ce dernier peut avoir un effet», répond Danilo Christen. Un avis que ne peut que partager Martine Rebetez: «Il faut sensibiliser la population pour qu’elle soutienne la production locale et qu’elle ne veuille pas, à tout prix, les premiers fruits qui arrivent d’autres pays, comme l’Espagne. Nous devons être capables d’attendre, par exemple, les abricots locaux. La qualité d’un fruit cueilli à maturité n’est absolument pas comparable à celle d’un fruit cueilli vert et transporté vers la Suisse.»

 

© Sebastien Salom-Gomis/AFP Photo

 

En France, un «quoi qu’il en coûte» viticole

 

La vague de gel du début avril a contraint les viticulteurs français touchés à demander l’aide de l’Etat. Un milliard d’euros ont été débloqués

Richard Werly

La réponse budgétaire ne s’est pas fait attendre, conforme au «quoi qu’il en coûte» devenu, en France, le mot d’ordre pour la réponse économique à la pandémie et aux aléas du confinement. Un milliard d’euros débloqués le 17 avril 2021 pour les viticulteurs, après une vague de gel sans précédent sur leurs exploitations. Selon les premières estimations, 80% du vignoble français, toutes régions confondues – sauf le littoral azuréen (vallée de la Loire, Bourgogne, Bordelais, Champagne, Sud-Ouest…) – a subi un redoutable refroidissement des températures entre le 5 et le 10 avril. Les maraîchers sont aussi touchés. «Le seul sentiment possible est celui de la fatalité face à une telle dévastation naturelle», commentait, début avril, Anne Colombo, du centre œnologique des Côtes du Rhône.

 

«Quoi qu'il en coûte»

 

Pour le secteur français du vin et des alcools, cette «épidémie» de gel est venue aggraver les problèmes de l’autre pandémie: celle du Covid-19 qui a entraîné la fermeture, fin octobre, des cafés et restaurants. S’il n’est pas encore chiffré pour ces derniers mois, l’impact de la crise sanitaire est estimé, pour 2020, à des ventes diminuées de 60% pour les contrats d’achat en sortie de chais. Environ 500000 personnes sont, en France, employées dans la viticulture. 4,2 milliards de litres de vin français sont sortis des cépages de l’Hexagone en 2019, soit 17% de la production mondiale. Or qui dit pandémie dit aussi plongée des exportations, sur fond de guerre commerciale avec les Etats-Unis, où Donald Trump avait, en 2019, augmenté les taxes d’importation de 25%. La mesure, suspendue par Joe Biden dès son entrée en fonction, aurait entraîné une baisse de 14% des exportations et un manque à gagner de 400 millions d’euros. «La réalité, c’est que nous enchaînons les calamités l’une après l’autre, déplore, au téléphone, le propriétaire d’une appellation Pouilly Fumé, dans le nord de la Nièvre. En Saône-et-Loire, le gel qui s’est infiltré dans les bourgeons prêts à éclore a ruiné de la future vendange. C’est une question de survie.»

L’expression «quoi qu’il en coûte» résume, depuis l’apparition du coronavirus, la doctrine économique française. Entre 160 et 170 milliards d’aides tous secteurs confondus ont été distribués dans le pays en 2020. Raisonnable, alors que la dette dépassera sans doute les 120% du produit intérieur brut? Robert Vidal, responsable d’une cave coopérative près de Montpellier, a justifié cet effort lors d’une conférence de presse: «Le vignoble, c’est en enjeu d’avenir. C’est un secteur où beaucoup de jeunes, nos propres enfants, se démoralisent et vont arrêter. Depuis 2015, on n’a pas eu une année de récolte normale.»

 

Dans le Bordelais où la Cité du Vin de Bordeaux (inaugurée en 2016) est fermée comme les autres lieux publics, un autre phénomène inquiète: la possible désaffection des investisseurs internationaux, surtout ceux d’Extrême-Orient, une fois passé le tunnel de la pandémie. Trois pour cent des surfaces viticoles de la région appartiennent à de riches Chinois: «Le monde d’avant, celui de la spéculation viticole, est clairement ébranlé, juge un conseiller financier en investissements fonciers agricoles. Les domaines très endettés, et très dépendants de l’exportation, vont en faire les frais.»

 

Le gel des vignobles du début avril a trouvé un ardent avocat: le premier ministre français Jean Castex, originaire des Pyrénées et ancré dans le terroir. Il avait déjà, en 2020, annoncé des aides exceptionnelles de 80 millions d’euros lors d’une visite sur le site de Sancerre. En se faisant au passage le défenseur de futures restructurations foncières, et d’une possible diminution de la production. Un tournant que la catastrophe climatique du printemps pourrait bien accélérer.

 

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8 mai 2021 6 08 /05 /mai /2021 06:00

 

La terre, la terre arable, est basse, rude, ingrate, le soleil, le ciel ne sont pas toujours cléments, le terroir profond, celui de la vigne bien sûr, chanté par ceux qui n’y ont jamais les pieds, jamais poudré leurs godasses, n’est pas un doux tapis de pétales de rose où l’on assouvit sa passion.

 

Tout ça et bel et beau mais en dépit de l’image d’Épinal véhiculé par « la presse du vin », le retour à la terre débouche souvent sur un simple aller-retour. Bien sûr, il est possible d’en tirer parti pour écrire un livre comme le fait Laure  Gasparotto.

 

Vigneronne, de Laure Gasparotto | Éditions Grasset

 

« La viticulture est un métier d’une grande violence, climatique et financière » ICI 

Dimanche 25 avril 2021 par Aude Lutun

 

Laure Gasparotto, journaliste Vin au journal Le Monde, a été viticultrice pendant cinq ans dans les Terrasses du Larzac (Hérault). Elle dépeint les bons et moins bons côtés du métier dans un nouveau livre.

 

Laure Gasparotto, journaliste Vin au journal Le Monde, a été viticultrice pendant cinq ans dans les Terrasses du Larzac (Hérault). Elle publie « Vigneronne » (ed Grasset) qui relate son enthousiasme et sa joie de produire un vin qui lui ressemble.

 

Elle décrit aussi les petites et grandes galères de ce métier entre le gel, les problèmes de pompes, les cotisations MSA à régler et les problèmes de transporteur à gérer. Laure Gasparotto est sans concession sur ses limites, notamment en matière de commerce. Après cinq années intenses et engagées, partageant son temps entre Paris et l’Hérault, elle arrête l’aventure.

 

Entretien avec une ex-vigneronne qui pose un regard admiratif sur la profession. ICI 

 

 

Je n’ai pas lu le livre mais, au risque de choquer, je suis plus Catherine Bernard, une vraie journaliste, qui, elle, 20 ans après, a toujours ses bottes dans les vignes.

 

Amazon.fr - Dans les vignes: Chroniques d'une reconversion - Bernard,  Catherine - Livres

 

Bref, hormis ceux qui avaient un beau carnet d’adresses, Hervé Bizeul, et plus récemment Fabrice Le Glatin qui a fait encore prof d’anglais pendant sa reconversion, les expats de la ville qui s’incrustent, et vivent de leur nouveau métier, ne sont pas légion, il y a bien sûr des exceptions qui confirment la règles, tel Nicolas Carmaran, le fondateur du café de la Nouvelle Mairie dans le Ve qui est solidement implanté dans l’Aveyron.

Gamine Magnum 2020 · Domaine de la Cure — buneba · vins libresNicolas Carmarans Maximus | Vivino

 

Tout ça pour dire, que le métier, est un 3 en 1, viticulteur-vigneron-vendeur, et que l’offre des cavistes est déjà bien encombrée, que la notoriété des premiers installés sur un créneau de marché est un barrage difficile à surmonter pour les nouveaux entrants, alors il n’est pas interdit de rêver, d’être passionné, loin de moi cette exigence, mais avant de se lancer dans cette aventure, qui n’en est pas une, il est bon  d’en évaluer toutes les faces.

 

Bref, la chronique de l’aigre Cobbold, pour les 5 du vin, au-delà de sa tendance à être désagréable, met le doigt sur les failles d’une approche romantique. Ayant vécu, en direct live, en tant que membre de son GFA, le parcours de Catherine Bernard, je conseille à tous les apprentis néo-vignerons, de bien évaluer leurs capacités avant  de sauter le pas.

 

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Pour l’Histoire : 24 août 2014

C’était au temps d’après mai 68 où les parents de Thomas Piketty partaient élever des chèvres dans l’Aude… ICI 

 

L’image des intellos soixante-huitards larguant les amarres, quittant Paris, s’installant à la cambrousse pour élever des chèvres et vivre du produit de la vente de fromages sur les marchés locaux fait partie intégrante de l’historiographie officielle du fameux mois de mai.

 

« Mes parents se sont connus dans une manifestation, ils étaient extrêmement jeunes : mon père avait dix-sept  ans, il était en première, ma mère en avait dix-neuf ; issue d’un milieu modeste, elle avait dû cesser ses études en 3e et gagnait sa vie comme employée de banque. Elle était militante à Lutte Ouvrière, mon père l’a suivi à  LO et a plaqué le lycée (…) ils se sont très vite sentis ostracisés par leurs compagnons de militantisme : à LO c’était mal vu d’avoir des enfants (ndlr 2) ! Trop bourgeois ! De plus, mon père (ndlr fils d’une famille aisée) subissait des pressions de l’organisation qui voulait qu’il prélève l’impôt révolutionnaire auprès de sa famille(…)

 

 

« Avec les chèvres, mes parents vont jusqu’au bout de l’esprit de 68 ; je précise qu’il n’y a aucune origine paysanne dans ma famille de part et d’autre : mes parents sont tous les deux nés dans la capitale ; en vérité, ils n’avaient jamais vu une charrue de leur vie… Je garde une impression homérique de ce voyage pour l’Aude. Mon père ouvrant la route au volant d’un camion rempli de chèvres qu’il venait d’acheter. Nous, suivant derrière, dans une deux-chevaux bourrée à craquer, conduite par ma mère. Je me rappelle très précisément m’être dit à ce moment-là : « Mais qu’est-ce que c’est que cette blague ? » Des années plus tard, j’ai été faire un pèlerinage dans le village où nous vivions ; j’ai été frappé par la beauté du lieu, je ne me souvenais pas que le presbytère de l’église où nous vivions, était si joli… Il faut dire que la difficulté de la vie quotidienne nous occupait complètement. Je garde le souvenir de nos départs à l’aube pour le marché de Perpignan, la voiture bourrée de fromages, je garde également en mémoire l’amertume de nos retours lorsque nous en avions vendu seulement trois. Ce n’est pas si facile de s’improviser fabricant et vendeur de fromage ! C’était pathétique. Très vite les gens du village ont chargé de vendre d’autres choses pour eux au marché, cela permettait de se faire des marges minuscules. Financièrement, c’était vraiment tendu (…)

 

 

« Je n’ai aucun souvenir joyeux de cette période. Mes parents n’étaient pas préparés à vivre ces années de chômage, nous vivions dans la précarité. On oublie que 68 a coûté très cher à un certain nombre de gens qui ont tout plaqué du jour au lendemain pour des idéaux, puis se sont fait cueillir par la crise économique des années 70. Comme beaucoup d’autres, mes parents ont adhéré très jeunes, dix-huit ans à peine, à un discours  libérateur, ils en ont payés les pots cassés. Il n’avaient pas fait d’études, ce n’étaient pas des intellectuels, ils avaient rompu avec leur famille… Ils font partie de cette majorité anonyme de post-soixante-huitards dont on ne parle jamais, qui est venue gonfler les rangs des chômeurs à partir du milieu des années 70, sans y avoir été préparée. Je me demande même si ces incidences économiques n’expliquent pas pour partie les discours que l’on a entendus par la suite, ce rejet viscéral des années 68. »

Dur d’être vigneronne parisienne ICI

Je viens de terminer le petit livre de Laure Gasparotto intitulé simplement « Vigneronne » (208 pages, Grasset). Je connais une peu Laure, en tant que collègue journaliste et elle a eu la gentillesse de me l’envoyer.

J’avais essayé de lire deux autres de ses livres avant, mais sans arriver à les terminer. Cette fois-ci, je suis arrivé au bout. Il y a pas mal de choses à dire à propos de ce bouquin et de l’aventure personnelle qu’il raconte, mais, avant tout, j’ai trouvé très courageux de sa part de se mettre à nu (au sens figuré, bien entendu !) avec ses états d’âmes, sa naïveté (parfois), son enthusiasme et ses échecs, sans parler d’une partie de sa vie privée, afin de raconter sa brève expérience de néo-vigneronne (4 millésimes), partageant sa vie entre Paris (et ses deux jeunes enfants) et sa vigne et son chai dans l’appellation Terrasses du Larzac. Quand je pense à ce grand écart et à la détermination qu’il a fallu pour tenter cela, je suis béat d’admiration.

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